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 Le dragon et le phénix (Jezabela)


BOYS AND GIRLS OF EVERY AGE, WOULDN'T YOU LIKE TO SEE SOMETHING STRANGE ?

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- Pas facile hein ?

Soupir. Yegorovich jeta un coup d’œil à son chauffeur, se demandant pour la centième fois si ce petit personnage chauve mais redoutable s’amusait des relations souvent orageuses entre celui qu’il conduisait et leur glorieux chef à tous, Andrei. Guère plus qu’un porte flingue habile au volant, ledit chauffeur, Petrov, avait été généreusement mis au service de Yegorovich, alias Drogloff, quand il avait commencé à devenir un membre important de l’organisation. Mais de serviteur à espion, la différence était mince. Pourtant, à écouter le boss de l’organisation vitupérer en se saoulant et à regarder ce sbire au volant dont le regard était à peu près aussi éveillé que celui d’un veau, on imaginerait pas le second chargé de jouer les mouchards pour le premier dans une tactique par trop subtile pour cet environnement de crétins.

Et pourtant, pourtant. De crétins il n’y en avait pas à cet échelon de responsabilité, et même s’il était parfois difficile de s’en rappeler, Yegorovich avait lié son destin, provisoirement, avec celui d’un mafieux aussi dangereux que rusé, quand bien même la ruse en question était davantage celle de la hyène que du grand tacticien. Une ruse animale et primaire qui avait dû faire penser à Andrei qu’il serait remarquable d’intelligence de dire à Petrov de jouer les soutiens moraux histoire de voir le bon Drogloff allait médire du patron. Lamentable. Pour toute réponse, Yegorovich se contenta de grogner une vague onomatopée, laissant à l’autre le soin de conclure ce qu’il voudrait.

Le soleil commençait à se coucher quand le 4x4 blindé stoppa devant le 168 Boulevard Richesse. Petrov sortit le premier, étudiant les alentours, à la recherche d’une menace quelconque – il fallait tout de même lui reconnaître un certain professionnalisme dans ce registre – avant d’ouvrir la porte arrière. Yegorovich descendit tranquillement, respirant l’air pollué de la capitale à plein poumons. C’est fou comme le quartier avait changé, et ce n’était pas la première fois qu’il s’en faisait la réflexion. En 60 ans d’existence, il avait vu ce boulevard du temps où il concentrait résidences à loyers modérés et supérettes chinoises minables, et le trouvait maintenant méconnaissable, embourgeoisé à l’extrême. Les pauvres chassés vers la périphérie et la grande banlieue dans un inéluctable processus de gentrification dont les médias, trop soucieux de ne pas se faire des ennemis en haut lieu, évitaient de parler, mais qui créait des dizaines de milliers de foyers malheureux. Enfin. La Russie n’avait jamais été et ne serait probablement jamais un paradis social. Et puisqu’il ne vieillissait plus depuis ses 45 ans – sauf à arrêter de tuer pendant fort longtemps, mais l’idée semblait peu réaliste – l’homme-dragon aurait sans doute tout loisir de voir la situation empirer. Il retint un ricanement. Qu’est-ce que c’était que ces pensées venant d’un homme des services secret devenu mafieux, franchement ?

- Je n’aurais pas besoin de toi au retour Petrov, tu peux disposer. Mes amitiés à ta femme.

Sans tenir compte des protestations de l’autre, Yegorovich s’avança vers la double porte vitrée du 168, qui renvoya l’image d’un homme en costume deux pièces gris à cravate bleue au visage fatigué. Un code tapé machinalement, un ascenseur, et il se trouvait au quatrième étage, qui était occupé tout entier par le cabinet d’avocat de Jezabela Jovovich. Dès la sortie de l’ascenseur, tout n’était que modernité et classicisme du siècle. Couleurs blanches, vitres, ameublement moderne… Un peu vide cependant, à cette heure tardive. A dessein, bien entendu. Le client très particulier connu sous le nom d’Ivan Drogloff passait toujours avant la fermeture, quand il ne restait plus que Jovovich et parfois l’agente d’accueil, dont on savait pouvoir compter sur la discrétion, et bien entendu il n’était consigné sur aucun registre.

