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 (Ilya) ◊ Drames silencieux.


BOYS AND GIRLS OF EVERY AGE, WOULDN'T YOU LIKE TO SEE SOMETHING STRANGE ?

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Drames silencieux.
People sleep peaceably in their beds at night only because rough men stand ready to do violence on their behalf. - George Orwell.


☾☾ Se referme la porte de la salle de réunion derrière elle. Le palais n’était plus à ses yeux qu’une immense scène de crime et le silence ambiant un deuil perpétuel. L’épaule sauvée mais douloureuse, elle sortait à peine du mutisme qui s’était épris d’elle depuis le drame. Gamine rôde dans l’ombre paternelle, retrouve une place laissée vacante durant des années, jamais reprise par personne. Son père lui avait manqué et la terreur à l’idée de le perdre la poussait à toujours le chercher, à vérifier qu’il aille bien alors même que c’était elle qui avait eu l’air de s’effondrer après le drame. La nuit tombe, le personnel se disperse, retourne à ses quartiers. Pourquoi Diable Igor Romanov se décide-t-il maintenant à la convient elle, sa fille, à des négociations qu’elle sait d’avance tendues ? Si elle attendait l’instant où il serait assez fier d’elle pour ne plus exiger que Sasha la remplace, elle était inquiète car loin d’être au meilleur de sa forme. Masque de glace serait nécessaire.

« Maman ! » Les pas s’arrêtent. Princesse attend sa précieuse progéniture qui accélère dans le long couloir. Elle ne porte pas de robe, la gamine, c’est une veste de tailleur fermée à même la peau et un pantalon qui l’habillent de noir, des escarpins d’un bleu roi qui tranchent l’obscurité de la tenue. Pas de robe, pas d’apparats sublimes comme au gala. On savait qu’elle n’avait pas tendance à se vêtir en véritable poupée, en jupes fluides et robes transcendantes, plus accoutumée à ces pantalons qui horrifiaient son éducation. Tissus hors de prix sur tailleurs en tous genres flattant la silhouette, cintrés. « Maman a moins mal ? » La main attrape la petite menotte, laisse le loisir à l’enfant de s’y accrocher, paume froide mesure le risque, n’autorisera rien qui pourrait blesser Dimitri. « Nous avons les meilleurs médecins du pays. Il faut attendre à présent. » Tête brune hoche la tête. « Tu as encore égaré la nourrice ? » « Non. Je suis sage ! » Mensonge qui arrache un sourire à Aleksandra ; elle avait cru le perdre, elle avait cru ne jamais le revoir, son petit prince.

Présence familière, toujours celui qui partait le dernier, lui semblait-il. Ilya aux longues dents acérées d’ambition. « Monsieur Karenine. » Hochement de la tête rousse à la chevelure détachée en guise de salut respectueux. « Souhaitez-vous vous joindre à nous pour le repas ? » Proposition qui n’était pas faite à n’importe qui, pas faite à la volée non plus en général, protocole visiblement rompu, peu mangeraient de toute manière après ce qu’il s’était passé. Gala de paix devenu Gala d’Horreurs. « Les circonstances sont assez particulières pour ne guère s’encombrer de protocoles. » Cela l’empêcherait peut-être de songer à son entrevue avec le Tsar. Elle n’avait quoiqu’il en soit pas réellement envie de manger seule avec son fils dans une vaste pièce silencieuse. Le personnel aurait fait comme toujours et il resterait forcément de la nourriture au vu de l’absence notable de son frère ainé, le mystérieux et mélancolique Tsarévitch.

Sur les pas du petit prince accroché à la main de sa mère, depuis le détours d'un couloir, suit un des trois canidés à la gueule peu sympathique appartenant à l'empereur. « As a faim aussi. » Gamin fixe l'invité, laisse sous-entendre de son sourire malicieux qu'à la moindre incartade, il pourrait se faire croquer. 

