Les mines connues, tu les évites, parce qu’elles ont des grandes gueules et parce que ce sont des attrapes-emmerdes. Finir photographié ou convoqué parce que tu as été vu en charmante compagnie, c’est la porte à toutes les dérives et ta mauvaise foi avait des limites que tu n’oserais pas toi-même dépasser. Une petite pensée pour Yuliya et sa dégaine de clodo à chaque fois que tu allais la récupérer dans les cellules, une petite pensée qui s’étiole peu à peu, dérive et éclate comme une bulle alors que l’alcool te fait plisser les yeux dans l’illusion de la concentration. Ok, jolie fille en vue, jolie fille aussi sur un tabouret, une autre là-bas mais il y a d’autres problèmes en route, comme un attroupement, la démarche qui ne paraît droite qu’à toi et les dents du fond qui baignent.

Tu avances, déterminé, le siège libre comme seule bouée, ton verre à la main – à moitié vide ou à moitié plein, tout dépend de la sensation d’alcool en trop qui fait comme un ressac dans ton estomac.  Tu avances donc et tu décuves presque – tout est dans le presque – quand tu te fais tirer sur le côté. Tu mets une main sur ce qui semble être une épaule, ton verre te servant à te soutenir posé contre tu ne sais quoi et tu tentes de bander tes muscles un instant pour garder une position verticale. Bref instant car tu t’écroules sur la personne qui t’a attrapé, instable au point que tes assises se projettent sur ce qui te soutient, en l'état l'homme qui t'a interpellé.Tu t’assieds docilement sur ses genoux et tu clignes plusieurs fois des yeux, surpris. Tu t’es imposé mais la situation te semble plus confortable et le sol plus palpable d’un coup. « Hm ? » Très articulé, Tioma, bravo. Tu libères un de tes bras dans un empêtrement qui n’en était pas réellement un, constitué seulement de tes difficultés motrices et tu lui tends ton verre, puisque c’est ce qui semblait être l’idée de la manœuvre.