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 Boomerang │ Revmir


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Vadim Revmir
YOU WILL HEAR MY LEGEND
Vadim Revmir
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Vadim Revmir
Serge Gainsbourg


1. mon nom dans les airs.
Vadim. L'homme ne le connaît qu'à force d'entendre d'autres bouches le prononcer autour de lui. Il n'a plus de substance, plus de corps ; ce n'est qu'un code social, une griffe passe-droit à l'encre aussi vide que son tatouage.
L'héritage familial a d'ailleurs été parfaitement oublié et Revmir, sobriquet narquois de sa jeunesse révolutionnaire, l'a finalement remplacé. Révolution du monde. Dédicace au chaos.

2. mes cris sur la terre.
Vadim est né dans la modestie d'un foyer à l'amour parfaitement normé. C'était il y a quarante-et-un ans et de lui et ne reste aujourd'hui qu'une lueur désespérée dans les yeux de sa mère. De sa naissance, elle seule peut redessiner le tableau pittoresque et en vingt-cinq ans, plus jamais elle ne l'a fait Elle a brûlé les photos, cloîtré les souvenirs, sa mère - pour ne pas en crever.
L'adorable garçon à la gueule bancroche que ses parents aimaient si bien est mort entre les murs capitonnés d'une cellule ; il s'est tranché la gorge pour échapper aux ravages de sa schizophrénie constituée.

3. mes tourments ventriculaires.
Vadim éprouve une tendresse désarmante, un appétit constant pour la fragilité féminine. Le monstre en a connu tant et les a toutes aimées, il a séduit par sa laideur fascinante là où d'autres conquièrent par les canons de beauté.
Il les a toutes ravagées.
Car aux massacrées de l'existence, aux dépressives dont il ne peut s'empêcher de s'enticher, Vadim est incapable de permettre le bonheur. Et quand les émois de l'amour supplantent les démons de la mélancolie, quand la lune de miel s'estompe, commencent les tortures de l'âme qu'il ne saurait se retenir de leur infliger. Pour la superbe du tableau que constitue leur désespoir. Il les aime malheureuses et amoureuses, Vadim. Se surprend parfois à vouloir les aimer mieux, à quêter leur bonheur sans jamais y parvenir. Dernier bastion d'humanité en lui, que conservent scellé les globes embués de larmes de ses amours.
Elles sont les seules à le toucher.

4. mes espoirs éphémères.
Otets, encéphale jumelé de l'hydre, il ne vit plus que de ses activités illégales et se replie dans la violence ingrate de son office. Vadim paye à prix d'or les pauvres hères qui se font enfermer pour lui, rétribue dans le sang et l'horreur les traîtres qui voudraient fournir les dossiers d'instruction à son encontre.
Pour atteindre cette place, il a trahi son père – au sens allégorique du terme bien sûr. Son père à lui pleure encore le deuil de son engeance aujourd’hui et la créature n’a pour géniteur que le Désespoir des Hommes. Revmir a enfoncé un couteau dans le dos de l’ancien Otets, dans la plus grande discrétion, pour laisser son indigne successeur accéder au trône avec lui, à son côté - avant la lame qu'ils y enfonceront inexorablement un jour.
C’est qu’il a toujours eu un goût pour les tragédies shakespeariennes.

5. mon cocon mortifère.
Froid ▬ Patient ▬ Méthodique ▬ Cruel ▬ Pragmatique ▬ Raffiné ▬ Obsessionnel ▬ Excessif ▬
Sociable ▬ Stratège ▬ Attentif ▬ Caressant ▬ Plein d'esprit ▬ Fissuré ▬ Baudelairien ▬
Mélancolique ▬ Mégalomane.

