Niilo avait été plus proche que n'importe qui d'autre ces dernières années de la surprendre, et heureusement la vieille Drioma dormait encore, ce qui l'empêchait de râler. Sans la présence négative de la vieille carne, elle se surprit à trouver ça rafraîchissant.
Elle ouvrit les doigts pour accueillir le soldat dans sa proximité, la peau frissonnant déjà sous ses lèvres, qui avaient pile la bonne manière de la saluer, trouvait-elle.
Elle s'habituerait sans doute très vite, bien trop vite, à tout ça. L'éclat sale gosse des yeux clairs de l'Alfe lui tira un rire, amusé.

« ça n'est pas grave. Et oui tout à fait, tu me manquais. Pas l'inverse ? »

Elle referma les doigts sur le tissu de sa manche en l'attirant plus près d'elle, pour lui déposer un baiser maîtrisé sur les lèvres, à peine provocatrice, dans sa grande science de ce genre de jeux.

« Viens, allons marcher. »

Malgré ses hauts talons, Sacha quitta les sentiers bien balisés du parc, rejoignant les arbres plus propices à les cacher.

Elle le laissa attraper son poignet avec une facilité risible vu la taille de sa main et la taille de son articulation à elle, son sourire jusqu'à découvrir ses dents dans un rire argentin, un peu excité, quasiment adolescent.

« Plutôt oui. »

Ils s'éloignèrent manifestement parfaitement en accord l'un avec l'autre même sans trop se servir de leurs cerveaux pour réfléchir ; la proximité de Niilo était agréable, souvent flatteuse, et rassurante grâce à sa carrure exceptionnelle. Il n'en fallait pas plus à Sacha, qui était parfois d'une simplicité dont on ne lui accordait pas toujours le crédit, à grand tort.
Elle nota intérieurement qu'il ne répondait pas à son baiser, et qu'elle allait sans doute bien trop vite en besogne, pressée qu'elle était, mais ne s'interrompit pas dans son mouvement de l'emmener dans ses pas, en-dehors des sentiers du parc.
Les arbres saluaient son compagnon, parce qu'elle, ils n'en avaient rien à foutre. A la limite, les ombres attirées par les émanations sombres de la Drioma, même encore endormie, se concentraient autour d'elle pour lui donner cette aura inquiétante qu'elle avait souvent.

« Je suis flattée que tu aies réussi à avoir une permission pour passer me voir. Tu as combien de temps ? »

Elle enjamba le tronc d'un arbre comme si elle n'avait pas de talons, le plus élégamment du monde.

Remise à sa place sans délicatesse, Sacha fronça le nez, et répondit d'un « oh », qui voulait tout dire. Elle était toutefois douée pour reprendre le jeu comme s'il ne s'était jamais interrompu, souriante :

« Je ne sais pas ce qui est le mieux, à vrai dire, je réfléchis. »

Elle obéit à l'injonction sur sa main, tournant vers lui dans un gracieux mouvement de hanches qui mettait en valeur une taille franchement trop mince, et les cheveux cascadant sur ses épaules, se prenant dans le tissu de son chemisier toujours bien fermé malgré le décolleté.
Quelque part la vieille Drioma s'étirait, grogna en apercevant Niilo qui décidément commençait à la faire chier ; elle n'avait pas de prise sur lui, son hôte s'étant résolument pris d'affection pour lui. Elle décida de continuer à dormir malgré la nuit tombée, de mauvaise humeur.
Les doigts de Sacha glissèrent entre ceux de Niilo, caressants.

« Je pense que oui. Il faudrait faire l'expérience pour le savoir. »

Elle sourit, tira légèrement sur sa jupe qui remonta un peu plus sur ses hanches alors qu'elle n'avait clairement pas besoin de ça.

Charmante et parfaitement facile à apprivoiser, Sacha se laissa attraper pour répondre au baiser, réagissant pile dans le bon tempo après les gestes de Niilo, lui laissant l'initiative tout en prouvant son envie de la situation. Elle salua la sensation, agréable, de vraie salutation, d'un gémissement audible mais étouffé par les feuilles des arbres, s'accrochant au cou de son amant comme si elle risquait de tomber à la renverse sous l'effet de la caresse de sa langue.
Elle avait peut-être bien cette sensation-là, heureuse de retrouver son contact dont elle se languissait plaisamment ; Sacha goûtait parfaitement à une petite dose aiguë et pointue de frustration, tant qu'elle pouvait la résoudre après.

