BOYS AND GIRLS OF EVERY AGE, WOULDN'T YOU LIKE TO SEE SOMETHING STRANGE ?
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Invité
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i just wanna feel something. the firefly and the wolf.
Pour la troisième fois en dix minutes, Astrea se jura de ne plus jamais consommer d’alcool. De champagne, plus précisément. Elle avait l’impression que ces foutues bulles lui retournaient le cerveau. Quelqu’un avait proposé de la raccompagner, probablement Mikhail même si elle ne s’en souvenait plus, mais elle avait refusé. Après les émotions de ce soir, elle préférait marcher plutôt que de retourner s’enfermer dans la maison commune des lucioles. Le petit studio qu’elle louait à côté lui paraissait une bonne alternative pour la nuit, alors elle s’y rendit en essayant de ne pas se fouler la cheville. Quand il lui apparut évident qu’elle n’y parviendrait pas perchée sur ses hauts talons, elle s’en débarrassa et continua sur le trottoir pieds nus. Chaussures suspendues au bout de l’index, elle donnait l’impression d’être l’une de ces filles qui rentraient chez elle après avoir découché. L’expression typiquement américaine de « la marche de la honte » aurait pu s’appliquer à elle, même si concrètement elle n’avait encore commis aucun d’impair de ce type. Malphas n’aurait probablement pas refusé, Mikhail non plus, seulement l’esprit de l’australienne était ailleurs. Elle avait eu de bonnes danses, lors de cette valse improvisée, jusqu’à tomber entre les bras d’un homme masqué qu’elle avait rapidement reconnu. Difficile de ne pas sur cette paire de saphirs surmontés d’une crinière sombre. Elle avait droit à ce tableau presque tous les jours, et en tant qu’artiste, elle avait une bonne mémoire visuelle. Bien évidemment, cet échange-ci fut moins plaisant – en surface, toutefois. N’ayant jamais été aussi proche de Régulus, elle avait été perturbée par la délicatesse dont il faisait preuve, par son odeur et la manière dont sa voix basse résonnait dans sa cage thoracique. Plus perturbée, en vérité, qu’elle n’aurait aimé l’être. Ou se l’avouer.
« You are pathetic. » C’était le mot qu’il avait utilisé la dernière fois, et curieusement, elle le trouvait approprié en cet instant. Quelle valeur avait sa quête de justice si elle se laissait embobiner comme une adolescente aux hormones en furie ? Ou pire, si elle se laissait convaincre par Régulus qu’il n’était qu’une victime dans toute cette histoire ? Après leur dernière discussion, ils en étaient revenus à une sorte d’indifférence froide. Les piques d’Astrea s’étaient fortement réduites, principalement parce qu’elle voulait éviter de lui donner l’occasion de reprendre là où ils s’étaient arrêtés. Il avait ainsi obtenu une forme de tranquillité toute relative, ce qui aurait pu leur convenir s’ils ne s’étaient pas recroisés ce soir. Comment diable avait-il pu obtenir une invitation ? Elle l’avait questionné à ce propos, indifférente quant au fait de divulguer son identité – un masque ne dissimulait pas ses yeux, ni même ce qu’elle était en-dessous. Sa réponse n’avait pas été immédiate, mais elle a fini par l’obtenir. Quelque part, Rea avait été… soulagée qu’il soit parvenu à participer grâce au propriétaire de la librairie. Parce que cela voulait dire qu’il n’avait pas embobiné une autre personne dans son numéro du gentil étranger – et puis, parce que ça voulait dire qu’il n’avait personne qui aurait pu vouloir de lui à ses côtés. La pensée lui vint brusquement, et elle étouffa un hoquet de surprise. Non. Le fait qu’il soit venu sans cavalière, ou sans cavalier, ne voulait absolument pas dire qu’il était célibataire. Et de toute manière, elle s’en contrefichait. Il restait un meurtrier. Le meurtrier de Jake. Était-ce l’alcool qui mettait autant de désordre dans ses pensées, ou la fatigue ?
Elle s’arrêta pour reposer ses pieds sensibles, prenant appui contre une voiture sans prendre en considération le risque qu’elle se mette subitement à sonner. A première vue, il n’y avait pas d’alarme ; elle était trop éméchée pour y prêter davantage d’attention. Les rayons lunaires glissaient sur sa peau, l’incitant à s’en gorger, à y trouver le réconfort nécessaire pour balayer sa lassitude. Elle s’y refusa, consciente que ce ne serait qu’une libération temporaire et fictive. Ses formidables capacités régénérantes s’appliquaient aux blessures du corps, non de l’âme. Astrea se redressa, après de longues minutes qui ne lui parurent être qu’une poignée de secondes. Elle avait fermé les yeux pendant sa pause, et quand elle les rouvrit, elle eut la surprise de voir que le lampadaire sous lequel elle se trouvait était éteint. Toute la rangée l’était. Malheureusement, il y avait trop de nuages pour se reposer uniquement sur la Lune. Elle se résolu à poser ses talons au sol pour fouiller dans son petit sac, en ressortir son téléphone et allumer la fonction lampe-torche. Ce qui aurait dû suffire. Sauf qu’elle n’avait pas pensé à la batterie. L’écran était encadré de rouge vif : 10%. Elle était trop loin pour atteindre son studio et elle ne savait pas jusqu’où cette panne temporaire s’étirait. Au besoin, elle pouvait bien évidemment éclairer seule les environs, mais elle voulait éviter d’attirer l’attention. On ne savait jamais ce qui traînait dans les ténèbres. Même si les lois auraient dû prévenir ça.
