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 La douceur des chats (Dorreh)


BOYS AND GIRLS OF EVERY AGE, WOULDN'T YOU LIKE TO SEE SOMETHING STRANGE ?

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L’air de l’été souffle en boucle entre les murs gigantesques de la Moscou cloîtrée. Les pensées s’engouffrent dans les boucles venteuses et l’esprit tourne, vite, sans cesse, entre les os de son petit crâne malmené. Cosmas a la réalité qui tangue, qui flanche et sous ses pieds, l’équilibre par défaut, en automatisme des pieds qui marchent dans des souliers trop neufs que pour le rassurer. La terre est pleine de poussière et de sables mouvants et ses nouveaux horizons sont coupés, occultés, la nouvelle terre ne lui parait pas amie. Les soldats furent trop durs et les perquisitions furent incomprises.

Mais la fée refuse d’abandonner son affection pour la ville du nord, sa tendresse pour ses habitants découpés par le froid et endurcis par le gel. Les hommes sont toujours des hommes, quel que soit l’angle du soleil qui les recouvre et quel que soit la langue qu’ils utilisent pour exprimer leur cœur.

Il suit de nouvelles connaissances qui deviendront peut-être des amis un jour, il l’espère. Il suit les silhouettes encore étrangères, le sillage des discussions qui virevoltent, rebondissent et jaillissent de voix qui ont les sonorités des gens qui s’amusent, veulent s’amuser, s’élever contre les rides des vieux pères et les bras étouffants de mères amoureuses.

Une explosion.
Un cri.

Cosmas ouvre les yeux très grands, très écarquillés. La froideur de l’air sur le bord des paupières et dans la cage thoracique, la brûlure de l’alarme instinctive, celle qui électrise les nerfs, qui bande les muscles et qui hurle au corps qu’il doit se battre ou qu’il doit fuir.

C’est tiède, soudain, sur son bras nu, sur son visage. Son regard sur baisse sur son bras. Du sang. Ses doigts touchent son visage. Du sang. Quelqu’un a été touché et son sang a éclaboussé les autres.

Et des cris, encore. Etouffés par l’étoupe de l’immobilité et la touffeur d’une alarme qui ne veut cesser de résonner dans ses tympans.

On le bouscule, on le pousse.

Son corps soudain en mouvement.

Il court.
Il fuit, enfin.
Un choix non-choisi imposé par la bousculade et par la masse indéterminée de sons et de cris.

Il court sans savoir, sans réaliser. Ses nerfs savent pour lui : derrière, il y a du danger, des gens qui veulent du mal, des mains qui frappent et des armes qui font saigner.
Il court et les os de ses jambes percutent les os de ses hanches et le sol est dur contre les semelles qui sont dures contre les pieds et les os font de nouveau mal, très vite, à l’intérieur, sous le thorax, qui siffle, les poumons en décharge, en recharge, l’air trop chaud et trop tiède pour une nuit sans étoile et sans lumière.

Les iris d’or de la fée absorbent le noir, en recherche de particules de soleil. Sous les paupières de chair, la couleur du métal des jours, parcourue par des petites taches de lave en fusion et en déraison. Il a peur, Cosmas, il a peur et il ne réfléchit pas, ne comprend pas, ne fait que réagir, court, court, court sans hurler et sans voir, vraiment, les rues sales de Zamoskvoretchiye, les regards surpris et suspicieux des habitants de Zamoskvoretchiye, les angles sombres, les ombres dures et les indifférences sans humanité de ceux qui ont l’habitude des crimes et des victimes.

La vitesse des photons.

Il dépasse la frontière du danger, ne le sait pas, ne veut que la distance entre lui et les monstres, les vrais monstres, ceux qui font couler le sang et font mal avec le sourire.

Mais trop de vitesse, si longtemps.
La faiblesse des fleurs sans soleil.

Il est épuisé, ralentit, derrière lui, encore des cris ? Il s’arrête, enfin, se retourne, la rue vide. Quatre heures du matin. Arbatskaya dort en ronronnant. Sa main droite ne répond plus. Il regarde sa main. Une entaille longue sur le dessus, fine et longue, rouge et liquide. Du sang coule sans cesser. Quand ? Il n’a rien vu, rien senti. Il pose sa main gauche dessus, serre. Faire arrêter le sang.

Une ombre près de lui. Un homme qu’il ne connait pas. Il est grand il a l’air sévère et il a les yeux cernés de noir et il a la nuit dans les yeux. Cosmas hurle.

Il court. Il redevient le petit garçon qui fuyait les monstres des légendes que lui racontaient son père et sa mère et l’enfant qui ne voyait dans les rudesses que les oppositions des ennemis imaginaires… il court dans la réalité et il fuit ses peurs rêvées. Il court mais il est épuisé de courir. Il a besoin de lumière.

Il tombe, il se cache derrière une grande poubelle. L’air lui manque. Et la raison, aussi. Mais l’air, surtout. Il a du mal de respirer.

Une voix douce, pas très loin.
Un homme se penche vers un chat et le caresse.

Si doux, un homme ne peut pas être mauvais ?

Cosmas avance sa main pleine de sang, tire sur la manche.

- Monsieur… cachez-moi, s’il-vous-plait.



  Ven 5 Juil - 22:54
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