| Page 1 sur 1 | Velvet de Montpensier YOU WILL HEAR MY LEGEND  |
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« Il était une fois…
- Attends on a pas le temps là.
« Tu te fous d’ma gueule ?
- On a pas le temps putain de parasite c’est le bordel dehors !
« C’est toujours le bordel dehors.
- Ca me fait mal aux oreilles, va les faire taire, on s’entend plus penser. BOUGE !
Voilà quelques dizaines de minutes que la rumeur enflait comme un venin injecté sous la peau mais Yasha, enterré dans le labyrinthe de sa comptabilité et soigneusement protégé des nuisances extérieures par les...nuisances internes, s’ancrait dans l’habitude de ce bruit fondamental agressant ses pavillons, de sorte de n’en plus tenir compte. Son esprit parfaitement aiguisé organisait naturellement un jeu d’arcade sur ses synapses tant et si bien qu’il pouvait tout naturellement calculer d’une part les bénéfices journaliers du Cul de Poule, d’autre part réciter à la Yaga affamée de sordides contes inspirés des frasques de leur isba.
Cette vieille mégère ne se contenterait toutefois pas de ses récits, si autant de bordel venait à en perturber l’énonciation.
La triple-patte branlante du vieillard mena ce dernier à une baie soigneusement camouflée de l’intérieur par quelque tissu dont il fit jouer les fibres entre ses phalanges pour exercer un malfaisant jeu de voyeurisme dans la sentine.
Sa mirette le renseigna à peine sur ce qu’il imaginait déjà depuis son poste de travail : les lampadaires éclatés par les coups de feu tavelaient la ruelle rouge de lucioles mourantes, dessinant en clair obscur le tableau morbide des macchabées qui jonchaient le sol en obstacles pathétiques pour la course de ceux qui, encore pourvus de leurs deux jambes, se calfeutraient contre les moindres portes tapissant les parois redécorées de tripes. Les cris annonçaient cette aura léthifère qui de toute façon, flottait dans l’air. Une énième descente d’une prétendue justice nettoyait les avenues décrépies ; Yasha supposait déjà qu’on envoyait au casse-pipe des pauvres gamins à peine l’uniforme enfilé pour leur apprendre la vie.
« Que se passe-t-il ? »
Pina arrivait juste à temps pour se saisir d’un vase rempli de fleurs et le lancer sur une arme de fortune enflammée qui venait de traverser la vitre et écharper l’air d’éclats de verre. La braise s’éteignit en quelques secondes, auréolées de pétales et de feuilles comme un hommage funèbre aux combattants d’une bataille dévastatrice. Yaga gronda à l’intérieur, définitivement inconfortable. Tandis que les ombres de la rue s’agrandissaient d’armes pointues, Yasha mit sa jambe de bois à l’extérieur le temps de rabattre sur la fenêtre violée deux volets épais. Dans l’entropie carnassière, Yaga attrapa par le col une silhouette plus grande que les autres, attirée sans nul doute par sa fragilité, et la flanqua à l’intérieur comme trophée du risque ainsi pris.
« Y’a pas idée de rester dehors avec un bordel pareil ! »
Tandis qu’il faisait cliquer de sa main noueuse qui ne tenait pas sa canne les verrous de la porte principale, le hall d’entrée de cet enfer de luxure se gorgea de petits anges. Les putes fringantes de Yasha, douze ans plus le plus jeune, vingt-cinq pour le plus âgé, s’étirèrent, fantômes frissonnants autour de la nouvelle arrivante, en étoile à sept branches.Certains frissonnaient, presque nus, arrachés à leurs ébats taxés, d’autres tendaient l’oreille, comptant mentalement les secondes les séparant de la paix, d'autres encore se demandaient qui était cette inconnue bariolée à l'aura étrange. Mais tous demeuraient immobiles. Le seul mouvement de la pièce provenait de Filipina, blanche rose immaculée, qui ramassait sur le sol au milieu des éclats de verre, ses sœurs fanées.
