Daniil était parti depuis plusieurs heures déjà, la laissant seule pour préparer sa soirée, évitant sagement de rester dans ses pattes, et de la distraire par la même occasion. Un mari parfaitement attentionné. Son regard s’attarda une dernière fois sur les différentes bouteilles, et sur ce qu'elle avait cuisiné pour l'apéritif, avant qu'elles ne passent commande à l’un des nombreux restaurants qui pourraient venir les livrer. Une soirée normale entre sœurs. Aussi normale qu’elle puisse l’être pour des Domacheva. Si elle n’était pas particulièrement affectueuse, ce qu’on pouvait difficilement lui reprocher lorsqu’on connaissait son arbre généalogique, elle n’en restait pas moins attachée à son aînée. A sa façon. A savoir : elle veillait sur ses arrières, montrant bien vite les crocs si quelqu’un osait ne serait-ce que poser une possible menace. Et elle serait même prête à l’aider à faire le ménage si un dérapage devait arriver. Une cadette modèle, vraiment.

La brune ne tarda pas à ouvrir la porte lorsque la sonnette retentit, s’effaçant pour laisser passer sa sœur et son chien. Un simple bonjour, accompagné d'un sourire. Pas d’effusion de tendresse, ni d’aide pour enlever sa veste. La cécité de Zorya ne changeait rien au fait qu’elle devait presque connaître l’appartement du bout des doigts. Elle lui déposa juste un verre dans les mains, une fois dans le salon et son aînée installée.

-Qu’est-ce que je te sers à boire ? J’ai pas mal de stock. Vin, vodka, rhum ?

Si, par malchance, elle n’en avait pas dans son armoire, elles pourraient toujours commander une bouteille plus tard.

-Comment ça se passe au manoir en ce moment ?

Même si elle ne comprenait pas comment cette dernière faisait pour rester au manoir familial, la curiosité ne s’effaçait pas. Ni l’attachement pour le lieu qui l’avait vu grandir. Mais avec les dernières péripéties familiales, Galina s’était offert le luxe de partir, de s’éloigner d’un oncle dont elle se méfiait suffisamment pour ne pas réussir à dormir dans la même bâtisse. La brune n’était pas paranoïaque, mais elle n’en restait pas moins prudente. La méfiance ne s'endormirait pas avant un très long moment. Peut être même jamais, avec le caractère le sale caractère de la jeune femme. Au moins la distance lui permettait de se maîtriser. De garder son pouvoir sous contrôle, par la même occasion. Une simple question d’instinct de survie mêlé de fierté. Et on ne pourrait rien lui reprocher, vu qu'elle faisait correctement son travail, le sourire aux lèvres.

-Quand est prévu le prochain rassemblement de famille ?