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Le spectacle est toujours aussi étrange, tant bien que mal j'essaie d'en détourner le regard. Ca ne me concerne pas, je suis là simplement pour remplir mes poches déjà trop vides. Je me perds à observer une foule nerveuse. Parmi eux il y a bon nombre de personnes auprès de qui je pourrais récupérer un peu de bijoux, d'argent. Je n'ai jamais vraiment aimé le théâtre, l'opéra ou les choses dans ce genre. Alors tant mieux pour les nombreux bourgeois de la salle si ce spectacle leur sied, pour moi c'est trop étrange. Je préfère commencer à imaginer quelles dépenses je pourrai faire avec l'argent que je récupérerai ce soir. Un petit sourire se dessine sur mes lèvres tandis que j'imagine déjà avec plus d'argent que je n'en ai eu depuis longtemps. Finalement je suis tirée de mon imagination par un mouvement sur scène. Pourquoi diable est-ce que je regarde ?

Quelqu'un s'avance et retire les sacs des victimes sur les bûchers. Toujours aussi malsain. Je ferme les yeux et baisse la tête, souhaitant ignorer cet acte dérangeant qui a lieu sur les planches plus loin. Je ne ferai plus de soirée mondaine comme ça, la prochaine fois je retournerai dans la rue à prendre sur des cibles plus faciles. Tandis que j'ai les yeux fermées une voix s'élève. Les mots me glacent le sang. Il est désormais question de trahison et de punition. Je redresse péniblement la tête, pour voir un feu se déclencher sous les personnes sur scènes, sous de vrai personnes. J'hésite un peu, j'observe autour de moi. Mais non, ce n'est pas une pièce. Il se passe ici quelque chose d'horrible. Dans la foule des ombres se dressent, flambeaux en main. Et la chaleur montent. Les flammes commencent à dévorer le bois et les gens peu attentifs. La lumière devient presque omniprésente. Tout s'accélère. Pendant quelques secondes je reste figée. La panique gagne tout le monde et la pièce de théâtre se trouve bientôt dans un état plus que chaotique. Face à ces incendiaires masqués je ne sais que dire ou que faire. Par réflexe je porte ma main dans mon dos, pour n'y trouver que l'absence de mon arme. Maudite prudence qui me coûte ma meilleure arme. Sur scènes d'immenses écrans révèlent des visages, probablement ceux accusés de trahison. Par quelle folie nous retrouvons nous ici ? L'adrénaline monte, pourtant alors que tout le monde bouge je reste figée. Un coup de feu. Puis encore un. Je m’accroupis, les mains au-dessus de ma tête. Les flammes gagnent de plus en plus de personnes. Certains courent, quelqu'un passe à côté de moi, me bouscule dans sa fuite. Je tombe au sol et reprend peu à peu mes esprits. La folie et la peur dominent cette immense assemblée.

Au loin je vois le feu qui gagne la scène, je vois des gens brûlant sous le poids du feu. Je ne me suis jamais considérée comme une mauvaise personne et je commence à en douter. Je plains ceux qui subissent le châtiment des flammes mais je ne pense pas une seconde à les aider. Trop de danger pour des gens que je connais pas. Qu'ils brûlent si je peux survivre grâce à cela. La panique est de plus en plus forte alors que les flammes gagnent du terrain. Fuir. C'est la fuite qui sera mon unique façon de quitter indemne cet endroit. Je me mets à courir vers la sortie. Dans la panique certains tombent, comme moi plutôt. Parmi eux une dame, qui semble aisée. Au milieu de ce chaos je me dis que je pourrai quand même avoir un revenu après cette soirée. Je passe en même temps que d'autres personnes, sans regarder la pauvre âme. Je me baisse rapidement, passe ma main dans son cou et arrache d'un geste le collier qui y reposait. Avec un peu de chance aurai-je là de l'argent. Et tant pis pour l'ancienne propriétaire. Advienne que pourra, chacun pour soit dans ce merdier. Je range ce collier dans ma poche et continue ma course. Hors de question de brûler ici. Le chaos grandit, balles, pouvoirs et flammes se mêlent pour faire un maximum de victimes. Tout ça parce que la royauté n'apprécie guère deux factions qui ont décidés de régler leurs comptes ici.

Et bien soit, je ne serais pas ici pour voir qui gagnera. La sortie principale, pleine de monde, ne permet pas de passer facilement. Je m'arrête un instant, me pousse et observe la salle. Il me faut une sortie plus simple par laquelle m'enfuir. Ou plutôt une sortie dans laquelle il n'y a pas du bétail se pressant pour quitter les lieux et risquant la mort si facilement.