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Sacha Erskine YOU WILL HEAR MY LEGEND |
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| La foule était le pire ennemi de tout le monde, et surtout ceux qui la composaient ; Sacha en faisait l'expérience immédiate et n'était pas certaine du tout d'apprécier ça. Les quatre points tatoués sur son poignet, noyés dans le placard qui ornait tout le bras, faisaient fuir certains, mais en accrochaent d'autres.
Elle avait envie de leur sauter à la gorge et de les écharper, mais un rien d'humanité la retenait encore, l'éloignant de la foule bestiale pour reprendre sa respiration.
Quelques uns étaient armés, le gros souci étant qu'elle n'arrivait pas à savoir lesquels, et avant qu'elle ne se demande comment se mettre à l'abri, elle s'y retrouva, ceinturée et entraînée dans l'intérieur chaleureux d'un endroit protégé.
Elle reprit son souffle en se rendant compte qu'elle n'était plus dehors à la merci de n'importe quel abruti, leva son regard de cauchemar et d'encre sur un type qui … l'engueulait ? …
« Merci... » souffla-t-elle sans savoir si la formule était sincère ou férocement ironique.
Autour d'elle, des petites têtes apparaissaient, toutes innocentes, toutes trop vieilles pour leur âge, et Sacha reconnut avec la certitude du fin limier l'endroit où elle était ; un bordel, un fichu bordel. Elle avait connu ça plus jeune, se vendant à des hommes intéressés par l'exotisme qu'elle représentait, n'en avait un souvenir ni bon ni mauvais. L'argent tempérait les pires souffrances, elle l'avait appris patiemment à cette époque-là.
« Salut les filles », fit-elle, reine, se redressant alors que la Drioma par volonté de ne pas être en retrait déployait autour de la silhouette trop fine de son hôte sa cape de mauvais rêves.
Sacha secoua légèrement la tête, ses cheveux raides et longs ce jour-là dégringolant le long de son dos interminable.
« La police a décidé de foutre le merdier, j'étais au mauvais endroit... » Son regard sombre se posa sur le maître des lieux, le scannant, le fouillant. La Drioma comme un chien d'arrêt bien dressé, tressauta et se figea. Il y avait quelque chose d'anormal. Sacha fit tout comme. « Encore merci, monsieur ?... » |
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Le frissonnement glacial qui agitait le feuillage de l’arbre à sexe composé par les putes de Yasha ainsi déployées devant l’inconnue comme s’il s’était agi d’une invitée de marque demeurait bien trop intense pour que les garçons se formalisent du fait d’être appelés comme des filles. Filipina se redressa, ses belles mains crispées sur les fleurs qu’elle abandonna sur le coin d’une commode. Elle murmura aux garçons de reculer pour ne pas qu’ils se blessent avec les éclats de vase éparpillés dans tout le hall mais ils firent sourde oreille à sa douceur, les tympans éclatés par la rumeur enflée qui explosait au dehors.
Yaga frappa contre le sol la canne du vieillard, faisant sursauter des petites gouttelettes qui formaient la flaque d’eau et les gamins.
« Reculez. » intima la Légendaire dans un grondement sourd, excavé des tombeaux millénaires.
Les garçons obtempérèrent cette fois-ci, pressant les uns contre les autres leurs petits corps comme des oisillons attendant leur mère au nid. Pendant que l’inconnue forcée à la cachette s’expliquait aisément, comme si son arrivée avait été préméditée, quelqu’un dévala les escaliers. L’un des clients du Cul de Poule fit irruption dans le harem improvisé, chemise aléatoirement pliée dans la ceinture, et si l’empressement ne plissait pas ses traits, nul doute qu’il aurait bandé instantanément à la vue de tous ces corps offerts.
« Sors par derrière, Oswald. »
Le susnommé, habitué au point de se voir épargner son patronyme familial comme s’il facilitait le détachement de la vie quotidienne une fois le bordel pénétré, disparut dans le couloir. La phrase de ses pas empressées fut ponctuée d’un point final en claquement de porte, et le silence revint, ourlé du bourdonnement extérieur.
