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 rains of lolkov's family


BOYS AND GIRLS OF EVERY AGE, WOULDN'T YOU LIKE TO SEE SOMETHING STRANGE ?

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Isild Lolkova
MONSTER UNDER YOUR BED
Isild Lolkova
Impétuosité : 69
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Elle est là. A quelques mètres seulement. Esquissant de grands gestes comme pour attirer la tendresse du monde. Familiarité d'un autrefois. Et il y en a des regards rivés sur elle. Ce n'est pourtant pas le clou du spectacle. Déjà petite, elle captivait ceux qui posaient l’œil sur sa frimousse. Cela n'a point changé malgré les années. Un rictus trémule sur les lèvres de l'observée. Vision céleste qui enserre alors le cœur sous le poitrail. Ah, Esfir, douce Esfir ! C'est l'univers qui courbe l'échine lorsqu'elle s'élance. Sûr qu'elle pourrait le tenir entre ses doigts. Sans doute pourrait-elle en faire ce qu'elle souhaite dans le fond. Ce que maman est fière dans la pénombre ! Petite n'a point suivi les traces de sa chimère, et si d'aventure elle les a calqué cela n'aura duré qu'un temps.

Terrée dans l'obscurité d'un recoin, ombre sépulcrale d'un autre temps, Isild contemple les humeurs de sa fille. Combien de mois se sont écoulés ? Elle ne le sait plus. Quelques décennies tout au plus, si ce n'est davantage. La retrouver n'a pas été bien compliqué finalement. Ici, à Moscou, il suffit de tendre poignée de billets pour obtenir n'importe quoi. Et si tout le monde n'accepte pas d'offrir son cul pour une simple liasse, nombreux - en revanche - ne se font pas prier pour une ou deux informations. Ainsi le Klub Orkestr s'est vu devenir sa seconde demeure. Néanmoins, elle s'impose toujours cette distance ridicule. Que pourrait-elle bien lui dire de toute manière ? Quelque chose s'est brisée. Pas besoin d'être diplômé pour le constater. De toute évidence, elle-même éprouve cette fêlure. Tiraillement douloureux des ventricules qui se meurent d'une vie manquée, d'une vie qui ne se rattrapera jamais plus.

De sa tanière, Isild ne manque pas le malotru qui l'asticote. Insistant. Un peu trop à son goût. Sourcils se froncent dès lors en une moue revancharde. Un geste de plus et elle ne pourra contenir davantage son courroux. Cependant, gamine s'échappe l'air de rien, tout juste talonné du lascar. Ça gronde dans le gosier, mère louve qui s'éveille d'un sommeil éternel. Point d'incertitude. Charogne louvoie entre les tables. Son épaule heurte quelques carcasses sur son passage, mais elle ne s'en excuse guère. Merde ! Où sont-ils ? Prise au piège d'un corridor affublé de plusieurs portes, la Vassilisk s'immobilise. L'oreille tendue, elle guette la moindre complainte. Silence. Impatience s'ébroue. Et voilà qu'elle pousse chaque battant pour y jeter un œil. Une fois, deux fois... Au bout de la troisième, Isild se faufile complètement dans la loge. Personne. Un souffle profondément las s'émancipe d'entre ses lippes. Son regard croise son reflet à travers le miroir. Elle n'est pas seule. Là-bas, dans le repli où le pauvre néon n'éclaire pas, une silhouette se découpe.

« Esfir.

Elle fait volte-face, ancre ses prunelles - dissimulées par deux verres teintées - dans les siennes. Esfir. Cela lui prend les tripes. Mais elle n'en montre rien; masque d'un marbre mortuaire qui ne la délaisse plus.

–  Quel plaisir de te revoir », qu'elle articule platement, loin de la chaleur d'antan.

  Jeu 16 Mai - 17:05
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Esfir Lolkova
YOU WILL HEAR MY LEGEND
Esfir Lolkova
Impétuosité : 946
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Rains of Lolkov's family.
La soirée est longue et l'envie de filer au plus creux de son repaire, s'acharne au creux de ses entrailles. Esfir ne se plaint pas de ce travail plus glorieux que celui de son passé, mais parfois, la rouquine meurt d'envie de tout envoyer bouler. L'alcool n'est pas son vice et après tant d'années à en servir, elle recule à l'idée d'en sentir l'odeur à nouveau. Un balourd s'installe dans son champ de vision, tout sourire et vaine vanité. Il gonfle le torse et sors sa liasse d'argent, appel celle qui attire son attention, lorgnant ses formes de femmes. Homme stupide. La chance n'est pas au côté de ceux qui remarquent la Barmaid. Les gens de son sexe ont depuis longtemps donné la nausée à sa sexualité déjà latente. Certaines exceptions subsistent, mais lui… Le client au regard lourd de sous-entend, qu'il croit subtil, n'a aucune chance d'éveiller la passion. Peut-être, son agressivité, si la chance continue de caresser son poils.

