Le retrait fut un rien trop rapide pour la chair sensible de Sacha qui étouffa un grognement en laissant retomber sa cuisse sur le côté, repue et essoufflée, rouvrant les yeux pour contempler entre les cils un amant que semble-t-il elle avait parfaitement contenté. Elle se rendit compte qu'elle le tenait toujours et que là elle aurait vraiment aimé qu'il se penche sur elle que quand il lui demanda de le lâcher.
Les longs doigts de l'hôte de la Drioma s'ouvrirent, le laissant tituber à travers la serre, alors que Sacha se redressait sur un coude, l'omoplate saillant dans le mouvement sous sa peau fine, le regardant faire avec une certaine curiosité et peut-être un peu de fierté bien, ou mal placée.

La plante mourut, et Niilo ne bougea plus du tout. Sacha se redressa, jeta un regard à sa robe et son string abandonnés au sol, haussa des épaules, et préféra récupérer son sac. Elle parvint à trouver une fenêtre pouvant être ouverte – une tâche qui pouvait s'avérer ardue dans une serre – sortit ses clopes et un briquet piqué à un ami. Elle entreprit ensuite de se démaquiller méthodiquement tout en fumant, dans une démonstration d'une grande habitude de la chose, et une fois toute nette, et une caresse du bout des doigts distribuée à un chat curieux, elle décida de profiter encore un peu de la présence rassurante du militaire.

En vraie ninja – et bien aidée par le coma magique de son amant – elle se glissa contre lui, cherchant sa protection pas-franchement-inconsciemment.

Elle était à peine en train de s'endormir, et donc la vieille Drioma remontait dans son esprit en grommelant contre la pute qu'était devenu celui qu'elle avait décidé de sauver des eaux glaciales d'un torrent voilà de ça pas mal d'années...
Que quelqu'un ouvrit la porte.
Sacha se réveilla immédiatement, aussi tendue que lors de l'intrusion des militaires chez elle il y avait maintenant de cela quelques bonnes heures, jetant un coup d'oeil par-dessus le corps massif de Niilo.
La fille qui était venue était repartie sans un mot, et Sacha bondit du lit pour récupérer son charmant string, et sa robe, se rhabillant avec la rapidité, eh bien, d'une vraie professionnelle.

Elle observa l'oncle Elias embarquer Niilo, soudain inquiète, avec cet instinct maternel tordu et étrange, que peu de monde accueillait d'un bon œil.

« En fait je préférerais l'accompagner, j'aimerais m'assurer que tout va bien », répondit-elle à Miina, avec un léger sourire. Elle ne précisa pas qu'elle se sentait un peu coupable, jetant le voile discret là encore d'une pro sur ses relations sexuelles avec le soldat, même si elle pensait bien que personne ici n'était dupe. Elle était d'une discrétion exemplaire.

Sacha se faisait le plus discrète possible – en faisant 1m90 perché sur des talons quoi – suivant la procession d'Alfes en supportant les râleries de la Drioma avec le stoïcisme héroïque de l'habitude, observant les participants à cette drôle de cérémonie informelle. Elle se demandait aussi si c'était vraiment elle et un orgasme qui avait plongé ce type dans le coma : plus certainement les émotions négatives de la soirée, plus la dernière dépense d'énergie...
La vieille carne, elle, posait mille questions caquetantes comme si Sacha était soudainement devenue experte en Alfe en en baisant un.

 « Et là ils font quoi ? » « Aucune idée. »  « C'est une secte en fait ? » « Non ils font partie d'une espèce surnaturelle. Pas une secte. » « Excuse-moi mais ils viennent de le sacrifier aux racines d'un arbre, si t'appelles pas ça une secte... j'espère que t'en as profité parce que 6 pieds sous terre il va moins bien baiser ! »

Sacha croisa les bras, la chair tatouée, dont les infamants 4 points perdus au milieu d'autres esquisses disparaissant sous les longs pans de sa robe, certaine quant à elle que Niilo n'avait pas été « sacrifié » comme disait la Drioma par sa famille.

De très longues heures d'obscurité sont condensées en secondes dans ton esprit jusqu'à ce que tu ouvres les yeux. La tranquillité ankylose bientôt tes membres et tes pensées tandis que l'énergie de la terre se faufile par les extrémités de ton corps. Elias guette par sécurité, lui qui sait que vous êtes vulnérables une fois endormis dans la Nature. Miina elle, s'abandonne dans une cueillette de fleurs.

Bientôt, les racines craquent et se tortillent les unes contre les autres. L'une prend la forme d'une main, quelques autres d'une chevelure. C'est alors que tu ouvres les yeux, accrochant du regard le feuillage mouvant des arbres centenaires bien au dessus de toi. Tu te hisses dans une inspiration glacée en dehors de l'écorce de l'arbre, à peine vêtu en urgence par Miina tout à l'heure. Tes cernes ont disparu, ta peau s'est tendue de plus belle, tes cheveux semble-t-il ont poussé. Tes yeux ont retrouvé leur éclat bleu glacé quand tu les poses sur Sacha, inclinant la tête avec curiosité.

-Tiens, qu'est-ce que vous faites là ?