La première chose qui vient à l'esprit de ses interlocuteurs, est que Revmir est un être étonnamment sympathique. Homme à la réputation cimenté d'actes de violence et de cruauté rare, la crainte dans les cœurs de ceux qui le rencontrent s'efface pourtant vite et cède place à d'agréables surprises. Le serpent est un être social, une oreille éminemment attentive et capable d'un humour charmant dans les ouïes qu'il caresse pour les placer immédiatement dans la confidence. Sans hypocrisie aucune, la créature jouit de ces instants sociaux, comble la frustration de l'errance qui lui était autrefois infligée, condamnée à pénétrer les foyers désespérés sans jamais se mêler au monde de leurs habitants.
Il est pourtant dangereux, quoique presque inévitable, d'y oublier la cruauté sans borne dont il est capable de faire preuve. L'être n'a pas arraché sa place par hasard et dans les rangs, l'immense violence ainsi que la créativité glaçante de ses châtiments est connue du plus grand monde. Pour cause, les punitions sont bien souvent tournées en spectacle plus qu'en exemple ; car c'est là l'essence même d'un châtiment, que la dissuasion engendrée pour tous ceux qui y assistent.
On ne sait jamais trop de quoi est fait l'esprit torturé même si sa fidélité n'a jamais été remise en cause. Car dans l'intimité, la méthode et la stratégie s'effondrent, la sympathie sociale laisse place à des attraits profondément tristes, une violence humaine perpétuelle et des exigences impossibles. Atteint de troubles narcissiques profonds, l'homme ne sait pas lui-même ce qu'il désire, seulement qu'il le désire en grand. Parfois le Chaos, souvent la Richesse, essentiellement l'Amour... ces entités sont sublimées à son esprit dans des strates inaccessibles, induisent la dépression profonde d'être cantonné à de basses limites humaines.
Le deuil de n'être Rien ne s'est jamais fait, dans sa vie comme dans la mort.


6. la gangrène sanguinaire.
Serpent fiery, créature légendaire qui se mêlait aux comètes pour pénétrer les foyers par les cheminées. Père-Noël à la hotte remplie de névroses, l'animal accompagnait les veuves et les désespérés dans leur douleur, pour mieux les regarder se suicider sous l'influence de sa mélancolie aliénante. Essence embrasée, du feu qui ravage et détruit la vie sur son passage, antithèse de la chaleur des âtres qu'il violait à loisir, l'être est rattaché à l'essence même du désespoir. Là où la douleur prend ses origines, Fiery n'est pas loin, forgé dans les racines en trou noir de son essence, celles qui aspirent toute lumière sur leur passage.

7. l'existence secondaire.
Le monstre s'est engouffré dans les chairs gelées de cette allégorie du Désespoir qu'était l'adolescent au moment de sa mort. Jamais un hôte n'incarna si bien les desseins tourmentés de la créature et jamais un esprit fut à ce point fragmenté qu'il pouvait si bien se l'approprier. Le prix à payer, ces failles psychiques quasi anatomiques contre lesquelles son essence même ne peut rien, qui lui font entrevoir parfois les tourments de l'âme dont il prit possession jadis. Fiery éprouve une empathie sans borne pour cet hôte dont l'existence n'est pourtant plus que purement symbolique. Jamais un Homme n'atteignit pour lui pareille douleur et en un sens, il reste à son égard une gratitude, du moins une reconnaissance. Considération qui fait vivre son souvenir bien après trépas, même seulement dans les secrets de son âme monstrueuse.
Le seul reproche à l'égard de cette existence, sempiternelle flétrissure à laquelle est soumise la vermine humaine ; bien modeste rétribution en somme, pour l'accès plein aux souffrances inégalables qui accompagnent l'existence charnelle de ces petits grouillants.

8. le monde délétère.
A bien des égards, cette résurrection est la meilleure chose qui pouvait arriver à Vadim, même si une psychose sévère précoce ne plaçait pas la barre très haut. Dans la confusion mentale qui a toujours été la sienne, on ne peut pas parler de véritable conflit interne, plutôt une myriade de paradoxes enchâssés les uns dans les autres en une harmonie relative. Quant au regard d’autrui, il n’est pas plus clément envers les schizophrènes qu’à l’égard des monstres, il y a bien longtemps que le garçon a appris à ne pas en souffrir. Et puis, il se considère comme bien assez supérieur aux sous-races pour retourner les cartes en sa faveur.
Parfois à tort, souvent à raison.
Fiery fut le sauve-conduit de Vadim et le quartier de haute sécurité, sa nouvelle maison. Enfermé là-bas en pleine conscience et avec son propre consentement, il n’a jamais éprouvé la moindre frustration à vivre dans ce cirque de monstres. Il fut un temps où il se débrouillait encore pour ne pas être freiné par des choses aussi bassement matérielles que les frontières, cela dit les récents événements ont rendu les choses plus ardues pour lui.
Mais ce n’est pas comme s’il manquait d’émissaires.

