Elle prenait ses marques dans le cabaret que lui avait légué sa grande amie. Elle soupçonnait qu'elle se soit marrée en imaginant Sacha galérer avec ses employés... Sacha n'était pas totalement dépourvue d'autorité – principalement parce qu'elle faisait franchement peur à pas mal de monde – mais ça n'était rien comparée à la précédente propriétaire.
Ce soir, donc, Sacha était perchée sur une paire de sandales ouvertes aux talons graphiques et dorés, et qui tenaient à ses pieds par des cordages bleu vif savamment enroulés qui rappelaient à dessein les nœuds utilisés en shibari.
C'était un cadeau – très cher – d'un de ses amants, qui avait cru faire passer un message subtil. Elle surveillait le barman qu'elle cherchait à faire remplacer pour insubordination, nonchalamment appuyée sur le bar de manière à mettre en valeur ses inénarrables jambes découvertes par une robe bien trop courte à son habitude.
Elle tourna la tête alors que quelqu'un lui adressait la parole, et son cœur sensible prit un petit coup quand elle reconnut le si séduisant garde du Tsar, qui ne l'était vraisemblablement plus vu les derniers évènements.
Contrariée, la Drioma renifla bruyamment : « ben, ils l'ont pas buté, ce con-là ? »
Sacha acquiesça :
« Oui, il faut dire que tu n'étais pas très bien vu... Ils t'ont exilé dans ce quartier finalement ? Tu as eu de la chance... »
La Drioma rit qu'elle, elle en aurait fait du bois de chauffe pour la salle du trône. Sacha lui ordonna de la fermer, contrariée.
« Je te sers quelque chose ? » proposa-t-elle, hôtesse parfaite.