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 (+18) Animal Instinct ft. BB


BOYS AND GIRLS OF EVERY AGE, WOULDN'T YOU LIKE TO SEE SOMETHING STRANGE ?

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B. Brutal Ayaz
MONSTER UNDER YOUR BED
B. Brutal Ayaz
Impétuosité : 164
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ANIMAL INSTINCT ft @K. FAUVE WARD

You alone have the power. You only hold the control. [...] One fleeting moment. Few short-lived seconds. Mere short flicker in time, for the shadow to grow and die.

Qu’est ce que ça peut bien te foutre qu’ils me tirent une balle dans la tête ? que j’ai envie de lui demander quand l’un de mes sourcils s’arque. Pourquoi tu t’inquiètes de ce qu’il pourrait m’arriver ? Parce qu’on a couché ensemble ? Parce que tu n’as jamais couché avec quelqu’un, juste comme ça, parce que ça faisait longtemps ? Parce que tu nous vois déjà avec une baraque, un jardin et un chien et des gosses ? Ou parce que t’es impliqué dans l’histoire ? Mais si c’était juste ça, tu ne penserais pas à ma tête, tu penserais à la tienne… Tu te demanderais comment tu vas t’en sortir, toi, si la mienne tombe, tu vois ? Instinctivement, je me recule. Calcule vaguement le temps qu’il me faudrait pour retourner à la cabane sans elle ; lui voler les clés de sa caisse et me barrer. Genre me barrer loin – plus pour fuir la mafia mais pour la fuir elle. Tu me fais flipper soudainement. Tu me files des bouffées de chaleur. Tu me rends nerveux. Et anxieux. Et je suis en train d’établir un plan épargne dans ma tronche pour voir si je pourrais vivre heureux en ermite dans les steppes de Mongolie pour le reste de ma vie. Parce que je ne la connais pas. Parce qu’elle ne me connait pas. Alors pourquoi elle s’intéresserait à moi au-delà du sauf-conduit que je pourrais lui offrir ? Elle est bizarre, Fauve, et elle aime le sang comme j’aime la guerre. Elle en a repris, Fauve, d’ailleurs. Elle a croqué dans la peau comme si c’était un steak. Elle m’a fait mal, quelque part, entre les deux électrochocs de mon cerveau. Ceux qui rendent tous les rapports physiques difficiles – ceux qui me font intellectualiser le sexe plus que ça ne le devrait. Je me demande si Fauve elle pourrait me croquer lorsqu’elle m’a dans la bouche. Lorsqu’elle sent le chibre entre ses lèvres qui pulsent. Qui se gorge de ce qui semble l’obséder. Je me demande si c’est ça qui lui plait. Ca qui l’obsède. Ca qui fait qu’elle tient à ma peau comme elle tient à celle de l’ours. Je me demande si elle envisage de se taper un délire étrange, après tout ça, qui consisterait à me bouffer cru. Vivant. Gigotant. Je me demande si Fauve elle a pas un problème. Du moins, elle en a déjà un clair niveau régime alimentaire, mais, Fauve, tout le monde aurait envie de ne pas se mêler de mes affaires pour survivre. Tout le monde prierait pour que je me barre vite et ce, malgré une partie de chambre en l’air dans une forêt, à 10m d’un macchabée. Qu’est ce qui va pas chez toi ? Moi ? Mais si je te fais vriller, pourquoi tu veux que je reste ? Je recule encore. Ravale malgré tout mes idées débiles – mes idées un peu extrêmes. J’ai mal à l’épaule et Fauve, finalement, elle ne semble pas agressive. Elle doit juste avoir peur. Peur pour elle. Ca doit lui faire faire n’importe quoi, que je me rassure en défonçant probablement des évidences beaucoup plus évidentes. Bordel que ça se termine vite.

On rentre. Je reste en retrait, un peu loin d’elle. Assez pour me défendre en cas de problème – si elle se retourne pour m’égorger ou une connerie dans le style. Ce qui est parfaitement débile. Mais tant que je ne capte pas pourquoi t’es comme ça, je me méfie. Elle me passe de la flotte. Je bois. L’épie et l’observe sans pour autant que ça devienne dérangeant. Bouge sans bouger dans un sur-place machinal. Tique quand elle appose les mains sur le torse. T’es trop tactile Fauve. Et trop désolée, aussi, j’imagine. Je n’ai jamais dû autant l’entendre de ma vie que dans sa bouche à elle. Arrête de faire si ça te met si mal à l’aise. Arrête de tirer sur des gens et de les mordre quand tu les baises. J’élude les pensées. Claque la langue comme seule réponse. Le genre d’onomatopée qui veut tout dire et rien dire à la fois. C’est un peu ce que m’évoque cette situation surréaliste. Puis je n’ai jamais été le mec le plus rassurant du monde. Je suis le mec qui se barre par la fenêtre après. Après le sexe. Je suis pas le mec qui reste. Surtout avec une Pecnode. On ne fait pas parti du même monde, Fauve. Toi t’es dans ta tête, dans ta cabane, dans les bois… Tu chasses et la solitude t’as clairement rendue inapte au contact avec les autres. Moi je suis un peu plus ancré dans la réalité, je crois. Dans mes problèmes, sur la terre ferme ou dans une caravane. Je vis pas dans d’autre strate. Je vis dans celle-là, et dans celle-là je ne m’attache pas aux gens aussi rapidement. Je ne suis visiblement pas comme toi Fauve, j’vais pas te faire du bien. Je vis trop avec le monde. Ce monde qui m’écœure et qui me déteste et à qui je le rend bien. Ce monde en qui je n’ai pas ou plus confiance. Je ne veux pas qu’elle s’occupe de moi. Grimace pour lui faire saisir que non. Me résigne en me doutant qu’elle ne me laissera pas tranquille jusqu’à m’avoir recousu une seconde fois. Je lui prends sa bouteille de gnôle. Met les lèvres au goulot. La lève. La rebaisse. Sans boire. Sans rien. Veux rester parfaitement conscient de ce qui se passe – de ce qu’elle pourrait faire. Je souffre en silence. En me pinçant l’intérieur de la gueule et en agrippant un peu fort les draps de Fauve. Pas par plaisir. Reste par là quand elle me demande de le faire. Fume. Une ou deux clopes. Refuse de me rafraichir quand elle revient avec ce qu’il faut. Je veux prendre une vraie douche. Une bassine ne m’enlèvera pas l’odeur du cadavre que j’ai du porter jusqu’à son trou… C’est qu’il puait, le patron du motel. C’est que ça put la mort. Elle se change. Je la regarde du coin de l’œil et puis, plus franchement. Mate les traces et l’encre sur son corps. La trouve originale, à défaut de la trouver marginale. M’avance quand elle s’empresse de me balancer qu’elle a réfléchi. J’ai peur, l’espace d’un instant, qu’elle m’avoue que c’est à nous – m’attend vraiment à la description de la maison parfaite, de la famille parfaite et du couple parfait. Relâche la pression de mes épaules quand elle commence. C’est à un plan, qu’elle a réfléchi. Même si c’est dans le soucis de ma vie et de ce qu’il pourrait m’arriver et dans une attention improbable en si peu de temps… C’est mieux qu’une déclaration d’amour tordue en plein milieu de nulle part. Evite moi d’enterrer deux corps au même endroit, Fauve.Je n’aurais pas besoin de revenir ici pour me cacher. Et, dans le fond, je pense ne pas avoir besoin d’une trappeuse qui confond les hommes avec les ours. Comment tu veux me couvrir dans ces circonstances ? Qui te dit que j’aurais besoin que tu me couvres ? Qui te dit que c’est pas moi le connard de l’histoire et eux les gentils ? Qu’est ce que j’ai fait, Fauve, pour attirer ta putain de sympathie ? Ta confiance ? Si tu fais ça avec tout le monde, Fauve, ça me prouve juste que tu n’es pas fiable… Ou tout ça c’est un jeu, pour toi ? Je suis un jeu ? Un bout de viande ? Mais t’es quoi, putain ?Tu l’as dit toi-même, quoi que je fasse ils vont me buter. Aujourd’hui, demain ou dans un mois ou un an. Et je n’ai aucune envie de leur donner cette mallette, que je murmure, pas forcément de la manière la plus intelligible.