9. les ombres-mères.
PHASE NUMERO V – Deuil.
Si la cohabitation entre les deux vermines s'est toujours faite dans un accord muet et mutuel à se servir l'un l'autre, aujourd'hui plus que jamais, les frontières semblent minces entre les âmes. Revmir sent sa puissance croître mais aussi les barrières s'amoindrir entre son être et la psyché chaotique qui le composaient autrefois. A la facilité avec laquelle il exerce son influence, se jumellent des démons de psychose de plus en plus à fleur de peau.
PARTICULARITE - Des écailles comme carbonisées apparaissent sur les chairs agressées par le froid. Si Vadim ne prend pas gare à se couvrir de la tête aux pieds en mettant le nez dehors, sa nature reptilienne le couvre de ces oripeaux monstrueux, pour lutter contre ces conditions climatiques inextricables à son lieu de vie.
FACULTE N°1 - Mélancolie : A l'envie, Revmir peut accabler un être d'un désespoir profond. Peu à peu, les choses deviennent douloureuses, puis désespérées, enfin la seule issue possible à cette souffrance atroce semble être la mort. Pour les esprits les plus fragiles, la perte de raison subvient de cette douleur essentielle avant l’inéluctable suicide. C'est le châtiment que Vadim inflige aux plus grands traîtres de sa Famille ; au su de tous, et tous le craignent.
FACULTE N°2 - Remords : Par essence, il est impossible de fomenter un complot à l'égard de Vadim, puisque toute préméditation à lui nuire s'accompagnera de remords immenses chez l'être capable de conscience. C'est ainsi qu'il a bénéficié d'une longévité impossible dans une posture aussi dangereuse. La seule façon de lui porter atteinte est, dans une ironie poétique, un acte de haine ou de désespoir pur, dénué de toute arrière-pensée : l'expression par essence de ce qu'il induit depuis toujours aux êtres qu'il effleure. Une microseconde de violence en dissociation cognitive parfaite. Ses Amours désespérées deviennent ainsi, en tragicomédie humaine, le plus grand danger pour sa propre survie.
FACULTE N°3 - Regret : Revmir peut inverser la courbe du temps, purement et simplement, revenir en arrière de quelques minutes seulement. Un don quasi unique, la créature en a conscience : puisqu'il exigerait tant d'énergie à l'enveloppe qui n'est pas la sienne qu'elle n'aurait plus aucune connexion avec elle, n'aurait plus qu'à subir sa désagrégation totale. Ce don a détruit deux de ses hôtes et chez Vadim, la dissociation mentale serait telle qu'elle causerait des séquelles irréversibles, le ramenant à sa condition psychotique originelle.


FAIBLESSE N°1 - Attendrissement : Fiery a accompagné les femmes en deuil depuis la création du monde, à leur plus grand dam. Toujours est-il, la souffrance pure d’une femme le ramène à son humanité et affaiblit naturellement ses défenses. Dans le masochisme inhérent à sa psyché malade, c’est la raison pour laquelle il aime à les côtoyer.
FAIBLESSE N°2 - Psychose : A trop user de son don et épuiser son parasité, Fiery perd l'énergie essentielle à maintenir sa structure mentale inexistante. S'il en abuse, il devient le dindon de sa propre farce, plonge dans les tourments atroces qui accompagnent la schizophrénie paranoïaque, souffrance hallucinatoire telle qu'elle le menace parfois d'un deuxième suicide à la violence inégalée.
FAIBLESSE N°3 - Froid : créature de feu reptilienne, le monstre n'a pas d'arme pour lutter contre les climats terribles de la Russie dans l'enveloppe charnelle qui est la sienne. En plus de former sur ses chairs une carapace d'écailles hideuses, le gel ralentit son système et on le voit se traîner dans les rues tel un vieillard, poussé vers son immobilisme d'animal à sang froid. Il ne sort aujourd'hui presque plus, se déplace en véhicule hermétique et tous les lieux dans lesquels il évolue sont chauffés à plus de vingt-cinq degrés.


pseudonyme : ciboulette âge : 29 ans, ayé, c'est fait. pays : pain au chocolat. comment as-tu connu le forum ? c'est un retour des questions, des suggestions ? je suis si contente d'être revenue et si exaltée par les prochaines semaines en votre compagnie. Ahlala. Ahlala. [u]crédits : myself / swan.

