Au chaud, dans les bras d’un autre. Ta mère était la personne la plus douce que tu connais. Elle avait tout pour plaire, dans son sourire, dans sa façon d’être. Ton père avait les mains calleuses. Mais bon dieu t’adorais lorsqu’il te passait cette dernière dans tes cheveux. Ton enfance n’a rien de particulier. T’as eu une enfance toute douce, t’avais une grande fratrie. Deux sœurs et trois frères, insupportable pour elles. Mais un grand plaisir pour toi.
T’étais pas particulièrement croyant, t’avais pas une histoire des plus dingues. Mais t’avais tout pour toi, un grand sourire et un peu de rire dans la gorge. T’avais tout pour plaire, tu l’as toujours non? T’es juste différent maintenant. T’as toujours été en contact avec la nature quand t’étais gamin, t’étais amoureux de toutes ces fleurs, passant des heures dans les champs. T’étais contact, t’étais amoureux de tout le monde.
C’est peut-être pour ça que t’es tombé amoureux d’Elle. Elle avait tout pour plaire, ta douce. Olivia. Vous avez fait le lycée ensemble, vous êtes tombés amoureux l’un de l’autre. Amour d’enfant, n’était-il pas supposé s’éteindre? Et pourtant un amour qui ne se finir jamais. Elle devient quelqu’un de son côté, tu la supportes comme tu peux, t’es toujours là pour elle. Une star en quelque années, tu vois comment elle devient un modèle pour tous, une actrice avec son grand sourire et ses beaux airs. Toi à côté tu trimes de tes mains, tu construit ton empire avec tes plantes et tes douceurs.
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«J’aimerais qu’on sorte ce soir.»«Je suis occupé Angelo mio»Un soupir s’échappe de mes lèvres, seconde fois de la semaine, j’en oublie presque les moments de calme entre nous. J’en ai marre. Silence dans mon esprit, silence dans mes rêves.
«T’es sûre? C’est juste que... Enfin on sort plus beaucoup tous les deux.» On sort plus du tout, tu me manques, tu manques à mon esprit et à mon corps.
Elle se tourne, figure devant le miroir, elle me zieute, j’ai l’impression qu’elle va m’arracher les entrailles.
«Je suis sûre. Finocchio.» Première insulte, les sourcils qui se froncent mais je ne lui dis rien, j’aurais du. Premier silence d’une longue lignée.
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Les silences remplacent vos conversations. Mais tu restes là, auprès d’elle. Tu sais même pas vraiment pourquoi, est-ce que c’est ta faute? Parce que t’as osé dire quelque chose une fois, tu te questionnes, t’as même pas tes propres réponses. Des questions ridicules qui restent sans réponses. T’as peut-être d’elle, peut-être peur de ce qu’elle pourrait dire elle et ses médias. Mais vous ne vous aimez plus non, vous êtes face à cet échec qu’est cette relation. Et puis elle, elle est toujours sur toi, comme si elle ne voulait pas te voir disparaître, c’est encore plus étrange. Mais tu fais ta part du marché, t’offres des sourires et des fleurs.
Jusqu’au jour où les sourires ne fonctionnent plus. Tu sais ce que tu as fait, tu sais ce qu’elle croit avoir vu. T’as même pas dragué, t’étais juste gentil, tactile comme à ton habitude. Mais les journaux viennent te pourrir la vie, tu passes pour le plus gros des salauds, cocu là. Mais on sait tous que c’est faux, tu caches les bleus, tu caches les cris dans ta mémoire, t’as juste le sourire doux pour la caméra contre le froid de ta maison. Et lorsque tu rentres ce soir là t’as pas besoin de cacher tes bleus. Parce que ces bleus ne se cachent pas. Parce qu’elle te tire une balle dans le corps.
Douleur amère, t’aurais préféré être ailleurs. T’entends ta soeur te dire que t’aurais du partir avant qu’il ne soit trop tard. Mais t’as pas voulu, t’as pas pu. Et maintenant c’est trop tard. Tu fermes tes yeux en crachant du sang.
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J’ai froid, je grelotte, j’ai froid depuis longtemps maintenant, depuis que j’ai ouvert les yeux. Elle avait les yeux vides, Olivia, surprise autant que je l’était. Et cette fois-ci, uniquement cette fois-là, j’ai enfin écouté l’autre partie, celle qui allait devenir bien plus présente avant. J’ai fuis.
«Angelo mio!»Le bruit me réveille encore la nuit.
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La presse n'a jamais su, tu l’as bien vu dans les journaux les semaines qui ont suivis. Tu savais pas où aller, coincé dans ta propre tête avec une voix qui te parlait, un trou dans la poitrine réparé. T’avais si peur et pourtant t’avais la destination en tête sans savoir comment. C’était l’autre certainement.
T’as 5 mois à ton actif, le froid te brûle la peau en permanence, l’accent italien roule difficilement sur ton russe bancal. Qu’est-ce que tu fous là? Même toi t’en as aucune idée mais t’as bien l’impression qu’elle ne viendra pas. Elle.