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 Twisted. (Yulian)


BOYS AND GIRLS OF EVERY AGE, WOULDN'T YOU LIKE TO SEE SOMETHING STRANGE ?

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YULIAN
&
SASHA
My mother, she told me, "don't get in trouble", My father, he told me he knew I would.
Volent les assiettes à travers la cuisine, détale la domestique innocente qui s’échappe des foudres de la princesse. Amertume sur la langue de celle qui peine à enfouir plus profond encore les sentiments contradictoires, les vides de la mémoire émotionnelle. Jalousie latente non-identifiée qui s’arrache du coeur, papier de verre qui frotte l’organe, le presse contre la cage thoracique avec assurance. « Mada- » La porcelaine se brise contre la porte, avorte toute tentative de raisonner la progéniture impériale. Une main passe dans la longue chevelure rousse, décoiffe la crinière, néglige légèrement l’apparence de perfection ornée de perles et d’une charmante robe bleue. Le son sec des talons finit par indiquer qu’elle s’échappe à son tour de la pièce, qu’elle ne souffrira aucune remarque au risque d’obtenir un regard mortel, tranchant comme une lame de rasoir. La nuit tombe.

…*…

Indocile a laissé Lev derrière elle, tenté d’esquiver la surveillance de l’Assassin Royal. Mains dans les poches, coiffure plus masculine, tête couverte et chemise impeccable sur pantalon noir. Elégance notable de la silhouette qui fuit le palais à pas assurés, suit les ombres avec l’habileté d’une fugueuse invétérée. Kremlin éloigné, tourments du myocarde assassinés, fraîcheur liberté caresse le derme, souffle et apaise. Rancoeur étouffée, passe la porte du bar qui déverse ses senteurs de tabac et d’alcool, extirpe des lèvres un sourire malicieux, une ombre nostalgique de cette époque où chaque semaine lui offrait la grisante sensation d’être plus que ce que la nature avait décidé. Un minois familier lui provoque une hésitation, une crainte faiblarde de rejet qui naît et s’efface presque aussitôt, gèle en son sein sans autre forme de procès. S’accoude au comptoir la poupée déguisée. « Je suis étonnée de constater que t’es encore vivant. » Oeil ambré mutin qui se porte sur Yulian, quatre années écoulées depuis qu’il sait, depuis que la supercherie s’est délitée entre ses doigts. Disparue la princesse, disparu le gamin taquin. Mort trop amoureuse, nature trop entichée des devoirs, couronne écrasante à laquelle tout est sacrifié. Liberté consumée, piégée dans un hiver éternel sous lequel ne subsiste que l’amour inconditionnel pour le père et mille douleurs sur lesquelles aucun mot n’est jamais posé. « Qu’est-ce que j’te sers, gamin ? » « On est en Russie, non ? » Kvas glissé jusqu’à Sasha qui lève les yeux au ciel, Vodka visiblement jugée trop forte pour la constitution apparente. « Comment vont tes démons intérieurs, Letov ? »  
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Yulian Letov
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to get rid of a temptation

you have to yield to it

Regard vide de bon sens, abandonné dans une boîte en carton, une de celle enterre. Regard qui s’échappe déjà, passe sur d’autres idées, survolent les soucis et se perd dans les cadavres de bouteilles oubliées derrière le comptoir. Démons qui se veulent oubliés, versés dans son verre. Sa pupille les regardent se noyer, tournoyant dans un désastre, criant pour du secours qui ne viendrait pas, préférerait les regarder en riant jusqu’à s’en déchirer la gorge.
Personne ne semble rire autour de lui. Si les gens s’explosent la gorge, il ne les entend pas, le visage bloqué sur ses nombreux démons en liberté. Lève la main, demande une autre boisson, une pleine, permet le sentiment de brûlure qui existe dans la gorge de s’accentuer, devient doux et régulier. Pupilles qui se ferment, savourent la lourdeur du liquide dans sa bouche, rêve d’ailleurs, d’une personne avec qui partager la boisson.

Sursaut. La voix qui vibre fait trembler son corps, quelques gouttes s’échappent, s’écrasent sur le comptoir pour être oubliées. Le visage du brun se tourne doucement pour se poser sur la silhouette androgyne. Un petit rire échappe ses lèvres. Souvenir d’une vieille connaissance, d’un trop plein d’alcool qui avait autrefois enflammé son bas-ventre. Les années ont disparues, se sont écoulées sans qu’il ne s’arrête à les compter. Bien sûr Yulian est au courant de ce qu’il s’est passé pour elle, pas pour lui, Sasha n’existe que pour la liberté de la dame, ou le plaisir de ses yeux. «J’aurais pas pu quitter un monde sans te revoir enfin!» Le sourire est joueur sur ses lèvres, une vieille rancune que l’un possède échangée contre celle de l’autre.

La main se resserre sur son verre, comme de peur que ‘Sasha’ tente quelque chose parce qu’on lui refuse. Ironie. Totale et complète lorsque la vérité est connue dans son esprit, donne presque envie de rire. La main de Yul vient gratter doucement son visage, pourquoi ne pas jouer la carte de la panique dans cette situation reste un mystère mais il se sent étrangement à l’aise. «Toujours à gratter dans les coins.» Haussement d’épaules, comme une révélation basique, inutile. Son visage se tourne vers la jeune femme cette fois-ci. «Un félicitation est de mise non?» Le sourire se veut joueur, une pique lancée sans vraiment savoir pourquoi. Une nouvelle mère qui se sauve dans la peau d’un homme durant les nuits. La princesse fuit dans ses soirées pour rejoindre la plèbe qui s’amuse en contrebas. «T’es tombé de ta tour d’ivoire?» Jette un regard aux alentours, comme si quelqu’un lui prêtait attention. Souvenir d’une révélation qu’on lui a balancé au visage.
‘arrête de boire, arrête de croire.’ Pourquoi diable une princesse aimerait passer du temps avec toi?
Ironie des mots lorsque devant lui se tient cette version masculine. «Tu as manqué à la vie de ce bar.» Tu lui as manqué à lui mais ce n’est pas quelque chose à formuler, même pas une complète réalité. Qui a manqué? Aleksandra ou Sasha? Deux entités bien différentes qui ne forment que l’ombre d’une même personne.

