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BOYS AND GIRLS OF EVERY AGE, WOULDN'T YOU LIKE TO SEE SOMETHING STRANGE ?

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B. Brutal Ayaz
MONSTER UNDER YOUR BED
B. Brutal Ayaz
Impétuosité : 164
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LET ME DOWN SLOWLY ft @K. FAUVE WARD

I don't know just how it happened, I let down my guard. [...]Caught me by surprise. I wasn't looking where i was going, I fell into your eyes. You came into my crazy world, Like a cool and cleansing grace. Before I knew what hit me baby, You were flowing though my veins. I'm addicted to you.


Quelques semaines avant Moscou - Mejdouretchensk, Russie

Les vols. Les motels, plus excentrés encore de Mejdouretchensk. Les boulots minables à l’intérieur de cette ville minable. La fuite, toujours, comme un étendard. Quand j’ai la sensation d’avoir une putain de cible au-dessus de la tronche – des gyrophares tout le tour du ventre. Et les pensées amères de ces deux dernières semaines. Ma lâcheté m’a fait beaucoup boire – m’a perdu dans la plupart des bars. M’a fait rouler dans les caniveaux et vomir, aussi, quelques fois. J’ai regoûté aux joies de la rue. A la douceur des nuits d’été – aux étoiles innombrables dans le ciel. A la faim qu’on préfère taire par la soif. Aux agressions gratuites juste pour une place sur un banc. A l’indifférence des gens – à l’impression d’être invisible sitôt que tu n’es pas habillé comme tout le monde. Et pourtant, malgré tout ça, elle n’a pas quitté la caboche, la blonde. Elle a partagé certains de mes rêves, plus ou moins tendre, plus ou moins sauvages ; puis elle a partagé des inquiétudes où elle en était l’actrice. Je me suis demandé si elle était toujours vivante, Fauve, alors que je voulais sa mort. Je me suis demandé, avec surprise, si la mafia de mon père avait mis la main sur elle. S’ils l’avaient retrouvé. S’ils l’avaient torturé pour qu’elle leur parle de moi quand, clairement, elle n’aurait pu que leur donner un nom qu’ils avaient probablement déjà. Alors, tout ça, ça n’a contribué qu’à ma perte. Qu’à ma stagnation dégueulasse dans les environs… J’ai pas quitté Fauve, même si Fauve ne doit pas le savoir. Dès les premiers soirs je suis revenu par chez elle. L’ai même suivi, de très loin, pour savoir si, en plus d’avoir un appartement dégueulasse dans le centre ville, elle y travaillait. J’ai été étonné de la découvrir serveuse – ai marqué ce bar d’une croix rouge. Je n’y ai jamais foutu les pieds. J’ai hésité, parfois, parce que j’aurais pu faire croire à une triste coïncidence. N’ai pas osé – de peur de lui faire peur. Peut être qu’elle pense toujours que je vais revenir la tuer… Peut être qu’elle pense que ça m’amuse, juste, de la faire patienter. Ou peut être qu’elle m’a juste oublié, Fauve. Qu’elle m’a rangé dans une boîte, sous le crâne. Le genre qu’on scelle sans jamais vouloir y refoutre les doigts dedans. Peut être que je ne suis qu’un de ces sales souvenirs -un de ces Autres comme les Autres. Un qu’elle espère ne jamais recroiser. Moi je penserais ça, à ta place.

Ce soir, un nouveau bar. Un miteux choisi au hasard. Je crois que ce n’est même pas un vrai bar. Je crois que c’est un bordel clandestin dans la cave d’une baraque classe. Encore une fois, je bois. Je bois plus que de raison – je sais qu’elle travaille, Fauve, et que tout va bien pour elle. Tu préférerais qu’elle aille mal sans toi ? Le cours des pensées est stupide. Me pousse à abandonner la commande de verre – passe directement à la bouteille – après de multiples signes pour que la barmaid comprenne. Il me pose rapidement ce que je demande. Avant que la porte ne s’ouvre. Qu’un sifflement, dans le fond, fasse se tourner tout le monde. Tout le monde sauf moi. Mine de rien, il faut des années d’entrainement pour faire semblant d’ignorer les gens – pour ne plus être parasité par les bruits stridents et spontanés de la masse grouillante. Mais il faut aussi faire semblant de pas entendre quand on est intimement persuadé que c’est pour nous qu’on est là. Et ce soir, c’est effectivement pour moi, qu’on vient. C’est un grand bonhomme grassouillet qui s’assoie en face de moi, affublé d’un immense imperméable qui le rend foutrement pas discret. Les grosses lunettes à double foyer et le chapeau enfoncé sur son crâne jusqu’à ses oreilles, cachent cependant une bonne partie de son visage. Si je ne l’avais jamais vu sans ça, je ne serais pas capable de le différencier d’un autre Pecnot toqué. Et on se cause pas – parce que je ne cause pas. L’homme ne prend même pas la peine de me saluer, remonte juste le col de son blouson – probablement pour que personne ne soit capable de lire sur ses lèvres ou de savoir s’il parle. Sort d’une de ses poches un espèce de flyer coloré. Quand je le retourne, des indications griffonnées. Des chiffres aléatoires, des adresses aux quatre coins du pays. Et une phrase. Unique celle là. Ils seront là. Quand il est sûr que je l’ai lu, l’homme me pointe les indications véridiques – celles qui ont de l’importance dans cet amas déstructuré. Ils seront à un gala à St Pétersbourg, le 07 à 21h. Je me penche légèrement. Le 07, c’est après demain bordel. L’homme chiffonne presque immédiatement le papier. Le jette dans un cendrier pour y mettre le feu. Et il recommence. Un nouveau papier, des mots partout et surtout ceux là : Soirée spéciale. Hommes accompagnés. Femmes. Je relève le museau. Fais mine de pas comprendre. Il me remontre plusieurs fois les mots. Je fais non de la tête. Alors il l’écrit en toute lettre : Les hommes doivent obligatoirement être en charmante compagnie pour rentrer. Je me mords la langue. Et merde.

☽ ☽ ☽

Je m’étais promis qu’on ne se reverrait pas, Fauve, mais visiblement, avec toi, j’ai du mal à tenir mes promesses. La porte du bar est franchie. Un peu à reculons. Un peu avec le palpitant là où il ne faut pas – partout dans ma tête. Je trouve que la musique est forte dans le bar de Fauve. Qu’il y fait sombre – que les néons sont trop jaunes ou trop verts, ou trop d’une couleur qui me fait penser à elle. Que ça put la clope, à défaut de puer la pisse. Que les tables sont mal agencées. Que ce n’est pas assez intime. Que tout est mauvais, ouais, même la popularité. Parce qu’il n’y a personne, dans le bar de Fauve. Que quelques types à une table, qui rigolent et qui chantent. Les serveuses ne naviguent même pas encore. Mais il est peut être tôt, pour le bar de Fauve. Je n'attends pas avant de me diriger vers le comptoir. M’évertue en signes larges pour que le barmaid capte ma présence. Il a un espèce de mouvement de recul étrange avant de lever les yeux au plafond. J’ai déjà vu ça, souvent. Ca veut généralement dire : Et les cons commencent à arriver.Qu’est ce que tu veux ? OK. Bonjour. Tu peux pas le dire, bonjour ? On t’as pas éduqué pecnot de blanc ? Je lui montre mes esgourdes, tente de lui exprimer que je n’entends pas quand la seule chose que j’aimerais lui faire, c’est lui enfoncer la tête dans le zinc. – Ah… qu’il me répond seulement, visiblement peu convaincu par la prestation. – Et je te sers quoi ? Tu le fais exprès ? Il se pousse un peu, quand même, me montre les rangées de bouteilles. Mais je m’en fous, de tes bouteilles. Je dodeline du chef. De droite et de gauche. Sors un bout de papier, de la poche. Le lui tend. Il soupire. T’es qu’un connard. Mais il tique, le type. – Fauve ? Hm… Fauve… Il fronce les sourcils. Semble réfléchir. Repose son regard sur moi. Le maigre sourire qu’il avait à la gueule s’évapore. – Connais pas. Alors, en plus de faire exprès de pas comprendre que je suis sourd, tu me mens ? Je tapote doucement le post-it. Et lui, il hausse les épaules. – Connais pas. OK connard.

Les godasses couinent sur le sol. Le barmaid met deux secondes de trop à saisir que je ne vais pas dans le bon sens – que je ne vais pas vers la sortie. Que je vais pas non plus vers les chiottes… Mais bien à l’arrière-boutique – aux coulisses. – Hey ! qu’il crie, maintenant. – Arrête toi ! HEY DUCON ! La porte s’ouvre à la volée. A l’instant où le type m’agrippe le poignet. Mon regard le fusille – c’est un gaillard mais ça le fait quand même hésiter à insister. Pour le principe, il relâche la pression. Juste la pression, pas le blouson. Il tire juste un peu sur ma manche. Lâche moi, connard. J’esquisse un mouvement. Veux l’obliger à lâcher sa prise – me demande bien pourquoi il la défend, à Fauve. Parce que je ne dois pas être le premier à vouloir lui parler et qu’elle est toujours vivante, alors pourquoi tu flippes connard ? Mais tout se pète un peu la tronche, quand je la vois, du coin de l’œil. Des cartons dans les mains et un peu de surprise sur la face. Fauve, que j’ai envie de murmurer. Je me sens un peu stupide, maintenant que je la vois là. Maintenant que je suis là. Me dis qu’elle n’aura probablement aucune raison de m’écouter – de crier, peut-être, mais m’écouter… Comment je vais lui balancer que les types des Tigres d’Arkan seront à St Pétersbourg, demain ? Qu’il faut que j’y aille, ne serait-ce que pour l’effet de surprise. Pour les convaincre de ne jamais revenir, ici… Pour ne plus qu’elle vive dans la peur, du moins, dans la leur, je ne sais pas. Je sais juste qu’ils sont là-bas et qu’il faut que j’y aille et… Et il me faut une cavalière… Et, Fauve, tu es la seule femme que je connais, ici… J’ai encore besoin de toi… Peut être… Peut être que si je te promets qu’après, tu seras débarrassé de moi… Peut être que tu accepteras ? Un nouveau post-it est sorti de la poche. Je vais pour le tendre vers Fauve. Le barmaid tape dans ma main. Pense surement que je vais l'agresser avec du papier. Je repousse le barmaid qui tape dans un mur. Crâne et dos en miette. Le post-it volette jusqu’au milieu de la pièce.

Dessus, un seul mot.
Six lettres.
Pardon.


Couleurs des Dialogues:

©️crack in time
  Jeu 3 Oct - 11:23
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( Let Me Down Slowly ft. @B. Brutal Ayaz )
Les corps se moulent et s'apprivoisent, se choquent, se détruisent. Les phalanges s'entortillent au crin, glissent sur l'encre de ses tatouages. J'ai son goût sur ma langue, cherche à le voir, à le toucher, encore, plus encore. Contours que je redessine du bout des doigts, du bout des lèvres. Sa queue dans ma bouche, sa queue dans ma gorge, les paumes pressent et pincent, les cuisses et puis les flancs. Un ronron se perd tout contre sa chair.
Battements de cils, les cuisses écartées, je le chevauche, ouais, je nous martyrise, laisse les sens éclater, cherche sa bouche, cherche sa langue. Le baiser est froid, froid tout comme le reste de son corps maintenant. Le teint fade, le regard vitreux. L'effroi. Je recule et chute, sens la cage thoracique comprimer les poumons dans une douleur insupportable. Il y a du rouge. Du rouge à mes mains, à mes jambes et à mon entrejambe. Le cadavre s'articule et je hurle, hurle à m'en péter les cordes vocales. -Pardon, PARDON, je suis désolée, s'il te plaît, je suis désolée, je ne voulais pas te blesser. Je ne voulais pas, non, je ne voulais pas. Carcasse décharnée qui se dresse et juge. Les lambeaux de peau se détachent des os. J'ai son sang dans ma bouche. Les paumes se plaquent aux oreilles pour ne plus entendre les gargouillis du corps qui se décompose et les paupières se ferment fort, très fort, très fort. -Non, non, NON !
Sursaut.
Le réveil est brutal et le corps moite. Les draps sont trempés, j'ai chaud et j'ai froid avec une furieuse envie de gerber. Les petons se posent sur le sol frais, les paumes en appuies sur le rebord du lit, le myocarde pulse jusqu'à la déraison. Halètements. La poitrine est douloureuse, les tripes se nouent en un tas d'entrelacs et je me lève trop vite, dans une impulsion soudaine pour dégueuler la bile dans le fond des toilettes.
Encore un rêve ou un cauchemar. Un autre parmi tous les autres. Pas une nuit ne passe sans qu'il ne s'incruste à la psyché dans une douce torture.
Il m'a quitté, Brutal. Il m'a planté dans mon studio miteux. Alors j'ai bu, j'ai bu jusqu'à ce qu'il n'y ait plus une seule goutte dans le fond de ma bouteille. J'ai bu et il n'est pas revenu. J'ai attendu, pourtant, des heures durant à fixer la porte de l'appartement. J'ai imaginé mille et un scénarios. Je l'ai vu revenir avec ce couteau, sourire, rire, parler, pardonner, discuter, hurler. Et me tuer. Me tuer un nombre incalculable de fois, tu sais. Dans le poitrail, la bedaine, le visage, la gorge, l'entrecuisse ; dans les artères et les veines avec un couteau, une barre en métal, un marteau, tes mains, ouais, tes mains. Je me suis vu devenir folle, le chercher derrière le rideau branlant de ma fenêtre, tressauter à chaque micro bruit dans la cage d'escalier. Je n'ai pas dormi de la nuit, ce soir-là. Je l'ai désespérément attendu. Je l'ai pleuré et détesté, suis passée par différents stades quand le dernier m'a laissé allongée sur le sol, la trogne baignée de larmes et de sueur.
Le soleil a éclaté les pupilles, autant que la gueule de bois, foutu étau qui compresse le crâne. J'ai attendu encore un peu, une heure ou deux, ou quatre, peut-être. Mais tu n'es jamais revenu et je crois, ouais, je crois que tu ne reviendras pas. J'espère que tu ne reviendras pas. T'as laissé un goût amer, un sentiment d'inachevé. Je crois que je te voulais. Que je te voulais au-delà de la mort que tu me promettais.
Mais il n'est plus là, Brutal, même quand parfois, je crois le sentir quelque part, ce n'est qu'un mirage, qu'une peur insane logée au bide et au crâne. Je me surprends à regarder derrière moi quand je marche seule, à regarder par deux fois avant de me rendre quelque part.
Et j'ai voulu t'oublier. Oublier toute cette histoire, suis même retournée bosser le lendemain. Gueule fardée pour planquer les traits tirés, mais il n'y a pas cru un seul instant, Adam. Il a demandé, ça va ? Et j'ai répondu dans un hochement de tête léger. Il a pigé. Il a rien dit, m'a juste laissé bosser au lieu de me renvoyer chez moi malgré ma démarche de canard. À la fermeture, j'ai cherché du réconfort dans ses bras, un simple câlin même s'il ne savait pas pourquoi, qu'il n'entravait rien. Il était là, juste là, à attendre que ça passe, m'a même raccompagné chez moi. Ce chez-moi qui sent toi, je crois, parfois.
Il ne quitte pas les pensées, le mâle et la psyché maltraite, balance des images douces et immondes. Je m'enfonce sous le faible jet d'eau, retire le poisseux qui me colle à la peau. Les draps que je bazarde tous les soirs, parfois deux fois dans la nuit. Je fume et je bois pour taire le manque qui fait battre l'organe à l'en déloger de sa cage. La panique étreint parfois, mais le vide revient par après, comme un foutu boomerang qui ne saurait me rater.

Les jours d'après ont été les pires.
Je t'ai cherché, tu sais, distraitement, mais sûrement. J'ai épié les clients du bar et ceux de la salle, j'ai épié les gens dans la rue, à la recherche constante de ta musculature. Je me suis résignée au bout de huit jours, au bout d'un peu plus de cent quatre-vingt-douze heures. C'est à peu près par là que j'ai compris, que tu ne reviendrais jamais. J'aurais dû être soulagée, mais je n'ai ressenti qu'un vide immensément grand à la poitrine. Un gouffre béant, trouant le poitrail. J'ai eu mal, Brutal. Mal comme je ne me souvenais pas avoir déjà eu mal. Ce n'était pas comme les fois où on me cognait, où on me torturait. C'était pire. Pire parce que ce mal-là, il ne frappe pas en laissant des ecchymoses ou des hématomes. Il frappe en créant des béances en-dedans. Des invisibles, mais qui sont là, qui brûlent et qui rappellent sans cesse ce qui manque. Je t'ai pleuré, Brutal. Pleuré comme je n'ai jamais pleuré auparavant. Et je ne sais pas pourquoi tu m'as rendu malade, mais tu l'as fait et c'était terrible. C'est terrible.
Clope pincée entre les badigoinces, j'enfile le pantalon noir et le débardeur blanc, planque sous le tissu, les cicatrices et les bleus qui s'estompent à mesure que les jours défilent. Je crois que je voudrais qu'ils restent là, comme un souvenir de ce qui était bien, de ce qui était bon avec lui. Les cheveux tirés en une queue-de-cheval mal faite, je suis montée dans mon 4x4 pour rejoindre le bar. Celui dans lequel Adam a bien voulu me garder même si je l'ai repoussé et vidé ses réserves plusieurs soirs d'affilés pendant et après le service. Je fais des heures supplémentaires, l'aide avant que les quelques soiffards se pressent sur les tabourets et sur les petites tables dégueulasses. Faux sourire vissé aux lèvres, je débarque, croise mon boss qui me regarde d'un air compatissant. Il ne sait rien, le brun, des détails de mon histoire, de cette histoire. Il ne sait rien de toi, Kah. Personne ne sait rien de toi, pas même ton vrai prénom ni même ton nom. Il ne sait pas le chagrin, le mal que tu planques sous ton masque fier. Mais ton sourire tressaute à la commissure de tes lèvres au bout de quelques minutes d'effort. Ouais, ta joie se fissure, mais tu as de la chance, personne ne te regarde assez longtemps pour savoir que tu mens. Que tu mens quand tu dis que tout va bien, que c'est OK, que t'es juste fatiguée, que ça ira mieux demain. Ça ne va jamais mieux, demain.
Tintement de bouteilles.
Je déplace les caisses à l'arrière, range la livraison reçue plus tôt dans la journée. Les efforts font grimacer, parce que la plaie tiraille toujours autant même si elle est moindre maintenant. J'ai bouffé Kitty, le chat de la voisine pour pouvoir changer le bandage sans que je ne déraille. Et j'ai rempli mon frigo de viande rouge et juteuse.
Agitation.
Bruit de porte.
La trogne se tourne, s'attend à découvrir Adam et seulement lui. Mais il n'est pas tout seul. La silhouette se fige, carton que je serre à m'en péter les jointures. Ce que je ressens est indescriptible. Un mélange de joie, de peur et de colère. Adam tente de le retenir, mais il m'est indifférent, n'existe déjà plus dans mon champ de vision. Je ne vois que toi. Que toi, Brutal. Est-ce que je déraille ? Le cœur rate plusieurs battements, ne semble même plus savoir battre, se désorganise et tambourine partout, partout, des pieds jusqu'à la tête. Et je crois que j'ai peur quand sa main plonge dans sa poche. Il doit voir mon visage se décomposer sur place, Adam, décide donc de me défendre avec vigueur. Alors, tu n'as pas changé d'avis, c'est ça ? Tu es revenu pour me tuer après deux longues semaines alors que t'avais dit, ouais, t'avais dit que ce serait rapide. va falloir que tu revois la définition. Le sang quitte ma tête et le teint devient laiteux, lactescent. La respiration se coupe quand la main ressort. Le claquement des chairs me fait pousser un hoquet. C'est Adam, Adam qui a claqué dans la paluche de Brutal. La réplique est immédiate, il est projeté contre le mur dans un bruit mat. Je voudrais reculer, mais n'y parviens pas. Je serre toujours ce carton contre moi, contre mon bide comme si c'était une protection utile. Le bout de papier jaune volette, s'échoue sur les lattes du vieux plancher. Je tarde à comprendre les lettres parce que tout se mélange dans ma tête et qu'elle ne veut pas comprendre, ma tête. Non, elle ne veut pas assimiler le mot que forment les bâtons sur le papier. C'est à ce moment que je lâche le carton, qu'il tombe dans un fracas et que le verre éclate répandant le liquide. J'ai juste eu le temps de reculer pour ne pas me défoncer les pieds. Le visage reprend ses couleurs, vire au rose puis un peu au rouge. Sur le minois, les sentiments se chevauchent, rendent la lecture impossible. Les traits sautent et se froissent. Pardon ? Pardon pour quoi, Brutal ? Pardon de n'être pas revenu, d'avoir hésité, d'être là pour terminer le travail ? Ouais, tu me demandes pardon, pardon parce que t'es con, que t'as changé d'avis, encore, je ne comprends pas. J'entrave que dalle à ton petit mot, là. Et comment tu sais que je bosse là ? Tu m'as suivi ? Ça fait combien de temps, dis ? Combien de temps que tu reluques du coin de l’œil le mal que tu me fais chaque heure de la journée ? Ça te fait bander ?

Autre pas en arrière, puis encore un jusqu'à ce que l'occiput percute le mur. -Brutal que je souffle d'un timbre vibrant. Derrière lui, Adam geint, bouge en grimaçant, peine à reprendre conscience. Les prunelles dégringolent sur la masse au sol, retrouvent celles de leurs vis-à vis. La caboche se balance de droite à gauche. Non. Non, pas ici, pas lui, pas maintenant. -Tu dois partir, ajouté-je, l'idiome défoncé. Je me décolle de mon mur gris, avance d'un pas. -Tu peux pas. Tu peux pas maintenant. T'es parti, Brutal. Distance qui s'écrase à mesure que les mots sortent du gosier comprimé. -Tu m'as laissé et maintenant, tu reviens. À quoi tu joues ? Tu trouves ça hilarant ? Adam se décale ou tombe, je n'en sais trop rien. -Il t'entend pas qu'il crache douloureusement. Ça me tire un rictus dégueulasse. Tu lui as servi ton petit numéro, à lui aussi. -Il lit sur les lèvres que j'assure dans un crachat amer. Il est beaucoup trop proche maintenant, j'arrive à sentir la chaleur qui se dégage de lui. Les yeux brillent de larmes que je retiens. Je voudrais aboyer des saloperies pour le blesser autant qu'il m'a blessé lui. Je voudrais lui hurler que j'en ai rien à foutre de toi, tire-toi, tu pollues mon air et mon espace vitale. T'étais rien, tu représentais rien, t'étais pas différent, pas particulier. T'étais banal, Brutal, une putain de déception. Si on a baisé la dernière fois, c'est juste parce que je voulais me sauver, je t'ai menti, j'ai simulé, j'ai fermé les yeux pour imaginer un autre, pour que ce soit supportable. Ouais, je voudrais lui larguer des milliers de mensonges, tous les essayer pour voir lequel le ferait réagir plus que les autres. Mais le poing se ferme et cogne sur le torse, éclate l'instant d'après, phalanges s'arrimant à lui, sur son cœur. Il cogne fort, je le sens pulser sous ma paume. Pourquoi t'es là ? -Je vais, je vais appeler les flics, occupe-le, le temps, aïe putain, le temps que j'attrape le téléphone. Il continue de geindre, le mâle, dans des râles rauques et peu glamours. Et je m'en fous, je crois. M'en fous, ne regarde que lui, me perds dans ces émeraudes, voudrais y lire des vérités cachés, les pourquoi et les comment, les raisons de sa présence, celle qu'il ne pourrait jamais m'avouer. Est-ce que tu as eu aussi mal que moi, toi ? Probablement pas. -Attends-moi près de ma caisse, elle est là-bas, derrière. Je te rejoins. Ouais. Après, je te rejoins après. C'est un murmure, un secret, un souffle que je largue en me hissant sur la pointe des pieds. Ce n'est pas comme si tu ne savais pas où j'habitais, j'imagine que m'enfuir n'est même pas une option possible et que tu le sais. Distance raisonnable à nouveau, je ne sais pas s'il me jauge, s'il pense que je pourrais en profiter pour appeler les flics, attraper une arme et lui trouer une vengeance en pleine gueule, là, entre ses deux jolis yeux. Il disparaît pourtant, dans une confiance merdique basée sur du vide. Adam est étalé de tout son long, les pieds de Brutal cognent sa godasse en passant. Énième grimace. Je l'aide à se redresser demande -ça va ? Sans avoir vraiment envie d'en connaître la réponse. -Tu le connais ce taré, qu'est-ce qu'il voulait, hein ? Il zieute derrière moi. -Il a écrit quoi ? Le minois se détourne, tombe sur le bout de papier que je récupère en le froissant dans la poche arrière de mon froc. -Une connaissance et rien, c'était rien, tu peux te lever ? Je l'aide parce qu'il ne m'a jamais refusé la sienne, le pose près d'un tonneau. -Il faut, il faut que j'y aille. L'idée ne l'enchante pas, pire, ça l'emmerde si fort que ses naseaux se dilatent. -Je t'ai passé beaucoup de choses déjà, Fauve. Et tu veux me planter pour rejoindre ce connard ? J'te comprends pas. Moi non plus, je ne me comprends pas, j'imagine qu'on est sur la même longueur d'onde à ce sujet. -C'est compliqué, j'sais ce que t'as fait pour moi, ce sera la dernière fois, Adam. J'ai besoin de ce travail et tu n'es pas si con comme patron. Sa moue se tord dans une grimace. -Si tu t'en vas, ne penses pas revenir ici. L'ultimatum qu'il balance à la gueule et je ne comprends pas, ouais, je ne pige pas pourquoi il fait ça. -Tu déconnes ? Il n'y a personne un jeudi soir, tu le sais aussi bien que moi ! Il lève les mains comme pour dire c'est à prendre ou à laisser. Je recule, retire le petit tablier blanc de mes hanches. Visage déformé par la colère et le dégoût, je lui balance à la gueule. -Je viendrai prendre mon solde demain, craché-je. -Quoi ? T'es sérieuse, Fauve ? Plus que sérieuse, tu croyais que tu allais pouvoir me dire ce que je devais faire en me menaçant de me virer ? -Ouais c'est ça, tire-toi avec ce blaireau et reviens pas chialer à ma porte ! Il marmonne un -connasse auquel je ne réponds que par un -Ouais, c'est ça, ouais.

Je quitte le bar d'un pas pressé, nerveux, et quand je le vois adossé à ma caisse, en train de fumer une clope, la vision me gifle si fort que je m'arrête une poignée de secondes. Et tu pouvais pas être moche, toi aussi, putain ? Je peste intérieurement. -Je viens de perdre mon boulot, monte là-dedans. La silhouette se glisse derrière le volant et je n'attends pas qu'il se décide pour démarrer, prête à me tirer avec ou sans lui.
Je conduis mal, excédée parce que je trouve ça injuste. C'est quoi ton problème, Adam ? T'es jaloux, tu pensais que t'avais déjà fait la moitié du chemin pour que je me foute dans ton pieu ? Vous êtes tous des putains de fils de pute. Je me gare sur le parking désert d'une vieille station-service désaffectée après avoir avalé plusieurs kilomètres. Je freine fort, retour de bâton. Les phalanges serrent le volant et la trogne fixe un vieux poteau juste en face de moi, éclairé par les phares de la bagnole. -Qu'est-ce que tu veux ? Tu crois que tu peux sortir et rentrer dans ma vie comme dans un foutu moulin ? Tu crois que je ne t'ai pas attendu ce soir-là, Brutal ? Putain de merde ! J'aboie comme un foutu clébard enragé, décide de sortir, me poste contre la portière après l'avoir claqué bruyamment dans une vibration de tôle ; sors une clope de mon paquet, me rends compte que je tremble comme une feuille quand j'essaye de l'allumer, balance la tige au sol, rageuse. Je l'entends qui s'extirpe à son tour, fait volte-face et le mire pendant qu'il fait le tour de la caisse. Parce que je suis trop petite pour le voir par-dessus le toit. Je sors le bout de papier de ma poche, le tends dans sa direction comme si c'était une bombe. Je me balance d'une jambe à l'autre. -C'est quoi ça ? Ça veut dire quoi ? Que t'es désolé d'avoir mis autant de temps à te décider ? Désolé de m'avoir laissé, d'avoir disparu en me laissant croire que tu pourrais surgir de nulle part pour me buter ? Désolé de m'avoir utilisé comme un foutu jouet pour ton bon plaisir, pour te divertir ? PUTAIN, MAIS T'ES DÉSOLÉ POUR QUOI ?! Je crois que je craque, que ça pète, que j'éclate en ravalant un sanglot. C'est plus facile pour moi de crier, ouais, plus facile de te reprocher tout et n'importe quoi. Ça m'empêche de penser que je suis contente que tu sois là. Ça m'empêche de me dire que ton visage m'a manqué cruellement ces derniers jours, ces dernières semaines et que j'étais paumée. Paumée à plus savoir quoi foutre. -J'aimais bien ce boulot que je finis par lâcher plus pour moi que pour lui, une fois le flot de paroles dégueulé.





( Pando )
( Chrysalis )
  Jeu 3 Oct - 14:41
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B. Brutal Ayaz
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B. Brutal Ayaz
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LET ME DOWN SLOWLY ft @K. FAUVE WARD

I don't know just how it happened, I let down my guard. [...]Caught me by surprise. I wasn't looking where i was going, I fell into your eyes. You came into my crazy world, Like a cool and cleansing grace. Before I knew what hit me baby, You were flowing though my veins. I'm addicted to you.

Fauve danse dans la valse de ses sentiments. J’avance quand elle recule. M’arrête quand elle continue jusqu’au mur. Impossible de dire si je lui fais peur… Mais j’imagine que lorsqu’on recule face à quelqu’un ce n’est pas qu’il nous met en confiance. Je ne vais pas te tuer, que j’ai envie de lui souffler. Me mord la lèvre en levant légèrement les mains, en signe de rémission. Je ne viens pas pour me battre, je viens juste pour parler. Et je me sens con, devant la réaction de Fauve. Stupide, aussi. Particulièrement mal à l’aise. Regrette la rue, les bars, les soulards comme ami, les putes et les femmes de bonne famille et surtout leur portefeuille – les halls de magasin, la foule, le brouhaha qui ferait taire la tronche. Je regrette même mes silences, ce que je ne partage qu’avec moi. Je regrette ma fierté, ma dignité et mon indépendance, celle que j’ai l’impression de perdre en cet instant de flottement intense. Je regrette mon idée, de l’avoir revu, à Fauve, et suivi. Je regrette ce semblant d’attachement de merde, celui qui me lie à elle parce que j’ai décidé d’avoir une conscience. De l’empathie pour une Pecnode. Je regrette vaguement de l’avoir rencontré, d’avoir été entre ses cuisses lorsque les Tigres d’Arkan nous ont chopé. Je regrette de l’avoir embarqué dans cette histoire. Je pense à me barrer. Maintenant, de suite, sans rien ajouter – me semble que c’est déjà bien assez. Parce que ça serait plus simple – parce qu’il est clair qu’elle me déteste. Dans le fond, c’est exactement ce que je voulais, pour que toute cette histoire soit plus facile pour tout le monde. Mais… Mais j’aurais préféré vivre dans l’espoir qu’elle me haïsse plutôt que le lire – entre autres choses – sur sa gueule. C’est plus difficile. Beaucoup plus blessant que ce que je ne l’aurais cru. T’es rien Fauve. T’es rien du tout. On ne s’est rien promis. Elle se reprend, Fauve. Vient vers moi – marche dans le verre et l’alcool, fait craquer les semelles de ses chaussures. Pourquoi t’es là, alors, Brishen ? Pourquoi ça te fait mal ? Je baisse la tête. Les yeux. Me focalise sur les lacets de ses godasses noires, un peu sales. Me concentre sur le parquet – vois les lattes bouger sous chacun de ses pas déterminés. Capte les paroles. Celles qui me disent qu’il faut que je parte et qui me ramènent à l’évidence. J’aurais jamais dû venir. Non, jamais. Ca aurait été plus simple. Plus facile. Partir et la laisser tranquille. Peut-être lui mettre un mot dans la boite aux lettres, un comme Au fait je ne veux pas te tuer, c’était une blague. Bisou. Ou rien lui dire du tout. La faire deviner seule – croire que j’étais mort. Après tout, c’est comme ça… Ouais c’est comme ça que je fonctionne. Putain. J’évite pas le coup qui part, celui qu’elle porte avec respect à mon torse quand elle aurait alégrement pu viser la tête – je crois que je me serais mis une claque, si j’étais aussi en colère qu’elle. Puis elle ouvre les phalanges, Fauve. Me fais doucement soupirer. Je relève un sourcil, puis les deux, la nuque toujours soumise. Je ne sais pas pourquoi je m’en veux alors que je suis sûr que c’était la meilleure chose à faire. La paume remonte le long du flanc pour se poser sur son poignet. La chaleur de sa peau m’électrise – le palpitant s’emballe sans que je ne veuille savoir pourquoi. Barre toi que l’encéphale me hurle. Mais il me hurle toujours ça quand je suis en présence de Fauve. C’est quoi le problème ? Tu es dangereuse pour moi ? Je suis dangereux pour toi ? L’instinct en berne, j’ignore celui qui gigote derrière. Qui parle de flics – j’ai rien fait et je ne porte pas d’armes à feu. Je colle ma joue à la sienne quand elle me murmure de m’attendre à sa caisse. J’hoche simplement la tête. Laisse ma main sur son derme quelques secondes supplémentaires avant de faire demi-tour pour sortir de la pièce. Enjambe le connard, par terre, comme s’il n’était rien. Parce que tu n’es rien. Lui jette un regard dédaigneux. Parce que tu savais qui était Fauve, Ducon.