Rapidement, elle le remarque qui s'attarde et lui sourit, ses verres s'accumulent et son comportement dégringole. Son respect d'autrui fait ses valises devant tant d'idiotie et pourtant, Esfir ne réplique pas ce qui lui passe par la tête. Arsenia ne lui en voudra pas qu'elle assomme discrètement un pourceau de plus, il lui faut une meilleure raison, toutefois. Quelque chose de plus tangible que sa simple attitude. Un geste impardonnable, aux yeux de la dragonne. Hypothétiquement prise dans ses filets, la jeune femme, chasse un pressentiment qui n'est pas le sien. Refusant de voir, sentir ou suivre l'instinct qui s'éveille sans prévenir. Elle inspire profondément pour garder le contrôle, ravale l'émotion qui la lacère sous son crâne. L'envie de se percher sur le haut de l'immeuble lui serre la gorge et sa patience s'amenuise. Elle s'échappe, agile de l'expérience qu'on acquière en vieillissant. Se fait suivre dans la foule, l’entraîne un peu à l'écart et se retourne d'un coup, enserrant ce qui lui serre de sacs à l'entrejambe. La douleur et la surprise, le clou sur place. Tandis que de sa langue, elle en rajoute une couche. « Si je te revois ici ce soir, je m'assurai que tu ne puisses plus te lever de ta chaise, pour un mois complet. Disparaît. » Relâchant sa prise, elle agite les doigts avec dégoût. « Compte toi chanceux, que ce ne soit que moi qui ait croisé ta route. » Profitant de l'effet de surprise, trop consciente de son peu de force, Esfir se faufile de nouveau. S'éloignant de la foule pour retrouver le calme d'un endroit où personne ne la dérangera.

Seule dans une loge, elle soupir de soulagement. Un poids semblent s'enlever de sur ses épaules. Une pause bien méritée. La rousse sursaute en entendant la porte s'ouvrir à sa suite et se tourne entièrement vers l'envahisseur, boudeuse à l'avance. « Esfir. » Cette voix est comme une éclaire la traversant de part en part, même son parasite intérieur ne trouve rien à ajouter devant cette vision qui est… Plus près du cauchemar que de la vision. « Quel plaisir de te revoir. » L'émotion d'un cadavre est plus marquant que la chaleur d'Isild. Sa peau se révolte, frémis et cherche presque à s'enfuir de sur ses os et sa chaire. Impossible… Que cette femme soit devant elle, impossible qu'elle respire le même air. Mère ou non, Esfir l'a banni de ses pensées la plupart du temps. Son manque d'elle n'est qu'une addiction que la femme contrôle parfaitement. Ses dents se serrent à lui causer une migraine, son pouls accélèrent, ses yeux brillent de ses émotions en éruption. Après un long moment de silence, Esfir se redresse entièrement et souffle sa tempête intérieure. « La porte, reprend là. » D'un geste rageur, elle attache ses cheveux, ne lâchant pas le fantôme de son enfance des yeux. « Puis jette toi sous les roues d'une voiture, qu'on en finisse. » Cruelle? Non, pas vraiment. Révolté de retrouver sa pathétique génitrice après plus d'une décennie? Certainement.

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  Ven 17 Mai - 8:35
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Isild Lolkova
MONSTER UNDER YOUR BED
Isild Lolkova
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Tout s'ébranle derrière cette posture sculptée d'indifférence et de profonde léthargie. Magma putride de quelques anciens émois qui n'ont cessé de pourrir entre les ventricules depuis toutes ces années. L'élan maternel souhaiterait enlacé la frêle silhouette, guérir de ses larmes les mutilations d'antan. Mais dépouille ne sourcille pas. C'est le vide qui la dévore de haut en bas. Pourtant, jamais elle ne l'a oublié. Peut-être s'en est-elle accommodée après tout ce temps. Ce sont les traits qui s'effacent finalement, le rire qui disparaît, jusqu'aux fragrances de la peau, ne reste plus que l'idée-même de cette silhouette tant aimée. Tendre la main n'est en fin de compte plus d'aucune utilité; le souvenir se dérobe à lui-même. Puis la douleur se fige à son tour. Et l'encéphale en occulte alors les remous de l'âme.

Mirettes dessinent les pourtours de la plus jeune derrière les lorgnons. Même trombine malgré les aiguilles implacables du temps. Quelques grains çà-et-là lui rappellent, cependant, que de trop nombreuses nuits les séparent désormais. Point d'amour dans l'océan noir de ses pupilles, seulement la férocité dantesque d'une rage lancinante. Mais Isild ne s'en insurge pas. Sa colère, si elle est justifiée, ne changera en rien les aléas qui se sont accumulés entre elles. D'ailleurs, elle se surprend à éprouver les trémolos d'une lointaine amertume. Fronçant des sourcils dans l'espoir de percer cette nouvelle affliction, Isild en appréhende néanmoins rapidement la nature. Sûr que ces deux grandes prunelles dévastées la ramènent vers un passé qu'elle aspire à effacer de sa mémoire. Et voilà qu'elle se retrouve vingt ans plus tôt. Sardonique psyché qui lui renvoie l'image de l'adolescente qu'elle a été jadis. Caboche dodeline alors de gauche à droite afin de chasser le dégoût d'elle-même qu'elle s'efforce encore de dépasser.

Les mots tranchent l'air puis ricochent aux quatre coins du foyer. Cette fois la gorgone arque le sourcil, à la fois perplexe et placide. Point de similitude avec la femme d'autrefois. Chaleur a laissé place à l'hiver désolé d'une existence dépossédée. Pauvre gamine: le cœur émietté par une enfance broyée. Si Isild cherche les larmes, celles-ci s'obstinent à se terrer sous l'étau d'une rigidité inappropriée. Vile nature qui travestie l'essence d'une mère habituellement aimante. C'est le dilemme, la dualité, le combat pathétique de l'ancien sur l'actuel. Et surtout, la volonté cuisante de ne pas trébucher à nouveau sur les derniers vestiges de leur histoire.

