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 Yegorovich, l'éveil du dragon


BOYS AND GIRLS OF EVERY AGE, WOULDN'T YOU LIKE TO SEE SOMETHING STRANGE ?

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StanislavKouznetsov Yegorovich
Daniel Craig


1. mon nom dans les airs.
Stanislav Kouznetsov Yegorovich. Ici chaque élément importe et exhale le fumet d'une histoire familiale riche en élévations et en disgrâces, en sang et en manigances. Le premier Yegorovich dont on retrace les faits d'armes avec une absolue certitude est Stepan Yegorovich qui, au temps où la Russie n'était encore que la principauté de Moscovie, défit à lui seul une troupe de brigands lituaniens forte de quinze hommes, dit-on. Les ancêtres illustres se succédèrent, certains boyards, certains religieux, certains encore artistes. Quoiqu'il en soit les Yegorovich eurent, en diverses occasions, la possibilité de jouer un rôle dans l'histoire du pays. Cependant les temps glorieux sont oubliés depuis longtemps et le propre père de Stanislav, Vadim, fit une carrière d'aristocrate tranquille comme Conseiller d'Empire. Comme chacun sait en Russie, les sages du Palais Marie de Saint-Petersbourg, institués dans leur fonction par Alexandre 1er, forment une chambre haute spécialisée dans le conseil technocratique, de sorte qu'on est loin des combats à l'épée. Quant au "Kouznetsov", qui signifie forgeron, que vient il faire là ? Il est hérité du grand père maternel de Stanislav, dont la lignée remonte loin, et dont on dit qu'elle comporta un faiseur d'épée qui fit, pour un seigneur Stanislav, une lame tueuse de dragon... ce qui, on le verra, ne manque pas d'ironie.

2. mes cris sur la terre.
Stanislav est le fils unique de Mariska et Vadim Yegorovich. D'une noblesse ancienne mais peu fortunée, le seul bien réellement digne de leur rang qu'ils aient possédé est un petit manoir campagnard à quelques kilomètres de Moscou, où Stanislav vint au monde, il y a de cela 60 ans, quoiqu'il n'ait plus guère vieilli depuis ses 45. Malgré cette aisance fleurant la petite bourgeoisie, le poste de Vadim comme conseiller d'Empire ainsi que le respect unanime dont jouissait la famille de Mariska - malgré un lignage assez pauvre - du fait des actions de sa aïeux pendant la seconde guerre mondiale valait tout de même aux Yegorovich une bonne société et des fréquentations agréables. Au sein de cette famille russe de vieille et pure souche, les convictions bien établies n'avaient jamais manqué de former une toile d'araignée à la forte densité capable d'intercepter toute idée par trop révolutionnaire ou contre-monarchiste, de sorte qu'il n'y a guère d'anticonformisme à attendre d'un Yegorovich. Ou plutôt, qu'il n'y en avait guère...

3. mes tourments ventriculaires.
Stanislav est hétérosexuel. D'ailleurs, considérant son éducation traditionnelle et sa longue adhésion aux idées de classiques, il n'eut, pendant un certain temps, guère de tolérance pour les déviances en la matière. Pourtant, après le scandale de son divorce d'avec la douce et bécasse Daria Dernikova, et son remariage non moins scandaleux avec l'étrangère Francesca Papiano, il aurait sans doute revu ce genre de préjugés, si tant est que ledit remariage ne fut pas terminé par le bain de sang qui advint, et qui transforma Stanislav en un personnage aussi renfermé que peu porté sur les affaires ventriculaires.

4. mes espoirs éphémères.
Stanislav eut un parcours plutôt atypique pour un fils de l'aristocratie moscovite promis à des fonctions supérieures au sein de l'appareil d'état tsariste. Diplômé de sciences politiques, son destin semblait être de briguer l'un des grands corps de l'administration, qu'il s'agisse des arcanes du trésor impérial ou bien de quelque comité de planification provincial. Mais son intelligence déliée et son intérêt pour la géopolitique le fit se diriger vers le département du SGR spécialisé dans le contre espionnage. Là, de ses vingt sept à ses quarante-cinq ans, il gravit les échelons, avec pour obsession de déjouer les menées étrangères, de traquer les espions de l'Ouest comme de l'Est désireux de pénétrer le chape de plomb Russe. Néanmoins qu'on ne l'imagine pas agent de terrain, c'était un homme des bureaux et des intrigues d'alcôves. Loin s'en faut que ne soit validée par les faits la vision de l'espionnage des films occidentaux, car en Russie comme ailleurs les grades supérieurs des services de renseignement sont l'apanage de technocrates issus de cursus longs plutôt que de gouailleurs au flingue facilement dégainé. Toutefois, en tant que directeur adjoint et responsable du contre espionnage, il eut, à l'apogée de sa carrière, un pouvoir considérable. Cependant tout changea quand vint, alors que se pressaient les invités à son second mariage, l'Homme en Rouge, qui tua sa nouvelle et bien aimée épouse, sa famille et... lui-même. Dès lors, possédé autant que possédant, abritant en lui le Dragon Noir Zirnitra, il bascula dans la clandestinité et se lança dans une longue et sanglante quête de vengeance, ce qui, au final, résume son occupation actuelle : vengeur.

5. mon cocon mortifère.
Stanislav fut un homme froid et peu souriant, uniquement réchauffé, à l'autonome de sa vie, par la présence lumineuse de Francesca, et alors il s'en fallut d'un carnage pour qu'il ne devienne un gai luron. Toutefois, depuis la tragédie qui l'a frappé, son caractère initial a pris un plus mauvais tour encore, et désormais il est hanté par les phases, par la créature qui vit en lui, et possédé par son désir de vengeance à un point tel qu'il ne rêve plus à aucun avenir ni ne prend guère le temps de se passionner pour autre chose que sa haine recuite et tant ressassée. Pourtant, parfois, à l'occasion, quelques traits distinctifs de sa psychologie réapparaissent encore. Le goût pour l'art, quand il passe devant l'échoppe d'un antiquaire et qu'il admire d'un œil connaisseur quelque meuble persan en bois de cèdre. La passion pour l'histoire, quand quelque bouquiniste retient son attention par le parfum d'un vieil ouvrage portant sur la science poliorcétique grecque. Et il est advenu que, à l'occasion, il se hasarde à retrouver les douces sensations de l’œnologie quand il eut sous la langue un cru particulièrement digne d'intérêt.

Mais d'humaines et conviviales distractions, plus guère. Malgré les quinze années écoulées et le relatif échec de sa quête, jusqu'à un récent rebondissement, la vision du meurtrier des siens s'impose dès qu'il serait tenté de mollir, et quand ce n'est pas cet Homme en Rouge c'est Zirnitra le dragon qui s'impose de sa brutale façon. De sorte qu'entre ces deux tourments bien malin celui ou celle qui pourra dérider un homme qu'on dirait bien souvent fait de glace.


6. la gangrène sanguinaire.
Zirnitra, le Dragon Noir, le Dragon Sorcier. Un être exception redouté et craint par des générations de slaves, que les grands mères évoquent au coin du feu à voix basse, lorsque les hurlements des loups sibériens ne sont plus assez effrayants pour faire frissonner leur rude progéniture. Zirnitra qui hante le monde depuis des éons. Déjà au Vème siècle les peuplades belliqueuses de Sarmatie l'invoquaient et se peignaient le visage et les boucliers de symboles à sa gloire, en appelant à sa sorcellerie mystérieuse pour défaire leurs ennemis. On murmure que lors du sac de Rome de 476, une immense ombre ailée couvrit le soleil pendant quelques minutes, et des ouvrages interdits évoquent un sort qui fit se lever les morts romains des Champs Catalauniques pour les retourner contre leurs frères d'armes. Oui, sur cet être les rumeurs les plus sombres circulent, mais en réalité il n'y a que bien peu de points communs entre les sources. Tout au plus, on sait que cette créature légendaire est un dragon aux écailles d'un noir de jais, qui se repaît de sang et d'ombres et est capable de déchaîner la plus noire des sorcelleries. L'auteur brude Schillos l'associe à l'immortalité et aux sacrifices, tandis que dans un texte de Tacite déclaré faux par les universitaires, le fameux historien d'antan décrit une cérémonie païenne où il fut explicitement évoqué comme "dieu de la sorcellerie".