Il jeta un coup d’œil à sa montre – une magnifique Patek Philippe que le frère d’Andrei lui avait offert il y a quelques jours, d’un goût bien plus sûr que les bijoux clinquants qu’on préférait dans le milieu – et constata qu’il était en retard de dix bonnes minutes. Il retint une grimace. L’avocate avait sa fierté, il en était conscient. Pas question de la traiter comme une subalterne ordinaire, surtout vu ses activités extra professionnelles. Surtout, aussi, considérant le fait qu’elle était l’une des seules personnes vivantes à savoir qu’il ne s’appelait pas Yegorovich mais Drogloff, et que l’existence virtuelle de son cabinet de conseil « Drogloff Finance », tenait en grande partie aux complexes montages juridico financiers qu’elle avait aidé à réaliser. Tant pis. Il s’assit dans l’un des fauteuils – des choses blanches manifestement conçues par des zélateurs du design de Joseph Frank, comme la moitié ce qui se trouvait dans le cabinet – et patienta un peu. C’était de bonne guerre. La femme de l’accueil lui fit un signe et il remonta l’allée des bureaux vides, des salles de réunions closes, jusqu’à la porte entrouverte d’une salle dont on avait tiré les rideaux. Incongruité, ces rideaux, on aurait plutôt imaginé des stores ou même, comble du modernisme tapageur, des verres polarisants. Il s’amusa un instant de la dissonance avant d’entrer et de fermer la porte.

En face de lui, une femme à l’opulente crinière rousse. Opulente tout court, d’ailleurs. Jezabela Jovovich, une avocate qui bien que n’ayant jamais entendu parler de concepts comme éthique ou déontologie n’en était pas moins l’une des plus courues du monde juridique moscovite, et dont le charme ravageur aurait sans doute fait, comme d’habitude, forte impression à son visiteur, s’il n’était pas aussi agacé de se trouver là.

- Bonsoir. Mes excuses pour mon retard, maître Jovovich, d’autant que vous avez accepté ce rendez-vous à l’improviste, fit-il sans cérémonie.

Avec un sourire d’excuse, il sortit de la sacoche de cuir noir qu’il trimballait un petit appareil de la taille d’un téléphone portable, qui d’ailleurs y ressemblait assez. Le promenant un peu partout, guettant des bips éventuels. Un détecteur de mouchard, le top du top en la matière, le dernier modèle utilisé par le SGR. Il n’était pas un rendez-vous sensible avec elle où Yegorovich ne commençait pas par inspecter la pièce. Il était mieux placé que personne pour savoir combien de truands russes avaient cru jusqu’au bout que le SGR respecterait le sacrosaint privilège avocat client, jusqu’au moment où ils s’étaient aperçus brutalement qu’ils se trouvaient en Russie et non pas en Angleterre ou en Amérique. Satisfait de son inspection, il rengaina le joujou et s’assit.

- Pour me faire pardonner de mes mauvaises manières, et afin de vous remercier encore pour votre aide avec l’affaire Louvinsky.

De la sacoche, une boîte de chocolats noirs tout droits sortis d’un grand chocolatier moscovite. Il était certain qu’elle les méritait bien, tant elle avait puissamment sorti d’affaire le dénommé Louvinsky d’une sombre histoire de fraude fiscale, ce dont Yegorovich avait tiré un grand profit.
  Mar 14 Mai - 11:56
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le dragon et phénix



❝ Stanislav Yegorovich && Jezabela Jovovich ❞



Emergence d'un crépuscule s'écrasant sur Moscou, obscurité engloutissant la ville logée dans le dos de l'Avocate. Enfoncée dans son siège de cuir, elle s'occupait de la paperasse, griffonnait, préparait une plaidoirie de tous les diables pour sa dernière crapule surnaturelle.
Le chemin de pensées se construisait, s'instruisait et se développait dans le silence de son bureau aux inclinaisons modernes. C'était un peu froid, un peu impersonnel et avant tout professionnel. Mais c’était ainsi que Jezabel trouvait son inspiration. Parce que le mobilier coûteux lui rappelait – à chaque instant - sa réussite, surélevait son égo et la forçait à repousser ses limites pour ne jamais dégringoler des hauteurs atteintes. La légende racontait d’ailleurs que la chute n'en est que plus rude, lorsque le sommet était effleuré du bout des doigts. C’était assurément plus désagréable qu'une montagne russe, parce qu'il n'y avait aucune sécurité et que l'issu revêtait des allures de fatalité.