Yaga chercha sur le radius d’autres signes de ponctuation ; les voyant dissimulés entre d’autres esquisses, elle se froissa à l’intérieur et se tut, flouée dans son enquête.
- Ne lui dis pas, bouda-t-elle.
« Je dis ce qui me chante.
- Je veux savoir son nom d’abord.
Yasha soupira intérieurement, nouveau pas dans le déni de son humanité que Yaga grignotait un peu plus chaque jour.
« Monsieur suffit. »
Le ricanement intérieur de la vielle mégère fut interrompu par le piaillement d’un des oisillons. Le vautour cagneux se tourna vers le plus jeune de la portée malsaine, qui barbouilla le silence pesant d’un russe chevrotant comme un gribouillis avec un feutre à l’agonie.
« C’est elle qui va nous raconter une histoire ce soir ? »
Yasha haussa les sourcils et Filipina les épaules ; la femme de Yasha, conteuse de métier, berçait effectivement les moins fatigués de douces comptines une fois les services terminés, afin que leurs rêves apaisent le quotidien dont ils étaient victimes. Ce soir cependant, le visage de sa belle exprimait un souci qui ne manquerait pas de perturber les enfants qui la prenant pour une seconde mère, s’inquiéteraient pour elles, et falsifieraient leur chemin vers un sommeil apaisé. Filipina, balai à la main, entama un chant crissant tandis qu’elle époussetait le sol des débris de l’attaque gratuite.
« On va voir ça, montez, les vermines. »
Il y eut un silence, puis le plus âgé imprima la cadence et dans une file indienne tremblotante les garçons se faufilèrent dans les escaliers, chenille blanche décharnée. Yasha se tourna alors vers la voyageuse de la nuit.
« Tu me dois bien ça, hein ? » vérifia-t-il.
Au creux de son esprit, Baba Yaga éclata de rire.
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Sacha Erskine YOU WILL HEAR MY LEGEND |
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| « Attend, ça ne sont pas des filles. » fit pour une fois remarquer la Drioma dans un recoin de la tête de Sacha, se déplaçant ensuite de sa démarche d'araignée pour mieux voir.
Sacha mit au point également, essayant de laisser de côté la frayeur qu'elle avait eu dehors, le trop-plein de bruit, et l'obscurité arrivée rapidement ; ah oui, c'était des garçons. Bon, il était trop tard pour s'excuser et personne n'avait protesté...
La vieille Drioma s'agita, heureuse comme à chaque fois de voir des enfants ; mais pas dans un sens dégueulasse et contre-nature. La seule qualité de cette saloperie, selon Sacha qui la fréquentait depuis maintenant longtemps, c'était son amour maternel parfaitement sincère. Elle était tombée pile dans l'endroit parfait, et si elle se barrait avant que la Drioma ne soit rassasiée et certaine du sort des petits, eh bien c'était elle qui trinquerait.
Sacha avait appris à mettre un mouchoir de la taille d'une nappe sur ses envies d'indépendance, ça n'était pas possible dans son cas.
Alors elle faisait avec, et hocha de la tête vaguement quand un des gamins demanda si elle allait raconter une histoire.
« Cent, mille même ! » s'enthousiasma son démon. Sacha espéra rapidement qu'elle exagérait. Elle comptait bien repartir dès le danger passé. La Drioma avait ramassé ses habits de cauchemar et elle se sentait vaguement nue les épaules presque seulement vêtues de ses longues mèches de cheveux sombres.
Elle éluda un vague frisson, suivit les enfants & le maître des lieux vers le haut, lui adressant un éclat de crocs blancs dans la semi pénombre à sa question rieuse :
« On verra ça, je ne suis pas tout à fait certaine, monsieur Monsieur. Mais je vous remercie de votre hospitalité. »
Et si pour ça elle devait raconter une histoire « ou cent, ou mille ! » ça le vaudrait encore sans doute.
