4 août 2019 ❃ Après le théâtre...
« Bonsoir Eshgham. J’apporte les vivre comme promis ! »

J'ouvre les yeux, mal au crâne, mal à respirer, les lèvres sèches, les yeux secs. Je me redresse subitement, vois Daria endormie sur le fauteuil à côté. Même endormie, elle semble en colère et elle l'est certainement. Je retire les quelques appareils qui me gênent, le moniteur qui lit mon rythme cardiaque fait un plat et je balance tout, les mains tremblantes. Surprise, ma grande sœur fait un bon hors du sommeil réparateur dans lequel elle s'était réfugiée et sa première remarque me concernant n'est autre que :
▬ On voit tes fesses.

Peu importe, je n'en ai rien à faire.
▬ Rien à foutre.

Je traverse la chambre jusqu'à la modeste salle de bains. Aucune de mes affaires n'a été ramenée ici ; même pas un misérable peigne. J'inspire profondément et peine à croiser mon propre regard, craignant le jugement au fond de mes propres pupilles. Je pourrais peut-être m'arracher les cheveux, briser le miroir et me crever les tympans pour m'enfermer sans qu'on ne puisse jamais venir me chercher. Je crache dans l'évier puis me passe un peu d'eau sur le visage. Daria frappe à la porte, marque une petite pause puis me demande si je veux mes vêtements. Je sais ce que ça veut dire, elle veut savoir comment je vais. J'ouvre la porte, saisis sans aucune amabilité le caleçon qu'elle me tend, ainsi que le jean noir et la chemise violette. Je la regarde, un air défi qui ne peut être dissimulé :
▬ Ça, c'est ce que je portais pour mes soirées... peu importe.
▬ Écoute Ilya, je suis désolé pour Dorreh... Je sais que ce n'est pas facile à entendre, mais il vaut mieux que tu le saches maintenant plutôt que... plus tard.

Je lui lance un regard noir avant de répondre sèchement, qu'on est « déjà plus tard ». Je lui tourne le dos, passe un caleçon puis mon pantalon. J'abandonne ensuite la blouse au profit de ma chemise. Je me racle la gorge, je ne resterai pas une seconde de plus dans un hôpital. Daria le sait bien, c'est pour ça qu'elle ne dit rien, ne s'oppose pas à mon attitude. Et surtout, j'ai mal, j'ai terriblement mal et elle me connait assez pour le deviner. Une main invisible m'étrangle, je ne dis rien au sujet de ma présence au sein du carnage. Je me souviens juste de Néhémie qui était là, qui m'a parlé d'une voix... différente. Elleux, qui me disaient de m'en aller. Et moi qui avais juste envie de disparaître, à cet instant. Alors que je ferme les boutons de ma chemise, Daria cherche ses mots. Elle pourrait me dire que j'ai été blessé, et finalement elle désigne mon cou d'un simple mouvement du menton :
▬ Tu as fait n'importe quoi.

Je passe mes chevalières. Je mets mes chaussures. Je passe une main dans mes cheveux, mes ongles raclent contre mon crâne, mes yeux fuient les néons. Je pourrais hurler, j'ai d'ailleurs envie de hurler. Au lieu de ça, je pose une main sur celle de Daria. Je sens que tout se fissure, j'aurais juste envie de prendre une ceinture et fracasser le visage de Yulian avec la boucle. Je respire par le nez. Allez, calmons-nous. Je regarde mes doigts qui tremblent.
▬ Comment va Yeva ?
▬ Ça va... Le bébé ne semble pas en danger...
▬ Ce fut un... plaisir de te revoir Daria. Ça a failli ne plus être possible. Quitte Moscou, maintenant. Je sais que les gens comme toi parviennent toujours à s'en sortir mais... J'ai beaucoup à faire, et pas le temps de m'occuper de toi.

Elle réplique quelque chose, sur le fait que c'est elle qui doit s'occuper de moi. Je ne réponds pas, je dois aller voir mon épouse, ainsi que Néhémie. Et je dois aller voir ma grand-mère.
▬ Écarte-toi de mon chemin.

Je me dirige vers la sortie et à son niveau, je prends sa main dans la mienne. Elle me chuchote qu'elle voit bien que ça ne va pas... Je baisse les yeux, je serre ses doigts. Les larmes me montent mais ne parviennent pas à s'échapper.
▬ Je t'aime Daria, mets-toi en sécurité.

J'abandonne sa main.

14 septembre 2019 ❃ Lettre d'adieu.