Le tronc de l'arbre s'aligna merveilleusement bien dans son dos, elle se prit à espérer qu'il n'y ait pas de sève pour ne pas tacher ses vêtements, et écarta une cuisse dénudée par une jupe maintenant largement remontée sur ses hanches pour se laisser toucher par son amant.

Ses doigts se serrèrent dans l'uniforme avant qu'elle ne se mette en tête de l'ouvrir pour pouvoir le caresser, sentir sa peau s'échauffer et se presser contre la sienne.

« Tu me rends folle », commenta-t-elle au creux de son oreille, déjà essoufflée.

La Drioma dormait d'un œil et ne répondit pas à la provocation mentale de Niilo, passive, attendant que les choses se passent comme elles se devaient même si elle n'était pas spécialement contente. Sacha elle se pressa contre Niilo avec une inspiration empressée, avant d'accéder à son ordre sans faire d'histoire. Elle assura sa prise sur l'arbre en se râpant les mains à l'écorce, cambrant son interminable dos dans un geste gracieux mais un rien animal, essayant de trouver un point d'ancrage pour ne pas risquer de tomber, ce qui s'avérait compliqué vu ses talons.
Elle alla donc chercher une main du militaire pour la poser, oh comme c'était dommage, sur sa hanche afin qu'il la tienne.
Elle ressentit pas non plus le besoin de le prévenir de faire attention, ayant obscurément confiance en lui, ce qui n'était pas arrivé depuis des années avec un homme qu'elle ne connaissait finalement pas si bien que ça. Sa main descendit entre ses jambes, et elle laissa échapper une espèce de ronronnement lourd, presque parfaitement satisfaite.

Sacha répondit au gémissement d'un piaillement doux et soumis, à vrai dire souffrant majoritairement à ce moment-là précis de leur embrassade ; les larmes affleuraient, mais elle refusait de les laisser couler, parce que ça aurait flingué son maquillage qu'elle avait travaillé un bon moment avant de sortir de chez elle.
Elle s'accrocha à l'arbre comme si elle voulait en prendre sa force vitale, sa main libre serrée sur celle de Niilo comme si elle pouvait retenir ses hanches par ce biais-là. Elle parvint toutefois à se détendre, les battements de son cœur résonnèrent comme un tambour dans sa gorge, et une vague de chaleur l'obligea à se contorsionner comme une chatte de gouttière, dans un gémissement étouffé.
Elle n'avait aucune idée du temps qu'ils avaient, puisqu'elle n'avait pas poussé assez loin la question, et s'en fichait pas mal en se disant que suffisamment serait tout ce qu'il lui faudrait. Elle ferma les yeux, baissa la tête en laissant Niilo accéder totalement à sa nuque, entamant d'elle-même un mouvement de hanches toujours plaisant et provocateur.

Quelque chose se contracta dans son ventre, un amas de nerfs, tendons, muscles, et surtout sensations, alors que son amant attrapait ses cheveux d'une main pour les décaler et faire cesser la tension désagréable et intermittente.
Elle ne savait pas trop si elle aurait aimé qu'il les garde dans son poing ou pas, mais ce dont elle était certaine, c'est qu'elle était parfaitement d'accord avec son idée de relever une de ses cuisses ; elle mit donc toute son énergie à tenir sur un seul talon, l'autre jambe n'étant appuyée que du bout de la chaussure sur un sol scarifié par les racines de l'arbre.
Les battements de son cœur éclatèrent dans sa gorge, à ses tempes, et elle émit un couinement sensible et mélodieux alors qu'il s'avançait impossiblement plus qu'il ne l'était avant. Le long dos de la légendaire suivit le mouvement en le soulignant, se cambrant dans un spasme peu contrôlé, elle griffa l'arbre et la main de Niilo, les sens en alerte, concentrés sur toutes les sensations à la fois.
Elle crut partir à la sensation des dents quasiment alignées contre son pouls, ferma les yeux en crispant les paupières, laissant sans avoir le choix une première vague la traverser, dans une exclamation qui ressemblait très fort au prénom de son amant.