Paumé, je me laisse porter. Accepte de dormir ici, chez elle. Dans ce semblant de baraque qui sent le feu de bois et le vieux et la poussière. L’aide à foutre des peaux de bête par terre et tiens à dormir là. Pas sur le lit. Pas dans ses bras. Juste là. On ne peut pas se laisser aller à un peu de tendresse. Ou beaucoup. Tu comprends ça, Fauve ? Qu’on peut pas ? Que ça ne se fait pas ? Que ça fait bizarre quand on le fait ? La soirée est silencieuse. On se regarde peu. On se parle peu. On fume beaucoup, parce que j’ai la sensation que c’est tout ce qu’il nous reste pour ne pas rendre le Rien qui nous entoure particulièrement dérangeant. Je tente de me rationaliser, parfois, en louchant sur son profil. Sur sa bouche trop parfaite et sa peau et ses tâches de rousseur. Je lui accorde qu’elle est gentille, Fauve. Qu’elle veut mon bien et qu’elle n’a pas pensé à mal. Qu’elle ne voit pas, elle, ce qu’il y a de flippant dans les services qu’elle me rend. Qu’elle culpabilise, quelque part. Qu’elle pense que tout ça, ça lui rapportera une place au Paradis, ou que ça améliorera sa place aux Enfers. Et j’espère, au fond de moi, que ce n’est pas inconditionnel. Et c’est surement stupide, ouais. Stupide… Mais je ne veux pas croire qu’on peut tout donner aussi vite. Comment tu fais pour survivre si tu es aussi naïve, Fauve ? Combien de personnes ont dû se foutre de toi si tout est si facile à avoir avec toi ? Comment elle était l’école de ta vie ? Celle qui t’as tout appris ? T’es amnésique Fauve ? C’est pour ça ? T’as oublié que les gens c’est tous des enfoirés ? Tu vois pas que je suis un Gen aussi ? Que je ne suis pas différent ? Que je me suis forgé dans ce monde de cons ? On se couche. Séparément. Je ne suis pas confortable. L’ambiance est lourde malgré la fraicheur de l’habitation. Je tourne beaucoup. Peine à trouver le sommeil. Il est léger. Hachuré. Jusqu’à être complètement rompu par les mains de Fauve sur ma peau. Ca m’arrache un frisson. Quelque chose entre le désagréable et l’agréable – parce que ça serait excitant si je ne ressentais pas une putain de méfiance. Ca fait limite psychotique, Fauve. Je finis par me mettre sur le dos quand elle se glisse sur moi. La voir me voir. N’y décèle rien – aucun danger apparent ou tout autre chose qui se rapprocherait de ça. Je ne décèle qu’une envie de sexe et l’appréhension naît dans le bide. Je vais avoir mal que je me répète alors que sa langue lape le torse. Je ferme les yeux. Me concentre. Intellectualise ce que je sens. Je grince des dents. M’apaise et me relâche sitôt qu’elle me prend dans sa bouche. Me dis que ça va le faire. Que ça va bien se passer. Que j’ai géré, la première fois, qu’il n’y a pas de raison que ça foire celle là. Mais t’as pas toujours géré Brishen, y a deux trois fois où ça t’as cloué au sol et que ça a terminé à l’hôpital, ces histoires. Je crache une inspiration profonde. Presque douloureuse. Tu fais n’importe quoi, est la dernière chose qui traverse mon esprit. Parce qu’elle remonte, Fauve. Parce qu’elle s’empale, Fauve. Mes phalanges se plantent dans les peaux de bête. Mes crocs clapent les joues pour réprimer un coup de bassin. La nuque se tord quand Fauve reste statique. Quand j’aimerais lui dire de bouger. Lui hurler de le faire ou le faire moi-même, sans rien lui péter. Lui hurler en lui tirant sur la crinière pour qu’elle m’offre son cou. La cambrure de ses reins, le rebond de ses seins et le bruit de son cul sur mes cuisses. Et ça me flingue. Ouais. De pas pouvoir faire ça, ça me flingue. Ca me fait perdre le goût du sexe – du sexe comme je l’aime. Et Fauve elle sait pas. Fauve elle sait rien. Fauve elle se met en mouvement, me libère en parti de la frustration de mon corps. Fauve elle m’arrache des grognements à chaque ondulation. A chaque fois que nos chairs se rencontrent et se fouettent. Dans ce martèlement enivrant. Elle me guide, Fauve, sur son ventre, sa poitrine - sur elle toute entière. Doit penser que je sais pas faire – qu’elle est la première femme que je touche. Doit penser qu’elle doit m’apprendre parce que je ne suis pas doué, que je suis un peu gauche. Que ce manque d’initiative, ça me rend un peu fade. Mais elle m’a là, Fauve… Alors elle fait avec ce qu’elle a là, Fauve. Pourquoi t’y reviens, Fauve ? Je pince pour me prouver que je peux être bon. Etre bon pas que dans la bouche de Fauve – pas qu’avec mon sang, même si je comprends pas trop, ça. Ca vrille dans le crâne. Je pousse pour prendre Fauve. Ca vrille dans le crâne. Pousse et pousse loin à l’intérieur de Fauve. Agrippe sa peau. La supplie de gueuler – et c’est qu’elle gueule, Fauve – pour faire taire ce feu sur ma peau. Ces électrochocs dans la tête. Cette souffrance qui se mêle à nos ébats – cette semi-souffrance qui n’est pas à moi mais qui est là quand même. Même si elle semble trouver ça bien – elle simule surement, Fauve. Parce que ça se mélange et ça annihile mon propre plaisir. J’ai ses ongles dans ma peau – mes ongles dans la sienne. Ses bleus et les miens. Et c’est compliqué, de dissocier. D’aimer le bien que l’ont se fait dans l’unique conscience du mal que je lui fais. Pourtant ça vient. Ca monte. Quand elle palpite. Quand je me concentre sur ses couinements. Sur ses feulements. Quand elle me recentre sur quelque chose d’agréable. De plaisant et de jouissif. Quand je la regarde, elle. Quand mes mains la lâche et que mes reins ne cherchent plus à la prendre. Quand elle fait tout – quand elle est seule à bouger sur ma queue. C’est là, que je jouis, malgré ses dents qui font craquer la chair de ma paume. L’électrochoc. Celui de l’orgasme.

Le corps contracté se décontracte. Reçoit celui de Fauve qui s’affale. N’ose pas le toucher. Même quand elle se glisse à côté. Je la reluque. Reluque ma main. La reluque encore. Et puis elle et ma main qu’elle fourre à sa joue. Tu vas rester là ? A côté de moi ? Toute la nuit ? Elle ferme les yeux alors que nos jambes sont encore entrelacées. Qu’on est encore chaud et humide en part là. Retourne te coucher que j’ai envie de râler, un peu honteux, surement, des deux prestations que je lui ai servi. Et des bleus… Mais pas trop, ça, parce qu’elle me bouffe chaque fois qu’on couche ensemble. J’imagine que ça compense tant que je ne lui fracture pas le bassin… Et encore que ça vaudrait pour la balle dans l’épaule. C’était la dernière fois, Fauve. J’ai mal au crâne d’essayer de faire l’amour pas trop mal. Pas trop bien. Je ferme les yeux. M’endors dans l’idée farfelue d’une vie monacale et d’une castration chimique. Dors mal. Sans rêve. Sans rien que le vide et le noir et le réveil en sursaut en me demandant où je campe. Mon regard cherche à s’amarrer à ce que j’ai à côté. Se surprend à ne pas rencontrer la silhouette de Fauve. Je relève le menton. Manque de sursauter quand elle me tend un café. OK. Je frotte les mirettes. Tend la paume pour qu’elle me pose ça part là. Trésaille en sentant la tiédeur du godet m’incendier la plaie, juste là. Putain. Je serre les dents. Tente de changer de paluche sans rien péter ou faire tomber et ça me prend un temps infini. Tant et si bien que le café est quasiment froid lorsque je l’amène à mes lèvres. Je me lève. Sors. Fume une clope en prenant l’air. Veux pas rerentrer parce que c’est affronté ça et que, définitivement, je préfère me barrer avant que l’autre se réveille après ça. Je rentre. Louche sur les clés du 4x4. Evite Fauve et son contact. Me mure dans le silence. Taciturne. Fais pas le con, Brishen, laisse là au moins te ramener en ville. Ca t’évitera probablement une conversation malaisante. Et malgré tout, Fauve, elle veut m’accompagner. – Quoi ?, que je siffle dans une vibration grave. Ne peux m’empêcher de me tourner vers elle, dans un hoquet brusque – entre agressivité et réelle surprise. Mais qu’est ce qui tourne pas rond chez toi ? T’as une passion pour le médiocre ou comment ça se passe ? Ton crédo c’est de sauver les désespérer ? Leur tendre la main pour les faire se sentir encore plus mauvais ? Ca part d’une bonne intention mais c’est laid. J’veux dire, ça va là, on va pas appuyer trois heures sur le fait que je suis un raté et que je peux faire pitié à ce putain de point. Je laisse planer un temps mort désagréable. Presque bourdonnant – presque bruyant. – Qu’est ce que tu veux ? que je jette là, dans le mépris de ce qu’elle pourrait me sortir. Maintenant qu’on y est.Que je t’excuse pour la balle ? Pour quoi d’autre tu voudrais encore m’aider ? Que je t’excuse pour ça ? Je tends la paluche blessée. – C’est ça, Fauve ? Il faut que je te pardonne et tu penses que tu vas acheter mon pardon en me couvrant ? Parce que, pour quoi d’autre tu aurais envie d’aider un mec que tu ne connais pas ? Qu’est ce que tu crois qu’il y a dans cette mallette ? Qui te dit qu’ils ont tort de vouloir me tirer une balle dans la tête ? Putain mais qu’est ce que t’en sais ? Qui te dit que j’ai pas violé la fille d’un de ces types, que je suis pas un salopard de pédophile, un meurtrier nécrophile et que j’ai pas une collection de dents dans la mallette ? Qui je suis pour que tu me suives aveuglément dans une affaire aussi délirante que celle là, sans réfléchir au-delà d’un plan pour me sauver ? On vient d’enterrer un corps sans qu’aucun de nous deux ne tressaillent, est-ce que tu as vraiment envie d’aider un mec qui ne trésaille pas en enterrant un corps ? Parce que moi, même pas ça m’aurait effleuré l’esprit. Parce que les gens qui en enterrent d’autres sans gerber ont certainement beaucoup trop de choses à se reprocher.Je te pardonne, Fauve. Amen. La sincérité frôle le timbre, mais le dédain frôle l’expression du faciès. – Ramène moi en ville, maintenant. Je ramasse mon paquet de clope. Dégage de la cabane, le cœur dans la tête, le sang vibrant aux tempes. Calme toi, Brishen, que je me martèle en avalant la distance qui me sépare de la caisse. Attend que Fauve arrive en faisant les 100 pas. Ravale une remarque cinglante, juste pour attiser les braises. Monte dans le 4x4 quand j’imagine qu’elle préfèrerait me rouler dessus. Lui demande de s’arrêter, à un moment, sur le bord d’une route. Avant même de rejoindre Mejdouretchensk. On se quitte là. On ne se doit plus rien. Je descends. Récupère mes affaires. Saute le fossé pour disparaître derrière des broussailles.