Fait glisser le verre pour lui, affiche ce faciès bête en attendant une quelconque réaction.
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  Lun 4 Mar - 2:09
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My mother, she told me, "don't get in trouble", My father, he told me he knew I would.
Les douloureux regrets glissent dans la gorge en même temps que l’alcool, saveur douce-amère des peines enfantines ramenées à la surface, l’évocation de félicitations pique à l’âme, inflige un pénible rappel. On annonce toujours la naissance d’une progéniture impériale, annonce-t-on cependant quand la mère frôle la mort pour offrir la vie ? Elle en doute. Simple réceptacle de sang royal destiné à être vendu. « Par deux. » lâche-t-elle en réponse, les doigts autour de son verre, venant ravaler une nouvelle gorgée, fausse décontraction qui orne en carapace l’attitude de la princesse dissimulée. « T’es tombé de ta tour d’ivoire? » « J’y ai survécu. » Elle en a probablement voulu à son père d’avoir contracté pour elle une définitive alliance dirigeant son avenir mais elle l’aime trop pour se révolter, elle craint trop qu’il soit déçu pour s’échapper. Qu’a-t-elle à lui cacher sinon la faiblesse de sa tristesse ? L’ironie grince dans la bouche de Yulian, écorche de façon méritée l’aristocrate accoudée au bar, anonymat liberté qu’elle retrouve et qu’elle perd à la fois lorsqu’il pose sur elle ces yeux-là. « Tu as manqué à la vie de ce bar. » Silence qui s’étire, billes ambrées qui se baissent sur le contenu du verre, semblent y chercher des vérités passées parmi tout ce qu’elle avait oublié, parmi ce que sa mémoire s’était amusée à décortiquer, écarteler, rendre illisible à la conscience abîmée par l’étreinte glacée d’une Faucheuse trop proche.

« J’ai pas oublié, Yulian. » Le ton est toujours chaud, la voix est toujours agréable, elle n’a pas la froideur méprisante ou le sarcasme grinçant qu’elle use pour d’autres minois qui lui sont moins sympathiques. Elle n’a pas oublié les dérives de la vodka, la chaleur, l’assurance qu’il lui aurait presque donné dans cette proximité avortée, la chemise froissée jetée au feu. « Tu voulais Sasha. Tu cherchais ce que je ne pouvais pas te donner. » Trop jeune, trop inexpérimentée pour assumer jusqu’au bout l’étrangeté de sa situation, l’androgynie effondrée dés lors que les vêtements tombent, dés lors que les tricheries se détachent de l’enveloppe charnelle indéniablement féminine. « Je n’ai pas voulu te tromper ou me jouer de toi. » Trop d’années écoulées sans pouvoir être honnête. Elle s’était volatilisée, elle et son double, son mensonge arboré à l’instant. « Mais c’est pas comme si t’en avais quelque chose à foutre. » Changement de langage, basculement de registre, un peu moins Aleksandra, un peu plus le gamin qui tente de se fondre dans la masse populaire, pourtant incapable de ne pas avoir l’air parfois d’un fils de bonne famille, de petit bourgeois sans doute ou d’aristo paumé préférant la compagnie de beuveries variées. Ambiguïtés en tous sens. Courbes délicieuses d’une pauvre fille goûtées une fois puis Yulian, qui avait manqué craqueler les principes de royauté, pousser la gosse à la faute, à assouvir des envies de découverte, de rébellion, de briser la promesse de sa main en offrant le corps presque lié à un autre. « Un autre, plus fort. » Verre vide glissé jusqu’au barman, exigence qui ne souffre aucun refus, le client est roi. « Tu deviens quoi, depuis l’temps ? »  
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  Lun 4 Mar - 15:31
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Par deux, comme si, comme si un seul ne suffisait pas. Par deux probables héritiers d'un domaine déjà en flammes. Sonne comme une blague pour lui, comme un remord pour elle. Yulian enterre les hommes, ne comprend pas l'amour d'en avoir un. Idée d'un être qui l'aime et qu'il aime. Idée presque ridicule, cupidité maladive de l'être humain. Pour lui rien, pour elle, une obligation. "Double la alors..." Morts murmurés, sonnent presque comme une excuse.
Regard déviant vers le visage fin de la jeune femme. L'emploi des mots possède son importance, emploi violent, quasi regrettable. Le silence enveloppe les deux âmes qui se sondent. "Préviens moi la prochaine fois, que je te fasse un parachute." Survivre lorsque certains se traînent dans la boue des rues dans l'espoir d'avoir un morceau de cargne. Survie différente, plus malsaine, plus interne. Douleur qui se veut effacée et pourtant présentent dans deux yeux ambrés qui attirent les regards.

La phrase sonne dans ses oreilles, bourdons invisibles, parlent au creux de sa corne, s'esclaffent et s'amusent. Le vice d'une ancienne vie, 5 années longues et silencieuses d'une vie aussi impure que ridicule pour les grands esprits. "Oublier quoi?" Joue l'innocence, le ridicule, la stupidité qui était tienne dans une autre vie. Joue la voix soufflée, comme oubliée, qui préférerait s'éteindre que d'exister. Joue le regret non amer, accompagné d'un désir ridicule.
Main qui se resserre sur un verre froid. Sensation étrange contre la chaleur presque maladive de sa peau. Visage autrefois glacial, capable de geler son corps et son esprit. "On n'est pas obligé de parler de Sasha." Lâcher entre deux mâchoires serrées. Un regret existant pour de nombreuses raisons qu'on ne peut se permettre de citer à voix haute. Mais peut-être que lui désire parler de Sasha, de tout ce qu'il avait cru dans ce jeune homme, de la manière dont tu l'avais imaginé. Imagination fertile, travaille mieux lorsque les cadavres ne recouvrent ni les tables ni l'esprit.

Stupide de croire qu'il n'en a rien à foutre. Visage qu'il ne peut retirer de sa tête. Que ce soit celui de l'homme ou de la femme. Peut-être à cause de sa réelle identité. Visage connu du pays, plein d'événements heureux, enfant des puissants. Ou peut-être un visage qui le suit, torture par ses ridicules idées, imagination fertile et propice à de grands dessins lorsque le rideau tombe. Le bras trouve sa place sur le bar pour pouvoir tourner son corps entier vers la jeune femme. "T'es plus un visage d'autrefois à présent." Phrase dénuée de sens mais qui suit son courant de pensées. "Je n'ai pas de haine envers toi." Pas seulement envers toi, envers le monde entier. Haine inscrite dans un corps brûlant.

Difficultés à reconnaitre sa vérité, que le corps masculin qu'elle tend est aussi attirant que les volutes masculines qu'il avait pu imaginé. Pas de mâchoire carré prête à lui dévorer les lèvres. Un visage plus doux, plus fin qui appelle aux caresses et aux attentions. La princesse se tient devant lui, dans un bar où elle ne doit certainement pas avoir le droit de traîner, identité cachée sous un masque. Lève la main, demande un autre verre.

