1690. La lignée des Kaj s'agrandit. Un nouveau petiot à nourrir vit le jour au milieu d'une époque où la mort, assoiffée, s'emparait de ceux dont elle savait qu'ils ne pourraient s'extirper de ses griffes. Damien, si tel fut son nom à sa naissance, était une proie de choix pour la faucheuse toute vêtue de noire. Il était appétissant, si faible, si frêle. Ses pleurs étaient presque douloureuses à entendre. La maladie semblait mener le petiot dans les bras d'un funeste destin, mais à la plus grande surprise de la mort, Prior de son autre nom, fut plus résistant qu'il n'en avait l'air et son cœur continua de battre, pompant le sang contre la poitrine de sa marâtre qui le tenait souvent contre elle. Deuxième enfant de la famille, il grandit sur les terres Islandaises, combattant régulièrement les infections qui venaient le mordre à pleine dent. Seules ses prunelles fixées vers la vue extérieure que lui offrait la fenêtre permettait à Damien de s'évader, de voyager. La maison a été sa cage, renfermant en son sein un gamin qui ne pouvait courir les cheveux au vent, ni tendre les mains vers le ciel pour laisser les flocons de neige s'y déposer lorsque l'hiver pointait le bout de son nez. Il était captif, malheureux, et la mort le regardait de près.

1720. Les journées furent longues, et la souffrance fut quotidienne pour Agnar, qui, plongé dans la religion, attendant avec impatience de rencontrer quelqu'un avec qui il pourrait enfin croquer la vie à pleines dents, priait chaque jour pour guérir, pour être libéré de ses chaînes et sortir de ce cocon dans lequel il était contraint de rester. Il priait sans arrêt, mais sa foi se ternie au fil du temps, tout comme le sourire que le garçon parvenait à dessiner sur ses lèvres à quelques reprises. Sa vie était barbante, douloureuse, et alors que les ténèbres le gagnaient, le regard innocent d'un nouveau-né de sa famille le toucha en plein cœur. Sigyn. Sa petite sœur, qu'il tint dans ses bras plus que n'importe qui d'autre dans la famille. Agnar avait avancé dans l'âge, atteignant presque la trentaine, mais nul autre pilier n'exista que celui que représentait cette petiote si jolie, et avec qui il passa énormément de temps. Elle était son tout, l'être qu'il lui fallait pour connaître de nouveau le bonheur. Il voulait la protéger de tout, espérant que la maladie ne la touche pas elle aussi. Il prenait soin d'elle plus que n'importe qui. L'amour qu'il lui dévouait était fort, bien plus fort que tout l'amour qu'il avait pu donner à quiconque, et pourtant, une femme lui fit découvrir un autre type d'amour.

L'amour passionnel, dévora la chasteté qu'il avait toujours été dans l'obligation de respecter. Katharina. Tel était le nom de sa bien-aimée, dont il éprouva des sentiments sans tarder, succombant à sa beauté avant de fondre devant ce qu'elle était. Une créature extraordinaire, dont il ne supportait presque pas d'être détaché lorsqu'ils avaient à se quitter. Damien n'oubliait pas sa sœur, mais Katharina prenait de la place dans sa vie et lui tendait une liberté à laquelle il avait toujours souhaité goûter. Adieu le mariage avant la consommation. Adieu la religion. Il se donna à elle, au point de laisser le Draugr que sa compagne était lui prélever le sang dont elle avait besoin pour survivre.

Cependant, la mort ne l'avait jamais quitté. Elle l'avait guetté, plus ou moins de loin, et l'infection pulmonaire qui le frappa en l'an 1730 eut finalement raison de lui malgré le combat que Damien mena contre elle. Son corps se refroidit. Ses pupilles se dilatèrent. Le cadavre dans son lit remplit la maison des Kaj d'une tristesse immense, bien que son père ait toujours été déçu que son fils ne puisse endosser le rôle qu'il avait prévu pour lui. Un jour de pluie, la tombe dans laquelle Agnar résidait, blanc comme neige, fut descendue parmi la terre dont le bois du cercueil fut vite enseveli. Pendant deux mois, son corps subit l'humidité et les conséquences biologiques suite à sa mort. La mort l'avait enveloppé de son drap sombre, satisfaite de sa capture, jusqu'à ce qu'un rituel ne vienne lui voler son butin. Katharina ramena le mort à la surface de la terre. Un souffle, d'abord saccadé, devint plus net. Les yeux clairs de Damien tressaillirent, ses paupières se plissant face à la silhouette qui se tenait devant lui. Il ne comprit pas tout de suite ce qui venait de se produire, mais la belle lui expliqua tout et si l'incompréhension parcourut son cœur, le bonheur finit par l'envahir.