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Ilya K. Romanov
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La porte claque, je sursaute puis passe la tête en direction du couloir. Ce n'est que la femme de ménage qui vient faire un bref passage. Par acquis de conscience, je la fais passer chaque semaine mais c'est surtout par confort, parce qu'elle n'aura pour ainsi dire rien à faire. Depuis que je me suis levé, mon lit est parfaitement refait. Il n'y a aucune tasse de café qui traîne sur la table basse ou même dans l'évier. Dans la salle de bains, les dernières gouttes d'eau autour du robinet ont disparu depuis longtemps. Comme si nous nous trouvions dans un appartement témoin. Je ressentais moins d'empressement à faire tout ça quand Dorreh venait ici, ce n'est plus le cas depuis des mois, depuis des années. Ce matin, il subsiste toutefois une certaine odeur de... brûlé, vestige de ma tentative d'hier pour faire cuire des croissants au fromage dans le four. Ça m'apprendra à vouloir essayer ce genre de... Peu importe.

La porte claque, je m'élance dans la rue. Je conduis, pas forcément très bien, et c'est pour la sécurité de tous que je ne me suis toujours pas résolu à acheter de voiture. Marcher, sans craindre trois gouttes de pluie – au contraire – ou un coup de soleil, me permet de me vider un peu l'esprit, de fixer un point invisible devant moi et d'essayer de le rejoindre alors qu'il recule sans arrêt. Les transports en commun, parfois, en dépit du mépris que je peux avoir pour certains de mes congénères mais « il faut de tout pour... » paraît-il. Et enfin, les taxis, la solution la plus rapide et la plus simple malgré tout. M. le Ministre m'a déjà demandé de l'accompagner plusieurs fois lors de déplacements et il aime les belles voitures, il aime en parler. Quel ennui. Je fais une partie de mon trajet à pied, puis quand je juge que je me sens assez tranquille pour le Ministère, puis surtout, pour le Kremlin, je termine avec un taxi.

La porte claque, le Ministre me remet avant de partir à son tour ses propres notes avec quelques commentaires. L'heure est grave, les rencontres en comité réduit sont nombreuses et je ne veux pas appuyer sur des plaies béantes. Le Ministre est, comme ces derniers jours, désagréables mais je ne m'en formalise pas, je sais bien que ce n'est pas moi qui provoque cela chez lui. J'accepte ses messages insignifiants avec un sourire poli et le libère. Je range mes propres documents et dois admettre qu'il me tarde de pouvoir rencontrer la dite « Aspasia », s'il m'est un jour donné de me trouver face à elle. Je ferme mon conférencier et l'observe, bien fermé. Je me pince l'arrête du nez, fatigué par avance. Cet endroit est source de stress. Cinq minutes plus tard, je sors enfin, quelque peu excédé par le temps perdu inutilement.

Et en parlant de stress.... « Monsieur Karenine. » Aleksandra Romanova. Je prends une longue inspiration, il va falloir être fin. Comment traiter la princesse ? En dépit de mon respect sans limite pour la famille royale, disons que jusqu'à ma rencontre avec la princesse, elle n'avait qu'un rôle décoratif à mes yeux. Elle était comme une jolie cruche, dont le but principal est de faire joli, d'être remplie et vidée. En soit, ce n'est pas une critique, et je me disais que ce rôle lui plaisait. Et puis elle a ouvert la bouche. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle sait mettre à l'aise... Après avoir froidement souligné mon manque de connaissance concernant la façon de s'adresser à sa personne, elle a su user de remarques qui me laissent à penser qu'il ne faut pas sous-estimer la dame.