« Hm, charmant, qu'elle acquiesce d'un simple hochement de tête à peine caustique.

Cependant, cela n'empêche pas Isild d'avaler un peu la distance qui les éloigne l'une de l'autre. A sa hauteur, c'est le silence qui la dévore à son tour. Déroutée par ce pèle-mêle d'effroi qui s'agite entre ses côtes, elle ne parvient qu'à lui souffler sa profonde lassitude.

– Je constate que tu possèdes toujours ce mauvais caractère.

Lippes s'étirent d'un rictus narquois. Point d'embarras, tandis qu'elle converse naturellement comme lorsque l'on retrouve une vieille amie que l'on aurait juste perdu de vue.

– Tu me ressembles, lorsque j'avais ton âge, admet-elle, bercée par une fausse nostalgie.

Le parallèle n'est là que pour inciser plus encore la véhémence de la jeune femme. D'ailleurs, c'est un sourire acide qu'elle lui offre après cela.

– Quelle tristesse, pas vrai ? Finalement, je serai toujours là quoi qu'il advienne. »
  Ven 17 Mai - 18:23
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Esfir Lolkova
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Esfir Lolkova
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« Hm, charmant. » La voix d'Isild, tenaille l'intérieur de son crâne, fracasse les cadenas qui maintiennent les souvenirs au loin. Esfir inspire et expire, en centrant toute son énergie sur le détachement dont elle a besoin. Elle hait et aime cette femme, comme nul autre avant, ni après elle. La colère gronde sous sa peau, acerbe sa langue. Plus d'une quinzaine d'années depuis leur dernière rencontre et pourtant, l'adolescente qu'elle fut, n'est toujours pas guéri de ce lien de sang et d'affection, qui s'est gangréné de l'intérieur. Pour peu, ses tympans saigneraient de reconnaître cette emprunte vocale. « Je constate que tu possèdes toujours ce mauvais caractère » Le regard de la rousse se dépose sur les lèvres de sa mère, fronçant les sourcils d'agacement. Discuter ne l'intéresse pas. Que dis-je? Respirer le même air que cette femme l'insupporte et graffigne les blessures qu'elle camoufle derrière une vie de misère. Une lourdeur s'installe sur ses épaules, le murmure encourageant d'une autre, caché sous la même chaire, l'empêche de céder à la faiblesse qui la ronge. Ne pas être entièrement seule, parfois, Esfir ne le vit pas mal. Même si des plumes recouvraient la grande majorité du corps de cette autre… Soi-même? Envahisseur? Compagne discrète de vie?

« Tu me ressembles, lorsque j'avais ton âge. » Une moue de dégoût lui échappe. Tandis, que l'image de mains caressant, martelant, empoignant se dessine à son esprit. Plusieurs voix d'hommes lui murmurant, assoiffé, qu'elle leur rappelait le bon vieux temps… Tant elle ressemble à sa mère. Ancien client, recherchant le même corps et la même jeunesse, se fichant pas mal de souiller l'enfant d'une femme qu'ils avaient payée. Oui, Esfir est consciente de cette ressemblance morbide. Longtemps, parfois encore aujourd'hui, s'observer dans un miroir mine son moral et son estime plus sûrement que n'importe quoi d'autre. Fille de sa mère, mais femme bien distincte. Esfir c'est construit sans cette mère droguée. C'est ce à quoi elle se raccroche pour éviter de s'enfoncer une lame dans la chaire, changer son esthétique à jamais. « Quelle tristesse, pas vrai ? Finalement, je serai toujours là quoi qu'il advienne. »

Elle observe le sourire de sa mère, le compare au dernier véritable auquel, sa version enfant, a eu le droit. La différence est frappante, insultante. Le deuil n'est pas cicatrisé, de cette véritable mère décédée peu de temps après sa rencontre avec ‘'l'homme de sa vie'', le bourreau de cette famille. La plaie des Lolkov. « Toujours, un bien grand mot tu ne crois pas? » Esfir s'avance à contre cœur vers sa supposer mère, ses yeux se fixant sur ce visage qui hante parfois ses nuits. « Un jour tu ne seras plus que chaire putride et terrain de jeu pour vers de terre et… » Elle s'arrête à moins d'un mètre de la femme, fermant son expression. Lui claquant la porte au nez, d'une certaine manière. « Ce jour-là, je serai là pour me souvenir que ton ‘'toujours'' a une fin. » Elle hésite un instant, puis lève la main, dessinant le contour du visage d'Isild, sans véritablement le toucher. Elle s'attarde un instant, avec de claquer de la langue et laisser tomber sa main. « Tu as vieillie… Ça explique que tes anciens charmants clients, venaient ramper à mes pieds pour retrouver un peu de ce qu'il avait avec toi… Avant. » À son corps défendant, elle se rapproche encore plus, fixant cette femme de son passé et sa seule véritable famille. « On se reverra lors de ton enterrement. Si tu veux bien m'excuser, j'ai du travail qui m'attend. » Elle la contourne, décider à franchir la porte le plus rapidement possible.

