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La situation s’emballait, le discours, les Familles régisseuses et leurs émissaires, certains qu’il connaissait. La colère qui montait et montait dans la foule tandis que dans leur petit coin, la tension se faisait à la plus lourde et plus distraite. Ilya était à couteau tiré avec Yulian sans qu’il ne comprenne pourquoi et Esfir faisait de son mieux pour le garder toujours entre elle et l’employé des pompes funèbres. Et le nouveau venu qui semblait si bien connaître Esfir. Dorreh avait plus que jamais envie de retourner chez lui et il se maudissait de ne jamais avoir assez de volonté pour résister à Ilya. Ce qu’il entend l’emplit d’effroi et de peur. Vivre dans un pays où les frontières étaient closes et les informations censurées étaient déjà difficile à vivre, surtout pour quelqu’un comme lui qui prisait la connaissance avant tout. Il savait le nombre exact de livres présents dans sa bibliothèque comme il savait aussi combien d’entre eux demeurait dissimuler au plus profond du bâtiment, seulement consultés par ses propres yeux avides, interdits et dangereux pour l’empire. Et voila que le peu de liberté qu’ils avaient était mise en morceau, galvaudée. Et qu’en était il des autres, des espèces et des légendes qui déambulaient dans Moscou, déjà terriblement oppressées et qui étaient maintenant traité comme du bétails, nourris par l’Etat. Surveillé par l’Etat. Il fait à peine attention aux autres autour de lui, trop occupé à fixé le visage grave du Tsar tout là-bas au loin. Ce dernier se rendait-il seulement compte de ce qu’il était en train de faire ?

Mais il n’y avait bientôt plus le temps de réfléchir. Esfir s’effondra presque tandis qu’un silence de mort s’abat sur l’assistance. Puis un visage sur un écran, le culte s’adressa à tous, procurant l’étincelle qui déclencha l’incendie. Et le rassemblement tourna à l’émeute. Mouvement de foule, lacrymogène et Ilya qui reculait précipitamment. Ils devaient sortir de là, maintenant. Une main sur les yeux, toussant de temps à autres à cause de gaz et son corps gracile malmené par la foule, Dorreh s’adressa à son petit entourage.

-Je … Je peux nous faire sortir de là. Nous rendre invisible. Mais il faudra rester près de moi, je ne sais pas combien de temps je peux tenir. Mais on pourra au moins se dégager de là.

Il s’adressa plus particulièrement à l’inconnu qui les avait rejoint et qui, il devait l’avouer, l’effrayait un peu.

-S’il vous plait, essayer de suivre, je ne pourrais pas faire ça sur une trop longue distance.

Sur ses paroles, il joignit le geste à la parole et manipula les photons qu’il sentait tout autour de lui, déviant les ondes de lumières, les tordant, jusqu’à ce qu’ils ne soient plus visibles à l’œil nu. Cela devait être incongru, un espace apparemment vide là où s’était trouver des gens avant, mais les citoyens autour de lui semblaient plus enclins à s’entre-déchirer pour atteindre l’estrade ou à fuir les gaz et les bâtons du service de sécurité pour faire attention à eux. Avec une voix pleine d’une autorité qu’il ne possédait pas, il enjoignit aux autres de le suivre, précautionneusement. Même dans la précipitation il fallait de la patience. Sans cela, il cèderait à la panique, il le savait. Il espérait que les autres le suivraient. Parce qu’il ne resterait pas là un instant de plus c’était certain.

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Néhémie se demande donc ce qu’elle va bien pouvoir faire au milieu de cette foule avec deux éclopés dans les bras quand la vieille carne se dégage, la dévisage de haut-en-bas et … flirte avec elle. Ewww. C’était comme de se faire draguer par son papi ou un truc du genre. Deg ! Elle s’apprête à lui lancer une remarque bien sentie mais déjà l’autre s’éloigne et … elle l’oubli. Sans s’en rendre compte. Elle reste un instant figé, se demandant pourquoi elle se sent indignée comme ça avant de laisser tomber. Il y a plus important que ça. Andreï est complètement kaput le pauvre. Il a surement besoin d’un thé et d’un bon lit. Surement un bain aussi. Si seulement ils pouvaient se tirer de là avant que les palabres du cousin ne fassent fondre un câble à tous les gueux autour d’elle. La fashionista passe un bras de l’autre autour de son cou et continue d’avancer, continuant de bousculer d’autre gens ça et là. Après tout, elle est avec un blessé alors s’ils se bougeaient pas c’était pas sa faute. Elle commence à fatiguer quand, apparaissant tel un ange tombé du ciel ou tel le dernier accessoire venant parfaitement compléter une tenue, Isay se matérialise devant elle. Tout à son soulagement de le voir là avec sa tête de Ken doll et lui offrant son aide, elle le fusille du regard.

-Evidemment que j’ai besoin d’aide. C’est peut-être un nain mais il est méga lourd. Encore un faux maigre apparemment …

Néhémie se laisse distraire par un type qui beugle contre le Tsar un peu plus, et avec qui elle peut qu’être d’accord (Igor est un enfoiré fini, et pas que en public). L’atmosphère s’alourdit et Nina, la Bozalosc dans sa tête, s’agite et crie et lui ordonne de se barrer de là fissa. Si elle pouvait se la fermer celle là. C’était pas comme si Néhémie avait un quelconque désire de mourir ou d’attendre le déluge mais elle pouvait pas vraiment aller plus vite que ça.

