RUINE -

Impétuosité : 3

Electre Tolma

emily blunt

1. mon nom dans les airs.
que les cieux se gaussent du poupon qui s'exalte ! Electre, déjà tragédienne, déjà condamnée par l'impitoyable. à la fois immaculée et rose épineuse. sûr que drame se calfeutre sous la gueule séraphine. suffit de lorgner dans l'océan noir, là, qui torpille. Electre; l'illustre déchue. beauté vénéneuse, derrière les grimaces doucereuses. Tolma par nécessité, sans nul doute. faut dire que discorde trémule depuis des lustres entre les lombes.

2. mes cris sur la terre.
trop désiré, le poupon aux boucles dorées. voilà qu'il chouine et souille la belle Reims. et de courbettes en rictus pédants. d'élégance en ronds de jambe. depuis trente-deux ans, toujours, relève le menton. sûr qu'elle s'esclaffe, malgré les lèvres pincées d'embarras. de cette France, n'appréhende que le snobisme grotesque. puis papa; les billes écarquillées de voir beauté française s'épancher çà-et-là, derrière les éclats pompeux de la satire.

3. mes tourments ventriculaires.
point de palpitations sous les dentelles rougissantes. myocarde gelé de quelques automnes défraîchis. c'est l'inanimé qui gît derrière le sein séducteur. v'là qu'elle s'hilare des inclinations hésitantes ! pourtant l’œil contemple la courbe, quelques fois. du moins, l'encéphale s'emballe, s'empresse de tordre le bide pour l'esquisse d'une complainte polissonne. poursuite, néanmoins, de son nom céleste s'en vient lui passer la bague au doigt, par orgueil. sûr qu’il perçoit l’intérêt de l’Aimée, quand celle-ci s'éjouit simplement de sa nouvelle renommée. point d’émoi si ce n’est le respect de l’autre. Il souhaite les applaudissements, elle la félicité.

4. mes espoirs éphémères.
de l'art aux tempes pour en oublier demain. et d'admirer ces existences, ces chimères. certain qu'elle s'y complaît. à la fois Juliette, Antigone et Electre. c'est la beauté des émois indissolubles que menottes cherchent en vain. caboche s'y perd, dès lors, sans émettre la moindre résistance. Directrice du théâtre Yermolova; la gueule s'ouvre au néant pour crier famine, mais c'est le silence qui s'en vient tapisser paroisse.

5. mon cocon mortifère.
chaleureuse, orgueilleuse, destructrice, colérique, désordonnée, excessive, loyale, rancunière, vicieuse, personnelle, débauchée dans l’intimité des regards indiscrets, raffinée voir précieuse devant le reste du monde, hautaine, narquoise, calme - limite placide - vu de l'extérieur, tragédienne, fière - à l'excès -, envieuse, indomptable, vénale, opiniâtre, douce, indépendante, intraitable, vénéneuse.

6. la gangrène sanguinaire.
dégueulée de la bouche d'une Eris. gamine de l'agitation cuisante. progéniture de quelques maux universels. et de génuflexions en litanies incessantes. le myocarde s'éprend dès lors de cette Madone aux inspirations nébuleuses. sûr que caboche s'enlise de ne point savoir quel horizon embrasser. mais discorde ravage les sangs. envolée, la gamine aux mirettes éperdues. c'est ruine sous la couenne, ruine sous la langue lorsqu'elle s'abandonne à l'hérésie. et dans cette famille à l'héritage douteux, v'là qu'elle s'en trouve comme un poisson dans l'eau ! fier, l'animal, d'avoir été pointé du doigt par l'Infâme là-haut, - ou plus bas. en contrepartie, l'Amour de l'Abyssal, lui grignote guibolle. atrophie musculaire, claudiquant de la gauche. toujours roseau à portée pour soulager la déchirure, lancinante, qui gangrène genou.

7. l'existence secondaire.
c'est le carcan de femme qui s'alanguit de devenir enfin. certain qu'Elle la choisit pour son impudence. trente-et-un ans, lorsqu'elle brandit l'acier pour l'abattre entre ses côtes. point d'hésitation. sûr qu'elle a toujours eu foi ! conquérante, une fois qu'elle s'éveille de sa torpeur salvatrice. progéniture des enfers sur terre. énième cercle juste pour son nom. ruine. parce que désolation, toujours, talonne son ombre. l'enfer de Dante étend son joug alors. membre à part entière de cette famille qu'amour se voue, elle s'efforce dès lors, à faire honneur au sobriquet que l'on murmure dans son dos. Ruine...