Le Draugr, prisonnier du temps, ne se rendait pas encore tout à fait compte de l'horreur qu'était sa condition. L'obsession grandissante pour sa bien-aimée le rendait aveugle, et bien longtemps plus tard, le cœur du mort se fissura, jusqu'à sembler devenir poussière. Elle, son point de repère dans ce monde qui ne l'intéressait plus vraiment, son ancre, celle qui l'avait ramené à la vie, disparut du jour au lendemain, sans explication. Le lit dans lequel ils s'étaient tous deux emmitouflés n'abritait plus que Agnar. La tristesse l'envahit alors. La solitude aussi. Pourquoi l'avait-elle laissée derrière elle ? Ne s'étaient-ils pas jurés de rester compagnons pour toujours ? La colère se dessina sur les traits de son visage, paraissant bien plus vieux tout d'un coup. Il était partagé entre l'envie de la retrouver pour la tuer et celle de lui pardonner pour revivre ce bonheur qui avait été le sien. C'est alors qu'au milieu de ces pensées défilant dans son esprit, le visage de sa sœur lui revint en mémoire. Où était-elle ?

1807 à 1919. Douloureuse fut la séparation avec Katharina, mais observer sa sœur de loin, veiller secrètement sur elle comme il l'avait toujours fait le retint sur terre. Les idées noires le titillaient parfois, mais la mort le tenait finalement loin d'elle pour le moment. Sigyn avait grandit, et à chaque fois que la créature revoyait cet être si cher, les souvenirs lui revenaient. Réminiscences heureuses et perdues, jusqu'à ce que la petite dernière ne se suicide, sautant dans les bras de la faucheuse. Agnar fit le rituel à son tour, ayant appris de l'amour de sa vie le mode de fonctionnement de son espèce. Alors, il put toucher de nouveau sa sœur, la regarder de plus près, entendre sa voix. Et bien que son regard ne luit plus d'aucune lumière, il avait retrouvé son pilier.

Les voyages furent nombreux. Les cultures diverses, les conflits aussi. Sigyn et lui parcoururent une partie du monde sans jamais se lasser l'un de l'autre. Ils étaient un duo fraternel inséparable, se nourrissait de leur entourage éphémère et lorsque sa protégée se laissait aller, il se chargeait de faire en sorte qu'elle ne pourrisse pas. Les trésors se firent nombreux, soigneusement cachés dans des endroits que eux seuls pouvaient retrouver. Pourtant, son histoire avec Katharina restait gravé dans sa mémoire et le Draugr sombra, tentant à plusieurs reprises de mettre fin à ses jours pour ne plus avoir affaire avec la souffrance.  Sigyn était pourtant là, à ses côtés, le retenant à chaque fois de commettre l'irréparable. Elle veillait sur lui à chaque instant, comme s'il était devenu le petit frère et elle la grande sœur. Pas un instant ne passait sans qu'elle ne soit près de lui, et cette attention qu'elle lui porta à tout moment, le faisant survivre presque malgré lui, finit par le faire se relever. Agnar n'abandonnerait pas sa protégée une seconde fois. La mort ne l'emporterait pas définitivement, et s'il s'était repris, le malheur le frappa à nouveau. Abandonné par sa femme, il fut délaissé par son propre sang, ne la trouvant plus dans la demeure éphémère dans laquelle ils s'étaient logés. Où était-elle passé ? Pourquoi ? Pourquoi, à nouveau, le laissait-on derrière ? La colère, plus forte encore que lorsque Katharina l'avait quitté, pulsa dans ses veines. Son regard se noircit, tout comme son cœur. S'il avait la vie éternelle, on dévorait son organe vital à petit feu et la disparition de Sigyn lui asséna un coup puissant.

Nul projet à mener. Nul but à atteindre. Agnar errait sur Terre, cherchant à nouveau un compagnon pour toujours alors que ses quêtes pour retrouver sa sœur et Katharina trottaient dans son encéphale. Le sang lui provenait des conquête alcoolisées qu'il chérissait pour un soir, et s'il souriait, charmait les uns et les autres, son cœur était brûlé, son bonheur envolé. La tristesse, la colère le rongeaient chaque jour, et bientôt, une petite trace de Sigyn en Russie lui arriva entre les mains. Damien, Prior, peu importe les noms qu'il avait emprunté, se rendit alors sur ces terres froides qu'il n'avait encore jamais exploré. Un voyage sans retour.  

