J'ai du mal, et c'est bien la première fois, à suivre le rythme de ses hanches qui font naître en moi en une émotion impossible. Je me raccroche comme je peux à la fleur greffée à son torse, la caressant comme pour la supplier de me laisser vivre. Je ne suis pas certain qu'elle m'ait écouté quand une lame de fond me prend tout entier, et que je parviens à cabrer sous le corps pourtant lourd de Niilo en jouissant brutalement.
Quelques secondes plus tard, essoufflé et mourant de chaud je me rends compte que c'est le cas, brave petite fleur. Je laisse les muscles de mes jambes se relâcher, et les talons calés dans le creux des mollets de Niilo ne s'accrochent plus à grand-chose, ma main glisse de son épaule. Je gratifie la fleur d'une dernière caresse qui veut dire merci, et mes doigts s'étalent sur le tapis comme le reste de mon être.
Putain, ça c'est un amant formidable.

« Reste comme ça deux secondes », je demande, malgré la formulation qui aurait l'air d'un ordre. « Embrasse-moi », je réclame en me redressant pour y accéder, essayant de croire que c'est exactement pour ça qu'il nous a enfermés pour de faux.

Un couinement peut viril s'exhale quand il te touche une dernière fois à cet endroit qu'il semble avoir définitivement adopté, et tu lui saisis le poignet pour qu'il arrête. Baissant la tête, tu obéis à sa réclamation, caressant ses lèvres des tiennes puis les apposant sur son front. Ton souffle se calme et tu écartes doucement les cheveux de son visage.

-Tu vois normalement je remets ça deux ou trois fois juste derrière.

Mais cela n'a rien de normal. C'est à cause de cette merde qui se tortille dans ton ventre depuis plusieurs mois, qui couve et menace chaque jour un peu plus d'exploser en quelque chose de plus grave encore. Pour l'heure tu te retires, remarquant seulement après que tu t'es passé dans l'excitation de toute barrière sécuritaire et te redresse au son des appels frénétiques de Olga qui traverse le palais.

-Tu devrais vraiment y aller.

Je suis au-delà de toute crânerie, au-delà de tout en fait, quand je lui réponds.

« ça me dérangerait pas. »

C'est vrai à ce que je crois, mais je crains que mon petit corps de bête humain ne tienne pas la cadence. C'est con moi j'ai très envie de recommencer deux ou trois fois, ou mille. Je me tortille jusqu'à parvenir au-dessus de lui, lui confiant comme un secret. 

« Pas sûr que je respire encore à la troisième cela dit si tout est aussi phénoménal. »

J'ai bizarrement pas trop de doute sur la question... Je me redresse dans le même mouvement que lui aux appels de ma mère, les cuisses épousant ses flancs comme je le fais avec mes chevaux.

« Ouais, il faut. »

Je me penche une dernière fois pour lui piquer un baiser, parce que c'est foutrement agréable, lui murmure que s'il veut me retrouver, le rebut-boudoir de la moultième belle-fille Kourakine sera parfait, et me redresse avec les jambes peu assurées pour récupérer mes affaires puis affronter ma mère.

J'évite de tomber avec grâce en me tenant au mur du boudoir de Svetlana Kourakine – j'ai fait des recherches – une pauvre dame que son mari a totalement laissé tomber, et je crois que la taille du boudoir était relative à l'amour qu'il avait pour elle. Il préférait les danseuses d'Opéra et s'est vite désintéressé de sa femme après lui avoir fait quelques mouflets. Une vie magnifique, en somme. Mes fringues sont en tas sur le sol et je renonce à retrouver ce dont j'ai besoin, suivant Niilo pour aller m'effondrer contre / sur lui, câlin comme ça peut me prendre parfois. Je dépose un léger baiser sur les pétales de la petite Centaurée, acquiesce.

« Oui la compétition est terminée. »

Je n'ai pas gagné, malheureusement, j'ai assuré un classement pas trop dégueu et ma place dans l'équipe nationale, mais on a perdu trop de points en CSO avec Empereur et on a loupé la première place.
Quant à la jeune jument que je sortais, c'était surtout pour lui montrer les compétitions, elle n'était pas là pour gagner mais pour s'habituer. Je souris, me redresse un peu, ma peau moite glissant sur celle de mon amant. Je ne sais toujours pas comment j'ai réussi à mener de front des parties de jambes en l'air comme ça et une compet de trois jours.

« Oui tu vas être libéré de la présence de ma mère. Quelle chieuse, elle aurait pu rester à Moscou ça m'aurait fait des vacances. »

De jolies vacances avec un superbe mec à mes côtés, même.

« On se reverra ? A Moscou ? »

Lové contre lui dans une position presque de soumission, si ça n'était mal me connaître, je prends le temps de la réflexion face à ce qu'il dit. Il y a un peu de vrai là-dedans, parce que je n'ai aucune envie de le voir s'évanouir dans la nature après ça – avec le risque qu'il le fasse de toute manière. Je m'étire contre lui avec volupté.

« J'aimerais que ça ait de nouveau lieu. »

J'aimerais beaucoup de choses qui n'auront peut-être jamais lieu. Il a révélé une partie de moi qui était soigneusement planquée depuis le temps. Personne n'avait eu le droit de gérer mes crises d'angoisse hormis lui, d'habitude je m'en occupais seul. J'ai un petit rire à sa question finale qui n'a pas besoin de réponse selon moi.
Evidemment qu'il me manquera comment on peut se passer d'une force pareille dans son quotidien sans sourciller ?
Peut-être en ayant mille fois plus de confiance en moi que je n'en ai. Quand je galope vers ces obstacles trop grands pour moi, je fais confiance au cheval, pas en moi. Mon job c'est de rester dessus ce que je réussis à merveille jusqu'ici jusqu'au jour où je ferais une chute dramatique et me romprai le cou net et propre, et où je n'aurais plus mon mot à dire.

« Oui tu me manqueras », j'avoue dans un souffle qui a tout de la sincérité, pressant mes hanches contre son corps dans un mouvement sans équivoque.

Il a la gentillesse de me laisser me serrer contre lui, voire d'essayer de l'allumer, mais ça n'est pas pour autant que je réveille quoi que ce soit en lui. Il me repousse sur le côté avec douceur, et j'ai la vague impression d'être un gosse chiant & fragile à la fois, ce qui est un sentiment très étrange, il faut bien le dire.
Je l'observe avec sérieux, me faisant la réflexion que j'aime vraiment bien son profil ; il a le nez admirablement droit, et surtout une bouche dont j'aime particulièrement la forme. Je sais d'avance que je vais le dessiner de mémoire, ça sera pas mon pire sujet.
Je me redresse un petit peu en ignorant le tiraillement dans mes reins, qui protestent un petit peu du traitement qu'on leur a infligé ces derniers jours.

« Je peux venir ? » je demande, parce que je suis l'humain le plus curieux de la création. « Je prendrai Empereur pour lui dégourdir les jambes, ça lui fera du bien. »

Le kiné de mes chevaux – oui ils ont un kiné... – va hurler parce que ça fait pas partie du programme, mais je vais faire comme d'habitude et l'ignorer cordialement ! J'ai un petit rire :

« J'apprécie ton souci de ma sécurité, mais tu sais je crois que personne ne m'en veut. Enfin sauf ma tante pour la fois où j'ai cassé son collier, mais y a prescription depuis le temps. »

Je lui fais un sourire de lutin.