☽ ☽ ☽

- Je t’avais dit que je te retrouverais. Une main se pose sur mon épaule. C’est lui. Je regarde l’heure sur la grosse pendule industrielle accrochée sur le mur. Le mur d’un bar. Parce qu’un bar, c’est un lieu public et que j’ai moins de chance de me faire descendre dans un lieu public – ou me faire trainer dehors pour qu’il me batte à mort. Ponctuel, constaté-je. 24h pile au compteur. Il me contourne, le blond. S’assoie confortablement. Prend le temps d’enlever ses gants. De nous commander des boissons. Tient ses hommes à l’écart d’un faible mouvement de main. Il en manque deux, mais je ne m’en formalise pas. – Il a fait une chaleur…, qu’il commence comme si cette situation était normale. Comme si nous étions amis et que nous nous retrouvions après un long moment d’absence. Et il continue de causer, le blond. Charmant. Courtois. Poli. Savoure son whisky dans une assurance qui me dépasse. Dans une normalité folle presque fascinante. Et ça dure, ouais, ça dure. Un certain temps. Moi je ne l’écoute pas. Je ne vois que ses lèvres qui gigotent. Que ses hommes dans les quelques miroirs du bar – parce que je n’ai pas choisi celui là par hasard, j’en ai fait plusieurs avant de trouver celui qui avait le plus d’avantages stratégiques. – Roh, Ozan, qu’il minaude. Je cligne des yeux, dans une lenteur excédée. – Tu crois que je ne sais pas ce que tu fais ? Il glousse un peu. Renvoi son dos dans le dossier de sa chaise. – Tu crois que tous ces gens m’empêcheraient de te tuer ? Il penche la tête de côté. – Cela dit, c’est assez bien choisi, il acquiesce, inspecte les alentours. – Elle a misé sur d’autres critères. Je tique. Elle ? Il renifle. Bascule sa chaise sur les pieds arrière. – Où est la mallette, Connard ? OK. On en est plus au stade où tu essais de me vexer parce que tu ne retiens pas mon faux prénom.J’espérais que tu sois assez con pour te taire. Il se redresse. Balance son index d’avant en arrière comme pour dire Entrer. Je n’ai qu’à lever les prunelles pour voir les deux derniers types débarquer dans le bar. Accompagnés. Je ramène mon torse contre la table pour mieux voir dans le miroir, derrière le blond – celui qui donne sur la porte. Je crois me taper une hallucination. Elle. Ils sont accompagnés de Fauve. Et merde. La mâchoire se contracte. – Continue de garder le secret, s’il te plait. C’est demandé si gentiment. Ils la font asseoir, à Fauve. De force. Assez près de nous pour qu’elle nous entende, assez loin de moi pour m’empêcher de la toucher – pour leur laisser le temps de lui faire du mal avant que je ne les atteigne. – Bouge pas, qu’il me murmure. Dans moins de cinq minutes l’alarme du bar va se mettre en route. C’est le temps qu’il te reste pour nous donner la mallette et prendre ta balle dans la tête. Si tu refuses, on dépèce ta copine avant l’arrivée des pompiers et toi, on te ramène à qui tu sais. Je hoche la tête dans une affirmation. J’ai compris.

Les secondes s’égrènent et les minutes s’écoulent. Je reste fixé sur la pendule, là-haut. Ignore les autres. Le monde. Le bruit. Les réflexions lointaines qui ne me concernent pas et l’espèce de conversation que le blond tente d’avoir avec Fauve. – Est… - Chut, que je laisse filer entre les crocs clapés. – C’est à moi que tu dis chut ? lâche-t-il, sincèrement surpris. – Une minute. Il se détourne. Regarde la pendule. Dodeline du chef. Ne termine pas son mouvement lent et gracieux. Ma main s’amorce à son crâne. Lui envoi le nez dans la table du bar.



Couleurs des Dialogues:


©️crack in time
  Dim 29 Sep - 14:15
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( Animal Instinct ft. @B. Brutal Ayaz )
Le sourire crève quand je comprends à sa gueule que ça va clocher, que ça ne va pas le faire. Le quoi qu'il crache comme si je venais de lui larguer un viens on va se marier et faire des bébés. Je la ferme, ne sais plus si je dois répéter ou si c'est une connerie de le faire parce que de toute évidence, il a parfaitement capté ce que je viens de lui balancer. Le silence est lourd, pesant, horripilant, j'ai envie de me tirer, de lui cracher un laisse tomber, on s'en fout de ce que je disais. La suite est un crachat, une insulte, un quelque chose qui me dérange, qui me froisse, qui me bute. Je tangue sur mes guibolles comme s'il venait de me cogner. Comment ça, qu'est-ce que je veux ? Tu te fous de moi, ou quoi ? Tu crois que je veux quoi, de toi ? Ton argent ? Tu dors dans un motel pourri, tu te rappelles ? C'est toi que je veux, mais tu serais incapable de comprendre les pourquoi et les comment, incapable de piger quoi que ce soit vu ta réaction de merde. Et il continue, Brutal, manière de déchirer, de blesser. Je me ferme, ne laisse rien filtrer parce que ça me dérange, ouais, ça me dérange, les mots qui dégueulent de sa bouche comme de l'acide. Et ça me pique, ça me fait du mal sans que je ne comprenne pourquoi, ou sans doute parce que je comprends très bien, pourquoi. Tu vois, Kah, ça ne sert à rien d'essayer, de croire qu'on pourrait t'accepter. Tu es devenue un monstre et tu n'es plus que ça, regarde-le qui brandit sa paume tel un écorché. Il a peut-être raison, tu ne cherchais que son pardon et seulement ça et peu importe qui il est, peu importe le nom qu'il veut bien te donner pour que tu aies quelque chose à beugler, tu t'en foutais, Kah, pas vrai ?
Mensonges.
Il a tort. Il a tort parce que je ne cherche pas son pardon en le couvrant, non, ça je le fais parce que je n'ai pas envie de le voir filer ; de le voir s'éloigner et disparaître de mon horizon. Je le fais parce que je veux le connaître, le connaître autrement que par son goût et son odeur et son corps. Comprendre qui il est et pourquoi il est différent. Comprendre pourquoi tu m'attires à ce point et pourquoi tu m'obsèdes. Je te veux. Je te veux parce que tu n'es pas comme eux, parce qu'il y a quelque chose dans ton regard, une lueur, un quelque chose qui me redonne l'espoir. ça me donne envie d'y vivre, à travers ton regard, parce qu'il paraît plus doux et tendre que celui que je pose sur moi chaque matin et chaque soir. Tu ne m'as pas regardé avec envie, tu n'as pas détaillé mon anatomie comme d'autres l'ont fait avant toi. Tu m'as offert des bouts de toi, Brutal, et ce n'est pas rien, ça, pas vrai ? Ce n'est pas rien pour moi. Et il offre le pardon, ce pardon qui pourrait me faire du bien, mais qui n'est qu'un coup de poignard. Ça saigne, je pourrais presque ressentir le goût de terre et de fer à la trachée. L'ordre claque entre les lippes, comme si je n'étais qu'un clébard qui se doit d'être docile. Une grimace recouvre le faciès, une dont il ne verra pas la moindre esquisse, parce qu'il est déjà dehors, Brutal, à faire les cent pas, à attendre que je m'exécute comme une brave petite chienne. Je cogne dans un truc, par terre, qui explose contre le bois brut de la cabane. Les paumes pressées aux tempes, les images refoulées, mélange insane d'un passé qui me hante et d'un présent qui me crève en dedans. Je ravale ce qui se rapproche d'un sanglot, me tends et ouvre finalement la porte pour rejoindre le 4x4. Aucun bruit, aucun regard, aucune phrase. Les jointures blanchissent à trop serrer le volant. Je ne veux pas le voir, je ne peux pas le voir parce que je ne comprends rien à ce qui se passe à l'intérieur de moi, pourquoi il y a cette boule dans mon bide qui enfle et qui palpite sans que ce ne soit agréable, bien au contraire, ça fait seulement mal.
Il ordonne encore, encore, encore. L'arrêt du véhicule sur le bord de la chaussée. Et il se casse, Brutal, sans un merci, sans un au revoir ou un adieu. Il se tire comme un putain de voleur sauf qu'il n'a pas la discrétion de faire comme s'il ne m'avait rien volé. Tu m'as volé ta présence et autre chose encore. Il y a ce vide à la poitrine, ce froid qui me grignote l'intime. Première puis deuxième, les pneus dérapent dans la terre et les gravillons. Je m'éloigne pour ne pas le regarder s'en aller, fais demi-tour, retourne là-bas, chez moi, dans ce cabanon qui sent encore lui et moi. Mais là-bas, la colère éclate dans un cri strident qui pète les cordes vocales. Tout est poussé, arraché, brisé. Avec démesure, les peaux sont foutues dehors et la flamme du briquet les embrase. Odeur réduite au néant, ne reste que des cendres, les restes calcinés de nos souvenirs, de mes souvenirs. La fureur s'arrête quelque part, entre un sanglot et un regret.
L'absence.
Elle est douloureuse, se loge quelque part dans la poitrine et en tyrannise le myocarde. Psyché qui se heurte à ce qu'elle n'est pas capable de supporter. Alors survient l'abandon, la déraison, quand boire est une échappatoire tout à fait acceptable pour taire cette foutue raison qui ne cesse de piailler. Il a raison, tu sais. Tu ne le connais pas, il n'était pas bon pour toi, seulement bon pour ton monstre à toi. Il sera bien mieux loin de toi, de tes crocs, de tes envies dérangeantes. Il allait te faire du mal, plus que les marques que tu portes. Tu le sais, ça. Ouais, tu le sais Kah.