Acharnée, ne comptant plus ses heures, la Rouquine avait mis de côté depuis fort longtemps, le côté le plus personnel de son existence. Après tout, la véritable satisfaction et le véritable plaisir, elle le connaissait dans son travail. Des petits plaisirs, elle en attrapait parfois au vol, ne se privait de rien, jamais. Et finalement, il était aisé de reconnaitre que l'Avocate pouvait se le permettre sans sourciller.

Cinq minutes de retard. Songeuse, Nastya portait son regard émeraude sur le mur adjacent, là où trônait fièrement une horloge. L'heure affichée la faisait grincer des dents. Non pas parce qu'il était tard, mais parce qu'Il était en retard. Pointilleuse et caractérielle, l'Avocate était précédée par une réputation qui n’était plus à faire. Les retards, les marques d'irrespect, l'impétuosité, entre autres, étaient des erreurs qu'elle ne pardonnait que trop peu.

Dix minutes de retard. Son sang s'échauffait dans ses veines tandis que les minutes s'égrenaient lentement. Son stylo valsait entre ses doigts avec dextérité, dans une danse intrépide, alors que sa main libre refermait son dossier quasi-achevé. Elle le décalait, rangeait outils d'écriture et paperasses confidentielles alors que son téléphone sonnait. Une pression de l’index sur l'appareil, la voix de l'assistante brisait le silence presqu’instantanément et annonçait l'arrivée de son retardataire. « Mh. » Ah. C’était sa seule réponse alors qu'elle raccrochait au nez et à la barbe imaginaire de la jeune femme.

Les quelques dossiers trainant encore sur le verre de son bureau étaient rangés consciencieusement dans ses tiroirs tandis qu'elle prenait le temps nécessaire afin de gaspiller celui de son client. Petite vengeance mesquine et méritée selon la Rouquine, mais cela ne suffisait que trop peu pour la satisfaire pleinement tandis qu'elle se décidait enfin à ouvrir la porte de son bureau. Elle laissait Yegorovich passer devant elle, lui serrant la main avec une salutation simple mais efficace. « Vous êtes en retard. »
Et il s'excusait dans la foulée. C'était surement prévu, dès le début de leur entrevue. Cela apaisait le feu du Brasier alors qu'elle hochait la tête en le laissant finalement effectuer ses vérifications règlementaires. Jezabela avait l’habitude, elle ne s’en étonnait pas et n’y apportait que peu d’importance dans le fond.. Au contraire, les bras de l'Avocate se croisaient plutôt sur son tailleur duochrome. Vêtue de noir et blanc, à l'exception de ses hauts talons rouges, elle pivotait sur ses appuis afin de reprendre place dans son fauteuil et désigner celui qui lui faisait face à son client une fois toute vérification effectuée.

Lorsqu'il lui présente la boite de chocolats, elle se déridait enfin à minima en jetant une œillade persistante aux douceurs. Ces saloperies, elle les appréciait véritablement.. Depuis toujours. C’était son plaisir coupable.
« Merci. Je n’ai fait que mon travail. » Qu'elle lâchait finalement avec l'ombre d'un sourire. Quelques secondes s'écoulaient tandis que finalement, un soupir outrepassait ses lèvres rougit par le maquillage. « Qu'est-ce qui vous amène, dites-moi ? »

Le ton, moins incisif, laissait présager que le mécontentement de la Rouquine n'était plus vraiment d'actualité. Après tout, il n'y avait pas mort d'homme, et surtout, il s'était excusé. Dans la logique Jovovich, un retard pouvait être pardonné, surtout quand les formes y étaient mises. « Je présume que vous devez avoir une bonne raison pour demander un rendez-vous aussi précipité que tardif. Bien que l'aspect tardif ne soit pas véritablement ce qui m'amène à me poser cette question. Un de vos collaborateurs rencontrent un problème ? » Les jambes se croisaient sous le bureau alors que ses doigts attrapaient une télécommande afin de fermer convenablement les lourds rideaux rouges qui se présentaient, généralement, comme rempart entre son bureau et le reste des locaux. Il n'y avait personne à une heure aussi tardive, certes, mais elle préfèrait se montrer précautionneuse.