Petit ricanement, ridicule demande pour un homme commun. "Je met toujours les gens sous terre." Visage creux, un métier qu'il apprécie sans savoir pourquoi. "De nous deux je n'ai certainement pas la vie la plus intéressante." Gratte doucement son visage, fait disparaître les soupçons qui résident dans sa tête par une gorgée. "Mais je suppose que tu n'es pas là pour me parler de l'ivoire, Sasha?" Le nom résonne, il ne somme même pas faux, simplement différent.
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  Lun 4 Mar - 21:49
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My mother, she told me, "don't get in trouble", My father, he told me he knew I would.
Morsure au myocarde. Sentiment d’inexistence, fantôme pour un peuple qui pense que le palais n’est qu’aisance et merveilles. Tsar qui aurait pu perdre la gamine, époux qui a couvert la vérité de verbes rassurants. Jamais rien ne s’est passé, n’est-ce pas ? Rien n’a grignoté les bonheurs, rien n’a arraché à la gosse ses rêves d’autrefois. Sans doute aurait-elle mieux fait de rester dans son monde, de celui-ci elle ne fait plus partie, bague au doigt scellant le destin, l’arrachant à ses vagabondages amusants. Erreurs évitées, pas vrai ? Rire amer qui s’échappe. Pas obligés, non. Jamais obligés de rien. Juste d’avancer, de trouver un moyen de ne pas finir entre les quatre planches dont Yulian est si coutumier. Givre, le glaçon se forme au fond du verre, la paume dissimule la faille émotionnelle. Froide est devenue la princesse, condamnée à un royaume de solitude, privée même de l’étreinte de deux enfants qu’elle craint de faire souffrir. « Je met toujours les gens sous terre. » « T’as manqué être engagé par le palais. » Ca tombe, lourdement, sur le ton de la conversation. C’était son nom à lui, qui était marqué sur quelques dernières volontés, caprice outrageant pour Feodor qui n’avait pas compris pourquoi vouloir engager le peuple dans des obsèques royales. Ca l’avait amusée, sur le moment, entre deux souffrances insoutenables, à sentir le peu de forces s’extirper de sa pauvre carcasse malmenée. « J’voulais un gars talentueux. Un cercueil abîmé, ça aurait fait mauvais genre. » Ca pourrait avoir tous les atours d’une plaisanterie, avec ce ton un brin grinçant mais les yeux sont plus sincères que le reste, même quand tout est orné de triche, de l’identité factice. Sasha.

« De nous deux je n'ai certainement pas la vie la plus intéressante. » Un rire dans un soupir, un rire qui n’a pas le temps de vivre. « Mais je suppose que tu n'es pas là pour me parler de l'ivoire, Sasha? » Un non, de la tête, le verre tourne sur la table, entre ses doigts trop fins. L’alliance ne s’y trouve pas, parce que Sasha n’a jamais rien promis à personne, parce que Sasha a toujours eu le choix, le droit de tout. Elle regrette ces années où tout lui semblait neuf et grisant, quand aucune responsabilité ne venait l’écraser. Elle n’est pas vraiment malheureuse, pourtant, elle voit bien dans les rues ce que c’est que la véritable misère, dans les orphelinats ce que c’est que la solitude la plus totale. Elle a une famille, Sasha aussi en a une, en ce père qui accepte tout de ses bêtises, de ses désirs improbables. Sa mère n’en tolèrerait pas le quart, sa mère voudrait qu’elle devienne enfin la jeune femme qu’elle était supposée être à la naissance. Refus perpétuel, tangue en funambule sur les contradictions. « J’voulais seulement m’évader un peu, paraît que c’est humain. Et puisque t’es là, te dire que si t’as des emmerdes un jour, je suis là pour toi. » Pas la charité, simple retour pour d’agréables moments passés. Le verre est à nouveau vidé, le glaçon sonne au fond quand elle le repose sur le bar, paye pour eux deux et se lève. L’agitation ambiante émet de la chaleur, le tout mêlé aux émotions agitées la pousse à mettre les mains dans les poches et sortir, s’appuyer contre le mur de l’entrée, coin miteux quand on connaît le faste de son milieu. Coin plein de vie, pour elle, de curiosités aussi.

La tête contre la surface froide, elle ne peut s’empêcher de soupirer. « Bah alors mignon, t’es tout seul ? » Billes ambrées se posent sur la jolie brune, courbes aguicheuses, trop dénudée par le temps qu’il fait, comme si la Russie l’avait couvée dans un igloo pour lui permettre d’accoster les pauvres mecs solitaires sans crever de froid. Sourire en coin, amusement intérieur de se dire que la donzelle ne résisterait probablement pas bien longtemps si elle ne trouvait pas mâle contre lequel réchauffer ses os. « M'en veux pas mais j’ai pas la tête à ça, ma jolie. » La tête à des souvenirs plutôt qu’à la réalité. Elle passe la porte du bar, Sasha reste à l’extérieur, calme les esprits, éteint les tortueuses pensées qui troublent le contrôle si vital.  
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  Lun 4 Mar - 23:08
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Il s’imagine au palais, entre deux coupes de grandeurs, plongé dans le monde des puissants. Une tache au milieu du beau tableau. Si lui fait tache au sein de la haute, pourquoi Sasha ne fait pas tache à présent? Au milieu d’ivrognes qui se plaignent, regard divaguant, dans le vide, bile dans la gorge depuis toujours. Est-ce qu’elle a la bile dans le ventre elle aussi? Acide, qui plombe non seulement le corps mais l’esprit. Enserre ses mains autour de son verre,  offre un sourire joueur, qui se veut léger alors qu’au fond, sensation étrange de besoin peut-être. «Moi au palais? Nan, tu t’imagines des choses. J’aurais pas fait long feu là-bas.» Il aurait disparu, perdu dans une foule bien trop dense pour lui, bien trop clean sur le papier. Regard qui s’attarde à présent, imagine une vie dorée, sourire vicieux qui s’inscrit sur les lèvres d’un cadavre qu’il a lui même écrasé. Offre ce regard, encore incertain, presque éteint, qui juge, de haut en bas, essaie de savoir si ce ton est jouer ou simplement froid. «Une boite en bois, tu finis de la même façon de toute manière.» Ricanement qui s’échappe, Yulian qui ne défend pas son métier, pas ses vices et ses boites dans lequel il fourre les cadavres, les piétinent et les enterrent pour le plaisir des grandes familles.

L’aveu le touche bien plus que ce qu’il aimerait reconnaître. Bruit aux alentours qui s’éteint tandis qu’il regarde la jeune femme, ombre du passé qui s’efface une nouvelle fois, disparaît comme elle l’a fait auparavant. Désir de lui répondre qui se fane dans la poitrine. Soupirail de l’âme qui s’écrase une nouvelle fois sur un verre qu’est le sien. Encore plein de l’alcool boueux qu’on lui a servi quelques instants ci-devant. Penche sa tête, laisse couler rapidement les dernières gouttes dans l’idée de faire disparaître le verre. Dilemme, laisser partir l’esprit qui est déjà plus loin ou se servir un autre verre, qu’elle vient de payer pour lui. Dilemme qui se meurt rapidement lorsqu’il rabat le col de la longue casaque sur son corps avant de fouiller la foule du regard. Foule nombreuse, dansante, chaude et qui choque avec la froideur du corps qu’il recherche. Peurs qui effleurent son épiderme tandis qu’il chemine vers la sortie, porte déjà entrouverte, laisse passer le corps d’une demoiselle énervée.