  Dim 1 Sep - 15:03
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Vadim Revmir
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l'anamour

Prologue : je suis venu te dire que je m'en vais

Le froid.
Le garçon ne sent que lui. Ne voit que lui. N’entend que lui. Le blizzard qui s’immisce en gémissant par la fenêtre brisée à travers laquelle il a violé un foyer dont la chaleur ne le réchauffe plus. Les larmes glacées sur ses joues rondes qui n’ont pas encore fini de fondre. Les plaques de névé qui s’étendent sous ses muscles, jusqu’au glacier de son cœur, et le corps de la vieille à ses pieds qui se refroidit. Les mains ankylosées autour du téléphone, il compose un numéro arraché aux abîmes hiémaux de sa mémoire, demande un matricule de chambre sans la moindre certitude. Quand une voix un peu aiguë, pas entièrement finie bondit dans son tympan, son cœur s’emballe sans même en connaître la raison.
« Anton ?
- Vadim ? Vadim ! Je le savais ! Je le savais que t’étais vivant ! Je le savais qu’ils avaient menti ! »
Vadim. Le nom ricoche et s’écrase sur le verglas de la cervelle du garçon, presque sans effet, tout juste un minuscule impact, une fissure. Un sanglot enfantin secoue sa poitrine pétrifiée par le vent d’hiver, couinement d’innocence échappé de ses lèvres pour la dernière fois de sa vie.
« Je. Je suis pas sûr. Je suis presque sûr que je suis mort.
- Qu… tu es où là ?
- Je sais pas. Je crois que j’ai tué la dame qui vit ici. Tu es où toi ?
- A l’hôpital idiot. Tu viens de m’appeler, t’es con ou quoi ? » Il rit, l’enfant au bout du fil, avant de s’arrêter gravement, quand un silence mortifié lui répond. « … Oh putain. Je crois que t’as ressuscité. T’en es, c’est sûr. Vite, est-ce que tu peux soulever la terre ou… ou faire un feu ou… les ombres, t’as pas une ombre bizarre ?
- Mais non, putain, ta gueule ! » serre les poings, l’enfant si apeuré qu’il en viendrait à le confondre avec de la rage. Calme ses sanglots dans un hoquet de fierté. « Y a … comme des écailles. Noires. Ca fait mal bordel.
- Un serpent ? Alors ça pourrait être euh… goloubaya zmeïka. Ou aspid. Ou fiery. Ce serait trop COOL si t’étais un serpent fiery.
- Comment tu sais tout ça putain ?
- Paranoïaque, allô ? » Vadim ou peu importe comment il s’appelle, entend son ami inspirer au bout du fil, avant de revêtir un ton trop solennel pour les treize petits hivers qui le composent. « Ecoute. C’est la meilleure chose qui pouvait t’arriver. Tu vas avoir des supers pouvoirs ! Et puis de toute façon ça craint d’être un ado dans cette ville. Autant être un monstre.
- Je vais rentrer d’accord ? Je vais revenir à l’institut, ils auront quoi faire.
- Non surtout pas ! » le cri lui vrille les tympans, à maudire l’absence de discrétion des élans excités de son ami, pourvu qu’ils ne lui ramènent pas la cavalerie. Tout à coup, le cadavre de la vieille qu’il n’osait pas regarder l’obnubile ; elle lui donne l’impression de lever les yeux vers lui. « Ils vont t’enfermer. Tout le monde sait qu’ils font tout un tas d’expériences horribles sur les trucs comme toi. Il faut que t’ailles dans le quartier de haute sécurité. Trouve la mafia, dis-lui que tu veux un job, et planque-toi. Tu vas devenir un monstro-gangster… Oh. Oh ! Même que si tu vis assez vieux, dans trente ans max tu pourras être un monstro-robot-gangster ! »


***


« Je ne suis pas en colère Alexeï. »


Peut-on créer quelque chose en additionnant des riens ? Est-il possible que, dans un trésor d’improbabilité, la combinaison de deux néants donne un être entier ?
Vadim n’était rien. Ou du moins, pas qu’on le sache. Trop englouti par ses démons pour avoir la moindre personnalité. Avait-il de l’humour ? Etait-il spirituel ? Cet amas de chair qui gueulait contre les murs de sa cellule pour échapper au clown qui cherchait à le tuer. Il n’avait pour ami qu’un nom, une voix à travers les barreaux de sa cage, un petit gamin dérangé persuadé qu’il était le fruit d’expériences scientifiques et cherchait à le prouver.
Quant à Fiery, il n’était qu’un dessein. Un but, inlassablement répété, routine de cauchemar sans réelle identité. Il avait des envies, bien-sûr, il en était même dévoré. Mais sans un témoin vivant pour attester de lui, de ses rêves et de ses désillusions, ça revient à ne rien dire. Qu’est-on, finalement, si personne n’est capable de trouver un adjectif pour nous décrire ?
Alors que Revmir, combinaison improbable de deux riens, Revmir est barbouillé de qualificatifs, toutes les bouches de la ville pourraient lui en trouver au moins un. Aucun n’est très reluisant, bien-sûr, mais être un monstre est toujours mieux que n’être rien.
Je ne sais pas si j’ai des souvenirs qui lui appartiennent, ou s’il a hérité des miens. Incapable de dire si je vois à travers ses yeux ou s’il regarde dans les miens. Je sais que cette combinaison est la meilleure chose qui pouvait nous arriver, à tous les deux. Que, si atroce soit la vie de Revmir, si douloureux que ce soit pour lui d’exister, ce n’est pas rien.
Revmir gravera son nom dans une Histoire qui avait oublié Vadim et Fiery.