Tout contre ton torse, échappée de ta peau, la fleur bleue frétille de nouveau.

La Drioma répondit à la surprise calme de Niilo d'un ricanement, amusée comme à chaque fois que Sacha lui semblait se faire rembarrer ; l'escort eut un mouvement d'épaules entre le haussement et le geste parasite, lassée des sous-entendus de cette vieille chieuse.

« J'étais inquiète, vous vous êtes effondré d'un coup. »

Le regard sombre glissa jusqu'à la tante Miina qui semblait vivre un des meilleurs instants de sa vie en cueillant des fleurs, Elias qui s'était un peu écarté avec une pipe odorante à la bouche, et Niilo qui était toujours aussi peu vêtu.
Quelque chose se tordit dans le ventre de Sacha, qu'elle savait être une excitation malvenue – oui encore la chair était faible, ok ?

Elle glissa le regard vers la fleur qui semblait vivante – qui l'était en fait – sans avoir le moindre idée du nom de l'espèce. Ça n'était pas une bonne idée puisqu'autant de peau étendue à la vue amenait forcément une réaction.

« Je suis rassurée que vous alliez mieux, je vais vous laisser du coup. »

A défaut d'avoir dormi elle pourrait rajouter une ligne sur son CV d'escort ; envoyer un type dans les pommes juste en ayant une relation sexuelle avec lui, c'était plutôt classe – et flippant.

Il n'avait l'air ni surpris, ni triste, ni heureux, ni, en fait rien. Sacha se fit la réflexion que si elle ne savait pas que c'était un Alfe, elle aurait pensé à un dragon ou autre créature minérale ; la Drioma elle renifla avec emphase en demandant si elle elle pensait être communicative sur ses humeurs. Sacha lui grogna dessus parce que oui elle pensait être un peu moins glaciale que ça.
Elle ne sut quoi penser du ricanement de la créature tapie dans les replis de son cerveau en réponse, décida de l'ignorer.

« Oh ne vous inquiétez pas, je suis rassurée maintenant. »

Elle comprenait bien dans les circonstances actuelles ce que son comportement parfois maternel, souvent amical, avec ses amants, qu'ils soient clients, de passage, ou de nature à traverser la frontière entre l'amitié et la baise échevelée sans dommage.
Niilo n'appartenait à aucune de ces catégories mais Sacha ne changeait pas pour autant son comportement habituel. En outre dans la proposition de la ramener, elle crut reconnaître un sous-entendu beaucoup moins innocent. Elle hocha de la tête, sourit.

« Avec plaisir. Miina, Elias... merci pour votre accueil, je vous souhaite une bonne journée. »

Gracieuse et grande dame avant d'être pute, elle prit les devants et la direction de chez elle, s'assurant que Niilo la suivait et qu'il trouvait de quoi se rhabiller.


Arrivée en bas de son immeuble, Sacha discuta avec le professeur Lenoir, qui n'avait de prof que le surnom, et qui bégayait encore de rage de la descente des flics qui avaient retourné sa précieuse bibliothèque. Sacha ne put absolument pas savoir ce qu'il était advenu des autres habitués du bar, et se promit de vérifier dès qu'elle le pourrait, avant de monter les escaliers sans prendre la peine de laisser passer Niilo devant.
S'il avait envie de matter son cul vu ce qu'elle avait envie qu'il fasse, c'était tout aussi bien, et même un très bon échauffement.
Elle entra sur le champ de bataille de son appart, pas remis magiquement en ordre en son absence, et volta sur ses talons comme pour parader devant l'Alfe.

« Je ne vous propose toujours pas à boire ? »

Elle avait en tête autre chose, vu la manière dont elle baissait le regard vers sa braguette, parfaitement dépourvue de subtilité.

Ton regard termine d'osciller sur le cul de Sacha lorsque cette dernière se retourne, fleur soudain éclose de nulle part, ses longs pans de robe tournoyant autour de ses hanches et donnant un peu de relief à sa silhouette anguleuse.

-Je pense que nous avons dépassé le stade de ces politesses, désormais, fais-tu remarquer.

Tu n'es pas pleinement télépathe, mais il n'y a pas besoin de disposer de cette faculté quand seul l'observation de l'angle de son regard peut renseigner précisément sur ce qui danse dans son esprit, dans son ventre, entre ses jambes.

-Venez donc là.

C'est moins un ordre ou une invitation qu'une information indiquant que c'est toi qui avance, qui t'approche jusqu'à elle, dévorant l'espace saturé d'énergies négatives qui vous sépare. Tes facultés, formellement sous contrôle, se calfeutrent dans un coin de ta tête et s'y font un nid qu'elles ne comptent pas quitter dans les prochains instants. Tu as alors tout le loisir de saisir Sacha par les cuisses pour la soulever et la plaquer contre le mur, dernière surface place disponible quand tous les meubles sont renversés, et le sol jonché d' éclats de verre. Tu mords dans la lèvre de Sacha, sans scrupules, le cœur déjà battant, les hanches déjà chaudes et raides.
Le Vice se réveille,
ordonne,
attrape.
Dévore.