Dorreh,

« Si tu lis ces mots, c'est que je suis mort. Tu m'as probablement toujours idéalisé comme un modèle de force et de courage, et tu avais raison. Même à cet instant, je me raccroche fermement à l'idée de ne pouvoir être brisé, alors que mon cœur gît dans la mare de son propre sang, les morceaux qui ne tiennent plus qu'à un fil. Quand je pense à toi, je n'arrive plus à respirer et je regarde ce que j'ai accompli jusqu'à aujourd'hui. Tout ce à quoi j'ai dû renoncer pour essayer de conserver un minimum d'équilibre, dont toi. Parce que Dorreh, mon Amour, j'ai renoncé à toi. Je t'ai toujours aimé plus loin que la raison ne peut porter son regard, je t'aime et je n'aimerai que toi jusqu'à ce que mon cœur se taise. À partir du jour où je t'ai pris ce que tu avais de plus précieux, je n'ai été qu'à toi. Sans doute l'ignores-tu...

Mais il m'est insupportable que tu ne sois plus à moi, et que je n'ai actuellement même plus le contrôle de ma propre existence. Je rêve de m'intoxiquer et de venir mourir empoisonné entre tes bras, de t'imaginer dévoré de peine et de culpabilité. Et puis tu feras comme tu sais faire, tu essaieras de tourner la page. Comme tu as voulu faire quand je t'ai laissé tomber. Je voulais te protéger Dorreh, j'avais peur de te faire mal. Je te croyais fragile, et vulnérable. Ce qui me fait mal, c'est de me dire que tu as poursuivi ta misérable vie amplie de mensonges, sans moi. Tu as vécu, baisé et tu allais même mourir, QUEL IDIOT TU PEUX FAIRE ! »

…. Je fais une boule de la feuille. C'est nul, nul, nul ! La boule au creux de mon estomac grossit une fois encore, j'y porte la main. Chut, ça va passer... Chaque fois que je prononce cette phrase, c'est comme si un gavage d'illusions faisait grossir mon foie et ma rancoeur. J'ai envie de silence, et besoin de pouvoir hurler, tout faire jaillir. J'ai besoin qu'on me retienne. Je me noie.

Date  ❃ Événement
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Date  ❃ Événement
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Bambi  [b]❃[/b] [i]Toi mon amour[/i]
Tu m'as brisé le coeur, mon Autre. Et pourtant, je ne peux pas vivre sans toi, mon existence a besoin de se fondre dans la tienne. A entendre ta voix, je pourrai me percer les tympans. A te sentir, je pourrai disparaître. Ma raison s'effondre, parce que je t'ai éloigné pour te protéger quand ta fragilité était un mensonge. J'ai supporté tes absences et tes tromperies, parce que je pensais que ça te gardait en sécurité. Et tu étais le danger. Pour notre Royauté, pour notre pays... Je t'aime, Dorreh.

Isay Staline  [b]❃[/b] Traitre.
Isay semblait être un homme bien sous tout rapport et il n'était autre qu'un comploteur, comme tant d'autres. Ne peut-on donc faire confiance à personne ? Il était au théâtre, je l'ai vu et maintenant... Qu'il disparaisse dans les flammes de l'Enfer qu'il a engendré avec ses pareils.

Yulian Letov  [b]❃[/b]  Traître, encore plus
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prénom nom  [b]❃[/b]  Quelques mots
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prénom nom  [b]❃[/b]  Quelques mots
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Aleksandra Romanova  ❃  Princesse glacée
Aussi glacée que nos relations, une sorte de danse froide où la proximité dangereuse côtoie la distance sécuritaire. Elle parle bien, elle est intelligente. Le genre de femmes dont il faut savoir se méfier, et respecter.

Claus Bauer ❃ My mother said
Claus a été là le jour de mon agression. J'ignore si c'est le choc ou quelque chose qui cloche chez moi, j'ai tiré une sorte de satisfaction dérangeante de cette expérience, et ce n'est que la cicatrice à l'intérieur de ma main qui me rappelle combien j'aurais pu y perdre. Claus est une femme dont j'admire la détermination même si elle ne cherche pas à s'éloigner du danger qu'elle côtoie au quotidien. J'aime son caractère, et c'est uniquement parce qu'elle en a qu'elle me supporte, mais j'ai de la tendresse pour elle. Je n'agis que pour son bien.

Atalia Hassan  ❃  La réputation, ce n'est qu'un bruit
Atalia... les surnoms qu'elle portait n'avaient rien de flatteur, ils la décrivaient comme une espèce de chienne nymphomane. C'était sans doute vrai mais quelle importance ? Je ne me suis jamais arrêté à ce genre de détails. J'appréciais sa compagnie, elle acceptait mes changements d'humeur, dus à mes visites imposées à l'hôpital, visiter ma mère déficiente.

prénom nom  ❃  Quelques mots
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