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  Lun 20 Mai - 7:27
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Isild Lolkova
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Isild Lolkova
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Quel gâchis ! Mère et fille ne savent plus que se vomir horreur. Point d'amour à travers l'émulsion qui les anime l'une l'autre. Non, seulement cette amertume latente dont les ressentiments s'agitent en un pèle-mêle péremptoire. Aucune échappatoire pour la jeune maman d'antan, aucune issue de secours pour la petite fille d'autrefois. Insouciance s'en est allée afin de laisser place au carnage d'une existence fracturée. Les dernières cendres de quelques anciens rires terminent de s'éparpiller çà-et-là. Là où chacun poursuit son chemin sans ne jamais se détourner. Piétinés donc, les trémolos désemparés d'un amour pourtant nécessaire. Ce ne sont que deux inconnues, désormais. Deux furies impétueuses qui ne demandent qu'à imposer leur joug. Volonté dantesque de pousser l'autre à courber l'échine. Mais dans cette arène où fauves s'affrontent, un seul s'élèvera pour mieux écraser le second.

Isild plisse mirettes lorsque fillette dévore davantage encore la distance qui les sépare. Voilà qu'elle se surprend à détailler minutieusement les traits délicats de son minois. Sûr, qu'elle lui ressemble. Il suffit d'ouvrir un peu l’œil quand la plus jeune s'anime de frénésie. C'est sa propre hérésie qu'elle perçoit dans l'océan noir de ses pupilles. Et cela lui vole un rictus narquois. Mère et fille ne sont pas si dissociables finalement. Esfir pourra en dire ce qui lui plaît, mais elle se rapproche bien plus d'elle que le contraire. A croire que le Vassilisk entre ses alvéoles n'a jamais été aussi proche de sa progéniture qu'elle-même. Isild appréhende la caresse bien que la peau n'effleure jamais la sienne. Chaleur d'une étreinte lointaine qu'elle souhaiterait sans doute éprouver, ne serait-ce qu'une seule fois, en souvenir d'une passion dont la date de péremption est dépassée depuis longtemps déjà.

Mais rien. Les mots frappent caboche. Paroles creuses qui ne trouvent aucun écho entre ses ventricules. Serait-elle devenue si froide pour que sa propre fille ne parvienne pas à animer la viande sous le marbre ? Pourtant, Isild perçoit le ramdam d'émois entre ses lombes. Seulement, l'intégralité de son corps ne témoigne que d'une inertie quasi-sépulcrale. Oisillon tend à s'échapper de cette cage dont les barreaux semblent se resserrer autour d'elles. Et cette fois gorgone s'éveille d'une profonde nécessité. Empoignant le poignet gracile de la jeune femme, Isild la contraint à lui faire face de nouveau. Une flamme vénéneuse danse au cœur de ses iris désormais. Tyrannique nature qu'elle peine encore à harponner. Voilà que volatile hybride se dresse de toute sa monstruosité. Phalanges blanchissent autour du membre qu'elles malmènent d'une poigne de fer. Et c'est colonne qui se voûte vers l'avant pour mieux la surplomber.

« Cesse donc de te comporter comme une enfant, qu'elle siffle entre ses dents.

Dragonne s'approche plus encore, faisant rencontrer leur poitrail dans une étreinte à la fois vindicative et oppressante. Ses doigts libres viennent soulever les lorgnons qui dissimulent encore ses yeux pour lui offrir deux grandes billes noires. Jais menaçant qui ne promet aucune rédemption.

– Petite sotte, as-tu la moindre idée des sacrifices que j'ai pu faire, simplement pour tes beaux yeux, hm ?

Et elle ricane, maléfique.

– Non, bien sûr que non, trop occupée à pleurnicher, n'est-ce pas ?

Rancune lui broie la cage-thoracique désormais. C'est le souvenir vivace de la femme jadis, de l'enfant, de ce qu'elles ont pu être. Puis l'aigreur de ne pas avoir été modèle pour la cadette lorsque les années sont venues frapper à la porte de l'enfance.

– Tu es bien égoïste, ma fille. Mais n'oublies pas que tu n'es pas la seule à avoir souffert.

Mouvement sec, et voilà qu'elle relâche l'étau pour libérer moineau de son joug.

– Disparais. »
  Mer 29 Mai - 10:32
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Esfir Lolkova
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Esfir Lolkova
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La poigne se referme sur son poignet et c'est une sueur froide qui recouvre le corps de la jeune femme. Ce geste, toujours ce mouvement, qui réveille une nuit lointaine qu'elle préfère oublier. La colère lui brûle la langue et s'enflamme au contact de la main de sa mère, autrefois aimante, aujourd'hui prison de haine. Esfir cherche à chasser la hargne, qui n'est pas uniquement dû à sa mère, mais bien au geste interdit, qu'elle a commis sans s'en douter. Le souvenir de l'homme qui la retient, de la peur qui gruge ses entrailles et de l'air qui vient à manquer. La panique, la haine, le deuil sans fin qui est le sien. Le tout explose sous son crâne et brouille sa vue, rendant les paroles d'Isild d'autant plus percutante. « Cesse donc de te comporter comme une enfant. » Les corps qui se rapprochent et son souffle qui s'affole, Esfir n'arrive pas à uniquement voir celle qui l'agresse à moitié. Au moins, elle a l'autre, la femme oiseau qui la retient de toute sa force, alliée de taille dans certains moments de faiblesses et plaie de son existence par la même occasion. Ce sont les yeux qui la ramènent un peu plus vers la réalité. Qui l'ancre dans le présent et non pas le passé tortueux d'une adolescente malchanceuse. Des yeux, qui ne sont pas ceux qui peuplent les bons souvenirs de son enfance. Ceux d'avant Moscou et Dmitri. « Petite sotte, as-tu la moindre idée des sacrifices que j'ai pu faire, simplement pour tes beaux yeux, hm ? »