« Wonderful, » soupira la mimi avec une grimace. Les bulles étaient moins présentes, néanmoins le mal était fait. Et bien fait. Qui remuait le sol comme ça ? Elle avait l’impression de se tenir sur le pont d’un bateau. Sa démarche chaloupée trahissait son manque d’équilibre. Pourtant, elle se fit violence et rassembla ses pensées pour avancer de manière plus digne. En théorie. Elle n’avait pas encore l’attitude du poivrot du coin, mais il était évident qu’elle n’était pas une personne en pleine possession de ses moyens. Et c’était sans doute pour ça qu’elle avait finit par être repérée. Ils n’avaient rien dit. Rien fait. Ils l’avaient juste observée, se demandant s’ils auraient le temps de lui voler tout ce qu’elle possédait avant qu’elle ne hurle. Si, peut-être, ils auraient le temps de faire plus. L’idée était séduisante, en tout cas. Suffisamment pour qu’ils s’approchent et qu’ils se disent qu’en coupant l’alimentation dans cette rue, ils auraient le temps de tout faire. De la priver de tout. Et comme une proie inconsciente du danger, elle se jeta en plein dans la gueule du loup.
Le duo silencieux se referma sur elle, mâchoires invisibles d’un piège horrible. On l’attrapa par le bras, la propulsant d’une secousse ferme contre la voiture qu’elle venait à peine de quitter. Ce choc déclencha l’alarme, signe qu’elle avait dû mal regarder au départ. Ils échangèrent un regard pendant qu’elle débitait, à un rythme effarant, des insultes en anglais et en russe. Elle n’en valait pas la peine. Elle ne valait pas le risque qu’ils attirent l’attention sur eux. La morsure claqua à ses oreilles, causant à Rea une peur bleue qui la fit hurler. « GET OFF ME ! » Elle tenta de le repousser, sans savoir qu’il avait déjà disparu. Son téléphone était tombé, la lumière était morte avec lui. Alors elle fit quelque chose qu’elle n’aurait sûrement pas dû : elle s’illumina. Et comme un phare dans la nuit, elle attira tous les regards sur elle.
(c) AMIANTE
Mer 31 Juil - 21:31
Régulus Jones
MONSTER UNDER YOUR BED
Impétuosité : 219
i just wanna feel somethingft. Astrea Thompson •••Comme si la prise qu'il avait eu sur Astrea restait sur ses doigts, à plusieurs reprises Régulus passa ses pouces sur le bout de ses doigts, se remémorant la douceur de sa main, et le lissage parfait de sa robe. Tout son corps contrastait avec son caractère épineux et détestable. Lorsqu'il y avait eu un énième changement de partenaire, le loup ne s'était pas attendu à faire face à la mimi et s'il avait mis quelques instants à la reconnaître, son cœur avait fini par rater un battement dans sa poitrine. Somptueuse, délicate et pourtant si sauvage. Ses orbes dorés lui avaient lancé des éclairs à l'instant où son regard avait croisé le sien à travers son masque de bal. Les paroles de la belle avaient accompagné l'hostilité qu'il avait pu lire dans ses yeux, cette même lueur qu'il apercevait tous les jours en faisant son travail à ses côtés. Elle avait osé pensé que sa présence ici était illégale, et la colère s'était emparée de Régulus. Comment pouvait-elle considérer un seul instant la possibilité qu'il soit passé entre les mailles du filet pour danser et finir par subir ses foudres ?
Le jeune homme avait mordu lui aussi, avant de lui dire que c'était le vieux patron qui l'avait invité. Et malgré tout l'agacement qu'il avait ressenti, le sentiment d'avoir passé un moment tout de même agréable dans cette salle se ternissant par ce conflit qu'il aurait voulu éviter, il était resté comme cavalier, avait pris sur lui pour rester avec elle jusqu'à la fin. Pourquoi ? Il aurait pu tout simplement la lâcher après tout, et partir de cet endroit bondé de monde. Mais non, il était resté et il n'avait pas forcément la réponse en entier. Au fond, sans doute avait-il voulu faire perdurer ce moment en espérant que les choses s'apaisent d'une certaine façon, et s'il ne l'avouerait pas, cet instant près d'elle n'avait pas été désagréable s'il passait outre l'accrochage qu'ils avaient eu tous les deux. Elle avait attirée toute son attention. Pas une seule seconde ses yeux n'avaient quitté son visage.
Elle l'avait finalement lâché à la hâte dès lors que la danse était terminée, et si Régulus n'avait pas été la suivre, sa mine toujours froncée par ses émotions négatives, il était sorti peu de temps après, inspirant profondément lorsque l'air frais de la nuit était venu le caresser. La soirée avait été épuisante et le loup n'avait désormais qu'une envie : rentrer chez lui et s'endormir dans les bras de Morphée, en veillant à ce qu'il reste un filet de lumière dans sa chambre pour ne pas se perdre dans les ombres. Pourtant, son regard attentif finit par rencontrer une nouvelles fois la silhouette familière d'Astrea, et une lueur interrogatrice dansa dans ses yeux. Pourquoi était-elle toute seule ? A voir sa façon de poser un pied devant l'autre, le loup se douta qu'elle n'avait pas dit non à plusieurs verres d'alcool et il pesta intérieurement contre les idiots qui l'avaient laissé partir dans les rues de Arbastkaya sans aucune compagnie pour s'assurer qu'elle rentrerait bien chez elle. Son cœur bondit alors soudainement dans sa poitrine. Pourquoi s'inquiéter de son sort, après tout ce qu'elle lui balançait à la figure dès qu'elle le pouvait ? Régulus grogna, détournant le regard ailleurs. Il était rancunier, mais n'était-ce pas une erreur de la laisser se débrouiller par elle-même ? Elle ne devait plus avoir les idées claires et finalement, ses pas commencèrent à le mener vers elle.
Arrachant son masque de son visage, il passa le fin cordage à son poignet dont pendait désormais son accessoire et plongea les mains dans les poches. Il restait à bonne distance d'Astrea, et se stoppa lorsqu'elle se reposa un peu, à l'autre bout de la rue, près d'une voiture. Elle avait quitté ses talons et malgré le taux d'alcool qui coulait dans ses veines, elle parvenait encore à rester consciente. Mais alors que son regard était rivé vers elle, une silhouette s'avança vers lui, ses doigts tapotant son épaule et le warg détourna son attention vers l'inconnue, qui n'en était pas complètement une. Sa deuxième compagne de danse avait son masque retiré lui aussi, et ses grands yeux clairs pétillaient. Elle avait bu aussi, mais moins que la luciole et ses bras se crochetèrent au sien. Sa voix résonna jusqu'à ses oreilles, lui demandant ce qu'il faisait dans son coin, s'il ne voulait pas qu'ils aillent boire un verre quelque part. Elle semblait obnubilée par le regard du loup, qui lui retira doucement son bras de l'emprise de la jeune femme. « Sorry. I can't. » souffla t-il avant qu'une alarme ne sonne, et que le cri d'Astrea ne résonne, son attention s'égarant instantanément vers elle. « Hey ! » grogna t-il avec agressivité, son cœur se serrant lorsqu'il se retourna vers là où était la demoiselle.