Dehors l’air commence à piquer. Pas assez pour que ce soit désagréable. Je vais pouvoir attendre, que je tente de m’assurer en repérant le 4x4. Et si je devrais avoir peur pour moi – que le type appelle les flics, que Fauve ne sorte jamais, qu’elle raconte tout ce que je lui ai fait subir – je suis juste anxieux. Un peu comme à un premier rendez-vous mais pas tout à fait pareil. Alors, je fume. Entreprend de faire le tour de la voiture – d’aller plus loin pour regarder la lune et les étoiles. Mais la porte du bar s’ouvre sur Fauve. Machinalement, je coule une œillade étonnée à mon poignet. Ca ne fait pas 10 minutes que tu m’as dit d’aller patienter. Je pensais que j’en avais jusqu’à la fin de ton service. Je vais pour balancer un Déjà ? le ravale amèrement lorsqu’elle m’annonce avoir perdu son job. Bravo, Brishen. C’était son patron, le barmaid. La prochaine fois, retiens tes ardeurs. Evite d’envoyer des gens péter contre des murs. Surtout quand tu ne sais pas qui c’est. La langue claque sur le palais. J’obéis sans faire de vague. Contourne la voiture pour me foutre côté passager dans un silence de plomb. On aurait très bien pu causer sur le parking. Oui mais elle vient se faire virer alors c’est certainement pas, pour elle, l’endroit le plus propice à avoir une conversation de l’envergure de ton absence. Je renifle un peu fort. Bouge sur mon siège. Décolle mon dos du dossier pour me pencher. Presque coller ma face à la vitre. Fixe chaque lampadaire et leur lumière jaunâtre. L’éclat de la ville qui s’éloigne. Le noir et le manque de signalétique. Attend mais tu m’amènes où ? Tu crois que c’est un secret d’état nos retrouvailles ? Et puis qu’est ce que tu conduis mal, Fauve. T’es énervée, t’as bu ou tu veux juste me faire gerber sur ton tapis ? Ou les trois, peut être. Le nez se retrousse puis se détend lorsqu’elle donne le coup de frein final. Une station-service désaffectée… OK. Tu veux me buter. L’idée manque de me faire sourire. Les mots de Fauve me le fait ravaler de suite. Je me redresse dans un sérieux glacial. Ferme ma bouche à l’instant où Fauve ferme sur ma réponse sa portière avec puissance. C’était vraiment une mauvaise idée de revenir te voir.

Il me faut une longue minute avant de me décider à aller la rejoindre. Parce que je sens qu’il va falloir que je cause, et que ce n’est toujours pas un domaine dans lequel j’excelle. Par chance c’est elle qui commence, à peine suis-je sorti de derrière la malle. Et elle m’enchaine, Fauve. Crève l’abcès que j’ai créé en partant comme un voleur. Ne me dis pas que tu regretterais presque que je ne sois pas remonté avec ce putain de couteau pour t’ouvrir le bide, Fauve. Je m’arrête à distance raisonnable – ne souhaite guère tester les limites de Fauve dans des circonstances comme celles-là. C’est un coup à ce que les nerfs montent vite et que ma force se mesure à sa bête. Elle me tend le post-it. Me met là le Pardon, me jette à la gueule l’incompréhension qu’il lui extirpe. Ma paluche s’en saisi. Entre le pouce et l’index. Tripote le papier dans une réflexion qui parait plus intense que ce qu’elle ne l’est en réalité. Pardon… Pardon pour tout Fauve. Pardon d’être allé dans la forêt, le soir où tu m’as tiré dessus. De t’avoir menacé et poussé à me soigner. Pardon d’avoir un sang aussi particulier que ma faculté. Pardon de ne pas avoir su rentrer en ville et de t’avoir demandé de me raccompagner. Pardon de t’avoir fait rentrer chez moi, amadoué avec l’hémoglobine, de t’avoir réouvert ma porte plus tard et de t’avoir goûté. Pardon pour les Tigres d’Arkan, le corps dans les bois. Pardon d’avoir été un connard, aussi, parfois. De t’appeler Pecnode chaque fois que je pense à toi – de pas aimer les blancs, ces russes à la con et ces serbes n’en parlons pas. Pardon d’être sauvage, trop souvent. De ne pas vouloir te toucher parce que ça me fait mal – mal au corps et à l’âme. Pardon de pas te parler beaucoup ni souvent. De t’éviter comme si tu me dégoutais. Pardon de ne pas t’avoir fait bien l’amour, de ne pas t’avoir embrassé, l’autre jour. De ne pas t’embrasser là, aussi, parce que j’en ai envie. Pardon pour les bleus et la balle. De ne pas être arrivé à te soigner. Pardon de ne pas vouloir que tu sois autre chose que Rien pour moi. Et d’être là quand même. Pardon d’avoir dit que j’allais te tuer… De ne pas l’avoir fait et d’être parti comme un lâche. Pardon de ne pas t’avoir donné de nouvelles, de t’avoir suivi. De ne pas être vraiment parti, loin du pays. Pardon d’être vivant. Bien vivant et chiant et de t’avoir retrouvé. Pardon d’avoir frappé ton patron, de m’être excusé sur un post-it. Pardon d’avoir été différent et comme les Autres aussi rapidement, pour toi. Pardon pour ton travail et ton existence que j’entache. Pardon d’être Moi.Pardon pour tout, que je résume d’une voix basse quand la phalange déchire le papier dans une pression trop intense. Ce n’est pas une bonne idée de te demander pour demain soir, Fauve. Pardon pour ça, aussi. Ca aurait été égoïste, ça. J’embaucherais quelqu’un ; quelqu’un d’autre que toi. Quelqu’un qui fera un bon travail, ouais. Un bon travail.

Le mutisme s’éternise. La voix reste bloquée dans la gorge. Les mots se fixent à la langue. Les prunelles se perdent dans celles de Fauve. S’y noient à ne plus savoir comment en ressortir. Je crois que je culpabilise et ça ne me plait pas du tout. Et j’ai comme un soubresaut combatif. Un hoquet dédaigneux. Parce que je ne suis fait que de haine, tu vois, qu’il n’y a que comme ça que je m’exprime. Parce que c’est plus facile, ouais, plus facile de te dire merde plutôt que de t’expliquer comment tu m’as manqué. Dans mes rêves ou dans la vraie vie, alors qu’on a pas passé de temps ensemble, OK ? On a rien fait, rien vécu. On ne s’est rien promis et moi je suis là comme un con à t’écrire pardon sur un bout de papier. C’est pas rationnel. C’est stupide. Je te le dois pas, ce putain de pardon Fauve ! Je te le dois pas. Alors pourquoi tu le prends pas, simplement ? Pourquoi tu ne t’en contente pas ? Pourquoi tu ne me dis pas juste "Bonjour, comment tu vas ?" C’est quoi ton foutu problème Fauve ? C’est quoi ce putain de truc que tu dégages et qui fait que je suis là ? Pourquoi tu peux pas me l’expliquer, ça aussi hein ? Pourquoi je suis là en face de toi à te demander pardon alors que je ne t’apprécie pas ? Pourquoi j’ai envie de te prendre dans mes bras là, juste pour ne pas que tu te mettes à pleurer ? Fait chier ! MERDE ! Va crever Fauve. Ouais voilà. Prend ce putain de post-it et étouffe toi avec.C’était une mauvaise idée, que je lâche, finalement, particulièrement excédé. Pas forcément par elle, mais par tout ce qui me passe dans le crâne. Par ces idées que je n’arrive ni à ranger, ni à classer. Qui piétinent la raison et qui menacent l’instinct. Ca fait comme des échos. Ca fait comme des échos de Fauve et des flashs de ce Rien qu’on a pourtant vécu. Ca me remémore la plupart de nos échanges et la froideur que je lui ai servi sur un plateau. Pourquoi tu veux encore m’écouter Fauve ? Je vais pour faire demi-tour. Entend ses godasses sur le gravier. Me retourne presque aussi sec et si elle recule, cette fois, Fauve, c’est pour ne pas me percuter. – Toi qu’est ce que tu veux Fauve ?! que je crache, venimeux. – T’es en train de me reprocher de ne pas être remonté, ce jour là, dans ta piaule ? De ne pas être remonter pour te buter ?! Tu devrais être contente de ne jamais m’avoir revu, putain ! Tu m’as dit toi-même que tu ne voulais pas mourir… T’es en train de te plaindre de ne pas être morte ? C’est ça ? Poings qui se serrent. Phalanges qui blanchissent. Palpitant qui crépite. - Puis je t’ai utilisé ? Moi ? Tu te fous de qui quand tu dis ça ? A quel moment je t’ai utilisé ? J’ai besoin de personne ! OK ?! Personne ! Pas même de toi. Alors, pourquoi t’es là, Brishen ?

La mâchoire se contracte dans le mensonge dévoilé. La face et l’énervement sont aussi peu crédibles que ce que je suis patient. Alors je jure, pour étouffer l’évidence. L’évidence que j’avais besoin de toi ou au moins de ta présence ce soir. C'est flagrant. Et c’est nul. Et c’est niais. Et je m’écœure. La laisse planter là quand je fais le tour de la voiture. Que j’y repose le cul et que je tourne le dos à Fauve quand elle rouvre sa portière. Je suis un solitaire, Fauve. Arrête d’être toi, un peu. Laisse moi tranquille. J’ai changé d’avis en fait. Sors de ma vie.Ramène moi en ville. Je sais pas pourquoi t’as eu l’idée de venir nous perdre ici, lâché-je d’un timbre bas. La pulpe passe sur ma tempe. Masse la veine qui y palpite. Court silence gêné.Je ne suis jamais parti, que j’avoue quand je sens que Fauve va partir dans une nouvelle salve. Le genre que je ne suis pas encore prêt à encaisser. – Je ne suis jamais parti, OK ? J’aurais dû mais j’ai pas pu. Je suis resté là, comme un débile, à te suivre pour être sûr que personne ne te ferait de mal à cause de moi. Je ne compte pas te buter Fauve… Arrête de faire comme si ce n’était pas clair. Arrête de faire comme si ça ne serait pas déjà fait. Je finis par me foutre de biais. Pour la voir. Voir ses yeux clairs, son nez, sa bouche, ses pommettes – sa tronche toute entière. – Les types des Tigres d’Arkan seront à St Pétersbourg demain alors… Je voulais que tu viennes. Je hausse une épaule. – Alors là je partais pour de vrai et je venais juste te dire au revoir Fauve. Mais je n’ai jamais dit au revoir à personne alors, je ne sais pas comment on fait. J’imagine que ce n’est pas comme ça. J’imagine que j’imagine bien.Et je suis désolé pour ton travail. Ce n’était pas le but de la manœuvre, que tu le perdes. J’irais lui parler, à ton boss, si tu veux… Enfin lui parler, je roule des yeux, lui écrire un mot d’excuse à lui aussi. Un peu mieux fait que celui-là. Je donne un coup de menton vers le papier déchiré qu’elle tient toujours. – Il n’était pas efficace celui-là. Je fous une cigarette entre les lèvres. Fauve se glisse dans la caisse. -Ca va ? que je lui demande lorsqu’elle relève le museau vers moi. – Ta blessure, ça va ? Tu as besoin de quelque chose, Fauve ? J’expire la nicotine. En reviens à ma fenêtre et au paysage de la station service. Ne la regarde plus parce que j’ai envie de la toucher et qu’il ne faut pas.Je te dois bien ça. Je crois.



Couleurs des Dialogues:

©️crack in time
  Jeu 3 Oct - 17:53
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( Let Me Down Slowly ft. @B. Brutal Ayaz )
La colère tombe comme un soufflé quand sa réponse s'extirpe de ses lippes. Ça me donne envie qu'il répète, qu'il le redise encore et encore jusqu'à ce que je l'imprègne bien, que je m'en souvienne demain, après-demain et encore après. Les traits se radoucissent et j'aimerais dire quelque chose, un truc intelligent, un truc qui voudrais dire OK, c'est OK, c'est pas grave si t'es désolé, j'aurais pas dû gueuler, j'aurais dû t'écouter parler, comprendre le sens caché derrière les lettres que t'as griffonné sur ce bout de papier. Mais rien, les mots restent coincés derrière les ratiches et rien ne vient, rien ne sort, rien qu'un petit couinement ridicule. Ses lèvres bougent, c'était une mauvaise idée qu'il dit. Et ça se répète à la cabèche, me fait lâcher un -Quoi ? Non ! Qu'il n'entend pas ou qu'il ne veut pas entendre puisqu'il fait demi-tour. Les guibolles s'activent, marchent à sa suite, la menotte veut le retenir, le toucher, l'arrêter. Volte-face. Je manque de lui rentrer dedans, recule pour le voir, pour observer son visage dans un angle plus large. Et je n'entrave que dalle, ni les mots, ni la rage qui teinte ses syllabes, descends aussi vite que je suis montée dans l'escalier de la confiance, chute, me casse la gueule sur les graviers, me l'arrache, la gueule. La tirade achève, dérègle le myocarde qui pète et ne sait plus battre. Alors pourquoi t'es là, Brutal ? Pourquoi tu débarques si tu n'as pas besoin de rien ni personne, surtout pas moi ? C'est quoi ton foutu problème ? Pourquoi t'es comme ça ? Je t'ai fait quoi, moi, pour que tu me donnes et me reprennes l'instant d'après ? Ça te fait marrer, peut-être ? T'aimes l'effet de surprise, tu voulais voir la gueule que je tire ? Je ne suis pas ton putain de jouet, la connasse que tu ramasses et que tu balances, à qui tu dis des trucs sympas et des horribles. Nouveau couteau planté dans la poitrine. La désillusion.
La respiration flinguée, les poings serrés tout autant que les mâchoires, je le regarde se tirer, ne sait plus quoi dire ou faire ou crier. Tu n'as pas envie de savoir ce que je veux, tu n'as pas envie que je te le dise parce que sinon, ça viendrait foirer tout ce que tu t'évertues à crever dans l’œuf. Je ne sais jamais sur quel pied il faut danser avec toi, ne connais pas le rythme de ta danse et je me perds, et tu me perds et on se perd, Brutal. C'est douloureux entre les côtes. Douloureux et froid. Tu t'attendais à quoi, Kah ? Tu croyais qu'il allait te sortir le grand jeu, se mettre à genoux en implorant ton pardon à la con ? Ouais, tu pensais qu'il te ferait une jolie déclaration pour dire que tu lui manquais autant qu'il t'a manqué, lui ? Mais il s'en fout, de toi, t'es trop compliquée comme nana. Personne s'emmerde avec les meufs compliquées, encore moins quand elles n'ont d'humaines que l'air. Je tarde à remonter dans ma bagnole, le fait dans un mouvement horriblement lent et il demande à rentrer, râle que je nous ai emmenées trop loin de la ville. Je me fige devant la portière. Putain, mais c'est toi qui es venu vers moi, ne fais pas comme si c'était l'inverse, comme si j'étais accrochée à ta jambe en train de gémir. T'es venu tout seul comme un grand, putain et tu m'as fait perdre mon boulot parce que t'as cogné mon foutu patron. Tu sais, ce gars qui tentait de me protéger de toi comme si t'étais une terrible menace. Ce gars pour qui je compte certainement bien plus que ce que je ne compte pour toi. Alors garde ton air supérieur, ta vilaine gueule et tes mots tranchants et blessants et va te faire foutre, merde ! C'est tout ce que j'ai envie d'aboyer, de cracher, de dégueuler. Tout ce que je m'apprête à lui balancer en lui demandant de sortir de ma caisse parce qu'il est hors de question que je le ramène quelque part. Je ne suis pas ton putain de taxi. Il coupe l'herbe sous le pied, le mâle. Balance une phrase qui me percute l'encéphale, pas la première, mais la seconde, parce que je n'ai pas entendu ce qu'il a dit au début. Ça me fait me pencher vers lui d'un mouvement vif. Quoi ? Ai-je envie de crier. Mais je n'en ai pas besoin, parce qu'il explique tout seul, Brutal. Il ne pouvait pas, il m'a suivi, voulait s'assurer que tout irait bien pour moi. Alors, alors je ne rêvais pas ? Je te sentais parfois, je pensais que je devenais dingue, mais t'étais là. Ouais, t'étais là ? Tu m'as regardé aller mal et tu n'as rien fait ? Tu te décides à venir quand je mens mieux, quand je souris pour de faux pour faire croire que tout va bien. Pourquoi ? Et je crois que je lui en veux de m'avoir fait subir ça, de m'avoir laissé croire qu'il m'avait abandonné ou qu'il se foutait de ma gueule ou qu'il voulait attendre pour me buter. Et je lui en veux pour le reste. Pour cet au revoir de merde ou cet adieu à la con. Attends, tu reviens m'annoncer que tu pars ? Que tu pars vraiment et que tu ne reviendras pas ? Et je suis censée le prendre comment, au juste ? Je dois te gifler, te souhaiter bonne chance, te dire que c'était sympa de t'avoir rencontré ? Ouais, c'est quoi que tu attends de moi, en fait ? C'est quoi que tu veux que je te dise ? T'as besoin que je t'explique comment on fait pour dire au revoir à quelqu'un qu'on a déjà quitté une première fois ? Que je te dise que ça ne se fait pas, de faire mal, deux fois ? Ça te fait plaisir de me faire du mal, c'est une passion dans ta vie de blesser les gens, manière de t'assurer qu'ils t'oublieront et qu'ils ne te retiendront jamais ?

Et plus il s'adoucit et plus ça me fout en colère. Ça n'a pas de sens, rien n'a de sens dès qu'il s'agit de lui et je ne sais pas pourquoi ça me fait aussi mal, pourquoi j'ai envie de le cogner comme j'ai envie de l'embrasser. Ouais, je ne sais pas pourquoi je me sens dévastée par un putain de chagrin qui prend forme au poitrail, comme une foutue boule qui me défonce les côtes. Je m'installe sur mon siège parce que je me sens dérailler, je me sens perdre pied dans toute cette merde qui nous englue. Le museau se relève, croise ses prunelles. Les questions d'abord, d'une banalité affligeante et son regard. Son regard qui fuit, qui furète vers l'extérieur, loin de moi. -J'ai besoin que tu me regardes. L'exigence posée là, du bout des lèvres, dans un murmure quasi irréel. Et je me perds dans sa contemplation, dans ses yeux si beaux et intenses qu'ils paraissent faux. Je sens qu'il voudrait dire un truc, m'empêcher de parler comme il sait si bien le faire alors la paume se pose sur sa cuisse. Ouais, elle se pose là, foutant en l'air toutes ses défenses merdiques dans un seul geste. Silence conservé, les phalanges cherchent sa paume, celle que j'ai abîmée. La pulpe glisse sur les contours irréguliers du derme. Pupilles rivées à ma tâche dans une fascination étrange, le temps s'égraine sans que rien ne vienne entacher ce moment. Rien, pas même nos respirations saccadées. -J'ai rêvé de toi, commencé-je d'une petite voix chargée d'émotions. -De nous. T'étais là et c'était bon et c'était bien, jusqu'à ce que tu me tues. Ouais, j'ai rêvé de toi chaque putain de jours, Brutal. Et tu n'imagines pas comme c'était éprouvant.
Instant de flottement.
Les menottes le libèrent de ma présence, je me cale de travers sur mon siège, la joue collée au dossier, les yeux braqués sur lui. -Je t'ai attendu. Longtemps. Des heures. Toute la nuit en fait, et même le matin. Ouais, même le matin et après. Après, je t'ai cherché. Mais t'étais plus là, Brutal. Silence. -Tu m'as fait mal. La voix tremble. -Tu voulais savoir si j'avais besoin de quelque chose... Alors ouais, j'ai besoin de quelque chose. De toi. -Je veux que tu restes avec moi, soufflé-je en proie à toutes ces émotions contradictoires. Je sais, je sais que ça paraît insensé, que je devrais te détester, vouloir te tuer et abandonner ton cadavre dans un recoin de cette station-service dont tout le monde à oublier l'existence à part les junkies. Je devrais partir, te dire casse-toi et bonne vie. Mais je n'y arrive pas, parce qu'un monde sans toi, je l'ai vécu durant deux semaines et ce n'était pas joli, Brutal. C'était laid et nul, et chiant, et pathétique. -Je ne vais pas bien depuis que tu es parti. Et, et tant pis pour le bar et pour mon travail. Je m'en fous si t'es là, mais pas si tu pars, tu comprends ? Je ne suis pas certaine qu'il comprenne quoi que ce soit, parce que c'est déjà fouillis dans mon crâne, alors je n'ose même pas imaginer comment c'est, quand tout sort bizarre d'entre mes babines. Je m'emmêle dans les mots, bute sur un début de phrase, sur son milieu et sur sa fin. Le papier et ses six lettres toujours entre mes doigts, je me détourne de lui, menton baissé pour le regarder, le lisse parce qu'il est froissé et déchiré. L'index glisse sur les traits. Je ne sais pas ce que tu m'as fait, pourquoi tu m'attires, pourquoi je tremble quand t'es là et que j'ai l'impression d'être une adolescente en train de vivre ses premiers émois. Je ne pige pas, me trouve bête quand t'es à côté de moi. -Il est plus efficace que tu ne le crois. Timbre doux je triture un coin du post-it. Et je bouge, me redresse dans l'urgence d'un besoin, défonce la distance qui nous sépare, bute sur son bras, attire son visage et pose mes lèvres sur les siennes. Un simple baiser pourtant si douloureux. Je sais que je te perds, ou peut-être que je t'ai déjà perdu, l'autre jour dans cette cuisine.Je t'ai certainement perdu, ce jour-là, ouais. Mais je n'ai pas envie, pas envie maintenant que t'es là et que je peux te dire de rester plutôt que subir ton absence. Je veux te retenir, te retenir de toutes mes forces. Et je prends ce qu'il m'a refusé plusieurs fois. Il n'y a que les putains que l'on n'embrasse pas. Je ne suis pas une pute, Brutal. La langue se faufile entre ses lippes, s'emmêle à la sienne. Et je le goûte et je le bois, me presse contre lui, ne me rends même pas compte que j'ai quitté ma place, que je suis suspendue à sa bouche, au-dessus de la boîte de vitesses qui me défonce le flanc. -Ne me quitte pas, pas encore que je lâche, à bout de souffle, le front posé tout contre le sien. Je ne sais pas si j'y survivrai cette fois. Parce que t'es là et que tu sens bon et que tu es beau, si beau quand tu réfléchis et qu'un pli se forme entre tes yeux. Et j'aime ton goût, tes lèvres sur les miennes, ne m'en prives plus, s'il te plaît. Les phalanges ne quittent pas sa silhouette, dispersent leur caresse. La carcasse se hisse sur la sienne et le 4x4 devient soudainement plus petit. Le siège est réglé, reculé au maximum. De la buée se forme sur les vitres parce que l'on respire trop fort et que j'ai chaud. Les gestes se saccadent, deviennent moins précis dans l'urgence de ce besoin qui me pète le bide et le cœur. Les tiges palpent la chair sous les fringues, la ceinture abdominale. Les doigts s'enfoncent en dedans, s'assurent qu'il n'est pas un mirage, se gorgent de sa chaleur. Je m'arrête, me redresse un peu, recule juste assez mon visage pour que le sien m'apparaisse plus net, moins flou. -J'ai envie de toi, Brutal. Dis-moi que toi aussi. Je veux que tu le dises, que tu traduises ce pli au milieu de ton front parce que tu réfléchis trop quand il n'y a pas à réfléchir, là, maintenant. Abandonne-toi, abandonne-toi à moi. Et après, on verra, on verra si tu restes ou si tu t'en vas, mais dis-moi que tu me désires comme je te désire. Dis-moi que tu me veux, toi aussi et laisse-moi tomber doucement.

La délivrance.
L'espace est exigu, je me cogne, dérègle le rétroviseur, retire le débardeur qui s'est déchiré sous sa poigne. Le sentir devient vital. Mon jean craque, le sien est seulement ouvert et tiré un peu, lui reste sur le haut des cuisses, l'entrave autant que l'habitacle. Je me contorsionne, me réjouis d'être assez petite pour virer ce putain de froc qui m'emmerde et son bout de coton. Enfin libérée, je m'empale sans le moindre préliminaire. Sa queue écarte les chairs, me fait pousser un hoquet puissant, s'y fait une place en quelques coups de reins. Et tout va trop vite et trop fort. Les chairs se frottent, claquent, s'emboîtent. Le crâne cogne plusieurs fois le toit quand il pousse, qu'il emplit entièrement à ne faire qu'un. Mes cris et mes râles résonnent entre les tôles. -Touche-moi haleté-je. -Je te veux, je veux tes marques sur ma peau. Je veux me souvenir que tu n'étais pas un mirage, Brutal. Et je crois qu'il hésite, il me regarde et mon front rencontre le sien, le percute. -Détache-toi de la douleur, ce n'est qu'un impact, un putain d'impact qui dure une micro-seconde. Ses paluches parcourent et touchent et pincent aussi. La douleur s'efface sitôt qu'elle naît. Parce que c'est bon, c'est tellement bon, quand je t'appartiens. Il n'y a que quand on fait l'amour que tout va bien et j'aime ça, je ne veux pas penser que tu vas me quitter, encore, que tu vas t'en aller sans moi. C'est trop douloureux ça, plus douloureux que tes phalanges qui laissent des ecchymoses. La langue lape la peau et je tressaille, ai envie à en crever de le sentir, de le mordre, de me rassasier. Je le sens et le respire, me mords la langue et détourne le regard, le retrouve et me noie dedans. La caisse remue au rythme de nos ébats, de nos corps qui se choquent, s'entrechoquent dans le claquement de nos chairs trempées. Trempées de nous, de notre jouissance. Cette jouissance qui éclate dans un cri, un feulement, son prénom vissé aux lippes comme une litanie. Je l'embrasse, tremblante de l'orgasme fulgurant.
-Ne pars pas sans moi dis-je après de longues minutes. -Reste ou emmène-moi, Brutal que je susurre à ses lèvres dans le mélange de notre air.




( Pando )
( Chrysalis )
  Jeu 3 Oct - 21:35
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B. Brutal Ayaz
MONSTER UNDER YOUR BED
B. Brutal Ayaz
Impétuosité : 164
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LET ME DOWN SLOWLY ft @K. FAUVE WARD

I don't know just how it happened, I let down my guard. [...]Caught me by surprise. I wasn't looking where i was going, I fell into your eyes. You came into my crazy world, Like a cool and cleansing grace. Before I knew what hit me baby, You were flowing though my veins. I'm addicted to you.

Moi je n’ai pas envie de te regarder Fauve. De lire dans tes yeux ce qui se passe dans ta tête. Ou de le déduire – le déduire bien quand je préférerais le déduire mal. De lire les expressions de ton visage, les négatives. Celles qui comprennent pas comment je réagis. J’ai pas envie de lire sur tes lèvres cette question que je me pose moi-même : "Pourquoi t’es là, Brutal ?" Parce que ouais, pourquoi je suis là, dans ta foutue caisse ? Pourquoi je suis venu te voir jusqu’à ton travail ? Pourquoi ça ne pouvait pas attendre, maintenant que j’avais la parfaite excuse pour frapper à ta porte ? La porte de ton appartement. Pourquoi je fais les choses mal, avec toi ? Et pourquoi toi, t’es trop gentille avec moi ? Pourquoi tu sembles me comprendre et être douée d’une patience hors du commun ? Pourquoi tu ne t’énerves pas plus franchement, Fauve ? Parce que c’est dingue ça, tu ne trouves pas ? C’est dingue qu’on change autant au contact l’un de l’autre. On fait crever notre instinct. Nos seules défenses face au monde. Je crois qu’on est nocif Fauve. Ouais. Je crois qu’en fait on est nocif l’un pour l’autre. On ne se rend pas plus fort, regarde nous Fauve. On est nul quand on nous met dans le même habitacle. Complètement nul. Mais j’sais pas, y a quelque chose – c’est plus fort que moi. Plus fort que la raison. Cette espèce de naïveté que t’as… Elle m’obsède. Comment tu me vois, ça m’obsède. J’aimerais, juste une fois, me regarder à travers tes yeux. Saisir l’exception qui fait que tu ne m’as pas encore buté même si t’as choisi le lieu parfait pour le faire. Je veux savoir ce qui a fait qu’en si peu de temps, Fauve, t’as décidé que j’étais quelqu’un qui valait le coup qu’on s’y accroche. Mais ça ne devrait avoir aucune foutue importance, tout ça. Parce que t’es qu’une Pecnode parmi les autres. Toi aussi, Fauve, t’es censée être comme les autres – avec une bête en plus à la charge de ton corps. Dans ta tête, tu vois. Dans ta sociabilisation foirée. Dans ton humanité. La couleur de ta peau, de tes yeux. Dans ta structure. T’es une Pecnode et tout ce qui fait de toi ce que tu es devrais me dégoûter… Mais parfois on choisit pas comment tout se passe, Fauve. Parfois – toujours – les obsessions sont irrationnelles. Et ça doit être pour un peu tout ça que j’en reviens à elle. Que je tourne la tronche pour la regarder, comme elle me le demande. Me perdre dans ses yeux clairs – essayer de trouver son âme. Je me demande, parfois, comment quelqu’un d’autre que moi aurait réagi à la balle… Au fait que tu bouffes de la chair animale et des cadavres. Je crois que ce n’est pas normal ce que je fais là. De rester là quand je sais que c’est mort pour St-Pétersbourg. Alors les lèvres s’entrouvrent. Veulent causer en laissant passer un maigre nuage de fumée. J’ai vraiment besoin de rentrer Fauve, que je manque de lui balancer dans l’épuisement d’émotions trop contradictoires. Mais elle me coupe la parole, Fauve. Pose sa menotte sur ma cuisse. Me fait baisser le museau parce que je ne comprends pas ce qu’elle fait là. Puis le relever lorsqu’elle part dans une contemplation foireuse d’une paluche blessée. La mienne. Par elle. Ca fait aussi parti des choses qui devraient me faire fuir. Tout comme ces rêves, qu’elle a fait de moi. Cette impression étrange que ça me donne. Celle qui flingue un peu le bide et qui tiraille l’encéphale. Fauve, elle ressemble à ces filles que l’on quitte sans raison. Sans état d’âme. Un matin en partant au travail ou un soir en allant acheter des clopes. A ces filles parfaites et aimantes et inconditionnelles dans ce qu’elles ont à nous apporter. A ces filles qu’on abandonne alors qu’elles n’ont rien à se reprocher – rien de visible. Sauf que Fauve, je ne l’ai côtoyé que quelques jours, quelques heures. Pas de quoi faire de mon absence ce trou béant qu’elle semble m’expliquer. Nous n’avons pas partagé notre quotidien, ni l’imperfection de nos vies. Nous ne nous sommes pas assis devant la tv, sur un canapé miteux dans une piaule miteuse, pour rire de vieux films en mangeant une pizza. Nous ne connaissons pas nos goûts, nos espoirs et nos ambitions – nos objectifs dans notre avenir proche et moins proche. Nous avons surtout partagé les pires côtés qui nous composent, dans des mystères aussi énervants que fascinants. Nous avons noyé les circonstances dans des silences oppressants. Puis nous avons fumé, aussi, beaucoup trop de cigarettes et bu à la manière de pochtrons. Et malgré tout, malgré ça, Fauve elle m’a attendu tous les jours – malgré le vide qui harmonise notre relation. Elle a espéré, possiblement, au fond d’elle, que je revienne avec une explication crédible. Que je me sois fait kidnapper, même si ça l’aurait fait culpabiliser de toutes ces mauvaises idées. Ou que je sois devenu amnésique. Ou que je sois mort, j’imagine. Elle a espéré que je revienne parce que Fauve, elle n’avait que ça. Elle n’a que ça, à Mejdouretchensk. Son espoir et moi – même plus son travail désormais. Et Fauve, si elle perd la seule personne qui l’a vu – qui l’a vu vraiment – et à qui elle a un peu parlé alors… Alors plus rien n’a de sens. Tout ce qu’elle a perdu – son secret et son travail – ça n’aura servi à rien. Je crois que je comprends, pourquoi tu ne veux pas que je parte, même si ça me semble fantasque.