Je lève les yeux sur elle et lui souris discrètement, appuyant également un léger mouvement de la tête vers les deux personnalités : « Altesses. » Et soudain, le coup de grâce. « Souhaitez-vous vous joindre à nous pour le repas ? » J'avoue ne pas savoir masquer ma surprise immédiatement, et surtout, je ne peux m'empêcher de penser à ce que « dîner à l'extérieur » (enfin, pas chez moi)  représente. J'imagine que l'inspection des couverts ne sera pas nécessaire – famille royale oblige – mais je sens déjà mon malaise lors d'un repas avec la princesse. Ce qui passe pour des caprices à mon bureau ne passerait sans doute pas ici. Quelle femme intelligente laisserait un homme qui ne sait contrôler ses « manies » à sa place ? J'inspire longuement, quand elle ajoute : « Les circonstances sont assez particulières pour ne guère s’encombrer de protocoles. »

Et en même temps, il serait forcément grossier de refuser et je suis tout de même curieux d'en apprendre plus au sujet de la Princesse, et toute information qu'elle aura à m'offrir sera de toute façon bonne à prendre. « As a faim aussi. » Je baisse le regard vers l'animal, le considère quelques instants. Puis ramène mon attention vers la Princesse : « J'en serais honoré, Altesse. » Et si ce chien me croque, je n'aurais qu'à lui planter une fourchette dans l’œil.

Je lui emboîte le pas et essaie de soulager la tension qui vient de me prendre les épaules en lui demandant : « Puis-je me permettre de vous demander comment vous vous sentez ? Et s'il est quelque chose que je puisse faire pour rendre ces jours plus supportables, Altesse ? » Le soucis est véritable, même si je sais que ce genre de question est peut-être cavalière... De ma main libre, je laisse le bout de mon pouce passer de mon index, mon majeur, mon annulaire, mon auriculaire avant d'attendre quelques instants pour faire le chemin inverse. C'est un geste discret mais qui occupe mon esprit malgré tout.


  Dim 12 Mai - 13:52
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☾☾ Honoré. Il y’a l’ombre d’un sourire un peu désabusé sur ses lèvres. Qui en est encore sincèrement honoré ? Qui est d’ailleurs réellement sincère ? Elle aligne les pas calmes jusqu’à la vaste salle à manger, le garçonnet accroché à sa main. « Puis-je me permettre de vous demander comment vous vous sentez ? Et s'il est quelque chose que je puisse faire pour rendre ces jours plus supportables, Altesse ? » Le rythme des escarpins ralentit, indique qu’elle prend le temps, à la fois de l’écouter et de réfléchir à ses paroles. Karenine n’est pas un sombre idiot, peut-être même pas un véritable manipulateur avec elle. La méfiance, elle infuse dans ses veines depuis l’attaque, depuis la disparition de sa mère. Et passe encore Marishka dont le rôle implique le risque mais le peuple a pris les éclats de l’intolérance, cela, elle ne parvient pas à le digérer. Démons intérieurs grignotent lentement le coeur. « Vous pouvez vous épargner le titre à chaque fin de phrase pour ce soir. » Elle n’est pas sèche, elle semble lasse. Lasse de son rang, de son inutilité. « Et Altesse Impériale est de toute manière un titre bien trop lourd. » Elle ne sera jamais aussi bien que sa soeur ainée, jamais aussi importante que l’héritier, jamais utile que son benjamin. Numéro 3, l’oubliable. « Maman a l’air un peu triste.. » Arrêt. Caresse sur la tête de l’enfant, rassurante, maternelle. Prunelle de ses yeux, raison de vivre. « Ce n’est rien, petit prince. »