Les lumières avaient été aspirées, et deux silhouettes s'en prenaient à elle. D'autres wargs ? Son sang ne fit qu'un tour dans ses veines et Régulus se précipita vers les malfaiteurs, usant de son don unique. Pourtant, il arriva trop tard et dès qu'il eut posé un pied vers Astrea, apercevant les silhouettes des agresseurs se volatiliser sans qu'il n'ait pu parvenir à en attraper un, une lumière aveuglante jaillit du corps tout entier de sa dernière partenaire de danse. Les paupières plissées, le jeune homme subissait l'illumination plus que toute autre personne, et sa main vint attraper l'avant-bras d'Astrea, tremblante face à la peur qu'il parvenait presque à sentir. « It's okay, they're gone ! » dit-il d'une voix forte alors que les ombres tentaient de dévorer la lumière de la luciole. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. Il ne savait pas comment elle allait réagir face à lui, ni si elle allait lui faire porter le chapeau d'une manière ou d'une autre, mais Régulus ne pouvait se résoudre à la laisser rentrer dans cet état et il tenta finalement le tout pour le tout, attirant Astrea pour la prendre dans ses bras et essayer d'étouffer cette lumière qui attirait tous les regards sur elle. Le parfum de la jeune femme titillait ses narines, mêlé à l'alcool qu'elle avait ingurgité. Rancunier mais attentionné. Colérique mais protecteur.
i just wanna feel something. the firefly and the wolf.
Irradiation lumineuse. Il n’y avait plus aucune ombre pour arrêter le flot tempétueux. Et inévitablement, la colonne de lumière agissait en vortex affamé sur son énergie. A nouveau, les quelques rayons lunaires firent mine de l’appeler, mais elle résista. La tentation était douloureuse. Son corps en aurait terriblement besoin si elle ne parvenait pas à reprendre le contrôle de sa lumière. Une voix bourdonna à ses oreilles. Astrea ne comprit pas ce que l’homme disait, néanmoins elle ressentit sa poigne et instinctivement tenta de s’en libérer. Son esprit embrumé analysa cette main comme appartenant à l’un de ceux qui venait de la bousculer. Son corps réagit avec énergie, ravivant le brasier d’un jet de gazoline, puisant plus profondément encore dans les réserves de l’australienne qui poussa un gémissement. Souffrance ou libération, difficile d’en juger. « Go away ! » L’ordre claqua au travers du mini-soleil, autoritaire. Et l’autre n’en eut strictement rien à faire : au contraire, il se rapprocha jusqu’à coller son corps contre le sien. L’intrusion était à une seconde de provoquer une implosion chez la mimi, mais un détail la fit se stopper brusquement. Cette odeur, elle la connaissait. Ce musc, ce léger parfum indéfinissable. Comment se faisait-il qu’elle soit capable de le reconnaître aussi rapidement ? Elle hoqueta de surprise, ses doigts creusant des sillons dans le large dos du warg. « You… » Venin. Incompréhension. Reconnaissance. « You’re here. » Puis, progressivement, ses forces la désertèrent, jusqu’à ne laisser qu’une silhouette dans la nuit. Tremblante. Vidée, presque. Elle n’était pas encore au bord de l’abysse, mais elle n’aurait pas passé plus de quelques minutes dans cet état de luminescence. Son corps était trop fatigué, ses veines trop chargées d’alcool. « You’re here… » Astrea se laissa finalement aller contre le torse du surnaturel, s’abandonnant à la merci de son étreinte rassurante. Elle n’aurait pas su expliquer pourquoi, mais elle se savait en sécurité.
Et le temps se figea, ainsi, pendant une éternité. « Are you okay ? » Une autre voix s’immisça dans la quiétude nocturne. Les lampadaires étaient bel et bien morts. Bien qu’elle semblât terriblement mélodieuse au départ, les intonations provoquèrent un malaise manifeste chez la mimi. Elle serra les mâchoires, s’écartant du loup en posant ses mains sur son torse. L’enchantement était rompu. « I’m fine. Leave me alone. Both of you. » Ses prunelles rivées vers le sol, la jeune femme s’éloigna de plusieurs pas, fit machine arrière pour récupérer ses talons et commença à s’en aller. Curieusement, passer près de l’autre femme enflamma l’alcool dans son système. Si elle n’irradiait plus de lumière, elle avait un nouveau moteur qui vrombissait dans sa poitrine. Tout en faisant mine de s’éloigner, elle pivota sur ses talons pour continuer à avancer à reculons. Un sourire moqueur trouva la force de soulever ses lippes. « Don’t worry about me. Have a great, great night. I don’t want to ruin the mood. He clearly needs to lie down. And you seems like a pretty decent slapa. » Le terme trouva parfaitement sa place dans sa bouche, provenant de sa terre natale. Elle savait que l’insulte ne serait pas comprise, alors son sourire s’acccentua. « Hell, I would’ve jumped your bones too if I was a dude. » Cette fois-ci, la remarque fit tiquer la femme qui perdit instantanément ses airs charmeurs pour froncer des sourcils. « What did you just said ? » « Oh, come on, don’t act like that. That’s all you want. I can see it, he can see it, and it’s fucking dark. But go ahead, spread your legs, he’s all yours, » cracha-t-elle en continuant de s’éloigner. Seulement, son état d’ébriété n’avait pas subitement disparu et elle trébucha en voulant se retourner, se rattrapant de justesse au mur avec un grognement.