Puis elle se soustrait à mon regard Fauve. Pose le sien sur le post-it déchiré qu’elle tient encore. Avoue qu’il a été plus efficace qu’il n’y parait, ce papier – j’en ai pas eu l’impression je t’avoue. Ca me fait détendre l’échine, qu’on puisse repartir sur une conversation plus légère – moins importante que celle sur des sentiments ou des conneries dans le style. Je dodeline du chef, vais pour lui balancer que je ferais le même à son boss. Pense Je ne vais malheureusement pas rester, Fauve. Mais elle me prend de court. Coupe le flux de la raison. Amarre ses lèvres aux miennes. Y reste accrochée quand j’ai à peine le temps de tendre un bras pour l’en empêcher – parce que je ne sais pas vraiment, dans sa première pulsion, si elle ne voulait pas m’égorger. Et j’aimerais la pousser, un peu. Lui dire que ce n’est pas raisonnable, que ce n’est pas avec ça qu’on fait rester les hommes. Ou pas qu’avec ça. Que sinon je serais déjà resté, l’autre fois. Que de toute façon ça ne sera jamais aussi bien que ce qu’elle l’espère. Qu’il faut arrêter d’insister, à un moment donné – que tant que je ne gère pas mes facultés je ne pourrais pas tout donner. Mais je reste muet et bloqué et enivré. Sa bouche me fait oublier. Oublier qui je suis et qui elle est. Ce qu’on fait là, dans cette station désaffectée au milieu de nulle part et pourquoi je veux partir. Oublier les pulsions de fuites et les incohérences de nos comportements respectifs. Peut être même que ça me fait oublier que nous sommes différents.

Mes phalanges s’emmêlent à sa crinière quand je m’applique pour ne pas y tirer. Ma langue goûte à la sienne, libère la frustration – la boit comme si c’était la meilleure chose que je pouvais boire au monde. Et après… Et après ça dérape. Ca va vite. Ca fait battre le sang partout… Partout dans le corps. Des tempes au futal, du futal aux tempes. Ca me fait lâcher ma clope dans une injonction hasardeuse. Ca me fait m’en foutre et toucher Fauve de la paume des mains. Ca fait sauter Fauve à califourchon sur moi. Ca nous fait décaler le siège dans un empressement qui rend maladroit. La mécanique craque sous mon poids. Mes reins se soulèvent pour taper dans ceux de Fauve. Fauve couine. Fauve parle. Il me faut un instant pour capter de quoi il en retourne. Et je crois que je le capte vraiment seulement quand elle recule son visage. Que je sens moins son odeur de vanille et de cacao. Comme si tu ne le savais pas déjà, que j’ai envie de toi. Les crocs viennent mordre l’angle de sa mâchoire. La langue lape. – J’ai envie de toi. J’ai envie de toi à en avoir mal. Et ça repart. Je déchire ses fringues, dans des excuses inaudibles et probablement minables. Dans des excuses auxquelles je ne crois pas parce que je m’en fous. Ca nous fait taper un peu partout. Ca me fait cracher des insultes, ici et là, dans l’empressement et les soubresauts de conscience – ceux de sa douleur que je partage. Les pantalons dégagent – le mien à peine baisser sur mes cuisses. Fauve s’assoie. Fauve s’empale. Fauve me fait feuler son nom quand je m’agrippe à la tôle dans un grincement lointain. Elle me fait dire Putain. Elle me fait dire Bouge-pas. et aussi Bouge. Bouge maintenant. Parce qu’elle n’est pas complètement prête, Fauve. Elle est un peu étroite, encore, Fauve et que ça pète à la tronche. Ca me fait bouger, moi-aussi, dans Fauve. Et tenir ses hanches pour les maintenir presque statiques. Ca me fait coulisser. Chercher l’humidité de la fente qui ne tarde pas à faire clapoter nos peaux. Elle se cogne un peu, Fauve. Veut que je la touche pourtant. Que je la touche pour qu’elle ne m’oublie pas – pas vite. Et j’hésite, je crois. J’hésite en examinant ses prunelles quand les miennes sont complètement envahit par le plaisir. Tu ne sais pas de quoi je suis capable. Tu ne connais qu’une partie de ce que je suis devenu un jour dans les hauteurs de Mejdouretchensk. Mais tant pis. Mais c’est la vie. Que des impacts dans le crâne desquels il faut que je me détache. Et une puissance que je dois maîtriser. Alors je la touche Fauve. Je la touche partout. Parcours les tatouages qui la façonne. Des mains et de ma langue. Palpe un sein qui remue au rythme frénétique de nos ébats. La plaie tout juste refermée. M’accroche à son cul. L’empêche, un instant, de gigoter de trop ; la pousse à se frotter à mon bas ventre. A se contracter autour de ma queue. Avant qu’on ne reparte – que je cherche son fond à lui en couper la respiration à chaque va et surtout à chaque vient. Mes doigts l’enserrent. L’enlacent. Les phalanges blanchissent dans un lâché prise qui me fait sentir chaque électrochoc de souffrance comme quelque chose de plus agréable qu’il n’y parait. Parce que tout est tamisé par ma vision du corps de Fauve. De Fauve sur moi et de moi dans Fauve. De nos sexes qui se choquent et se percutent – de ses hurlements à mes oreilles qui me rendent sourd à tout autre chose. Le monde n’existe plus. Il n’y a que Fauve. Qu’elle et son odeur de vanille et de cacao et de clope et de sueur. Qu’elle qui jouit et qui se contracte autour de moi dans une violence extatique. Alors je jouis aussi. Je jouis dans un grondement. Viens écraser mes lèvres contre les siennes pour la sentir, à Fauve, jusque dans ma gorge, hurler mon prénom.

La carne s’affale. Accueille celle de Fauve. Les respirations sont anarchiques. Les vitres pleines de buée, tant et si bien que je ne serais pas foutu de dire si y a quelqu’un dans les parages. L’esprit en vrac, cotonneux et vaseux, je me demande si c’est légal de baiser dans une voiture dans ce pays. Je me demande si on pourrait être manché si un flic tombait sur nous, maintenant – à poil, transpirant et collant. Je ramène un bras autour de Fauve. Viens me pincer l’arête du nez. Bordel, mais ça n’était pas prévu, ça. Ni qu’on couche ensemble, ni que tu me harcèles pour que je reste ou que je t’emmène. Je laisse planer un nouveau silence, qui voudrait être empli de réflexions intenses mais je ne suis concentré que sur elle. Sa chaleur au-dessus de moi et sur ma queue toujours dans sa fente. Je ne vais pas au-delà du C’est bon. me contente de faire semblant de réfléchir avant de lâcher un bref : - Tu viendras alors, sans réellement réaliser ce que ça implique. Et elle semble contente, Fauve. Se redresse après encore quelques minutes – je laisse glisser une main entre ses cuisses avant qu’elle ne s’échappe pour la caresser une dernière fois. Ses fringues tirent la gueule. Elle a du mal à se rhabiller – se rhabiller convenablement parce que le débardeur est scié en deux et que le jean n’a même plus de fermeture. Mais elle fait ce qu’elle peut, Fauve, pour nous ramener jusqu’à son appartement. Et je bois, beaucoup, dès que je rentre chez elle. Directement pencher au-dessus du robinet. Puis on cause, un peu, une clope entre les lippes, de demain, de St Pétersbourg, des billets de dernière minute que nous devrons acheter et du solde de Fauve qui pourrait nous être utile. Machinalement je refuse - mens en disant que j’ai l’argent. M’en convainc dans une seconde affirmation parce que je sais, ouais, je sais que je peux voler assez d’argent en une soirée ou une matinée. Alors je veux sortir mais, Fauve préfère que je reste. Je lui accorde, dans une pression étrange du palpitant. On se couche, sans dormir vraiment. Rapidement, je suis de nouveau entre les cuisses de Fauve.

Ca fait longtemps, que je n’ai pas dormi dans un lit – le genre qui ne ressemble pas à un banc avec une pauvre couverture dessus. Je me réveille après un sommeil de plomb. Fauve contre moi. Fauve dans mes bras. Je grimace. La lâche, doucement. Me lève, en me demandant encore ce que je fous. Vais faire un tour à la salle de bains, y reste le temps d’une toilette rapide. En ressors. Vois Fauve assisse sur le lit – ne veux pas savoir si elle est inquiète ou contente que je ne me sois pas barré comme un voleur. Que je ne sois pas qu’une putain d’illusion, encore. J’aurais dû le faire, pourtant. Je nous fais couler un café, lui en tend un alors qu’elle s’approche. N’ose pas lui demander si elle a bien dormi – trouve la situation particulièrement malaisante parce que, les matins, je ne les partage pas avec des filles, aussi jolies soit-elle… Et que je trouve que j’en ai déjà partagé bien assez avec Fauve. Alors je préfère le silence. Le silence que j’édulcore de nicotine et de mes expirations. Finis par abandonner la serviette qui entoure mes reins pour renfiler mes fringues de la veille. Celles qui sentent un peu nous. – Faut y aller, sont mes premiers mots de la matinée. Ca en ferait presque sursauter Fauve, qui se tourne vers moi pas plus sceptique qu’insondable. – Tu veux passer au bar, avant ? Question rhétorique, forcément qu’elle veut son argent, Brishen, le contraire serait complètement stupide. On bouge. On prend les affaires de Fauve quand les miennes sont restés dans un casier, quelque part sur la route qui nous amènera à l’aéroport de Novokouznetsk – dans un casier qu’on fournit pour quelques pièces aux SDF de la région. Dans le 4x4, je prends la liberté d’allumer la radio. Fauve, elle, est plus pragmatique. Je comprends vite, dans les mots de Fauve, que ça serait mieux pour tout le monde que je reste dans la voiture, lorsqu’elle ira récupérer son argent. Et, ouais, surement que ça le serait. Parce qu’il ne serait surement pas ravi, son ancien boss, de la voir débarquer avec le mec qui l’a envoyé péter contre un mur. – Tu ne veux pas que je m’excuse ? que j’interroge, au bout d’un moment, en me penchant pour éteindre le poste. – Je ne sais pas, ça te permettrait peut-être de retrouver ton job lorsqu’on reviendra de St Pétersbourg. Parce que je ne compte pas faire ma vie là-bas. Là-bas c’est juste pour leur faire comprendre de me laisser tranquille. Au pire, pour avoir des informations supplémentaires sur les Tigres d’Arkan. C’est une mission courte, pas un nouveau départ. Et puisque tu ne veux pas que je parte… Elle gigote, Fauve quand elle se gare sur le parking du bar. Me dit une nouvelle fois de rester là. De ne pas bouger – parce que je vais envenimer une situation qui n’est déjà pas optimale. J’acquiesce parce que je n’ai rien à foutre, c’est vrai, dans ce bar, au-delà des excuses que je pourrais faire à ce mec – dont je me branle. Je me contente de la regarder s’éloigner, à Fauve, et disparaître par la porte.

Et les minutes passent. S’éternisent. J’ai l’impression que ça fait des heures, que je suis là, quand ça ne fait en fait qu’un gros quart d’heure. Mais est-ce qu’il faut réellement un putain de quart d’heure pour récupérer un chèque ? Je fume une… Puis deux et trois clopes. Rage dans ma barbe et, au bout de vingt-cinq minutes, n’y tiens plus, sors de la caisse pour vérifier que tout va bien. Qui sait, il est peut être instable, ce mec. Il a peut-être buté Fauve et il est en train de l’enterrer sous son plancher. Dans sa cave. De la charger dans son pick-up. Inconsciemment, mes pas s'accélèrent.


Couleurs des Dialogues:


©️crack in time
  Ven 4 Oct - 0:37
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( Let Me Down Slowly ft. @B. Brutal Ayaz )
Alors il m'emmène Brutal.
Et on vit, on partage des moments simples sans que des mots ne se posent dessus. On parle, ouais, un peu, parce que je n'ai pas imprimé la destination la première fois, ni même les pourquoi. C'est seulement pour un soir, demain soir. Je tique parce qu'il faut prendre l'avion, comprends que c'est loin, St Pétersbourg. A des heures de vol d'ici. On se couche et c'est bizarre. Bizarre parce que personne ne vient ici, que c'est à moi, que je préfère dormir chez eux, d'habitude, pour pouvoir me tirer avant que le soleil ne se décide à se lever. Alors je le regarde, ouais, je le regarde parce qu'il dénote de mon quotidien, qu'il ne devrait pas être là. Un soupir. Les corps s'entrelacent et se chevauchent. Il est entre mes cuisses, le mâle, se faufile entre les chairs humides qui le réclament, ondulent et vibrent. Les voisins tapent au plafond et je m'en fous, ouais, je m'en fous, je n'entends pas le vieux, ou la connasse juste en-dessous. Je n'entends que lui, que nous, que les sons qui se dégagent de notre union et je m'endors, un sourire béat sur les lippes. Parce que t'es là et que c'est bizarre, ça, mais que ça fait du bien aussi, je crois. Ça fait du bien quand tu me regardes et que tes prunelles paraissent moins incisives. Ça me fait espérer un truc, ça me fait croire que ça peut marcher, ouais, juste un peu, quelques jours ou semaines ou mois ou années et ça me fait flipper au fond. Ouais, ça me file la trouille, même si j'aime ça, croire que ça peut être normal tout ça. La nuit emporte, offre son lot de rêves plus ou moins bons, plus ou moins mauvais. Les paupières s'ouvrent, le découvrent, paisible, serein, lui trouvent des airs de bambin. Je me surprends à sourire bêtement, cesse l'instant d'après. Sois raisonnable, Kah. Laisse-le tomber, laisse-le partir, il y en a des partout des comme lui, des avec moins d'emmerdes, sans histoire de mafia, de types louches et de mallette. Regarde-toi, ouais Kah, regarde-toi et les traces qu'il a laissé sur ton corps. Il voulait te tuer il y a quinze jours, il était convaincu que c'était le mieux pour toi comme tous les autres qui pensent mieux savoir que toi. Qu'est-ce qui te dis qu'il ne changera pas de nouveau d''avis, quand ton autre surgira, qu'il te verra te grignoter un bout de bras ou de jambe parce que c'est lui que ton autre désire plus que tout et que c'est difficile de résister à l'appel de son sang si particulier. S'il ne te tue pas, Kah, tu lui feras du mal, tu t'en voudras pour ça. Alors dis-lui que t'as changé d'avis toi aussi, que finalement tu veux rester ici, à Mejdouretchensk, que t'es désolée, que t'as besoin de ce travail plus que ce que tu n'as besoin de lui. Mens-lui, mens-lui Kah.
Je me retourne dans un grognement, voudrais faire taire la psyché pour qu'elle cesse de remuer le couteau dans la plaie. Conscience merdique qui pointe du doigt ce qui ne va pas, ce qui merde ou merdera, ça réveille des peurs plus profondes, celles de blesser et tuer sans faire exprès, de tuer à cause de l'autre, pour me repaître de chair fraîche. Mais ce serait mentir que de dire ou penser que je n'aime pas les marques qu'il laisse sur le derme, qui me rappellent lui et surtout nous. Les phalanges glissent sur les rougeurs qui côtoient les restes d’ecchymoses laissées par ses doigts. Et je ferme les yeux, le sommeil est plus léger, moins parasité et je pionce jusqu'au lendemain. C'est le froid qui me tire des bras de Morphée. Et il n'est pas là Brutal, je me demande pendant une minute ou deux si je l'ai rêvé, baisse furtivement le museau pour contempler les cuisses et la bedaine à la recherche des traces de lui, de celles qu'il a laissé la veille et pendant la nuit ; me rassure aussitôt que je les vois, me contente de m'asseoir sur le rebord du lit dans une inspection aussi minutieuse que silencieuse. Et je repère ses fringues, là-bas plus loin, sur une chaise, le reste par terre. Il sort de la salle de bains et mes orbes le fixent, le détaillent comme à chaque fois. Je crois que tu me plais. Que tu me plais vraiment parce que je n'arrête pas de sourire niaisement, là et que j'ai l'air débile. Il navigue avec aisance dans la pièce, si bien que j'ai la sensation qu'il est là depuis toujours, arrive presque à trouver ça normal, me lève pour me lover dans son dos, m'arrête pourtant quand le café se tend entre nous deux. Le tableau idyllique prend l'eau, parce que ça reste bizarre, pas vraiment naturel. Je bois mon café, silencieuse, fume aussi dans l'imitation de ses gestes. Sa serviette glisse et je le reluque sans gêne, mate son postérieur, apprécie les formes et les contours qui disparaissent peu à peu derrière ses fringues. Et je remarque, un peu tard, que je ne porte rien, me tourne à la recherche de nouveaux habits puisque les derniers n'ont pas survécu à la soirée. Ses syllabes viennent rompre notre silence, me pousse à me tourner dans un sursaut de surprise. On ne s'est pas dit bonjour, ni salut, ni rien du tout. Il n'y a eu que des gestes, quelques regards, surtout les miens sur toi plus que l'inverse. Je crois que j'aimerais ça que tu causes plus souvent, pour dire ce que tu aimes au petit-déjeuner, au déjeuner ou au dîner, ce que t'aimes bien regarder à la télé, ce que t'aimes faire quand il n'y a rien à branler. Ouais, j'aimerais que tu te racontes, je crois, pour mieux te connaître toi au-delà du sexe et de ton odeur. La question me fait hocher la tête, j'avais presque oublié ce menu détail. L'idée de revoir Adam ne me plaît pas plus que ça, sans doute que j'aurais dû demander à ce qu'il me le fasse parvenir par courrier, mais de toute façon, je n'aurais pas eu le choix. Il me faut cet argent si je veux pouvoir le suivre.

Le sac bourré de fringues et de petits indispensables est balancé à l'arrière. Je démarre sans aucune envie de reprendre le chemin d'un travail que je ne possède plus. -Tu m'attendras dans la voiture, le temps que je récupère mon enveloppe, je ne devrais pas en avoir pour trop longtemps. Dis-je par-dessus la musique que crache l'autoradio. Il demande -Tu ne veux pas que je m'excuse ? Pense que ça pourrait peut-être m'aider à récupérer mon job quand on reviendra de cette escapade si nous ne sommes pas morts. Je quitte des yeux la route, le regarde une seconde ou deux, reviens sur le bitume par après. -Je trouverai une autre boîte, ils cherchent toujours des serveuses. Les trop jeunes craquent bien avant un an, les plus vieilles sont si aigris qu'elle ont tendance à faire fuir la clientèle et réside dans des bars assez petits qui vivote avec ses habitués. Je me gare sur le parking, me bouffe l'intérieur des joues dans un stresse que me retourne le bide. Ça me fait dire que j'ai bien fait de ne rien manger, parce que j'ai envie de dégueuler. Les doigts pianotent sur le volant, la trogne se tourne et couve son visage d'un regard presque tendre. -Reste là, je vais me dépêcher de récupérer mon argent et je te rejoins. Je m'extrais de la caisse, enfonce les mains dans les poches arrières de mon fute parce qu'elles m'encombrent et que je ne sais pas quoi en foutre. Je pousse la porte, découvre le bar vide. -Adam ? Adam, t'es là ? Beuglé-je jusqu'à ce qu'il se radine en sortant de l'arrière boutique, les bras chargés d'une caisse de bouteilles. Ça claque sur le bar et les bouteilles s'entrechoquent dans un tintement. -Tiens, t'es revenue ? Lance t-il d'un air railleur. -Je viens récupérer mon solde et tu. Il me coupe. -Je ne l'ai pas préparé, repasse demain ou début de semaine prochaine. Je finis par m'avancer près du comptoir, sors les mains de mes poches et les postent devant moi. -Tu déconnes ? Je t'ai dit hier que je viendrai, j'ai besoin de cet argent. Il hausse les épaules, ne prend même pas la peine de me regarder et continue de pointer ses bouteilles pour les ranger sur l'étagère. Il s'en fout, Adam, de ce que je lui raconte. Alors j'insiste. -Adam, je veux mon solde, maintenant. Pas demain ou dans trois jours, maintenant, j'en ai besoin tu comprends ce que je te dis ? Silence. J'ai envie de hurler, de lui arracher les yeux et lui couper la langue manière qu'il ait une excuse valable pour ne pas me parler. -Si tu veux bien partir, Fauve, j'ai des trucs à faire et on est fermés. Je laisse les secondes filer, attends qu'il retourne prendre un autre carton, me déplace, fais le tour pour arriver devant la caisse que j'ouvre. Le petit ding l'alerte, le fait se ramener beaucoup plus vite. -Hey, qu'est-ce que tu fous !? Je hausse une épaule, ne le regarde pas non plus. -Tu ne veux pas me payer, alors je me sers, dis-je le plus simplement du monde. Il me pousse, m'arrache les billets des mains et referme la caisse d'un coup de hanche. -J't'ai dit que j'allais le faire, mais pas aujourd'hui, maintenant, tu t'en vas. Je l'imite, le pousse et il grimace, semble avoir encore mal à son dos et à sa tête. -Je veux mon argent MAINTENANT, Adam ! Il rit. -Pourquoi tout de suite, tu comptes quitter la ville ? T'es vraiment en train de faire ça, Fauve ? Tout plaquer pour quoi ? Pour ce type, ce putain d'handicapé qui ne vient même pas de chez nous ? Arrête. Je me sens comme insultée. -Je pars si je veux et avec qui je veux, t'es con ou quoi ? Je te dois rien, t'es seulement mon boss. -Tu ne disais pas ça, quand tu chialais dans mes bras l'autre jour. Et quoi, tu veux que je te dise que j'avais besoin de toi à ce moment-là ? Que c'était cool et gentil et sympa, mais que non, j'ai bien réfléchis et nous deux ça ne fonctionnera pas ? Ça te rassurerait que je te dise ça ? -Ce que j'sais, c'est que c'était une erreur. Alors quoi, tu comptes me punir parce que je suis allée rejoindre ce type, hier soir ? Tu ne sais même pas qui il est. Il grimace -Je sais seulement qu'il m'a prise ma meilleure serveuse. Je n'en reviens pas, le trouve culotté. -Tu te racontes des conneries. C'est toi qui m'a viré en posant ton ultimatum de merde et si tu me connaissais ne serait-ce qu'un tout petit peu, t'aurais su que jamais je ne serais restée rien que pour avoir largué ce que tu m'as dit. Il prend une bouteille, la pose sur son étagère dans un long soupir. -C'est quoi le problème, Adam ? Tu me fais quoi, une crise de jalousie, really ? Il ne s'est jamais rien passé entre nous et ça fait des mois que je bosse pour toi, alors c'est un peu tard pour te réveiller. Pas que j'en ai eu envie, parce que mélanger travail et plaisir, c'est pire qu'une connerie, c'est être bête. Je touche à nouveau à la caisse, n'écoute même pas ses babillages en déclaration, compte soigneusement les billets en les foutant tour à tour dans mes poches, en ajoute une poignet d'autres, juste parce qu'il est chiant et qu'il me tient la jambe. Mon silence l'excède autant que ma façon de faire et de l'ignorer. -T'entends ce que je te dis ? Honnêtement ? Non. Silence que je conserve pendant que je ferme la caisse et que j'entreprends de me tirer. J'ai la sensation qu'il me cause depuis des heures déjà et je sature, ne veux plus l'entendre baragouiner des trucs qui n'ont aucun sens. J'en ai rien à foutre de te plaire, c'est trop tard, je te l'ai déjà dit.
Sa paluche autour de mon bras, il tire un peu fort, me fait perdre l'équilibre quand je tente de me dégager, me retrouve le cul par terre quand quelqu'un pousse la porte. Il tend la main, Adam, une main que j'ignore royalement. Il crache un -putain quand il découvre la silhouette. -Ton copain est là qu'il marmonne dans l'espoir peut-être, que rien ne filtre sur ses lèvres. La tête dodeline, le cherche. Il est à côté de moi assez vite, m'aide à me redresser pendant qu'Adam recule, les mains en l'air comme pour se dédouaner de ce qu'il vient de faire. -Elle est tombée toute seule, qu'il ajoute dans un pathétisme qui me donne envie de lui cracher dessus. Je suis tombée toute seule parce que tu me retenais, trou du cul. Je fais un signe de tête à Brutal pour dire que c'est OK et que tout va bien glisse un -On s'en va, sans regarder l'autre.

On se casse, je conduis un peu vite, me calme après. Je crois que je ne m'en suis pas encore remise, j'ai trouvé ça dérangeant et malaisant et foutrement emmerdant. Je déloge les billets de mes poches, les lui pose sur ses cuisses. -Je ne sais pas combien j'ai pris, sans doute trop avoué-je.
Ses affaires sont récupérées sur le chemin de l'aéroport, on s'enregistre et une petite pointe persiste dans le bide quand il faut avancer sa pièce d'identité. Ce sont des faux et je n'ai pas envie que ça se sache, qu'ils sont faux. Puis on patiente, on patiente dans la lourdeur de notre silence comme pour taire ce qui s'est passé dans ce bar. Je n'ai pas vraiment envie d'en parler, c'est inutile qui plus est, j'ai de l'argent et c'est suffisant. On patiente sagement sur une rangée de sièges en plastique bleu, je regarde les gens, stresse un peu à l'idée de m'enfermer dans un tas de ferrailles, préfère de loin les déplacement plus terre à terre comme le train ou la bagnole. Mais c'est trop long. Je ne fais pas d'efforts pour faire la conversation, n'en suis pas capable dans l'immédiat, me demande même parfois pourquoi je suis là jusqu'à ce que je louche sur son profil et que ça me donne envie de le toucher et de l'embrasser. J'ai faim, que je pense, le lui dit après des minutes.  Alors on bouffe, des sandwichs, le genre que j'engloutis un peu trop vite. -La soirée, tu m'as pas dit, c'est quel genre de soirée ? C'est le genre de soirée où tu vas devoir bien te fringuer, Kah et faire croire que t'es une bonne fifille, que tu sais être polie et gentille et souriante. Tu vas devoir enfiler une robe et des escarpins, coiffer tes cheveux emmêlés et farder ta petite gueule. Tout ce que j'aime. J'essaye de me détendre, fini par avouer que -Je ne suis pas à l'aise avec l'avion. Le décollage me fait fermer les yeux et serrer sa paluche. Après ça va mieux, ouais, un peu mieux. Il a pris le côté extérieur, me laisse au milieu à côté d'un vieux. Il schlingue la naphtaline, j'ai l'impression qu'il va s'enterrer lui-même à St Pétersbourg, qu'il y va juste pour mourir. Et j'ai faim. Tellement faim, me retiens quand le vieux se met à tousser, crache du rouge dans un mouchoir en tissu. Mais en plus, tu vas vraiment crever et nous contaminer en passant. T'as choper quoi ? Je regarde Brutal, cherche une accroche dans son regard qui m'empêchera de sombrer, qui m'empêchera de débloquer et de le laisser arriver. Parce que ça commence toujours comme ça. Par l'appel de l'hémoglobine, par le rouge qui m'obsède et qui le fait venir. Et après, après tout dérape, je me sens malade et animale. Je ne sais pas s'il comprend quoi que ce soit dans mes prunelles qui le dévisagent avec insistance. Mais je le fixe, suppose que ça doit devenir dérangeant au bout d'un moment. -On peut changer de place, s'il te plaît ? Le type repart dans une quinte de toux, crache encore dans son mouchoir blanc. Je n'ai pas envie que ce soit toi qui chope un virus, mais j'ai besoin que tu m'éloignes de ce gars. ça m'emmerde parce que j'aurais préféré qu'il oublie. Ouais, qu'il oublie qui je suis et ce que je fais. Je n'ai pas envie de te rappeler pourquoi tu voulais me tuer.
La fin de voyage se passe sans encombres. J'effleure sa cuisse parfois, bouquine les journaux pour passer le temps, pionce un peu, mais mal, me lève et me rassois beaucoup trop de fois.
Plus de six heures plus tard, on débarque enfin. On hèle un taxi à qui on demande conseille. Un motel pas trop cher, ça doit bien se trouver, dans le coin. C'est que j'ai peut-être de la thune, mais je n'en ai pas non plus au point de payer une suite présidentielle. On roule, s'excentre un peu. L'hôtel paraît fade, mais correct. L’hôtesse d'accueil nous reçoit, sourire aux lèvres, les cheveux bouclés et gonflés comme si on lui avait foutu un pétard dans la tronche. Sa voix est stridente, me donne envie de lui demander de se taire. Brutal continue d'être sourd et muet, alors quand elle ne fait s'adresser qu'à lui, sans doute parce qu'il l'attire, je me racle la gorge pour attirer son attention. -Il ne vous entend pas que je lance et cette conne se met à parler plus fort en articulant bien. -Non, mais, il est sourd, parlez avec moi, ça ira. Et je crois que ça ne m'a jamais autant arrangé que tu le sois, sourd. Elle me glisse une clef, chambre 17. Elle donne sur un petit étang plutôt que sur le parking. Ça aurait pu être une belle vue si une horde de moustiques ne cherchait pas à nous suçoter. La chambre n'est pas très grande, dans des tons jaune-orangé avec un mobilier foncé. Ça sent le déodorant pour chiotte. Senteur alpin.
C'est une fois qu'on s'installe, qu'on pose nos sacs que je le regarde, gênée. -J'ai pas emmené de robe, il va falloir que j'en achète une quelque part et que... Que je mange. Un bifteck, un tartare ou un petit chat. Mais j'ai faim. Et si ça tourne mal pendant la soirée, s'il y a du sang qui gicle, si tu n'es pas là pour me ramener, alors je ferais comment, moi, pour ne pas le laisser arriver ?



( Pando )
( Chrysalis )
  Ven 4 Oct - 19:56
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B. Brutal Ayaz
MONSTER UNDER YOUR BED
B. Brutal Ayaz
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LET ME DOWN SLOWLY ft @K. FAUVE WARD

I don't know just how it happened, I let down my guard. [...]Caught me by surprise. I wasn't looking where i was going, I fell into your eyes. You came into my crazy world, Like a cool and cleansing grace. Before I knew what hit me baby, You were flowing though my veins. I'm addicted to you.

Vision étrange. La porte à peine ouverte je capte Fauve, pas très loin, le cul par terre et son ancien boss, bien debout qui lui tend la main. C’est quoi cette scène ? Mon cerveau se brouille, n’est pas opérationnel de suite. Le bide voit naître une pointe de haine et de rage. Qu’est-ce que c’est que cette merde ? Le boss râle quand je m’avance. Pense que je ne capte pas ce qu’il dit alors que c’est très clair. Je t’ai bousculé, tu ne m’apprécies pas, change de disque connard. Il dit qu’elle a fait ça toute seule – s’évite par la même occasion une nouvelle rixe. On peut tomber seul, mais on nous aide souvent dans la manœuvre. Comme toi contre le mur la dernière fois, tu vois ? Je roule des yeux en relevant Fauve. Qu’est ce qui s’est passé ? Elle me fait signe que c’est ok. T’es sûre ? Visiblement oui. Le dénouement est rapide, ne me laisse pas réellement le temps d’analyser qui est responsable de quoi. Je la suis, sans moufter – principalement parce que mon rôle de sourd et muet ne me le permet pas. Envoi un dernier coup d’œil à l’autre avant de sortir. Il s’est rapproché de son comptoir, le boss, la tête entre les paluches. Il n’aura qu’un bref dernier regard pour Fauve – de ceux qui disent adieu aux gens qu’on aime. Ca me fait tiquer. Qu’une fraction de seconde. La suivante, je me dis que si c’est une histoire d’amour qui s’achève, pour ça – pour moi – c’est assez triste. Et peut-être – peut-être – que finalement je le comprends, son boss, de nous en vouloir autant de le laisser là.