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  Mer 15 Mai - 0:29
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Yegorovich eut un sourire pensif. Décidément, elle avait le comportement typique d’une créature de feu, le caractère toujours prêt à se manifester et la vindicte jamais loin des lèvres. Le meurtre, aussi, peut-être. Ses yeux s’assombrirent tandis qu’il pensait à l’Homme en Rouge, Némésis invoqué par ces pensées sur les oiseaux de feu. Mais au fond n’était-il pas un peu là, aussi, pour ça ? Hésitations, atermoiements et tergiversations. Lâcher ou pas une sonde dans cette direction auprès de l’avocate, risquer que cela soit su… Beaucoup de paramètres à prendre en compte, un nœud gordien qui avait été tranché quand l’homme-dragon avait par la force des choses été contraint de se rendre dans ce bureau ce soir. Signe ou coïncidence, il était en pleine réflexion sur l’opportunité de tenter une allusion sur l’ennemi auprès de l’avocate quand la chose s’était décidée, de sorte qu’il était désormais raffermi. Mais il était cependant un peu tôt dans la conversation pour cela.

- Hum… collaborateur, j’imagine qu’en ayant beaucoup d’imagination on pourrait l’appeler comme ça. Voyons. Vous savez que Andrei a deux fils n’est-ce pas ? Vladimir et Sergei, deux jumeaux. Deux garçon qui ont quitté leur père avec leur mère il y a quelques années, tant ils étaient, disons… opposés à la manière dont Andrei gagnait sa vie

De ce que Yegorovich en savait, ce fut une sale affaire. Pour un chef mafieux, être quitté par sa femme c’était déjà déshonorant et humiliant à l’extrême, mais quand on connaissait l’irascible Andrei… Et il se disait, quoique par chuchotis et murmures, que si madame avait fui en trombe, c’était à cause d’une énième bastonnade qu’elle n’avait plus pu supporter. Dans de telles circonstances d’autres hommes de la pègre auraient fait égorger l’impudente, mais pour une raison mystérieuse elle s’en était sortie et avait réussi à faire vivre les deux fils hors du monde criminel.

Etait-ce que, inconsciemment, Andrei ne voulait pas un avenir pareil pour sa progéniture quand bien même il prétendait le contraire ? Qu’il n’avait pas osé s’en prendre à son ex-femme par crainte de la réaction de ses enfants, parce qu’il espérait les reconquérir ? Qui sait. « Il y a plus de choses dans le ciel et sur la terre que n'en rêve votre philosophie », disait Hamlet à Horatio, ainsi aurait-il pu également se prononcer pour ce qui regardait l’âme humaine.

De sa sacoche, Yegorovich dégaina encore autre chose. Une photographie, et un lourd dossier, qu’il posa délicatement sur le bureau de l’avocate.

- Le jeune homme, c’est Vladimir. Voyez-vous, il a pris le nom de sa mère et étudie la philosophie. Je sais, sacré destin considérant sa famille. Comme son jumeau, il semblait avoir une existence plutôt tranquille et rangée depuis qu’ils ont laissé leur père de côté. Mais voilà, le jeune homme s’est piqué de faire de la politique, ou plutôt, je le crains, de contester la politique. Rien de très sérieux, on ne parle pas d’atteinte à la sûreté de l’état, non de quelques manifestations étudiantes, d’agitations à la sortie des bars. Et tôt ce matin … vous avez peut être entendu, ce mouvement pour les droits des étudiants dotés de facultés surnaturelles ? Vladimir s’est joint à eux et s’est mis à chanter des ritournelles peu amènes sur Sa Majesté. Arrêté, le voilà qui tient des propos pires encore sur la mère d’un policier, qui se débat… Il est au poste actuellement, outrage, rébellion, refus d’obtempérer et offense au tsar… Il est en cellule et je me suis laissé dire qu’on lui faisait payer très cher son langage, coups, pas de repas ce midi … Il faudrait que vous le sortiez de là. La mère a voulu prendre un avocat de ce que je sais, mais elle est fauchée et vous avez bien à quel point les délais de l’aide judiciaire sont... ce qu’ils sont, ma foi.