Relâcher sa lumière l’avait épuisée, bien plus qu’elle ne le pensait. Si elle se sentait encore suffisamment forte pour attendre le lentement – et sa régénération naturelle par le biais du Soleil – elle n’était pourtant pas certaine de l’état dans lequel elle se trouverait le lendemain. Son alarme intérieure clignotait à vive allure, ce qui expliquait partiellement sa soudaine mauvaise humeur et la morosité qui teintait son regard doré. Il y avait bien d’autres explications concernant son changement de ton, mais elle refusait d’y songer. « Hey ! You don’t get to insult me and walk away from me ! » Régulus devait être à deux doigts de filer à l’anglaise – sans mauvais jeux de mots. Il détestait les conflits et la scène qu’elles étaient en train de causer devait à la fois l’exaspérer, et le mettre mal à l’aise. La nuit ne pouvait pas couvrir leurs cris. Seulement la laideur des traits de la Vila qui s’en prit verbalement à l’australienne. « Watch me. » Ton goguenard. Démarche chaloupée. Quelque part, elle ressemblait fortement à son cousin Cornélius. L’autre femme fulmina. Astrea ne résista pas à une dernière pique : « You’re what, a Vila or something ? You are such a drama queen. Get over it. I said you could have him. » Son regard passa par-dessus l’épaule de l’ancienne partenaire du warg. Elle devinait sa silhouette au travers des ténèbres. Un nuage libéra la Lune, juste assez longtemps pour qu’elle puisse percevoir ses traits. Il l’observait aussi. Elle frissonna, électrisée par ce constat. « He’s not even my type. »
Maintenant qu’elle n’était plus en danger immédiat, le subit rush d’adrénaline qui l’avait poussée à user de sa lumière se tarissait. Avec sa disparition refluait la sensation de marcher sur le pont d’un navire, accompagné de sa vieille amie la migraine « post-utilisation de pouvoir » et elle eut beau passer sa langue sur ses lèvres, elle ne fut pas miraculeusement réhydratée. Bien décidée cependant à mettre le plus de distance possible entre le couple et elle – Rea n’avait nul besoin d’assister à leurs ébats – elle accéléra le pas. La traîne rosée de sa robe glissait sur le trottoir depuis suffisamment longtemps pour qu’elle songe le vêtement irrécupérable. Elle avait mal aux pieds, et d’une manière honnête, mal à peu près partout maintenant qu’elle avait irradié. La mimi, privée d’une grande partie de son énergie vitale, avait aussi étrangement froid. Fatigue, alcool, pouvoirs faisaient rarement bon ménage. Et elle réalisait seulement maintenant qu’elle consentait à laisser le silence revenir qu’elle avait manqué de se faire agresser. Une main se posa entre ses omoplates, brûlante. Elle se crispa immédiatement, attendant le choc qui ne vint jamais. La paume ne la touchait pas vraiment, mais la chaleur qui s’en dégageait était suffisante pour donner l’impression qu’il y avait un contact. Elle jeta machinalement un regard sur le côté. « Oh ! For the love of… Don’t you have more important things to do ? I am fine. Karma will give you a good point, but I guess you did it only to impress the lady. I get it. Now you can go. » Grimace quand elle réalisa qu’il n’avait strictement rien à faire de ce qu’elle lui disait. « Fuck you, Jones. »
Et elle abaissa les armes, juste assez pour que leurs épaules se frôlent. Juste assez pour que sa tête dodeline vers lui, épuisée.
Au moins, tant qu’il était là, elle savait qu’elle ne risquait rien. Elle était en sécurité.
Avec le meurtrier de Jake.
(c) AMIANTE
Jeu 1 Aoû - 1:55
Régulus Jones
MONSTER UNDER YOUR BED
Impétuosité : 219
i just wanna feel somethingft. Astrea Thompson •••Tenant désormais Astrea contre lui, il pouvait percevoir son cœur pulsant à vive allure contre sa cage thoracique, comme s'il allait imploser d'une seconde à l'autre. La sensation était étrange, la lumière qu'elle dégageait toujours aussi forte. Mais Régulus n'abandonnait pas et resserra légèrement son étreinte en dépit de la protestation autoritaire de la mimi. Il devait éteindre cette irradiation douloureuse, la contenir pour finir par apaiser la demoiselle qui venait d'être agressée. Pourquoi se donner tant de peine pour une femme qui n'en avait que faire de lui, de ce qu'il était ? Régulus n'avait pas toutes les réponses, et malgré la colère qu'elle alimentait sans cesse en lui dès qu'elle le piquait comme une guêpe attaquant avec son dard, il espérait qu'elle ne finisse pas par le repousser dès que cet affront entre ombre et lumière se terminerait. La noirceur dévorait la clarté, sans laisser de miettes. Ils étaient complémentaires pendant quelques secondes qui parurent une éternité. Douce éternité, qui, pour la première fois, n'avait rien de conflictuel.
You're here. Le cœur du jeune homme bondit de surprise lorsqu'elle reprit la parole sans chercher à le repousser une nouvelle fois, mais plutôt comme si elle accueillait volontiers sa présence. Elle répondit à l'étreinte, resserrant à son tour sa prise dans le dos du warg, qui ferma complètement les yeux. Sa mine était froncée par l'aveuglante lueur qui attaquait encore. Le loup était perturbé par les agissements de la luciole qui se laissa finalement aller contre lui comme s'il était une figure rassurante, un personnage avec qui l'on pouvait se sentir en sécurité. Etait-ce l'alcool qui la rendait ainsi ? Il n'en était pas tout à fait sûr, mais il ne se plaignait pas, et ses doigts se mêlèrent à la chevelure sombre de la belle. C'était la première fois qu'une telle proximité s'installait entre eux deux, la première fois que Régulus parvenait à briser ses barrières pour s'en approcher comme jamais il n'avait pu le faire. C'était la première fois qu'il la touchait véritablement. La chaleur du corps de la demoiselle se répandait contre le sien, et la lumière fanant petit à petit pour n'être plus qu'un souvenir, un sentiment de soulagement parcourut l'être du surnaturel. Il était parvenu à la calmer.