Les portières du 4x4 claquent. Fauve démarre. Conduit mal, comme à chaque fois qu’elle est contrariée. Je louche sur son profil, capte les expressions qui le bordent. La mâchoire serrée et les billes légèrement froncées. Alors je me tais, ouais. Pose pas de question parce que je ne suis pas certain que ça lui ferait du bien. Je ne suis pas le genre de mec qui fait du bien en posant des questions. C’est même plutôt carrément l’inverse. Puis ça m’a l’air foutrement compliqué et moi, les histoires compliquées dans lesquelles je ne suis pas impliqué, je les évite comme la peste. Je me laisse aller à mettre de la musique, plutôt. Une station au hasard, la première qui crache un son pas trop dégueulasse. Suis surpris lorsque Fauve pose sur mes cuisses, les billets qu’elle a pris dans la caisse. – Combien t’as pris ? que je répète en faisant écho au cerveau sans que ça ne soit très explicite. Fauve elle ne sait pas combien il y a, justement…Comment ça combien t’as pris dans la caisse ? Je décale la tronche. Hausse un sourcil. Parce que t’es une voleuse, Fauve ?  – Il ne t’avais pas préparé ton solde ? que je demande. Non. Fauve s’est servie pour qu’on puisse partir, elle et moi, à St Pétersbourg. Elle a préféré ça plutôt que rester ici, sans moi. Elle a préféré voler dans un putain de bar plutôt que s’avouer vaincue – juste me demander de revenir quand j’aurais fini de faire ce que j’avais à faire. Tu ne sais pas dans quoi tu t’embarques, Fauve, mais tu dois te douter que c’est dangereux. Pourquoi mettre toutes les chances de ton côté lorsqu’il est question de me suivre ? Je me mords la langue. La joue. Ferme ma gueule en repartant dans mon siège. En regardant le paysage qui passe, les gens sur les trottoirs, les vitrines de magasin et même les chiens, qui pissent sur les arbres. J’aimerais être un chien, parfois, que je constate en me redressant pour demander à Fauve de m’amener à mon casier, pour récupérer mes affaires. Je ne donne pas le nom du complexe – un nom à coucher dehors – explique pas l’utilité du bordel – je n’ai pas envie qu’on parle du fait que je dorme dans la rue. Je la fais s’arrêter dans une rue annexe, plutôt, parce qu’il y a toujours des clodos partout, dans le coin. Vais chercher ma valise et ma mallette. Les balance à l’arrière avant qu’on ne reparte pour l’aéroport. Et là, tout est assez rapide, il me semble. Notre enregistrement se passe sans encombre, je donne la carte d’Oleg pour ne perdre personne – en donnerait une nouvelle en rentrant pour laisser croire à tout le monde que je suis resté à St Pétersbourg. Puis on se promène, un peu. On flâne, un peu. On s’assoit, beaucoup. Dans le brouhaha de ces gens qui partent et qui arrivent – dans le son des voix mécaniques qui sortent des hauts parleurs pour annoncer les vols. Je me lève plusieurs fois pour me planter devant l’écran des atterrissages et des décollages – parce que je m’inquiète d’un possible retard, d’une possible annulation. Finis par trainer encore, avec Fauve, pour nous trouver à manger. On jette notre dévolu sur des sandwichs, qui sont engloutis assez vites pour m’en faire regretter le prix – sinon j’en aurais pris un second. Puis il y a l’embarquement. L’espèce de stresse qui émane de Fauve. Le fait qu’elle me laisse le hublot quand, de l’autre côté, il y a un vieux qui put. Avec plaisir Fauve, prend la place qui te fait le plus envie. Alors elle cause, Fauve. Semble déjà enfoncer ses mains dans les accoudoirs quand tous les passagers n’ont pas terminé de s’installer. Tu n’aimes pas l’avion, toi. Si j’avais su je t’aurais fait gober un calmant.C’est un gala. Un gala de charité, il me semble. Un truc plutôt classe et guindé et chiant à en crever. J’imagine qu’on va devoir bien parler, que je lui murmure en me ramassant sur mon siège. Enfin, moi je ne compte pas parler. Comme j’aimerais ne pas avoir à parler maintenant. Je relève le museau vers Fauve lorsqu’elle me prend la paluche. Le décollage.Je l’aurais deviné, soufflé-je, que tu n’aimes pas l’avion.

Le vol se passe. Il se passe jusqu’à ce vieux à côté duquel elle a voulu se foutre. Jusqu’à sa quinte de toux qui le fait s’époumoner. Fauve, elle me demande de changer de place, me dérange durant mon moment lecture – celle d’un journal local. Mais elle semble vraiment paniquer, Fauve. Pas vraiment d’elle – ni de l’avion – mais de ce qui l’habite et de ce que ce vieux lui inspire. Je lui accorde ce qu’elle me demande – non sans soupirer un peu. On se bouge, on se bouscule. On fait geindre les gens qui sont postés sur les sièges devant nous. Et le vieux il fait un peu la gueule quand il me voit à côté. Parce qu’il est peut être malade, mais il n’est pas complètement sénile – Fauve est quand même plus intéressante que moi à regarder pendant un voyage de 6h. Et aussi un peu plus chiante. Elle bouge toutes les 10 minutes, Fauve. Elle touche ma cuisse. Tente de dormir. Se lève pour se rasseoir. S’arrange sur son siège. Se laisse séduire par le visionnage du paysage par le hublot avant de se rappeler qu’on vole et que c’est haut. Alors elle rebouge. Elle me retouche. Elle se relève. A un moment, j’ai envie de lui coller le cul dans la mousse mais me reprends. Essai de dormir et, à défaut d’y parvenir, fais preuve d’un incroyable self control jusqu’à St Pétersbourg. Là-bas, on récupère nos bagages, les trois, sans attendre. On prend un taxi – Fauve se fait conseiller pour un motel pas trop nul et pas trop cher. Le chauffeur capte les attentes et se gare sur le parking d’un établissement correct. Y a des gens, visiblement et, au niveau de l’accueil, mes godasses restent pas accroché sur le sol – ce qui mériterait un bon point. C’est Fauve, qui s’occupe de la location, même si la dame a entrepris de faire comme si elle n’existait pas, Fauve. Ce qui est surprenant, avec ma gueule de basanée, généralement, on ne s’adresse pas à moi directement. Une fois qu’on a les clés – qu’on a trouvé à quelle porte ces dernières correspondaient – on peut poser nos valises dans une pièce raisonnable – et propre. Ca sent le chiotte, mais le chiotte propre. Je m’accorde une clope, parce que j’ai l’impression que ça fait des semaines que je n’ai pas fumé. Hausse une épaule lorsque Fauve cause. – Je vais aller te chercher à manger. Enfin, pas qu’à toi, à moi aussi. Puis de l’argent et une robe.Reste là, que je lui dis en sortant avant même qu’elle ne puisse répondre. Elle doit pas vraiment comprendre pourquoi j’ai eu besoin de sortir si précipitamment, sans elle… Parce que je vais faire les poches des passants, et qu’à deux c’est beaucoup plus compliqué. Je pars à pied, ne m’encombre pas d’un taxi. Croisse quelques personnes qui ont l’air friqué mais préfère le grand centre pour faire mes emplettes. Quelques personnes sont poussées – beaucoup finissent par tomber et, finalement, quand elles sont un peu désorientées et qu’on les aide à se relever, elles sont assez dociles. Les portefeuilles s’enchainent. J’erre autour de boutiques de luxe. M’y poste, un moment, en faisant les 100 pas. Attend la bonne pigeonne – la bonne proie. En repère une. L’arrête, lui demande un renseignement – le genre qui l’oblige à poser ses 18 sacs Dior sur le trottoir. Elle fait de grands gestes, pour que je saisisse. S’enquiert de ma bonne compréhension. Elle s’éloigne, une fois que tout est ok, satisfaite d’avoir aidé un gitan sourd et muet. Elle s’éloigne avec 17 sacs Dior. Le dernier arrêt se fait dans une boucherie. Un stock de viande quelconque achetée plus tard, je retourne au motel.

Je frappe, bêtement, à la porte, pour ne pas que Fauve s’inquiète. Me dis que, c’est stupide, je n’ai jamais frappé de ma vie à une putain de porte, et surement pas à la sienne. Alors je rentre. Ce n’est que moi, j’ai voulu essayer un truc mais ça n’a définitivement pas marché. Fauve est prostrée, un peu. Perdue et probablement affamée. – Faut se dépêcher, que je constate en jetant un coup d’œil à ma montre après avoir tout posé sur le lit. T’as de la viande, là. J’ouvre une poche. Lui tend un steak énorme. – Et une robe là. Je la sors, celle-là, parce que je ne sais, finalement, pas ce que je lui ai pris. J’ai juste visé une fille avec la même corpulence que toi.Bordel, que je crache une fois que la tenue est dépliée. Ca brille que je me pense en captant chaque putain de petits strass accrochés de ça et de là – y a combien de carats, là dedans ? Le tout est si lumineux que j’ai du mal à voir que le tissu est champagne, qu’il n’a qu’une seule bretelle pour laisser une épaule complètement dénudée et que du côté gauche, il y a une ouverture du sol jusqu’au haut de la cuisse. Puis ça m’a l’air sacrément moulant, comme fringue. J’espère que t’as des chaussures qui s’adaptent, je ne suis pas allé jusqu’à te demander ta pointure, Cendrillon, et j’ai pas pris le risque de voler des godasses à talons. On mange un peu en même temps qu’on se prépare. Je me contente d’un costard – le plus classique du monde, retrouver au fond de ma valise, sous la peau de bête de Fauve. J’aurais surement dû investir, mais, pris de cours, j’ai préféré tout miser sur celle qui n’avait que dalle à se mettre sur le râble. Elle met du temps, d’ailleurs, Fauve, à se saper. Je ne sais pas si c’est parce qu’elle n’est pas à l’aise avec l’idée, qu’elle ne passe pas dans ce que je lui ai pris ou si c’est parce qu’elle y nage… Dans tous les cas, je me lève plusieurs fois pour lui demander si ça va… Ce à quoi elle me répond systématiquement qu’elle arrive. Qu’elle n’en a plus pour longtemps – ou quelque chose dans le genre, qui put l’approximation. Je grogne, sur les dernières fois. Me laisse tomber sur le pieux. Balance une injure quand, enfin, la porte de la salle de bains grince. – Il était temps ! que je lâche, présomptueux, en me relevant sur un coude. Tombe la mâchoire l’instant d’après. Tente de me reprendre lorsqu’elle s’avance, Fauve, aussi mal à l’aise que l’on peut l’être dans une tenue que nous n’avons pas l’habitude de mettre. T’es belle. Elle passe d’une jambe à l’autre. Se regarde par-dessus son épaule. Remus un peu les hanches – comme on le fait quand on piétine. Moi je me redresse – m’assoie sur le bord du lit. Tend les paumes pour les poser sur les hanches de Fauve. L’approche doucement en cherchant son regard derrière ses longs cils noirs. Joue des phalanges, en faisant gaffe, pour écarter le pan de la robe, celui qui s’ouvre jusqu’au haut de sa cuisse. M’y faufile. Elle soupire, Fauve, lorsqu’elle sent mes doigts entre ses cuisses. Ceux qui poussent le bout de tissus et qui caresse l’intime. La paume sur la hanche la fait un peu bouger, à Fauve. La fait se frotter à mes doigts. La fait respirer plus fort et plus vite et tressaillir. Elle bat la mesure, Fauve. Elle bat des paupières, aussi. Se penche en avant. Ecarte les jambes. Cherche le bon angle pour ne plus que je reste en surface. Elle veut me sentir. Alors mes doigts entrent en elle. Ca la fait frémir, à Fauve. Elle se contracte. S’agrippe à mes épaules quand je cherche sa bouche – quand elle cherche la mienne. Prend la fente dans un bruit humide. De plus en plus vite, de plus en plus fort. Jusqu’à ce qu’elle feule, Fauve. Que ses jambes cèdent et qu’elle manque de s’écrouler sur le sol. Jusqu’à ce qu’elle jouisse de mes doigts. Alors je sors de Fauve, ouais. Lèche son miel en la laissant basculer sur le lit – juste le temps qu’elle reprenne son souffle. Tu seras moins stressée, comme ça.

On arrive un peu en retard, au gala, mais pas assez pour se faire remarquer. A l’entrée, je n’ai qu’à sortir ma carte d’identité pour que le gorille qui y est posté cherche mon blase sur sa longue liste. Il inspecte le registre un moment – un moment éternel où je me pense que ce connard avec son imper n’a pas fait la partie la plus importante du boulot : M’inscrire pour que je rentre.Oh ! finit-il par s’exclamer en laissant apparaitre un grand sourire charmant. – Monsieur Davidoff ! Nous sommes ravis de vous voir ici, qu’il bave, mielleux, en ouvrant le petit crochet et nous laisser passer. – Vous êtes en charmante compagnie, quel est le nom de… Je tapote mon oreille. – Je suis sourd, que je lui signe quand il semble confus. Voire même gêné. Il se tourne vers Fauve. – Excusez moi. Il sort un autre petit calepin, lui demande son nom complet. Lui souhaite une excellente soirée. Tu parles. Le hall de l’espèce de palais des concrets est immense. Immaculé. Pour l’occasion, je crois, des tapis rouges ont été dispersés dans tous les sens, vers toutes les salles de réceptions différentes. Des gens naviguent. Rigolent à gorgent déployés. Se tapent les épaules et terminent par des réflexions glissées dans le creux de leur oreille. Je ne reconnais, de là, aucun des visages de l’assemblée. M’avance jusqu’aux marches parce qu’il y a un tableau avec le détail des festivités. On peut dénombrer trois ventes aux enchères – de meubles anciens, de vin et d’objets d’art – et deux autres activités mais les descriptions n’y sont pas dévoilées. Sur invitation qu’il y est précisé. C’est forcément là qu’ils vont être. Ils doivent se faire des ventes aux enchères particulières de vente d’armes ou de connerie dans le genre. Un gala de charité, tu parles. Les Tigres d’Arkan vont faire des affaires, ouais… Cette putain de mafia a tellement de branches aux quatre coins du globe qu’il leur faut au moins ça pour se réunir et se fournir en ce qu’ils peuvent/veulent. Je pointe le panneau à Fauve – ne sait foutrement pas comment avoir une invitation – laquelle des deux vente sera celle où il y aura les hommes de mon père. Ou peut être qu’il se sera déplacé lui-même. La langue claque sur le palais. Je relève le museau pour épier tous ses gens. Récupère un verre de champagne qu’on nous tend. Reste un peu à l’écart jusqu’à ce qu’un groupe de connards graveleux viennent tourner autour de Fauve. Ils lui parlent mais j’écoute pas vraiment. Préfère l’horizon – la grande porte de l’entrée dans l’espoir d’y voir des connaissances. - … venez ? Le nez se fronce. La gueule se baisse sur le petit homme rondouillard qui pose franchement sa paluche sur l’épaule de Fauve. Dégage. Je la lui repousse, aussi franchement que ce qu’il l’y a posé. On ne peut être sûr de rien, dans la vie.Woh, je ne vais pas l’abimer, qu’il gerbe à moitié dans un espèce de gargouillis dégueulasse. Je réprime une grimace. Tu ne l’entends pas Brishen, tu ne l’entends pas.Je demande juste si vous serez là à la soirée privée, qu’il demande en me montrant le panneau juste derrière d’un coup de menton qui fait gigoter son goitre. Je mime un non. Et il semble déçu, le rondouillard. Dodeline du chef en regardant Fauve avec beaucoup trop d’insistance. – C’est bien dommage, qu’il dit en plongeant allègrement son attention dans le décolleté de la blonde. Beh vas-y mec, fait comme si j’étais pas à côté, nous ne sommes plus à ça près. Ecoutez, il s’approche encore un peu de Fauve. Semble vouloir lui passer un bras autour des hanches mais l’expression meurtrière qui traverse ma gueule l’en dissuade. Je suis à la recherche du respect. -… Si vous me donnez un avant goût, je peux faire en sorte de vous faire rentrer, ce soir. Un avant goût de quoi ? Ca me fait baisser la tronche. Grimacer dans une incompréhension claire et sans filtre. De quoi tu me parles ?Oui… Enfin… Il fait un petit geste vers Fauve, vous savez. Et bien non justement, je ne sais pas. Une petite cloche retentit. Elle annonce le début de la première vente. - Vous êtes dur en affaire, dit-il en s’éloignant, réfléchissez-y, on en reparle après. Et la foule bouge. Nous bouscule sans faire exprès quand je reste planté là. Cette conversation était trop surréaliste pour moi.


Couleurs des Dialogues:

©️crack in time
  Sam 5 Oct - 14:12
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( Let Me Down Slowly ft. @B. Brutal Ayaz )
La trogne se tord, les doigts se triturent et je me mords la langue. Je ne sais pas s'il capte ou non le sous-entendu, s'il comprend que j'ai faim, faim d'autre chose qu'une pizza. J'espère que oui, parce qu'il s'éclipse, Brutal. Je n'ai pas le temps de le retenir, de lui dire quoi que ce soit que sa silhouette disparaît derrière la porte qui claque. J'ai envie de courir, de lui dire attends, je ne veux pas rester toute seule, toute seule sans toi, laisse-moi venir avec toi, je peux contrôler, je peux gérer. Je fais un pas puis deux, m'arrête au beau milieu de la pièce. Laisse-le respirer un peu, Kah, tu ne peux pas rester avec lui h24. Il a sans doute besoin de respirer, de s'éloigner, de prendre du temps pour lui et tu devrais en faire autant, toi aussi, parce que ce n'est pas sain, ce que tu fais, là. Tu vas l'étouffer, tu n'arriveras jamais à le garder. Je tente de prendre sur moi, tourne et vire le premier quart d'heure, fume à la fenêtre en tentant de trouver la vue belle. Mais quand est-ce que tu vas rentrer ? Une énième clope est allumée puis balancée lorsque je me décide à me doucher. Mais rien ne va sous la flotte, le bruit de l'eau résonne dans le bac à douche, des gouttes, des gouttes qui perforent l'encéphale. Je m'enroule dans une serviette, fais les cent pas, pense il ne reviendra pas, Kah. Ma course se termine dans l'angle de la pièce, boule de chair recroquevillée sur elle-même. Je compte. Je compte jusqu'à dix, à cent et à mille. Je compte, je compte pour penser ou pour éviter de penser. La gueule se creuse un peu. Il a faim. On frappe à la porte après une éternité et je ne bouge toujours pas, reste dans mon coin, compte sur mes doigts pour ne pas perdre le fil, suis soulagée quand je constate que c'est lui au point que ça me bouleverse. Je me déplie, vais récupérer le bout de viande que je croque pour apaiser la faim. Lui, il sort d'un petit paquet, une robe un peu beige et pleine de strass et paillettes. Il largue un truc que je ne comprends pas, me contente de bouffer pour remplir la bedaine. Et il faut se dépêcher, je lèche le bout de mes doigts, me sens un peu mieux, attrape la robe pour disparaître dans la salle de bains. Je tourne l'étoffe, cherche comment ça se met, ce truc, pense que ça ne va pas être à ma taille, parce que c'est trop petit, pas vraiment ample. Je me tortille pour la faire remonter, ça bute aux cuisses et ça me fait râler. C'est qu'après que je vois la fermeture éclair. Brutal s'impatiente déjà de l'autre côté, alors je reste vague en disant que ça va, j'arrive, je n'en ai plus pour longtemps. Je maquille mes yeux, farde mes joues, peinture mes lèvres, tente de donner un joli pli à mes cheveux, le genre qui fait moins négliger. Je gigote dans la robe, arrive à me trouver moche, hyperventile quand je fais un pas et que ma jambe se dévoile sur le côté. Je crache un -putain, dans cette langue à moi, décide de sortir de là pour qu'il constate que non, cette robe, ça ne me va pas du tout. Mal à l'aise, j'avance, danse sur mes guibolles, passe d'une jambe à l'autre, nerveuse. Il est allongé sur le lit, porte un costume qui me fait dire qu'il est beau, vraiment beau. Et je suis prête à lui dire que je suis désolée, ce n'est pas joli sur moi, ça n'ira pas pour ce soir, mais ses paluches agrippent les hanches, me tirent à lui et je sens battre mon cœur dans ma gorge. Il caresse, Brutal et son contact sur ma peau m'électrise.
Un soupir.
Ses tiges se faufilent sur et entre mes cuisses. Les lippes s'ouvrent à la recherche de l'air qui me manque, les guibolles s'écartent pour mieux le sentir. Je gémis, bouge sur ses doigts, en veux plus, toujours plus. Un râle résonne et crève tout contre sa bouche. Il pille la fente, me fait refermer les tiges sur ses épaules à en froisser les muscles. Je bouffe ses lèvres, pince sa peau. Il m'arrache des soupirs d'aise, Brutal et ça me dévore à l'intime, dévaste le bide et les reins dans une  de chaleur brûlante. Et tout s'éclate dans un ressac. La carcasse vibre et tremble et tangue. Je m'écroule, les membres légèrement endoloris, frémis à nouveau parce qu'il lèche, Brutal, le résultat des va-et-vient de ses doigts. Un sourire débile apparaît, les phalanges le retiennent. Il balbutie un truc qui veut dire que l'on n'a pas le temps. Mais je m'en fous, libère sa queue y passe le bout de ma langue, trace des sillons. Et je le prends et l'avale, à moitié d'abord, tout entier par après. Caresses tendres qui se font plus pressantes et oppressantes à mesure que les minutes s'égrainent. Je le branle, tout contre ma langue et le regarde, ouais, regarde ses traits se froisser et écoute chaque variation de timbre. Je le suce plus fort, veux l'entendre feuler mon prénom. Et il dit continue, ne t'arrête pas. Ses doigts se plantent au crin quand je le sens se contracter dans une vibration. Il vient. Il vient et je l'avale, le bois, me gorge de lui à m'en rassasier le bide. Je lape les restes de foutre, lâche un -on va être en retard dans un sourire amusé.

Devant le bâtiment, je reste bouche bée. Je me rends compte que c'est immense et je ne me sens absolument pas à ma place. Tu sais, je viens d'un endroit où il n'y a pas ce genre de choses. J'ai grandi en Alaska, au beau milieu des bois. J'ai vécu de l'élevage et de la chasse. On ne m'a jamais invité à un truc pareil, probablement parce que j'aurais, de toute façon, refusée d'y foutre les pieds. Les pieds légèrement compressés dans cette paire d'escarpins, la seule que j'ai jeté dans mon sac et la seule que je possède d'un précédent travail, j'avance en essayant de paraître à l'aise. Les débuts sont pittoresques, tout comme les premiers pas devant de la bâtisse. Les yeux furètent dans tous les sens, butent sur les tentures, les tapis et la décoration. Je comprends un peu tard qu'on me demande mon nom, me mords la langue, réfléchis mal, tourne la tête, découvre une affiche de film -Viktoria que je lance à la hâte en lisant les têtes d'affiches et en les mélangeant. -Viktoria Glazcov. Il hoche la tête, le type, inscrit mon nom sur son calepin et nous laisse entrer. L'intérieur est aussi immense que le laissait présager l'extérieur, peut-être même plus encore. On navigue entre les gens, ces gens qui font du bruit, s'esclaffent, s'enlacent, se mentent et se sourient. Je ne me sens absolument pas à ma place, affiche un sourire de convenance sur la façade. Les filles sont jolies, beaucoup trop jolies et je ressens comme une pointe de jalousie, là, entre les côtes, qui me fait tourner la trogne pour le mirer lui, m'assurer qu'il ne les regarde pas. Parce que je veux qu'il n'y ait que moi. Le tableau près des marches annoncent le déroulé de la soirée. Les ventes aux enchères diverses et variées, dans des salles différentes. Brutal me montre les deux autres, celles où on ne peut entrer que sur invitation. J'imagine qu'on ne les a pas, ces invitations. Je reste plongée dans mon mutisme, ce qui colle de toute manière, très bien avec mon cavalier qui lui est censé être sourd et muet. Une coupe de champagne entre les doigts, je me retiens d'avaler les bulles d'un trait. Je ne sais pas ce qu'on cherche, ou pas vraiment. Je me contente d'étudier les gens qui nous entourent, constatant que toutes les filles sont jeunes en plus d'être belles. Aucune vieille bique ne pend aux bras, ou peut-être une ou deux, bien planquées. Elles ont toutes le sourire aux lèvres, une posture qui creuse les reins et fait ressortir leur poitrine. J'imite un peu bêtement, me demande comment elles font pour tenir aussi longtemps quand ça me saoule déjà au bout de deux minutes. Un groupe s'amène et nous salue vaguement. On me reluque, salement, sans la moindre considération. On me demande comment je m'appelle et le faux prénom offert roule sur une langue, roule dans un timbre obscène. Ils se marrent parce que Brutal ne les regarde pas, pas plus qu'il ne semble les écouter. Ça claque un -il est sourd ? Auquel je réponds pas un -et muet. Les yeux battent dans une surprise non dissimulée, ce qui n'était qu'une boutade devient carrément gênant maintenant que ça s'avère vrai. Le plus âgé, gras du bide, s'approche les yeux en étoile. -J'espère vous retrouver plus tard, dans la soirée, vous y venez ? Dit-il en touchant mon épaule. C'est le geste qui réveille Brutal, il pousse et repousse la paluche. Le bedonnant s'insurge légèrement, assure qu'il voulait seulement savoir si nous venions à la petite sauterie, une de celle à laquelle nous ne sommes pas conviés, nous. Il glisse des œillades et des sous-entendus que je ne comprends pas. Sa présence est dérangeante, me rend encore plus mal à l'aise que je ne l'étais.
Ding, ding.
Tintement de clochette, le monde se presse pour rejoindre la première salle des enchères. Brutal ne bouge pas tandis qu'on nous bouscule dans l'ignorance de notre existence. J'achoppe sa pogne, le ramène près de moi pour que l'on suive le mouvement. -Je crois, je crois que je vais aller le voir. Il a dit qu'il pouvait nous faire entrer, je vais seulement aller le voir et lui demander ce qu'il veut, OK ? Parce que j'ai rien pigé. Il ne semble pas super d'accord, mais n'insiste pas. -On n'a pas vraiment le choix. Je serre ses doigts entre les miens avant de me détacher de lui, navigue jusqu'au type plus aisément, maintenant que la foule s'éparpille dans la salle en prenant place sur les chaises. Je n'ai pas le temps d'ouvrir la bouche qu'il lance un -Ah, mais quelle charmante compagnie que voilà. Il balance une œillade vers l'arrière à la recherche de Brutal et lui largue un sourire avec un petit mouvement de tête. Sa paume se glisse à mes reins, m'invite à m'installer près de lui dans les premiers rangs. Je tourne la tête juste pour repérer où se trouve Brutal, suis soulagée de le trouver dans la rangée d'à côté à quelques rangs de là. L'autre se présente, Igor quelque chose. Il sent fort la menthe, comme s'il avait avalé dix pastilles contre la mauvaise haleine. -C'est votre première fois ? Je secoue la tête. -Vous verrez, tout se passera bien. Ses doigts boudinés tapotent la cuisse, pousse l'étoffe qui dévoile son bout de chair. Un homme s'avance, cause dans un micro, explique les détails de la vente qui va se dérouler et la cause qu'elle sert. Je n'écoute rien, pas le moindre foutu mot. Igor se penche à plusieurs reprises, pour me parler ou pour mater à l'intérieur de mon décolleté. Je tique seulement quand il se fait curieux en me demandant -Et ça, vos tatouages, vous en avez, partout, partout ? Je le trouve lourd, me contente de hausser les sourcils à plusieurs reprises comme pour lui dire mystère, mystère. Je crois que ça semble lui plaire. Il se penche encore, pas dans ma direction cette fois. Il me raccompagne à Brutal quand ça se termine, non sans caresser ma croupe du bout des doigts. Je me dis ne t'énerves pas, Kah, les hommes sont seulement des animaux avec une vision étriquée de la femme. Ce connard te voit comme un foutu objet parce que dans son monde à lui, les femmes servent de décoration de bras et d'intérieur. Il récupère un carton, le tend à Brutal dans un hochement de tête entendu. Il me glisse à l'oreille -j'ai hâte de vous retrouver tout à l'heure, Viktoria. Et moi, j'espère que tu vas te casser une jambe.

On se coltine une autre vente et je reste scotchée à lui, comme une putain de moule à son rocher. On demande encore ma compagnie, mais cette fois, c'est refusé. Je n'ai pas envie de servir de potiche à un autre connard. Il faut dire que je suis la seule fille portant des tatouages, des visibles en tout cas. Ils doivent penser que j'ai fait de la prison, que j'ai étranglé mes amants, ça doit me rendre plus intéressante, ça doit piquer leur curiosité malsaine. Peut-être bien que je porte du cuir, des talons aiguilles et que j'ai un fouet entre les mains, on ne sait pas. Les prix flambent autour de bouteilles de vin. Je m'ennuie. Je m'ennuie à mourir, ne trouve même pus intéressant de regarder tous ces gens qui dilapident leur argent. De l'argent que je n'ai pas, moi, mais dont je veux bien leur débarrasser si jamais ça peut leur rendre service. Après tout, il ne faut pas être égoïste. Je croise et décroise les jambes, louche sur son profil, le trouve encore plus beau lorsqu'il est concentré. Je me penche, fais semblant de retirer une saleté sur son épaule lui glisse -peut-être, peut-être que tu pourrais m'accompagner, ailleurs. J'ai besoin de me rafraîchir. On s'éclipse de la salle, ceux debout en profitent pour récupérer nos places du fond. Je cherche les toilettes, tarde à les trouver, passe la porte, m'assure qu'il n'y ait personne, lui reviens, le tire à l'intérieur. -J'ai besoin de toi, que je souffle, déjà beaucoup trop excitée. Je tourne le loquet, condamne l'ensemble des chiottes et m'en fous. Ça sent le jasmin, des corbeilles de fleurs fraîches sont posées près des lavabos, c'est si propre qu'on oublierait ce que c'est. Je me poste devant, contemple le reflet dans le miroir, de moi d'abord, de lui par après. De lui qui se penche pour effleurer le cou de ses lèvres. Je relève la robe, frotte ma croupe à son entrejambe dans une invitation plus qu'évidente. Il palpe le cul pendant que ma main le caresse à travers le tissu. -Monsieur Davidoff que je susurre dans un sourire, amusée par nos rôles. Sa main glisse à l'entrecuisse, me découvre humide, prête à le recevoir. L'échine se creuse, le premier coup de reins coupe la respiration, tout comme le seconde et les autres d'après. J'essaye de ne pas gueuler, laisse crever mes gémissements dans le fond de mon gosier dont il ressort des petits cris étouffés. Il me laboure, Brutal, les hanches percutent le meuble à chaque fois que les peaux claquent. Je nous regarde, nous trouve beaux et la vision est excitante, de lui derrière moi, de son bas-ventre qui rebondit à mon cul. Le clapotement s'accélère, me fait tomber vers l'avant, me retenir au miroir. Je jouis trop bruyamment, colle ma bouche à mon avant-bras. La poignée bouge, me fait tourner le minois et suspend l'instant. Ça ne dure pas longtemps, la fille se tire face au constat. Je le garde encore un peu à l'intérieur de moi, pense que putain, il faudrait qu'on pense à foutre des capotes dans nos poches. On s'embrasse et il s'éclipse, m'attend à l'extérieur. Faut dire que la suite n'est pas glamour, je pisse, nettoie mon entrejambe avec de l'eau et du papier chiotte. Une miss débarque quand la robe s'abaisse. Je remets mes cheveux en place quand son nez délicat se plisse et qu'elle me regarde. Quoi, t'as jamais senti le sexe auparavant ? Ça te défrise ta permanente ? Je retrouve son bras, me sens plus légère, plus à l'aise. Les joues roses, on se tape la dernière vente tout aussi chiante que les précédentes. Les mâles discutent entres eux, semblent plus dissipés que les fois précédentes. Ils en ont peut-être marre, eux aussi. Heureusement, ça se termine. Et on se retrouve devant une autre entrée, celle où il faut montrer patte blanche pour entrer. Le type nous salue chaleureusement, nous souhaite une excellente soirée en me remettant un petit carton avec un numéro. Nouvelle coupe de champagne, Igor trinque de loin avec nous dans un sourire flippant et reprend sa conversation. Je m'apprête à ouvrir la bouche, me fais couper par un autre type en tenue de serveur avec un petit badge où il est noté Feodor, organisateur. -Mademoiselle, c'est par ici. Je me braque, ne veux pas avancer. Et sous le regard meurtrier de Brutal, il se sent obligé d'expliquer. -Les autres femmes sont juste là, derrière le rideau. Prenez votre carton et attendez que l'on vous présente. Il dit ça avec un sourire, de ceux que l'on offre aux gamins difficiles ou bêtes ou les deux. -Tout va bien se passer qu'il assure. -Je peux vous accompagner si vous voulez.