Et puis l’écran qui grésille, un larsen à faire pleurer un mort et behold une connasse apparaît sur l’écran comme un mauvais remake de tous les films de cyber rébellion ever. Et voila qu’elle aussi se met à palabrer sur le Culte et tout. Putain, ils auraient mieux fait de rester caché ceux-là, ambiance gang de reptiliens Illuminati ! Parce qu’évidemment, la populace est galvanisée par les conneries que la meuf débite. La tension monte et monte et BAM ! Ca fait des chocapics.

Ou plutôt, ça déclenche une émeute.

Et Néhémie qui avait même pas son look ultra badass, destroyer of world vibe, en mode She-Who-Must-Be-Obeyed. Et Isay qui se sent poussé des vélléités de GI-Joe.

-Calmos mec, évidemment que je suis. Tu crois que j’ai envie de rester là et de péter mon talon ?

Elle le laisse prendre Andreï.

-T’as intérêt à prendre soin de lui Isay. I love you mais s’il lui arrive quoique ce soit …

Néhémie finit pas sa menace et lui emboîte ensuite le pas, prenant garde de ne pas le perdre de vue, aussi rapidement que possible. Ce qu’elle ne lui a pas dit, et ce qui l’a fait se presser autant, c’est que des gens sont en train de mourir autour d’elle et Bozalosc tire ses cheveux, vrille son cerveau, arrache ses yeux. Elle veut crier et crier et crier mais si elle fait ça, elle nique leur couverture. Et c’est certainement pas le moment.

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C’est de plus en plus le bordel autour d’eux et Néhémie a du mal à garder le rythme, à suivre Isay et Andreï alors qu’elle se fait bousculer dans tous les sens. Oh comme elle a envie d’en étriper quelques-uns, comme la chose dans sa tête s’indigne et hurle et brûle d’en offrir à Thanatos. Néhémie la repousse cependant. C’est pas elle qui fait la loi dans ce corps, merci bien. Pas encore en tout cas. Elle s’avance coûte que coûte jusqu’à ce qu’un bruit ne vienne la distraire. Etonnant comme elle peut entendre ça vu le bordel autour mais c’est surtout l’incongruité de la chose qui l’interpelle. Elle rêve où elle entend pleurer des gosses. La fashionista tourna la tête vers le bruit, intriguée. Ne me dites pas que des gens avaient été assez stupides pour amener des chiards ici ?!

Il fallait pourtant croire que oui.

La jeune femme ne se rend pas compte qu’elle a perdu de vu ses deux compères mais c’est pas comme si elle s’en soucie. Y a des mômes quelque part pas loin qui on besoin d’aide. Et on peut dire ce qu’on veut sur Néhémie, elle sait très bien sa réputation comme quoi c’est une vraie garce, une bitch voire même une slut selon les dires des gens qu’elle se serait apparemment fait, mais une chose est sûre, c’est pas le genre de personne à se tirer quand un enfant était en danger. Elle fend donc la foule en direction des pleurs et tombe sur deux adorables petits gars absolument identiques en train de pleurer de tout leur petit cœur terrifié. Néhémie s’accroupit devant eux, la main sur une petite épaule tremblotante quand un autre mec, plutôt -voire même très- beau gosse, débarque au même moment. Néhémie hoche la tête lorsque l’autre lui adresse la parole, acceptant, une fois n’est pas coutume, que quelqu’un lui dise quoi faire. L’inconnu en saisit un, et elle prend l’autre dans ses bras, le calant bien comme il faut sur sa hanche. La petite chose enfouie son visage dans son cou et elle ne fait même pas de remarque sur les larmes et la morve qui tâcheront à jamais la soie de son col de chemise. Meh, c’était pas très important.

L’inconnu passe en mode guerrier et elle, elle s’efforce de rassurer l’être dans ses bras, caressant son petit dos en de longs mouvements rassurant, lui chuchotant des mots rassurants et des bêtises jusqu’à ce que l’enfant ne se calme, toujours terrifié mais plus paniqué. Sauf que … Ils sont coincés.

Devant eux la foule s’étripe, certains s’approchant dangereusement près d’eux. Et avec le précieux cagot dans leurs bras respectifs, ils ne peuvent certainement pas foncer dedans. Et puis, elle croise soudain le regard d’un gars, un qu’elle connait pas. Mais lui, lui, il reconnait la valeur de sa tenue, il voit la boucle d’oreille en émeraude qui pend de son oreille, il note la montre Jaeger-LeCoultre sur son poignet découvert et en note l’opulence. Il est plus qu’évident qu’elle fait partit des nantis de cette ville et c’est suffisant pour cette brute.  Alors lui et son petit groupe de hooligans se tournent vers eux, prêts à déchirer en morceau cette représentation tangible du bordel de leur vie. Et dire qu’ils se doutent même pas de qui elle est vraiment en réalité. Heureusement. En attendant …

-Oh, putain ! Si tu sais te servir de ton coutelas, c’est le moment parce que je crois qu’ils veulent me découper en morceau. Sinon, et j’arrive pas à croire que je viens de devenir Scarlet O’Hara d’un coup, mais sinon tu peux les prendre et te tirer de là avec eux ?

Et ouai, elle venait bel et bien de sortir la phrase la plus cliché de l’histoire des clichés, dans la vraie vie et même pas ironiquement. Mais bon, elle pouvait bien faire ça. C’était pas comme si elle pouvait mourir de nouveau. Sauf si Bozalosc décidait de se faire la malle et de la laisser sur le carreau bien sûr.

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