Les regards étaient rivés sur eux. Beaucoup avaient observés le spectacle, stupéfaits, curieux, intrigués. Et si d'ordinaire le loup n'aimait pas être sous les feux des projecteurs, il n'en avait que faire pour le moment. Son esprit était figé sur ce qui se passait entre elle et lui, et alors que sa voix allait résonner jusqu'à Astrea pour lui demander comment elle se sentait, un ton doucereux se fit entendre de derrière lui. C'était sa seconde partenaire de danse. Que faisait-elle ici ? Ne lui avait-il pas dit qu'il ne pouvait pas lui accorder de son temps ? C'était d'ailleurs en partie sa faute s'il n'avait pas pu intervenir à temps pour attraper les agresseurs et leur faire regretter leur acte. « Go aw... » dit-il sans même se retourner, ni même sans pouvoir terminer sa phrase pour rejeter la demoiselle aux cheveux blond que la luciole mit brutalement fin à tout cela, repoussant Régulus qui laissa glisser ses mains sur ses avant-bras avant que le contact entre eux deux ne se brise pour de bon. Son cœur se serra. Il ne comprenait pas ce qui se passait, ce comportement piquant qui revenait au galop dès lors qu'ils avaient été interrompus. Avait-il réellement espérer pendant un instant que les choses se passent différemment au bout du compte ? Pathétique.
Le cœur battant encore à vive allure, le regard clair du warg observa avec attention la mimi. Comptait-elle réellement rentrer toute seule après ce qui venait de se passer ? Etait-elle inconsciente, imprudente à ce point ? Les doigts du jeune homme se recroquevillèrent sur ses paumes. De nouveau, l'agacement le gagnait. La frustration aussi, quelque part, puis l'incompréhension face à ses paroles et le malaise. Pourquoi le mêlait-elle à cette femme ? Il n'avait aucune intention de passer la soirée avec elle. Elle provoquait la blonde et le mettait, lui, dans un conflit qu'il n'avait pas cherché. Il détestait cela et faisait face, impuissant, aux épines de la luciole qui se montrait encore plus violente qu'elle ne l'avait été avec lui depuis qu'ils travaillaient ensembles. Au loin, une populace curieuse les observait. A quoi rimait cette scène ? Régulus était perplexe et pendant un instant, il pensa à de la jalousie, avant de se conforter dans l'idée que cela ne pouvait pas correspondre. Grognant, il s'approcha d'un pas et alors que la blonde s'énervait, perdant de sa beauté, la voix de Régulus résonna, colérique. « Astrea, stop it. » dit-il, mais la luciole ne l'écoutait pas, ne l'entendait pas. Après tout, elle n'en avait que faire de ce qu'il pouvait dire. Astrea le détestait et comme elle le redisait sans cesse, il n'était pas son type. La colère montait en lui. La mimi mordait encore et encore, avant de finir par partir sans se retourner. Elle avait du mal à se déplacer, mais elle semblait bien décidée à rentrer seule. « What's wrong with her ?! » grogna t-il une nouvelle fois, son envie de frapper le muret qui longeait la route se faisant de plus en plus forte.
Mais il ne voulait pas perdre plus de temps, devait rejoindre Astrea et s'élança alors, avant d'être attrapé par une main. Encore la Vila, qui semblait le désirer plus qu'autre chose. Elle n'avait rien arrangé du tout, et ses yeux luisant d'une agressivité presque bestiale, Régulus se tourna vers elle, se dégageant violemment de son emprise. « Get off me. » dit-il avant de lui tourner le dos et de presser le pas. Il passa devant le musée, et son regard fixé sur la silhouette de la luciole fut entaché par la vision d'un couple qui pensait sûrement bien faire en se dirigeant vers elle, probablement dans le but de la raccompagner. Non. Personne n'avait fait attention à elle lorsqu'elle avait fait son chemin en titubant presque. Stoppant le couple d'un geste de la main, il les toisa de ce même regard dont il avait usé pour intimer la Vila de ne pas le suivre. « Mine. » dit-il simplement, avant d'accélérer davantage le pas et d'arriver à la hauteur de Astrea.
Instinctivement, les doigts de sa main droite vinrent effleurer sa chevelure sombre et douce entre ses omoplates, comme pour lui signaler sa présence, et elle ne manqua pas de l'accueillir, ses yeux clairs brillant dans l'obscurité rencontrant ceux de la luciole, perturbant davantage le loup qui ne comprenait pas pourquoi elle lui disait cela. Impressionner la Vila ? Pourquoi faisait-elle une fixette sur elle ? Véritablement intrigué par le comportement de la demoiselle, son cœur ne cessait d'avoir des ressentis étranges. « Shut up. I don't want her, even if she's pretty. Remember, you were in danger. I wanted to help you, not impress her. But you're welcome. » dit-il d'un ton agacé, son cœur bondissant dans sa poitrine lorsqu'elle dodelina de la tête vers son épaule, comme si elle n'était plus dérangé à l'idée de se trouver près de lui. L'atmosphère était étrange. C'était la première fois qu'il se tenait à ses côtés ainsi. « Do you want my jacket ? » demanda t-il sur un ton plus réservé, voyant bien qu'elle avait froid. Il ne savait pas vraiment comment se comporter. Après tout, elle été passé de sauvage à douce, avant de reprendre une nouvelle fois du poil de la bête devant sa seconde partenaire de danse. « No one had to bring you back ? » demanda t-il en sentant leurs épaules se rencontrer une nouvelles fois. Sa main ballant effleura la sienne avant qu'il ne la faufile dans sa poche. S'il avait cru que la soirée se terminerait ainsi, il n'y aurait pas cru, et d'un côté, peut-être était ce une opportunité pour lui d'essayer d'obtenir quelques informations. Ces mêmes informations qu'il cherchait à avoir depuis un moment.
i just wanna feel something. the firefly and the wolf.
