6. la gangrène sanguinaire.
Créature de mauvaise augure, meilleur ami du pas de chance, compagnon des superstitions, Artiom est un LIKHO. Rien ne le différencie des êtres humains si ce n'est cette OMBRE qui semble se nourrir de toute lumière. Même les enfants les plus téméraires se prennent à l'éviter et plus personne n'a cherché à poser son pied dessus pour l'attraper depuis des années. En tant qu'ÉMISSAIRE, Artiom est prêt à tout pour eux, il est à l'écoute des siens et s'évertue à essayer de tous les connaître et les approcher. Gare à celui qui s'opposerait à l'un des leurs car l'ire d'un Likho n'est pas à prendre la légère, surtout lorsqu'ils se rassemblent pour semer le trouble et le malheur sur celui ou celle qui aurait jeté l'opprobre sur leur nom.

7. l'existence secondaire.
Il a cherché le Mauvais Œil, il l'a attiré à lui. Né sous le signe de la malchance, la vie d'Artiom n'a été qu'une suite de déboires jusqu'à qu'il se décide à la reprendre en main et à les provoquer de lui-même. D'abord timidement, nouer les lacets des chaussures entre eux, enfiler les habits à l'envers, croiser les couverts, mettre le pain à l'envers, introduire un oiseau dans la maison. Puis il est devenu plus entreprenant, il a brisé des miroirs, incité des gens à passer sous les échelles, jouer des farces et des tours, par des petits mots il a signalé des tromperies et inventé d'autres. Il a ouvert le gaz et fermé les fenêtres, calfeutré les portes, laissé les gens à leur sort. Oiseau de mauvais augure, il se chargeait des mauvaises nouvelles, les apportait, les provoquait, rendait la douleur et la peur qu'il avait subi aux gens dans son étage, dans son immeuble, dans sa rue. La femme du boucher marquée du même colorant que le fils du boulanger, les enfants étouffés dans la chambre par un mauvais entretien des bouches d'aération, il a continué, continué, appelé le Mauvais Oeil, qu'il vienne le chercher s'il le pouvait ! Il a incité des gosses à faire des conneries, marcher sur des tombes, à toujours porter leurs affaires les coutures visibles, à briser les miroirs, à ...

Puis un soir, il ne faisait ni chaud, ni froid, le début du printemps peut-être, elle lui est apparue.

La grande hyène avec son œil unique, brillant, mauvais. Il aurait pu fuir, il aurait dû fuir mais il est resté coi, l'a accueillie les bras écartés. Viens briser le mauvais sort, qu'il aurait pu hurler. Il se souvient des grandes dents et de la bave et de l'odeur horrible, de la douleur et des cris inarticulés et des larmes quand il ne pouvait plus que laisser échapper des borborygmes tâchés de sang. Il se souvient du temps qu'il a mis à mourir, aussi long que 20 ans de malheur. A l'attendre, la mort, celle qui le sauverait de la boule au ventre perpétuelle, d'être persuadé que le pire n'est jamais arrivé. Il aurait pu ne jamais revenir à la vie et cette idée lui traversa l'esprit lorsqu'il ne ressentait plus rien, pas même la douleur... et s'estomper avec ses dernières pensées.

Lorsqu'il revient à la vie, le corps hurle toujours d'une douleur qu'il sait irréelle, fruit d'un traumatisme violent et il lui faut un long moment pour revenir à lui et faire face à la réalité ; il était toujours là, indemne de corps mais pas d'esprit. Fut un temps ça continue de tourner mal autour de lui, il en est parfois la cible mais reconnu par le Mauvais Oeil, on l'entoure, on lui apprend et il se maîtrise, cesse de semer le désordre et la malchance pour s'enfoncer avec un sourire dans les ombres du silence.

8. le monde délétère.
Artiom a toujours été observateur, silencieux, le regard méfiant et constamment en mouvement. On s'approche rarement de lui, rebuté par son métier, par la peur des malédictions ou par cette aura dérangeante qui semble l'entourer. Il sourit mais ça n'atteint jamais ses yeux, il répond mais toujours par métaphores et phrases qui n'ont aucun sens, il rit mais des autres. Aussi est-il tranquille dans le quartier où il a été assigné, considéré comme une créature peu dangereuse, son grade d'émissaire fait graviter autour de lui les likho, ceux qui peuvent maudire du bout des lèvres. Il n'y a pas d'autre hiérarchie et il règne en maître incontesté parmi les siens, ni dictateur, ni bienveillant monarque, il est là et guide les plus perdus et recadre ceux qui se perdent.

Ce qu'il pense des autres ? Des bêtes chanceuses, des créatures, des humains, des légendes, des pensées qu'il ne prend le temps d'attraper que pour lire dans leurs entrailles et laisser s'envoler à nouveau.

9. les ombres-mères.
PHASE NUMÉRO 5 - deuil
DON UNIQUE - loi de murphy : dès qu'il active son pouvoir, tout se passe au pire autour de lui, les probabilités convergent vers la solution la plus déplorable et fait ressortir le pire des gens. Le hic ? C'est qu'il en fait également les frais, jamais assez pour qu'il en meurt mais il se retrouve au centre de l'action. Une bagarre ? Il se prend un coup. Un accident ? Il est au milieu. Une dispute ? Les gens se liguent contre lui.