Je n'ai pas besoin de compagnie pour boire et oublier ce connard. Ouais, parce que c'est ce qu'il est, un connard. Tu aurais pu me dire que ce n'était pas possible, que tu n'en avais pas envie pour plein de raisons différentes. Ouais, t'aurais pu dire que c'était sympa, mais que c'était terminé maintenant. À la limite, t'aurais même pu claquer que c'était pour me protéger, même si ce n'était pas vrai. Juste pour que ça paraisse acceptable, pour ne pas que je me sente minable d'avoir coucher avec toi pour que tu me rejettes comme si j'étais une putain de pestiférée. J'aurais même accepté que tu me dises que ce n'était pas ton truc, la morsure et j'aurais compris, je te jure. Mais tu n'as rien fait de tout ça, tu n'as même pas menti, tu as juste fait comme si j'étais intéressée, que j'attendais un truc de toi en particulier. Fauve, la grande catin de tous les temps, capable de coucher juste pour se faire pardonner. Parce que c'est ça que ça veut dire, en fait. Que je monnaye mes parties de jambes en l'air, que je l'ai fait, pas parce que tu me plaisais ou que j'en avais envie, mais juste parce que j'attendais quelque chose en retour. De mieux en mieux cette image que tu as de moi, sérieux.
Je reste à l'arrière du bar où je bosse d'habitude. Adam n'est pas du genre trop chiant, ne pose pas de questions, se contente de me refiler une bouteille en me tapant l'épaule et en retournant servir ses clients. Assise sur un vieux tonneau, les pieds se balancent dans le vide, battent la mesure en cognant sur le bois plein. Je crame une clope, gobe l'alcool qui anesthésie le palais puis le gosier tout entier. Dans une impulsion conne, je décide de prendre l'air, marche et marche sans trop savoir où je vais, ni ce que je cherche. Peut-être toi. Je grogne parce que je ne suis pas encore assez bourrée, parce que ça ne vient pas aussi vite et que j'ai déjà envie de dégueuler. Je me purge dans le caniveau, voudrais ressentir l'effet euphorisant et annihilant qu'est censé me procurer cet alcool de merde, mais rien. Que dalle. T'es toujours là, dans un recoin de mon crâne. J'arrive même à te sentir, à te sentir sous mes doigts et sur ma langue, et ça me tue, ça, tu comprends ? Ça me rend cinglée, me donne juste envie de te retrouver pour te buter, pour que ça s'arrête et que tu disparaisses. Quelqu'un s'amène, demande si je vais bien et je préfère simuler la nana tellement si déchirée qu'elle ne sait plus qui elle est et ce qu'elle fait. Je titube un peu, recule, prends de la distance, détaille les contours du gars. -On peut t'aider à rentrer chez toi. Des gars. Alors j'explique que -non, ça va aller, c'sympa, mais j'sais où j'dois aller. Le bras qu'il retient, le rictus au coin de ses lèvres et la frousse qui me traverse comme une décharge électrique. Je me raidis, tire sur mon bras tandis que le visage se pare d'incompréhension. -Tu fais quoi ? C'est bon, c'est ok, je vais bien, je vais très bien. Lâche-moi. Lâchez-moi. Et personne ne m'écoute jamais quand je cause, je me débats, me retrouve à l'arrière d'une caisse avant même que je ne pense à hurler. Il dit -tout va bien se passer, je pense tu vas me buter et me contente de couiner comme si j'avais la nausée. On s'arrête des minutes plus tard, balance -il veut te voir. Et je ne comprends pas qui est « il » espère stupidement que ce sera lui. Mais ce serait trop facile. La lueur d'espoir s'éteint aussi vite qu'elle s'est allumée. -Tu tires une de ses gueules, quelqu'un est mort ? Qu'il balance en se foutant à rire grassement. Je le dévisage sans rien dire, préfère qu'il croie que je suis stupide. -Il t'a abandonné, ton petit copain ? -Quel petit copain ? Demandé-je le plus sincèrement du monde. Et je crois qu'il n'a pas tellement envie de jouer, s'avance quand je recule, jusqu'à ce que l'occiput percute quelque chose de dur. -Tu schlingues l'alcool, laisse-moi deviner, tu voulais oublier quelqu'un... Ou quelque chose ? La cabèche se balance de droite à gauche dans la négative. -Dis-moi où elle est. Froissement de sourcils. -Qui ? Soupir. Ses paumes bousculent la carcasse qui se cogne et s'égratigne. -La mallette Blondie, où est-ce qu'il la planque ? Les prunelles se rivent à leurs vis-à-vis -Et si je suis ici, à boire, c'est sans doute parce que j'en sais rien, qu'il s'est tiré comme un connard. Il comprime la mâchoire de sa paluche. -C'est pas joli de mentir. Je couine. -S'il en avait quelque chose à péter, tu crois que je serais là, toute seule, avec une bouteille ? Come on boy, ne sois pas plus con que tu en as l'air. -Je ne sais pas où elle est, je ne sais même pas ce qu'il y a dedans. La paume cingle la pommette dans une brûlure qui irradie partout sur ma trogne. -Dis-moi où il est et où se trouve la mallette putain ! Il a chopé le col et secoue et secoue si fort que la cabèche cogne. -Mais je ne mens pas, je ne, je ne mens pas ! Je ne sais pas où il est ! Ni lui, ni cette putain de mallette ! Que je geins, les yeux pleins de flotte. Le type continue, malmène, menace de me tordre le cou. -J'en sais rien, j'en sais rien, j'en sais rien, que je dis et que je répète comme une foutue litanie. Il semble réfléchir, relâche sa prise, murmure avec un autre type, baragouine des trucs inintelligibles. -Tu viens avec nous. J'ai eu envie de dire non, mais j'ai supposé que je n'avais pas le choix quand il m'a harponné le bras un peu trop violemment en me tirant à sa suite.

La bagnole roule, tourne et vire. J'ai l'impression qu'on ne va jamais s'arrêter et je ne vois rien. Il a jugé bon de me bander les yeux, mais pas d'attacher mes mains. Parce que je n'ai pas l'air dangereuse, que je ne le suis effectivement pas sans arme entre les mimines. Puis ils ont l'avantage du nombre. Je crois qu'ils sont deux ou trois, suppose froidement que je vais crever, parce que Brutal n'apportera jamais la mallette à ces débiles et qu'il se fout de savoir ce qu'ils peuvent bien me faire. Après tout, c'était que dalle, ça n'avait pas de valeur, pas de saveur, alors pourquoi il s'emmerderait. C'est pour ça que tu aurais dû rester avec moi, pour que ça n'arrive pas. Mais t'en as rien à cirer, sans doute parce que tu ne me dois rien. Je t'ai tiré dessus alors ça compte pas, c'est ça ? Peu importe ce qui se passera, tu t'en fous, toi, on sera quitte. Va te faire foutre et enfonce-le toi bien profond, ton pardon. Tu n'avais peut-être pas tort, ils avaient sans doute une bonne raison de vouloir ta mort. Je l'imagine loin de la ville, bien loin de tous ces cons qui attendent une heure précise pour débarquer à nouveau au motel ou ailleurs en espérant l'y trouver. Sauf qu'il ne sera pas là, que vous penserez que me buter servira à quelque chose, peut-être à l'effrayer ou à lui mettre du plomb dans la tête en plombant la mienne, mais vous ne ferez que lui rendre service. Je déglutis quand on s'arrête après des minutes ou des heures. Les néons agressent les pupilles, je bats des cils, vois trouble, entends vaguement la musique de fond qui se rapproche et le brouhaha des gens qui vivent et rient et boivent et parlent forts. Le bide en vrac, on me bouscule pour que j'avance. Je freine des quatre fers, par peur soudaine d'avancer vers ma mort. Je ne le vois pas tout de suite, trop occupée à chercher désespérément un regard ami dans le lot de poivrots qui se tient au bar, n'en trouve aucun, ne croise que le sien par après. Mon sang se fige, le cœur rate un battement ou deux ou trois. Les paluches pressent sur les épaules, forcent à s'asseoir sur la chaise en bois. Le type murmure -bouge pas Blondie si tu tiens à ta vie, si tu tiens à la sienne. J'ai envie de lui cracher dessus, de lui larguer que je m'en fous de sa vie, tue-le si tu en as envie, qu'est-ce que tu veux que ça me fasse, il ne s'est pas gêné, lui, pour se tirer. De toute façon, il m'a déjà pardonné... Je me mens parce que c'est plus facile, parce que ça fait moins mal, après quand tout s'écroule autour. Et je le lorgne et le fixe, détaille sa posture, tente de croiser ses mirettes qui jamais ne naviguent jusqu'aux miennes. Arrête, arrête de faire ça, de ne pas me regarder, de ne pas me voir. Après j'ai envie de savoir pourquoi, te demander ce que j'ai mal fait pour piger ce que tu me rapproches. Ça n'a pas de sens tout ça. Toi, eux, moi. Pas de sens putain. Les conditions sont posées, cinq minutes. Cinq minuscules minutes avant que je ne meurs, moi. Et je ne sais même pas pour quoi. Une pogne s'entiche de mon épaule, vient y prendre appui lourdement, le blond me regarde, l'air compatissant. -Et toi, tu ne sais rien, bien entendu. Tu pourrais te sauver, tu sais, en me donnant ce que je veux. Silence. -Je me demande ce que tu peux lui trouver à ce sauvage. Son index glisse sur mon minois dans une caresse écœurante. Je détourne la tronche dans un mouvement sec. -Tu refuses parce que tu es contrariée mais... Brutal le coupe, l'empêche de continuer de baver des conneries. Il aurait pu dire, ne la touche pas, mais il se contente d'annoncer le plus simplement du monde qu'il reste une minute. Ça me sidère, me fait ouvrir un peu la gueule avant de la refermer dans un élan de fierté. Je regarde ailleurs, n'entends qu'un bruit de craquement accompagné d'un grognement. Tout va très vite, les types cherchent à préserver leur boss, un seul me garde en exerçant sa pression constante sur ma carcasse. Battements de paupières, Brutal se tient la tête comme s'il venait de prendre une pêche. Les gens autour se mettent à bouger, je me concentre sur les pulsions du myocarde, un boum-boum qui s'emballe. Les quenottes se plantent dans la menotte du mâle, s'enfoncent jusqu'aux tendons et aux os. Je m'écroule sur le plancher, l'alarme retenti faisant jaillir la flotte du plafond. Il pleut. Il pleut en dedans et ce n'est pas normal, ça. Le blond pisse son rouge, le rouge, le rouge qui dégouline sur ses lèvres et son menton. Le rouge, le rouge. Le joli rouge. Je le fixe, ne vois que ça, n'entends plus que lui. Lui et ses grognements et les insultes qu'il feule. Instinct animal, je bondis dans son dos, accroche mes doigts à sa petite gueule parfaite et tire et tire jusqu'à ce qu'il repousse et balance la silhouette. Cohue générale et pourtant, je ne vois que lui, lui et puis autre chose. Un truc qui brille. Une arme.
Dilemme.
Les regards s'entrecroisent dans le chaos et rien ne semble plus important que ça. Plus que le rouge, lui. Dressée sur mes canes, je fonce sur le connard qui le tient en joug sans tirer. J'imagine qu'il est plus important vivant que mort, tant que personne n'a cette mallette de merde. Aussi fine qu'une anguille, je me faufile et lui arrache des mains. Si tu bouges, t'es mort. La flotte coule sur mon crâne, glisse sur l'arête de mon nez et m'empêche de respirer. Les yeux plissés, je les mire tour à tour, tire une première salve dans les cris des clients qui s'empressent de rejoindre la sortie. Je crois que j'en ai touché un, n'en suis pas certaine, continue mon manège quand les ombres s'emmêlent et que tout devient trouble. Trouble comme quand je me noyais dans le bain glacé. Un autre tir, pas le mien. La bouche s'ouvre et se referme à la recherche de son air. Le boucan s'éloigne, la tête s'enfonce dans le coton et les ombres disparaissent.
Bruit.
L'arme le braque, le braque lui, là, entre les deux yeux. Pourquoi ? Pourquoi ? ai-je envie d'aboyer. À cran, l'arme ne se baisse pas, le corps tremble, mais pas les mains. Pas les mains. -J'ai pas besoin de ton pardon, crié-je, la voix éraillée. Ce n'est pas le moment, Kah. La sirène des pompiers retenti au loin, mais je ne lâche toujours pas le flingue. -Je croyais que tu n'étais pas comme les autres, lâché-je du bout des lèvres, absente à cette réalité qui se vautre et s'éventre. Il faut partir. Je sais qu'il faut partir. Se tirer, abandonner ce gars et les autres, fuir avant que les pompiers débarquent suivis des flics. On va t'enfermer, te foutre au trou si on te voit avec un flingue entre les pattes, réveille-toi. J'aspire difficilement mon air, tiens mollement le bout de métal qui est arraché de mes menottes. Dehors, l'air frais me glace, me fait comme l'effet d'une gifle. Et je réalise qu'il n'y a plus d'eau sur ma tête, plus les petites gouttes sur mon front, mes joues et mon nase. Je respire.