Sa vision était obscurcie, et pas seulement parce qu’ils étaient encore dans la rue aux lampadaires éteints. L’énergie requise pour s’illuminer comme un feu de joie avait été nettement plus importante que ce qu’elle pensait. Une longue bande grisâtre dissimulait l’astre lunaire, mais elle en ressentait le regard comme un chant hypnotique. Sans doute n’aurait-elle pas le choix que d’y retrouver sa source, pour recharger ses batteries. Elle savait ce que cela impliquait – le fait d’être incapable de sortir de chez elle pendant toute une journée, d’être calfeutrée dans le noir le plus complet et de fuir chaque rayon de soleil comme s’il pouvait la brûler. L’impuissance qui suivait l’utilisation du clair de lune était frustrante, en plus d’être douloureuse si elle ne tenait pas compte de ses faiblesses. Mais si elle parvenait à rejoindre son studio, elle pouvait se le permettre. Personne ne viendrait la chercher là-bas, même les lucioles ignoraient son refuge. Elle avait songé, un temps, en parler à Cornélius ou à un membre de sa fratrie… songé, seulement. Concentrée sur le fait de mettre un pied devant l’autre, Astrea faisait mine de ne pas prêter attention à la proximité du warg. Pour une fois, ce n’était pas pour l’ignorer, simplement pour éviter que son corps ne réagisse à sa chaleur. Son masque relevé sur sa crinière, elle secoua la tête. « Never said thank you… » qu’elle murmura, bougonne, presque pour elle-même. Les longues secondes qui suivirent furent étrangement apaisantes pour son esprit embrumé. Tant, en vérité, qu’elle ressentit les prémices d’une fatigue alourdir ses membres, rendant sa marche plus lente. Elle papillonna des yeux, aveuglée par la lueur clignotante du premier lampadaire depuis plusieurs mètres.
« I won’t freeze to death… » Elle ne refusa pas sa proposition pourtant, se contentant d’hausser les épaules dans une moue. Et quand il l’interrogea sur d’éventuelles personnes qui auraient pu la raccompagner, elle mit un moment pour répondre, pinçant les lèvres. « Didn’t wanted their company. » Un bâillement la guetta, qu’elle combattit. L’australienne se frotta la joue, puis l’œil, oubliant son maquillage. Elle marmonna, d’une voix rendue rauque par l’alcool, sur un ton presque incompréhensible. « Wanted to be alone… So tired… » Et elle bâilla cette fois, ouvertement. Sa langue était pâteuse. Elle détestait avoir la gueule de bois, et celle de demain risquait d’être magistrale. D’autant plus si elle refusait de se nourrir à la Lune. « You’re so stubborn, it’s exhausting. » L’or fondit, prenant des reflets chauds, quand elle lui jeta un regard. « You remind me of him. Kinda. » La colère s’était évaporée, ne laissant que le champagne et ces deux shots de whisky qu’elle avait avalé à la va-vite après avoir dansé avec le loup. Finalement, elle en payait le prix. Et son babillage quasiment enfantin en était l’une des preuves. L’autre, c’était qu’elle avait cessé de se concentrer sur sa démarche et bousculait régulièrement l’anglais, ne s’en rendant même pas compte. Une légère trace de mascara s’était étalée sur sa pommette quand elle s’était frotté les yeux. « Your eyes are different, though. He was always looking behind me, or ahead. He loved me, I know it now, but… » Elle bâilla à nouveau. Se souviendrait-elle seulement de cet échange à son réveil ? Cela faisait des années qu’elle n’avait pas bu autant, depuis qu’elle avait prit la décision de changer son rythme de vie. Ça avait déplu à Jake, mais il avait fini par s’y faire – tant qu’elle n’essayait pas de le changer à son image.
« He never really looked at me. Not the way that you do. » Confession. Elle n’en éprouvait curieusement aucune gêne, ses réserves anéanties par l’ébriété et la fatigue assommante. La veste avait été déposée sur ses épaules, elle ne savait pas bien quand exactement, mais sa chaleur résiduelle était la bienvenue. Arrivée à un passage piéton, la luciole s’arrêta, sourcils froncés. Depuis quand est-ce qu’il y en avait un à côté de chez elle ? « Fuck. » J’suis perdue. Plutôt se planter une lime à ongles dans la paume que de l’admettre à haute voix. Les faits étaient pourtant bien là : elle aurait dû prendre une ruelle sur la gauche, et maintenant elle ne savait plus depuis combien de temps ils marchaient dans cette direction. Elle aurait pu s’en prendre à Régulus, le blâmer d’avoir laissé la fille bourrée ouvrit la marche, seulement ç’aurait été trop d’énergie. Et hypocrite. Astrea tourna sur elle-même, très lentement, cherchant à distinguer un repère dans la ville. A défaut d’un signe, le ciel se dégageait assez pour que la lune apparaisse pleinement. Sa caresse lui arracha un gémissement – d’extase, à peine refoulé. Ils se trouvaient au beau milieu d’un carrefour, c’était le pire endroit pour se baigner dans le clair de lune. En plus, elle détestait le faire sans raison. Son don lui avait été confié pour soigner les autres, pas simplement pour recharger ses batteries. Pour couronner le tout, elle ne pourrait pas retenir la vague de lumière qui en découlerait. Elle serait vidée, bien que d’une manière plus saine, cependant ses veines seraient aussi purgées de l’alcool vicié qui la rendait amorphe. Comme toutes les personnes sujettes à un mauvais retour de bâton, elle se jura de ne plus jamais consommer. Et recommencerait probablement d’ici la fin de la semaine prochaine.
Son tour se termina face au warg, qui devait probablement commencer à se douter qu’elle n’avait pas la moindre foutue idée d’où aller. « I need you to do it again. » Un pas en avant. Son souffle se mélangea au sien. Elle leva le nez vers le ciel, insensible à la proximité qu’elle lui imposait – pire encore, elle tendit les mains pour attraper les siennes, les posant sur ses hanches. « Hold me. It’s gonna be worse this time, but I promise it won’t hurt you. » Tout en parlant, beaucoup trop vite d’ailleurs, elle enfouit son visage contre son torse et tenta de se fondre entre ses bras. « What are you waiting for ? » Sur sa nuque dégagée, un lourd rayon se perdait. Il semblait s’instiller dans chaque fibre de sa peau, au travers de sa colonne vertébrale qui s’illumina progressivement jusqu’à ce que la lueur se propage dans tout le reste de son corps. « It won’t last long… » fit l’australienne d’une voix étouffée, resserrant sa prise pendant que son corps absorbait le flux. Son épiderme crépitait, son aura gonflait. Elle inspira profondément, tout le parfum du loup emplissant ses poumons. Elle serra les mâchoires. « I always loved your scent, » chuchota la jeune femme alors que la lumière éclatait soudain, libérant un pouvoir impalpable et pourtant immédiatement effectif.