Mais les paroles sont à la fois lointaine et trop vivace dans son esprit. Elle vacille sur ce côté de sa personnalité, celui qui lui valut deux années d'emprisonnement pour raison psychiatrique. Isild est un miroir de ce qu'elle pourrait devenir et de ce qu'elle fut. Un tourment par sa chaleur et sa froideur glacière. La rouquine n'est pas certaine d'avoir la force de faire face à cette femme. Loin d'elle l'envie de ses retrouvailles, ni la faiblesse de l'avouer. « Non, bien sûr que non, trop occupée à pleurnicher, n'est-ce pas ? » Pleurnicher, ce mot résonne à ses tympans, la force à se mordre l'intérieur des joues pour ne pas jurer comme un charretier. Esfir ne rêve que d'une chose, laisser Alkonost prendre forme et s'envoler très loin de cette ville de malheur. Loin de toute cette histoire. Une idée qu'évidemment, la concernée adore cajoler, sans jamais y parvenir. Tristement humaine, sans aile pour l'aider. « Tu es bien égoïste, ma fille. Mais n'oublies pas que tu n'es pas la seule à avoir souffert. » Un second mot qui résonne, la souffrance et cette main qui lui relâche le poignet si sèchement. Presque dédaigneuse à ses yeux. Elle fixe sa peau rougie par la force d'une mère perdue, relâche la pression à l'intérieur de ses joues et fronce les sourcils. La seule à avoir souffert. Qu'est-ce que cette idée lui semble saugrenue. Elle se doute sans mal de l'humiliation d'écarter les cuisses et de se faire prendre n'importe comment, pour nourrir sa progéniture. Sans enfant, elle l'a tout de même expérimenté à son tour et longuement, trop longtemps. Seulement, il y a des trahisons qui ne se pardonnent pas. Même lorsque l'âge adulte répond à certaines questions. « Disparais. »

C'est ce qu'elle veut et ce qu'elle fait. Esfir, s'avance déterminée à ouvrir cette putain de porte et sortir d'ici sans se retourner. Pourtant, elle suspend son geste. Sans intervention de la légende dans sa tête, juste parce qu'une question lui brûle les lèvres. Une haine qu'elle garde dans son cœur et qui ne fait que croître de jour en jour, d'heure en heure. Le point le plus flagrant dans cette marre de décisions blessantes. Fière, elle se retourne la tête haute. Toisant sa prétendue mère, alors qu'elle l'observe. Note les ressemblances génétiques, les différences aussi. « Petite question rapide, oh toi! La femme qui c'est tant sacrifié pour moi. » Si le sarcasme ne suinte pas de tous les bords et tous les côtés, c'est uniquement à cause d'un problème d'ouïe. Puisque la rouquine ne cherche pas à détendre l'atmosphère. « Tu étais trop défoncé pour t'en rendre compte à l'époque. Mais, a-t-il pris la peine de t'expliquer pourquoi j'ai soudainement disparu? Tu sais, l'homme que tu as préféré à ta propre enfant. » Elle penche la tête sur le côté, tel un oiseau observant une proie. « Où as-tu vraiment cru que j'avais préféré l'asile à toi? »

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  Ven 31 Mai - 8:57
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Isild Lolkova
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Isild Lolkova
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Golem s'éveille des entrailles de sa tanière. C'est cette fureur nouvelle qu'elle ne parvient pas encore à étreindre. Alors quand elle vocifère au visage de la chiard, c'est l'essence encore étrangère qui s'anime d'émois. Sûr qu'elle pourrait l'écraser, là, d'une simple œillade pernicieuse. Peut-être en a-t-elle véritablement l'envie dans le fond. Puisque chair de sa chair s'obstine à lui cracher au museau ce qu'elles furent jadis. Point de perspective d'avenir, finalement, lorsque les lèvres d'Esfir s'efforcent d'entretenir toujours plus les ratures d'une existence à jamais envolée. Qu'ont-elles à s'offrir si le passé s'en vient toujours entacher l'instant présent ? Seulement que des cendres. Sont-elles néanmoins capables de dépasser cela ? Rien est moins sûr. Fillette ne verrait toujours qu'une coupable aux malheurs de son enfance. Et maman ne distinguerait uniquement que les erreurs commises à travers ses prunelles incendiaires. Fichues, sans doute le sont-elles tout compte fait.

