Piotr Kapičić YOU WILL HEAR MY LEGEND |
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| Ich hab' keine lustNein ich hab' keine lust De Charybde.
Signé. L'infamie qui me rattrape toujours, jusqu'au plus profond du continent. Vipère qu'elle est, à ne cesser de me lacérer chaque jour un peu plus tripes et boyaux de ses courriers tranchants. Lever du jour et mauvaise nouvelle, une autre. Sa signature suffit à envenimer mon café. Avocat et prise de tête, réponse et prise de bec. Des années de combat perdu déjà, tête à tête mutilé entre elle et moi. Qui veut de ci, qui veut de ça, combat épistolaire de Russie à Bulgarie pour qu'elle me reste à jamais en tête, douce souffrance qu'elle adore, que j'abhorre. Chiffoner le papier, les doigts couverts d'encre et de culpabilité comme si j'étais seul fautif de l'histoire. Moi. Salaud fuyard, couard qui ne peut plus la voir. Elle, la salope séraphine ange et Lilith à sa guise. Du fond du lit d'un autre, je l'imagine, je la vois, assassine dans ses lettres qui m'accusent et m'emprisonne dans ce rôle. Ca fait des mois que je ne me défends plus. Si c'est un connard qu'elle veut voir en moi, je le serais. Soupire, porte claquée, la tension jusqu'à ma nuque pour me traîner douloureuse vers les corvées. Alors clown je me fais aussi, à boire un fond d'expresso serré pour oublier le parfum de gasoil de ces dernières nuits. L'odeur de l'inflammable qui se traîne avec moi, prête à flamber sous l'étincelle de cette rage enfouie. Respirer, détendre chaque muscle, se convaincre que cette décontraction lui ferait du mal, à elle. Songe idiot qu'elle a ce pouvoir mesquin de me voir et de savourer cette peine immense et cette haine constante. Rongé par ces yeux rieurs qu'elle ne peut pourtant plus poser sur moi. La poussière, les rideaux, le parfum des caravanes à l'abandon. Colombines et pierrots qui errent sous le chapiteau des égarés. Augustes et monstruosités, des torsions pour s'échauffer. Ca me rappelle que j'ai toujours les trapèzes tendus. Poing serré, mâchoire bloquée. Sac au sol et épaules roulées. J'ai du sable sous les pieds. A force d'enrager je le sentirais presque se figer en verre. j'ai envie de le briser. Je dois répéter.
Mais j'y repense sans cesse.
Parce que mes yeux s'égarent curieux sur ce couple et ses rires bêtes. Minaude, taraude l'esprit de l'autre, conquiert-le par tes charmes douteux. Je roule des yeux. Il est transit d'amour déjà. Mon pote, tu le regretteras. Envie de dégueuler dans les nuques tranchées. Encore les épaules roulées. Tension constante en ramassant gourde et torche qui roule entre mes doigts. Jonglage amateur. Une batte m'irait mieux sous les phalanges là tout de suite. Dehors c'est ronds de fumée entre les flammes allumées. Clope au bec pendant que le flambeau flambe. Tableau d'une scène banale, bancale. A jouer avec mon outil de travail, fumée dans le regard. Un tour sous les doigts, deux, déjà trois. Feu qui se rapproche chaque fois, que je sens trop loin pourtant. Envie folle de m'immoler, de mourir peut-être, de souffrir moins. de souffrir moins qu'en voyant l'immonde silhouette approcher. Beauté saccagée, je pourrais grogner par instinct pour l'éloigner. Mes crocs se serrent sur une cigarette bien consommée, palabrer par crapotage de cendres en espérant l'éloigner. Son visage, ses traits, ses formes. Elle me dégoute tant elle ressemble à toutes les autres, tant elle ressemble à une catin toute autre.
"Commence pas. J'ai pas envie de te croiser. J'ai pas envie de te parler. Vas faire la traînée ailleurs."
Mot de trop politesse bafouée. Les saluts sont déjà de trop quand la conversation se fait avec un gêneur. Une autre journée déjà gâchée. Une autre chute à m'infliger. Tombé de trapèze.
En Scylla.
- HJ:
Salut. J'ai mis une plombe pour sortir si peu. J'espère que ce sera suffisant pour lancer les festivités.
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