Le chaud.
Alexei ne sent que lui. Ne voit que lui. N’entend que lui. Ses chairs nues encore crépitantes, gémissant sous les brûlures. La chaleur suffocante autour de lui et celle qui exhale déjà des cadavres, embaume la pièce d’une pestilence horribles. Les coulées de lave sous ses muscles, jusqu’au brasier en extinction de son myocarde.
Et comme le regard d’une vieille dame hantait jadis un adolescent malingre, leurs quatre yeux vitreux le fixent.
« Vous vous demandez sans doute : Vadim, pourquoi ?
Pourquoi deux cadavres puisque tu n'es pas en colère. Pourquoi sa femme, surtout sa fille. Qu'est-ce que le meurtre d'une enfant de huit ans, sinon la conséquence horrible d'une colère excessive ? »
L’entendre, lui fait prendre la mesure de la réalité des choses. Comme si après deux heures d’attente, ligoté à une chaise et seul avec ses cadavres, il venait tout juste de réaliser le sort de sa fille. Morte. Là. Une balle dans la tête et les yeux braqués sur lui.
Il se gerbe dessus, Alexeï.
Et Dieu, miséricorde, ce bruit…
« Mais ce n'est pas de ça qu'il s'agit. Car voyez-vous, la colère, la répréhension, impliquent une forme de rétribution. Et la rétribution implique la réparation. Hors, certaines choses, ne sont tout simplement pas réparables. Le cadavre d'une petite fille de huit ans n'est pas une chose réparable ; et n'a jamais eu pour vocation de l'être puisque ce n’est pas de ça qu’il est question aujourd’hui. »
Un frottement, perpétuel, grinçant. Comme regarder un démon lui-même aiguiser la lame de son châtiment éternel. Alexeï se sent gagné par la certitude d’être en enfer. Jamais il n’a fait si chaud sur terre. Jamais l’air ne put vous brûler tant les poumons.
« Certaines choses me mettent en colère. Quand on m'enfonce une puce sans me faire signer les papiers de consentement au préalable, ça me met en colère. »
Alors peut-être que c’est ça, l’enfer. Peut-être qu’il ne s’agit ni d’échapper à cette chaise, ni de sauver sa femme et sa fille. Mais bien de quitter l’enfer. Comme une dernière lueur d’espoir au fond de la nuit noire.
Et ça frotte.
Et ça crisse.
« Quand un imbécile ne fait pas correctement son travail, et que je dois enfermer une véritable beauté, briser un don de Dieu lui-même parce qu'on l'a laissée courir partout et identifier mon visage, ça me met en colère. Mais rien ne tout ça n'est irréparable. On coupe deux trois phalanges, Al Capone style, et on passe à autre chose parce qu'il a compris-sa-leçon. Parce que le pardon, est une chose importante et qu'on doit tous, un jour ou l'autre, apprendre à passer à autre chose. »
Et il apparaît enfin devant lui, se baisse à sa hauteur, le visage de son bourreau. Avec une tendresse presque caressante, comme si faire preuve d’animosité n’était plus vraiment utile. Il y a de la pitié, dans le frottement qui cesse et la lame fraîchement aiguisée qu’il fait scintiller devant lui.
« Mais certaines choses, Alexeï, ne sont pas réparables. La trahison doit être étouffée dans l'oeuf, les mouchards doivent être coupés à la racine. Ces choses-là sont contagieuses. Elles sont dans les gènes. Je suis sûr que tu me comprends, dans le fond. Tu le sais, au plus profond de toi-même, que ce qui se passe, ce soir, entre toi et moi, a atteint son point de non-retour. »
Elle l’appelle, sa fille qui le mire. Papa agite les lèvres violacées enfoncées dans son visage mort.