Je le quitte un peu à regret, ne veux de toute façon pas rester dans une salle où il n'y a que des hommes. Je pense naïvement à un jeu, souffle un -je reviens vite dans un sourire tendre. Ma naïveté continue quand je rejoins les nanas, toutes en file, ne comprend pas pourquoi une autre femme, organisatrice aussi, me place devant toutes les autres au point que ça fasse rouler des yeux. Elle dit qu'il faut tenir le numéro à l'endroit que c'est plus pratique comme ça pour après. Ça va vite, je ne réfléchis pas, me pète les rétines face aux spots qu'on braque sur moi quand j'avance sur une estrade entourée de mâles. Le présentateur fait son show, cherche mon carton avec mes informations, mais il n'a pas de carton. Alors il bug, coupe son discours attend que je lui souffle ce qu'il désire -Mademoiselle Glazcov, présentée par monsieur... Davidoff. Il me prend la main, me fait tourner sur moi-même. Je me trouve un peu gauche, il me demande de faire une courbette, m'accompagne même pour la faire. -A votre tour messieurs, on commence à deux milles roubles. Quoi ? L'incompréhension barbouille le minois, je ressemble plus à une biche prise dans les phares d'une bagnole qu'à autre chose. Et ça monte, je reconnais d'abord Igor qui lève la main à chaque fois que quelqu'un surenchérit. Ça chuchote et une voix tonitruante balance une somme déraisonnable. -65000 roubles. Le présentateur semble se réjouir plus que jamais. OK, et moi je fais quoi ? Je lui offre un baiser ? Je lui tiens compagnie toute la soirée pour le bien de l'humanité et de cette œuvre de charité ? Les riches ont toujours des besoins futiles. Je n'ai pas vu qui a beuglé, aveuglée par les lumières braquées sur moi. Je descends, on me félicite et je ne sais toujours pas pour quoi. On me demande d'attendre dans une pièce, on m'offre à boire et à manger puisque la vente doit se terminer pour pouvoir sortir d'ici. La brune qui me suit tire la gueule. -Ne rêve pas, c'est seulement parce que tu es bariolée qu'ils ont craché autant de blé. Wow, ok, salut, moi je m'appelle Viktoria, et toi ? Je crache un simple -OK, m'enferme dans ce mutisme qui me colle à la peau depuis que j'ai débarqué ici. Et j'attends. J'attends que Brutal vienne me récupérer. Ou un autre.



( Pando )
( Chrysalis )
  Sam 5 Oct - 17:09
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B. Brutal Ayaz
MONSTER UNDER YOUR BED
B. Brutal Ayaz
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LET ME DOWN SLOWLY ft @K. FAUVE WARD

I don't know just how it happened, I let down my guard. [...]Caught me by surprise. I wasn't looking where i was going, I fell into your eyes. You came into my crazy world, Like a cool and cleansing grace. Before I knew what hit me baby, You were flowing though my veins. I'm addicted to you.

Comment ça, tu vas aller le voir, à ce vieux rondouillard ? que j’ai envie de m’insurger en me baissant doucement pour mieux l’entendre me causer. Sans réfléchir, dans la spontanéité de la réflexion qu’elle me sert, Fauve. On a toujours le choix, dans la vie. T’es pas obligée de m’aider comme ça. On peut enquêter, même si ça prendra plus de temps et qu’on ne sera pas forcément invité aux festivités. Mais je ne suis pas certain d’en avoir envie, d’être invité. Je dodeline du chef. Lui fait signe que, non, ce n’est définitivement pas nécessaire. Elle insiste, Fauve. Presse ma main dans la sienne avant de se détacher de moi. Et c’est là, à peine, je crois, que je remarque que nous sommes dans la pièce pour les enchères. L’endroit, imposant, ne l’est pourtant pas assez pour que tout le monde trouve des places assises. La moitié des participants est debout, adossée au mur du fond, petite pancarte à la main pour faire grimper les prix de ces meubles anciens. Je joue un peu des épaules. Suis Fauve de loin. Envoi un regard meurtrier à l’un des vieux croulant pour qu’il décale son cul, que je puisse poser le mien. La gonzesse à son bras est obligée de se lever – elle le fait sans râler probablement parce qu’elle en a plein le dos de se faire peloter par celui qui pourrait être son grand père. Elle s’éloigne un peu, et moi je n’ai d’yeux que pour Fauve. Fauve et l’autre qui semble reconnaissant de lui avoir laissé l’occasion de faire plus ample connaissance avec celle qu’il convoite. Parce qu’il te convoite. Il lui caresse la cuisse, joue de sourire et de positions corporelles techniques – la charme comme une merde mais la charme quand même. Ca me fait chier, sans que je ne sache pourquoi alors, je me tempère en enfonçant mon dos dans le dossier de la chaise. Si ça ne dérange pas Fauve, ça ne devrait pas te déranger à toi, Brishen. L’encéphale acquiesce. Les mirettes tentent de se faire moins insistantes. Se concentrent sur ce qui est présenté et profitent du spectacle de cette vente parce que je n’ai jamais assisté à un truc comme ça avant. Ca soulève les pancartes dans tous les sens. Propose des montants astronomiques pour des conneries qui vont finir dans un coin de salon – juste pour faire bien et dire que c’est une commode Louis XV à arbalète en noyer payée 17 000$ une véritable affaire. Et finalement c’est long. Horriblement long. Je m’emmerde. Remue et gigote. Me fais taper le bras par le vieux d’à côté qui est content d’avoir récupéré une penderie à la con. J’ai même pas la force de lui sourire. Suis ravi d’entendre la cloche et de voir tout le monde se lever. J’imite la foule… Le rondouillard me ramène Fauve. Toi aussi, t’es un peu comme un mobilier de luxe. Elle se remet à côté de moi quand l’autre me tend un carton d’invitation. Le sésame. Je jette un coup d’œil en direction de Fauve. Qu’est ce que tu lui as fait ou promis pour qu’il soit aussi sympa, dis ? Mais je demande rien. Je cause pas – je m’éloigne même pas pour rendre une quelconque conversation à ce sujet possible. Me répète inlassablement que ce n’est pas mon problème, que je ne lui ai rien demandé, qu’elle fait bien ce qu’elle veut. Qu'elle est majeure et vaccinée - normalement. Que je m'inquiéterais pour elle seulement si elle est en danger. Seulement si c’est moi qui la fais tomber. Là c’est sa décision. Ouais, c’est ça. Fauve, elle est grande. Fauve elle fait ce qu’elle veut de son corps et j’suis pas son père pour lui conseiller quoi que ce soit.

Deuxième vente aux enchères. Deuxième long moment. Cette fois, Fauve reste avec moi. Collée à moi. Pour faire bien, surement, pour intéresser les gens. J’en sais rien, franchement. Et ça marche, ouais. Ca marche. Un autre clampin vient rapidement nous voir, plus jeune et plus svelte et plus enclin à plaire à Fauve. Il a une montre qui brille et un costume qui doit au moins coûter le prix de la robe de Fauve. – Je peux ? qu’il questionne en me regardant et en pointant Fauve du doigt. J’sais pas, prend un ticket connard, elle est visiblement vachement demandé ce soir. Je me penche un peu. Fais la moue – fais semblant de rien comprendre jusqu’à ce qu’il soit plus clair et qu’il articule mieux. – Je peux vous l’emprunter ? Mon vieil ami, Igor, m’a dit qu’il avait eu le droit. Va te pendre ? J'sais pas. Ou va jouer au milieu d'une autoroute. Je signe que non. Je signe Dégage. Il répond ok et se casse. Et je m’en fous de ce qui se vend et pour quoi. De ce qui se dit, aussi. Les discours charitables quand, en fait, tout ce gala doit cacher des affaires vraiment sales, derrière. J’inspecte les visages – celui d’Igor et de l’autre gars. Ils ne sont pas ensembles. Viennent visiblement de deux groupes bien distincts, avec des gazelles aussi grandes et élancées que des mannequins. Elles paraissent faibles, pour la plupart. Bourrées, en ce début de soirée. Elles rigolent comme des dames, mains devant le visage, à toutes les blagues qu’on semble leur sortir. Et leurs hanches chaloupent exagérément dès qu’on leur demande de se déplacer d’un endroit à un autre. On dirait des putes est la seule réflexion censée qui me vient avant d’être dérangé par la voix lointaine de Fauve. Ca me sort un peu de ma tête. Je la fixe trop longtemps avant de saisir qu’elle veut aller se rafraîchir avec moi. On se redresse. On sort de cette pièce – de cette autre galaxie. On monte et on descend des marches parce que c’est une galère à trouver des chiottes. On finit par tomber dessus. Fauve inspecte les lieux avant de me tirer à l’intérieur. Nous y enferme. Me fait soupirer avant même que ça commence – bander avant que je ne la touche. C’est Igor qui t’as mis dans cet état ? que je m’interroge en me foutant derrière elle lorsqu’elle nous regarde – lorsque je la fixe dans une intensité étrange. Le museau se baisse. La langue sillonne son cou. Lui fait tendre la nuque et présenter la croupe. Onduler sur ma queue. Faux prénom susurré. Le ronron de sa voix m’électrice. Elle relève sa robe. Alors je la touche, à Fauve. Pince le derme. Glisse mes doigts entre ses cuisses. Mord l’oreille. Plante mes crocs dans son épaule avec l’envie fulgurante de les planter plus fort – d’entendre Fauve craquer sous mes dents, de lui arracher un morceau de chair – me reprend assez vite lorsque je me redresse. T’es con ou t’es con, Brishen ? Lorsque mes reins donnent un à-coup puissant pour pénétrer la fente. Je domine. M’écrase sur son râble quand elle se cambre. Quand je vois sur les traits de son visage qu’elle a envie de couiner, mais qu’elle ne peut pas. Vais plus profondément en elle. Pilonne l’intime, m’aide des phalanges restées entre les cuisses. Trempe mon bas ventre et un peu ma chemise du foutre de Fauve. M’enivre de ce bruit. Du son de sa respiration anarchique. De toutes ces sensations qu’elle m’offre, Fauve, sans que je ne la casse. Tire sur ses cheveux, un peu. Tue mes grognements de plaisir entre ses omoplates. M’affale lorsqu’elle s’affale. Pousse en elle une dernière fois. Jouis en elle dans un tremblement. Ca vient éclater jusque derrière mes prunelles. Ca me fait danser des points blancs à la vision tout en me faisant voir les couleurs plus belles et plus nettes. Alors je bouge encore un peu, dans Fauve. Embrasse sa nuque en enroulant un bras autour de ses hanches. Profite des derniers spasmes de son orgasme pour édulcorer le mien. Ignore qu’on s’acharne sur la poignée de la porte – m’en cogne. – Madame Glazcov, soufflé-je d’une voix ronde et chaude avant de me reculer à contre cœur. On s’embrasse. Je m'essuie à peine avant de sortir de là. Attend sagement Fauve sur le pas de la porte – elle met juste le temps qu’il faut pour que le sourire à la con que j’ai accroché à la gueule disparaisse.

Troisième vente. Cette fois, il ne fait plus de doute que ce genre de rassemblement n’est pas pour moi. Je trépigne, sur ma chaise. Ne regarde plus les gens. Ai juste envie de rentrer chez moi – pour faire l’amour et dormir. J’ai l’impression que c’est interminable. Suis content lorsqu’on se lève pour rejoindre une porte – une nouvelle. La dernière de la soirée. Je m’attends cependant à autre chose. Une fois dedans, la salle est littéralement blindée de mâles. Pas du sol au plafond, mais pas loin. Tous avec, entre leurs doigts, des coupes de champagne ou des verres de scotch. Les chevalières en or sont de sorties, les tignasses gominées en arrière ou sur le côté – les costards à la Tex Avery et les guns planqués sous la veste – pour la plupart. Ca a des cicatrices sur la gueule, et des fausses dents en or. Rapidement on peut dénombrer ceux qui sont là pour affaires et ceux qui ont été enrôlé là par hasard, comme moi… Enrôlé là pour quoi, d’ailleurs ? C’est un mec – encore un – qui me sort de mon observation rapide. Je ne saisis pas pourquoi on donne un putain de carton à Fauve avec un numéro floqué dessus. Passe d’une jambe à l’autre dans une nervosité qui pousse Feodor a expliqué pourquoi Fauve, il faut qu’elle le suive à lui et pas à moi. Comment ça, les autres femmes sont à côté ? Pourquoi on nous sépare des femmes qu’on a amené ? Les questions restent sans réponse et le cerveau se refuse à faire des suppositions foireuses et sales. J’élude la probabilité d’une orgie gigantesque – prie pour ne voir aucun de ces putains de mec à poil. M’avance quand on me prend Fauve. Recule pour paraître plus normal. Elle revient vite. Elle revient vite alors prend sur toi, Brishen. Vais prendre un léger bain de foule jusqu’à ce que Igor m’interpelle et m’arrête. – Vous lisez sur les lèvres, qu’il articule avec un large sourire dégueulasse. J’hoche la tronche à la positive. – Vous avez eu de la chance de me croiser. Il ne restait que quelques places pour les invités de dernière minute, qu’il m’explique en me tendant un godet classieux. Je ne suis pas certain qu’on puisse appeler ça de la chance mais, admettons.Et j’ai eu de la chance de croiser Viktoria, il se détourne pour détailler la scène. De la chance parce que tu crois que tu lui plais alors que c’est moi qu’elle se tape ?C’est la première fois que vous venez ? Nouvel hochement positif. – On fait ça toutes les années. Pour faire rentrer de la chair fraîche dans le cercle. Court silence.Combien elle vous a coûté ? Pardon ? J’ai du mal à retenir ma surprise. Suis content, finalement, que l’éclairage s’éteigne à ce moment précis. Des spots gerbent leur éclat blanchâtre sur la scène. Je peux capter des exclamations. Des applaudissements. Mate l’horizon, au-delà de toutes ces têtes de cons. Fauve. Là. En face. Sous les rires graveleux de tous les pecnots des alentours. Qu’est ce que tu fous là ? Y a même un présentateur. Un mec qui dit que je la présente à la vente, ce soir. Qui la fait marcher, là, comme si c’était une vache à la foire de l’agriculture. Bug du système. Et ça commence à 2000 balles, les enchères. Mais des enchères pour quoi ? Les mirettes inspectent chaque putain de pancarte qui renchérit sans capter de quoi il s’agit vraiment – parce que j’ai pas envie de comprendre. Dans un moment de flottement, je tente de lever la mienne. Suis arrêté par Igor qui se bidonne. Ahahah qu’est ce qu’il y a de drôle connard ?Ne trichez pas, Monsieur Davidoff, on ne peut pas faire grimper les enchères pour gagner plus à la fin de la soirée. Comment ça gagner plus ? Et je crois qu’il la capte, cette question, parce qu’il enchaine, le gros. – Oh… On ne vous a pas dit ? Ne vous inquiétez pas, Monsieur Davidoff, on vous reversera 30% de la somme que votre pouliche rapporte. Mais c’est pas une pute ! Je me dégage de son étreinte. N’entends même pas à combien elle a été gagnée, Fauve, je suppose juste que le mec tout content de l’assemblée est celui qui l’a remporté. Le jeune connard de tout à l’heure.Merde ! que crache Igor en balançant ce qu’il tient dans une rage qu’on lui soupçonnerait pas. – T’as fait exprès Slobodan ! qu’il beugle en pointant le jeune. Il s’éloigne pour hurler son mécontentement. Je joue des coudes alors qu’une autre fille est présentée. La suis une fois qu’elle aussi, a eu son prix. Mais on m’arrête à la porte du vestiaire moi. D’une main sur le poitrail. – Vous récupérerez votre lot à la fin Monsieur… Monsieur ? J’insiste un peu. Le mec insiste aussi pour que je dégage. Comprends que je suis sourd à retardement et tente de me faire des signes pour m’expliquer que pas maintenant. Une autre fille est achetée et moi, on ne m’a toujours pas donné les formalités du contrat.

Je m’éloigne. Abandonne le scandale qui se profile. Reviens dans l’arène, là où plus ça va, plus les meufs qui se présentent sont à poil. Quand c’est de la Pecnode prévue – prévue depuis des mois ou des années – les détails que le présentateur présentent sont beaucoup plus explicites. Limpides. Ca cause des pratiques sexuelles, de ce qui est accepté et toléré par le revendeur – il y a une, dans le lot, qui est fournie avec son patron, qui s’avère être un gros voyeur. Et deux autres passent, encore, avant que je ne mette la main sur celui qui a acheté Fauve. – Oh ! qu’il balance en me voyant avec un large sourire de vainqueur. Il me tapote l’épaule, doit croire qu’on est pote. Sauf que non.Monsieur Davidoff, vous venez me féliciter pour mon acquisition ? Pas vraiment non.Ou me donner des recommandations ? Ca doit avoir un mode d’emploi, une femme comme ça. Et il balance ses reins, fait rire les copains. Si je lui avais donné une trentaine d’années la première fois que je l’ai vu, il vient d’en perdre dix. Ce type est un jeune con qui veut impressionner d’autres jeunes cons. – Vous l’avez récupéré où dites voir ? Dans un donjon ? Malgré moi, je roule des yeux. – Elle est à vendre, après ? qu’il me demande en devenant légèrement plus sérieux. Puis il se penche, met sa main en coupe autour de sa bouche pour ne pas qu’on saisisse ce qu’il est en train de me dire. Ce qui implique que je ne suis pas censé être au courant non plus.Papa veut se diversifier un peu, il pense que les filles ça peut rapporter gros. Celle là, sur le trottoir, je pense qu’elle pourrait lui convenir. Je manque de m’étouffer. Déglutis difficilement en serrant la mâchoire. Tapote mon oreille. – Ah merde ! C’est vrai que t’es sourd ça fait chier. Tant pis. Je hausse les épaules. Lui rattrape une des siennes quand il essai de s’éloigner. – Me touche pas l’basané, qu’il crache avant de se tourner, dans un grand sourire hypocrite. – Oui ? Y a un malentendu, t’auras pas Fauve. Et je fais des gestes. Vers la pièce des filles, à l’autre bout de la salle. Fais que Non. Tente de lui expliquer qu’il y a un quiproquo mais il baille, ce fils de pute. Il baille sans me regarder vraiment. Croisse les bras sur sa poitrine, balance un – Il m’ennuie, en faisant un petit signe de la main. Deux gorilles s’approchent de moi. Me font légèrement reculer. Et je recule parce que je ne peux pas les frapper.

Demi tour. Je fais le pied de grue devant la porte où se trouvent les filles. Les vois rentrer, une à une, la gueule démisse de celles qui savent pertinemment pourquoi elles sont vendues – pour une nuit et peut être pour la vie. Les dernières sont vierges. Négociées à des prix hallucinants. Traitées comme des animaux d’apparat, drapées de perles et de voiles orientaux. Elles sont camées. Ou alcoolisées. Titubent plus qu’autre chose et doivent être aidées pour passer le palier. Dans quoi je nous ai foutu ? Et puis c’est fini. Les gens bougent. Vont récupérer leur numéro de lot en payant, j’imagine, ce qu’ils doivent à cette magnifique organisation. Ca s’ouvre. Ca commence à sortir. Puis ça se referme aussitôt. Le manège est bien rôdé. M’empêche de récupérer Fauve avec la discrétion que j’imaginais. Et je traine et tourne. Bouscule un connard pour lui voler son numéro. Saoul, il ne s’en aperçoit même pas. Rigole quand je le relève, accepte lorsque je lui propose un nouveau verre. Me suis avant que je ne le largue dans un attroupement de perdants qui causent de façon obscène de toutes cette mise en scène. De toutes ces femmes – de toutes cette viande fraîche. Je m’avance. Donne mon ticket. – Numéro 687 ! que le mec hurle, probablement pour qu’on me prépare la fille. La porte s’ouvre pour moi – sur moi. Sur une gonzesse qui n’est pas Fauve, seule dans la pièce. Et merde, elles ont été évacuée ailleurs. Elle s’avance vers moi la gonzesse, penaude, baisse le menton, la tête, la face vers le sol. Soumission exacerbée pour ne pas que je lui en colle une, j’imagine. Elle me tend ses mains. S’écroule à moitié à genoux. Je passe à côté. M’en fous de sa vie comme de mon premier boxer. Ouvre une seconde porte, la seule qu’il y a. Et elles sont là, les autres. Toutes assissent en rang d’oignons, des mecs armés qui les tiennent en respect. Je reste un peu bête. M'attendais pas à ça. – Hey ! qu’un s’insurge en relevant son flingue sur ma gueule. Je lève les mains. Lève le ticket avec mon numéro de lot factice. – On s’est trompé ? qu’un autre demande en jouant d’un cure dents entre ses lèvres. – C’est pas la 687 que vous avez ? Je pointe Fauve du doigt. – C’est elle que vous auriez dû avoir ? il se tourne, le type. – Max’ ! C’est quelle salope le numéro 687 ?La grande brune ! que ça répond d’un timbre suraiguë. – Et la tatouée ?!600 tout rond chef ! Il arque un sourcil. – Ah bah va falloir s’acheter des lunettes Monsieur, c’est pas celle-là la votre v’voyez ? Je vois. Ma paluche s’écrase sur la sienne, celle qui tient le flingue. L’arme lui est littéralement arrachée – un craquement sinistre indique que je lui ai pété un truc dans le mouvement brusque. Électrochoc à l'encéphale. Je recule. Le pouce. Je lui ai pété le pouce. Il beugle. Affole les gonzesses qui se foutent toutes à terre. Son collègue sursaute. Capte pas tout ce qui se passe. Titube. Les bras se lèvent. Ma détonation part avant la sienne. La balle perfore son crâne. Perfore le crâne de celui qui a perdu son pouce. Deux en moins. Max’ aboie – Ca va les mecs ? Arrive en courant. Subit le même sort que les autres. Et ça crie, ici. Ca se tient les oreilles, ça se cache les yeux. Ca tremble, aussi, et ça convulse même, dans un coin. – On se barre, que je balance, la voix grave. Tant pis pour les Tigres d’Arkan.



Couleurs des Dialogues:

©️crack in time
  Sam 5 Oct - 20:26
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( Let Me Down Slowly ft. @B. Brutal Ayaz )
J'attends depuis des minutes ou des heures. Je bouge sur mon siège, vois les filles affluer, me penche pour regarder au-delà de la porte, ne trouve rien ni personne. La meuf à côté de moi paraît vachement jeune, elle chiale, je lui demande -ça va ? Alors que j'ai simplement envie de savoir ce qu'on fait là. -C'est, c'est ma deuxième fois, je ne voulais pas, mais ça rapporte. Et tu ne peux pas être plus explicite ? C'est ta deuxième fois de quoi, merde ? Que t'embrasse un type, que tu te fais vendre, attends, que tu te fais vendre ? Je tique. -Mais en fait, pourquoi t'es là ? Je veux dire, on t'a acheté pour faire quoi ? Elle arrive à rire, d'un rire nerveux qui se perd entre deux sanglots. -Et toi on t'a acheté pour quoi, pour que tu fasses une pédicure ? Elle me fait rouler des yeux. -C'est ma première fois, que je lâche finalement. Elle semble s'attendrir, devient plus compatissante, je crois. -Ça dépend dans quelle catégorie tu as été inscrite. Mais je crois que nous sommes dans la même. Silence -On doit passer la nuit avec l'acheteur. Sa voix se brise dès les premières syllabes de l'aveu. Le visage devient lactescent, j'ai la bouche ouverte comme un foutu poisson en dehors de son bocal. Elle me demande -ça va ? Tu n'en savais vraiment rien ? Ton patron est un connard... Se sont tous des connards qu'elle conclue dans un reniflement. Elle, elle savait tout dans le moindre détail, faut dire que son patron n'est autre qu'un de ses oncles. C'est dégueu. Un premier homme armé se poste à l'intérieur de la pièce, quand les meufs chialent un peu de tous les côtés. Je me lève, trottine jusqu'au garde, tapote son épaule. -Excusez-moi, je crois qu'il y a une er.. Il se tourne, me pousse. -Va t'asseoir ! Qu'il aboie. -Non, mais vous ne comprenez pas. Cette fois, il pousse bien plus fort, me fait tomber sur le cul avant même que je ne comprenne ce qu'il vient de se passer. -Putain de merde, qu'est-ce que tu fous, Tom ? Les touches pas bordel ! Il lève les mains en l'air, recule, se décale, me laisse par terre comme si j'étais comme un déchet qu'on vient de faire tomber dans un oups. La pleurnicheuse m'aide à me relever, elle s'appelle Anastasia, mais dit que je peux l'appeler Anna. -J'peux pas rester là, dis-je à voix basse en sentant la panique étreindre mes boyaux. -T'as une idée de génie ? Parce qu'à moins d'avoir des supers pouvoirs, ce soir, on passera à la casserole, toi et moi. Tu me rends dépressive avec ton optimisme proche de zéro. Tu es jeune, tu n'es pas censée essayer de survivre ? Sans compter qu'il est hors de question que je couche avec qui que ce soit qui ne soit pas Brutal. Ne leur en déplaise. Je me fais reprendre dès que je me lève, on m'ordonne encore et encore de me taire et de m'asseoir à ma place, une fois, deux fois, trois fois, à la quatrième, le flingue est braqué sur moi. Alors je me tais et j'arrête de gigoter, me contente de taper du pied nerveusement dans un tac tac qui agresse les esgourdes et fragilise les nerfs. Des filles débarquent, celles-là ne pleurent pas, elles sont carrément shootées, peinent à tenir debout si bien qu'on les installe par terre à même le sol. On doit être une vingtaine, là-dedans peut-être plus, je n'en sais rien. Je n'ai pas envie de compter, je cherche seulement un moyen de m'en aller. Je me demande ce que fait Brutal, s'il attend dans un coin de la salle, s'il a trouvé les gars qu'il est venu chercher. Ouais, je me demande s'il pense à moi, s'il a encore mon goût sur ses lèvres. C'était la mauvaise vente, on aurait dû aller dans la deuxième, j'aurais dû m'éviter ce gros lourd d'Igor. Parce que c'est la merde, maintenant et que je n'ai aucune envie de sucer un connard de riche et de me faire troncher peu importe le prix, tu vois. La vente se termine, on nous colle dans une pièce adjacente avant d'être appelées par nos numéros. Des putains de chiffres puisque l'on a perdu notre nom, notre identité et que nous ne sommes plus que des numéros comme des putains de bovidés. Ça me dégoûte. J'ai retiré mes talons, apprécie le froid du sol sous mes pieds. J'ai dû mal à attendre, à rester patiente longtemps. Anna est appelée, le type s'amène pour la tirer par le bras parce qu'elle s'est collée contre moi. Arrête, ne fais pas ça. Ne fais pas comme si nous étions les meilleures amies du monde, je n'ai pas envie de penser à ce qui va t'arriver, ce soir. Je ne peux pas, parce que sinon, je vais oublier ce qui va m'arriver à moi, je suis désolée, Anna. Un pincement à la poitrine quand elle disparaît de l'autre côté et qu'elle se tait pour éviter qu'on la cogne entre les côtes, là où ça laisse moins de traces. Une grande brune traverse la pièce et c'est par après que je le vois, Brutal. Il est là, agite sa main pour attirer l'attention, essaye de faire valoir une erreur qu'on ne lui accorde pas. Il veut me récupérer et je ne sais pas pourquoi ça me met en émoi. Ça me fait un truc dans le cœur et le bide, certains parlent de papillons quand j'ai toujours pensé que c'était des putains de petites fourmis par millier. Je souris un peu bêtement, me lève alors que toutes les autres crient et se jettent sur le sol. Je ne comprends pas tout de suite, réagis seulement lors de la première détonation dans un sursaut qui me fait baisser le museau. La mare carmine se répand jusqu'à mes petons nus. Le tiède me touche, fait remuer les orteils qui pataugent dans la flaque. Ça m'hypnotise, tout ce rouge si sombre. Ce rouge qui borde les pieds, qui les tache.

Nouvelle détonation qui fait se relever les mirettes, Brutal parle, dit qu'il faut partir, mais je suis tétanisée, les pieds comme vissés au sol. Il commence à partir sans moi, comprend assez vite que je ne le suis pas. J'essaye de le regarder, de ne voir que lui et les pupilles gueulent leur détresse. Il faut que tu viennes me chercher, il faut que tu le fasses parce que je ne peux pas, moi. C'est trop difficile, tout ce rouge, je te jure, j'ai envie de le toucher, de me baigner dedans. Ça me donne envie de me foutre par terre, de lécher le sol crade parce que ça l'affole, lui, tout ça. C'est douloureux, cette fragrance mortifère, j'ai du mal à respirer, ça se détraque à l'intime, flingue les synapses. Je ne vais pas bien. Pas bien malgré le bout de viande qu'il m'a apporté plus tôt dans la soirée. J'attrape sa main, glisse à cause du sol mouillé, me retiens à ses bras et on se casse. On se casse jusqu'à ce que mes pas attirent l'attention. Mes pas et les siens, sans parler du rouge qui a flingué ma robe. Les gens se mettent à crier, on nous tombe dessus assez vite, mais le mouvement de foule nous aide à ne pas nous faire descendre. Ils ne peuvent pas tirer, ces connards. Ils ne peuvent que tenter de nous barrer la route, nous empêcher de quitter les lieux. Je perds mes couleurs sous le fard rosé, me concentre sur lui pour ne pas dérailler, sur sa main que je tiens, sur sa silhouette qui se déplace et qui nous ouvre le chemin. Une sortie de secours nous dégueule dans l'artère principale. J'ai récupéré sa veste pour planquer les taches, on monte dans un taxi avant que les types ne déboulent derrière nous, prêt à nous trouer le crâne. Les poings et mâchoires serrées, je reste prostrée dans mon coin, tente de calmer le myocarde qui déraille et tout ce qui va avec. Les doigts se crispent sur l'étoffe, les petons s'agitent et je me bouffe l'intérieur de la joue. -Je n'aurais pas dû y aller que je lance, parce qu'il n'a pas l'air d'aller bien, lui non plus, je crois. J'ai tout fait foirer, c'est ça ? Je ferme ma gueule, le regarde lui qui regarde au-dehors. J'ai besoin que tu me touches, que tu me gardes dans cette réalité, que tu l'empêches de grignoter les parcelles de raison. La bouche s'ouvre et se referme. Tu ne peux pas lui demander ça, Kah. Tu ne peux pas lui demander de te laisser le goûter alors que tu viens probablement de tout foutre en l'air. On retrouve le motel, je me débarrasse de ma robe à peine passé la porte. J'ai les petons dégueulasses, les fous sous l'eau pour en retirer la crasse et l'hémoglobine. Lui reviens par après, le découvre près de la fenêtre en train de tirer sur sa clope. -Est-ce que tu vas bien ? Demandé-je en étant certaine que non. -Je veux dire, peut-être qu'on peut toujours les trouver, je ne sais pas ? Il me fixe, préfère remettre ça, sans doute parce que ce sera trop compliqué ou dangereux ou les deux ; retourne à sa clope et à son paysage, à cet étang et ces papillons qui naviguent autour de l'ampoule. Je me glisse dans son dos, y colle mon oreille, entends le battement frénétique de l'organe qui résonne dans la cage. Les tiges longent l'avant-bras, se nouent aux siens. -Merci. Merci d'être venue me chercher et de m'avoir protégé, Brutal. Ouais, parce que c'est bien de ça qu'il s'agit. Ces types, par terre, tu les as tué, pour me récupérer moi alors que t'aurais pu laisser ce pervers me sauter toute la nuit. Ouais, t'aurais pu le faire, me laisser me démerder, te faire inviter à la seconde vente, puisque Igor aurait sans doute pu t'avoir un pass, là aussi. T'aurais fait ce pourquoi t'es venu, parler à ces connards qui ne te lâchent pas la grappe.[/i] Et je ne vais toujours pas mieux, ai beau me concentrer sur lui, je n'entends que les pulsations du myocarde. Il se retourne vers moi, mes phalanges se posent sur sa chemise que je m'applique à déboutonner lentement. Je respire trop vite, un peu bruyamment, tente de me réguler sans y parvenir, me concentre pourtant, sur la tâche que mes doigts effectuent. Mais t'as quand même la gueule de quelqu'un de malade, de quelqu'un de beaucoup trop pâle et gris, Kah. Je dis rien pourtant, quémande que dalle, estimant qu'il a déjà fait sa part pour ce soir. Mais plus tu attends, plus tu risques de le réveiller, de le laisser prendre possession de toi comme l'autre fois. Cette fois qui lui a donné envie de te tuer. Je crois que je dois sortir, prendre l'air, trouver un putain de clébard abandonné ou au bout d'une laisse ou n'importe quoi d'autre qui pourrait apaiser la faim avant que ça ne déglingue la psyché. Les menottes s'arrêtent, triturent les petites taches rouges qui parsèment la chemise, près de son ventre. L'ongle gratte, gratte et gratte comme pour en recueillir le moindre petit grain. Je crois qu'il parle, mais je n'entends pas la première fois, relève le museau la seconde d'après. Je me balance légèrement sur mes guibolles, de droite à gauche, de gauche à droite. Je voudrais lui expliquer, lui dire ce qui ne va pas. Mais tu ne vas pas comprendre et je n'ai pas envie que tu t'en ailles, que nos chemins se séparent, que tu te tires à l'autre bout du monde pour foutre des milliers de kilomètres, entre toi et moi. -Il faut que je sorte, que je mange, dis-je en me reculant. La parole s'allie au geste, je me retourne, enfile un pantalon sans prendre le temps de mettre une culotte, mets un tee-shirt sur mon dos. Les pompes ne sont pas nouées, juste passées, sans chaussettes. Mais Brutal pense que c'est de la connerie, une putain de mauvaise idée. Tu viens de t'enfuir, Kah. Il y a des morts à ce foutu gala de charité et quand bien même ils n'ont pas ta vraie identité, tu es facilement identifiable avec tes putains de tatouages. C'est pire qu'une carte d'identité, ça, c'est comme foutre un gros panneau clignotant au-dessus de ta gueule pour dire que t'es là. Et je ne sais pas comment lui dire, que j'ai faim d'autre chose, autre chose que de la viande froide sous cellophane. -Brutal... C'est pas de ça dont j'ai besoin. Alors il s'avance dans une impulsion, décide qu'il doit venir, reprend sa veste. Ouais, mais non, tu veux venir parce que tu penses que je vais pousser la porte d'une boutique à la con, le genre ouvert 24h sur 24h.