La table est déjà mise, de nombreux couverts qui ne seront jamais rempli, probablement. Elle installe son fils, lui met une serviette autour du cou et prend une seconde pour enfiler de longs gants blancs, de ceux qu’on la voyait porter parfois, crainte de microbes, santé fragilisée, raconte-t-on. Elle invite Ilya à prendre la place de son choix, d’un geste qui en serait presque gracieux, tranche avec le tailleur qui ne correspond pas forcément à l’image idéalisée des princesses de contes. « La situation est ce qu’elle est, je n’y peux rien. Personne n’y peut rien. » Désabusée. « Nous savons tous qu’une couronne implique des risques considérables. Et le peuple n’a que nous vers qui tourner les reproches, c’est ainsi. » Quelque chose est blessé par le manque de foi, dans le myocarde serré. Elle y tient, à ce peuple, compatit à sa pauvreté et à la discrimination subie. Elle n’a cependant aucun pouvoir valable autre que celui de venir en aide aux orphelins. « Je ferai un don aux familles des victimes. Ca ne ramènera pas leurs proches mais on ne peut nier notre manque de prudence dans cette tragédie. » Elle fait tourner le couteau entre ses doigts, d’un geste machinal et presque inquiétant. Pensive. « La paix n’est-elle qu’une illusion, monsieur Karenine ? » 

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  Lun 13 Mai - 16:09
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Ilya K. Romanov
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Elle ralentit, je cale mon pas sur le sien, l'observe du coin de l'oeil pendant que mes doigts jouent doucement leur mélodie silencieuse, sons invisibles qui allègent en toutes circonstances les tensions perceptibles dans l'air. Je respire lentement, pour ne me concentrer que sur elle. « Vous pouvez vous épargner le titre à chaque fin de phrase pour ce soir. » Devrons-nous mettre nos joutes verbales entre parenthèses pour parler d'égal à égal ? Je ne le conçois pas. Jamais, bien sûr ô grand jamais je ne m'adresserai à la Princesse comme je le ferai aux personnes qui me sont plus proches, ou celles dont je ne crains rien. Je hoche simplement de la tête, qu'il en soit ainsi ce soir alors.

« Et Altesse Impériale est de toute manière un titre bien trop lourd. » Je ne peux imaginer de quoi se compose son quotidien. Pour ma part, je n'ai jamais vraiment ressenti de pression sur mes épaules. Parce que mon père voulait que je sois brillant, et je l'étais de toutes façons. J'avais l'énorme avantage d'être normal et ces deux points le rendaient en apparence heureux. Maintenant encore, lorsque nous sommes amenés à nous voir, il paraît satisfait. Il ne me tombe pas dans les bras, il ne fait pas de longs discours, mais il me demande comment « ça se passe » avec l'envie évidente que je réponde « bien », c'est donc ce que je fais. Quant aux... fluctuations dans ma vie privée, ça ne l'intéresse pas. Depuis longtemps, plus rien ne semble vraiment le captiver de toutes façons. « Maman a l’air un peu triste... » La remarque de l'enfant m'arrache à mes pensées. C'est difficile de réaliser que les Mamans ont des failles. Je me retiens de lui dire avec bienveillance que parfois, les mamans sont tristes mais je ne veux pas m'entraîner dans cette direction.

Je me penche vers le jeune prince puis me mets finalement à genoux devant lui, pour être à sa hauteur. « La peine est salutaire Altesse. Ma maman à moi disait qu'avoir de la peine, et le laisser voir, c'était laisser échapper la tristesse qui était à l'intérieur. » J'illustre mon propos d'un mouvement de la main, d'une main sur la poitrine qui s'élève comme pour laisser s’envoler le mauvais. Sans doute disait-elle trop ce qu'elle ressentait, sans doute ressentait-elle trop ce qu'elle vivait, et elle vivait trop de choses, mêmes celles qui n'avaient pas lieu. Mais elle ne nous obligeait à aucune rigueur dans l'expression de nos sentiments. Il n'y avait que celle que nous nous imposions nous-mêmes, pour maintenir l'ordre. Ma mère pleurait souvent, pour que nous puissions assister à l'expression de sa souffrance, pour la rendre plus réelle à nos yeux.