Regard qui cherche encore, la cherche elle ou la cherche lui. Palme lorsque l’observation réussie, trouve la figure adossée à un mur. Yulian s’avance, doucement, de peur de faire fuir l’oiseau sauvage. «Tu voulais disparaître une nouvelle fois?» Fait glisser de sa poche un paquet de cigarettes, glisse en une entre ses lèvres étroites avant d’en tendre une à la jolie silhouette, n’accepte pas le refus. «J’aurais pas apprécié, tu sais?» Voix douce, presque drôle, décolle du personnage, de la figure qui se veut fermée et qui est supposée être tyrannique semble bien fragile face aux rêves d’autrefois. «Il y a pas que Sasha qui me manquerait.» Appuie le regard, appuie les sentiments, cafouillage interne, façon de parler presque anodine, comme si les mots qui s’échappaient n’avaient pas cette importance. Croit en soi-même, s’approche un peu plus, vient coller son dos au mur pour être à côté d’elle, tire une taffe sur le tube avant de doubler la fumée avec le froid ambiant. «Quand t’as arrêté de venir, j’ai balancé à quelqu’un que la princesse était passée.» Souffle une nouvelle fois. «On s’est foutu de ma gueule, comme si je disais de la merde.» T’hausses les épaules. «J’avoue que même moi j’ai eu du mal à y croire, t’étais une belle gueule masculine.» Renifle, froid qui perle dans les vêtements. «Comment on peut-être à la fois belle gueule féminine et masculine?» Haussement des épaules, peut-être juste une nécessité de bouger. «T’étais peut-être qu’une fantaisie?» Tourne la tête, cherche le regard de la mémoire, petit sourire joueur sur les lèvres. «T’es pas qu’une fantaisie Aleksandra?»
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  Mar 5 Mar - 10:42
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YULIAN
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Paralysie de l’âme contenue par le geste, la cigarette entre les lèvres, aucune addiction au poison auquel elle ne trouve guère de saveur salvatrice, une piquée de temps à autres pour se fondre dans la masse - préférence pour l’amertume de l’alcool plutôt qu’envers la nicotine. Princesse ne rétorque rien. Petit prince est pris au piège de son propre jeu, ne pensait pas attirer de réelle sympathie, ne pensait pas risquer de blesser. Petit prince démasqué pensait s’effacer aussitôt de l’esprit. Froid sans conséquence sur elle qui paraît en avoir sur Yulian. Elle ne le remarquerait même pas si elle ne le voyait pas bouger ainsi. Glacé est le domaine de son coeur, n’est-ce pas ? « Il y a pas que Sasha qui me manquerait. » « Tu dis des conneries. » Incapacité à répondre quelque chose de plus sincère, plus émotif, façade qui tente de tenir face à des réalités dérangeantes, parce que c’est plus facile de se dire qu’il n’aurait pas touché à la femme qu’elle est, qu’il ne la regarde même pas, qu’il ne voit rien qu’une silhouette à rejeter. C’est plus facile de considérer que nul ne dit jamais vrai à la gamine du Tsar. « J’avoue que même moi j’ai eu du mal à y croire, t’étais une belle gueule masculine. » Prunelles se tournent vers l’homme d’un certain nombre d’années son aîné, se froncent les sourcils. « Comment on peut-être à la fois belle gueule féminine et masculine? » Gênée. Elle est gênée, le cache en glissant une main dans sa poche, en reportant son attention sur ce ciel qui peine à éclore entre les lumières de la ville. Bouffée supplémentaire. « T’es pas qu’une fantaisie Aleksandra? »

Frisson qu’elle fait passer pour le résultat de la fraîcheur ambiante. Pourquoi fallait-il qu’il use ainsi de son prénom ? Pourquoi fallait-il qu’il laisse rouler l’identité réelle sur sa langue comme s’il ne s’agissait pas d’un odieux crime à l’honnêteté qu’il méritait ? « C’est mon père qui m’a tout appris. » finit-elle pas souffler, ton tranquille qui ne dévoile qu’à peine le trouble. « Sasha est autant le fils du Tsar que j’en suis la fille. » Tolérance absolue d’un homme qu’on imaginerait rigide à l’extrême, poigne impitoyable qui mène le pays se fait père véritablement aimé par la progéniture rebelle. « Vous faites pas attention aux détails, vous voyez un ensemble, déterminez le masculin d’un coup d’oeil, le féminin sur des courbes. Suffit d’un peu de maquillage. » Accentuer ou gommer des traits, jouer sur des ombres, véritable costume de théâtre, rôle de composition, moins appuyé à présent, beaucoup plus travaillé lorsqu’il était tombé sur Sasha la première fois, le croquemort. « J’ignore si je suis une fantaisie, tout ce que je sais, c’est qu’on peut pas me désirer. » La clope est écrasée contre le mur d’un geste habile, évite l’extinction par la glace qui menace d’orner les doigts. « J’suis pas quelqu’un de bien, Yulian. » Un vulgaire mensonge pour échapper au quotidien, un manipulateur, une empoisonneuse, tantôt l’un et tantôt l’autre, sans se fixer. « J’suis trompée à la mesure de ce que je trompe mon monde, c’est comme ça. » Son choix aussi, sans l’être vraiment, Marsiliya cachée, victime de l’amour qu’on lui a porté, n’ose jamais en savourer la chaleur de peur de s’y brûler les ailes. Epouse indigne d’un homme qui est laissé à de vulgaires aventures sans lendemains possibles. « La personne que t’as rencontré y’a 5 ans est morte. Y’avait ni souffrance ni conséquences, avant. » Pause, courte. « Et évite de parler d’ça dans un bar, à l’avenir, je sais aussi tirer une balle entre deux yeux. » Sourire malicieux, sérieux pourtant sur le bout de la langue, de celle qui tient à ce que les escapades ne s’ébruitent pas, tête couronnée capable d’étriper pour la préserver, conscience que le paternel n’est pas un ange.  
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  Mar 5 Mar - 15:29
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Rire coincé au milieu de la gorge. Mais rire sans joie, teinté d’une peine réelle, d’une fatigue peut-être de ce comportement qui l’énerve. Il le connaît pour l’avoir utiliser nombreuses fois, cibles différentes, famille, cousin au bord d’un échec permanent, victime de sa vie. Une nouvelle victime de sa vie ici. Victime quotidienne, persécutée, un quotidien forcé au fond de sa gorge, d’une manière qu’elle ne sait plus reconnaître de véritables compliments lorsqu’ils sont étalés sous ses yeux. Douleur logique, qui pourtant décourage son coeur et fait ravaler le reste au fond de lui-même. «Ravale tes conneries. Je dis ce que je veux.» Et ce que je pense, si je pense quelque chose et que je le formule à voix haute, évite d’enfferer mes paroles. Douces paroles à ses oreilles, supposément des compliments, repoussés à de vulgaires paroles d’un cavaleur.