« Je m'appelle Sacha. » |
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Baba Yaga froufrouta des insultes en se drapant dans l’un de ses nombreux châles rapiécés, ce que Yasha ne traduisit que par un assombrissement notable de son regard ainsi qu’une pression de sa main noueuse sur le pommeau de sa canne.
- Quelle impertinente, celle-là ! Incapable de respecter ses anciens ! Pauvres garnements !
« Je te signale que si je n’étais pas là pour te raisonner, tu les mangerais tous.
- Seulement ceux qui ne sont pas sages, se renfrogna la vieille carne.
Le vioque atteignit en compagnie de la visiteuse à longues jambes le bas de l’escalier qui chantait sous les pas des petites choses fragiles se dispersant à l’étage au dessus, dans les chambres dont les portes tapissaient les murs du couloir. Sa main noueuse présenta la montée à celle qui venait de décliner son identité.
« T’es parfaitement sûre. » intima-t-il sans manières.
La Conteuse Morbide rassembla au creux de son crâne ses fibres de clairvoyance que la présence du Légendaire à ses côtés avait aiguisées ; une copine ! Ou peut-être pas. Cette aura sombre agrémentée de pulsions nocturnes attiraient sa fascination autant que son plus profond mépris. Sa Maison se chargeait décidément d’une fragrance de pouvoir bien trop épicée pour son pif de vieille mégère. Avec la lenteur conférée par sa jambe manquante et sa canne, Yasha entama à son tour l’ascension douloureuse des marches que ses revenus trop modestes ne lui permettaient pas de remplacer par un dispositif plus adéquat. Yaga abhorrait les nouvelles technologies, en dehors de cela ; elle appréciait l’authentique, et la possibilité bien sûr, de faire souffrir son vilain hôte.
Les catin les plus âgées – et usagées, dont il devrait bientôt se séparer pour maintenir la réputation de sa bicoque illicite – se séparaient déjà du monde par un panneau de porte bien fermé qu’ils avaient toutefois la stricte interdiction de verrouiller sous peine de subir le courroux du propriétaire. Les plus jeune, treize ans en moyenne, en revanche, s’étaient pressés dans la chambre la plus proche de l’escalier, serrés les uns contre les autres sur le lit de l’un d’eux. L’atmosphère exhalait encore le parfum acide de l’extase perverse quand Yasha y ajouta l’obscurité concentrée de son aura.
« J’vous présente Sacha, les vermines. »
Quelques murmures montèrent des petites bouches, certaines encore rougies par la frictions des actes tout juste passés.
« EH BIEN ?! » Ragea Yaga à travers sa bouche.
« Bonsoir Sacha. » lancèrent alors les oisillons d’une même voix.
Le froissement de leurs vêtements meubla ensuite le silence, les gamins reprenant devant cette grande dame qui les fascinait des notions du pudeur en passant leurs minces vêtements de nuit.
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Sacha Erskine YOU WILL HEAR MY LEGEND |
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| Sacha arqua un sourcil parfaitement maquillé à l'ordre à peine déguisé donné par l'homme à la démarche très, très peu naturelle. Elle soupçonnait une tendinite, une vieille blessure, une saloperie couvée depuis longtemps en tout cas parce qu'il semblait y être habitué.
Comme elle reconnaissait l'autorité sans partage des hommes qui ont l'habitude de régner, et qu'elle était bien trop fine pour se créer des ennuis, elle la ferma. Elle ne voulait pas qu'il la recolle dehors de force alors que c'était la guerre civile hebdomadaire, ou sans qu'elle ait le temps de laisser la Drioma se contenter de la présence de gosses.
Sacha se tut, donc, laissant la phrase s'écraser comme une pierre au fond d'un puits ; non elle n'était toujours pas certaine, mais elle savait le faire avec discrétion.
Les grands yeux noirs savamment maquillés de l'infernale porteuse de cauchemars balayèrent la configuration des pièces, alors qu'elle ignorait la Drioma qui la pressait d'aller aider ces pauvres petits.