J'inspire et j'expire, réalise en me retournant que j'ai failli crever, qu'on voulait me tuer, le tuer. Tu dois fuir, Kah. Loin, loin d'ici, loin de lui. Il ne t'apportera que des emmerdes, t'es déjà mouillée jusqu'à l'os et ce type, tu crois que c'est toi qui l'a tué ? T'es qui, Kah ? T'es quoi, Kah ? Les billes le cherchent et le trouvent, il ouvre les babines et je le coupe -je sais, je sais, tu t'en vas, t'as pas besoin de moi. Blabla. C'était sympa, mais on s'en fout. Je sais. Le ton est blasé, un brin amer. Ouais, casse-toi, ne te retourne pas. Tu sais faire ça, pas vrai ? Ouais, tu sais. Je crois qu'il parle, mais je n'écoute pas ou plus. Il y a l'hémoglobine sur mes doigts, le rouge, le rouge à moi qui sort de quelque part. De mon bide, ou de mon flan, je ne sais pas. Je le regarde. C'est grave, tu crois ? Non, ça ne l'est pas, sinon, ça ferait encore plus mal, je crois. C'est ce que je voudrais lui demander sans qu'aucun son, pourtant, ne parvienne à sortir du gosier. Le regard dégringole à nouveau et les tiges cherchent dans le noir sans y parvenir. Parce qu'il faut partir. On s'éloigne assez vite, aussi vite que mes gambettes le permettent. -Il y a quelqu'un, soufflé-je.



( Pando )
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  Dim 29 Sep - 16:56
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B. Brutal Ayaz
MONSTER UNDER YOUR BED
B. Brutal Ayaz
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ANIMAL INSTINCT ft @K. FAUVE WARD

You alone have the power. You only hold the control. [...] One fleeting moment. Few short-lived seconds. Mere short flicker in time, for the shadow to grow and die.

Le bruit mouillé. L’éclat de sang qui s’étale en gerbe sur la table claire du bar. Les chaises autour qui crissent pour se reculer. Les cris. Les heurts. Et ma tête qui explose comme à chaque fois. C’est une horreur. Alors je le lâche, le blond, pour faire un puis deux pas en arrière. Les paumes sur les tempes, un grondement qui râcle la gorge quand la sienne glapie. Parce qu’il a mal le blond, et je n’ai pas besoin de le regarder – de le voir – pour savoir que je viens de lui péter le pif. Je n’en ai pas besoin parce que je le sens. Je le sens sur propre arête comme si c’était elle qui venait de se fendre sur le bois clair de la table du bar. Ca me vrille la caboche. M’empêche d’éviter ou de repousser le connard qui me chope à l’épaule. Qui tire mon cuir pour bloquer mes mouvements. Qui tente de m’enfoncer le cul dans un tabouret pour me foutre son poing dans la pommette. J’ai pas le réflex d’éviter la baigne ; me dis qu’avec un peu de chance la douleur réelle fera partir celle qui ne l’est pas. Me déconnectera du blond et de son tarin – celui qui, désormais, lui servira beaucoup moins bien pour nous sentir fuir. Un limier sans son nez ne vaut rien. Et ça claque dans ma joue. Fait trembler la carcasse. Recentre l’intérêt et la force de frappe. Me fait me redresser dans une impulsion survivante. Repousser l’assaillant avant que l’alarme ne retentisse et que l’eau ne se déverse du plafond. Et ça va vite là. Et c’est brouillon, là. J’ai du mal à voir et à percevoir, dans la cohue générale. Les clients essayent de partir. Se bousculent pour atteindre les portes. La panique me panique. Me fait capter le flingue, désormais – celui de Fauve et celui des autres. Il sort d’où le flingue de Fauve ? Ca pète. Les détonations me font fermer les yeux dans un élan malheureux. Si on te vise Brishen, est-ce que tu penses que ça te sauve de devenir aveugle ? Je ne sais pas comment. Je ne sais pas pourquoi. Je ne sais pas sur qui – parce que dans tous les cas ça n’est pas sur moi. Je pousse encore un des types du blond. L’envoi valser entre les meubles. Nage à contrecourant pour arriver jusqu’à elle. C’est le meilleur moment pour se barrer Fauve. Ma hanche tape sur un angle de comptoir. La trappeuse se tourne, virulente. Braque le canon sur ma gueule. Beugle ce qu’elle a à beugler devant mon faciès qui se décompose. Est-ce que tu penses que c’est vraiment le moment de pleurer sur le sort que je t’ai destiné Fauve ?Il faut sortir, que je débite d’un timbre si monocorde qu’il se perd dans la cadence de l’eau sur le sol. Elle ne semble pas réaliser, Fauve. Ne semble même pas vouloir tirer, finalement. Juste me montrer et me prouver qu’elle m’en veut, de la façon la plus suicidaire qui soit. Qu’est ce que t’as ? Tu croyais que je n’étais pas comme les autres parce que tu viens de découvrir que tous les Hommes n’ont pas le même goût ? C’est ça, Fauve ? Je ne suis qu’un met que tu pensais te taper entre l’entrée et le dessert ? Et, Fauve, dis-moi, Fauve, c’est quand que tu comptais m’égorger ? Mais je te l’ai dit, Fauve, que j’étais comme tous les autres moi. Pourquoi tu m’en veux de ne pas t’avoir mentis ? La paluche se lève. Se referme sur le flingue sans trouver de résistance. Le balance un peu plus loin quand je la bouscule pour qu’on sorte par derrière – par cette porte dérobée. On atterrit dans une ruelle sombre. Le genre qui inspirerait n’importe quel tueur en série. Ca put la pisse et le fer. Les poubelles aussi. Me donne un haut le cœur qui me rappelle que je n’ai fait que boire et que je n’ai pas beaucoup manger, ces derniers jours. L’adrénaline en chute libre. Et Fauve qui feule.