Respire la fumée, abrège les pensées, main qui tremble qui se repose. Les mots s’échappent comme s’envolent les nuages de ses lèvres. Rappel du père, de son père, de la figure puissante et effrayante qui dirige son pays, fait grincer des dents le brun, oublie la nuit et le moment agréable qu’ils passent tous les deux pendant l’espace de quelques instants pour penser à sa lame. Idée embrumée lorsqu’elle n’arrête pas ses paroles, qu’après sa déclaration à lui, passe la sienne. Regard envolé, détaille la figure, lorsque les deux formes l’attirent. Qu’est-ce qui l’attire? Le visage? Autre chose? Incompréhension de lui-même, de toute cette situation qui fait la leur. «Tu es peut-être plus compliqué que nous tous?» A chercher la raison de l’attirance avant de reconnaître l’appel de la chaire, indéniable, ingérable, qui fait frémir la nuit, sous les draps.

Regard qui roule en arrière, idée du bien si différente, sur des critères de riche, de puissant, à qui la seule peur est de ne pas être soi. Lorsque lui dans les rues de la ville sait qu’il n’est quelqu’un de bien et fait tout pour s’améliorer, améliorer le monde dans lequel il avance. «Remballes tes conneries princesse.» Répétition, reniflement, appuie les dires d’une taffe, méritée, nécessaire. «T’es différente, t’as évolué, tu veux une médaille?» Tourne le regard, plante le sien dans celui creux d’une douleur abyssale. «T’es peut-être pas la même sur tes critères mais tes critères ils existent que dans ta tête.» Frappe le front de cette dernière, lui montre la barrière qu’elle s’oblige elle-même. «T’as fais quoi? T’as tué quelqu’un? T’as violé? T’es obligé de vivre dans un monde qui n’est pas le tien, obliger de revêtir une peau que t’as pas envie de mettre?» Hausse les épaules. «Méh» Il se décolle du mur, s’avance dans la rue qui lui tends les bras avant de jeter un coup d’oeil au dessus de son épaules. «T’as peut-être 5 ans de plus, une maturité et des milliards de roubles de plus que moi mais je suis encore assez grand pour savoir ce que je désire nah?»

Silence appuyé, détourne les yeux de la figure qui pourrait fuir si elle le désirait, regard qui se pose sur la nuit noire, à l’image de leurs deux âmes. «Presse à scandale si tu tue un pauvre innocent, nan?» Regard encore à la dérobé avant de venir se reporter sur le vide, quelque chose qui lui plait, plus simple d’assumer ses phrases sans regarder le visage de la concernée. «Je ne vais pas te plaindre. T’es...» Regard aux alentours. «juste princesse de Russie.» Tourne son visage, totalement cette fois-ci. «Mais je suis pas assez con pour ne pas me rendre compte que t’as ton bagage de douleur avec toi.» Poche sous les yeux ou simplement visage masculin, une autre peau pour une autre vie.
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Cassure. Fêlure. L’émotion est vive, amère. Rejet, rancune, blessure. Ravaler est impossible, ça la prend à la gorge, ça saigne la mémoire. Index et majeur s’appuient sur la tempe, les yeux se ferment un instant, flashs désagréables, tourbillon qu’elle n’analyse pas de la pensée qui flanche. Se rattrape contre le mur, le corps crispé, craquèle aussitôt la glace qui naît de sous ses doigts, s’accroche. « Me.. touche pas. » Prévention. Terrifiée par sa nature. T’es juste une princesse de Russie. Pourquoi n’était-elle pas restée à la sécurité du palais ? Elle a cherché de la sincérité là où il n’y’en a pas. Rappel féroce des mots sans cesse reçus, de ce qu’elle ne pouvait pas être, de ce qu’elle était obligée de devenir. Amour charnel consommé par devoir, peine à exprimer quelconque sentiment de façon convenable, blocage accentué par le don, la foutue malédiction. Froid accentué, généré, le souffle qui s’échappe de ses lèvres forme une buée plus persistante. S’esclaffe à l’intérieur du crâne l’angoisse qui s’étale, le manque de contrôle, la perte de repère. L’abandon. Ne pas être aimée pour ce qu’elle est, ça la hante, ça s’engouffre dans la faille, de cette crainte infinie que son père la renie pour cette nature qu’elle n’arrive pas à taire. Elle n’est qu’une fille, une pauvre fille monstrueuse, une princesse qui cache ses vérités. « C’est pas possible. On peut pas. » L’impossibilité de la désirer se déploie dans un sens qu’il ne pouvait pas deviner, ignorant de la prison gelée dans laquelle elle se trouve enfermée, pas simplement métaphore d’un refus d’elle-même ou du désir, véritable croyance d’incapacité à trouver le contact sans blesser. Sans tuer.

Sasha s’étiole, s’efface, la main passe nerveusement dans les cheveux qui se détachent, blancheur qui s’y mêle au contact, panique qui étouffe les sens et la raison, la fille prend le pas sur le garçon. Aucun témoin pour le moment, trop de risques pourtant. « Si t’avais su ce que tu désirais, tu m’aurais retenue, y’a 5 ans. » Toi t’aurais dû savoir. parce qu’elle, elle était trop jeune, elle l’est encore, n’a pas toutes les cartes de sa propre identité en mains. Son assurance, Aleksandra n’arrive pas à l’empêcher de la fuir, parfois, de la réduire au néant ridicule d’un pauvre titre ou d’un diadème. Contrôle, tu vaux mieux que ça. Regard d’ambre qui observe les alentours, repère une ruelle silencieuse, sans doute sale, sans doute recueil d’échanges peu glorieux de quelques catins langoureuses par instants. Elle s’en fiche, elle ne cherche que la sécurité, dissimuler la vérité à n’importe quel prix. Les bras se croisent, se serrent contre sa poitrine. « N’en parle pas.. j’t’en supplie.. » minois d’innocence prend la fuite, neige craquèle à son passage, éphémère trace. Refuge à l’ombre des murs, dans l’obscurité.

