Retrouvailles mouvementé.

Impétuosité : 146

Retrouvailles Mouvementé.

Elle sourit à son escorte, femme remarquée par son physique exotique. Clairement d'une origine qui diffère de la Russie. Aurevoir peau d'une pâleur de cadavre et bonjour, teint riche et crémeux, à la limite du chocolaté. Avec ses cheveux qui rappellent les corneilles et descendent jusqu'à ses seins, renforçant l'effet d'un puit sans fond de ses iris. Atalia a parfaitement conscience de l'image qu'elle projette. La cultive depuis le début de son adolescence, l'utilise à son avantage. À l'exemple de cette soirée en compagnie d'un des célibataires de la noblesse les plus courtisés à Moscou. Elle lui sourit et lui n'a plus de pensées que pour sa bouche. Il souhaite butiné cette fleur, qu'elle offre à ses mains, mais pas encore à ses lèvres. Il est parfait. Pour une victime potentielle. Un quatrième mariage corrompu par le divorce inévitable et la richesse arracher avec la promesse de représailles, à la moindre tentative de ne pas exaucer ses vœux. Elle croise ses yeux, se serre contre lui et camoufle le haut de cœur qui lui vient avec l'odeur de son eau de Cologne. Pourquoi en mettre autant? Pourquoi tous les riches se couvrent-ils d'odeur chimique? Rien ne valait l'odeur naturelle d'un corps en extase. Fatigué par cette semaine mouvementée. La belle s'esquive vers la salle de bain, s'enferme seule. Abandonnant les talons de torture qu'elle s'est imposée pour la soirée. Nu pied, elle jette un œil à la fenêtre et sans se soucier de celui qui l'attend, l'ouvre grand et s'enfuit.

Au revoir soirée mondaine. Atalia, robe mauve virevoltant autour d’elle, se dépêche d’abandonner sous-vêtements par la même occasion. Autre tissu considéré comme torture dans sa tête. Au diable les convenances, la libertine a besoin d’autre chose ce soir. D’oublier peut-être. L’ombre qui la suit et reviens la hanter. Celui à qui sa malédiction n’a pas suffi. C’est cette même odeur de parfum qui l’a poussé à s’échapper. Le rappel d’un autre temps, qui lui aussi aura fini par la rattraper. Foutu Loïc.

Le quartier Mortel ne lui offre que peu d'échappatoire. Mais, la grande avenue finie par répondre à ses attentes. Son estomac dans les talons, elle pénètre dans un restaurant assez luxueux, bar élégant en prime. Sautillante, elle s'installe à même les tabourets, son endroit favoris et commande de quoi manger, un whisky en plus. Si elle est pour s'occuper de ses propres besoins seul ce soir, autant s'accorder le plaisir de l'ivresse en premier. Atalia le sirote du bout des lèvres, chassant l'odeur âcre de ses narines par la même occasion. Elle a déjà oublié ‘'monsieur parfait'', s'intéressant plus à son portefeuille qu'à la personne. Une voix attire son attention. Curieuse, elle se tord le cou pour réussir à apercevoir la personne à qui la voix appartient. Fronce les sourcils, tête pencher sur le côté, à moitié en bas de son banc pour avoir une meilleure vue. Un nom sort de ses lèvres, avant qu'elle ne l'ait vraiment reconnu. « Ilya? »

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Impétuosité : 165

Entends le cliquetis des verres propres, entre les mains assurées qui ne les font choir. Entends-le comme un rire cristallin au loin, comme un non-dit, comme tout ce qui se dresse en dernier rempart face au silence de la soirée. Un goût de thé encore dans le fond de la gorge, comme un arrière-gout, et je me repasse notre conversation, entre Yeva et moi, à savoir si les mots ont été justes, si mes choix l'ont été, si mes pensées l'ont été.

J'inspire profondément, lève la main pour renvoyer le barman qui s'est approché, profiter du silence. Priver le monde de ses voix, priver le monde de ses véhicules, priver le monde de tous ses bruits. Je ferme les yeux, entends le cliquetis des verres propres, entre les mains assurées qui ne les font choir. Je voudrais pouvoir rouvrir les yeux et qu'il soit ici. Il serait ici, et nous serions ailleurs, loin de la belle Rouge. Loin des lois qui le menacent, qui par un beau matin poseront un regard accusateur sur lui. Quand ses jeux de lumière seront des armes d'un commun accord.

Silence. Disaient mes sœurs quand j'arrivais, j'appréciais ça. Un sifflement qui précède le calme. Peu nombreux sont ceux qui ont déjà repris le cours normal de leurs existences. Ils se sentent violés, volés, soupçonnés et je ne doute pas qu'il y a eu des « dérapages » en plus des belles prises de l'armée et de la police. Le cliquetis de mon propre verre posé contre le bar, j'ouvre les yeux en oubliant presque que j'ai commandé en arrivant. Je le prends, le repose pour entendre le verre sur le zinc, encore une fois, encore une fois.

▬ Longue journée, pas vrai ? me demande l'homme de l'autre côté du bar. Je lève les yeux sur lui, ne semblant pas comprendre s'il attend vraiment une réponse de ma part ou s'il a sorti cette phrase d'une banalité affligeante au tout venant. Je hausse des épaules, regarde mon téléphone pour voir si Dorreh a donné signe de vie, toujours rien. Idiot. Finalement, je pose les yeux sur mon verre et le lève, comme si je comptais trinquer, dans sa direction.
▬ Disons que ce soit, tout est permis. Arrêtez-moi si je me mets à sauter sur le bar pour entamer une danse lascive qui vous mettrait dans tous vos états. Il esquisse un sourire et s'éloigne, je porte mon verre à mes lèvres.

▬ Ilya ?

Hm ? Je lève les yeux et pivote sur le côté, reconnaîs un visage aperçu rapidement dans une foule mécontente il y encore trop peu longtemps, un visage de mon adolescence, quand je commençais à me détacher des ragots d'ailleurs. Je me lève de mon siège, inspire profondément et lève le menton pour la considérer, un sourire tout de même pour trahir cette agréable surprise. J'emporte mon verre et me rapproche d'elle, lui offre une légère révérence :
▬ Pour te servir. Tu n'as pas changé !

Forcément qu'elle a un peu changé, mais toujours cet air un peu dévergondé. Peut-être est-ce le contenu de son verre, l'odeur unique du whisky qui accompagne un maigre repas. Je garde mon verre à la main et la contourne, me tourne vers elle à nouveau. Soudain, les bruits de couverts dans les assiettes semblent tous faire leur apparition. Je lance une oeillade vers la salle, les consommateurs qui discutent. J'essaie d'accorder toute mon attention à Atalia :
▬ Bonsoir Atalia, je crois qu'il convient de te demander comment tu vas ?

Dans le verre:

Retrouvailles mouvementé.

BOYS AND GIRLS OF EVERY AGE, WOULDN'T YOU LIKE TO SEE SOMETHING STRANGE ?

Retrouvailles mouvementé.