- J…e t’en prie, que je veux lui murmurer en levant la main, probablement pour la faire taire, mais en sachant par avance que ça ne marchera pas. La preuve en est qu’elle me coupe la parole, Fauve, parce qu’elle pense tout mieux savoir que moi. Tu n’as pas encore le pouvoir de lire dans mes pensées, Fauve, et tu ne me connais pas assez pour prétendre deviner ce que je compte faire. Je fronce les sourcils. Détaille la stature alourdie de la trappeuse. Légèrement voutée. Le corps est douloureux quand la psyché semble vouloir lutter. Tu luttes seulement contre toi-même, à ce stade.Il faut partir, récité-je comme une poème – le genre chiant et un peu triste. Mais elle ne m’écoute pas, Fauve. Même quand je répète. Elle m’en veut. Ouais. Elle m’en veut je crois et je ne comprends pas pourquoi. Je ne l’ai pas laissé, dans ce bar, que je sache. Je ne lui ai rien promis, non plus. Alors que j’aurais pu, ouais, j’aurais pu. Même que j’aurais dû… Parce qu’elle m’encombre là, Fauve, dans sa crise existentielle. Mais tu saisis que t’es pas censée exister dans mon monde ? Que t’es pas censée faire partie de mes problèmes ? Que t’es pas censée devenir une statistique supplémentaire à ma vie ? Une statistique merdique parce qu’on va pouvoir me faire du chantage avec. T’étais pas censée être là, la super trappeuse. Ouais. T’étais pas censée être là parce que t’es pas censée te faire repérer super facilement en forêt. T’étais censée rester dans ton cabanon pourri, à attendre que cette putain de soirée passe sans te faire prendre. Est-ce que c’était trop compliqué, Fauve, de ne pas te faire prendre ? De disparaitre pour ne plus jamais qu’on est à faire l’un à l’autre ? Est-ce que c’était trop compliqué de faire ton putain de travail correctement ? T’es petite et discrète, merde, comment ils auraient pu te trouver quand tu chassais l’ours ? Puis tu pouvais pas leur tirer dessus, peut-être ? Madame Je-te-couvre ? T’es pas censée être douée ? Etre bonne dans ton domaine ? T’es pas censée être autre chose qu’un putain de boulet accroché à ma cheville, Fauve ? Pourquoi t’es là ? Pourquoi t’es encore là à geindre que je suis comme les autres, et que je vais partir ?! Parce que tu crois que tu me donnes le choix ?! NON ! NON ! Bien sûr que non, maintenant, je ne vais plus partir. Parce qu’ils vont te retrouver, à toi, pour te buter. Et ils vont m’envoyer ta tête comme un trophée. Comme tu fais avec tes ours et leur peau. Ils vont être contents de t’avoir tué et moi, Fauve, moi j’en fais quoi de ta putain de tête après ? Je te demande pardon alors que tu es morte ? C’est ça, qu’il faudrait que je fasse, tu crois ? Que je m’en foute de ta tête de pecnode bien emballée dans un carton Chronospost ? Ou TAT j’en sais que dalle. Bordel Fauve ! Comment tu veux que je m’en foute ? Même si tu me donnes envie de m’en foutre. De te poser là comme une conne. De te laisser avec cette espèce de rancœur nulle que tu me voue pour te donner de l’importance – ou me donner une importance que je ne mérite certainement pas. Parce que ouais, Fauve, je suis comme tous les autres et peut être même pire qu’eux… Je pourrais… Ouais, je pourrais, comme eux, te laisser dans la merde parce que t’es qu’une putain de pecnode et que t’es pas assez douée pour leur résister. Et que tu pourrais même les ralentir et leur faire perdre du temps pendant que je me barre, moi. Et qu’encore que là, ça va, tu vois, parce que tu ne pourrais pas leur dire où je suis, où je vais et ce que je compte faire. Parce qu’on se connait pas, Fauve, et que tu ne leur serais utile que pour assouvir leur pulsion de torture froide. Mais moi Fauve… Moi… Même si t’es une pecnode et que je ne tiens pas à toi… Même si je suis un connard comme tous les autres Fauve, et que tu es probablement folle… Moi… Est-ce que je pourrais me lever tous les matins… Est-ce que je pourrais me regarder dans mon putain de miroir tous les matins en me demandant comment et quand ils font te tuer ? Comment et quand ils vont m’envoyer ta tête ? Mon regard dégringole jusqu’à son flan. Voit le sang qui le barbouille. Me rend compte dans la froideur d’une claque mentale que je lui en veux à elle parce que c’est plus facile que de m’en vouloir à moi. Putain, Fauve. Je crois que je le pourrais, Fauve. De colère. De rage et de fierté… Je crois que le pourrais pour sauver ma peau. Pour honorer ma vengeance. Je crois que ta mort m’effleurerait à peine – que mon reflet ne me dégouterait pas plus qu’aujourd’hui, pas moins que demain. Mais je ne le veux pas. Je ne veux pas devenir ce monstre là. Ni pour te donner raison, ni pour me donner tort.

Je m’avance pour qu’elle avance. Claque la langue quand elle balance qu’il y a quelqu’un. Me dirige vers la foule. Les bruits et les pompiers. M’insère par la porte d’un immeuble ouvert – parce qu’ils vont probablement nous chercher loin et pas juste là, sous leur putain d’yeux. Lui choppe le bras, probablement un peu fort puisque ça pique à la caboche, pour l’aider à monter les marches. Vais au dernier. Appartement 5825. Celui qui avait la boîte aux lettres la plus pleine, en bas. Pousse la porte pour tordre le loquet. Le loquet cède aussi discrètement que si c’était chez moi. Que si j’avais la clé. Dans un faible bruissement de bois.

J’allume pas la lumière. Me contente des éclairages de la rue. Du camion de pompier qui donne à la pièce des allures de mauvaise discothèque. Je devine les murs verts pâles et le sol recouvert d’une moquette brune. C’est propre, ici. Ca sent le frai. Les quelques photos sur les meubles, dans des cadres bons marchés, montre une famille russe typique et heureuse. Sur la plupart des clichés, ça rit aux éclats. Le genre de truc qui m’énerve, sans que je ne sache vraiment m’expliquer pourquoi. Je préfère croire que le type qui vit ici n’a jamais mis des photos à lui. Qu’il a laissé celles qui sont vendues dans les cadres, dans les magasins… Qu’il a fait ça pour oublier que sa vie est minable- qu’il est minable. Et tu te dis ça Brishen, certainement parce que c’est ce que tu aurais fait pour te rassurer toi-même… Pour te leurrer toi-même. Parce que tu es minable, Brishen. Je dodeline du chef. Vais à la salle de bains pour choper une trousse de secours. La trousse de base, avec des pansements pour gosses et de l’antiseptique qui ne pique pas. Super. Vraiment, super. Reviens avec la patte traînante jusqu’au salon. Me campe et me penche devant Fauve. Louche sur la plaie à ses côtes. Soupire, rassuré, quand je capte que la blessure est plus superficielle que mortelle. – Tu devrais aller à l’hôpital, que je murmure en me redressant. Lui passe doucement la boite que je tiens faiblement – entre deux doigts. Fauve refuse. D’une phrase ou d’un mouvement d’épaule. – Tu devrais aller à l’hôpital, que j’insiste quand elle se décale jusqu’au canapé d’angle couleur crème. Pourquoi tu ne veux pas aller à l’hôpital comme toute personne civilisée ?Tu devrais y aller, mais tu fais bien comme tu veux, que je capitule en faisant un mouvement de paluche. Le genre qui pourrait facilement se traduire par Fait chier. Je me dirige vers les placards et, comme je ne peux de toute évidence pas l’aider dans le bandage qu’elle s’octroie, je prends en otage une bouteille de rhum pour oublier mon inutilité présente. En bois une, deux puis trois et quatre gorgées. Sans me tourner, sans lui parler. Aimerais lui conseiller de ne pas laisser des marques de sang partout, mais ravale le dialogue pour m’enfermer dans mon alcoolisme. J’ignore Fauve comme on ignore un fantôme. Me cache dans les angles comme pour éviter tout semblant de conversation. Je crois que Fauve, elle croit que je vais partir alors, elle capitule, Fauve, et finit par m’ignorer aussi bien que je l’ignore. Je la regarde de loin. Fumer. Boire. Vivre et grimacer à chaque mouvement difficile. Je la vois aller et venir jusqu’à la salle de bains. Eviter les fenêtres tout en voulant y voir quand même au travers. Je la vois retenir sa respiration chaque fois qu’on entend quelqu’un traverser le couloir et hoqueter de soulagement chaque fois qu’on entend une porte qui n’est pas la notre s’ouvrir.

Je finis par me laisser glisser contre un mur. Je finis par m’asseoir à même le sol, dans l’espèce de petit corridor qui mène jusqu’à l’une des piaules. Celle que Fauve a choisi pour s’étaler sur le lit. Je ne sais pas si c’est pour y dormir, y penser ou dans l’espoir d’y mourir. Ne vois que les pieds de Fauve. Ceux qu’elle a laissé dans le vide. Qui ont battu, faiblement, la mesure des remous de son corps et qui ne battent plus rien désormais. Que la léthargie, le silence et la morosité. – Ca va ? que je demande, au bout d’éternelles minutes qui auraient pu faire penser que je m’étais barré. Ou que j’avais fait un coma éthylique – le type n’a plus aucune bouteille pleine dans ses placards désormais. Pas de réponse. Je suppose qu’elle dort, Fauve, jusqu’à ce qu’elle bouge pour me jeter un regard torve à travers l’armature du lit. Je ne vois que ses deux billes claires en amande. Tu ressembles à un animal pris au piège comme ça, Fauve. Je colle ma joue contre la flasque de whisky premier prix. Penche la tronche pour mieux voir le Fauve. T’as besoin de quoi, Fauve, si ce n’est pas de mon pardon ?Ta blessure, ça va ? Elle semble pas saisir Fauve, pourquoi je m’en inquiète quand j’ai visiblement tout fait pour ne pas y toucher. Doit penser, dans ses délires, que je ne veux pas la toucher elle. C’est vrai que j’ai de quoi faire mon sucré après avoir couché avec toi. Tu m’écœure mais j’y suis revenu deux/trois fois pour être sûr que c’était toi et pas moi…Je ne peux pas te toucher. Ca plisse le nez derrière l’armature. Ouais parce que c’est con ce que tu lui dis, Brishen. T’as deux mains et t’as pas l’air plus branque qu’un autre alors, imagine qu’elle imagine que t’es dans la capacité physique de la toucher. Je me redresse un peu fort. A m’en faire tourner la tête. – Laisse tomber, craché-je d’un timbre rauque en disparaissant jusqu’au salon.