7. l'existence secondaire.
Il y a quinze ans, le 25 janvier 2003, Stanislav Yegorovich épousait Francesca Papiano après avoir divorcé de sa femme. Dans une église orthodoxe peu remplie, n'abritant guère que les parents du marié, la grand mère de son épouse et une poignée d'invités, Stanislav connut pour la première fois de sa vie un bonheur sans ombrage, à l'intensité dont on faisait les contes. Ce, cependant, avant qu'un être pourvu d'ailes et contrôlant le feu n'entre et ne se jette sur la mariée pour la faire griller et l'égorger, disposant ensuite de toute la parentèle et de tous les amis présents. Stanislav lui même n'y échappa pas et s'effondra, la gorge broyée par un coup d'aile d'une force colossale. Quand, soudain, alors que sa conscience s'effaçait, une voix. Un être d'ombre et de secret lui parla, d'insinua en lui. C'était Zirnitra. Le dragon fit force murmures, force promesses, il dit tant et plus que Stanislav était l'homme de l'espionnage et de l'ombre, comme lui était le dragon de l'obscurité et du complot, il lui promit la vengeance... Le dragon de la sorcellerie est un être inconstant et mystérieux et Stanislav ne sait pas à ce jour quelle est la raison précise qui le fit être distingué entre tous pour accueillir la créature reptilienne en lui, question d'ethos ou de perspectives, la question reste à trancher, mais il ne doute pas que la logique d'une créature pluriséculaire raisonnant en termes de sorcellerie et de plans abscons doive pour longtemps encore lui échapper.

8. le monde délétère.
Peut-on dire qu'un homme dans la situation de Yegorovich accepte aisément son sort ? Si une telle chose était permise, ce serait son cas. Oh, évidemment les phases sont compliquées à gérer. La cohabitation avec une autre conscience, le fait de ne pas être seul dans son propre corps, de vivre avec deux âmes, de sentir un lent processus de symbiose s'opérer... Mais en même temps, quelle puissance que celle de la créature, quelle force qui coule dans ses veines. Et n'en faut il pas, de la puissance, pour assouvir ses désirs sanglants ? Sur la piste de l'Homme en Rouge, meurtrier de Francesca et de tous les siens, il tua et tortura pour retrouver un ennemi qui se révèle aussi insaisissable que doté de nombreux contacts dans le monde surnaturel, et s'il était demeuré humain comment aurait il fait pour s'en sortir, pour arriver jusque là ? Il n'aurait guère pu ! Indiscutablement, il doit la vie à Zirnitra, il lui doit la force, et il lui doit une chance de se venger. Quant à l'émotionnel et à l'état d'esprit.... dans son existence précédente de bureaucrate des services secrets, Yegorovich ordonna sans sourciller des assassinats, cautionna des séances de torture dont il eut parfois à contempler de ses yeux les effets, envoya des jeunes filles à peine fleuries jouer de leurs charmes pour obtenir de précieuses informations... Un métier comme celui qu'il fit nécessitait un sang de glace, et c'est cette même froideur qui l'aide aujourd'hui à conserver une part de sa santé mentale, quand il se réveille, la nuit, en s'étant mordu jusqu'au sang et en ayant cru, pendant un moment, qu'il était le grand dragon et qu'il venait de déchiqueter de ses crocs des saxons en cotte de maille. Cela fait aujourd'hui quinze ans révolus, quatre phases à ce qu'il lui semble, qu'il est habité par le dragon, et il lui semble que la balance pèse davantage du côté des gains que des pertes.

9. les ombres-mères.

PHASE NUMERO 4 tristesse - Cela fait quinze ans et quelques mois que Yegorovich et Zirnitra ont mêlé leurs destins. Oui, tristesse il peut y avoir, parfois, mélancolie, mais finalement pas tant que l'on pourrait s'y attendre. Pour ses rêves de sang et de revanche, Yegorovich goûte fort la nouvelle puissance que lui octroie Zirnitra, et au final il n'est plus rien qu'il puisse regretter de ne pouvoir vivre, car tout ce qui faisait sa joie est mort il y a quinze ans, il n'y a pas de parent ou d'ami chez qui il se réfugierait si Zirnitra le quittait. Tristesse peut-être, mais rien que modérée. Oh, il est en revanche plus difficile de supporter la confusion des identités, le fait de ne jamais être sûr totalement de qui on est à un instant donné, de se réveiller la gueule pleine du sang qu'on a fait couler en s'ouvrant les lèvres parce qu'on pensait déchiqueter la viande de quelque humain mangé cru. De même qu'est bien malcommode de se mettre à nourrir une passion pour l'occultisme ou les rituels d'antan qui n'est pas vraiment sienne mais qu'on ne peut néanmoins contrôler. Mais, somme toute, la balance penche plutôt du côté des gains que des pertes en ce qui concerne cette nouvelle existence.

FACULTE N°1- Arcane de longue vie : Souris, chien, chat, être humain, vieillard ou athlète, toute créature vivante que tue Yegorovich-Zirnitra connaît un sort différent de la mort commune. L'hôte du dragon noir s'empare d'une partie de leur espérance de vie et de leur âme, prolongeant ainsi la sienne. La quantité d'espérance de vie ainsi dérobée, il est difficile de le dire mais il est au moins certain qu'elle n'est qu'une fraction de celle que détenait sa victime d'une part, et que d'autre part elle dépend grandement aussi bien de l'âge que de la forme de la personne dont il triomphe.

FACULTE N°2 - Arcane de l'écaille : Yegorovich peut en appeler à Zirnitra, ou laisser ce dernier prendre le contrôle, pour faire pousser sur son corps une armure d'écailles de dragon. D'une couleur noir de jais, ces écailles sont d'une extrême dureté et protègent Yegorovich des dommages et des agressions, et, de la même façon qu'un homme revêtu d'un gantelet de métal peut s'en servir comme d'une arme, il n'est pas bon pour la santé de recevoir un poing couvert de ces écailles coupantes et pesantes. Pouvoir en somme assez rustique, guère technique, mais ô combien... draconique.

FACULTE N°3 - Arcane de réjuvénation : Le sang est puissance. Cette troisième faculté exploite le sang d'autrui, de même que la première arcane utilise leur espérance de vie. Ainsi, le sang des êtres vivants pensants peut soigner Yegorovich-Zirnitra des blessures et de la fatigue. Cependant la quantité de sang nécessaire pour guérir est proportionnelle à ce dont il faut guérir, justement. Si une coupure bénigne ne nécessite guère qu'un dé à coudre, une blessure qui est sur le point de causer la mort va nécessiter une pleine baignoire de sang pour empêcher l'issue fatale, de sorte que cette capacité, pour les cas les plus graves, nécessitera d'abord de s'enfuir puis de se mettre en sécurité dans quelque repaire préparé à l'avance où un Yegorovich pantelant utilisera ses dernières forces pour se jeter dans un bain de sang et ainsi être sauvé.

FAIBLESSE N°1 - La vengeance des esprits : Yegorovich n'absorbe pas seulement l'espérance de vie de ses victimes, mais aussi leur esprit, et c'est là qu'est le problème. Parce que ces matériaux humains qui servent à le faire vivre tant et plus ne sont pas tout à fait et réellement mort. Ils guettent, en réalité, l'opportunité de se venger, de faire payer leur assassin. Et s'ils sont impuissants le jour, c'est pendant l'inconscience de leur cible qu'ils se déchaînent. Yegorovich ne peut fermer l'oeil et s'endormir sans qu'il fasse des rêves. Des rêves très particuliers, où les fantômes de ceux qu'il a tué viennent tenter de le détruire. Et il ne s'agit pas là d'une métaphore : il s'agit de combats oniriques redoutables, qui, s'il les gère mal, peuvent le laisser blessé ou affaibli. Et s'il meurt lors de ces combats, si on lui tranche la gorge en rêve, il connaîtra le même sort dans la réalité. Ainsi il ne peut trouver le repos dans le sommeil qu'une fois qu'il a survécu au dit sommeil, de sorte qu'il est probablement le seul homme qui est sûr de ne jamais connaître une seule nuit sans tentatives d'assassinat.