« Vous seriez étonné de ma politesse avec mes amants », suggéra Sacha avant d'aider le mouvement qui l'enlevait du sol d'un saut, ne protestant pas quand la masse de Niilo la plaqua au mur dans un mouvement un rien sec & brusque, au contraire le ventre se serrant d'excitation. Sa robe, d'esprit pratique, s'écarta des hanches du militaire plaquées contre son corps, encore une fois le tissu rêche d'un froc récupéré grâce à l'esprit vif de Miina s'imprima dans la chair tendre de l'intérieur des cuisses de Sacha.
Elle eut un roucoulement sombre, excitée, se penchant pour atteindre le cou de Niilo et y promena tout à la fois ses dents aiguisées et sa langue soyeuse. Décidée à montrer où elle voulait en voir venir les choses, et se sentant redevable sans doute de l'occurrence précédente où il l'avait déshabillée avec toute la science du monde, elle se déhancha, reposant un pied chaussé d'un talon interminable au sol, parvient à déboucler sa ceinture dans un bruit qui encore une fois alluma une étincelle d'envie dans son regard, et glissa une main curieuse et habituée.
Elle attira l'autre main de Niilo en soutien de sa cuisse restée sur sa hanche, en manière de charmante ornementation toute de minceur.

Un soupir de soulagement passe la barrière de tes lèvres quand celle de tes vêtements est abolie. La main de Sacha, serpent cuivré, sillonne ta chair dans une tiédeur qui se réchauffe. Avec l'énergie retrouvée, de nouvelles sensations s'ajoutent à la brume de tes souvenirs de la nuit et du matin même. Bientôt, les détails de l'appartement de Sacha disparaissent derrière tes paupières tandis que tu fermes les yeux pour mieux savourer le toucher de sa langue de ses dents et bien sûr de ses bras. Maintenant sa cuisse ouverte contre ta hanche tu t'appuies d'une autre main sur le mur comme pour l'empêcher de prendre la fuite, même si elle ne semble pas en avoir très envie. Ton cœur s'accélère sous l'intensité de ses attouchements habiles, et c'est un souffle chaud qui s'écrase contre sa bouche quand tu l'embrasses, motivé par une faim vorace.

Elle se retrouva bientôt prisonnière parfaitement volontaire de l'étreinte de Niilo, cette fois penché sur elle, et répondit à son baiser avec un empressement chaud et excité, étouffant un halètement qui traduisait parfaitement sans parole l'envie qu'elle avait de son corps, de nouveau.
Son poignet délicat se tordit pour améliorer le mouvement qu'elle produisait entre ses jambes, alors qu'elle mordait gentiment la lèvre de son amant, tâchant de l'échauffer un peu plus.
Sacha retira sa main dans une parade amoureuse bien rodée, s'attaquant ensuite à la ceinture de son pantalon pour lui descendre, puis au haut.

Son regard sombre se perdit sur les muscles noueux, alors qu'elle laissait l'excitation la submerger de nouveau, s'enrouler autour d'elle, et se débarrasser des mauvaises pensées qui tournoyaient sans cesse depuis la veille.
Elle en arriva rapidement à la même conclusion que Niilo ; rien ne pouvait servir d'appui dans cet appartement dévasté que le mur contre lequel elle était adossée.
Alors elle se débarrassa de sa robe dans un froissement de tissu discret, et assura la prise de sa cuisse sur la taille du soldat pour remonter.

Si ton physique déstabilise sans nul doute pour de multiples raisons, il semble contribuer au plaisir manifeste de Sacha en plus de cela à cet instant. Tu salues la fin de sa longue caresse par un lent mouvement courbe des hanches, et entreprends une fois ta nudité assurée de préciser la sienne dans une grâce cette fois-ci toute relative. Remettant la contemplation du corps à double genre de de Sacha à plus tard, tu l'aides à remonter dans tes bras sans même prendre la peine de lui retirer ses vertigineux talons comme si ces derniers contribuaient à la satisfaction d'un fantasme. Son corps devient bientôt prisonnier de l'étau formé tantôt par le mur, tantôt par ton corps brûlant revigoré par la puissance de la terre. Lui écartant les jambes tu finis par chercher le chemin jusqu'à elle, ayant dressé au passage une autre barrière, même si la condition lascive de Sacha n'est plus à prouver.

La respiration de Sacha s'accéléra manifestement tout à la fois sous le coup de l'excitation et d'une douleur qui ne serait que passagère. Elle planta les doigts dans les épaules de Niilo comme pour lui demander silencieusement d'y aller doucement, mais bientôt une vague de chaleur la submergea et la fit perdre pied – étrangement puisqu'elle ne touchait plus le sol.
Sacha laissa échapper un gémissement à la hauteur incertaine, s'accrochant au militaire comme si sa vie en dépendait, glapissant un encouragement absolument pas vulgaire si on ne tenait pas compte de l'intonation.

Elle se concentra toute entière sur les sensations et sur la situation qui l'excitait très nettement, à tel point qu'elle en ferma les yeux, profitant pour une fois égoïstement de ce genre de moment, sans arrière-pensées, s'abandonnant et laissant tomber le contrôle qui était le sien.