Le canapé est moins confortable qu’il n’y parait. Il reçoit mon râble dans le craquement de ses lattes. Me laisse m’assoupir quelques heures mais m’encombre de cauchemars asphyxiants. J’hyperventile. Ou j’arrête de respirer – je ne sais pas – plusieurs fois d’affilés. Tente de trouver refuge dans la seconde chambre. La trouve trop éloignée de la porte d’entrée – puis le délire princesse et tapisserie rose ça me donne littéralement la nausée. J’hésite, une fraction de seconde, à aller rejoindre Fauve parce qu’elle ne s’est pas gênée, les dernières fois, pour venir se coller à moi. M’y refuse pourtant, en faisant les cent pas. Je bouffe. Bois. Fume. Répète l’inlassable ritournelle. Essai de dormir. Encore et encore. Y parviens, de temps en temps. De mieux en mieux. Jusqu’à ce que je sente une présence, par là. Jusqu’à ce que je me réveille en sursaut. Que l’arrière de la caboche frappe une commode quelconque. Fauve, que je me pense en me passant une paluche sur la nuque. Qui d’autres ?Tu m'as fait flipper. Je vais te foutre une clochette au cou, pecnode, que je bave, vexé, en m’asseyant difficilement sur le bord du sofa. Je sens la pommette enfler. Réminiscence d’une soirée difficile. Mon épaule m’en rappelle une autre.Arrête de me fixer quand je dors, Fauve, c’est carrément flippant, murmuré-je en la dévisageant. Court silence.Et même quand je ne dors pas, en fait. Va dormir tu veux bien ? Le soleil se lève à peine, tu ne vas pas me dire qu’il est trois heures de l’aprèm et que tu veux bouffer une glace à la fraise parce que t’as faim. Et quand elle ouvre la bouche, Fauve, je lève une main pour la faire taire. J’ai pas envie de te connaître. Pas envie de savoir qui tu es. Ce que tu aimes ou ce que tu détestes. Je n’ai pas envie de t’humaniser, Fauve. Je n’ai pas envie qu’on devienne intime. J’ai pas non plus envie que tu me trouves sympa. Alors en fait ferme là.Puis non en fait. Je vais prendre le lit. Ca ne va probablement pas la déranger de t’y rejoindre.Et toi tu restes là. Tu reste là... Elle ne va certainement pas t’écouter.Si c’est pas trop te demander. Ce n’est pas en jouant au connard qu’elle va être plus compréhensive. Je me retourne. Lui bute dedans parce que je ne savais pas, qu’elle était si près de moi. Le cerveau me pique quand elle tombe sur le cul. Me fait me pincer l’arête du nez dans un soupir lassé. – Pardon... Est-ce que c’était urgent, Fauve ? que je finis par demander, d’un timbre plus doux, plus rauque.



Couleurs des Dialogues:


©️crack in time
  Dim 29 Sep - 21:39
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( Animal Instinct ft. @B. Brutal Ayaz )
Je crois qu'il ne m'écoute pas, qu'il s'en fout, que je l'agace ou quelque chose comme ça. Parce qu'il y a sa langue qui claque sur son palais et ses pas qui le conduisent ailleurs. Je pense qu'il va s'en aller, qu'il préfère changer de route, nous séparer, encore, comme si c'était déjà une habitude. Je le suis par peur de le perdre de vue, jusqu'à ce qu'il achoppe le bras, le pince dans une morsure qui me tire un couinement. Les marches sont grimpées dans une grimace qui déforme les traits. Ça tiraille, ça pique, ça dérange. Cette plaie et l'odeur, surtout l'odeur qui réveille l'autre. Arrivée au dernier étage, le teint a viré légèrement au gris. J'essaye d'oublier, de ne pas penser à ce qui dégouline du bide, me concentre sur ce que je perçois dans l'obscurité. Des meubles foncés, une petite plante verte, des napperons en crochet, une corbeille de fruits vide. Les doigts pianotent dans l'air sans toucher le mobilier. Les prunelles se rivent aux cadres photos, à des instants de vie volées, figées dans le temps. Je me souviens qu'il y en avait aussi, sur le buffet imposant qui trônait dans la salle à manger. Ça me rappelle les mensonges, les sourires forcés. Ça me rappelle que rien n'est vrai, que tu les as laissé m'emmener, que tu m'as vendu comme si je n'étais rien, même pas ta fille, juste rien qu'une marchandise, un animal. Je me demande ce que tu as pu leur raconter, aux autres, à ceux qui me connaissaient. Ouais, quel mensonge tu as pu inventer pour que je disparaisse de ta vie et de la leur. Est-ce que tu as brûlé mes photos, maman ? Celles où tu me tiens les épaules en souriant. C'était faux, alors. Toi, tes mots, tes gestes. C'était faux, pas vrai ? Je me demande à quel moment tu as cessé de m'aimer. La trogne se tord, retrouve le mâle qui se penche, avance une petite trousse en arguant que je devrais aller à l'hôpital. Non. Le corps se raidit, haussement d'épaules, la cabèche dodeline de droite à gauche. Les tiges achoppent ce qu'il tend et les guibolles s'éloignent, contournent l'angle du canapé. Il insiste et j'ai envie de hurler non ! Non, je ne peux pas. Tu ne vois pas ? Tu ne vois pas ce que je suis ? Je ne suis pas comme toi, je ne suis pas comme tous ces gens en bas qui vivent et qui respirent sans avoir envie de bouffer leur voisin, tu vois. Et c'est aussi pour ça que tu me rejettes, tu as la mémoire courte, peut-être ?
Je retire veste et tee-shirt, tente de ne pas regarder, me contente de toucher de mes doigts sales et de balancer du désinfectant à en flinguer le pantalon. Lui, lui il disparaît autant qu'il le peut avec sa masse. Il longe les murs, se faufile dans les ombres quand je cherche à capter son regard. Mais pourquoi il aurait envie de te regarder, Kah, tu dois le dégoûter, il doit se sentir piégé ici, avec toi, en attendant que ça se tasse au-dehors. Tu es l'épine dans son pied, celle qui n'a probablement pas envie de se coltiner. Puis imagines, tu pourrais vouloir quelque chose de lui. Une bande de coton s'entortille maladroitement autour de la taille. Le froissement de ses fringues me fait dresser le museau et je crois que j'ai peur. Peur qu'il s'en aille, peur qu'il reste. Tu ne sais pas ce que tu veux. Il me fuit, ne me parle pas, pas plus qu'il ne cherche à me croiser. Ouais, Brutal, il met un point d'honneur à ce qu'une distance de sécurité de plusieurs mètres réside entre nous. Va te faire foutre. Je grogne, me rhabille et tente d'occuper l'esprit. L'esprit happé par ce qui suinte au flanc. Je fume, je fume en me disant que j'aimerais boire. Boire sans avoir soif, endormir les sens, embrumer la réalité jusqu'à la disloquer dans son intégralité. Je ne veux pas penser que tu es là, que je peux te voir, mais pas te toucher parce que tu refuses de me regarder. J'aimerais comprendre, tu sais, que tu dises qui tu es, que tu expliques ce qui te détermine. Je veux comprendre, ouais, pourquoi tu es différent en étant aussi con que les autres. Froissée, vexée, je m'agite, brasse de l'air, lance une œillade par la fenêtre pour voir quand ils vont tous partir. Quand je vais pouvoir sortir d'ici. Le cœur rate un battement à chaque pas qui résonne dans la cage d'escalier, stoppe la marche qui reprend quand tout se calme et s'apaise derrière l'épaisseur du bois de la porte d'entrée. Et c'est lourd et pesant, cette ambiance dégueulasse qui gobe nos carcasses. La silhouette se faufile, trouve de quoi se poser, se jeter. Le corps rebondit mollement sur le matelas, me rappelle la meurtrissure dans une brûlure qui me bouffe les côtes.
Soupir.
Les petons se balancent d'abord dans un rythme imaginaire, crève l'instant d'après. Je l'entends battre dans ma tête, le palpitant. Il cogne et cogne dans sa cage. Boum-boum, boum-boum. Il prend toute la place, vibre dans ma boîte crânienne et jusqu'au bout de mes doigts et de mes orteils. Un son parvient jusqu'aux esgourdes et le détachement peine à s'effectuer. Une lutte intérieure de plusieurs secondes ou minutes. La trogne se plie à la recherche de la masse paumée dans le noir. Il demande la blessure, ça va ? J'ai envie de rétorquer pourquoi ? Tu t'en soucies vraiment ou c'est seulement parce que t'avais besoin de faire des vocalises ? Je trouve ça bizarre que tu me demandes ça alors que tu as passé ces dernières minutes ou heures à m'éviter soigneusement. La suite tire une grimace. Parce qu'il ne peut pas me toucher, ouais, c'est ça, il ne peut pas. Et tu comptes te foutre de ma gueule longtemps, encore ? Pourquoi tu ne peux pas me toucher ? Parce que je suis fragile, que t'as peur de me faire encore plus mal, que tu n'es pas habile de tes dix doigts ? Ou parce que t'as pigé ce que j'étais et que ça te dégoûte, ça ? J'ai envie de lui rétorquer pourquoi, mais il m'en empêche, coupe court à tout questionnement, se renferme, me délaisse encore jusqu'à disparaître de mon horizon.