Ce n'est pas tout : cela s'applique aussi au troisième pouvoir de Yegorovich, l'Arcane de réjuvénation, quoique de façon différente. En effet les morts tenteront de lui transmettre leurs afflictions, si afflictions il y avait. Toutes les maladies transmissibles par le sang, tout ce que les gènes peuvent avoir de salissures, Yegorovich risque de les subir quand il se soigne avec le sang d'autrui. S'il ne sera pas pour autant atteint de la maladie lui même, il n'en reste pas moins que la fois où il s'est baigné dans le sang d'un leucémique signa le début de trois mois de hurlements, de gémissements et d'impuissance où il se vautra dans ses excréments en maudissant le ciel. De plus, l'immersion totale dans le sang, nécessaire pour guérir les blessures les plus graves, vont le laisser inconscient trois bonnes heures, comme si le propriétaire de ce fluide désirait lui infliger un ultime uppercut vengeur.

FAIBLESSE N°2 - La voracité du dragon : quand Yegorovich prend sa forme écailleuse, il doit se battre. Se battre contre l'ennemi qui le pousse à s'envelopper ainsi mais contre sa propre armure, aussi ! En effet chaque fois qu'il déploie ses écailles, elles tentent de croître comme de la mauvaise herbe et il doit déployer toute sa puissance mentale pour les empêcher de le recouvrir entièrement, y compris le nez et la bouche, jusqu'à l'étouffer. Et si sa volonté et son expertise croissent avec le temps, il lui semble aussi qu'empêcher l'asphyxie écailleuse demande toujours plus de l'une et de l'autre au fil des années, de sorte qu'il risque d'advenir un jour où sa force mentale n'y suffira plus et où il finira cadavre dans une armure d'écaille ayant tué son protecteur.

FAIBLESSE N°3 - Épée de la foi : les adeptes de Zirnitra ont toujours été traqués par les églises chrétiennes. Le grand dragon noir lui même éprouve une aversion immodérée pour les hommes dotés d'une foi religieuse sincères. Ce n'est pas la croix en tant qu'objet, ou l'église, ou même le prélat. C'est le prélat qui ne sera pas animé par son ambition mais par une foi pure et lumineuse, c'est l'église où se tiendra le sermon d'un prédicateur aux accents réellement fanatiques, c'est le crucifix brandi par un prêtre à la foi irréprochable. Oui, la foi sincère, particulièrement la foi chrétienne, peut physiquement blesser Yegorovich, particulièrement quand il est sous son aspect écailleux. Un Notre-Père, déclamé face à lui par une mère de famille empreinte d'une foi humble et sincère l'affaiblira comme s'il n'avait pas bu ou mangé depuis des jours au bout de seulement quelques minutes de récitation, non pas en raison d'une force intrinsèque de la prière ou d'une existence d'un dieu qui se verrait confirmée par là, mais en raison de cette Foi, cet élément qui fit tant de mal à Zirnitra.



pseudonyme : Stanislav, Stan ? Je ne sais pas. âge : 24 ans pays : France comment as-tu connu le forum ? C'est Milesia la coupable  What a Face   des questions, des suggestions ? / crédits : obligatoires, hedgekey pour l'avatar, Swan pour l'image d'illustration.

  Ven 10 Mai - 20:21
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mes épopées



12 octobre 1985, bureaux du SGR

La calvitie d’Ivan Antonov laissait voir une cicatrice tavelée et particulièrement affreuse, dont le jeune Stanislav avait bien du mal à détacher le regard. Mais il faut dire que les yeux d’Antonov n’étaient pas moins intimidants, deux puits sombres dans lesquels on devinait jugements et condamnations. Toutes sortes de légendes couraient sur le directeur du département de la Sécurité Interne du SGR, dont on disait qu’il avait réchappé à trois tentatives d’attentats, dont on murmurait que contrairement aux bureaucrates et ronds de cuir qui constituaient l’essentiel du redoutable service de renseignement, lui avait plusieurs années d’expérience sur le terrain à son actif dans les coins les plus inhospitaliers. En cet instant Stanislav n’avait aucun mal à le croire, engoncé dans son costume de jeune premier, sur cette chaise de cuir qui lui faisait l’effet d’un de ces fauteuils d’interrogatoire à propos desquels on murmurait, malgré le confort et l’onctuosité du dossier dans lequel il se renfonçait nerveusement.

- Stanislav Yegorovich, vous êtes admis au département du contre-espionnage, oui, mais sachez que nul au sein des services secrets de Sa Majesté le Tsar n’échappe à mon regard. Le département que vous intégrez s’occupe de la sécurité vis-à-vis de l’extérieur tandis que le département de la Sécurité Intérieure s’occupe de toute la Mère Russie, cependant que nos spécialistes en occulte sont chargés de gérer les monstres en tout genre, mais moi, oui moi Ivan Antonov, je m’assure que pas une parcelle de déloyauté ne s’insinue au sein de tout ce beau monde, vous me comprenez… ?

- Absolument, Ivan Antonov, et je vous assure que…

- Ne m’assurez de rien, jeune homme. Les assurances ne valent rien et me donnent des ulcères. Je m’assurerais moi-même de tout ce dont je dois m’assurer. Quant à vous, si vous êtes là aujourd’hui, c’est pour vous préciser une obligation qui vous est faite, maintenant que vous êtes des nôtres. Sachez que vous avez le devoir d’être observateur, oui, observateur, Stanislav Yegorovich. Vous n’appartenez pas à la Sécurité Interne mais néanmoins vous surveillerez vos collègues, vous écouterez tout ce qui se dit sur Sa Majesté, sur ses ministres et ses services, et à la moindre alerte… au moindre murmure… vous m’en aviserez. Est-ce bien compris ?
- Oui monsieur.

- Un monsieur je suis par la cravate, mais point par les manières, feriez bien de vous en souvenir. A propos de souvenirs… n’avez-vous rien, déjà, dont vous voudriez me faire part ?

Une goutte de sueur qu’il n’osa essuyer. Peut-être… Comment savoir… un piège ? Une épreuve ? Mais ce n’était rien, rien qu’un murmure, est-ce que cela valait de se faire éventuellement la réputation d’un cafteur, d’un délateur ? D’un autre côté ne rien dire…

- Oui… monsieur. Une de mes camarades de sciences politiques… Sveltana Yeltzine, a intégré le service du Contre-Espionnage en même temps que moi. Elle n’a jamais… enfin je veux dire son comportement extérieur a toujours été irréprochable mais nous avons… nous nous sommes fréquentés quand nous étions étudiants et hum… elle tenait parfois des propos, sur Sa Majesté… des critiques sur la marche du gouvernement… sur la façon dont étaient traitées les… êtres surnaturels. Rien de sérieux j’en suis sûr mais…

- Sveltana Mancheva Yeltzine n’a pas rejoint les services de Sa Majesté. J’ai mis mon véto à son entrée dans le service après son admission préalable. Précisément en raison de ces antécédents que vous évoquez pudiquement mais dont il faut bien dire qu’ils la rendent idéologiquement douteuse. Bien. Vous avez bien fait de m’en parler, jeune homme. Je vois l’hésitation, je vois le doute quand vous ouvrez la bouche pour me rapporter ces bruits, mais ils seront à présent votre lot. Sachez-le : on vous confiera l’usage d’une part du pouvoir de Sa Majesté pour assurer la sécurité de la Russie et du Trône, et si grisante ou terriblement excitante que puisse paraître la fonction à un blanc bec tout frais émoulu s'imaginant autre chose qu'une vie de bureau, le prix en sera la solitude et la défiance envers tous, la confiance en aucun. Disposez, maintenant, Stanislav Yegorovich.

14 mai 1990, rives occidentales de la Volga

- Félicitations pour votre promotion, Stanislav Yegorovich !

Ce même refrain, depuis le début de la matinée. Compassé et souriant, le jeune fonctionnaire des services secrets, de tout juste trente-trois ans, opina et remercia. Vêtu d’un complet gris pâle, il endurait le festival des hypocrites et des mous. Sa datcha des bords de la Volga était comble pour cette petite réception mondaine, qui accueillait la famille de sa femme, Daria, ainsi que sa propre parentèle, et quelques autres personnages, tous contents satisfaits de s’afficher pour célébrer la nouvelle fonction du héros du jour. Officiellement Stanislav était désormais le directeur d’un comité d’étude du Kremlin. En réalité promotion il y avait, mais non point dans un comité d’études, plutôt au SGR, où il venait d’être adoubé chef de section. Un poste de cadre intermédiaire, qui lui conférait l’autorité sur une dizaine de petites mains et l’accès à toutes sortes de dossiers croustillants, un plus grand bureau et des heures supplémentaires.