Guérison. Éclat aveuglant. Les ombres l’étouffaient, la maintenaient. Aussi brusquement que le tsunami avait pris forme, il mourut et la luciole avec.
Elle trembla, sentant la faiblesse s’emparer de ses membres. Elle s’y attendait, mais pas aussi vite. Si l’alcool avait effectivement été détruit dans son système, cela ne l’empêcherait pas d’expérimenter une violente gueule de bois. Et elle n’avait pas retrouvé tous ses esprits non plus. Elle avait beau être surnaturelle, elle ne pouvait pas faire de miracle.
« Don’t let go. »
Les paupières frétillèrent, tentant vainement de maintenir un semblant d’éveil. Peine perdue.
Darkness it is, then.
(c) AMIANTE
Jeu 1 Aoû - 18:53
Régulus Jones
MONSTER UNDER YOUR BED
Impétuosité : 219
i just wanna feel somethingft. Astrea Thompson •••Retirant tranquillement sa veste, le warg vint la poser sur les fines épaules de la luciole. La soirée prenait un tournant tout à fait étrange, improbable. Astrea ne démontrait plus grand chose de son hostilité habituelle, mais Régulus était certain que cela prendrait fin dès qu'elle n'aurait plus autant d'alcool dans le sang. Comment réagirait-elle alors, si elle se souvenait de ce qui s'était passé ? Lui en voudrait-elle d'avoir été aussi près d'elle ? Ses yeux clairs observèrent quelques fois la belle tenter de mettre convenablement un pied devant l'autre. A plusieurs reprises, ses pas maladroits la faisaient rentrer en contact avec lui mais Régulus ne la repoussait pas. Comme si cela serait sa seule opportunité de l'avoir ainsi avec lui, ses pensées dérivaient vers ces informations qu'il pouvait probablement obtenir plus facilement. Quel événement avait bien pu venir entacher le regard qu'elle avait porté sur lui ? D'un autre côté, le loup ne voulait pas profiter de son état de faiblesse pour lui soutirer des éléments. Son cœur était partagé, et il hocha doucement la tête en apprenant qu'elle avait d'abord cherché à être seule. Malheureusement pour elle, Régulus était désormais là et il ne comptait pas l'accompagner qu'à moitié.
La fatigue était perceptible dans la voix de Astrea, dont il rencontra de nouveau le regard. La chaleur de ses yeux était agréable à observer. Régulus avait toujours eu du mal à se détacher de ces prunelles hypnotiques, et son cœur se serra lorsqu'il entendit ses remarques. La curiosité le gagnait, plus que l'agacement face à l'épuisement qu'elle ressentait devant le côté obstiné du warg. De qui parlait-elle ? Qui était ce il dont elle se rappelait en le voyant lui ? Régulus ne voulait pas être comparé à quelqu'un d'autre, et ses sourcils se froncèrent légèrement. Peut-être il y avait-il autre chose, lorsqu'elle parla des sentiments que cet homme avait eu envers elle. Où était-il passé ? Et ses sentiments à elle, qu'en étaient-ils ? « Who was he ? » demanda t-il sans pouvoir s'en empêcher, d'une voix curieuse et réservée en même temps. Vu son changement de comportement de tout à l'heure, le garçon était certain qu'elle pouvait se remettre à le rejeter une fois encore et pendant quelques instants, il resta silencieux, son regard se figeant de nouveau devant lui. Les lampadaires traçaient un chemin lumineux face à eux. « And what about you ? Did you loved him ? » demanda t-il avec intérêt, sans pour autant confronter de nouveau son regard avec le sien. Peut-être que la luciole se confierait davantage sur ce garçon qui avait, semble-t-il, eu une place importante dans sa vie, et peut-être que cela le mènerait finalement à en savoir un peu plus sur l'origine de toutes ces épines dont elle s'était parée pour l'accueillir chaque jour lorsqu'il allait au travail.
Néanmoins, Régulus avait noté qu'elle n'avait pas terminé sa phrase et alors qu'il allait demandé la suite, la demoiselle fut plus rapide et prononça des paroles qui firent bondir le cœur du surnaturel dans sa poitrine. Son regard plongea une fois de plus dans celui, doré et irrésistible, de la jeune femme. Avait-il bien entendu ce qu'il venait de percevoir jusqu'à ses tympans ? Le jeune homme ne savait plus quoi penser de cette nouvelle facette qu'elle dévoilait devant ses yeux, comme si elle commençait, au bout de nombreux mois à batailler, à se mettre à nu face à lui. Devait-il prendre au sérieux ces confessions ? Et que voulait-elle dire, exactement ? Astrea le perturbait sans cesse depuis qu'ils étaient sortis du bal, et sentant son cœur s'emballer, il se stoppa au même moment que la luciole. « What does th... » commença t-il, sans pouvoir terminer sa phrase que la voix de la belle résonna, intrigant davantage le warg. Fuck. Que se passait-il ? Son attention s'égarant sur la route, il balaya l'environnement du regard, à la recherche de l'élément perturbateur. Mais il n'y avait que peu de monde désormais dans les rues, et rapidement, la bâtard Jones se tourna de nouveau vers elle, observant la mimi tourner sur elle-même. Un soupire s'extirpa de sa gorge et il vint pincer l'arête de son nez de son pouce et de son index. « You are lost, don't you ? » demanda t-il en laissant tomber sa main le long de son corps. La fatigue s'était réduite avec l'arrivée des agresseurs de Astrea qui avaient fait monté en lui une forte dose d'adrénaline. En revanche, la jeune femme à ses côtés semblaient de plus en plus faible et le gémissement qu'elle poussa l'alarma.