Ce qui ne l’a pas empêchée de faire une sacrée gueulante quand Andrei l’avait appelée pour lui dire qu’il allait se débrouiller pour faire sortir le rejeton de sa cage. Si elle avait fini par se ranger au pragmatisme qu’on pouvait attendre d’une mère désireuse de sauver la peau estudiantine de son fils, ce n’avait pas été sans injures de tous ordres. Pas sûr du tout, d’ailleurs, que Vladimir accueille mieux la charmante avocate qu’on lui enverrait tant elle puait l’argent sale et la magouille.

- Elle a accepté l’intervention d’un avocat de notre cru et fera accepter la situation au fiston. Par ailleurs je pense qu’ils ne savent pas vraiment qui ils tiennent.  S’ils savaient que c’était le fils d’Andrei, ou que l’information était remontée, nul doute qu’il y aurait lutte entre nos amis dans la police et nos ennemis dans la police pour savoir quoi en faire. Là, ils le traitent brutalement, en piétinant ses droits si vous voulez mon avis, mais pas plus que ce qu’ils font généralement aux étudiants un peu trop grande gueule. Il est d’autant plus urgent de le faire libérer avant qu’un petit malin ne comprenne ce qu’il en est.

Stanislav soupira, se renfonçant dans le fauteuil. Il aurait pu être bien plus disert sur le chapitre de l’urgence. Andrei était entrée dans un véritable état de fureur et il semblait à deux doigts d’ordonner un assaut sur le commissariat si son précieux fiston – qu’il n’avait pourtant pas vu depuis des années et dont il était méprisé – ne se trouvait pas rapidement libéré. Chez un autre Stanislav aurait traité ces propos comme des rodomontades sans intérêt, mais Andrei était à peu près aussi instable qu’il était fier, et dieu seul savait jusqu’où il se sentirait obligé d’aller si Vladimir croupissait encore plusieurs jours dans une cellule, ou pire.

Et lui, Stanislav, serait parmi les premiers blâmés si en dépit de ses connexions il n’arrivait pas à exfiltrer le fils par la manière douce. Et il avait besoin de ce gros salopard de gangster ! Car c’était Andrei qui régulièrement rendait des services à l’Homme en Rouge, c’était Andrei dont il avait désormais suffisamment gagné la confiance pour être bientôt en mesure de lui tirer les vers du nez.  Certes quand Stanislav saurait ce qu’il en était de ces mystérieux rendez-vous hors des frontières russes et de ces manigances occultes avec le fossoyeur de sa famille, il serait temps de se séparer du mafieux, mais il s’agirait alors de procéder en douceur, sans s’attirer l’hostilité de tout le clan, avec habileté… S’il tombait dans une disgrâce aussi imméritée que tonitruante, tous ses plans seraient bouleversés. L’homme dragon ne put retenir un grognement d’irritation. Derrière Jezabela, dans une étagère, il distinguait la forme d’une carafe en cristal et de verres, probablement un whisky hors de prix ou une robuste vodka datant de mathusalem. Jamais très porté sur l’alcool, il n’en fut pas moins silencieusement tenté, ce qui en disait long sur son équilibre mental actuel.

- Voilà, chère maître. Qu’en pensez-vous ?  Vous pensez pouvoir faire sortir l’oiseau de sa cage ? Enfin l’oiseau… si j’ose dire. Je ne vous cacherais pas que l’affaire est… sensible.
  Mer 15 Mai - 13:44
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le dragon et phénix



❝ Stanislav Yegorovich && Jezabela Jovovich ❞



Il y avait ces avocats qui fricotaient avec la mafia, qui finissaient par avoir un sursaut de conscience ; Simplement parce que faire le mal, ce n'était pas bien. L'adage simpliste, illustrait plutôt bien l'aveu de culpabilité de certains confrères de la Rouquine. Et elle ? Elle, eh bien, sa conscience semblait intacte. Simplement parce qu'elle estimait appartenir à un rouage de l'existence. Une existence qui se mouvait au rythme de balancier. Le mal était nécessaire au bien, et le bien était nécessaire au bien. Du paradoxe à la réalité quasi-cosmique, la Jovovich c'était fabriquée cet alibi, et avait fini par le considérer comme étant un mantra, un art de vivre. Et c'était ainsi que le Brasier avait continué à défendre les crapules afin de mieux défendre les siens en parallèle. Un peu de mal pour un peu de bien. Une cause abjecte pour une cause noble. Et ainsi, l'équilibre de sa psyché était préservé, et elle pouvait avancer, sans jamais buter, sur un relent de sa conscience délaissée.