Le corps s’appuie contre le mur, glisse tout du long et s’abandonne, s’assied à même le sol, indifférence pour les vêtements qui en souffrent, pour les étoffes onéreuses. Tordue en tous sens de dilemmes internes, elle défait les deux premiers boutons de la chemise, cherche à retrouver un rythme cardiaque normal, une respiration mesurée. Contrariété. Elle se reprend plus facilement, d’habitude, elle n’est pas si souvent submergée par les caprices de cette sorte de sorcellerie, cryokinésie influencée par les émotions. Taire et enfouir n’est pas toujours si aisé. Allure pitoyable. Faiblesse intolérable, jugement cruellement sévère envers elle-même.   
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L’ordre résonne, presque si peu confiante d’elle-même qu’un rire menace de s’échapper de ses lèvres, moqueur. Comme il aurait pu l’être tant de fois auparavant. Est-ce qu’il avait été acerbe, fourbe, une mauvaise personne auprès de douce et jolie fleur froide qu’elle est? Peut-être, peut-être pas. Mémoire qui défaille, alcool abusif, abusé qui gratte la mémoire pour en faire sauter les moments les plus importants. Regard jeté au dessus d’une épaule, langue acerbe, presque déçue. «Pas d’inquiétude.» Il a cru comprendre la haine, le repoussement ou le dégoût dans son personnage.

Attrait de la gente masculine, contre une répulsion totale pour les corps féminins semble être une idée qui fuit dans sa famille. Mais pas pour lui, parce que l’attrait des hommes fut le premier ne veut pas dire que la force douce et la chevelure rousse ne l’a pas attiré. Doucereuse, peut-être que ça vient de son personnage, de Sasha, le garçon perdu du bar qu’il a rencontré alors qu’il était bas, au plus bas de sa vie. Ou peut-être que c’était cette image de princesse, celle qu’il a découverte, lèvres tremblantes, la peur de se faire exécuter pour avoir osé proposer du graveleux à la fleur intouchable.

Un petit soupire passe ses lèvres, petit sourire simple sur les lèvres. Écoute les quelques mots qu’elle dit, cette expression qu’elle a de... peur presque? Le repousse en arrière, le fait réfléchir, pose vraiment les barrières de deux sociétés différentes lorsque lui tente de vivre la sienne comme bon lui semble. Haussement d’épaules. «On ne peut pas faire grand chose normalement. Et pourtant regarde nous, je suis là à te parler.» dans un froid presque agréable contre la peau qui bouillonne. Trop de sentiments dans son esprits, haine, intérêt, regrets, trop de bataille dans sa tête lorsqu’il serait juste question de prendre la fuite, sauve toi et pars sans un regard en arrière. Mais ce regard le brûle par son froid ardent.

Tourne la figure complètement après l’accusation, regarde le visage qui retrouve du naturel, simple mais déconcertant. Le rire s’échappe, s’envole, vient, comme il l’espère, la frapper de plein fouet, souligner ses accusations débiles. «J’aurais du savoir?» Banal perroquet encore trop impressionné pour pouvoir dire autre chose. «Mais j’aurais du savoir quoi? Qu’Aleksandra m’intéressait autant que Sasha?» Crache ce qui se veut de venin avant de rechercher dans ses pensées, souvenirs peu gracieux d’avant. «J’avais déjà honte de désirer quelqu’un à l’époque.» Vérité qui glisse, murmurer presque plus comme une réalisation que comme une accusation. Honte mal oubliée, toujours glissée au fond de la gorge. «J’avais déjà pas le droit de désirer Sasha, comment j’aurais pu désirer l’indésirable.» Mord sa lèvre, ravale le reste de sa phrase. Souvenirs encore trop frais dans une mémoire, une interdiction montée par lui-même après la mort de Viggo, interdiction de s’attacher encore, de faire l’erreur stupide.

Regarde la glisser, regarde disparaître, se recroqueviller sur elle-même comme si c’était mieux que de devoir affronter cette situation dans laquelle ils étaient tous les deux. Presque du regret de l’avoir croiser ici ce soir. Ravale sa salive, s’avance doucement, comme on s’approche d’un animal sauvage, celui blessé qui pourrait cabrer et violenter en quelques instants. Approche douce. Peur de la voir disparaître. Tends une main à son attention, qu’elle puisse le voir. Grimace presque apeurée placardée sur le visage. «De quoi tu as peur?» Envie de toucher, de savoir, de partager cette peur avec elle, l’obliger à la revivre pour la vivre avec lui. Mais la main ne vient pas se poser sur la sienne, il ne la force pas à revivre.

Yulian s’est baissé près d’elle, yeux dans les yeux même si le regard semble vouloir se détourner, pas seulement de lui mais de toute cette situation. «Ici dans la rue tu peux être qui tu veux.» Sasha ou Aleksandra, l’habit ne fait pas la personne et peut-être qu’il avait ressenti pour les deux, cœur battant dans la poitrine.
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  Mar 12 Mar - 10:21
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« De quoi tu as peur? » Petite chose repliée sur elle-même ravale les larmes qui bercent au coeur, ravale les perles qui menacent au bord des yeux. De quoi pourrait bien avoir peur une princesse, après tout ? « Ici dans la rue tu peux être qui tu veux. » Idéaliste est celui qui croit qu’elle le peut, que parce qu’il n’y’a pas de témoins, elle peut décider de faire tomber tous les masques, de tuer le mirage pour forger les vérités. Qu’est-ce qui est vrai ? Elle l’ignore elle-même. Elle est piégée dans une éducation ambivalente dont elle a tiré des leçons qu’on ne lui a probablement même pas enseignées, de cette façon de museler l’émotion pour ne pas décevoir, de cette obstination à n’être jamais docile, jamais trop scandaleuse pourtant afin de ne pas jeter d’éclats honteux sur la couronne paternelle. « J’ai peur de ressentir.. » murmure du bout des lèvres. Peur de s’attacher, peur d’aimer, peur d’être abandonnée, délaissée. Peur de devoir s’isoler encore, solitaire dans un palais glacé. Peur paradoxale de l’humanité qui s’ajoute, de ceux qui pourraient lui faire payer le mensonge de sa nature. Terreurs entrecroisées, mille croquemitaines courant en son sein. « Une princesse de Russie, ça ressent pas. » Gèle aussitôt le sel sur la joue, qui roule, se fige dans sa course vers ses lèvres. « Je fais souffrir ceux pour qui j’ai de l’affection, Yulian. » Les deux mains passent dans les cheveux, crinière rousse se nimbe de poudre blanche, comme une fine neige, délicate poudreuse, glace qui s’effrite, d’une pellicule fragile sur les paumes.