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distraire le peupleft. All
••• Régulus n'était plus sûr d'être à l'aise au sein de ce théâtre ouvert, davantage lorsqu'une silhouette, accompagnée d'une seconde, puis d'une troisième, vint se poster devant lui. Ses yeux clairs d'abord fixés sur la scène étrange qui se dévoilait au public s'abaissèrent vers la première forme dessinée devant lui, et son cœur rata un battement, ses muscles tressaillant. Ses prunelles légèrement embuées ne purent s'extirper de ces yeux brûlant de rancœur.  « Esfir. » souffla t-il, surpris qu'elle l'ait remarqué et qu'elle soit venue à son encontre alors que lui avait espéré la fuir et ne pas avoir à lui faire face une seconde fois. Après tout, il avait fini par fuir cette femme qui s'était occupé de lui à un moment où il venait tout juste de renaître de ses cendres, humain devenu loup. Il s'attendait à recevoir une gifle, ou des insultes en pleine figure, mais il n'y eu rien de tout ça. Simplement quelques mots teintés d'une rancune qu'il ne pouvait que comprendre, et devant laquelle il resta muet pendant un instant, sa bouche entrouverte ne laissant passer aucun mot.

Puis, son regard parvint finalement à se détacher du visage de la demoiselle aux cheveux flamboyants, pour se poser sur celui de Skadi. Il se mordit l'intérieur de sa lèvre, réprimant cette envie qu'il avait de la prendre dans ses bras et de s'excuser pour tout, mais aussi de lui demander comment elle avait fait pour être ici, et comment avait-elle trouvé Esfir. Il avait envie de s'excuser auprès de l'artiste tatoueuse aussi, mais cette volonté d'essayer de ne pas s'attacher le retenait et qui plus est, il n'était pas certains qu'elles passent outre ce qu'il leur avait fait. Ces deux femme avaient pourtant eu un rôle important dans sa vie, et le jeune homme ne l'avait pas oublié. « Je... » parvint-il à dire, lançant un regard à Thomas comme pour tenter de savoir s'il avait connaissance de ce qu'il avait fait ou non. Mais il ne put tenter de dire autre chose, car à présent, la tension était à son comble et l'insécurité grandit dans l'organe vital du warg lorsque les visages des prisonniers furent à découverts et que des paroles glaçantes furent prononcées. Puis, le feu naquit et des flambeaux promenant sur les côtés furent lâchés, les flammes commençant à dévorer la scène, l'estrade. Tout.

Esfir, @Skadi Ohlsen et Thomas s'étaient rangés à ses côtés, et comme un animal apeuré par les lueurs rougeoyantes du feu, Régulus fit un pas en arrière, ses doigts se recroquevillant légèrement sur ses poings. Il fallait fuir, sortir de cet endroit avant de finir par se faire lécher le corps par les flammes ardentes. Pourtant, le libraire n'avait pas oublié le parfum caractéristique de @Astrea Thompson qu'il avait senti à un moment donné, et ses yeux clairs tentèrent d'apercevoir sa silhouette. Où était-elle ? Avait-elle déjà pris la fuite ? Instinctivement, il attrapa le bras de @Esfir Lolkova, son regard figé sur elle observant la jeune femme la main sur le front. « Il ne faut pas traîner, allez ! » dit-il en fronçant les sourcils,  égarant son attention sur sa meilleure amie, puis sur cet humain qu'il avait recueilli chez lui. Il sentait la chaleur se répandre. Le feu prenait davantage de place au fur et à mesure. Des cris retentirent, et des visions d'horreur se dessinèrent devant les yeux du warg. Des assassinats. Des visages criminels dévoilés sur un écran. Des tirs. La peur s'emparait de chaque parcelle du corps de Régulus, et s'il pensait au trio venu vers lui, ses pensées s'étaient aussi tournées vers la luciole.

Malgré tout, sa collègue avait montré une autre facette de sa personnalité et si au fur et à mesure du temps il pouvait parvenir à démêler le conflit qui l'unissait à elle, alors il fallait tenter de la chercher. Ne se doutant pas que l'amant de Malphas avait déjà pris les devants, Régulus se tourna vers @Thomas Dyer. « Je dois aller chercher quelqu'un. » dit-il avant de tenter de se frayer un chemin parmi la foule qui allait en grande majorité à contre sens pour fuir. Pourtant, à peine avait-il commencé à s'éloigner que l'appel de @Arsenia Savina résonna au plus profond de lui-même, immobilisant le garçon. Encore jeune warg, il n'était qu'un louveteau sans meute et les paroles de @Nikolai Kozlov lui revinrent en mémoire, avant que la raison ne l'abandonne malgré la résistance qu'il avait tenté d'avoir. Les ongles devinrent griffes, et la bête asséna un puissant coup au premier venu, la rage se lisant dans ses yeux. Régulus se noyait dans les ombres.

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