Daria se montrait plus ravie que lui-même de cette élévation. Comme d’habitude. Il lui jeta un œil, blasé. La parfaite épouse du parfait aristocrate de moyenne noblesse au service de l’Etat. Madame Moyenne Noblesse, on aurait pu l’appeler. Oh elle était jolie ça oui, toute de tresses blondes et de sourires volatiles. Si convenable. Si tranquille dans sa robe de fourrure. Si maîtresse de maison, si coulée dans sa fonction qu’on aurait cru qu’elle était née de la datcha.  Si tranquille au lit, aussi… Ah mais c’est que Daria, née Dernikova, avait d’autres immenses qualités. Elle savait coudre à la perfection, connaissait remarquablement sa littérature russe, parlait d’un français des plus châtiés et pouvait trouver cinq formules différentes en une minute pour lécher les bottes des supérieurs de son mari.

C’était sans doute pour cela qu’on l’avait fortement incité à se fiancer à elle. Oui, tout était programmé, programmé de façon si rassurante et tranquille. Dix-huit ans on les fit se rencontrer, les mots encourageants de sa famille, la pression de l’ordre conservateur qui dominait autour de lui, les menaces financières à demi voilées de monsieur son père quand il tenta de résister, le petit mot de son directeur d’études… Et puis sa relation avec la bouillante Olga était plus de chair que de romantisme. Il fallait bien accepter, pour le bien de sa famille, après tout il était si bon jeune homme, si tranquille, si dévoué à la Russie, au Tsar, à son nom et à sa parentèle.

- Une autre coupe de champagne mon chéri ? Je vous présenterais à Magda dans un instant, vous verrez elle est p a s s i o n n a n t e, elle a fait le tour du monde, pensez ! On dit qu’elle a fréquenté le prince Alexandre pendant plusieurs semaines… mais les ragots… néanmoins…
Le tour du monde, mouais. Allait-il dire à sa femme que la Magda en question, il l’avait faite filer tout au long de ses déplacements et qu’on la soupçonnait, elle, maîtresse du prince Alexandre, d’être un peu trop proche de ce suisse au long nez qu’on disait espion des anglais ?  Evidemment, qu’il ne le dirait pas. Il se contenta de sourire gracieusement. Quelle morne vie.

21 août 1998, bureaux du SGR

- Asseyez-vous cher ami, asseyez-vous Stanislav Yegorovich !

- Votre Haute Noblesse.

Le comte Ilyin Milomir Nikitovich, directeur, maître et despote du SGR, n’en répondant qu’à Sa Majesté le Tsar. Imposant personnage, aussi rond que raffiné dans son costume italien de grand prix, portant en évidence son énorme décoration de l’Ordre de Saint-Vladimir, le bonhomme en imposait, dans son bureau plein de belles boiseries, de tableaux coûteux, et quand il se leva pour servir à Yegorovich un verre de cognac tiré d’une carafe de cristal de baccara, ce dernier était plongé dans une inquiétude qu’il tentait de cacher. Oh, en théorie il devrait recevoir des félicitations. Le succès qu’il avait remporté face à ces anglais, le démantèlement de tout un réseau d’espions qui avait été jusqu’à pénétrer au sein même du SGR… Grosse affaire, succès considérable. Mais justement, les accomplissements de l’ennemi, sa pénétration au sein de l’appareil d’état… N’allait-on pas en faire peser le blâme sur quelqu’un ? En buvant son cognac Stanislav se remémorait cet ancien adage russe « le cosaque qui charge trop loin finit hors de son camp ». N’avait-il pas jeté un plein seau de merde sur ses supérieurs… n’allait il pas…

- Point de formalisme Stanislav Yegorovich ! C’est un bon jour pour vous, ça oui. Quel succès ! Vous êtes blond comme un ange et vous êtes l’ange du SGR en l’occurrence. Ce réseau démantelé… Ce George Buntley bien au froid dans nos geôles… Sa Majesté en a eu vent je peux vous le dire, lu votre dossier, émis des appréciations… pas comme ce mauvais sujet de Grekov Valentinovich…

Le directeur adjoint du SGR. Enfin ex directeur, vu le ton de l’autre. Et probablement aussi « ex vivant » et « actuel locataire d’une fosse commune ». Tout le monde savait très bien et très précisément ce que le directeur comte Nikitovich entendait par « mauvais sujet ». Stanislav déglutit, avalant difficilement son cognac, pourtant absolument excellent.

- Je suis… très honoré…Votre Haute Noblesse, que Sa Majesté et vous-même daigniez m’accorder quelques mérites.

- Un peu plus que ça ! Un peu plus que ça ! L’annonce se fera en grande pompe devant tous vos collègues et une partie du bureau central, mais… mon cher Yegorovich, vous voici, je vous le dis, Sa Majesté, oui Sa Majesté vous le dit, directeur adjoint !

Yegorovich faillit en renverser son cognac par terre. Mais il en but prestement un second verre entier. Directeur adjoint ! Les responsabilités qu’il allait avoir, les heures supplémentaires, les contraintes… Mais aussi le traitement, les avantages en nature, le pouvoir… Tout le monde savait que le comte Nikitovich était aussi despotique que peu intéressé par les détails, qu’il lorgnait sur une fin de carrière tranquille et une luxueuse retraite, que… Vu son âge avancé cela voulait aussi dire que dans quelques années… Le SGR, Yegorovich était bien placé pour le savoir, était une puissance colossale, un Léviathan au sein de l’appareil d’état, un monstre administratif aux agents placés absolument partout, des dossiers sur le moindre chat de Moscou disait-on non sans raison…

- C’est… pardon Votre Haute Noblesse mais… je dois dire c’est… je n’ai que quarante ans, je suis d’un sang peu élevé, je… c’est…

- C’est parfaitement mérité puisque c’est Sa Majesté qui le dit Stanislav Yegorovich ! Bon cela étant dit… avant toute chose, oui avant toute chose, j’ai quelques instructions, quelques secrets dont il faut que vous soyez urgemment informé….

1er janvier 2003, Chez Joshua

L’ouvrage était magnifique. Il s’agissait d’une reproduction libre du Bestiaire d'Aberdeen, qui datait de 1550. En connaisseur plus qu’avisé, Yegorovich promenait son doigt sur la reliure avec une délicatesse extrême. L’illustration de l’éléphant, toute de tons ocres et ors venait s’adjoindre la fantaisie d’un serpent écrasé aux pieds du pachyderme, figure qui pour classique qu’elle était se voyait là représentée d’une façon sublime. Et le texte… la formation patiente des lettres, on en devinait presque le travail à la bougie, les longues heures de patience et d’efforts, la figure usée de l’artiste… Magnifique.

- Combien ?

La voix de Yegorovich était devenue sèche. Il ne restait plus rien du jeune homme d’antan. A quarante-cinq ans dont déjà cinq écoulés en tant que directeur adjoint de l’un des services secrets les plus craints au monde, il était habitué à imposer sa volonté et à intimider, même sans aucunement vouloir le faire. Ainsi Joshua Grashet, antiquaire spécialisé dans les ouvrages rares, comptait d’abord annoncer un prix plus à sa convenance mais, décidément mal à l’aise avec ce client qui venait toujours conduit par une limousine noire de haut fonctionnaire impérial, décida brusquement de le baisser.

- Vingt-deux mille roubles, monsieur. Un prix honnête oui vraiment, considérez le travail, considérez…

- Pas besoin de me faire le boutiquier ! C’est en effet un prix très honnête, à tel point que je me demande si je ne me retrouverais pas votre débiteur en acceptant pareil marché. C’est que je connais mes quotes et je sais ce que ce bestiaire vaut, hm. Disons trente-mille, ainsi aurais-je la conscience plus tranquille.