Voir pleurer ne m'émeut plus autant qu'avant. Je me remets debout et porte le regard sur un point invisible devant moi, le masque de la neutralité de nouveau enfilé sur mon visage. Je prends place, en regrettant presque instantanément mon choix, bien qu'il me garantisse une vue parfaite sur la porte par laquelle nous sommes entrés. « La situation est ce qu’elle est, je n’y peux rien. Personne n’y peut rien. » Cette résignation, je ne la comprends pas. J'imagine d'où elle vient mais la situation est ce qu'elle est, et nous y pouvons tous quelque chose, désormais. « Nous savons tous qu’une couronne implique des risques considérables. Et le peuple n’a que nous vers qui tourner les reproches, c’est ainsi. » La solution serait toute trouvée. Il me démange de lui dire froidement de trouver un bouc émissaire, quelqu'un d'insignifiant qu'il faudrait présenter comme un rouage important mais défectueux qui a fait défaut au moment crucial, quelqu'un à sacrifier. Mais comme je ne souhaite pas qu'elle prenne cela pour une proposition, je me contente de garder les lèvres closes pour le moment.

« Je ferai un don aux familles des victimes. Ca ne ramènera pas leurs proches mais on ne peut nier notre manque de prudence dans cette tragédie. » dit-elle en jouant avec le couteau. Pour ma part, mes yeux ne sont posés que sur elle. « Altesse... si vous souhaitez une parole franche... » j'attends une seconde pour avoir son approbation, même silencieuse, et une fois que je l'ai, je continue : « Vous parlez d'un geste à la fois humanitaire et politique. Peut-être même vous aidera-t-il. Et pourtant, vous ne répondez pas à ma question. » Je ne suis pas le peuple. À une interrogation, elle me répond par un beau geste mais ce n'est que de la poudre aux yeux. « La paix n’est-elle qu’une illusion, monsieur Karenine ? » La paix, à nous de la construire. « Non votre altesse. Je ne pense pas. La paix est fragile et ses ennemis nombreux. Sans doute savez-vous mieux que moi qu'il faut parfois traverser des guerres pour maintenir la paix. » Semer un peu de chaos pour rétablir un certain équilibre. Tout briser sur son passage pour assurer un avenir meilleur. C'est un message sale, et pourtant il ne me semble pas immoral de détruire pour reconstruire, d'écarter les menaces pour sauver ce qui mérite de l'être. Et au fond, la Princesse se sent-elle peut-être mieux de croire que l'orage qui gronde va s'abattre de toutes façons. Mais pour ma part, je n'ai pas pour ambition d'être emporté par les flots.
  Lun 13 Mai - 23:14
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☾☾ Le petit prince a l’air de réfléchir. Il ne répond pas, observe attentivement l’homme du haut de ses quatre ans. Ses yeux clairs sont indéniablement ceux de son père, il a la tignasse brune de son grand-père mais sa manière de bouger, ou plutôt de ne pas bouger est calquée sur sa mère. Il a cette drôle de rigidité en présence d’étrangers qui ne sied pas aux enfants de son âge. La réflexion s’étire pendant que les adultes s’installent.

« Altesse... si vous souhaitez une parole franche… » Elle hoche la tête, doucement, donne son aval silencieux. « Vous parlez d'un geste à la fois humanitaire et politique. Peut-être même vous aidera-t-il. Et pourtant, vous ne répondez pas à ma question. » Une question vide de sens. Une question qui n’a aucune réalité, pour elle. Elle y préfère des discussions qui portent sur la souffrance des autres, la vie arrachée d’un peuple qui n’avait rien demandé en passant les portes du palais. « Non votre altesse. Je ne pense pas. La paix est fragile et ses ennemis nombreux. Sans doute savez-vous mieux que moi qu'il faut parfois traverser des guerres pour maintenir la paix. » La main gantée se porte au niveau des tempes, masse légèrement, signe d’un mal de tête évident. Elle est fatiguée, elle a du mal à dormir, veille sur son fils parfois jusqu’à l’aube de peur qu’une minute d’inattention le lui arrache comme il a été si simple d’arracher l’Impératrice. « Je n’ai pas voix au chapitre. » Officiellement, du moins. Tout ce qu’elle peut faire, c’est attendre, décorer, faire semblant de pleurer sur la disparition de sa mère quand ce qui l’inquiète réellement, c’est la tête de son père, le coeur de ses enfants. La sécurité de ceux qui se sont peut-être retrouvés orphelins à cause de ce maudit gala. « Qui plus est, personne n’a réellement envie de savoir ce que je ressens. »