Mimi. Il n'était difficile pour personne de déceler ces êtres de lumière, davantage lorsqu'on passait ses journées avec l'un d'entre eux. Les orbes dorés de la jeune Thompson savait attirer le regard et le capturer aussi longtemps qu'elle le voulait -ou presque. La lune semblait faire effet, et si Régulus ne connaissait pas bien le fonctionnement de régénération des mimi, il contemplait silencieusement la scène, jusqu'à ce que Astrea ne s'impose à lui. Elle avait besoin de lui. Le loup la regarda d'un air plus surpris encore qu'il ne l'avait été lorsqu'elle s'était blottie contre lui. Elle s'avança d'un pas, et le cœur du jeune homme se mit à battre plus vite. Leur souffle se mêlaient l'un à l'autre. La lune était complètement dégagée. Elle prit ses mains, les posa sur ses hanches. De nouveau, il ressentit la douceur agréable de sa robe, et le contact visuel qu'il avait avec la demoiselle se brisa quand elle vint se coller à lui. What are you waiting for ? Elle semblait perdre patience, mais pour Régulus tout cela restait toujours plus étrange, et il secoua doucement la tête. « I hold you. » souffla t-il finalement, curieusement prêt à subir ce qu'elle voulait qu'il subisse pour l'aider. Il n'aurait pas mal. Elle le lui avait assuré, et le loup remonta sa main dans le creux de son dos, tandis que l'autre gagna l'arrière du crâne de la mimi qui était blottie contre lui. Il l'emprisonnait avec lui dans ses bras, posant son menton sur sa chevelure sombre et davantage noircie par la nuit. Il ferma les yeux, de nouveau, certain que Astrea pouvait entendre les battements de son cœur.
L'ombre se forma, dévorante, agressive face à la lueur lunaire. Le noir et le blanc luttaient l'un contre l'autre, et Régulus, plongé dans la douce chevelure de la luciole, entendit ses murmures, son organe vital ratant un battement. Il avait du mal à penser qu'elle parle de lui, de son parfum, de son odeur et pourtant, un sourire en coin se dessina au creux de ses lèvres. Expression qu'il n'avait jamais exprimé en compagnie de Astrea de façon sincère. Son cœur se serra. « You have drunk too much. » dit-il en resserrant davantage son emprise alors qu'il avait la désagréable impression que le corps de la belle se faisait de plus en plus faible. Un dernier éclat de lumière et finalement, Régulus découvrit la luciole à moitié consciente en rouvrant les yeux, épuisée. Astrea n'avait plus aucun moyen de se tenir debout et c'est par la force de ses bras que le warg parvenait à la maintenir. Elle ne voulait pas qu'il parte, et dans tous les cas, le garçon ne l'aurait pas laissé là. Serrant la mâchoire avant de passer un bras sous ses genoux pour la soulever, il la contempla, endormie. Elle avait un visage d'ange et ce soir, au-delà de toutes les espérances qu'il avait pu avoir les concernant, elle avait montré un caractère beaucoup plus attirant.
Son regard s'éleva alors vers les quelques rues qui se dispersaient autour du carrefour. Astrea ne lui avait pas indiqué où elle vivait et Régulus fronça les sourcils. Il n'avait pas non plus d'argent sur lui pour lui payer un hôtel. Il ne restait plus qu'une solution, mais il appréhendait le moment où la belle se réveillerait. Que penserait-elle au réveil de ce qui s'était passé ? La question défilait dans son esprit entremêlé avec des ressentis différents les uns des autres, et le garçon se mit en route. Des regards, curieux, se posaient sur lui. Qu'allait faire un grand gaillard de cette silhouette inconsciente et bien plus frêle ? Régulus détournait les yeux dès qu'il tombait sur un spectateur un peu trop insistant, et resserrait instinctivement sa prise lorsqu'il passait dans des endroits moins bien famés que près du musée. Le quartier des créatures dangereuses se dessinait devant lui. Des ombres passaient. Des sourires, taquins, s'étiraient sur les lèvres des plus malsains. D'un regard, le warg les défiaient, ne se laissant aucunement intimider par ces pourritures. Puis il parvint jusqu'au pas de la porte de son studio, et y entra, refermant la porte derrière lui d'un coup de pied. « Home sweet home. » souffla t-il en balayant l'entrée des yeux. Thomas n'était pas encore rentré, et Régulus n'aurait pas voulu expliquer au garçon comment en était-il arrivé à ramener Astrea chez lui, inconsciente qui plus est. Il subissait parfois les coups d'oeil apeurés du mortel, comme s'il était parfois craintif de son propre sauveur. Pourtant, le warg n'avait jamais posé de questions par rapport à cela, et poussant de son dos la porte de sa chambre, il traversa la pièce avant de se pencher pour installer la luciole sur le matelas, tentant d'être le plus délicat possible. Il prit les chaussures à talons de sa collègue et les posa à côté du lit, avant de prendre place sur une chaise qu'il rapprocha du lit.
Ses claires prunelles observaient le visage paisible de la luciole. Simplement en la contemplant, la colère, l'agacement qu'il avait éprouvé à son égard se dissipaient comme un nuage poussé par le vent. Astrea était pleine de surprises et jamais Régulus n'avait pensé accéder à cette partie d'elle, bien plus douce, bien plus.. séduisante. Secouant doucement la tête de gauche à droite, il tenta de chasser ces pensées de son esprit, croisant les bras sur sa poitrine. Les paroles de Astrea lui revenaient en tête concernant cet homme dont elle avait parlé, avant de faire mention de la façon dont lui la regardait. Il avait envie d'avoir des réponses, désormais, mais les choses seraient-elles pareilles dès lors qu'elle ouvrirait les paupières ? Une mèche tomba sur le visage de la belle, que le loup s'empressa de remettre à sa place avant de rester le dos courbé vers le bord du lit, l'un de ses avant-bras posé sur le matelas tandis que l'autre était étendu vers la luciole, sa main ne cessant de passer dans les mèches qui étaient à sa portée. Il ne pouvait s'empêcher de la toucher, maintenant qu'il avait goûté à son étreinte, et lutta contre le sommeil pour attendre son réveil.