Et ainsi, aussi, on ne risquera pas de se demander pourquoi Stanislav Yegorovich reçoit des cadeaux déguisés de la part d’antiquaires. De se demander pourquoi. De poser des questions. De fouiner. Les renseignements militaires étaient comme des sangsues n’attendant toujours que l’occasion de salir le SGR. Maudits chiens. Yegorovich était porté sur l’honnêteté pas spécialement pour des questions morales mais simplement car il n’avait que peu d’avarice et parce que c’était à la fois plus simple et plus sûr.

- Vous négociez pour payer plus, en voilà un homme singulier !

La voix était chantante, et le russe laborieux, mâtiné d’un étrange accent chantant que Yegorovich identifia comme étant italien, du Frioul peut-être, ou bien plus à l’Ouest ? Cette façon de jouer avec les syllabes... Il se retourna lentement, s’agaçant de ne pas avoir entendu approcher la nouvelle venue. Puis il eut un petit raté. Au milieu de la grisaille moscovite et des complets veston qu’il avait fréquenté toute la matinée, des regards cauteleux et intimidés du vieux Joshua, cette trentenaire tranchait. Vêtue d’une longue mais légère robe blanche, malgré la saison, une crinière noire de jais cascadait jusqu’aux reins tandis que ses traits fins et déliés servaient d’écrin à de magnifiques yeux d’un vert doré, qui contrastaient délicieusement avec le teint mat de la méridionale égarée. Quant au châle de couturier qui enveloppait son cou et ses épaules, il ajoutait une touche de distinction par ailleurs bien inutile devant un tel tableau. Il fallait trouver quelque chose à dire.

- Pas moins singulier qu’une milanaise à Moscou, mademoiselle.

- Mais ! Comment savez-vous donc, monsieur, que je suis milanaise ?

- Ah mais c’est qu’il y a votre accent, qui m’indique plus clairement qu’une carte d’identité que vous venez du nord de l’Italie, quant à Milan, voyez-y une bonne dose de chance.

Content de son succès comme un gamin, le Stanislav. Certes il parlait quatre langues et il avait suivi pendant sa carrière d’innombrables formations internes du SGR sur les accents européens mais tout de même, tout de même.

- Vous êtes un sorcier, monsieur, fit-elle en riant.

- Je ne suis guère que Stanislav Yegorovich et aurais-je des pouvoirs magiques que je les emploierais à deviner ce que vous faites dans notre froid pays, mademoiselle…

Pays dont vous ne pourrez, a priori, plus jamais ressortir, se dit-il in peto. Mais la chose ne fut pas prononcée, pas dite ouvertement, planant dans l’air. Elle savait qu’il avait à cela a l’esprit, et lui était en son for intérieur aussi horrifié, soudain, que s’il avait vu un magnifique oiseau en cage, quand bien même il contribuait chaque jour à soutenir l’absurde politique de confinement du régime tsariste.

- Francesca Papiano. Je suis sculpteuse, mais quelque peu amoureuse des beaux livres également. A vous monsieur, seriez-vous traducteur ou espion percer si facilement les gens à jour ?

Ce n’était pas vraiment une réponse. Mais ce mystère rendait la femme d’autant plus fascinante, et pas un instant l’homme de l’ombre n’eut cependant l’habituelle réaction méfiante et suspicieuse qu’une étrangère esquivant ses questions aurait dû susciter. Yegorovich jeta un œil discret à Joshua. Ce dernier avait intérêt à se garder de tout commentaire stupide. Cela faisait longtemps que le russe ne s’était pas senti aussi réveillé, aussi plein de vie qu’en cet instant, face à cette femme venue d’un pays lointain. Mais, à sa satisfaction informulée, l’autre leur tournait le dos et rangeait quelque chose sur une étagère, abandonnant l’idée de poursuivre la transaction dans l’instant.

- Je m’occupe d’études internationales, mademoiselle Papiano, les langues font partie de mon domaine si je puis dire. Mais dites-moi, sculpteuse, c’est incroyable ! Saviez-vous qu’à peine à deux cent mètres de là où nous sommes, il y eut un collège de sculpteurs qui, sous Pierre le Grand, représenta une centaine de boyards en train de charger, les flammes sur les talons, dans une œuvre remarquable de précision et de détails qui demeure encore aujourd’hui ? Le Feu de la Volga, que cela s’appelle ?

- Décidément ! Oui j’en ai entendu parler, et je comptais précisément m’y rendre après avoir conclu mon affaire ici. Sauriez-vous le chemin…

- Chère mademoiselle Papiano, considérez moi comme votre guide.

26 décembre 2003, Eglise Saint Joachim, Moscou

Que de manœuvres pour arriver là. Si les orthodoxes, contrairement aux catholiques, permettaient le divorce et le remariage, on avait jamais vu accorder si promptement l’autorisation, non pas au bout de six ans, mais au bout de quelques mois seulement ! C’était la première fois que Yegorovich utilisait son pouvoir à des fins strictement personnelles comme le faisaient pourtant tant de hauts fonctionnaires et dignitaires, et utilisait à ce point les ressources du SGR et la terreur qu’il inspirait pour forcer tant de mains. Et si les mains furent forcées, ce n’était pas sans hurlements réprobateurs. Même le directeur s’en était mêlé, et il avait fallu des trésors de diplomatie, mais aussi une bonne dose de persuasion à la limite de la menace – il était, après tout, le successeur désigné de l’autre à la tête du SGR et savait tant et plus sur tout le monde y compris sur son supérieur – ainsi que le rappel de son absolue intégrité pour qu’on le laisse agir à sa guise.

Et même alors il avait fallu trouver par les biais les plus douteux un prêtre qui accepte de célébrer un mariage aussi douteux. Et s’assurer de la non-ingérence de la famille de son ex-femme, qu’il avait fallu à la fois soudoyer et à la fois intimider. Il jeta un coup d’œil à Francesca, si merveilleuse dans sa robe blanche qu’il n’en pouvait plus d’attendre pour la lui ôter. Il était fou. Tout cela était fou. Depuis l’antiquaire ils ne s’étaient plus quittés et n’avaient cessé d’être en totale communion tant de corps que d’esprit. Et puisqu’il aurait été à la fois humiliant et indigne d’eux de vivre cachés, indigne de Francesca surtout, bien que sa propre fierté – qu’il avait lui-même été surpris de trouver si forte – ne pèse pas pour rien, il y avait eu la révolution. Au bout d’un mois de liaison la décision était prise. Sa femme jamais aimée ? En une nuit, quasiment répudiée, en tout cas éjectée de la demeure dans des termes qui quoique dénués d’agressivité étaient très explicites.

Puis sept mois pour divorcer – surtout à cause de l’Eglise parce que pour ce qui était des fonctionnaires civils, ils avaient appris à redouter les hommes en imperméables noirs et à ne pas faire de difficultés inutiles – et six autres mois pour obtenir et organiser le remariage. Pas que Francesca ou lui attachent la moindre importance au mariage, mais il était absolument impensable pour un responsable de son niveau d’importance, à si peu d’échelons du Kremlin, de vivre sans être marié, dans la société tsariste, ou en tout cas s’il avait bravé les conventions à ce point, on ne lui accorderait sûrement pas la direction du SGR d’ici deux ou trois ans, et peut-être y aurait-il eu des conséquences plus sérieuses encore.

Quel dédoublement de personnalité, tout de même. Quand il travaillait il était toujours ce même impitoyable bonhomme des services secrets, froid comme la glace, sec comme le calcaire, ambitieux, carriériste et morne. Mais en dehors, dans ses moments privés, avec Francesca, il était redevenu ce jeune étudiant russe plein de rêves, captivé par les contes, par la musique moderne, par les audaces improbables et les songes un peu fous. Elle était audacieuse, elle-même, en diable. Des projets fous elle en avait sans cesse, tantôt un plongeon dans la Volga quand la chose avait de bonnes chances d’être mortelle, tantôt elle l’entraînait dans une peinture des murs de leur chambre, nus et munis de leurs mains en guise de pinceaux… Il n’avait, jamais, à bien y réfléchir, été aussi heureux.