Tout était accordé, à l'image d'un instrument de musique, et c'était surement pour cela que les Hommes tel que Yegorovich lui faisaient confiance, parce qu'elle n'allait pas faire de crise, d'une quelconque manière. Et surtout, parce qu'elle ne ratait jamais son coup.
C'était ainsi que l'Avocate Incendiaire se retrouvait dans une nouvelle situation à la moralité potentiellement discutable. Portant toute son attention sur son client, elle l'écoutait dérouler le fil de sa réflexion et de son récit. Les noms s'enchainaient et dans la psyché de la Rouquine, tout faisait sens, puisque tout se liait à des dossiers, à du vécu.

Elle hochait par instant la tête, signe qu'il pouvait continuer sans s'interrompre afin de lui réexpliquer les choses d'une manière ou d'une autre. La photographie qui illustrait les propos du Mafieux était glissée de l'index jusqu'à l'avocate qui en observait minutieusement les détails. Un sourcil se haussait, marque de perplexité à l'histoire du rejeton de crapule en chef adepte de philosophie. Il fallait vraiment de tout pour faire un monde et c'était presque plaisant de constater que le déterminisme social n'était pas une variable inévitable du monde qu'ils peuplaient.
« Fort heureusement, nous ne sommes pas tous enchainés au destin de nos parents, nous pouvons demeurer nos propres maitres. » C'était assez philosophique pour s'accorder aux pensées du gamin emprisonné. Aussitôt, la Jovovich retournait à son silence afin de s'enquérir du reste des détails nécessaires à une conclusion professionnelle.

Les méfaits, la mère, le secret de son existence mais également de celle de son jumeau, tout était imprimé dans l'esprit de l'Avocate. Le regard émeraude parcourait les lignes allongées dans le dossier apporté jusqu'à ce que finalement, elle referme ce dernier et y dépose ses mains enlacées. L'attention s'accrochait aux traits de son interlocuteur qui venait à bout de son récit, et Jezabela inspirait profondément, s'octroyant un temps supplémentaire de réflexion.
« Mon intervention directe ne serait pas des plus avisées. Car ma réputation me précède et vous l'avez dit vous-même, la Mère a tout fait pour préserver ses enfants du cercle.. D’influence de son ancien époux. Pensez-vous réellement qu'il serait avisé qu'une avocate connue pour ses tarifs exorbitant et son absence de scrupule débarque de nulle part pour court-circuiter le système afin d'apporter une aide providentielle à un étudiant rebelle ? » Blanc, sa langue claquait contre son palais tandis qu'elle poursuivait aussitôt. « Si cela ne passe pas pour une excentricité de ma part, il sera aisé de faire le lien entre mes clients habituels et ce jeune homme. Et en partant de là, nous nous retrouverions avec une bombe à retardement sur les bras. Parce que nous savons combien le système peut s'acharner sur certaines têtes, et dès lors, le fils de votre patron se baladera avec une cible dans le dos jusqu'à ce que la police obtienne ce qu'elle veut. »

C'était un tableau peu reluisant que dépeignait le Brasier, cependant, elle ne faisait qu'exprimer ses doutes quant à une manœuvre directe. La Jovovich était connue pour son pragmatisme et c'était ce qui lui avait permis de survivre jusqu'à là.

« Je ne dis pas pour autant que la situation est désespérée. » Tout n'était pas noir ou blanc. Les nuances étaient bien plus appréciables. « En usant de quelques voies détournées, ne devrions atteindre un résultat tout aussi satisfaisant, voir bien plus. » Pianotant sur le dossier, au rythme d'une mélodie intérieure, elle reprenait avec un soupçon de sourire. « Il suffit de faire fonctionner le réseau. Je peux tout à fait trouver un confrère suffisamment éloigné de moi, collant au profil d'avocat des aides auxquelles ce jeune homme prétend. Dès lors, je lui donnerais toutes les clés pour réussir sa plaidoirie et sortir son client de .. L'embarras. Ainsi, le fils serait préservé, ainsi que sa famille et aucun lien ne saurait être fait entre eux. » C'était assez tordu, mais plus que faisable selon l'Avocate.