Ma paume se pose sur son torse, les prunelles se rivent aux siennes. -Je préfère que tu restes là, s'il te plaît. Je vais faire gaffe. Je crois qu'il n'écoute pas, qu'il s'en fout, qu'il ne veut pas que j'y aille seule, point. J'attire à nouveau son attention, rentre dans son champ de vision lorsque la porte est déjà ouverte. -Tu n'as pas envie de savoir ce que j'ai envie de bouffer, Brutal, alors épargne-nous ça. Je ne peux pas rester ici avec toi. Ton sang, ton sang, c'est comme une drogue pour moi, ça apaise, ça le rendort, mais je ne peux pas te faire de mal. Je reviens dans une heure. Il me laisse partir et je crois que j'aurais aimé qu'il dise qu'il peut palier à ça, me donner ce que je veux. Tu lui demandes de te donner le truc le plus précieux qu'il possède et tu crois qu'il va consciemment le faire ? Faudrait être taré pour accepter ou complètement bourré. Il couche peut-être avec toi, mais il n'oublie pas ce que tu es, au fond. Il se ment entre tes cuisses, se ment quand il t'embrasse en ne pensant qu'à son propre plaisir. Les mains dans les poches de mon blouson, capuche vissée sur la boîte crânienne, j'arpente les ruelles, évite soigneusement les axes principaux. La charogne est en quête de bouffe, hume l'air et le dissèque. Les naseaux rencontrent diverses fragrances, mais aucune qui ne semble plaire. Je marche longtemps, trop longtemps, pense qu'il n'y a aucun putain de chiens ou de chats dans cette ville merdique. Je m'échoue dans un recoin, tête entre les mains. Je dégage une odeur qui les attire, ces rats dégueulasses, je crois, ouais, je crois que je sens la mort. Le rat est gros et noir. Et il disparaît entre les mâchoires.
J'hésite à ouvrir la porte du motel, reste plantée devant sans savoir si je dois frapper, ouvrir en disant que c'est moi. J'hésite à l'ouvrir en ne sachant pas s'il sera là, s'il est debout en train de cloper ou s'il a fini par s'endormir, épuisé. Ou peut-être qu'il en a profité pour se faire la malle, après tout, t'es quand même bizarre, Fauve et ce petit interlude a dû lui rappeler à quel point tu étais différente. J'essuie ma bouche encore, m'assure de n'avoir rien laissé d'autre que le rouge sur le tee-shirt, referme la veste pour ne pas qu'il se demande si j'ai égorgé un bébé. Il est assis sur le lit, dans le noir, je ne vois que la tige incandescente sur laquelle il prend une taffe. Je rentre sans parler, me dirige vers la salle de bains, me brosse les dents, retire mes fringues, les roule dans un coin. Je ressors, sursaute parce qu'il est plus près de la porte que du lit. -Tout va bien ? Tu as besoin de quelque chose ? Non, Kah, tout va mal. Il a tué pour toi, pour vous. Il n'y a que toi qui te détaches des corps.



( Pando )
( Chrysalis )
  Dim 6 Oct - 0:49
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B. Brutal Ayaz
MONSTER UNDER YOUR BED
B. Brutal Ayaz
Impétuosité : 164
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LET ME DOWN SLOWLY ft @K. FAUVE WARD

I don't know just how it happened, I let down my guard. [...]Caught me by surprise. I wasn't looking where i was going, I fell into your eyes. You came into my crazy world, Like a cool and cleansing grace. Before I knew what hit me baby, You were flowing though my veins. I'm addicted to you.

Elle ne bouge pas, Fauve. Même quand j’esquisse le geste de me barrer. Hypnotisée par le sang, les mirettes perdues dans cette flaque carmin et les morceaux qui y flottent. Parce que ce n’est pas joli quand on tire une balle dans une tête. Surtout quand c’est presque à bout portant. Même quand on y frappe dedans à grands coups de poings. Je cligne des yeux. M’enlève de suite les réminiscences qui remontent à la surface. Me font suffoquer, un instant, récupérer la main de Fauve l’instant d’après. Qu’elle ne m’abandonne pas. Qu’elle ne me fasse pas me sentir comme une merde – comme l’odeur qui nait dans cette putain de pièce. Qu’elle ne me donne pas l’impression que ce que je viens de faire n’a servi à rien. Ni à la sauver, ni à me sauver. Qu’on va plonger tous les deux parce que je viens de buter trois hommes et qu’elle est sur le point de les manger. Parce que c’est de ça qu’il s’agit, n’est-ce pas ? Ces corps, par terre, qui se vident par tous leurs orifices, c’est ça qui te plait ? C’est ça qui te fait bloquer ? Ca qui te donne faim ? On sort de la. Elle glisse, Fauve, se rattrape à moi. Je la tracte quand j’ignore un peu que je marche beaucoup plus vite qu’elle. Je la traine plus qu’autre chose. L’oblige à trottiner quand tout le monde commence à s’affoler. Le flingue est largué quelque part. Je le pulvérise de la paluche avant de le jeter dans un angle. Les filles se foutent à courir. Les mecs à les retenir. Ca gueule et ça beugle. Ils captent l’hémoglobine sur nos fringues. Tentent de nous barrer la route mais c’est trop tard – on vient de sortir de cette salle de l’enfer. Et j’sais pas, c’est un peu bizarre, ce qui se passe là. Comme des années en arrière. Quand je suis sorti de l’appartement de ma copine les phalanges écarlates. Ca étrique la vision tout en la rendant plus claire. Ne fait voir que l’essentiel au cerveau – que la fuite et les portes qu’il faut. C’est comme si l’instinct prenait le pas sur toute réflexion logique – celle qui dirait qu’il faut simplement se rendre parce qu’on vient d’ôter la vie. Mais la seule chose qui importe là, maintenant, c’est de retrouver l’air frai de dehors. De sortir avec Fauve parce que c’est à deux qu’on y est entré et tant pis pour les autres. Alors on se met à courir comme si on était des lièvres pris dans les phares d’une voiture. On choppe un Exit. Je bouscule l’ouverture à battant d’un grand coup d’épaule. Dérape à l’amorce de la rue principale. Pense vaguement qu’on a de la chance de ne pas se faire shooter à vue – mais on est en plein centre-ville, j’imagine que ça ferait mauvais genre et mauvaise pub de flinguer des connards dans l’artère du palais des congrès. J’arrache à moitié la poignée du premier taxi que je croise. Il n’est même pas à l’arrêt, hurle quand on s’y installe. Se tait subitement. Parce qu’on doit avoir une tronche de dix pieds de long – de repris de justice ou une connerie comme ça. – Roule connard, craché-je en oubliant soudainement mon mutisme, le cœur dans la gorge et dans les tempes. Il baragouine un truc que je ne comprends pas. Ca doit être l’accent ou le stress. – ROULE ! que je hurle à l’en faire sursauter sur son tableau de bord. Son pied s’écrase sur l’accélérateur juste quand les autres arrivent. Il dérape sur le bitume, m’envoie valser contre la portière. Il faut qu’il roule au moins 20 minutes pour que je ne pose mon regard sur Fauve. Prostrée. Dans une veste. La mienne. Je ne me souviens même pas du moment où je te l’ai donné. Je finis par lui donner l’adresse du motel, au conducteur. Lui demande qu’il prenne le chemin le plus long, quitte à faire des détours. Il saisit pas bien le concept mais le fait, une fois s’être assuré que j’aurais l’argent pour le payer.

On retrouve le motel. Notre chambre, près de cet étang sauvage. L’odeur alpine devient agréable et familière – après l’odeur de la mort tout devient plus sympa de toute évidence. C’est mon reste d’adrénaline qui me porte jusqu’à la fenêtre de la piaule. Qui me permet de m’allumer une clope et la clope qui me donne le courage de ne pas m’écrouler sur le lit en position fœtale – peut être un peu la présence de Fauve, aussi. Tu as tué trois hommes que me lance l’encéphale comme une comptine macabre. Et je perds mes yeux dans le vague. Au loin, là-bas. Puis sur le lac. Sur les remous de la flotte chaque fois qu’un courant d’air y fait voltiger une feuille – caresse sa surface. Mais rien n’y fait, même pas la seconde clope que je cale à la gueule. J’ai tué trois hommes. Trois hommes ce soir, un de plus y a des années – et une femme aussi. Ce soir, c’était plus facile, je crois. Et le constat m’est aussi terrible que si j’étais en train de changer – de me transformer en un monstre plus dangereux encore que celui de Fauve. Je n’ai jamais porté une trop grande importance aux Pecnots. A tous ces gens différents de moi, et qui m’effraient parfois – depuis que je suis gosse. Parce que c’est comme ça, me semble, qu’on survit quand on est nous même différent des autres. On est obligé. On est obligé de se dire que c’est les Autres le problème, que c’est eux qui nous oppressent et pas nous – notre couleur de peau ou notre langue si étrangère à leurs oreilles ou la réputation de nos ancêtres. Pour avoir le courage de se lever tous les matins et ne pas perdre une trop grande foi en l’humanité – pour ne pas dérailler. Pour ne pas dérailler comme j’ai fait, y a des années et puis ce soir. Mais dérailler c’est facile quand tu te convaincs que tu es mieux que tous ces Pecnots – que tu vaux plus qu’eux. C’est plus facile que se mentir. Et j’ai pas réfléchis. Je sais ça. Que j’ai pas réfléchis quand j’ai appuyé sur la détente. Que je ne me suis même pas dit c’était eux ou moi. J’ai pas vu de choix. J’ai vu l’objectif égoïste – la mission irrationnelle. Celle de sortir de cette pièce avec Fauve. Fauve, ça a été un caprice, ce soir. Un caprice moral, quelque part, peut être. Elle allait se faire violer, Fauve. Mais pas par les hommes à qui j’ai tiré une balle dans le crâne. Et c’est elle, d’ailleurs, qui me sort de cette torpeur dégueulasse. Qui me fait sursauter – à peine, parce que au jeu de la bête je ne suis pas certain qu’elle me gagne, Fauve. Elle vient se coller dans mon dos ; je capte qu’elle est nue, ne l’ai même pas vu retirer sa robe et ne saurais dire quand ça s’est fait. C’est comme le reste. Comme souvent. Y a des événements qui sautent, des bribes qui ne s’impriment pas. C’est le choc. La violence. Demain… Demain je crois que tout ça, je m’en rappellerais comme dans un film, comme dans un rêve ou un cauchemar et ça sera comme si ce n’était pas moi qui l’ai vécu. Pas moi qui ai tiré. J’imagine que c’est comme ça que ça commence, la Folie. Que je n’en suis pas loin – à quelques morts, à quelques millimètres de conscience. Bientôt… Ouais, bientôt, je pourrais me lever sans avoir de problème à me regarder dans un miroir. Sans craindre de braquer une arme sur des innocents. Sans hésiter pour appuyer sur la détente. Je me tourne lorsque les doigts de Fauve s’entremêlent aux miens. Mais d’ailleurs, est-ce que j’ai déjà hésité lorsqu’il était question de tuer ? Et ça me crève quelque part ce constat amer. Je me demande depuis quand, ouais, depuis quand je suis comme ça. Si je l’ai toujours été, si j’ai un minimum d’empathie – si j’ai sauvé Fauve pour elle ou pour moi. Si tous mes actes sont intéressés, froidement calculés – si bien que je ne m’en rends même plus compte quand je le fais. Je me demande où il est, ce putain de gamin dans les rues de St-Louis, Little Rock ou Houston ; ce gamin plein d’innocence qui jouait aux cailloux au milieu de la chaussée sans penser à mal. Sans mépris pour toutes ces personnes qui lui passaient à côté. Je me demande où il est et je me répond que j’ai dû le tuer comme tout le reste.

Alors je me concentre. Je me concentre encore. Fais un effort dingue pour fixer les doigts de Fauve qui me déboutonnent la chemise. Aimerais l’arrêter mais j’en ai pas la force, je crois. Finis par reconnaître que si c’est pas elle qui le fait je serais capable de garder ces putains de traces de sang sur moi toutes la sacro sainte nuit. Fais moi tout oublier Fauve. Tout. S'il te plait, Fauve. Aide moi. Mais elle se stoppe, Fauve. En plein milieu, comme ça. Comme si je la dégoûtais ou que la situation n’était pas assez compliquée. Elle pense à bouffer Fauve, à sortir. Tu es sérieuse ? Je… J’ai besoin de toi Fauve et toi tu veux sortir ? Je fronce les sourcils. Sens la rage flirter avec les désillusions. Espère à une blague jusqu’à ce que je ne la vois s’habiller. – C’est une mauvaise idée, que je balance en faisant un pas en sa direction. On va commander quelque chose à bouffer, reste là. Avec moi. Mais elle n’a pas besoin de ça. Pas besoin de bouffe lambda. Elle a besoin d’autre chose. Pour nourrir son truc à elle sa putain de bête qui l’éloigne de moi quand je viens de risquer mon âme pour sa gueule à elle. Elle veut m’abandonner – pendant une heure, deux heures et peut être même qu’elle ne reviendra jamais. A quoi bon revenir ? T’as été trop con Brishen, t’aurais dû la buter lorsque tu en as eu l’occasion. Surement. Parce que j’ai beau essayer de la retenir avec de vastes conneries – j’ai beau essayer de la suivre – elle me recale toujours, Fauve. Claque la porte. Mais laisse seul avec mes monstres. Elle va bouffer des cadavres puis elle reviendra tranquillement se glisser dans les draps. Chair putride au bide. Ca me retourne le gosier. Me donne envie de gerber autant que de boire. L’estomac fait la tronche, dans un retournement de situation violent – dans cette solitude que j’ai toujours chérie mais qui me fait mal aujourd’hui. Et les murs se referment sur moi. Le silence devient assourdissant – les oiseaux de nuit n’ont jamais été aussi absent. Y a rien. Rien à part moi, ma conscience et les images de mes crimes qui passent en boucles dans ma tête. Quelques fois, il y a des images de Fauve pas tout à fait humaine. Et ça finit par me faire vomir, pour de vrai. J’atteints la cuvette des toilettes in-extremis. Y lâche mes pauvres coupes de champagne parce que c’est tout ce que j’ai qui n’est pas digéré. Je me redresse. Tire la chasse. Me brosse les dents. Vais à l’accueil avec un mot qui tient sur le charnue de la paume de la main : Alcool ? La meuf de la réception hésite. Tente de me faire des signes. M’indique un endroit où je pourrais en acheter, pas très loin, mais il me faut un taxi et ça me fait chier. J’insiste. Elle cède au bout d’un gros quart d’heure de gestes en tout genre. Me donne une demi bouteille de scotch pour mes derniers billets. Je sais que ça ne sera jamais assez pour oublier mais, à défaut, ça me fera passer le temps.

Le fond de bouteille ne me dure qu’une petite demi-heure mais elle me donne la pulsion survivante de dégager ma chemise et même d’y foutre le feu – la poubelle de la pièce fait désormais un peu la tronche et ça put fort le cramé. J’ai pas quitté ma fenêtre, traine toujours autour. Suis persuadé que divaguer vers l’extérieur ne me fera pas divaguer sur l’intérieur – celui de ma tête. Je suis assis sur le lit quand j’entends la porte qui s’ouvre. Fauve qui revient. Qui a bien dû bouffer, elle, ces trucs crades qui trainent par terre. Elle se faufile dans la salle de bains sans même m’adresser un mot – je ne suis même pas certain qu’elle m’adresse un regard. Elle t’as dit merci, Brishen, tu t’attendais à quoi d’autre ? A rien. En fait, je ne m’attendais même pas à un merci. Ne l’ai pas sorti de cette pièce pour la reconnaissance que ça pouvait m’apporter – j’ai seulement trouvé ça normal de le faire. Mais c’est après. Ouais. Après. Tu t’attendais à ce qu’elle soit là pour toi parce que ça va pas ? Et je crois que oui. Je crois que c’est ça. Je crois que j’avais besoin d’une tendresse que son inhumanité n’est pas capable de me donner – parce que c’est rare mais que ça peut arriver. Parce que moi je suis resté lorsqu’elle me l’a demandé, je l’ai même prise à St Pétersbourg pour ne pas qu’elle soit triste. Et… Et… Je veux Rose, m’avoué-je dans un soubresaut nostalgique. Me lève, comme un automate, pour écouter Fauve vivre à travers la porte de la salle de bains. Imagine, durant ces brèves secondes, que ce n’est pas Fauve derrière, mais une autre femme. Une qui m’aime. Désillusion. Espère surement autre chose quand elle sort de là. Est-ce que je vais bien ? T’es sérieuse ? Ca me froisse. Je crache un hoquet dédaigneux. – Oui je vais bien, non j’ai besoin de rien. J'ai faim et soif. Je balance la clope par la fenêtre. Me fous sur le lit, à moitié habillé. Garde mon froc malgré les traces qui l’encombre – m’en fous si ça dérange les monstres de Fauve comme elle s’en fous de déranger les miens. Chacun ses merdes. Je me tourne de façon à voir l’extérieur. Garde des minutes les yeux river sur les étoiles. Ferme les paupières et m’endors, ouais. J’arrive à trouver le sommeil. Un sommeil de merde et hachuré. Un sommeil qui fait suer et qui réveille plusieurs fois. Un sommeil qui donne mal au crâne, qui fait se lever pour fumer et finalement pour prendre une douche. Un sommeil qui fait se replier sur le sol, dans une couverture voler au fond du lit, contre un mur. Un sommeil qui grave derrière les paupières des images hideuses – mais un sommeil qui les fait paraître comme irréelles et lointaines. Comme sur la pellicule d’un vieux film qui claque.

Le matin je suis déjà habillé lorsque Fauve sort du lit. Une sempiternelle clope au bord des lèvres. Elle a un café, sur la table de chevet à côté d’elle, et j’en ai un autre dans les mains – sauf qu’il contient plus d’alcool que de café, le mien. – J’ai fait un saut en ville, que je lui dis en tendant le menton vers le gobelet. Bois le mien d’une traite avant de l’envoyer valser dans la poubelle fatiguée. Je me suis levé tôt et je ne savais pas quoi foutre d’autre, que j’ai envie d’ajouter pour éviter de lui donner envie de me poser des questions. Mais j’imagine qu’elle a fini par saisir, Fauve, que répondre aux questions ne faisaient pas partie de ma routine matinale.Je crois qu’il y a un avion pour Novokouznetsk en début d’après-midi… Il faudrait y aller plus tôt pour être sûr. Je bouge un peu, sais plus quoi faire de mes doigts. Me rallume une clope. - Alors, s’il te reste des choses à faire avant d’être bloquée dans un avion pendant 6h… En gros Fauve, va bouffer tes morts et n’emmerde pas ton monde avec une nouvelle crise quand c’est pas le moment. La fermeture éclair de mon sac semble stridente. Je pousse mes affaires vers l’entrée de la pièce. Trafique pendant que Fauve navigue – boit, fume, pisse. Ne sais foutrement pas ce qu’elle va faire mais je m’éclipse avant qu’elle ne le fasse. Prétexte une petite faim quand c’est encore une petite soif. Ai cette putain de bonne raison pour repartir en ville – dilapide l’argent voler en taxi et en bibine. Fais un puis deux et trois bars comme un bon poivrot – prend la place du fond, juste à côté des chiottes parce qu’il n’y a que celle-là qui compte. Elle est stratégique. Me décide, avec les derniers centimes qu’il me reste, à m’acheter un paquet de chips qui se noie dans les verres de bière et de scotch. Je rentre à l’heure, au motel. Alcoolisé, probablement puant, mais à l’heure et en parfaite capacité de balbutier des paroles plus ou moins intelligentes. Après, l’avantage avec moi, c’est que je suis un gars qui parle pas. Je prends donc le parti de ne pas parler. Je dis juste à Fauve qu’il faut y aller et on y va. Le circuit est similaire au précédent, sauf que je me sens plus à l’aise parce que je pense à rien. L’esprit embrumé me fait tanguer, parfois, bloquer sur les vitrines dans l’aéroport souvent. Je bénis les sièges de la salle d’embarquement. Grogne quand il est question de les quitter pour se mettre dans ceux de l’avion. La place côté hublot m’est de nouveau attribuée, pour mon plus grand plaisir. Je m’évade dans les nuages. M’endors plus confortablement que sur le sol de la chambre du motel. Suis réveillé par Fauve, à un moment, je ne sais foutrement pas pourquoi – parce qu’elle part pisser, ou qu’elle était inquiète que je sois crevé mais celle là me semble plus improbable que la première alors, je réponds rien. Je hoche la tête en guise de Ouais. Ouais s’tu veux. Puis, plus les heures passent plus je décuve, plus je me sens naze. Naze en dedans. Parce que c’est le principe de l’alcool – des drogues en général, je suppose. Je demande des verres, à l’hôtesse, avec des gestes mais elle comprend le concept assez vite, la fille. Et si au départ ça la fait sourire, vient le moment où elle regarde Fauve pour être sûre en me les servant – comme si Fauve allait lui dire Ouais non, arrêtez de le servir il est trop bourré pour savoir ce qu’il fait. Sauf que Fauve c’est pas ma mère, pas ma femme et t’sais quoi connasse, c’est même pas une amie.

A l’atterrissage je pense que je vais gerber mais je m’en sors bien – le retour sur la terre ferme est déjà beaucoup plus complexe. Encore plus quand je me rappelle que la seule chose qui m’attend, à Mejdouretchensk, c’est le banc vert du parc municipal. Au moins j’aurais chaud en dedans… Si je retourne vraiment à Mejdouretchensk. Un banc de Novokouznetsk pour ce soir fera très bien l’affaire. On récupère nos valises dans un silence mortifère. La réalité fait redescendre mon taux d’alcool beaucoup trop vite à mon goût. – Bon beh, c’était sympa, que je lâche d’une voix trainante et pâteuse à Fauve, lorsque nous sommes dehors – ça me donne comme un accent du sud. – On se refait ça bientôt. Qu’est ce que tu dis, Brishen ?Enfin. Un voyage comme ça. Pas… Je parlais pas du reste tu comprends bien… Je vais pour lui tapoter l’épaule. Me trouve ridicule avant même d’amorcer le geste. Hausse une épaule. Tourne les talons. Entend la voix de Fauve, derrière, qui me demande où je vais. Boire, pourquoi, t’es intéressée ?Je vais dormir, que je réponds le plus naturellement du monde. Mais ça ne semble pas la satisfaire, à Fauve, elle semble avoir besoin de détails techniques. – Je vais dormir dans une chambre d’hôtel, très probablement du côté gauche, la tête orientée au Sud, on croise les doigts j'ai pris ma boussole… dis-je en mimant pour rajouter un peu de ridicule. Comme si tout ça ne l’était pas assez. Qu’est ce qu’il y a Fauve ? Déstresse, on est sorti d’affaires. Laisse moi me barrer boire et finir ma nuit dans une poubelle bordel de merde.




Couleurs des Dialogues:

©️crack in time
  Dim 6 Oct - 4:17
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( Let Me Down Slowly ft. @B. Brutal Ayaz )
Ça me fait reculer d'un pas, sa réponse ; ça bloque le geste qui voulait se perdre sur son épaule, sa nuque et sa joue. Ça coupe l'herbe sous le pied, ça poignarde, ça me fait sentir merdique et dégueulasse. Ça me fait mal, ouais, ça me fait mal, le rejet. Ce rejet constant qu'il éprouve envers moi, je crois. Ouais, je crois que c'est ça, que c'est mon besoin de me tirer pour apaiser la chose qui me bouffe en dedans, la nourrir pour qu'elle ne veuille pas de lui, qu'elle ne prenne pas un bout de celui auquel je tiens pour une raison étrange et sans doute déconnante. Il tourne et vire, termine sa course dans le lit sans prendre la peine de virer son froc ni même rien d'autre. La gueule tournée, le dos qu'il montre un peu comme ses meufs qui font la gueule et qui en font des caisses. Alors j'essaye de faire comme si ce n'était pas grave, que c'est d'accord, qu'il va bien et qu'il n'a besoin de rien. Surtout pas de toi, Kah. Il y a l'absence de tout, de geste et de proximité. Je le cherche pourtant, enlace sa carcasse dans le noir, quand je me presse à son dos. Mais il bouge, tourne, me repousse. Alors j'en fais autant, je tourne le dos à mon tour, m'enroule dans les draps pour oublier le que je ne porte rien, moi et que j'aurais aimé, je crois, juste le tenir dans mes bras, sentir la chaleur de son corps contre ma poitrine ou sous mes doigts. Ouais, j'aurais aimé qu'il ne réagisse pas comme ça, comme si je n'étais rien, que je ne valais rien. Mais je suis comme ça, je suis déficiente et ça ne peut pas changer ça. Tu crois que ça me plaît ? Tu crois que j'adore ça, moi, avoir peur de moi, d'avoir peur aussi pour toi ? J'aurais pu attendre, ouais, j'aurais pu, mais si tu te mets à saigner du nez ? Si tu t'éclates une phalange ou que tu t'égratignes, je ne sais pas, tu vois, je ne sais pas et ça me fait peur. Peur pour toi, peur pour moi. Je ne veux plus que tu aies peur de moi, que tu le vois à travers moi. Je n'arrive pas à dormir, chiale sans doute pendant une minute ou deux ou dix pendant qu'il respire fort, qu'il ronfle même par moment ou qu'il s'étouffe. Je veille sur son sommeil, le remue doucement quand il semble en proie à des mauvais rêves, me ratatine dans mon coin quand il bouge pour lui laisser de la place, pour ne pas le gêner. Et ça dure des plombes, des heures que je ne regarde pas défiler, trop préoccupée par lui, par son visage qui se froisse quand avant ça, il arrivait à paraître si serein. Je me demande si je ressemble à ça, chaque fois que je ferme les yeux, que je me plonge dans un sommeil qui n'est jamais tout à fait réparateur puisqu'il est taché, hanté par des réminiscences crades qui me font dérailler. Et je crois que je m'endors, dans une introspection dégueulasse. Il avait dû oublier qui tu étais, tu le lui as rappelé, tu crois qu'il va te pardonner ? Tu as vu comme il a fui, comme il t'a tourné le dos ? Il espérait peut-être que tu ne repasses jamais cette foutue porte puisque tu l'as lâché, comme une merde, pour aller bouffer de la viande. Il a dû se demander sur quoi t'avais jeté ton dévolu, avant de te vomir ou te cracher. Il n'a pas besoin de toi, il te l'a déjà dit. Il n'a pas besoin de toi, Kah.
Je dors mal, pense à cette fille, Anna, me demande si elle va bien dans un sursaut de conscience que j'aurais préféré m'éviter. Je me demande si elle a réussi à s'enfuir quand tout le monde s'est mis à courir, si elle a pu retrouver un chez elle, sans doute miteux, mais sans doute plus réconfortant que les bras d'un illustre inconnu qui va passer sa nuit à la baiser pour rentabiliser l'argent dépensé. J'entends encore sa petite voix de gamine dans ma tête.
Je me réveille en sursaut, découvre un gobelet juste à côté, posé sur la table de chevet. Je me frotte les yeux, réalise qu'il est déjà habillé et surtout très loin de moi. Il est sorti pendant que je faisais la belle au bois dormant. Parce que lui, il s'en branle de savoir de quoi tu rêves. Il annonce le vol retour, celui que j'avais presque oublié que l'on devait prendre pour rentrer. Rentrer là-bas, à Mejdouretchensk. Reprendre une routine, vivre comme on le faisait avant. Est-ce que t'es pressé de te débarrasser de moi, ou est-ce que tu veux oublier cette soirée et le sang qu'il y a sur tes mains ? Je ne fais pas de commentaire, tique sur la seconde partie de sa phrase, me sens étrangement vexée. Alors c'est ça ? C'est ça le problème en fait ? C'est que je me suis tirée pour aller becter. Bah je sais pas, t'aurais pu te proposer, non ? Tu aurais pu me demander de rester, que tu pouvais me filer une goûte de ton sang, surtout quand je t'ai dit que tu étais une drogue. Mais j'imagine que ce n'est pas comme ça qu'on fait et j'imagine que tu n'as pas envie de te sentir comme un casse-dalle. Alors je réponds que dalle, prends le gobelet, reste enroulée dans mon drap, épuisée, énervée, blessée. Je finis par me lever parce que j'ai envie de pisser et de fumer, enfile juste un tee-shirt pendant que lui, se met à ranger ses affaires. Et il se tire sans même me laisser dire quoi que ce soit, quand je n'ai pas envie qu'il s'en aille. Tu me fuis ? Pourquoi tu ne veux pas rester avec moi ?