8. le monde délétère.
fier, le paon, qui pavane son plumage mirifique ! ce qu'elle se gausse de cette fragilité répugnante qui ne l'habite plus désormais. méprise cette humanité cuisante qui gît, en revanche, à travers chaque regard qu'elle croise. derrière Ambroise, à sa droite, jouvencelle s'ébat de pouvoir enfin dévoiler suprématie. que dame Moscou prépare ses rangs ! le sang coulera sûrement à flots lorsqu'elle laissera ruine gangrener la totalité de son être.

9. les ombres-mères.
PHASE NUMÉRO I - traumatisme : et le souvenir, encore ancré dans les veines, d'un trépas au goût de cendres.
DON UNIQUE - brisure moléculaire : d’une simple impulsion sur l’asphalte, fêle toute surface physique. un mur, le sol, des os. cela étant, l’objet de sa destruction se doit d’être à portée de main. ruines, laisse-t-elle sur son passage, quand courroux s'éprend de tumultes. parfois sans volonté. parfois par quelques rires impétueux.

pseudonyme : rhodes. âge : 26. pays : France. comment as-tu connu le forum ? je fais partie des murs maintenant. des questions, des suggestions ? plop crédits : ultraviolences.

Impétuosité : 3

my story begins

mes épopées

1987 – naissance du chiard. point de marâtre pour border les songes. seulement, papa, qui bat des cils, lorsqu'il pose ses mirettes dégoulinantes sur l'enfant rêvé. la pauvre mère, porteuse de vie, s'en est allée. trop jeune, sans doute, pour enfanter. trop naïve aussi. mais, lui, il est déjà fou de la petiote dont les pleurs lézardent les parois de la chambrée. et il se jure, le malotru, de ne point défaillir pour ses beaux yeux, de ne point faillir non plus.

1994 – première caresse à peine équivoque. papa, et son regard mielleux lorsqu'il dépose baiser au coin des lippes. sûr qu'elle n'assimile pas le danger là-dessous. alors voilà qu'elle se pavane, chaque fois, puisqu'il éloge superbe et beauté mirifique. elle aussi, elle bécote la barbe. et ça la fait rire, le poil dru sur ses joues creuses. elle a compris, la saloperie, qu'il faut battre des cils pour obtenir gain de cause. c'est ce qu'elle fait, chaque fois qu'il refuse la moindre requête. et malgré la pauvreté, l'argent qui se fait rare, papa s'empresse de courir boutiques et marchands pour l'esquisse d'un simple sourire.

1999 – l'adolescence désarmante révèle plus encore l'élégance naturelle sur la gueule juvénile. papa détourne prunelles. autel en son nom, lorsqu'il s'isole d'embarras. que ne ferait-il pas pour elle ? même le pire est envisageable. mais gamine s'éloigne du vieux bougre, pour s'enticher des premiers émois. la jalousie le dévore. première épine, qu'elle plante entre les ventricules. c'est qu'elle sait y faire, la greluche. un brin d'érotisme malgré son jeune âge pour obtenir la lune. c'est papa qui le lui a appris malgré lui. et malgré l'amour démentiel, elle échappe à son étreinte. electre, elle rêve d'étoiles et de paillettes. elle le lui dit souvent: un jour, elle partirait loin. l'animal en cage n'a plus d'espace, désormais, pour sa ronde folle. de quoi le rendre fou, le pauvre papa. pourtant, elle revient toujours l'asticoter de sa jeunesse tumultueuse.

2002 – la jalousie défaille entre les synapses. papa déchire la peau du gringalet qui fourre sa queue entre les cuisses de sa petiote. ce qu'elle s'esclaffe pourtant, du bas de sa quinzième année, quand il pulse en elle. comme il souhaiterait briser sa nuque pour cela. mais il préfère enterrer le malheureux sous le vieux saule dans le fond du jardin. electre ne trémule pas. de sa mansarde, elle écoute le chuintement de la pelle lorsqu'elle épouse la terre. il a commis l'erreur de trop. ses boucles dorées l'ont perdu. elle resserre sa poigne alors. bientôt, elle serait libre.

2004 – papa n'est plus. la folie l'a emporté. beauté s'échappe alors de la délicieuse France. elle sillonne le monde. comédienne de quelques heures. s'éprend de visages, de noms. libre comme l'air, mais pauvre comme un chien errant. elle aspire à s'offrir un sobriquet. celui qui restera sur toutes les lèvres.

2012 – jouvencelle regagne finalement le théâtre yermolova à Moscou, espérant mener la grande vie.

2019 – elle rencontre poursuite et passe le rituel avec brio. et du néant revient ruine, qui prendra après cela les rennes du théâtre. point d’amour pour les deux tourtereaux. une entente tacite, seulement. elle veut le nom, lui la fierté des siens. il lui demande sa main par orgueil. elle accepte par nécessité.