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  Lun 20 Mai - 18:02
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Pensif, Yegorovich écoute. Cette affaire de fils contestataire, il n’en a cure. Imperceptiblement, sa tête dodeline tandis que l’autre parle. Il est si fatigué en cette soirée grisâtre, si fatigué. Les rêves de dragons ne lui laissent pas de répit, pas une nuit sans qu’il doive soit affronter les fantômes de ceux qu’il a tué soit sans qu’il ne se rêve en reptile géant et cracheur de feu. Quelques jours avant cette rencontre il s’était réveillé à moitié couvert d’écailles dures comme du titane, son lit réduit en copeaux de bois. Le blues. Il a déjà entendu cette expression venue de l’Ouest, de même que le spleen et autres vocables des années soixante, et il s’y sent à plein. Peu d’avancement sur la seule chose qui lui tient vraiment à cœur, des contacts usants et indignes de ce qu’il était autrefois, des bas-fonds salissants…

Machinalement, Yegorovich pianote sur l’accoudoir de son fauteuil, dans un tic-tac qui, s’il n’en a pas conscience, suit le rythme si particulier de l’horloge Broseivich de son enfance dont la petite aiguille ne faisait du bruit qu’une seconde sur trois. Et il écoute l’avocate, se laissant bercer par sa voix. Tout s’entremêle, l’espace d’un instant. La lumière déclinante du bureau se confond avec le roux flamboyant des cheveux de la femme qui deviennent les flammes d’un dragon, ce même dragon qui pousse un cri intérieur et déchire la poitrine de son hôte. Une étrange confusion mentale se fait jour chez l’homme-dragon. Pendant un instant il voit ce qu’il y a au-delà du plafond, d’abord la structure des poutres et des canalisations puis le ciel lui-même, vaste, infini, et il ressent un tiraillement dans son dos, comme si des ailes voulaient sortir, lui pousser, comme si…

Puis une douleur sèche, rapide, comme une gifle. Il revient tout à fait lui. Ce flottement lui avait paru durer des heures mais Jezabela était toujours en train de parler de la même chose, de sorte qu’il n’avait été absent que quelques instants. Il réprima l’envie d’essuyer la goutte de sueur froide qu’il sentait désagréablement couler derrière sa nuque, et se concentra à nouveau, se concentrant sur ce qu’il avait en face de lui, laissant le discours arriver à son terme.

- Hmm, bien entendu si l’oiseau doit sortir de sa cage n’importe quelle main peut l’ouvrir, je ne voulais pas laisser penser autre chose. Votre solution est parfaite. Par contre, il importe que vous choisissiez bien votre collègue. Comme vous le savez Andrei est victime de bien des… hum, calomnies ? Médisances ? Il faut que ce nouvel as du barreau que vous allez nous dégoter sache, comme vous, faire la part des choses. Que nous soyons rassurés.

Qu’il ait aussi peu de scrupules que vous à agir pour le compte d’odieux truands, aurait-il pu dire, mais cela aurait assurément manqué de diplomatie.

- Par ailleurs vous me voyez bien obligé de vous poser la question, votre tarif horaire devra-t-il être doublé en la circonstance ? Vos services sont toujours inestimables, mais la trésorerie d’Andrei, elle, doit bien l’être, estimée.

Soupir retenu. Nouveau coup d’œil sur la carafe en cristal dans l’étagère derrière l’avocate. Stanislav n’avait jamais eu la moindre faiblesse quant à l’alcool, mais il n’avait jamais eu autant besoin de calmant liquide non plus.