J'ai eu le temps de prendre une douche, de préparer mes affaires, d'essayer de nettoyer la robe avec ses strass de merde qui empêchent de frotter. J'ai fini par récupérer ce qui brille et déchiré des pans de tissus, des petits, que j'ai balancé dans les chiottes un à un en tirant la chasse en priant pour que ça ne bouche pas les canalisations trop vite. J'ai fait les cent pas, j'ai fumé jusqu'à la dernière clope de mon paquet, me suis retrouvée sans rien d'autre à faire qu'à bouffer mes ongles et regarder dehors ; lever le museau chaque fois que j'ai entendue du bruit dans le couloir. J'ai imaginé tous les scénarios, qu'il se fasse attraper par les flics ou les membres des Tigres d'Arkan ; qu'il prenne la fuite ou se fasse buter dans une ruelle malfamée. Quand il passe la porte, je suis prête à l'engueuler, à lui dire que ce n'est qu'un con, parce que j'ai flippé. Mais il sent l'alcool, Brutal. Il sent vraiment très fort l'alcool. Alors je ferme ma gueule, parce que je n'ai pas envie d'envenimer une situation qui se désagrège déjà d'elle-même. Je lui demande s'il a besoin d'aide, mais il n'écoute rien, titube vaguement son sac à la main, une clope dans l'autre, ne laisse aucune place pour l'une de mes menottes. Le fossé se creuse chaque minute un peu plus, chaque foutue minute qui nous amène à l'aéroport. Il est absent, ne tilte même pas que je lui parle ou peut-être qu'il s'en branle. Brutal, il regarde partout sauf dans mes yeux, s'arrête devant une vitrine de parfum et un peu plus loin, devant des fringues. Je prends encore sur moi, pense que c'est pas le moment d'ouvrir ta gueule, de te faire remarquer. Prends cet avion, digère, il est juste bourré. Ça me rend nerveuse, me file les mains moites. J'ai mal au bide, probablement parce que j'ai faim, de nourriture normale cette fois. Le genre que mon corps a besoin pour se déplacer et tenir debout parce que ce n'est pas un pauvre café qui me fera tenir. Je prends une barre chocolatée, demande s'il en veut une. Pas de réponse.
On s'installe et on attend dans un silence qui me bute, mais que je trouve préférable à toute la merde qu'il pourrait me dégueuler dans la face. Le stress, toujours, quand l'avion décolle. Mais il n'y a pas de paluche à prendre et à tenir, cette fois. Il a croisé les bras, Brutal, empêche le moindre contact. En l'air, je me détends un peu, constate qu'il s'est endormi, le front posé contre le hublot. Et je prends le temps de le regarder, regarde parfois dehors, pour voir que l'on vole au-dessus des nuages. J'arrive presque à trouver ça beau. Je me lève, dérange la bonne femme à côté de moi. Elle porte un tailleur et des escarpins, un joli bijou à son cou et elle sent Chanel numéro cinq. Ça pue. Quand je reviens, Brutal n'a toujours pas bougé, son souffle se coince parfois dans sa trachée alors je le secoue quand je crois qu'il ne respire plus. -Est-ce que tu te sens bien ? Son éternel mutisme me fatigue. Je soupire, essaye de faire passer le temps, y arrive en regardant Brutal interpeller l'hôtesse de l'air à plusieurs reprises pour avoir un verre. Je crois qu'elle capte que je roule des yeux, me regarde avec insistance quand la tête se balance imperceptiblement dans un non. Alors elle diminue les doses à défaut de lui interdire de prendre sa cuite. Silence est devenu mon nouveau pote. On se regarde tous les deux, on se contemple, on se dévisage et on se déteste gentiment.
On récupère nos affaires, j'espère que l'air frais va finir par lui fouetter la gueule et le remettre un peu d'aplomb pour qu'on rentre à la maison, ou chez nous, ou je ne sais pas trop où, en vérité. Je n'ai pas pensé à ça, à l'après, à ce qu'on allait faire, ensemble ou chacun de notre côté. Je n'ai pas imaginé comment on allait se quitter, devant chez moi ou devant un autre motel que t'auras choisi au hasard sur le bottin. Je crois que je ne voulais pas l'imaginer parce que je suis incapable de te lâcher la grappe. Parce que ce n'était pas rien là-bas, ni ici d'ailleurs, enfin, à Mejdouretchensk. Ce n'était pas rien quand t'es venu me voir, à mon boulot, pour me cracher tes adieux avec la délicatesse d'un éléphant au beau milieu de porcelaine. Pas vrai ?

Les sourcils se froncent dès qu'il cause. C'était sympa de quoi ? De se balader, de se faire une petite promenade de santé en oubliant la réalité pour en découvrir une autre, encore plus dégueulasse que la nôtre, c'était sympa, ça ? La suite n'est pas plus glorieuse et je ne comprends pas pourquoi il se tire. -Hey attends, mais tu fais quoi ? Tu vas où ? Qu'est-ce que tu fous, sans moi ? Je comprends à retardement qu'il est en train de me planter. Il me jette là, sur le trottoir de l'aéroport et c'est tout juste s'il me souhaiterait pas bonne chance ou bonne vie. T'es sérieux, là ? Tu me prends pour une conne ou tu me prends pour une conne ? Tout ça, c'était seulement une amourette de vacances, un truc sympa, mais qu'on ne doit pas ramener dans sa valise parce que, merde, faudrait surtout pas qu'on croie que ça peut vouloir dire quelque chose. Puis alors, autant se foutre de l'autre et de ce qu'il en pense, on n'est plus à ça près. -Je vais t'accompagner, lancé-je en lui emboîtant le pas. Il s'arrête, se demande pourquoi j'ai envie ou besoin de le suivre. Parce que t'es bourré, connard et que je n'ai pas envie de te laisser sans savoir qu'il ne peut rien t'arriver. Ça, c'est pour la raison officielle que je me sers. L'officieuse, c'est parce que je n'ai pas envie de le quitter. T'es vraiment débile, Kah. C'est quoi que tu ne comprends pas dans ses façons de faire ? Tu ne vois pas qu'il ne veut plus de toi ? Qu'il ne le veut plus depuis que t'as été bouffer ton rat pour ne pas le bouffer lui, sans doute parce qu'il s'est souvenu de ce que tu étais et de tes mauvais côtés. Arrête d'être bête, des gars comme lui, t'en trouveras partout ailleurs. T'as qu'à retourner voir Adam, si tu lui fais des jolis yeux et un regard triste en disant que t'es désolée, il te prendra probablement dans ses bras en disant qu'il te pardonne. -Parce que. Je ne me montre pas plus loquace, le laisse se contenter de ça, le suis même s'il n'en a pas vraiment envie, qu'il allonge ses foulées à me faire trottiner plus franchement derrière lui. Il se cale dans un bar, commande un verre puis un autre. -Tu devrais arrêter de boire. Je deviens sa conscience, son Jiminy Cricket. Et quelque chose me dit qu'il aimerait bien l'écraser, son foutu criquet. Il me regarde comme pour me dire t'es pas ma mère, ai envie de lui attraper le bras pour le faire sortir d'ici. Me contente de le reluquer, d'un regard chiant et désagréable. On change de bar, de configuration, pas de table cette fois, juste le tabouret direct au bar. Ça empêche au moins de me voir puisque je ne peux être que d'un seul côté. T'es vraiment un gamin. -Je dois attendre jusqu'à ce que tu fasses un coma éthylique ? On pourrait parler ailleurs. Ailleurs que dans un endroit où tu fais comme si je n'existais pas parce que tu es sourd, tu vois. Changement de plan, je commence à traîner la patte, me rêve d'une clope et d'une bonne bouteille, le vois s'éclipser dans une boutique et j'en profite pour acheter un paquet. Il se tire avant moi, je le vois traverser, manquer de se faire percuter pour rejoindre un ridicule parc de l'autre côté. J'ai les nerfs à fleur de peau, lui arrache la bouteille d'un mouvement vif quand il la porte à ses lèvres. -Putain, mais qu'est-ce que tu fous ? Lâche cette merde. Sa réplique est glaciale. Il veut récupérer ce qui lui appartient. Je refuse, recule en prenant en otage ce qu'il désire d'un pas en arrière, il se lève, ne marche pas tout à fait droit même si la trajectoire semble contrôlée juste assez pour qu'il arrive près de moi. Ma paume se place sur son torse, l'arrête. -C'est quoi que t'as besoin d'oublier, Brutal ? Hier ? Eux ou nous, ou tout ?La voix est plus tendre qu'elle ne devrait l'être. Parce que j'ai seulement envie de t'engueuler, mais que je sais, je sais qu'on ne boit pas sans raison, on ne boit pas à se foutre la gueule en vrac quand tout va bien. Je bois, moi aussi, tu vois, pour oublier toute la merde de mon passé, donc je sais ce que c'est. La menotte est repoussée, c'est comme une gifle, quelque chose qui fait mal encore, mais juste dans la tête et dans la poitrine, pas ailleurs. Les grands yeux clairs brillent légèrement, le fixent. -Je sais, je sais que ça aurait pu mal se terminer, hier. Mais je ne sais pas si je réalise vraiment, si j'arrive à avoir conscience que j'étais à deux doigts de me faire violer par un fils de putain. Je crois que je n'ai pas envie, pas envie de me souvenir des détails et d'elle, d'Anna. -Mais c'est grâce à toi qu'on est toujours vivants, Brutal. L'idiome se pète, là, quelque part. Parce que le dire, le dire à voix haute, ça rend tout ça réel. Mais il voit que dalle, ne pense qu'à cette bouteille que je tiens entre mes doigts et qui se crispent autour du verre. J'ai envie de te la foutre dans la gueule, de la balancer par terre pour qu'elle explose en mille morceaux. Ouais, j'ai envie de te priver d'un truc que tu veux, comme toi, tu le fais. La bouteille est finalement rendue, plaquée à son torse. Je respire un peu vite, un peu fort, retiens un sanglot ou une envie de le gifler, probablement les deux en vérité. Il retourne s'asseoir, je fume une clope, ne bouge pas, le regarde s'abrutir et engloutir plusieurs gorgées. Je ne suis pas ta mère, ni ta femme, ni rien du tout pour t'empêcher de boire. Je ne peux pas te forcer à raconter, à poser des mots sur des maux. Alors à défaut d'être quelqu'un dans son univers, je me contente d'être une étoile lointaine, m'installe par terre, dans l'herbe. Je me demande vaguement pourquoi je reste encore là, avec un type qui ne veut pas de moi. Parce que toi, tu l'aimes bien, Kah. Il est ton infime espoir de pouvoir avoir une vie presque normale. T'as ressenti des trucs quand tu l'as vu la première fois, tu l'as aidé, quand t'aurais pu achever en faisant passer ça pour un accident de chasse comme il y en a des dizaines par an sans que tu ne sois trop inquiétée. Il y a eu ce truc, cette étincelle, ce petit truc insignifiant aux yeux des autres et invisible. Mais toi, ça t'a transpercé. Et après, après il s'est mis en danger pour toi, pour te sauver, tu voulais que ça compte pour lui et au fond, tu sais que ça compte pour lui, sinon, tu ne resterais pas à te heurter à ses mots qui blessent. Mais t'as besoin de savoir, Kah, si c'était juste un problème de conscience ou si c'est parce qu'il tient à toi, comme tu tiens à lui. Il bavasse, baragouine des trucs dont je n'entrave que la moitié des mots. Je hoche la tête parfois quand j'arrive à saisir de quoi il cause, réponds même de temps en temps et parfois je ne bouge pas. Puis tout s'arrête après des heures, quand le froid est tombé et que les voitures ont cessé de passer après que le soleil ce soit couché. Je le regarde et je crois je devrais lui en vouloir, pour tout ce qu'il me fait ressentir, mais je n'y arrive pas. Pas vraiment. Il a fini par s'allonger sur le banc, j'ai glissé mon sac sous sa tête, me suis assise par terre, la tête entre mes jambes, le dos collé au banc. Je n'ai qu'à tourné le minois pour le voir et le sentir. Je dors mal parce que j'ai froid, parce que la position et l'endroit rappellent des mauvais souvenirs, ceux de ma fuite.
Les cauchemars oppressent, on me court après, on veut m'attraper pour m'enfermer à nouveau et se servir de moi en me faisant croire que je suis folle. Alors je cours, je cours et trébuche et cours encore. Je deviens moite et brûlante, j'ai chaud, parce que je crève sous les paupières.
Sursaut.
Il n'est plus là, Brutal. Je me redresse trop vite, retombe la seconde suivante, les guibolles endolories par la position, le cœur en berne et la respiration en vrac. -Brutal ? Ce qui n'est qu'un murmure se transforme très vite en cri. Je navigue à droite et puis à gauche. Les cauchemars sont encore trop présents sous le front, forment un amas d'incohérences qui me noue les tripes et les boyaux. Quand il apparaît, je craque, de cette pression qui s'est accumulée depuis la veille. Je le pousse dès qu'il est à ma hauteur, trogne ravagée par des larmes dont il ne peut rien comprendre lui. -Putain, mais t'étais où, t'aurais dû me réveiller ! T'aurais dû me réveiller ! J'ai cru, j'ai pensé, putain.





( Pando )
( Chrysalis )
  Dim 6 Oct - 12:34
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B. Brutal Ayaz
MONSTER UNDER YOUR BED
B. Brutal Ayaz
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LET ME DOWN SLOWLY ft @K. FAUVE WARD

I don't know just how it happened, I let down my guard. [...]Caught me by surprise. I wasn't looking where i was going, I fell into your eyes. You came into my crazy world, Like a cool and cleansing grace. Before I knew what hit me baby, You were flowing though my veins. I'm addicted to you.

Attend ? Comment ça tu m’accompagnes ? C’est une blague ? Tu te prends pour mon garde-fou Fauve alors que t’es pas foutue de te garder toi-même ? Je lui fusille la nuque lorsqu’elle passe à côté de moi, qu’elle m’emboite le pas dans un parce que qui est censé répondre au pourquoi. Aimerais la pousser si fort que je lui briserais les os, juste pour le concept. T’as pas compris Fauve que je n’avais pas envie que tu viennes ? On dit rarement au revoir sur le trottoir d’un aéroport, sans même partager le dernier taxi, parce qu’on a envie de prolonger la soirée jusqu’à pas d’heure. Parce que c’était fun et enrichissant. Y avait qu’un message subliminal. Celui de ma tranquillité. Je la suis, par dépit. La mâchoire contractée et les mains, aussi. Et en fait le corps entier. Je capte pas pourquoi elle fait ça. Pourquoi elle se rend subitement opérationnelle pour moi. Pourquoi elle fait cette B-A. Si c’est parce qu’elle m’aime bien ou si c’est juste parce qu’elle n’a plus faim. Pire, elle fait peut être ça parce qu’elle n’a pas de quoi rentrer à Mejdouretchensk – qu’elle veut passer sa soirée à Novokouznetsk… Ou rien de tout ça. Ouais. C’est peut être rien de tout ça. C’est peut être juste parce que je suis bon. Elle me l’a dit, souvent, ça, Fauve. Elle me l’a même répété avant de me laisser seul l’autre soir et, je crois que j’ai dû mal à saisir ces nuances – les nuances que peut avoir le goût du sang. Je pense que j’avais pas envie d’y penser, hier, parce que j’en avais plein les mains et plein la chemise et plein le froc… Que j’ai éludé parce que je n’avais pas envie de la faire rester avec moi pour le simple intérêt de me mordre – ça serait comme me supplier de rester avec un cubi de rouge et que je dise que c’est OK. Et ouais et ça pique un peu à l’égo, la dignité, la foi en l’humanité. Ca me fait accélérer le pas pour trouver un bar, rapidement. Même pas pour semer Fauve mais pour semer mes doutes, partout sur la route, pas l’encéphale malheureux. Je veux pas songer à ça – préfère encore que Fauve elle soit amoureuse de moi, je crois. Je ne veux pas que quelqu’un me suive et me surveille parce que j’ai un intérêt gustatif. Ni même qu’on m’apprécie pour ce que la puissance de mon sang pourrait représenter. J’imagine que ça doit pouvoir se vendre, en plus, si t’es pas la seule avec ta faculté. Et ça me fait méchamment bader, ça. Que je ne sois juste, pour Fauve, cette vache à fer qu’elle m’a implicité demandé de devenir hier soir – hier après le drame comme si c’était le moment. Elle te préserve comme un sachet d’héroïne, Brishen. Pour pas que tu crèves au fond d’un canal parce que tu vaux certainement de l’or… Et tu la calmes sans qu’elle ne perde sa dignité. Elle t’ouvre tes cuisses si tu t’ouvres une veine. Et l’image me fait tiquer. Commander un deuxième godet. Eviter le regard de Fauve, ignorer ce qu’elle me dit de peur que ça ne soit quelque chose se rapprochant de ça. Te suicide pas Brutal, ça serait dommage. Bois pas Brutal, ça donne un arrière-goût à la carne. Puis c’est ça, elle veut que j’arrête. Que je redevienne sobre et peut être meilleur encore.

Les prunelles sont noires. L’ambiance électrique. Je déglutis. Fais le fond de mes poches, trouve rien que quelques centimes, même pas l’appoint, mais on sort tellement vite et le bar est tellement plein que le barmaid ne s’en rend même pas compte. On va pas loin. Juste à un autre troqué où j’ai pas Fauve en face. Où je ne vois pas ses jugements dans ses yeux – si elle me veut à point ou bleu. Je me fous au comptoir. On me sert ma cuillère de Bruichladdich. Il n’en faut pas plus à Fauve pour redevenir chiante. Pour vouloir parler. Mais tu vois pas que c’est justement ce que j’évite ? Ce que j’essaie d’éviter ? Tu vois bien là que je ne suis pas allé dormir hein, Fauve… Tu vois bien que je t’ai menti en partant. Tu vois bien que tu me fais chier. Je me lève brusquement. Paie avec l’argent trouver dans le portefeuille du mec aussi bourré que moi à côté. Prend le reste de sa thune, sans complexe, pour aller dans le drugstore le plus proche. Je choisi la bouteille la moins chère mais la plus forte, un truc probablement immonde qui va me donner une gueule de bois du tonnerre… Mais l’essentiel c’est que ça me fasse dormir – avec un peu de chance ça me rendra même sourd pour de vrai. Je sors. Fonce droit sur le parc. Me fais klaxonner dessus par un connard qui ne sait pas conduire. Fuck. Fuck. FUCK ! Titube jusqu’au trottoir. Manque de m’éclater en ne levant pas la pied assez haut. N’entends pas de réflexion de ma sacro sainte conscience Fauve… Capte alors qu’elle a dû partir. Comprendre que j’étais un déchet et tant pis pour la comestibilité. Je m’apaise un peu. Vais pour prendre une rasade de spiritueux. Me fais arracher la bouteille en pleine ascension. Fauve. Tu pouvais pas te perdre, dis moi ? Putain t’es pire qu’une mouche sur de la merde avec moi. Ca va, je vais pas crever Fauve. Et puis bon, tu vas pas faire la fine bouche, me semble que ça te dérange pas plus que ça de base le steak avarié. Elle me demande ce que je fous. Parce que ça ne se voit pas là, peut être ?Je bois, que je crache comme si ma langue était aussi tranchante que du verre pillé. Rends-moi cette bouteille. Elle croit que c’est un jeu ou je ne sais pas quoi. Recule comme pour mieux me narguer avec ce que je viens de me payer avec l’argent d’un autre. Ca me fait vriller la gueule. Froncer les sourcils. Mais tu te prends pour qui Fauve, sérieusement ? Tu crois que t’es qui pour moi ? Pour te permettre ça ? Tu te situes où sur l’échelle de mon estime Fauve, quand tu me parles de me pomper le sang version Comtesse Bathory ? Alors j’essaie de récupérer ce qui m’appartient. Mais elle veut m’en empêcher, Fauve. Fout une main sur le torse comme pour me maintenir à distance. Je fais ce que je veux. Je lui dégage son poignet d’un revers de paluche indélicat. Fais claquer nos peaux et nos os.

- C'est quoi que t'as besoin d'oublier, Brutal ? Hier ? Je t’emmerde Fauve. Tu comprends ça, que je t’emmerde fort ? Qui boit parce que ça va ? Qui bute des gens et ça va après ? Arrête de me poser cette putain de question, tu me la ressers depuis hier, ça fait la troisième fois que tu la reformule différemment et que ça ne change pas ma réponse. T’sais quoi, il put le réchauffé ton intérêt pour cette soirée. Ton intérêt moral j’entends. - Je bois pas pour oublier. Je bois pour fêter de pouvoir encore le faire. Tu crois quoi, Fauve, qu’on va se foutre à se parler de ce qu’on ressent en dedans ? De ce que tout ça nous a évoqué ? Et toi tu vas me dire quoi après ? Quand tu te seras remémorer le sang… Que t’as faim, qu’il faut que tu manges, que ça serait vachement plus simple si je me proposais parce que je suis bon, là et pratique genre snack à emporter ? Pourquoi t’es là Fauve ? - Ca aurait pu mal se terminer hier. Voilà, on va dire que c’est ça. Et elle sait ça Fauve. Comme elle sait que c’est grâce à moi qu’en s’en ai sorti vivant. Je manque de m’étouffer avec un rire amer – un rictus de détraqué sur le bord de la gueule. T’es sérieuse ? Tu comptes me féliciter et me donner la médaille du mérite alors que sans moi, sans moi on ne serait jamais allé dans ce gala de merde et trois hommes seraient encore en vie ? Tu veux m’applaudir pour l’idée de merde et la brillante façon de m’en extraire ou tu vas quand même pas pousser le vice ?Ouais, voilà Fauve, disons que je me fête alors. A ma victoire… T’es contente ? Rends moi cette bouteille maintenant. Et elle me la rend, Fauve, me la plaque au plexus avec l’envie palpable de me la plaquer dans la gueule.

Je grogne quand elle s’éloigne un peu. Vais poser mon cul sur le banc le plus proche – un en face de ces espèces de petites marres et de ces allées asymétriques. Ca me fait vaguement penser à du Tetris. Et ça me pose ça. Ca me fait penser à rien. Les gorgées suivantes sont juste du bonus. Elles me font parler, même, de trucs un peu légers. Un peu facile sur le palais. Du temps qui fait – du temps qui passe. Du ciel qui est clair ce soir et de l’air qui est frai. Mais elle répond pas, Fauve, enchaine les batônnets de cancer. Je saisi dans une lenteur pâteuse que ça fait trois quart d’heure, au moins, que je lui cause en rrom. Tente autre chose, mais les mots se perdent. Se mélangent et se confondent. Je ne connais plus sa langue, à Fauve, vais jusqu’à causer ouzbek à un moment et à faire de grands gestes pour qu’elle comprenne. Alors elle répond, j’imagine par politesse – de toute façon elle ne récolte que des hochements de tête emballée et de nouveaux débats stériles. Je finis par m’y coucher, sur ce banc. Je finis par regarder ces étoiles, tout là-haut. Me perd dans l’immensité du plafond du monde – inatteignable et pourtant bien présent. Ca me donne quelques palpitations. Le vertige. Assez pour oublier que se coucher c’est avoir envie de gerber. Je m’endors avec mes rêves de gosses – ceux de devenir assez intelligent et fort pour partir dans l’espace et fuir les Autres. Et la nuit est belle. Et la nuit est cool. C’est comme si j’étais mort. L’esprit n’est pas embrouillé de sang ou de rêves à la con ou de cauchemar – ou peut être que si mais je suis trop saoul pour les voir venir, les sentir et les vivre vraiment. Le plus difficile, dans cette histoire de cuite, c’est le soleil qui se lève. Le froid qui ronge jusqu’aux os, très soudainement. Le mal de dos et de crâne qui font grogner quand je me redresse pour capter où j’ai fini la nuit. La terre tangue et tourne. Virevolte encore un peu quand je récupère la tempe dans la paume. Que je respire l’air pur – que je constate que j’ai soif et que je me lève pour aller boire.

Y a un espèce de robinet public. Je ne regarde même pas si la flotte est potable lorsque je bois jusqu’à ne pas être loin de vomir. Je me redresse dans une douleur atroce au niveau du bas du dos. J’ai faim, putain. Et il me faut un café, je crois. Mais je suis pas sûr, me retourne parce que y a toujours des connards qui distribuent de la bouffe dans les parcs, de bonne heure le matin, et qu’il me reste de l’argent de la veille, je crois bien. Sauf que j’vois pas de marchand, d’abord. D’abord je vois Fauve. M’étonne qu’elle ne soit pas partie – de ne pas l’avoir vu quand je suis venu jusqu’ici et, de fait, de ne pas l’avoir piétiné. Elle est en boule sur l’herbe humide. Grelotte presque durant son sommeil. Son sac sur le banc m’a servi de coussin et… Et malgré tout j’hésite à me barrer et à la laisser là comme ça. Parce que… Parce que ça serait plus facile pour tout le monde que je reparte comme un sale con. Que je disparaisse de sa vie et que, cette fois, je n’y réapparaisse plus. Plus jamais. Ni pour une soirée ni pour baiser. C’est dans cette idée que je fais doucement pour prendre mes affaires. Que je la laisse là, à Fauve, seule. Pour s’éviter de nouveau adieu. Parce qu’on se porte pas chance et que nous deux on attire que des emmerdes – des pas belles qui font mal. Parce que je ne suis pas sur de ce qu’elle veut de moi, Fauve, que je n’ai ni confiance en elle, ni en ses facultés. Si ça avait été moi à ta place tu m’aurais laissé crever et ça aurait été tant pis parce que comme ça j’aurais étanché ta soif. Et plus je m’éloigne d’elle, plus je trouve que j’ai l’attitude d’un pecnot. D’un connard de pecnot de merde. Que c’est pas juste une pute Fauve – que ça ne l’a jamais été d’ailleurs. Que l’important ce n’est pas juste d’avoir parfois oublié les différences entre ses cuisses mais de partir dans le respect que je lui dois. Même si je ne suis pas certain de le lui devoir vraiment. Je me maudis. Je maudis mon esprit à la con qui souffre le martyr chaque fois que j’essaie de réfléchir. Vois le mec avec son stand et ses cafés et ses muffins. Lui prend deux cafés et deux muffins. Reviens sur mes pas, toujours sans comprendre vraiment pourquoi je fais ça – pour lui expliquer pourquoi, surement. Mais elle me prend de court, Fauve. Me saute dessus avant même que je ne capte quoi que ce soit. Sa main claque mon torse. Me fait machinalement reculer d’un pas. Puis elle chiale Fauve quand j’ouvre les bras pour ne pas qu’elle me fasse renverser ce que je viens de nous acheter. Pleure moins fort Fauve, j’ai mal aux cheveux.Je suis allé chercher des cafés. Je suis allé chercher des cafés, que je répète jusqu’à ce qu’elle s’arrête de couiner Fauve. De couiner pour rien. Rien du tout si ce n’est alerter les trois pauvres poivrots qui trainent dans les environs à cette heure si matinale. – Calme toi Fauve. Mais t’as ta valise avec toi Brishen, l’escapade doit lui paraître plus suspecte que ce qu’il n’y parait. Elle fait pas vraiment de commentaire, Fauve, hoquette dans un sanglot lorsque je lui tend ce que j’ai ramené. Que je repars sur mon banc pour boire le café – un café sans rien d’autre que du café, je m’améliore c’est dingue. Je tiens le gobelet proche de ma tronche. Profite de la chaleur qui en remonte et de l’odeur qui s’en dégage – moi je dois puer la sueur et le rance à des putains de kilomètre à la ronde. Et notre silence est bercé par le bruit de l’eau. Ses clapotis. On profite du lever du soleil, et puis des premiers joggers qui passent avec leurs écouteurs. Je me redresse pour aller reboire, mais je préviens Fauve, cette fois. Lui montre l’endroit pour ne pas qu’elle s’affole, lui demande si : - Ca va, c’est ok ? Et c’est ok, je crois, tant qu’elle m’a dans le champ de vision. Je cède à l’envie d’un nouveau café. Le prend bien noir, manière de bien me remuer l’estomac, avec une clope. En donne un autre à Fauve, aussi, pour le principe.

Elle doit à peine en être à la moitié quand je lui coule un regard presque vide. – Pourquoi t’es là ? Elle est bizarre, cette question, Brishen. Sortie du contexte de ton crâne et du chaos qui y règne. Là on dirait que tu remarques à peine sa présence mais ça fait juste deux cafés et un muffin que tu lui amènes, quand même. Elle est là parce que tu es là et que vous étiez ensemble hier soir et qu’elle allait pas se barrer sans te le dire, elle. Je me reprends. Dodeline du chef comme pour remettre les bons mots à leur bonne place. – Pourquoi t’es encore là ? Pourquoi t’as envie qu’elle se barre ? L’index et le majeur vienne masser la tempe. L’encéphale n’est pas encore près à écouter Fauve se plaindre de la façon dont je la traite – y en a clairement pas un pour rattraper l’autre, ici.C’est pas ce que je veux dire… C’est… C’est pourquoi tu es restée avec moi Fauve ? A Novokouznetsk, cette nuit, quand tu aurais pu rentrer à Mejdouretchensk ? Elle répond pas Fauve. Pas de suite. Je pense que c’est parce que je l’ai vexé, au départ. Soupire. M’apprête à dire pardon et à reformuler ma phrase, mais elle me coupe l’herbe sous le pied, Fauve. Elle ne voulait pas me laisser comme ça – pas dans cet état. J’ai un peu de mal à imaginer la tête que je me trainais lorsque je suis sorti de l’avion, hier. Me doute que ça ne devait déjà pas être fameux pour que ça l’inquiète à ce point. Hausse une épaule… Qui tombe – tout comme le râble – contre le dossier inconfortable du banc à la suite de la tirade. Je compte pour toi ? La caboche se tourne. Se tord. Fixe le profil de Fauve. – Tu veux rire ? que je demande, sans savoir s’il faut que je sois parfaitement excédé par la déclaration ou parfaitement charmé. – Je compte ? Elle me fixe bizarre, Fauve. – Je compte comment ? Elle bug, Fauve. Les lèvres bougent, semblent vouloir faire du son mais le fond de l’œil m’annonce d’avance que ça va probablement être fouillis et gênant ce qui va sortir de là. – Je compte comme un homme ou comme une pièce de viande ? Et ça la fait tiquer, à Fauve. Ca lui fait doucement retrousser le nez. Souffler des trucs que je n’ai probablement pas envie d’entendre, le genre auquel j’aimerais répondre avec nonchalance que J’te demande pas pourquoi tu couches avec moi, je te demande pourquoi tu me suis, là. Maintenant. Mais j’ai pas le courage de la couper. Puis je suis curieux. Curieux que tu me mentes. - Tu comptes comme un homme, Brutal. Voilà. La mine dérive sur l’horizon. Au loin. – Je crois que tu me suis pour ne pas me perdre – et peut être pour ne pas te perdre. Pour ne pas perdre ce que mon sang représente pour toi. Cette drogue. Je crois que ce n’est pas une question de sexe. Je crois que si t’étais la meilleure bouteille de scotch au monde je serais capable de faire pareil. Je crois que tu ne m’as jamais suivi pour les bonnes raisons, Fauve. Je crois que tu te mens. Tu es trop irrationnelle pour ne pas te mentir. Un frisson secoue l’échine. Fait redresser la carne. Laisse planer un court silence. – J’ai pas de maison. J’en ai jamais voulu. J’en ai jamais eu. J’aime à penser que le monde est ma maison. Que tout le reste est restrictif. J’ai pas d’affaires, non plus. Pas d’attache. Juste mon sac et ma mallette. Juste mon sac et ma mallette, articulé-je doucement. Je ramène mon cul sur le bord du bois. Me penche un peu pour capter le regard de Fauve. Pour y plonger dedans. Un banc de Novokouznetsk ou un banc de Mejdouretchensk pour moi, Fauve, c’est exactement la même chose. Et je bois, souvent, pour oublier que je suis sur un banc et que j’ai froid. Tu es consciente que tu ne peux pas rester là, avec moi, à me veiller toutes les nuits ? Tu as… Tu as quelque chose de stable toi, dont il faut que tu profites. Il faut que tu rentres. Que tu me laisses boire, maintenant, pour oublier que je suis un monstre. Que je change. Que je suis en phase terminale d’un truc que je ne m’explique pas. Mais elle bouge pas vraiment Fauve. Semble réfléchir. Y a pas à réfléchir. Je suis un SDF et je vais pas te suivre jusqu’à chez toi, te faire la bise sur le palier de ta porte et te dire que tout ça a été putain de super. Ce n’était pas, super, que ça t’affecte ou pas, à toi – et c’est même flippant que ça ne t’affecte pas.Qu’est ce que tu attends de moi Fauve ? Je ne compte pas te donner de mon sang alors… Ouais, qu’est ce que tu attends de moi ?