Auraient-elles un jour droit à une seconde chance ? Isild cherche. Mais l'unique réponse qui semble lui venir houspille malgré tout la prétendue inertie de son myocarde. Sa petite tête s'agite alors. Il n'y aurait toujours que larmes et tempêtes entre elles. Cet incendie, Isild le reconnaît bien qu'elle n'en dise rien. Il lui rappelle le minois intrépide du papa qu'elle a toujours gardé jalousement pour elle, ancré dans quelques souvenirs fantasques qu'elle pense parfois réels, qu'elle pense parfois factices. Cela lui dérobe une grimace, du moins une réaction s'approchant du sourire sincère. Mais l'aigreur reprend vite ses droits. Sa vie aurait pu être quelque chose, différente. Elle le sait que trop bien lorsqu'elle pose mirettes sur la mine colérique de sa progéniture. Peut-être est-ce cela le plus difficile en y réfléchissant: regarder Esfir sans avoir une irrémédiable envie de vomir.

Le sarcasme détonne sans pour autant l'ébranler. Point de surprise pour la dragonne qui sait déjà tout ce qu'il y a à savoir. Et si elle tuerait milles fois son ancien amant pour cela, Isild ne peut plus rien y faire désormais. Il est trop tard pour réparer les horreurs d'antan. Chacun d'entre eux a trépassé d'être venu au monde dans un sens. Cela signifie-t-il que toutes les fautes sont rachetées ? Pas tant que mémoire persistera à balancer encore et encore le même film. Les traits de l'hydre s'assombrissent alors. Sorte de douleur éternelle qui bouillonne sous le carcan de chair pour annihiler jusqu'à son écœurement personnel. Phalanges frappent cloison d'une puissance déroutante pour une supposée mortelle. Oh oui, ce qu'elle a aimé broyer cet homme ! Et elle le fait encore, lorsque Morphée daigne l'emporter dans quelques rêveries voluptueuses où vassilisk laisse enfin transpirer frénésie.

« Et toi, qu'elle gronde, sais-tu ce qui est advenu de lui !?

Une fois de plus, Isild s'octroie le luxe d'empiéter sur son espace vital. Prenant soin de ne pas croiser son regard afin de ne pas atteindre définitivement sa capacité à se mouvoir, la voilà qu'elle glisse ses lèvres en direction de son oreille.

– Il a payé pour ce qu'il t'a fait. Et plus jamais il ne pourra te faire du mal.

Isild n'a point connaissance de tous les faits. Disons qu'elle a compris l'essentiel lorsqu'elle s'est vengée pour elle-même, puis pour bambine par la suite. Faut dire qu'il n'a pu s'empêcher d'avouer le pot-aux-roses dans quelques excuses ridicules, persuadé que son martyr prendrait fin en se repentant. Grossière erreur. Cela a décuplé la rage de cette nature putride qui la pousse désormais au pire.

– Je lui ai rendu la monnaie de sa pièce, ma Chérie. Et je ferai de même avec quiconque osera poser la main sur toi.

Danger trémule dans le gosier de la mère louve. Ange bancal. Isild se dresse dès lors de toute la menace qui l'habite.

– Je n'ai pas été mère de l'année. Et je ne le serai probablement jamais. Mais dis-toi bien que je suis là, désormais. »

Point de choix pour la minette.
Aucun appel.
C'est un fait.
Maman est là.
Et Maman ne partira pas.
  Lun 3 Juin - 18:43
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Esfir Lolkova
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Esfir Lolkova
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« Et toi, sais-tu ce qui est advenu de lui !? » Non, elle l'ignore. Ne veut rien savoir, ne plus entendre son prénom, ne plus sentir son odeur, ni la chaleur de ses mains qui l'étranglent dans le fond de cette ruelle. Ne cessant de répéter en boucle que c'est de la faute d'Isild. Encore et encore, alors que la vie s'arrache à moins que ses quinze ans. Esfir n'a jamais cherché à sa venger, ignorant jusqu'à son existence pour garder le peu qui est encore sien et ne pas sombrer dans la folie qui l'a enfermé si longtemps dans l'asile. Seulement, Isild en rajoute, susurrent à son oreille des mots qu'elle ne veut pas entendre. « Il a payé pour ce qu'il t'a fait. Et plus jamais il ne pourra te faire du mal. » Il n'existe plus, mais il n'existait plus depuis son éveille. Esfir l'a chassé de ses pensées, Alkonost comme seule compagnie dans ce processus. Le choc fracasse les murs qu'elle a dressés dans son être, pour survivre au traumatisme, pour commencer à se reconstruire. Elle en sentirait presque le goût du sang sur sa langue. Des paroles se veulent plus réconfortante que le désastre qu'elles provoquent en secret. « Je lui ai rendu la monnaie de sa pièce, ma Chérie. Et je ferai de même avec quiconque osera poser la main sur toi. » C'est un léger rire, à la limite de l'hystérie qui lui échappe, alors qu'elle réclame de l'espace entre elle et sa mère. Esfir s'éloigne, jusqu'à la porte. Ne l'observe que du coin de l'œil. Elle a mal à l'âme, tant la présence d'Isild n'est pas synonyme de paix pour la rouquine.