« Maman dit toujours qu’elle n’a pas de place dans son coeur pour aller mal, monsieur. » Les mensonges d’une mère pour rassurer son garçon quand elle s’effondre trop longtemps au beau milieu d’un couloir, quand on appelle les médecins pour vérifier qu’elle ne va pas à nouveau frôler une mort douloureuse. « Et qu’on est trop av- » Le mot semble poser problème à l’articulation, Dimitri se redresse un peu, reprend. « Avantagés pour se plaindre. » Ca arrache un sourire doux à la princesse, un spontané, à des kilomètres de l’allure impeccablement maîtrisée. La révolte commençait à dater, Karenine ne la connaissait pas avant. Il n’avait probablement pas non plus assisté aux envolées de vaisselle suivant les percées de jalousie au travers du coeur de gamine blessé. « Vous êtes bien trop professionnel pour répondre honnêtement à un banal ‘comment allez-vous après avoir vu les tapis persans couverts de sang’. » Trois assiettes servies et un murmure. « Altesse Impériale, il est l’heure de vos médicaments. » Soupir las. Elle ne les aime pas, ils lui brouillent l’esprit. Elle laisse donc les deux comprimés devant elle, sans y toucher.

« Aucun geste ne doit être fait pour l’heure. Pas par quelqu’un qui ignore tout des faits. L’humanitaire n’implique que moi, ne met pas mon père en danger et préserve la fierté gonflée des ministres qui ont tout le loisir du monde de critiquer. » Une gorgée de vin plutôt que les comprimés. « Vous amusent-ils autant qu’ils m’amusaient enfant, à se déchirer des morceaux d’influence ? Vos journées doivent être interminables auprès de la justice. » La justice, l’amante versatile, le domaine qui plie aux idéaux de ceux qui la tiennent, la mordante arcane du pouvoir. 

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  Mer 15 Mai - 0:03
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Elle se frotte les tempes. Sans doute aurait-elle préféré un « oui » ou un « non » plus simples. Mais je ne suis pas adepte des réponses si tranchées, trouvant qu'il y a toujours une petite nuance à apporter. Et particulièrement quand ça m'arrange, à vrai dire. « Je n’ai pas voix au chapitre. » Je cherche son regard, essaie de deviner ce qu'elle ressent alors qu'elle lâche ça, sans laisser apparaître colère ou résilience. Je n'ai pas voix au chapitre, aveu de ce qu'elle prend pour son impuissance, ses jolies petites chaînes à elle, dans sa jolie petite prison, peut-être.

« Je n’ai pas voix au chapitre. » Quelle horreur. Je ne m'imagine pas autrement, surtout concernant les affaires de ma famille, que donnant et faisant appliquer mes décisions. Concernant ma propre mère par exemple. Mais je conçois que tous les membres de la famille n'aient pas leur opinion à faire appliquer concernant le pays.

« Je n’ai pas voix au chapitre. » À qui veut-elle faire avaler ça ? Contre toute attente, elle est manifestement trop intelligente pour passer ses journées à juste lire de la poésie et essuyer les nez qui coulent.... et encore, il y a les nourrices pour cela j'imagine. Je retiens un sourire en coin et tâche de conserver une expression neutre.