Pourtant moult choses demeuraient inconnues de lui. Par exemple pourquoi était-elle en Russie ? Sans aucun espoir, a priori, de quitter le pays ? Elle avait donné une explication aussi vague qu’embrouillée – très mauvaise menteuse, il l’avait remarqué tout de suite – à propos d’un voyage et d’une méconnaissance de la législation… Absurde ! Pourtant, leur seule dispute sérieuse, qui avait tourné à l’envoi d’assiettes et aux hurlements, avait eu lieu quand il avait insisté pour savoir ce qui l’amenait en réalité. Et il avait provisoirement renoncé. Lui, le directeur adjoint du SGR, lui le terne et inflexible Stanislav. Comble du manque de professionnalisme, il n’avait pas osé faire enquêter sur elle, et même… comment avait-il pu faire ça… il avait menti au directeur, en inventant une histoire et en fabriquant des éléments pour la crédibiliser. Une fois seulement auparavant dans sa carrière il avait gravement transgressé les règles en détournant des fonds, une fois. Mais l’opération était très peu risquée, facile et les circonstances du moment… En revanche ces mensonges éhontés et mal planifiés, cette addiction à cette femme…

Folie ! Folie ! Qui tournerait mal, indiscutablement ! Pourtant il était hors de lui-même. Et puis son instinct lui disait qu’elle fuyait quelque chose. Quand le sujet était évoqué, ses yeux s’assombrissaient imperceptiblement et sa démarche se raidissait. Et c’était encore l’hypothèse la plus probable, car il fallait, quand on était un européen de l’ouest libre d’aller et venir, être désespéré pour passer les murs… Et supporter les créatures surnaturelles… et là aussi il y avait à dire sur le comportement de Francesca. Elle n’était pas intimidée ou inquiétude de leur présence si visible en Russie, et lui avait plus d’une fois parlé des fées magiciennes de la campagne italienne. Il était assurément informé de leur existence et savait bien, vu sa position, que le surnaturel existait partout. Mais pour autant elle évitait soigneusement les sujets ayant trait à la magie et aux forces occultes, aux créatures. Attitude commune pour un bon citoyen russe se sachant écouté, mais pas dans l’intimité, surtout qu’il s’agissait de toute évidence plus d’une façon d’éviter un sujet dangereux que d’un malaise irraisonné.

Folie, là encore, que d’accepter pareille situation de flou. Et pourtant. Il était là. En grande tenue de marié, Francesca à ses côtés. Le mystère l’excitait et l’inquiétait mais renforçait la passion absurde qu’il vouait à cette femme. Créature de papiers et de manipulations, formé à tuer quoique faisant faire plutôt que faisant, il était devenu aimant, aimé.

Il y eut la musique, il y eut la formule rituelle, quelques timides applaudissements. Ses parents étaient là, jetant des regards mauvais à Francesca, mais convaincus après des heures de dispute. Quelques amis moscovites de l’italienne aussi, notamment un autre pseudo artiste bellâtre pour qui Yegorovich s’était pris d’une violente suspicion presque immédiatement. Et puis le moment du baiser. Tout était beau, rose, tendre, tout était heureux.

Un bruit, soudain. De verre cassé. Yegorovich lève les yeux. Un vitrail ? C’est un vitrail qui a explosé ? Par réflexe, il veut se saisir de son arme de service – même dans sa position et même homme de bureau il est un membre des services secrets – mais il ne l’a évidemment pas ce jour-là. Puis quelque chose ? Quelqu’un ? Une silhouette passe par le trou du vitrail, une chose, un humain mais… avec des ailes ? On hurle. La chose fond sur les mariés. Yegorovich jette Francesca derrière l’autel, il s’interpose. Un coup, si vif qu’il ne le voit pas, une douleur à couper le souffle, ses côtes se brisent, il est expédié contre un banc, il saigne mais il rampe, il hurle nom de Francesca.

La chose aux ailes n’en a plus, des bras nus. C’est un homme. Un homme vêtu d’un extravagant, absurde, ridicule costume trois pièces tout en nuances de rouge et de carmin. Les déchirures énormes sous les coudes renforcent l’impression clownesque qui se dégage de ce bonhomme aux longs cheveux roux. Il attrape Francesca, il la soulève d’un geste, elle sonnée, à moitié inconsciente. Yegorovich se lève tant bien que mal, il se jette sur l’agresseur, mais cette fois la sanction est plus violente encore et il sent un os se briser. L’autre le regarde, un sourire déplacé de mauvais garçon au visage. Il sort d’une de ses poches un petit couteau de chasse, lentement. Puis, tranquillement, comme on roule du tabac, il égorge Francesca. Le sang éclabousse l’autel, la robe blanche devient poisseuse d’écarlate. Yegorovich hurle de rage et d’incompréhension. L’autre le regarde avec à nouveau ce sourire ironique. L’Homme en Rouge. Puis, tranquillement encore, toujours avec la même nonchalance, il soulève le marié. Et il le poignarde. Une fois. Deux fois. Trois fois. Encore.

Stanislav Yegorovich s’effondre, le sang se retire de lui, la vie. Il s’écoule quelques instants, pendant lesquels un feu commence à se déclarer. Il meurt alors que l’Homme en Rouge prépare l’incendie de l’église Saint Joachim.

Puis des murmures. Douleur ? Mais comment peut-il avoir mal puisqu’il est mort ? Des images incompréhensibles dans sa tête. Un dragon noir qui survole un champ de bataille et jette des boules de feu bleues sur des chevaliers en armure. Le même dragon qui est prié par des cultistes en robe, toujours lui qui indique à des alchimistes comment préparer la pierre philosophale. La douleur est pire que celle causée par le poignard mais aucun son, aucun mouvement qui trahit la vie. Il sent quelque chose d’indicible, de visqueux, de reptilien, pour tout dire, s’introduire en lui. Il se sent violé, pénétré, sali. Sensation poisseuse dans ses poumons, dans ses bronches, un fluide noirâtre coule de sa bouche. Puis, brutalement, comme une explosion atomique, une autre conscience, dans sa tête. Les voix parlent.

Zirnitra ? Une vie nouvelle s’écoule en lui, mais le choix lui est laissé. La veut-il ? Le feu commence à crépiter et les flammes se font vite pressantes et hautes. L’Homme en Rouge n’est plus en vue, et son image s’impose à Yegorovich. Oui il veut vivre, oui ! Tuer, massacrer, déchiqueter la chair ! Des images de sévices et d’atrocités lui viennent à l’esprit et bien plus qu’il n’en aurait pu rêver. Il veut vivre pour les perpétrer contre l’Homme en Rouge, il veut comprendre, il veut savoir ! Francesca, Francesca ! Il n’écoute pas la voix de Zirnitra, il rampe vers elle, il la prend dans ses bras, il gémit comme un chiot mais va de mieux en mieux à mesure que sa résurrection s’opère, il ne comprend pas, il est ailleurs.

Il faut fuir mais il faut aussi rester avec elle. Zirnitra, le nouveau venu dans sa tête, prend le contrôle, impose sa volonté à l’esprit brisé. Bouger. Yegorovich, sa conscience altérée, sort de l’église. Une bouche d’égout. Les égouts moscovites, labyrinthe de ténèbres menant sur d’inextricables dédales de métros, de bunkers et de voies abandonnées. Il se jette dedans. Il marche. S’effondre, loin. Pleure des larmes de rage.

22 septembre 2008, Tour Toplov, Appartement 2B

- Mais… mais… pas possible… tu peux pas être vivant… disparu… !

Sourire froid. Yegorovich sifflotait, macabre, contemplant le petit homme ligoté sur sa chaise.

- Oui, depuis dix ans. Je vais t’expliquer mon cher Viktor. Tu vois, il y a eu mon mariage. Un beau mariage. Avec ma femme italienne, celle dont tout le service ricanait. Qui m’avait tourné la tête, hm ?

- Pa… pa… pas moi… puis… je suis plus… plus dans le service je, je suis dans le privé maintenant, je…

- La ferme Viktor Jankelev ! Écoute-moi, écoute-moi bien. Tu la veux la vérité pour te sortir de l’incompréhension ? J’ai eu un invité inattendu ce jour-là. Un type, tout vêtu de rouge, comme un clown, longs cheveux roux, maniant joliment le couteau, qui l’a tué, ma femme, et m’a tué moi.

- Tu… t’a tué… mais… OH PUTAIN !