Couleurs des Dialogues:

©️crack in time
  Dim 6 Oct - 20:45
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( Let Me Down Slowly ft. @B. Brutal Ayaz )
Je ne les vois pas tout de suite, les cafés, pas plus que le reste. Ce que je vois, c'est que tu n'étais pas là quand je me suis réveillée. Ni toi, ni ton sac. Il demande à se calmer quand je ne suis qu'une boule de nerfs qui cherche à ne pas éclater. C'est quoi la prochaine étape ? Tu m'abandonnes pour de vrai ? Tu aurais laissé tes affaires pour aller nous chercher un café et de quoi grignoter. Tu les aurais laissées là, à côté de moi. Alors pourquoi tu as changé d'avis ? Tu as eu peur que tes types me retrouvent ? Tu as eu un sursaut de conscience ? Tu t'es dit que ça ne se faisait pas de laisser une fille, dans un parc public, endormie ? Je me calme, prends le café, regarde partout autour. Le bruit de l'eau me stresse, me fait me tenir éloignée de sa source, me recroqueviller sur le banc en rapprochant mes jambes de mon buste. Il décide de se lever, Brutal, me fait signe qu'il va juste là-bas, parce qu'il a soif. Cette fois, il laisse son sac et ça me va, ça, c'est ok, ça. Je le regarde partir, le suis du regard jusqu'à le voir disparaître derrière des branches. Le muffin est avalé tout comme le café, mais j'ai envie de dégueuler parce que je ne suis pas bien, parce que le corps est tendu et que la tête est pleine de sentiments dégueulasses que je n'arrive pas bien à définir encore. Alors je me raccroche au réel, à des trucs plus terre-à-terre. On va faire quoi, maintenant, Brutal ? J'aimerais vraiment que tu me dises ce qu'on va faire en rentrant. Est-ce qu'on va continuer de se voir ? De se donner un endroit et une heure pour s'y rejoindre plusieurs fois par semaine comme le font les gens normaux ? Ces gens qui savent et qui n'ont pas peur de ces trucs qui retournent les tripes et le crâne. Ouais, c'est quoi la suite ? On se côtoie, on s'oublie ? Il revient, Brutal, rapporte un second café. Je réponds un vague -merci et laisse le silence à nouveau nous envelopper de son manteau d'indifférence. Alors je me concentre sur le parterre de fleurs et sur la valse des abeilles qui débutent. Mais les bzzz sont remplacés par sa voix à lui. Le museau se relève parce qu'il se demande pourquoi je suis là ou encore là, pourquoi je reste quand j'aurais mille raisons de partir. Il avait raison hier soir, Kah. Tout aurait pu mal se terminer. Ça aurait pu finir en viol ou en boucherie ou les deux et par chance, par putain de chance, il n'y a que trois types qui sont morts et aucun d'eux n'étaient vous. Je le mire, le décortique, cherche derrière ses traits ce qu'il veut dire, ce qu'il attend que je lui dise parce que je ne sais pas ce qu'il veut, s'il attend que je lui donne une bonne raison pour qu'on se sépare là, maintenant. Un soupir. -Je ne voulais pas te laisser tout seul dans cet état. Au cas où tu l'aurais oublié, tu étais déjà torché avant l'avion. C'est une moitié de vérité que je lui largue, quand l'autre tarde. -Tu comptes, ouais, tu comptes pour moi. Le timbre vibre et sa réaction est dérangeante. Si je veux rire ? Tu crois que je le dis tous les jours ce genre de trucs, juste pour le plaisir de le dire, pour voir ce que ça fait aux gens qui le reçoivent ? Tu crois que je fais une expérience sociale ? Ça me braque me fait cracher un -Tu crois que c'est ça ? Que je couche avec toi parce que t'es un casse-dalle pratique et disponible ? Que je tiens à toi, parce que t'es un morceau de choix ? Et ça me peine, ça me blesse, ça brise un truc à l'intime. -Tu comptes comme un homme, Brutal, soufflé-je cette fois. Sa trogne regarde ailleurs et il m'offre son étude psychologique à deux balles. Il croit plein de choses, Brutal. Il croit que je mens, que je ne le suis pas pour de bonnes raisons, mais est-ce qu'il y en a des bonnes ? Est-ce qu'on suit les gens pour d'excellentes raisons ? C'est qui ? Qui détermine qu'elles sont bonnes, d''ailleurs ? Elles sont bonnes à partir du moment où elles vont aux deux partis, je suppose. et toi, ça ne te va pas. Ça ne te va pas puisque tu es là, à me dire, à me rappeler que ce n'est pas possible, que l'on est différents. Que toi, le monde est ta maison et que moi, ma maison est une cabane paumée dans les bois. Tu avances des choses dont tu ne sais rien, tu crois que Mejdouretchensk est ma maison alors que je change de ville bien plus souvent que tu ne l'imagines. Parce que tu n'es pas le seul à avoir tes démons, que tant que je suis en vie, je peux parler et on ne veut pas que je parle. Mejdouretchensk n'est pas ma maison. Ma seule maison était là-bas, en Alaska et on m'a foutu dehors. Alors va te faire foutre. Va te faire foutre avec ton analyse de merde qui n'a de bon qu'une infime partie. Parce que ouais, t'as raison, je te suis pour ne pas te perdre, c'est le principe d'ailleurs, je ne sais pas si tu es au courant. Et je te suis pour ne pas me perdre, parce que tu me fais du bien. Tu me faisais du bien.

J'essaye de contenir la bile, reste plantée là quand je pense je dois partir et tant pis. Tant pis putain. J'ai compris que tu ne voulais pas de moi, pas besoin de faire comme si le problème était autre, était moi et mon régime alimentaire particulier. Ouais, ne fais pas comme si j'étais le problème quand tu ne cherches qu'à t'enfuir, toi. -Tu crois que tu es le seul type à fuir quelque chose, Brutal ? Tu penses que Mejdouretchensk est ma maison sans même savoir depuis quand j'y suis et ce que j'y fous vraiment et depuis combien de temps. Tu me tapes une analyse, tu crois que tu me connais, que je ne pense qu'à te bouffer, qu'à ton sang, que c'est pour ça que je reste ? Elle est belle l'image que tu as de moi, Brutal. C'est plutôt à toi qu'on devrait demander ce que tu fous encore là, vu ce que tu penses de moi, que je crache, amère. Ça me pique, ça me défonce. Je ne termine pas mon café, le balance dans la poubelle d'à côté. Et je veux partir, le planter là comme une merde, le faire se sentir comme de la merde tout comme il me le fait sentir à moi. Je me retourne pourtant, pour clarifier le bordel ou pour essayer de le faire. -La première fois que je t'ai vu, que je t'ai vu vraiment, j'ai pensé que t'étais beau, ouais tu vois, c'est ridicule. Tu m'as attiré et je ne peux pas te l'expliquer ça, les trucs dans le bide, on ne les explique pas. Ton sang, c'est après. C'est venu après parce que c'est toi, putain, qui t'es proposé. Ton putain de sang calme la faim, m'empêche d'aller bouffer de la viande, mais tu crois que je veux rester pour ça, alors que je n'en prends plus, que je me refuse de le faire... Et, et quand on est rentré l'autre soir après cette soirée de merde, si je suis allée bouffer, c'était justement pour ne pas que je me retrouve qu'avec toi, à ne penser qu'à ce qui coule dans tes veines pour apaiser la faim. Mais toi tu t'en fous, toi tu vois rien, tu vois que ce qui t'arrange pour te donner des raisons de te tirer comme un connard sans avoir à te retourner. Je crois que je tremble, que j'éclate. Je me contiens depuis des heures et des heures. Des heures que je prends sur moi pour le ménager, que je me tais parce qu'on ne parle pas avec quelqu'un qui a bu, ça ne sert à rien. À rien du tout. -J'attendais de compter pour toi. J'attendais d'être autre chose qu'un putain de monstre, mais c'est tout ce que tu vois, toi. L'idiome se brise, clamse. Ça cogne fort entre les côtes, me donne le vertige et la chute ne m'a jamais paru aussi longue. Je me pince l'arête du nez. -Pourquoi tu me rejettes, Brutal ? Tu me reviens et j'ai espoir qu'un truc fonctionne et tu me jettes après en m'agitant la peur que je te bouffe sous le nez. Je vais ni te mordre, ni prendre ton sang si tu ne m'y autorises pas et je n'attends pas que tu le fasses. Je devrais avoir peur de toi, moi aussi. Peur que tu me brises, mais je pense pas ça, moi. Je ne me dis pas que t'es un monstre. Je me dis juste que tu es toi, Brutal. L'homme que j'aime regarder quand il ne sait pas que je le fais, quand il dort parce que c'est différent, ouais, différent. T'es pas pareil. T'es plus vrai, je crois. Et je me sens vidée de toute énergie après ça. Je t'ai tout donné, là, moi je ne peux pas faire plus, je ne peux rien offrir de plus que ça, Brutal. Alors si tu veux t'en aller, fais-le maintenant. Dis que tu ne comprends pas, que t'es désolé, que ce sera mieux comme ça si tu t'en vas. Et mes tiges se crispent, se plantent à mes paumes quand j'ai la sensation que c'est ce qu'il fait. Qu'il repousse une énième fois. Je ne peux pas me rafistoler à l'infini, un jour, tu vas aller trop loin, je n'aurais plus de patience et il n'y aura que de la poudre, pas des briques et des bouts qu'on peut recoller. Ouais, juste de la poussière. Brutal, il pense encore qu'il peut décider pour moi comme ils le font tous. Il croit que c'est à lui de choisir, de dire ce qui est bon ou mauvais, prétexte qu'il n'est pas quelqu'un de bien. Mais tu ne sais pas, si moi, je suis quelqu'un de bien, Brutal. Tu ne sais pas qui j'étais avant. Tu ne sais pas que j'étais une fille probablement fade, le genre sur lequel tu ne te retournerais pas. J'avais une vie, un bout de famille et des amis. Je m'occupais de ma mère et je passais mes journées à faire des corvées. Je n'étais pas la même, j'étais Kahsha, mais elle est morte, elle, entre deux tortures et deux viols, je crois. -J'en sais rien, c'est comme ça. Je crois que c'est parce que tu n'as pas eu peur de moi, que je t'ai fait confiance et pour le reste. Toi, toi t'aurais pu appeler les flics après ça et t'aurais pu ne jamais revenir l'autre soir et tu l'as fait, pourquoi ? Tu peux expliquer pourquoi, toi ? Je n'ai pas envie que tu me rejettes, parce que tu penses qu'il y a des choses meilleures pour moi. Je n'ai pas besoin que tu penses à ma place, j'ai juste besoin que tu sois là. Pour un jour, une semaine ou peut-être plus. Le temps que tu voudras. Mais ne pars pas, parce que tu crois être mauvais. C'est à moi d'en décider ça, pas toi. Ouais, je suis assez grande pour ça. Puis arrive le silence, cet instant où on se mire et où je ne sais pas à quoi il pense. Non, je n'en ai pas la moindre idée. Il baragouine quelque chose parce qu'il ne peut pas nier qu'il n'a pas à décider pour moi. J'arrive à m'apaiser, à calmer le myocarde même si la respiration reste bancale. -Rentrons, que je me décide à lancer pour perforer le silence qui grignote notre espace.

Alors on rentre, on récupère un taxi que je paye pour qu'il nous ramène dans cette ville de merde où il n'y a rien qui m'attend contrairement à ce qu'il croit. La trogne collée contre la vitre de la bagnole, je pense aux détails, à l'aspect plus technique. À ce loyer que je dois payer, à ce travail que je n'ai plus et qui me permettait de joindre les deux bouts. Ces cons qui, par pure solidarité préfèrent acheter les peaux ramenées par des hommes. Ça me pousse à aller plus loin, pour vendre le fruit de ma chasse. Ça me la fait vendre moins cher pour qu'ils continuent de commercer avec moi. Je me demande vaguement combien de temps il restera, s'il restera, d'ailleurs. J'ai filé mon adresse au mec du taxi, mais peut-être qu'il ne veut pas, lui. -Tu peux venir chez moi, si tu veux quand on rentrera. La douche n'est pas très grande, mais suffisante. Je m'essaye à un sourire-grimace, me tais le reste du trajet. Mon palpitant bat anormalement à mesure que je grimpe les marches. La dernière fois que tu es venu ici, on a fait l'amour et je t'ai demandé de me tuer. Au moment d'enfoncer la clef dans la serrure, je me rappelle le désordre que j'ai laissé. À ma décharge, je n'allais pas bien. La porte s'ouvre, balaye des fringues étalées sur le sol. C'est beaucoup plus bordélique. La vaisselle est en train de moisir dans le lavabo et les paquets de gâteaux traînent par terre et sur le lit. Plusieurs bouteilles vides se côtoient près de l'évier, en attente d'être jetées. Je ramasse, charge mes bras de vêtements pour les balancer dans un recoin du petit appartement. -Je vais ranger un peu, si tu veux prendre la salle de bains, dis-je, les joues rosées. Il disparaît derrière la porte et je m'active, blinde la poubelle, nettoie les assiettes, les couverts et les verres. J'essaye, ouais, de rendre ce bordel plus propre, comme si ça m'aidait à foutre de l'ordre à l'intérieur de ma boîte crânienne. Il ressort, les cheveux humides et détachés, une serviette nouée autour de la taille et je défaille. Je lâche l'éponge, vois la lueur se refléter sur le corps humide et et tu ressembles surtout à une adolescente, Kah. Il sent moi, il sent la vanille, le parfum de mon gel douche. Je reste appuyer contre l'évier, le regarde traverser devant moi, les quelques mètres qui le séparent de son sac et de ses fringues. -Je vais, je, enfin, je vais, je vais laver du linge alors, je peux prendre le tien, en passant, si tu veux, ouais, si tu veux, tu veux ? Ok, là, tu as juste l'air d'une débile. Laver le linge de l'autre, c'est personnel, c'est presque trop intime, même pour toi, Kah. J'insiste un peu, m'éclipse avec la panière en lui disant que je reviens, c'est au sous-sol, je n'en ai pas pour longtemps. Je me gifle mentalement dès que je passe la porte. Qu'est-ce qui m'a pris de te demander ça ? C'était con, enfin non, c'était sympa, mais con quand même en réalité. Tu vas croire que je vais te passer la bague au doigt dès demain et tu vas te tirer au petit matin avant que cela ne puisse arriver. Je suis conne, merde. Je mets la machine, remonte les marches deux par deux, me glisse dans l'interstice de la porte. Referme, verrouille, le trouve devant la fenêtre en train d'étudier le voisinage à défaut de la super vue qui se dégage. J'hésite, m'approche finalement pendant qu'il fume sa clope, me glisse dans son dos sans bouger. Tête posée à l'échine, cette fois les battements du myocarde ne réveillent pas ce qui dort en dedans. Menottes qui l'entourent, flirtent avec la serviette. -J'espère presque que le lave-linge réduise tes fringues en miette juste pour que tu restes comme ça dans mon appartement, susurré-je. Qui sait, c'était peut-être ça l'idée et tu ne reverras jamais tes vêtements. Je caresse son ventre, laisse mes phalanges courir sur son buste et revenir sur son dos et je détaille chaque parcelle de peau. Et je cesse, allume la cafetière, récupère un verre d'eau et une aspirine que je dépose juste à côté. -Ça devrait aider. Et si tu veux t'allonger, fais comme chez toi.



( Pando )
( Chrysalis )
  Mar 8 Oct - 18:57
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B. Brutal Ayaz
MONSTER UNDER YOUR BED
B. Brutal Ayaz
Impétuosité : 164
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LET ME DOWN SLOWLY ft @K. FAUVE WARD

I don't know just how it happened, I let down my guard. [...]Caught me by surprise. I wasn't looking where i was going, I fell into your eyes. You came into my crazy world, Like a cool and cleansing grace. Before I knew what hit me baby, You were flowing though my veins. I'm addicted to you.

Oui Fauve. C’est ça. Je suis persuadé d’être le seul Homme au monde à fuir des gens, mes problèmes et ma vie ; et parfois, le soir, quand je suis seul sur mon banc, je regarde mon nombril et je me complimente sur sa beauté. Je grogne. Dodeline de la gueule parce qu’elle semble pas comprendre, Fauve, ce que j’essai de lui expliquer. Que ça m’énerve, qu’on ne se comprenne pas – parce qu’on veut, vraiment communiquer je crois. Mais j’ai mal au crâne et j’ai le corps embrumé, pas de quoi partir dans une croisade linguistique quand je peux à peine articuler une phrase complète dans sa langue de merde. Le russe c’est laid si tu savais Fauve. Je bouge. Suis clairement mal à l’aise face à la conversation qui se profile. Aimerais la fuir, comme souvent, parce que je devrais pouvoir le faire, parce qu’elle ne devrait pas avoir d’importance. Et ouais. Et ouais c’est à se demander pourquoi je suis encore là. Et je me le demande, tu vois. Je me le suis demandé quand j’étais avec ma valise, tout à l’heure, prêt à partir. Je me suis trouvé des excuses de merde pour pas le faire. Une histoire de conscience et de valeurs – le genre de qualités que je n’ai pas. Mais je me suis rassuré. Je me suis dis que c’était peut être le moment pour commencer à être meilleur. Pour compenser les morts de hier. Pour compenser ceux de demain. Pour me prouver que je n’étais pas tout à fait le monstre que je pensais – pour te prouver aussi que je ne l’étais pas, j’sais pas. Même si tu sembles pas y croire toi. Et c’est peut être pour ça, aussi. Parce que je ne le vois pas dans tes yeux. Je ne vois pas ce qu’il y a dans les miens. Cette sorte de dégoût de moi. Cette culpabilité dégueulasse sous le derme – dans la carne. Et c’est pas eux vraiment – ces trois hommes - que je plains ou à qui je pense, c’est aux autres. A ces autres pecnots pour qui ils avaient de l’importance et qui ne comprendront jamais pourquoi. Et je crois que ça… Ca toi t’y pense pas. T’y pense pas à la possibilité qu’ils avaient des gosses ou des femmes. Tu ne dis pas que si ça avait été moi… Si ça avait été moi t’aurais peut-être espéré que le connard qui m’avait tué dorme mal toutes les nuits que Dieu fait. Alors elle se lève Fauve, furax. Balance son café dans la poubelle la plus proche, dans un geste de rage. D’amertume. Je devine qu’elle avait envie de me le jeter dans la tronche, qu’elle m’évite la brûlure au sixième degré et la baffe qui l’aurait accompagné. J’imagine qu’elle va se barrer. Me laisser là, sur ce banc, comme je lui ai demandé. Qu’elle voit, enfin, qu’il n’y a plus rien à espérer de moi – qu’elle ne peut rien faire avec mon monstre. Mais elle s’arrête. Se tourne. Un goût d’inachevé sur le bout de la langue. Elle jette les mots comme elle a jeté le gobelet. Ils sont là. Ils sont crus, vrais. Elle les gerbe sur le bitume avec la frénésie d’une virtuose – les voyelles et les consommes s’envolent dans une irrégularité poétique. Dans un rythme extraordinaire. Même si elle se ment encore. Même si tout n’est pas exact. Parce que la première fois que tu m’as vu tu m’as pris pour un ours et si j’ai monnayé mon sang pour que tu me ramènes à mon motel c’est parce que je t’avais vu en prendre… Ouais… D’abord tu m’as goûté quand tu m’as extrait la balle et ça t’as plu Fauve. Est-ce que tu m’avais vu vraiment à ce moment là où est-ce que ça t’as donné l’illusion de me voir vraiment ? Est-ce que ton intérêt pour moi ne s’arrête pas à mon physique et à la drogue qui circule dans mes veines - même si tu te retiens d’en prendre ? Puis Fauve… Fauve je t’en prie. Ce n’est pas un acte bienveillant de ta part de ne pas me prendre du sang. Ce n’est pas quelque chose à noter ou à souligner même si c’est difficile pour toi de le faire parce qu’il faut que tu te contrôles. C’est du savoir vivre Fauve, même moi j’en ai. Ouais, même moi. On ne peut pas prendre tout ce qu’on veut. Je ne peux pas te dire que c’est bien de ne pas me bouffer chaque fois que tu me vois comme tu ne peux pas me dire que c’est bien que je ne te frappe pas. Et Fauve la seule chose qu’elle voulait c’était compter pour moi. Compter un peu ou beaucoup – compter comme une femme et pas comme une bête. Tu es en manque d’affection Fauve pour avoir besoin qu’un mec comme moi t’estimes ? Je fronce les sourcils. Tu attends que quoi fonctionne ? Un truc entre nous ? Tu veux qu’il y ait un nous ? C’est ça ? Et tu tentes de me le faire avaler entre une cuite et une dispute ?Je te rejette parce que je ne veux pas que tu deviennes une faiblesse, que je murmure aussi bas que ce que le grave de la voix me le permet. Ca racle à la gorge, comme s’il y avait tout un rouage qui se remettait en marche. Comme si je m’étais tu pendant des siècles. Je me projette moi, Fauve. Dans un futur proche et moins proche. Je me projette seul. Parce que j’évoluerais seul. Je me battrais seul et je crèverais seul. Et quand je crèverais – quand mon père me crèvera probablement – moi je ne laisserais personne pour pleurer. Je ne laisserais personne souffrir de ça. Je ne laisserais pas un trou béant à la place d’un cœur – je ne créerais aucun manque. Parce que c’est trop pour moi Fauve. Parce que je ne me sens pas capable de ça – d’avoir une quelconque responsabilité dans les sentiments de quelqu’un. Puis j’en ai pas envie. Ouais j’en ai pas envie je crois. J’ai vu ce que ça faisait. J’ai vu ce que ça faisait aux Pecnots. J’ai vu comment ça les rendait. Comment ça les détruisait. Et j’ai du sang de Pecnot moi… Ouais j’ai du sang de Pecnot. Je peux devenir comme ça – dangereux. Je le sens au fond de moi que je ne suis qu’à un cheveu de sombrer dans quelque chose de terrible. Et je veux emporter personne dans ma chute Fauve.Fauve… Je crois que tu as une mauvaise – très mauvaise – image de moi. Quand je t’entends parler j’ai l’impression d’être quelqu’un de mieux que ce que je le suis véritablement. Mais ce n’est pas moi, ça. La personne, dont tu parles, ce n’est pas moi. Moi je ne suis pas quelqu’un de bien, je ne suis pas quelqu’un qui compte, tu comprends ça Fauve ? Et ses ongles se plantent dans ses paumes. Et elle se contracte Fauve. Je peux le voir et le sentir de là où je suis. – Comment tu as pu me faire confiance, que je souffle. Que je laisse filer sur ma langue à la manière d’une question rhétorique. Parce que je me le demande plus à moi que ce que je lui demande à elle. Je me demande comment tu peux faire confiance à un homme qui t’as menacé plusieurs fois de mort sous prétexte qu’il te plait. Mais elle me répond quand même, Fauve. Comme elle peut, avec ces mots incertains et ses hésitations étranges. En plissant le nez et les traits. Je n’ai pas appelé les flics parce que j’étais bourré, au milieu d’une forêt et que je venais de leur dire, aux flics, que j’étais sourd et muet. Parce que ça s’était mal passé, avec eux. Parce que j’avais pas de quoi les appeler, aussi… Et qu’une fois au motel c’était de toute façon trop tard pour le faire. T’étais toujours une Pecnode mais je n’étais plus sûr d’être moins fautif que toi. Voilà pourquoi, moi, je ne t’ai pas balancé aux flics.

Le silence revient. Plus doux. Plus bizarre. Moins résonnant dans mon crâne endolori par la cuite. Il y a moins de tension dans l’air aussi. Il y a quelque chose qui apaise – qui rend le Rien moins oppressant que d’habitude. Qui me fait me mordre l’intérieur de la gueule pour ne pas réenchaîner, pour ne pas lui demander encore, à Fauve, de m’expliquer toutes ces choses. De résoudre ce qui va mal par ses mots placebos – parce que ça fait du bien quand quelqu’un nous dit du bien. Pas toujours, mais parfois. Il faut attendre quelques minutes pour qu’elle propose, Fauve, de rentrer. J’imagine qu’elle parle de Mejdouretchensk. J’ai envie de lui dire que ce n’est pas nécessaire, pour moi… Mais je me laisse porter, sans trop réfléchir, toujours un peu vaseux. Je la suis. Ne prend aucune initiative si ce n’est celle de héler un taxi. Je siffle. Il s’arrête. Il nous voit. Il hésite. Je lui accorde que je dois faire peur et que je dois puer. Il nous laisse cependant monter, dans une grimace qu’il ne prend, par contre, pas la peine de cacher. Je préfère me taire. Laisse le regard dériver sur l’extérieur. Fauve donne son adresse. J’ai toujours trouvé ça imprudent de le faire – je me suis toujours dis qu’un jour, un chauffeur de taxi aller buter les jolies filles qu’il transporte, si ça n’a pas déjà été fait. Il démarre. Fauve propose que je vienne chez elle. Dois estimer, à raison, que sa piaule c’est toujours mieux qu’un banc ou qu’un parc ou que de l’herbe. J’accepte dans un haussement d’épaule. Le genre qui veut tout dire et rien dire à la fois – je ne suis même pas sûr que Fauve le traduise comme il faut. Ca doit lui paraître beaucoup plus clair quand je descend aussi du taxi et que je la suis jusqu’à chez elle. C’est chelou constaté-je en lui jetant un regard de biais, à Fauve, qui ne semble pas trouver ça plus chelou que monter chez elle avec une connaissance. Je ne suis venu qu’une fois dans ton appartement et je me suis barré en te laissant croire que je reviendrais te buter. Et c’est comme si elle entendait mes pensées parce qu’il y a un micro moment de flottement avant qu’elle ne se décide à enfoncer la clé dans la serrure. Le temps d’un battement d’ailes de papillons. Mais ce n’est que pour le désordre.

La proposition de la douche est beaucoup trop tentante pour que je ne la saisisse pas. Lâche un bref : Merci en posant ma valise dans un coin et en disparaissant derrière la porte. Qu’est ce que tu fous là, Brishen ? que je me question en me fixant dans le blanc des yeux. Appuyé au lavabo, le corps voûte au-dessus du petit meuble ridicule, mon reflet se tait. Me laisse seul face à ce constat immonde : Tu ressembles vraiment à un clodo. Je me détoure. Vire mes fringues. File sous la douche. Suis à l’étroit. Tamponne ses shampoings et ses gels douches – en prend un au hasard même si je crois que c’est tous les mêmes, un à moitié vide et un à moitié plein. Me décrasse. Essai d’enlever jusqu’à la saleté de mon âme. Abandonne au bout d’éternelles minutes en réalisant que je n’y parviendrais jamais. Fous de la flotte un peu partout en me rendant compte que je ne lui ai pas demandé de serviette, à Fauve. Fouine pas longtemps avant d’en trouver une – je crois même que c’est la sienne. M’en contente et l’ajuste aux hanches pour sortir de là. Traverse la pièce en faisant comme si je ne voyais pas Fauve qui tique – Fauve qui a une erreur système. Parce que c’est gênant et que j’ai la sensation d’avoir un truc qui va pas. Vais jusqu’à mon sac pour choper des fringues à me mettre – constate que je n’ai plus rien qui ne sent pas l’alcool, la sueur ou la mort. Hoquette lorsqu’elle me propose, Fauve, de laver tout ça. Arque un sourcil en lui balançant un regard par-dessus mon épaule – attend sagement qu’elle se mette en rire. Que ce soit une blague, le genre que je ne comprends pas toujours. Mais elle a l’air sérieuse alors je fourre tout dans son panier à linges, la remercie encore lorsqu’elle s’éclipse au sous-sol. Me retrouve comme un con, un peu, au milieu de son chez elle. De son intimité qui n’a rien d’intime et qui pourrait faire office d’appartement témoin. Elle a essayé de ranger, Fauve, pour que ça soit plus présentable – ça sent les produits ménagers, ça sent le propre et le frai même si c’est pas niquel. Ca sent toujours meilleur qu’un refuge pour SDF. Tout sent meilleur que ça. Je vais à la fenêtre, ouvre un côté en grand pour inspecter la vue de la ville. Les maisons et les gens dedans, qu’on peut voir y vivre s’il n’y a pas de rideaux.

Clope. Divagation. Retour de Fauve. Je reste un peu là, encore. De dos. Ne veux pas lui sauter dessus, lui poser des questions à la con. Lui donner l’impression qu’il ne s’est rien passé dans le parc, tout à l’heure – ou ici, un jour et une nuit. Je ne sais pas comment on parle à des gens dans des circonstances comme celle là. Ta douche est nulle, je crois que j’ai pété un truc dedans. T’sais, ce qui te sers à ranger tes produits qui sentent la vanille et la fraise peut être. Enfin, tes trucs qui sentent toi quoi. Y a tout par terre maintenant. La réplique se bloque lorsque les bras de Fauve s’enroulent à la taille. Que sa trogne se cale au râble – que son souffle sur ma peau me fait baisser le menton dans un soupir imperceptible. Ma paluche tente de caresser son poignet – tente de faire doucement sans rien briser. Y parvient – rien ne fait mal dans le crâne. Puis elle cause, Fauve. Elle causerait pas comme ça si quelque chose n’allait pas ; elle me dirait pas qu’elle a envie de me voir en serviette chez elle. Souvent. Tout le temps. Qu’est ce que tu fais Fauve ? Qu’est ce que tu me dis ? Elle repart à l’échine. Touche les imperfections. La situation m’est inconfortable. Me stresse et m’oppresse. Le palpitant s’emballe subitement. J’aime pas la proximité Fauve, tu sais. C’est quelque chose qui m’angoisse, un peu. J’suis pas câlin. J’suis pas tactile. Pas toujours mais… Souvent, ouais, souvent. C’est pas naturel chez moi. C’est pas inné. C’est quelque chose que j’apprends mais c’est compliqué parce que c’est aussi quelque chose que je perds facilement. Je suis sauvage, tu vois. Y a des choses comme ça – des parties de moi, des bouts de moi – que je ne livre pas ou peu ou jamais. Et je saurais pas te dire, ouais, je saurais pas te dire ce qui bloque dans ma tête – à l’encéphale. Donner de l’affection et en recevoir c’est bizarre pour moi… Ouais bizarre. C’est peut être parce que… C’est peut être parce qu’on m’a toujours dit que je le méritais pas – qu’on me l’a toujours fait sentir. Mais je crois que je peux m’y faire ouais. Que je peux être moins gauche. Vais pour me tourner au moment où elle part, Fauve, pour nous faire couler un café et m’amener de quoi faire passer mon mal de crâne. Je ne me fais pas prier. Avale le tout en moins de temps qu’il ne fait pour le dire. Tant pis pour les câlins.Merci. On dirait que tu sais dire que ça, Brishen, change de disque tu veux ? Je la regarde un peu – beaucoup. Louche sur sa silhouette. – Tu es vraiment contente que je sois là n’est ce pas ? Alors que je ne fais rien. Rien que te dire que je te remercie de m’héberger après avoir vu le connard que je suis en règle générale.Je ne suis pas de très bonne compagnie pourtant. Non. Vraiment pas. Mais on dirait que c’est une enfant, Fauve, et qu’elle invite un garçon pour la première fois à sa maison. C’est peut être le cas, Brishen. Peut être qu’elle n’en invite pas à tour de bras. Peut être qu’ici t’es le premier qui y vient.

Le doute est chassé d’un mouvement ample de la main. Le lit est rejoint. La serviette est virée. Je me glisse sous les couvertures quand Fauve finit par aller dans la salle de bains, à son tour. Je crois que je m’assoupis à ce moment-là. Vaguement. Me réveille quand je la sens, là – sa présence et son odeur de vanille que la vapeur transporte. Je ne sais pas si elle hésite à venir ou pas – si elle n’osait pas pour ne pas me sortir des bras de Morphée où parce qu’il lui faudrait une autorisation, maintenant, pour s’incruster dans des draps dans lesquels je suis déjà. Tu n’es pas si polie d’habitude. Surtout qu’on est chez toi, là. Dans le doute, je me pousse un peu. Elle capte l’invitation implicite. Se cale pas trop proche. Ne doit pas savoir comment je veux me foutre pour être bien. – Fauve ? Sa nuque roule. Fait bouger ses cheveux tout partout autour de son visage à la perfection irréelle. Ses grandes prunelles claires qui semblent briller en ce milieu de journée. – Je ne peux pas rester à Mejdouretchensk, que je lui souffle calmement. – Et toi non plus. Parce qu’on va nous chercher, tu sais. On va nous chercher ici en premier. On a foutu la merde à leur gala de St Pétersbourg, c’est surprenant qu’ils n’aient pas encore défoncé ta porte. Qu’ils ne nous aient pas égorgé à Novokouznetsk.Ils doivent déjà nous chercher. Nous allons devoir partir, Fauve. Et je sais… Je sais que ça risque d’être compliqué pour toi parce que… Parce que t’as un chez toi ici. Ta cabane dans les bois. Mais t’es pas obligée de la vendre, ok ? Laisse moi… Laisse moi un ou deux mois pour régler ce problème. Je ferais en sorte qu’il ne t’arrive rien et après, après tu pourras repartir ici. Chez toi. Ca ne sera pas long Fauve. Tu ne le verras pas passer. Peut être un peu sur le moment mais après tu te diras que ce n’était rien. Mais maintenant… Maintenant je crois qu’on est un peu lié. A cause de mes histoires. A cause de moi. que je tais en repoussant une mèche de la joue de Fauve. La glisse derrière son oreille dans une inspection minutieuse. Frôle l’angle de la mâchoire. – Tu crois que tu peux ? T'es en train de prendre une responsabilité de merde Brishen. Protéger une Pecnode ça ne va t'apporter que des emmerdes. Te lier à elle dans le sang pareil. Mais je ne veux pas trop l'écouter, ça. Bouscule un peu le flanc de Fauve pour la ramener contre moi. Pour qu'elle se love à mon torse. Que mes bras s'enroule autour d'elle. Pour dormir comme ça - dans la flagrance de sa crinière.



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  Mer 9 Oct - 23:26
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