« Je n’ai pas voix au chapitre. » Qui sait ? Je ne prendrai pas de gros risques pour vérifier ça tout de suite, mais je garde la princesse dans ma ligne de mire malgré tout. Je pose mes doigts contre la fourchette que je fais sensiblement bouger avant de la remettre droite, y accordant une partie de mon attention. « Qui plus est, personne n’a réellement envie de savoir ce que je ressens. » Sans relever les yeux, je lui demande comment si c'était une évidence à mes yeux : « Êtes-vous à ce point convaincue qu'en affichant ce masque d'impartialité, vous saurez vous protéger indéfiniment ? » J'abandonne mon précieux travail de manipulation et pose mes mains à plat contre la table. Ironie de mes propos qui vont suivre, je me permets un sourire pour la mettre en confiance malgré tout : « Cela vous soulagerait-il si je vous donnais ma permission, pour ce soir, de ne pas être infaillible ? »

« Maman dit toujours qu’elle n’a pas de place dans son coeur pour aller mal, monsieur. » Pas de place. Voilà qui me laisse dubitatif. Un jour, on idolâtre nos parents et le lendemain, on renonce au piédestal sur lequel on les a hissés tant d'années pour les voir devenir ce que nous nous sommes promis de ne pas devenir : des êtres humains, faibles, menteurs et pathétiques. C'est l'inconvénient des modèles, ils ne durent pas. Et la Princesse, si elle continue comme ça, elle ne va pas durer non-plus. À mon humble avis. J'écoute la remarque de l'enfant, en me demandant quand même s'il comprend, et s'il est d'accord avec ce qu'il dit. « Vous êtes bien trop professionnel pour répondre honnêtement à un banal ‘comment allez-vous après avoir vu les tapis persans couverts de sang’. » Je lui souris franchement et réponds directement qu'il faut croire que non, et que c'est une question importante.

Ce sont à travers les questions les plus simples que nos interlocuteurs sont les plus honnêtes à mon sens. Je ne suis pas trop professionnel pour ça, justement. Et quelle que soit la réponse, je m'attache autant qu'à son contenu qu'à la façon dont elle est offerte.

J'observe le personnel servir, laisser à la Princesse deux médicaments qu'elle ne prend pas immédiatement, qu'elle ne prend même pas pour l'instant, d'ailleurs. Je la prie de m'excuser et m'absente un peu plus de cinq minutes, le temps de souffler, de me passer de l'eau sur le visage, de rassembler ce que j'ai de sang froid disponible. Elle me met mal à l'aise, comme si elle allait m'épingler au mur à la moindre erreur.

Je reviens, la remercie pour sa patience et contemple le contenu de l'assiette. Je m'affaire à simplement écarter la viande du reste pendant qu'elle fait remarquer : « Aucun geste ne doit être fait pour l’heure. Pas par quelqu’un qui ignore tout des faits. L’humanitaire n’implique que moi, ne met pas mon père en danger et préserve la fierté gonflée des ministres qui ont tout le loisir du monde de critiquer. » Je lève les yeux vers elle, attendant de voir si elle attend que j’acquiesce. Mais il n'en est rien, et puis ce qui est dit dans nos locaux reste dans nos locaux de toutes façons.  « Vous amusent-ils autant qu’ils m’amusaient enfant, à se déchirer des morceaux d’influence ? Vos journées doivent être interminables auprès de la justice. » Je penche la tête sur le côté, un sourire léger aux lèvres. Voyons Altesse, nous savons bien que je fais partie de ceux qui s'arrachent les morceaux d'influence. « Oh vous savez, j'ai la chance d'être exactement où je voulais être. Et demain, je serai ailleurs. » J'ai une œillade pour ses médicaments, toujours devant son assiette. Je prends la fourchette et affiche un sourire assuré à l'enfant et sa mère. « Votre dévotion envers votre famille est tout à fait louable, Altesse » lui dis-je finalement, en réponse à son propos sur l'humanitaire. Et je le pense. Preuve que même si elle n'a pas voix au chapitre, elle réfléchit, elle planifie, elle se projette un peu.
  Sam 18 Mai - 13:12
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