Suis-je quelqu’un d’ambitieux ? Non.
Mais je vous entends rire. Un homme qui a passé vingt ans dans la mafia, gravi les échelons jusqu’au sommet ; et n’a pas hésité à trahir son ami et Père pour y parvenir, doit forcément être dévoré par l’ambition. Seulement je n’agis ni par appât du gain, ni par avidité de gloire. Ma drogue à moi, c’est l’impact que je produis chez les autres. Et dans la magnifique structure pyramidale qu’est la mafia, plus on s’approche du haut, plus notre ombre rayonne sur le grand nombre.
J’aime me voir comme un pragmatique démesuré. Et s’il faut parler d’ambitions, les miennes dépassent alors les simples quêtes de l’Homme. Après tout je garde un certain goût pour le désespoir, et ne désespère pas moi-même d’en façonner le monde. Il est bien plus aisé de mener sa propre intrigue, bâtir l’empire à l’image qu’on s’en est fait, quand on jouit d’influencer la base, autant que le sommet.
Aegir était un idéaliste. Un idéaliste mafieux bien-sûr, mais un idéaliste tout de même. Il n’avait pas beaucoup de souci pour les enfants cancéreux et la pollution mondiale, cependant il s’accrochait à des principes tout aussi arbitraires et dérisoires, que les valeurs de la famille et l’importance de l’honneur. Peu lui importait qu’un type ait foiré dans les grandes largeurs, il suffisait qu’il fût son cousin au quatrième degré pour se voir offrir une deuxième chance.
C’est ironique, quand on sait qui l’a détrôné.
Mais c’est ce qui le rendait dangereux. Car par définition, l’idéaliste n’est pas corruptible. Que voulez-vous, j’aime mes fréquentations capables de souplesse dans leurs négociations.


« Je n'éprouve pas de plaisir à assassiner des fillettes. Mais il est grand temps que tous, chacun d'entre vous se rende compte que si la situation l'exige, je suis capable de faire ce qu’il faut, que vous devriez tous prendre exemple là-dessus. Qu'il y a parmi vous, au sein même de vos frères et sœurs, des hommes assez fidèles pour tuer des enfants si je le leur demande. Parce qu'ils savent. Ils savent que cet acte de fidélité ne sera pas oublié, ni dans leur vie, ni dans celle de leurs enfants, ni celle de leurs petits-enfants. Ils savent que je mesure, absolument, le poids de l'acte que j'ai exigé d'eux. Ils savent ce que vous semblez tous avoir oublié : ce qui arrive aux traîtres, quand ils décident de se croire plus malins que leurs maîtres. »

Alors Alexeï sent ses liens se défaire. Il ne voit plus que la lame, présentée devant lui.
Il l’empoigne.
Se tranche la gorge.
Inonde de sang la terre maudite où sont entassées les huiles.

Les Hommes réagissent de différentes manières au désespoir, et toutes sont fascinantes à leur façon. Il y a ceux qui s’évadent – qui déménagent ou se droguent, ou nient tout bonnement la réalité dans un délire. Ceux qui négocient en permanence, relativisent et contrebalancent toutes les horreurs jusqu’à l’absurde. Et puis il y a mes préférés, les combatifs. Ceux qui luttent contre chaque atrocité placée sur leur chemin, s’épuisent, défigurent toute humanité dans la résistance. Ceux-là se changent peu à peu en barils de poudre et il suffit d’une étincelle minime, une dernière bravade à leur bonheur pour les regarder se consumer dans un véritable feu d’artifice.
Alexei n’était pas vraiment de ce bois-là. Ni assez complexe, ni même vraiment courageux.
Mais que voulez-vous. On s’amuse comme on peut.