1919 à 2019. La recherche n'allait pas être simple, mais le Draugr n'abandonnait pas. Il posa ses bagages à Moscou, s'adaptant peu à peu au système politique et à la vie particulièrement originale là-bas. S'engageant dans des études d'histoire pour occuper son temps libre et intégrant par la même occasion cette mafia russe, l'homme hors du temps trouva de nouveaux projets, comme toute personne normale et mortelle. Il tuait le temps aussi bien qu'il le pouvait, et gagnant le respect de ses congénères au sein de la Bolshoy, l'homme finit par être promu chef du trafic d'informations après un long moment passé au service de son supérieur et de ceux qui possédaient une place davantage importante. Son don était un avantage pour espionner les rues de Moscou, et si sa vie avait été terne depuis si longtemps, quelques couleurs s'y immiscèrent lorsque les Domacheva en personne l'approchèrent. Aegir avait donné naissance à un enfant en 1990. Un enfant destiné à de grandes choses au sein de cette organisation criminelle et probablement plus encore. Zorya. Tel était le nom de ce bambin qui avait les joues rebondies et âgée de trois ans en 1993.

On la lui présenta comme un cadeau, comme si elle était si précieuse qu'il ne fallait pas la tenir contre soi trop fort. Pendant quelques instants, le mort-vivant observa le bébé. On lui demandait de jurer de protéger cet enfant de toute menace. On lui demandait de rester aux côtés d'une gamine qu'il ne connaissait ni d'Adam, ni d'Eve. Agnar, renommé désormais ainsi depuis son arrivée en Russie, n'était probablement pas la meilleure créature pour se lier avec un enfant. Pourtant, il serait sans doute le plus apte à la surveiller et ainsi, il finit par accepter, prenant la petiote sous son aile comme il l'avait fait avec Sigyn. S'il ne considérait pas pouvoir s'attacher à un être comme celui-ci, les choses finirent par être différentes. Zorya avait ce petit grain de noirceur qui ne pouvait que susciter l'intérêt du professeur d'histoire. Il abandonna ainsi son poste de chef en 1999, cédant d'abord la place à un homme qui fut finalement tué, avant de laisser Morgan Rosier reprendre le flambeau. Devenant un recruteur parmi tant d'autres, l'homme se tint aux côtés de Zorya, aussi bien pour la protéger qu'apprendre à l'aimer.

La princesse sanglante ne partageait pas le même sang, mais Agnar finit par la considérer comme sa seconde famille, sa petite sœur, une enfant qu'il se devait d'aider et de soutenir. Dans un coin de sa tête, Sigyn était là néanmoins, et ce fut au théâtre yermolova qu'il pensa la retrouver, lui demander des explications, sentir à nouveau son odeur. Pourtant, le dernier petit espoir qui gisait dans son cœur fut dévoré au même moment où les flammes vinrent ronger la chair et les os de celle qui fut son pilier. Impuissant. Incapable de la sauver. Incapable de la tirer des flammes. Il la vit mourir sous ses yeux tressaillant, s'embuant de larmes. Des larmes trahissant l'immense chagrin qui le fit tomber à genoux coulèrent le long de ses joues. Mais aussi des larmes de haine et d'amertume. On ne lui avait pas laissé le temps de retrouver sa sœur. On ne lui avait pas laissé le temps de renouer avec elle. Sa compagne de voyage, sa compagne de vie, cette partie de lui venait de périr. La mort rôdait autour de lui, et ses prunelles se portèrent sur les responsables.

Son visage s'enlaidit par la colère qui se dessina sur ses traits. La vengeance gravée au fer rouge dans son esprit, la créature se jura de retrouver chaque assassin de sa moitié. Ils allaient tous payer, et l'homme retourna auprès de Zorya, le cœur lourd, les idées sombres, et un nouveau but émergea dans sa tête. Venger l'être aimé.  

Félicitations ! Tu viens d'être officiellement validé, voilà qui nous mets en joie !

Cette version de Kaj! Je suis en extase! Sous cette plume, Agnar est parfait!    

Maintenant que tu as obtenu ta charmante couleur, te voilà fin prêt pour entrer dans l'aventure ! Avant toute chose, n'oublie pas d'aller te recenser dans ce sujet. Tu peux ensuite vagabonder sur le forum à ta guise, en commençant par la création d'une fiche de liens. Si tu recherches un personnage particulier, tu peux te rendre du côté des scénarii, ou même aller créer ton propre arbre généalogique pour trouver toute ta petite famille !

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