Sacha se demandait si la vieille carne avait capté ce qu'il se passait ici, si elle s'en fichait complètement. Elle endormait les enfants, en bonne maîtresse de la nuit, et leur évitaient des cauchemars, mais était-elle capable de comprendre aussi complexe que la psychologie humaine ? …
Sans doute pas. Elle se fichait bien de ce qu'ils vivaient, ces gosses.
Sacha elle-même eut un léger sursaut à l'aboiement de Yasha auquel elle ne s'attendait pas, puis prit place elle aussi sur un lit, sa robe se déployant autour d'elle comme le plumage fantastique d'un oiseau légendaire sans partenaire.
Elle laissa la Drioma affleurer à la surface, prendre possession de ses cordes vocales et de sa voix chaude et basse, envoûtant les gosses à leur raconter mille aventures qui les faisaient voyager à des kilomètres d'ici, où se passaient leurs vies minables. |
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Yasha observa tranquillement le tableau qu’il aurait pu peindre comme il le faisait autrefois dans sa campagne miteuse alors que les moussons ravageaient le paysage et donnaient à l’environnement un délicieux air de fin du monde qui lui avait fait user tant de fusain et de crayon terre de sienne. La Hongrie ravagée avait peu de nuances, mais cette pièce se drapait de kyrielles de différentes teintes ; le gris des chemises de nuit, le blond de certains, le bruns d’autres, le violet des hématomes portés sur certains corps, le vert de certaines pupilles fatiguées, le rouge des lèvres ravagées, des langues habiles, le blanc des dents et des auras. Et le noir de ce corbeau de malheur déposé sur le pied d’un des lits, avec toutes ces lucioles chevaleresques autour de lui.
Le Cauchemar de Fussili. Il se souvenait, maintenant.
Avec son don de discrétion, Yasha se détourna dans le couloir pour s’affairer. Yaga frappa son tibia valide.
▬ Bah tu la laisses ?
« Elle sait se débrouiller apparemment, je lui fais confiance.
▬ Tu viens à peine de la rencontrer gredin !
« Si elle leur fait du mal, tu vas la manger, non ?
▬ Elle pue la poussière.
« Imagine que c’est du sucre glace.
▬ Insolent de merde.
Yasha força sur ses pauvres hanches malmenées pour repousser Baba Yaga au coin du crâne après l’avoir fait remonter. Elle lui mordit la bite, griffa son torse, tenta de lui tordre le cou, et finalement se planta dans le cortex pour se ronger les ongles jusqu’au sang et se faire une soupe de cuticules pourries. Le vioque redescendit, tendit l’oreille.
Dehors, la tempête humaine faisait rage. Et en haut, pourtant, il entendait la voix calme des histoires pour enfants sages.
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Sacha Erskine YOU WILL HEAR MY LEGEND |
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| La Drioma, saoulée de bonheur enfantin, ronronnait dans la tête de Sacha alors que cette dernière vérifiait que tous les mômes s'étaient endormis ; c'était bien le cas, et elle put mettre le cap sur le rez-de-chaussée où elle avait entendu son hôte boiteux se tirer après l'avoir laissée avec les garçons.
Elle le retrouva occupé à elle-ne-savait-quoi, s'approcha dans le froufrou de ses vêtements qui rendaient justice à sa silhouette longiligne, et dans le glissement des ailes de cauchemar de son hôte.
La vieille siffla, se redressa, et renonça à transmettre les mauvais rêves captés là-haut pour les éloigner des enfants à Yasha.
Sacha se demanda vaguement pourquoi, perçut une réponse brouillée comme par de la pluie sur une vitre, qui lui échappa.
« Ils dorment. »
Elle prit place sur une chaise, croisant ses longues cuisses, relevant un regard sombre sur Yasha, le détaillant, son regard méchant, sa jambe inutilisable ou presque, son attitude de vieille-chauve souris.
« Je peux avoir quelque chose à boire, s'il vous plaît ? »
Elle lui sourit, absolument charmante. |
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