- Si ce n’est pas trop abuser et pour accompagner les chocolats, puis-je vous voler un verre de ce quelque chose dans la carafe ?
  Mar 28 Mai - 18:58
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❝ Stanislav Yegorovich && Jezabela Jovovich ❞



S'il y avait bien une chose dans laquelle l'Avocate excellait, c'était bien l'observation. Pour ses clients, pour l'opposition, pour les jurés et les juges.. Un regard aiguisé était plus que nécessaire afin d'établir une défense solide. Mais cela ne servait pas seulement au métier de la Rouquine, parce qu'elle ne se résumait pas à la robe et la fonction, son talent s'étendait et s'usait dans d'autres circonstances.
Et dans le cas présent, lors de cette entrevue avec le Mafieux, c'était un peu une histoire de boulot et un peu un à-côté. La tirade achevée parce qu'elle était essentielle, Jezabela plissait le regard, détaillant longuement son client sans décrocher un mot. Lèvres closes et regard inquisiteur accueillaient les paroles prononcées avec un temps de latence et un instant de silence. Un sourcil se haussait par simple excès d'incrédulité lorsque Stanislav tentait d'enrober de sucre la réputation de son patron. Une crapule demeurait une crapule et le Brasier le savait. Elle en avait conscience. Parce qu'elle trainait un peu trop avec eux, jusqu'à s'en salir les mains et très certainement l'âme.

Inspirant profondément, elle acquiesçait d'un simple signe de la tête avant de finalement briser son mutisme et de finaliser la première ébauche de contrat qui les liait, encore. « Je choisis toujours avec soin mes collègues. » En d'autres termes, lui aussi, il saurait fermer les yeux sur la saleté logée sous le tapis, histoire que l'affaire suive son cours tranquillement.
Plongée dans un semblant de réflexion à double sens, la Rouquine continuait d'observer son vis-à-vis pendant de longues secondes, avant de finalement faire claquer sa langue contre son palais. « Le double, oui. Je m'assurerais ainsi de la rémunération de mon collègue. » Et surement qu'elle se prendrait une marge sur ce qu'elle le paierait. « Je serais son seul intermédiaire, il n'aura connaissance d'aucun nom, car moins il sera informé, mieux tout le monde se portera. » C'était bien mieux ainsi selon l'avocate. « Bref. Je m'en occupe. »

L'affaire était presque pliée, selon l'Avocate, car déjà, elle songeait au confrère qui s'occuperait de plaider la cause du pauvre gamin. Pour sûr, cet épisode lui passerait surement l'envie de rejouer les esprits rebelles. Jezabela l'espérait, parce que plus le temps passait, plus Moscou se montrait fortement réfractaire à l'existence d'esprits libres et protestataires.
Chassant ces pensées qui lui nouaient les entrailles - un peu par contrariété, un peu par inquiétude -, la Rouquine conservait son regard sur les traits du Criminel qui lui faisait face. Son attention basculait de manière succincte vers l'étagère et la carafe remplie d'un bourbon de qualité, jusqu'à revenir à son client. Depuis quand se permettait-il de boire durant leurs rendez-vous ?
Les jambes de l'Avocate se décroisaient et elle se relevait dans un bruissement de tissu alors qu'une main en lissait la texture. Elle slalomait jusqu'aux deux verres qu'elle attrapait ainsi que la carafe remplie.
« Vous vous relâchez. Il n'y a pas si longtemps, vous ne vous seriez jamais permit de boire un verre d'alcool dans mon bureau. »

Le bourbon servit pour chacun, elle remplaçait minutieusement la carafe et s'armait dans chaque main d'un verre rempli. S’arrêtant entre son bureau et le siège de son client, elle déposait son verre, lui tendait le second et se penchait vers lui en le fixant, sans gêne aucune. « Qu'est-ce qu'il vous arrive ? » Jezabela se permettait, sondait, fouillait dans le regard du mafieux. Dangereux ou non, client ou non, elle n'avait pas envie qu'il lui claque entre les mains. Alors, elle l'interrogeait, sans aucune forme de procédé ni d'hésitation.
Une fois qu'il aura saisit le verre, elle se redressera en s'appuyant contre son bureau. Postérieur rivé à ce dernier, main attrapant son propre bourbon et seconde accrochée à la surface plane de verre, elle attendait sa réponse. D'ailleurs, elle comptait bien dissiper tout doute, afin d'éviter toute entourloupe. « J'ai bien vu que vous n'avez écouté que d'une oreille ma proposition, alors.. » La Jovovich décrochait sa main du bureau et agrippait du bout des doigts la boite de chocolats afin de lui présenter. « Prenez un chocolat et dites-moi tout. »
Son ton ne souffrait d'aucune hésitation, et pourtant, il ne comportait aucune animosité ou jugement. Son timbre était aussi clair que sa demande. Sans équivoque.


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  Lun 10 Juin - 23:09
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