6. la gangrène sanguinaire.
éDécembre 1990, Sibérie, -38°C. C'était juste une mission de reconnaissance dans un terrain initialement traversé par les braconniers. C'était juste une affaire de routine. C'était juste quelques heures.
C'était la merde.
Le brouillard et la tempête les ont surpris, séparés, perdus, affamés, tués pour la plupart. Fractionnée, l'équipe a cherché vainement comment se cacher, se réchauffer, alerter les secours. Ils étaient deux, ils ont découvert l'herbe, fringante et impétueuse, les défiant malgré la neige. Ils l'ont bouffée, bue, cuisinée collés l'un contre l'autre sans plus aucune pudeur, réfugiés dans des grottes à craindre les bestioles qu'ils étaient venus protéger.
Janvier 1991, une semaine plus tard, Moscou : le retour. Sur vingt personnes parties, trois survivants. Scandale ; et la peau insensibilisée à jamais.

7. le monde délétère.
Super bien. Non mais vraiment. Sa vie a longtemps été jonchée d'obstacles et de possibilités de crever à chaque coin de rue et depuis quelque temps, il a trouvé sa voie, assis sa domination et son affaire. Elle n'est plus menacée de la même manière et si elle l'est, il sait se protéger et protéger les autres ; elle demeure juste assez peu tranquille pour lui permettre de ne pas sombrer dans l'oubli. Sa condition toutefois bien qu'intégrée ne sera jamais totalement acceptée : la perte de ses sensations le plonge régulièrement dans une forme de mélancolie qu'aucune caresse ne peut apaiser ; ne reste que celle de l'alcool et de toute chose possible à ingérer, à pénétrer dans ses chairs ouvertes.
Son côté rebelle donne le change, mais sans exécrer les créatures, il les craint. Il les sait capable de pénétrer ses défenses physiques avec des attaques mentales, capable de disloquer son corps fragiliser de l'intérieur. Lorsqu'il les laisse pénétrer son office si la nature est révélée, il soutient leur regard non sans sentir son échine se raidir.
De mémoire en revanche, les femelles maudites baisent formidablement bien.

9. les ombres-mères.
FACULTE - KEVLAR : La carne du petit diable est tout simplement impénétrable. Toute blessure épidermique lui est impossible ; si la chair s'ouvre, les fibres se rejoignent immédiatement comme si aucune offense n'avait été produite. Pour le blesser (et le tuer), il faut donc lui faire ingérer quelque chose ou glisser l'infamie par un orifice ; cela fut fort utile pendant ses quelques années d'incarcération et à la sortie de ces dernières, il a fortement songé à poursuivre son rêve initial en mettant sa force au service de la protection des animaux des braconniers.

FAIBLESSE - NERFS NECROSÉS : En conséquence, toute sensation en dehors du sens viscéral du toucher est excavée des synapses ; toute sensation qui touche uniquement l'épiderme n'atteint pas les nerfs profonds. La douleur épidermique n'existe pas, la sensation de chaleur et de froid épidermique n'existe pas, la sensation bienfaisante de la caresse, du baiser n'existe pas. Les conséquences internes sont cependant possibles : les chocs, le froid, la brûlure endommagent les chairs internes au fur et à mesure qu'il les défie, se croyant supérieur, presque invincible et mettant son don trop souvent au service de ceux qu'il veut protéger.
Son espérance de vie est donc drastiquement réduite et il ne passera probablement pas le demi-siècle.