Des écailles noirs commencèrent à émerger, à couvrir la peau nue de Yegorovich sans pour autant déchirer ses vêtements, s’arrêtant là où il le souhaitait quand bien même l’effort de volonté pour les faire se manifester si précisément était douloureux au possible.

- Eh oui. Je suis devenu un surnaturel. Qui l’eut cru ? Un dragon, un putain de dragon vit en moi, incroyable hein ? Dix ans. Oui ça fait dix ans que je suis lui et qu’il est moi. Pas facile, ces dix années. Pour l’argent c’était assez simple. Ma seule malhonnêteté en toutes ces années de service ! Un jour on tombe sur un fond secret, un fond secret d’une filière allemande, chez nous, ici, moi et Vassily. Et tu vois c’était à la période Loboski. Tu te souviens du gros Loboski ? Arrêté et déporté pour trois fois rien, une obscure histoire dont je n’ai jamais su le fin mot. Alors je me dis… Yegorovich, tu connais la politique du service, tu sais comme les gens peuvent disparaître très vite dans les parages. Si tu avais une alerte un jour, si tu venais à déplaire à quelque courtisan, à quelque connard de haut noble, ça ne serait pas utile d’avoir un petit magot pour disparaître ? Alors j’ai escamoté une partie de ce trésor et j’en ai gardé une partie en or et une partie en roubles. Ni vu ni connu, mais une grosse quantité d’argent bien à l’abri. Sans jamais cependant cesser de servir la patrie, sans jamais en profiter, sans jamais faire autre chose que cela, comme une assurance tu vois. Tu vois n’est-ce pas Viktor Jankelev…

- P… pourquoi tu me dis tout ça… bordel tu es un surnaturel !

- Oui tu l’as déjà dit, deux fois. Mais écoute la suite, la suite est croustillante. Assuré d’avoir ce magot caché et introuvable je ne bouge pas une oreille. C’est que vous aviez des gros doutes. L’église avait beau avoir brûlé, difficile d’identifier les corps. Si j’étais encore vivant ? Et puis étrange toute cette affaire, très étrange. Tu penses, j’étais directeur adjoint alors dieu sait que je savais ce que j’aurais fait à votre place ! Donc je me suis terré pendant que vous cherchiez à savoir si j’étais encore vivant, pendant que tout était retourné. Pas facile de survivre en se planquant dans les tunnels, parmi les sans-abris, les rats et les horreurs en tout genre. Pas facile. Au bout de deux ans de ce régime je me décide à sortir, très prudemment. Je vais voir un ancien contact, puis un autre, des gens que je tiens, sur qui je sais tout, que je tiens absolument. Alors me voilà avec une planque, une vraie. Je n’en sors pas pendant des années encore. Je sais l’efficacité de nos services vois-tu. Les banques de données des « indéterminés », comme on appelle les personnes dont on ignore si elles sont mortes ou pas, s’effacent au bout de cinq ans, hm ? Donc j’attends cinq ans. Et encore un avant qu’on me fasse savoir que l’enquête sur ma « mort » est classé et que je suis au compte des brûlés. Je crois qu’ils m’ont confondu avec mon père, mais peu importe. Les quatre années suivantes ? Une fausse identité, vois-tu. Barbe rasée, nouvelle coupe, et un métier, conseiller financier. Je paie des impôts, même, figure toi ! Avec une société ! Il a fallu toute mon expertise, et toute l’expertise de Nina – tu connais Nina, notre pirate informatique que Dimitri a eu l’idée saugrenue de virer mais qui est aussi avide de pognon que discrète – pour monter tous ces faux formulaires, placer l’argent pour qu’il fasse des petits et ainsi de suite. Mais me voilà. Ivan Drogloff, conseiller financier. Dix ans se sont écoulés. Tout le monde m’a oublié. Je n’existe plus. Mais moi, je n’ai pas oublié.

Un silence. Long silence, tandis que l’autre tremble de tout son corps. Il veut s’illusionner, ne pas se l’avouer, mais si on lui raconte tout ça c’est que lui-même ne pourra plus le raconter ensuite.

- J’ai posé des questions. Retourné des tripots. Agité des vieilles connexions, parlé à ceux qui ne risquaient pas de me trahir, tué certains. L’Homme en Rouge. Un Oiseau de Feu. Puissant ça oui, apparu d’on ne sait où dans les milieux criminels il y a douze ans, à peu près en même temps que quand Francesca est arrivée dans notre beau et grand pays. Un tueur à gage mais surtout un espèce de conseiller, en meurtres. On ne sait pas trop, le personnage est flou, difficile. On le retrouve à divers endroits, à divers moments, et il semble n’avoir guère de soucis pour passer la frontière en fraude ! Mais… que n’ai-je appris, il y a quelques jours ? Il avait un informateur chez nous ! Au SGR ! Tu y crois ça ? Ce sur quoi cet informateur informait, le pourquoi, le comment… impossible à dire. Mais quand même. Ma source, un type qui a très brièvement côtoyé l’Homme en Rouge – on ne lui connaît pas d’autre nom à cet oiseau là – a vu l’informateur une fois. Et l’informateur… il zézaye et il a une cicatrice sur l’oreille droite. Dis-moi… est-ce que ça ne te dirait pas quelque chose…. ?

A mesure que Viktor Jankelev tremble et se pisse dessus, son teint devient aussi pâle que du lait, faisant ressortir la ligne rosâtre de la cicatrice sur son oreille droite, tandis que les zézaiements incontrôlés explosent dans son phrasé, en dépit de tous les exercices d’orthophonie qu’il a pris au cours de sa vie. Il se pisse dessus, oui, car son hôte indésirable vient de sortir une mallette pleine de petits outils. Marteaux. Scie à bois. Chalumeau.

- Tu vas me dire, mon cher Viktor, qui est cet Homme en Rouge. Oh ça oui. Tu vas me dire ce qu’il te payait pour lui dire et tu vas me dire où je pourrais le trouver.

L’autre n’a pas l’air très chaud. Mais il le devient bien vite un peu plus quand la flamme du chalumeau lui crame les couilles et que, malgré son bâillon, il arrive à produire un son propre à terrifier le plus endurci, tandis qu’un abominable mais étrangement agréable odeur de viande grillée envahit les lieux. Yegorovitch, lentement, retire le bâillon.

- Je vais parler, je vais pa p parler…. !! Arrête ! Son nom… je sais pas si c’est le vrai mais il s’app… il s… ar

Sous les yeux impuissants et exorbités de Yegorovitch, l’autre fait une crise cardiaque. Ou ce qui pourrait passer pour une crise cardiaque si, alors qu’il il y a les convulsions et le gémissement de douleur, les oreilles de la victime ne laissaient pas échapper une fumée verdâtre. En un clin d’œil, il s’effondre. Statufié, Yegorovich reste d’abord complètement insensible et muet. Puis il pousse un hurlement de rage.

Ou plutôt, il essaie. Soudain, des écailles noires sortent de sa peau, lui couvrent la bouche, dont aucun son ne sort. Et, dans sa tête, une voix.

* Un hurlement dans ce… clapier à humains, attirerait l’attention… d’autres couineront, d’autres souffriront. Ta quête est celle de la souffrance et de l’épopée vengeresse, des larmes et de la haine, avec un soupçon de sorcellerie, comme en témoigne le maléfice sur notre petit ami… Et c’est pour ça que je suis venu, c’est ce qui me divertit, ce qui me plaît, petit homme. Alors pas de stupidités…

Et la voix de s’éteindre. Il était rare que la voix du dragon s’exprime aussi nettement. Le dragon était davantage un voyeur. Un observateur silencieux qui se délectait de la tragédie que vivait son hôte. S’il se fondait de plus en plus dans l’humain, si Yegorovich peinait à distinguer certaines émotions, certaines choses que l’autre pensait de ce que lui pensait, ce genre d’injonctions, non ce n’était pas fréquent. Et au final pourquoi y en aurait-il eu ? Déjà il sentait confusément que le dragon faisait sienne sa haine de l’Homme en Rouge et que lui, Yegorovich, faisait sienne la rouerie et le goût des ombres de Zirnitra. Oui, le petit oiseau pouvait bien ensorceler ses associés, ou le faire faire par un de ses affidés, Yegorovitch lui mettrait la main dessus. Et Zirnitra, lui, se délecterait de toutes les aventures et de toutes les rencontres qu’ils feraient en chemin, surtout celles destinées à finir mal. Et ensuite… bah, il avait tout le temps du monde pour y songer. Il ? Lui… ou lui ? La distinction était parfois si difficile…  

Quelque part à Moscou, temps présents

- Alors Ivan Drogloff, ces comptes ?

