1. mon nom dans les airs.
IVANOV gratte le vernis courant des registres civils, ainsi de mémoire, il se noie dans le miasme des banalités. Le père, révolu avant la naissance, n’a laissé que les trois syllabes sans saveur, et l’un de ses prénoms, ILYA à son fils sacrilège. VITALY trouva refuge sur les lippes maternelles, imprégnant par ses sonorités chantantes les esprits de sorte que de mémoire, aucun surnom ne lui est attribué.

2. mes cris sur la terre.
QUATRE DECADES ET TROIS PRINTEMPS se sont écoulés depuis son chemin vers la lumière de la vie, le cordon serré au creux du poing pour ne pas laisser derrière la moitié de la chair partagée. La rosée du mois de FEVRIER recouvrait les arbustes quand en pleine nature mère adorée a échappé ses chiards, car oui, elle a fauté deux fois, la vilaine. MOSCOU la souveraine a accueilli ainsi au bord du chemin, un petit poupon rosé qui ne l’a jamais quittée.

3. mes tourments ventriculaires.
Ses légendes émotionnelles sont laissées à votre bon vouloir ; gardez toutefois à l’esprit qu’elles sont toujours restées secrètes, attirant la curiosité sur son orientation comme sur ses actes civils, élevant sa situation sentimentale au rang de mythe romantique.

4. mes espoirs éphémères.
Si sa moitié sanguine a choisi la médecine, il s’est effacé derrière l’Art. Batônnets de poils doux sont autant de baguettes magiques entre ses phalanges auparavant noircies de fusain ; sans études, perdant à la roulette russe du budget universitaire, Vitaly s’est éduqué à la vie, c’est ainsi qu’on vend son histoire, pour faire grimper les prix, émouvoir le cœur des femmes. Il demeure maître des pigments, sourire aux lèvres et esprit perdu dans la lune, empreintes digitales dans les catalyseurs depuis longtemps dissolues. PEINTRE de son état, il aiguise depuis des décades son œil précis qui pleure sous la toile des formes que la photographie n’a rien à lui envier. NATURE MORTE et VANITES des temps perdus pavent les chemins royaux de son esprit torturé ; depuis le décès de sa moitié inhérente, il ne sait plus moduler à la pointe de son pinceau les êtres vivants.

5. mon cocon mortifère.
TACITURNE – PRECIS – SENSIBLE – CULTIVE – IMPULSIF – IMPLIQUE – VENGEUR – PERSEVERANT – TETU – PROTECTEUR – IMAGINATIF – INSOLENT – SPONTANE – LUNATIQUE.

6. la gangrène sanguinaire.
Les siècles passés n’ont pas laissé en Russie s’éteindre les salons aux lumières tamisées, où les lectures et les toiles peintes sont enrichies de commentaires détournés. Lascivement étendu sur les canapés, charmé par les vers aux pieds rythmés, il a laissé glisser la saveur douce-amère de la plante défendue. MARSILIYA s’inscrit sous ses paupières et son derme, pourrit la caboche enrubannée d’idées dansantes. Bousculé pendant ce qui lui a semblé des éternités, il marche désormais sur le fil de la célébrité, sachant tirer partie d’une FACULTE ainsi octroyée : sous un pinceau tenu de sa main, l’œuvre s’anime et prend vie, s’extirpe de la toile et devient opérationnelle. Il ne peut s’agir toutefois que de petits éléments sans vie et sans saveur ; les coeurs palpitants s’échappant hors cadre dans la noirceur. Sa FAIBLESSE tient à sa force sentimentale, Vitaly ne sachant peindre sans amour, sans myocarde animé d’une passion manifeste. Cette passion se rattachait à son reflet gémellaire, qui depuis sa disparition, a donc plongé notre talentueux artiste dans une mélancolique déréliction. Ses phalanges tremblent et se brisent, et ne nait plus des pinceaux que des formes nébuleuses incapables de volume et de substance.

7. le visage calciné.
L'avatar proposé est Jared Leto (avatar par étangs noirs).