« J’n’ai connu qu’une femme, avant toi. J’pensais pas qu’on pouvait vraiment.. être attiré par quelqu’un. C’était juste de la rébellion. » Avant lui, naïveté. Avant lui, jamais de réel désir, jamais d’envie véritable de savourer l’interdit. Baiser qui brûle encore les lèvres, des années après. Minois se relève, croise le regard de Yulian, dans l’obscurité rassurante, pénombre d’une ruelle. S’approche la gamine, les doigts viennent glisser sur la joue, froideur surnaturelle mais sans douleur, glace toujours en délicatesse. « J’ai cru.. j’ai cru que si tu voulais Sasha, alors moi.. » Le pouce suit la lèvre inférieure, masculine, tentation latente. « J’pouvais que te dégoûter. » Et elle ne voulait pas, Aleksandra, provoquer ça. Son rang, son nom, son rôle, tout la privait toujours de la sincérité du monde, sincérité douloureuse si elle était négative, elle qui vivait dans la plus belle des cages. Elle voulait ce qui la terrifiait : du vrai, quelque chose qui ne soit pas forcé, obligé. « T’as l’air tellement.. tellement sûr de toi. » Douceur du timbre mais diction moins élégante, parfait entre deux. Froid ambiant, pas seulement du climat russe, émane d’elle, de ce contact contre la chaleur relative de la peau de Yulian. Elle s’en veut un peu, de l’imposer, d’offrir la tendresse avec la glace mais elle a besoin de proximité ; elle en crève, d’être seule, d’être aimée par un homme qui avait décidé pour elle, de ne jamais pouvoir agir réellement, en égoïste, en décadence consommée. Parfaite poupée, gosse révoltée, jamais trop, toujours dans le cadre des libertés autorisées par la malice du père. Sentiments toujours muselés, traduits par la magie du Raskovnik.   
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Écoute la vérité s’échapper de sa bouche, presque douloureuse. Elle le survole presque. Murmure presque oublié dans la froideur de la nuit. N’ose poser les yeux sur la douce princesse, douceur aux lèvres aussi rosies que ses yeux endoloris. La sensation. Peur de ressentir. L’idée de ressentir est loin d’être inconnu pour Yulian. Ressenti pourtant différent lorsqu’il prend la peur de quelqu’un; mais ce ressenti trop violent, incontrôlable, qui se veut plus fort que l’amour qu’il a pu autrefois ressentir. La peur plus forte que l’amour.
Aveux déchirants, déteste être témoin de ce genre de moment. Coeur qui se veut de pierre endolori par des sentiments qui se veulent partagés. Regarde la tête rousse, de la douleur dans son coeur qu’il fait mine de ne pas voir sur son visage. «Une princesse de Russie est un être vivant avant tout?» N’emploie pas le terme d’humain parce que d’humain, terrible impression de ne plus en être un depuis des années, impression d’être un monstre informe, visage plus écrasé par le quotidien que le vivant.

Regarde la figure quitter le sol, se rapprocher de lui, écoute les phrases qui s’échappent de sa bouche, soit témoin, devient acteur. Les mains qui restent proches du corps, de peur de faire quelque chose qu’il ne fallait pas. Reste de marbre, froideur d’une main qui touche le corps et pourtant le contact crée quelque chose d’étrange, comme si le besoin s’étanche un peu. Idée ridicule, idée ridicule? Déteste les mots qui sortent de ses lèvres. Cette dernière phrase qui le fait doucement sourire. «Sûr?» Marche sur des œufs, peur de faire quelque chose de mal à chaque instant.

Il lève sa main, dans un geste doux, incertain et au ralenti pour qu’elle puisse le voir venir. Lève sa main pour repousser une mèche de cheveux, être capable de planter les yeux dans les yeux. «Je pense qu’on a tous nos problèmes.» Humidifie ses lèvres, se questionne, sur le oui ou sur le non. «Sauf que les tiens sont bien plus lourds que les miens.» Parce que le visage est plus important, le rôle plus dur à porter. «Alors non, je ne suis pas sûr de tout.» Voir plutôt de rien dans le quotidien, avance à l’aveugle, dans l’idée qu’un jour il sera celui qui fera un faux pas, peut-être déjà maintenant. «Mais j’étais déjà sûr de moi à l’époque lorsque j’avais eu envie de t’embrasser.» Encore sûr maintenant de l’idée, des sentiments et des motivations. «Et peut-être que ça résoudra pas tous tes problèmes, ni tes questionnements. Mais au moins ça te permettrait d’être sous ton vrai visage.» Pas sous celui du gamin qui l’avait d’abord attiré.

Soulève l’autre main qui était resté sur le flanc. La soulève doucement encore pour venir la poser sur les hanches de la jeune femme, poigne douce, facilement retirée tandis que de son autre main le brun caresse la joue d’Aleksandra. Étrange sensation qui se propage dans l’entièreté de son corps, toujours la terrible envie. «Tu peux me haïr après ça, m’en vouloir ou souhaiter ne plus jamais me revoir.» Se percher dans sa tour d’ivoire ne serait pas dur pour elle, de fuir son visage à lui. «Mais je me dois de le faire.» Humidifie les une nouvelle fois avant de se pencher en avant, de se pencher pour venir poser ses lèvres sur les siennes. Simple friction presque insignifiante lorsque la passion pourrait déchirer les corps mais se veut simple, pour qu’elle le repousse avec force ou le morde au sang, il ne lui en voudrait même pas.
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Brûlure aux lèvres effleurées, oublie ce qu’il a pu dire, sur l’instant, oublie de réagir. Baiser chaud sur la bouche offerte. Secousse au coeur. Le haïr, pour la tromperie. Se haïr, pour le désir. Les doigts viennent promener à la nuque, jouer un instant, le temps de rattraper le baiser, d’alanguir l’échange. Etreinte moins délicate de l’enveloppe charnelle, se presse, s’empresse, passionnelle. Elle le pousse contre le mur, échange le rôle d’autrefois, un peu maladroite - est-ce qu’elle ne sait plus, quand c’est lui ? Est-ce qu’elle ne sait plus comment faire ? Une main s’évade sous la chemise, s’aventure hasardeusement sur le ventre, glisse jusque dans le dos, caresse fraîche, comme une brise d’hiver. Myocarde s’agite, fait monter le rouge aux joues. Cinq ans. Glace sous les vêtements, givre qui s’étire quand elle vient embrasser le creux du cou, gamine décoiffée, androgynie qui s’étiole à la chaleur qu’elle avale, qu’elle efface d’abord sans le réaliser, établit un équilibre qui n’est pas naturel, pour son unique confort inconscient. Glace qui commence à mordre les sens.