Epilogue : aux armes, et caetera

Voilà les limites de la condition humaine. Le revers de la médaille, en un sens. Ce que le corps vous fait ressentir d’extase, de caresse, la chaleur d’une peau contre la vôtre, il vous le rend dans la douleur et la fragilité des os que l’on brise. Et vous pouvez toujours maudire l’autre, dans un discours enflammé sur votre condition d’être supérieur, lui promettre de revenir un jour immoler son corps, suicider sa femme, baiser sa fille… vous restez un homme drogué, battu, allongé comme un chien à même le sol. Vous pouvez être la personnification de Dieu lui-même, que vous resterez un homme capable de saigner vautré à ses pieds. Et le flingue sera toujours dans sa main à lui.
« Qu’est-ce que vous m’avez fait ?
- Tu le découvriras bien assez vite, connard. »
Il vous reste toujours votre humour, bien sûr. Cette capacité que le monde vous envie, à vous foutre de la gueule de l’autre dans les grandes largeurs, fusse-t-il votre ultime bourreau et en possession du flingue.
« Quoi on a trop peur de le dire ? Un grand garçon comme toi… trop lâche pour assumer les répercussions peut-être ? »
Mais je ne vais pas vous mentir, il y a de fortes chances que ça vous vaille un coup de semelle en pleine gueule.
« Une puce. Enculé. On vous a enfoncé une puce, bien profond, comme les bons petits chiens que vous êtes. Comme ça, plus de mauvaise surprise. On va bien se comporter, maintenant, hein Revmir ? »
Il faut savoir rire de tout. La condition humaine est insupportable, sans une bonne dose de second degré.
Alors un conseil, riez. Riez, à gorge déployée. Riez, à vous en faire péter la rate.
« Qu’est-ce qu’il lui prend ?
- Laisse tomber. Il a grillé un fusible.
- Un fusible ? Un fusible putain ! » et riez-en encore. « Je suis un monstro-robot-gangster ! »



Ils sont tous là, ou presque tous. Un véritable aquarium inondé de sang, où s’entassent les plus gros poissons de la ville. Les dignes responsables des affaires les plus crasses de cette fange. Vadim guette ceux qui ont détourné le regard, surtout ceux qui ne l’ont pas fait. Laisse le silence retomber sur les cadavres et le sang qui dégouline.
« Ces puces qu'ils nous ont implantées sont sur le point de déclencher une véritable guerre civile. Vous savez à qui profitent les guerres civiles ? »
Qu’il minaude, presque badin, dans un sourire complice.
« Et plutôt que de m'occuper à faire fructifier le climat social, plutôt que de m'assurer que vous ayez de quoi nourrir vos femmes et vos filles, me voilà ici. A gérer des putains de traîtres à leur sang, à assassiner des gosses parce que pour je ne sais quelle raison, vous avez tous fini par vous croire dans une Foutue colonie de vacances ! »
La fausse délicatesse qui accompagnait son laïus se brise sur un élan de rage, la déception terrible d’un père pour les manquements de ses pupilles. D’un coup de pied, il repousse la chaise, laisse un Alexeï exsangue rejoindre femme et fille – entassés par terre, avec la vermine.
« Je veux le monopole complet de l'armement dans les prochaines semaines. Je veux que chaque foutu flingue dans la main de chaque manifestant porte notre empreinte. Je veux notre cul posé sur la montagne de blé que va ramener cette guerre civile avant que quelqu'un d'autre s'assoie dessus. Et je veux une équipe de piratage qui travaille vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Trouvez je ne sais quels génies boutonneux en mal de rébellion, donnez-leur une putain de valise remplie de lingots d'or en guise de récompense, débrouillez-vous mais je veux ! le signal de chaque puce de chaque créature de cette ville sur mon ordinateur en guise de fond d'écran pour dormir.
Le prochain qui estimera plus profitable de donner des informations à l'ennemi que de garder son honneur m'obligera à faire preuve d'une réelle créativité pour le châtiment qui l'attend. Croyez-moi, vous n'avez aucune envie de me voir devenir créatif. »
Et jette un dernier regard aux cadavres avant de sortir, ultime mépris de l’horreur qui vient d’être commise.
« Et que quelqu'un me nettoie cette saloperie. »


  Dim 1 Sep - 15:04
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Esfir Lolkova
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JE SUIS TOUTE ÉMOUSTIFLÉE, SEIGNEUR DIEU ! Boomerang │ Revmir 488847182
CES CHOIX DE FOU. JE ME MEURS. Boomerang │ Revmir 1431047942
VIENS PAR LÀ QUE L’ON SE MÉLANGE ! Boomerang │ Revmir 4207410330
  Dim 1 Sep - 16:04
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Velvet de Montpensier
YOU WILL HEAR MY LEGEND
Velvet de Montpensier
Impétuosité : 94
https://thecult.forumactif.com/t208-yasha-cocktails-sex-in-bars https://thecult.forumactif.com/t178-yasha-j-me-ferai-des-jaretell
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Bienvenue dans le cercle très fermé des avatars de personnalités françaises What a Face Bon retour parmi nous, j'espère que tu t'éclateras avec ce perso !
  Dim 1 Sep - 16:16
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Orphédia Bellavance
RULE THE MONSTERS WORLD
Orphédia Bellavance
Impétuosité : 122
https://thecult.forumactif.com/t227-sur-l-asphalte-orphedia https://thecult.forumactif.com/t218-multifaces-orphedia
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Tu peux arrêter tout de suite d'être aussi parfait ? Merci.
Boomerang │ Revmir 1605782869 Boomerang │ Revmir 1605782869 Boomerang │ Revmir 1605782869
Je suis choquée par tant de choix aussi charmants, j'adhère totalement, et cette plume, elle m'avait manquée !
Boomerang │ Revmir 1638117760
Rebienvenue par ici, en espérant qu'avec ce nouveau personnage, tu trouves un bonheur absolu Boomerang │ Revmir 999495757 Boomerang │ Revmir 999495757
  Dim 1 Sep - 17:40
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Oda Tolma
MONSTER UNDER YOUR BED
Oda Tolma
Impétuosité : 128
https://thecult.forumactif.com
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par les couilles d'indrik,
CETTE TROGNE DE FEU
Boomerang │ Revmir 600349759
comme la vague irrésolu
je vais je vais et je viens
entre tes reins