- Parfaitement en ordre monsieur Valeskof, comme toujours. Je vous ai envoyé une copie du rapport d’expertise pour l’immeuble de la rue Mochelski.

Andrei Valeskoff. Truand. Mafieux puissant et habile. Pervers. Et l’actuel client du conseiller financier pas trop regardant qu’était censé être Stanislav Yegorovich, alias Ivan Drogloff. Avec sa carrure de colosse et ses airs de boucher, il avait exactement la tête de son emploi. Pour autant il était très malin et disposait de connexions redoutables et le fait qu’il ait passé au crible la fausse identité de « Drogloff » sans la percer à jour témoignait bien des falsifications qu’avait su opérer la hackeuse qui travaillait pour Yegorovich et les autres magouilleurs de haut vol qui l’avaient aidé à disparaître. Il aurait certes pu connaître de vue le directeur adjoint du SGR mais ç’eut été très improbable, car contrairement au directeur, personnage public, le directeur adjoint lui était un homme de l’ombre.

Et puis pour parer à toutes les éventualités Stanislav s’était fait opérer chirurgicalement. Pommettes rehaussées, changement d’écart des yeux, changement de nez, il avait désormais un visage plus dur, plus carré, plus robuste. Il ressemblait certes à son ancien lui, mais pas plus qu’un frère ou qu’un parent quelconque, et seul une connaissance très proche aurait pu discerner le contraire. Et Andrei n’était certes pas encore une connaissance très proche, même si Yegorovich travaillait à ce que la devienne le cas. C’est qu’il avait obtenu une information, une information décisive et capitale. C’était ce type, ce mafieux, qui avait fait plusieurs fois entré et sortir l’Homme en Rouge de Russie, en évitant les formalités officielles, et les deux hommes étaient encore en contact... Alors, il aurait pu tenter de le capturer et de le torturer malgré les risques accrus par la protection dont jouissait ce chef de la pègre, mais rien ne disait que le bonhomme n’était pas envoûté comme ce pitoyable Viktor, dont le cerveau s’était autodétruit dès qu’il avait pensé à balancer l’ennemi de Stanislav. Il fallait donc être plus fin. De fait les recherches de Yegorovich avaient toutes conduites vers cette idée, ce n’était pas tant que l’autre ait parlé de l’Homme en Rouge mais qu’il ait su qu’il le trahissait quand il en parlait.

Lui, Yegorovich, allait gérer les affaires légales de ce mafieux – dieu sait qu’il  en avait fait, de la fiscalité, quand il était directeur adjoint, avec force formations – et s’en rapprocher, jusqu’à ce qu’ils soient comme cul et chemise, devenir un élément de son organisation, un conseiller écouté et pas seulement fiscal. Et alors, tôt ou tard, au détour d’une conversation, en fouillant des documents, en interrogeant, il tiendrait enfin de quoi localiser et abattre l’Homme en Rouge. Ou bien la chose arriverait d’une autre façon et il aurait joué au criminel avec ce type détestable pour rien. Qu’importait.

- Excellent ! Ma femme m’attend, je te laisse. Crois-moi, avec elle les choses ne sont pas souvent… « en ordre comme toujours, monsieur Valeskoff » ! Un vrai dragon !

Eclatant d’un rire gras, l’autre s’en alla en claquant la porte. Dans l’esprit de Yegorovich, un rugissement de dragon, de vrai dragon, tandis qu’il dut réprimer la pousse d’une petite écaille noire sur sa main gauche. Zirnitra non plus n’aimait guère le gros Valeskoff, démontrant l’étrange proximité que leurs goûts commençaient à se trouver…


  Ven 10 Mai - 20:21
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QUEL HOMME. LE VAVA EST OUF. Yegorovich, l'éveil du dragon 488847182
J'attend d'en savoir un peu plus. bounce
T'ES LE BIENVENU PARMI NOUS, et je viendrais stalk un peu ta fiche huhu. Yegorovich, l'éveil du dragon 1686762583
  Ven 10 Mai - 20:23
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Arsenia Savina
YOU WILL HEAR MY LEGEND
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TROP PEU LA.
JE REVIENDRAI PLUS TARD.
(mais je t'aime quand même, surtout avec ce vava de fou Yegorovich, l'éveil du dragon 488847182 )
  Ven 10 Mai - 20:58
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Ouh, ça sent bon la haute société, dans le coin.
Divin choix d'avatar Yegorovich, l'éveil du dragon 290853227
Courage pour le remplissage ! Yegorovich, l'éveil du dragon 3916280402
  Ven 10 Mai - 21:00
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Ooooh un presque homonyme ! Je suis d'accord avec les collègues, on veut en savoir plus ! Bienvenue à toi et bonne chance dans l'écriture de cette fiche ! Yegorovich, l'éveil du dragon 1095273054
  Ven 10 Mai - 21:23
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Merci pour votre accueil cheers
  Ven 10 Mai - 21:48
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Isild Lolkova
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Maaah cet acteur bon diou ! Yegorovich, l'éveil du dragon 488847182

Bienvenue par ici avec cette bestiole qui défonce tout ! Yegorovich, l'éveil du dragon 1737321794

Amuse-toi bien avec ce personnage de malade. Et n’hésite pas à venir asticoter le staff si besoin est Yegorovich, l'éveil du dragon 2696082875
  Ven 10 Mai - 21:57
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Esfir Lolkova
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Esfir Lolkova
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Yegorovich, l'éveil du dragon 1095273054 Bienvenue par ici toi!
Tu sais que tu es à croquer? Yegorovich, l'éveil du dragon 290853227 Yegorovich, l'éveil du dragon 960012781
  Ven 10 Mai - 22:36
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Invité
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mah. je suis tristesse. ça aurait fait un bon camarade à igor  Yegorovich, l'éveil du dragon 2065858934
faut qu'il arrête de trainer dans la boue et reprenne ses titres Yegorovich, l'éveil du dragon 1728191175
bienvenue Yegorovich, l'éveil du dragon 1536761506
  Sam 11 Mai - 9:59
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Alyosha Kourakine
MONSTER UNDER YOUR BED
Alyosha Kourakine
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Je confirme, l'avatar est génial !
J'espère qu'on pourra se trouver des petits liens Yegorovich, l'éveil du dragon 1686762583
  Sam 11 Mai - 11:22
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Alasaïas Schneider
YOU WILL HEAR MY LEGEND
Alasaïas Schneider
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tu es validé !
bienvenue !

Félicitations ! Tu viens d'être officiellement validé, voilà qui nous mets en joie !

Je suis super contente de t'avoir ramené par ici mon cher, c'est un plaisir de découvrir ce personnage sous tes mots après ces quelques obstacles de création, et de voir que tu en as fait un si bel élément, si complexe et travaillé. J'ai hâte de le voir évoluer en rp ; je t'y retrouve Yegorovich, l'éveil du dragon 488847182

Maintenant que tu as obtenu ta charmante couleur, te voilà fin prêt pour entrer dans l'aventure ! Avant toute chose, n'oublie pas d'aller te recenser dans ce sujet. Tu peux ensuite vagabonder sur le forum à ta guise, en commençant par la création d'une fiche de liens. Si tu recherches un personnage particulier, tu peux te rendre du côté des scénarii, ou même aller créer ton propre arbre généalogique pour trouver toute ta petite famille ! Tu peux également aller demander ta récompense pour avoir terminé ta fiche dans le système de points ! N'oublie pas que tu pourras aller en demander, ou en dépenser, tout au long de ton aventure.

Tu peux désormais entamer ton voyage ! Si tu as la moindre question, n'hésite pas à contacter le staff directement. Nous te souhaitons un jeu mémorable au sein de Cult of Hel, et nous te remercions encore pour nous avoir choisis !
  Sam 11 Mai - 18:05
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