Elle se détache après être revenue à ses lèvres, quand elle perçoit le froid entre eux, la buée caractéristique entre leurs deux souffles. Elle s’arrache à la situation, recule avec maladresse, manque s’accrocher à une pauvre pierre abandonnée là, débris d’une bâtisse probablement à proximité, qu’elle ne cherche pas. Voltige interne. « J’veux pas te faire mal. » Les billes d’ambre croisent les siennes, s’ancrent à son regard, dévoilent la culpabilité naissante, la peur surtout, terrible, incontrôlable, autant que l’est le don parfois capricieux, dépendant des émotions. Frustration. Elle en veut encore. Sasha comme Aleksandra. Poupée froissée, décoiffée. « Je suis désolée.. j’ai perdu le contrôle.. » Si elle avait brûlé la peau, elle l’aurait entendu, n’est-ce pas ? Si elle avait nécrosé la chair d’un froid intense, il ne serait pas debout, conscient. Princesse se sent monstre, détourne le visage, enrage. Punition divine, sadisme de la roue du destin qui lui offre l’objet des envies et l’empêche de s’y perdre une nuit durant. Malédiction causée par un époux trop aimant qui la prive malgré lui de savourer le vice d’une luxure tentatrice qui court dans les veines, tarira quand la solitude reprendra ses pleins droits. « Yulian.. tu viendras me voir ? » Interrogation sur le ton de la douceur, le souffle un peu court, le corps encore un peu tremblant. « Au palais.. tu viendras ? » Pour elle, pas pour Sasha. Est-ce qu’il viendrait pour elle ? Est-ce qu’elle vaudrait assez pour qu’il s’extirpe de son milieu, de son univers de mort et de grisaille ?   
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Sensation étrange, drôle d’idées. Souvenirs froids et anxieux, souvenirs d’un dernier baiser, remonte à plusieurs années, un baiser voulu pas forcé, souvenir lointain, presque agréable. Baiser voulu et rêvé, date de plusieurs années dans les souvenirs rêveurs. Peut-être sous une autre forme, plus masculine, plus cachée, plus androgyne et pourtant les mêmes lèvres. Les mêmes formes et les mêmes rêves.
Sensation étrange qui commence sur les lèvres de l’autre, comme si la chaleur qui est censée se dégager de leurs deux corps ne fonctionne en rien, comme si le froid de Russie s’était enfoncé entre leurs deux lèvres, que le baiser qui aurait du être enflammé le gelait lui. Et lorsqu’elle se recule, il prend une grande respiration, comme si l’air venait à lui manquer, que le froid avait congelé tout autour de lui. Et lorsqu’elle s’excuse enfin il prend conscience. Penche doucement la tête, regarde le visage de l’autre, saisit la culpabilité sur le doux visage.

«Tu...» Tends la main, se saisit de la manche de la jeune femme sans pour autant toucher la peau, comme s’il avait compris sans vouloir le réaliser. Remonte le manteau, cherche à trouver les deux points sur le poignet lorsqu’il n’en trouve qu’un. «Tu mens aussi sur ça?» Ce n’est même pas une insulte, ce n’est même pas une honte qu’il veut lui imposer, c’est presque compatissant, comme s’il comprenait ce qu’elle endurait. Les doigts volent doucement sur la peau douce avant de la lâcher, de revenir sur sa propre manche, gratte l’intérieur de sa gorge. «Attends.» Il ne sait pas si elle le sait, l’a déjà vu, mais il remonte la manche, met à nu sa peau et ses deux petits points, fiers. «Moi aussi j’suis un monstre.» Parce qu’il lui arrive de le vivre comme ça, en larmes pour avoir vu la peur d’un autre, de croire qu’il va tomber pour avoir si peur.

Laisse tomber la manche, retourne dans le silence, retombe contre le mur, zieute le regard de l’autre. La question qu’elle lui pose est presque trop innocente. La regarde pendant quelques instants, s’interroge, se demande s’il y a une autre idée derrière celle là. Se demande si c’est un piège, à cause de son statut, autre chose. Mais il connaît déjà la réponse. Un sourire se cale sur ses lèvres, se veut joueur, comme si tout se passait bien. «Même en prison je viendrais te voir princesse.» Rigole doucement, presque tristement, comme si toute leur conversation était pleine de non-dit. Attrape la manche de l’autre à défaut de pas attraper sa main, la rapproche de lui, qu’elle ne se sauve pas. «Même si je doute qu’on laisse entrer la plèbe dans ta prison dorée, je trouverais un moyen.» Pose rapidement ses lèvres sur le front de la jeune femme, n’est pas sûr de comment fonctionne sa malédiction. «Ton secret est bien gardé avec moi... Tes secrets.» Et ses vérités par la même occasion..
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  Ven 5 Avr - 0:02
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« Tu mens aussi sur ça? » La peur réapparaît, elle se lit dans le regard d’ambre, dans le geste de recul qui ne suffit pas à l’arracher à la prise de Yulian. Le coeur rate un battement, parce que si le ton est plein de compassion, la raison lui hurle de prendre la fuite, de ne plus jamais revenir, de ne pas risquer une dénonciation. Que dirait son père ? Comment pourrait-il la laisser vivre après avoir menti pendant quatre longues années, comme une trahison ? Insinuer être différente n’avait pas impliqué de montrer qu’elle ne respectait pas les lois. « Moi aussi j’suis un monstre. » Elle a arrêté ses gestes, les pas de recul. Lui aussi. Elle n’avait pas fait attention, elle y fait d’ailleurs rarement attention, à ce détail. « Je ne sais pas comment l’avouer au Tsar.. » souffle finalement la rousse. L’utilisation du titre indique bien la nuance, parce que si son géniteur lui passait tout, l’empereur couronné ne pouvait pas se permettre trop de scandales et d’éclaboussures sur la prestigieuse lignée. « Que deviendraient mes enfants si je devais partir… ? » Progéniture par deux, coeur de mère tiraillé, coeur de fille coupable.

Même en prison, il viendrait. Les bras se croisent, l’attitude varie, efface entièrement Sasha, ne dévoile un instant plus que la fragilité de la princesse apeurée, qui tente de museler les émotions, de conserver le contrôle. Et elle n’oppose aucune résistance, lorsqu’il la fait approcher, lorsqu’il accroche le tissu pour la ramener à lui. Un baiser sur le front lui fait fermer les yeux, saveur d’une étreinte dont elle se prive en permanence, se laisse dévorer perpétuellement par la rancoeur et la frustration. « Si tu demandes Sasha, on viendra me chercher. » Lui ou elle. Complices à ses côtés, quelques membres du personnel proche conscients du double jeu, des escapades nocturnes. « Ton secret est bien gardé avec moi... Tes secrets. » Le regard se relève sur le sien. Le nez frôle, mêle à nouveau le souffle froid avec celui, plus chaud, de Yulian. Lèvres attrapées, à nouveau, avec hésitation, avec plus de langueur aussi. Torture volontaire, punition qu’elle s’inflige, du vide laissé au coeur et aux reins. « J’ai raté l’occasion.. » murmure, les doigts contre le cou, maladroits, n’osant qu’à peine effleurer, craignant que la moindre variation émotionnelle supplémentaire ne le brûle. « J’ai eu peur, il y’a 5 ans. Et maintenant je ne peux plus. » Morsure douce à la lèvre inférieure, tentation péniblement muselée. « Même si j’ai encore envie d’toi. » Et ce ton là, sur les derniers mots, c’est celui de Sasha, la diction moins soignée, la malice au fond des billes, le tabou langagier avorté, de la princesse prude au gamin soufflant ses désirs sans rougir. « J’te croyais supposé enterrer des trucs, pas en ranimer, fossoyeur. »    
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