Boomerang │ Revmir 3112784955

quels jolis mots qui se crayonnent,
mordiable que cey bow
Boomerang │ Revmir 1191760433
c't créature didju,
ça suinte fourberie,


il me tarde de voir le crotale en rp
Boomerang │ Revmir 999495757

tu connais la maison
bon retour petit asticot
Boomerang │ Revmir 985036731
  Dim 1 Sep - 19:43
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Vadim Revmir
YOU WILL HEAR MY LEGEND
Vadim Revmir
Impétuosité : 87
https://thecult.forumactif.com/t924-intoxicated-man-revmir https://thecult.forumactif.com/t915-boomerang-revmir
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Ouhlàlà vous êtes beaucoup trop gentils par ici. Boomerang │ Revmir 2518269766

Mélangeons-nous, telle une orgie de couleurs sur la palette d'un peintre Boomerang │ Revmir 3916280402

Merci beaucoup pour vos petits mots, ça me fait mega plaisir ! Je suis joie, amour, frétillements d'excitation Boomerang │ Revmir 2919754727 Boomerang │ Revmir 2919754727 Boomerang │ Revmir 2919754727  
Je sors mes trois neurones de leur coma et je tâche de finir cette fiche Boomerang │ Revmir 2551571830
  Mar 3 Sep - 18:05
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Zorya Domacheva
YOU WILL HEAR MY LEGEND
Zorya Domacheva
Impétuosité : 114
https://thecult.forumactif.com/t554-zorya-just-one-look https://thecult.forumactif.com/t550-bolshoy-is-the-heart-of-my-bl
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tu es validé !
bienvenue !

Félicitations ! Tu viens d'être officiellement validé, voilà qui nous mets en joie !

Vadim est tellement parfait dans ce rôle! Sa tête, son histoire, son caractère! Je suis en amour avec ce personnage et je réserve ma place dans tes liens! PAS LE CHOIX!  Boomerang │ Revmir 1854227859  Boomerang │ Revmir 468300629  Boomerang │ Revmir 4164456655  Boomerang │ Revmir 4208669061  

Maintenant que tu as obtenu ta charmante couleur, te voilà fin prêt pour entrer dans l'aventure ! Avant toute chose, n'oublie pas d'aller te recenser dans ce sujet. Tu peux ensuite vagabonder sur le forum à ta guise, en commençant par la création d'une fiche de liens. Si tu recherches un personnage particulier, tu peux te rendre du côté des scénarii, ou même aller créer ton propre arbre généalogique pour trouver toute ta petite famille !

Tu peux désormais entamer ton voyage ! Si tu as la moindre question, n'hésite pas à contacter le staff directement. Nous te souhaitons un jeu mémorable au sein de Cult of Hel, et nous te remercions encore pour nous avoir choisis !
  Mer 4 Sep - 19:43
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Vadim Revmir
YOU WILL HEAR MY LEGEND
Vadim Revmir
Impétuosité : 87
https://thecult.forumactif.com/t924-intoxicated-man-revmir https://thecult.forumactif.com/t915-boomerang-revmir
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Boomerang │ Revmir 1737321794 Boomerang │ Revmir 1737321794 Boomerang │ Revmir 1737321794

On va régner sur le monde façon Minus et cortex, c'est moi qui te le dis !

Merci beaucoup pour la rapidité de la validation et pour tous ces jolis compliments, j'ai vraiment hâte de m'y mettre Boomerang │ Revmir 2736461067
  Mer 4 Sep - 19:47
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