« Je n'ai pas été mère de l'année. Et je ne le serai probablement jamais. Mais dis-toi bien que je suis là, désormais. » Euphémisme de l'année qu'elle prononce sans voix. Son regard fuyant, après une longue inspiration, se posant de nouveau sur la femme à qui elle doit son premier souffle. « En retard de plus d'une décennie. Voilà la réalité Isild » Sa colère n'est que cendre encore rougeoyante. Trop de collisions au niveau émotionnel pour l'explosion qui était sienne la minute avant. Sa voix est dure, sans pour autant camoufler les failles de son armure, celle qui parle de la destruction qui est la sienne. Le champ de ruine intérieur, qu'elle veut réussir à rebâtir, sans y arriver. Isild en est le centre, sa statue décimé par les incendies qui lui ont ravagé le cerveau par le passé. « Tu lui as rendu la monnaie de sa pièce, tu dis? Et comment je pourrais te croire? Tu as toujours préféré ta drogue à moi. Lui, tout autant. Mais, maintenant tu es là! Et bien bravo! Mais, moi je n'ai pas à l'être. Je n'ai pas à répondre présente parce que soudainement, tu te souviens que je suis ta fille! Putain de merde! » La fatigue marque ses traits. Esfir en a assez de toutes ses conneries. « Et qui dit, qu'il ne reviendra pas rendre la monnaie de sa pièce à son tour hen? Je suis la preuve vivante, que même la mort n'y change rien dans cette putain de ville! » Esfir secoue la tête. Hors de question qu'elle respire encore le même air. Elle doit s'éloigner, incapable de contrôler les fêlures qui s'agrandissent dans son être. Les cicatrices qui se rouvrent face à l'incarnation de son passé.  « On va dire que je suis heureuse de voir que tu ne fais plus que d’écarter les jambes et sniffer ce que tu trouves. On se reverra dans quinze ans. » Elle se tourne, agrippe la poignée et la tourne… Du moins, essaye de la tourner. Paniquer, elle l’agite, la tire, la pousse, hystérique désespéré. « J’ai dû vexer le mauvais dieu à ma naissance… »

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  Mar 11 Juin - 15:59
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Isild Lolkova
MONSTER UNDER YOUR BED
Isild Lolkova
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Point de tendresse dans l'attitude patibulaire de l'hybride. Maman s'en est allée, il y a fort longtemps maintenant. Ne reste plus qu'un magma sirupeux de rage et de ressentiments. Sûr que la bile lui monte au nez lorsqu'elle pose œillade sur le minois séraphin de sa fille. Les blessures d'antan ont laissé place à l'aigreur viscérale d'une existence fracturée. Et il n'y a rien qu'elles puissent faire pour soulager ces plaies purulentes. Elles sont fichues, voilà la vérité. Pas de rédemption pour les Lolkov's, oh non !... Seulement des larmes. Il suffit de jeter un œil aux mirettes d'Esfir pour le voir: cette rancune véhémente qui ravage l'âme et gangrène le cœur. C'est terminé. Elles n'auraient jamais plus la chance de rattraper le temps perdu. Isild le sait. Dans le fond, elle l'a toujours su.

Si son orgueil la réduit au silence, la gargouille n'est pas totalement idiote: ce qu'elle a fait par le passé est impardonnable. Et ce n'est pas le pardon qu'elle réclame. Peut-être une discussion simplement, quelques pas l'une vers l'autre tout au plus. Encore faudrait-il pour cela qu'elle agisse en conséquence. Néanmoins, Isild ne peut taire la petite voix qui s'égosille entre ses tempes. Vile créature qui pulse toujours plus ses envies entre les parois étriquées de son carcan de femme. Bête à l'essence bien trop fière pour se raisonner de quoi que ce soit. Et elle la sent: cette déliquescence perfide qui ne cesse de s'insinuer toujours plus en elle. Goudron délétère serpentant à travers les vaisseaux pour dévaster l'humain qu'elle ne cherche pas véritablement à sauver. Parce qu'elle est bien mieux maintenant qu'elle n'est plus tout-à-fait mortelle, n'est-ce pas ?

« Ça n'a jamais été aussi simple, qu'elle souffle plus doucement.

La vie n'est pas aussi simple. Mais Esfir n'en a pas conscience. Elle a la candeur des chérubins qui trémule encore entre les ventricules. Alors Isild s'efforce d'inspirer l'air autour d'elles. Comment pourrait-elle espérer quoi que ce soit en œuvrant de la sorte ? Ses phalanges agrippent donc l'épaule de la jeune femme. Et elle songe à Lyov, un bref instant, dont les conseils détonnent entre ses synapses. Se maîtriser. C'est un concept qu'elle s'efforce d'assimiler sans en comprendre pour autant les fondements. Unique geste suave. Pression doucereuse aux abords de sa nuque. Ce qu'elle prend sur elle la malheureuse ! Tout s'impatiente en elle. Et ça gronde dans les tréfonds de son gosier. Fièvre journalière. Parce que c'est une chaleur pernicieuse qui lui prend le crâne dès lors qu'elle s'efforce de canaliser le dragon sous la couenne.

– S'il le faut, je le tuerai milles fois, Esfir.

Et elle se disperse. Faut pas exagérer. Gorgone se renfrogne sous sa tignasse éparse.

– Je n'ai jamais voulu tout ceci », qu'elle baragouine entre ses lippes.

Sûr qu'elle n'a jamais souhaité tout ceci.
Sûr qu'elle souhaiterait que tout ceci soit différent.

Désolation aux bords des lèvres.
  Jeu 20 Juin - 15:10
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Esfir Lolkova
YOU WILL HEAR MY LEGEND
Esfir Lolkova
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Rains of Lolkov's family.
« Ça n'a jamais été aussi simple. » Non, jamais. Les souvenirs de son enfance lui percute le crâne, cette tendre chaleur maternelle, ses moments de solitude pour que mère puisse leur offrir un dîner. Même avant Moscou, la vie n’a pas été tendre avec elles. Ce duo… Qui s’aimait. Aussi incroyable que cela puisse sembler aujourd’hui. Elle serre les dents au contact de sa main sur son épaule, vrille ses pupilles sur la porte qui lui fait face. Essaye de ne pas souvenir du bonheur qui lui enserrait le cœur enfant, avec un seul effleurement d’Isild. Cette femme était sa vie. Voilà bien pourquoi son seul visage est une douleur intenable au creux de son ventre. Voilà pourquoi, elle serre le poing sur la poignée et la secoue de nouveau, persuadé que la serrure collaborera à la sauver. Elle veut fuir de tout son corps et oublier les sentiments violents qui s’emparent de sa gorge et de sa langue.  Secrètement, ce n’est pas l’envie de blesser sa mère qui lui vient. Comment l’avouer? Impossible, simplement. La rouquine préfère avaler sa langue, que ça. « S'il le faut, je le tuerai milles fois, Esfir. »  

La distance lui permet de respirer de nouveau, elle se renfrogne, se retourne contre la porte pour être la plus petite possible. Le plus de distance entre leur deux corps. Sachant la porte verrouillée et la prison refermée sur les deux femmes, l'artiste ressent un manque d'air qui lui comprime les poumons. « Je n'ai jamais voulu tout ceci » Les yeux au plafond, elle inspire, puis expire, se forçant au calme. Elle déteste être enfermée, retour à l'asile et ses années perdues. « Je sais. Je sais que tout ce bordel n'était pas planifié… » Des mots veulent voler dans les airs, mais elle les banni, refuse que l'ouïe d'Isild les entendent. Le sentimentalisme n'a jamais été dans ses forces.

Incapable de terminer sa phrase, elle frappe de toutes ses maigres forces contre la porte. La douleur du choc remontre le long de son talon, pour se perdre dans son mollet. Elle s'en fiche, les mots lui ont maintenant échappé, ravaler dans le trou noir qui leur est destiné. Loin, loin derrière l'armure et Alkonost, qui d'ailleurs observe en silence. Laissant une intimité non nécessaire à ces retrouvailles imprévues. « Tu as du temps devant toi? » La question est saugrenue, étrange. Le changement de sujet plus drastique et évident que prévu. Et puis quoi encore? Esfir n'est pas subtil. Trop d'années à acter, trop d'années réprimées pour ça. La politique et les faux semblants, elle les exècre. « Parce que sinon, faudra me faire découvrir ton don pour le crochetage de serrure. » Elle pointe la serrure et hausse les épaules avec agacement. S'éloigne de la porte, comme pour laisser la place à sa mère, lui imposer un moyen de sortir d'ici… Avant que le véritable bain de sang ne tombe sur leur tête.

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  Lun 24 Juin - 22:24
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Isild Lolkova
MONSTER UNDER YOUR BED
Isild Lolkova
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Grosse goutte au coin de l'œil. Mais Isild n'en montre rien. Sa main balaye nonchalamment une mèche, étale par la même occasion l'iode qui ruisselle sur la peau blanche. Point d'accalmie entre les deux fauves dont le souffle, pourtant, s'épuise petit-à-petit. Les doigts aspirent à effleurer le minois de l'enfant, celle qu'ils auraient aimé cajoler chaque fois que l'orage aurait grondé d'insatisfaction. Ils chatouillent d'envie, tandis qu'elle s'obstine à contempler bêtement le plafond. Les ressentiments viennent avant tout d'une colère dirigée envers elle-même. Seulement fierté guette et bazarde faiblesse lorsqu'elle trémule sous la couenne. Stupide feulement humain ! Il ne s'agit point uniquement du vassilisk, bien qu'elle aimerait y croire. Mais elle n'est plus une enfant pour s'obstiner à fermer les yeux ainsi. Fillette s'est brisée sur l'impertinence de sa génitrice autrefois. Et maman s'est étiolée de ne point savoir tendre la main.

« Laisse-moi faire, qu'elle souffle.

Elle récupère une pince lâchement abandonnée sur le rebord du lavabo. Ce n'est pas sa nouvelle condition qui pourra les extirper de cette mauvaise blague. Introduisant le petit objet dans la serrure, Isild s'ose à adresser un regard faussement innocent à sa fil;e. Sûr qu'elle a appris les rouages du crochetage. Comment auraient-elles pu toujours avoir un toit au dessus de leur tête sans cela ? Une fois de plus, elle n'a rien de bien honorable à lui présenter. Faut dire qu'elle n'a pas été suffisamment en présence de ses parents pour qu'ils lui apprennent, eux-mêmes, les bonnes manières.

– Et... voilà !

Un cliquetis significatif et voilà que la chambranle ne cède enfin. Un soupire lui prend néanmoins la gorge. Sorte de déception entache son visage quelques secondes seulement, avant qu'elle ne secoue la tête.

– Si un jour tu as besoin... je ne serai jamais très loin. »

Une dernière œillade. Puis Isild s'engouffre dans le corridor. Le cœur douloureux. Les poings se serrent d'une tristesse mouchetée de rage.

Quel fiasco !
  Mar 16 Juil - 18:11
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