Ça tambourine dans la poitrine, en tiraille la cage thoracique. Je me refuse à le suivre comme un putain de clébard pour exiger des réponses qu'il ne voudra certainement pas me donner. Je me recroqueville, laisse les prunelles glisser sur la tapisserie florale marron et orangée. J'écoute bêtement ce qu'il fait, imagine qu'il va se tirer, qu'il en a eu assez. Et tu t'en iras avec tous tes secrets, avec l'espoir qu'on ne se recroise jamais, fumier. La porte ne grince pas, même pas un peu. Il n'y a que le froissement du canapé, des lattes qui se froissent et pètent et craquent. Paupières closes, j'essaye de ne plus penser. Mais penser à ne plus penser, c'est déjà penser. Allongée sur le dos, la respiration ralentie, s'apaise ou crève. Je crois que je dors, que j'oublie où je suis et avec qui. Un semblant de répit, juste quelques heures, juste assez pour que les cernes se creusent et que le teint devienne plus fade encore. Ça me bouffe de l'intérieur, ça me grignote les synapses.
Absence.
Les tiges poussent le bandage et fouillent la plaie. Le rouge porté à la vue dans un gémissement d'extase. L'hémoglobine glisse sur les lippes, les tâche. Et j'ai mal à chaque fois que les phalanges touchent et que les ongles râpent. La carne se tortille sur le dessus-de-lit, flingue le blanc immaculé. Et l'obsession pousse et pousse à continuer, à recueillir le rouge pour qu'il roule en bouche. Manque la chair parce que le carmin ne suffit pas. L'envie de plus parce qu'il a faim, lui. Il a besoin de se nourrir, de se nourrir vraiment. Les doigts barbouillent le bide, colorent le derme dans des arabesques. Et je trouve ça beau, beau partout sur ma peau, voudrais en voir plus encore, trempe les tiges en-dedans l'entaille qui dégueule son jus. La silhouette se redresse dans une survivance. Lui. Lui, est-ce qu'il est toujours ici ? Est-ce qu'il est parti ? Est-ce que tu m'as abandonné ou jeté en pâture à tes ennemis pour acheter ta tranquillité ? Je tangue, prends appuie sur les murs du couloir, efface les traces de rouge sur les lèvres dans un revers de manche. Le myocarde s'emballe à l'idée qu'il ne soit plus là. Et je me hâte, déboule dans le salon en claudiquant, m'arrête net quand je le vois. Il déborde du canapé pas vraiment adapté à sa morphologie imposante. Je m'avance plus lentement, ne précipite plus mes gestes, oublie le chaud et l'humide à mon ventre, m’accroupis là, juste là, pour contempler le minois. Tu n'es pas le même, quand tu dors. Tes traits sont relâchés, tu parais plus vrai. C'est comme si je pouvais te voir, te voir vraiment sans aucune de tes défenses, sans que tes mots ne puissent m'atteindre et faire mouche à nouveau. Si vrai et pourtant irréel, tu es un mirage, Brutal, une oasis en plein désert. Mais ça m'aide à avancer, tu comprends ? Quand je te vois, quand je te sens, j'oublie l'autre et ses envies. C'est de toi que j'ai envie. Envie pas comme tu penses, pas comme si tu étais un casse-dalle à croquer dedans. Juste envie de toi à côté de moi. L'effleurement de nos peaux, ton odeur imprégnée à la mienne pour taire ce qui ne doit pas être. La pulpe des doigts s'avance, voudrait caresser la pommette esquintée. Et le voile d'humeur se dépose à nouveau, l'enferme, l'emprisonne.
Sursaut.
Je me mords la langue. Il beugle, le mâle. Un truc dans une langue que je ne comprends pas, se redresse et balbutie ses ordres. Non, je veux rester là, avec toi. Tu ne comprends pas, tu ne comprends pas que j'ai besoin de toi, moi, quand toi tu t'en fous, quand pour toi je ne suis rien du tout. Et c'est OK, j'ai compris, j'ai compris Brutal, ne sois pas si désagréable. Et il ne sait pas s'arrêter, ordonne, encore, toujours. Arrête, putain, arrête.
Boum.
Le cul sur le sol, ça résonne dans la caboche et ça siffle dans les oreilles. Les paupières battent, frénétiques. Les images peinent à se remettre en place, à effacer les chimères qui encrassent ma réalité.

Le museau se lève, la nuque se tord pour pouvoir le fixer. Je peine à me remettre sur mes guibolles, m'échoue sur le rebord du canapé. -Pourquoi ? Demandé-je, sans rien préciser. Mouvement réitéré pour réduire la distance qui sépare nos trognes désabusées. -Pourquoi tu me rejettes, pourquoi tu ne peux pas me toucher, Brutal ? Et je n'y comprends rien, et je me paume dans les sentiments et ressentiments que ça fait naître en dedans. Je me sens... Bouleversée, comme si un truc grave venait d'arriver. Mais il n'y a rien de grave, Kah. Il ne veut pas de toi, pourquoi tu ne veux pas l'entendre ? Il te l'a dit et répété. Et toi, toi tu l'as forcé à te toucher, tu l'as laissé marquer ta peau par après. Il te faisait mal pour que tu ne reviennes pas, mais t'es si conne que tu es revenue, toi, Kah. Les doigts touchent les siens, cherchent le contact de sa peau comme s'il était mon salut. Le silence et l'absence de mouvement en réponse, les pupilles dégringolent sur la béance qui crache son rouge. Et je n'arrive plus, n'ai plus la force de lutter. Les doigts se plantent en-dedans, retournent la chair. La douleur soulève le cœur, manque me faire gerber, empêche les tiges de continuer à creuser. Je voudrais le supplier de m'aider, mais les syllabes meurent sur le bout de la langue. J'ai un problème, Brutal. Un gros problème, aussi gros que les connards qui te courent après, je crois. Il repousse, retient entre ses doigts le poignet qui craque et qui le force à lâcher comme s'il venait de s'y brûler. Les pupilles se sont changées, ne sont que deux putains de fentes. Et je ne sais pas s'il recule parce qu'il est surpris ou parce que ça le dérange. La vision me gifle, me charcute. Il le voit, il te voit. Je titube jusqu'à la petite cuisine, m'y enferme, trouve le frigo et l'ouvre à la volée. Les bouteilles tombent tout comme le beurre. Mais il n'y a rien. Alors je fouille le congélateur, vide tout sur le sol carrelé. Bout de barbaque enveloppée, trop dur pour passer sous les quenottes pourtant aiguisées. Je le balance dans le four micro-ondes, trépigne le temps que ça tourne, me ronge les ongles puis le bout des doigts.
Ding.
La pièce tout juste un peu molle, je grignote le bifteck, arrache les bouts de viande pour remplir le ventre. Je le sens avant de le voir, ressens sa présence. La gueule penchée, je planque ce que je tiens, mâchonne et regarde ailleurs, ailleurs, pas dans sa direction, lui tourne le dos.
Un pas.
Œillade lancée par-dessus l'épaule, la carcasse s'exile dans un recoin plus sombre et la gueule se cale dans l'angle du mur. La charogne savoure sa maigre proie, grimace parce qu'elle est trop froide mais se remplit la panse, l'accompagne de rouge qui s'écoule toujours de la béance, à petites gouttes. Le regard lui revient plusieurs fois, orbes cherchant à se loger, à trouver l'appui à leurs vis-à-vis. Ça endort l'autre et reforme les pommettes, juste un peu, juste assez pour paraître plus humaine, moins malade. Ne me regarde pas. Va-t'en, ignore-moi comme tu l'as si bien fait jusque-là. Par honte, je reste recroquevillée, ne le laisse pas approcher si tant est que l'envie lui prenne de s'y intéresser. Dehors, le calme semble être revenu, les gyrophares ont disparu, il n'y a que la pluie battante qui claque sur les vitres et le toit.

Des secondes, des minutes, des heures.
Je réapparais dans l'encadrement, bras croisés. -Ça ne va pas, que je lui chuchote. Sans blague, il n'avait pas remarqué, Kah. S'il avait des doutes, avec ce que tu as fait plus tôt, ils se sont dissipés. Un pas puis deux. Le tee-shirt se soulève sans voir. -Il faut que tu m'aides. Il faut, il faut que tu touches ça, pour moi. J'peux pas moi. J'peux pas. Le timbre se brise comme un millier d'éclats. Et je ne peux toujours pas aller à l'hôpital, Brutal. Je ne peux plus les voir, ces gens qui portent des blouses blanches. J'ai peur. Ils me terrifient. Je préfère crever là, dans l'ignorance générale, plutôt que de les laisser me toucher. -S'il te plaît. La plaie à vif est plus large qu'elle n'est profonde. Je ne sais pas s'il considère ma demande ou s'il pense à me jeter par la fenêtre pour qu'on retrouve mon cadavre au petit matin, l'air de rien. -Parle-moi et ça ira, Brutal, s'il te paît. C'est pas, c'est pas contagieux, ça. Ce truc-là. Ça l'est pas. Sinon tu serais déjà comme moi, comme ce truc à l'intérieur de moi. Et c'est pas grave si tu me fais mal. Silence. -C'est pas grave si tu veux pas. J'imagine que je l'ai bien cherché.



( Pando )
( Old Money )
  Dim 29 Sep - 23:59
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B. Brutal Ayaz
MONSTER UNDER YOUR BED
B. Brutal Ayaz
Impétuosité : 164
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ANIMAL INSTINCT ft @K. FAUVE WARD

You alone have the power. You only hold the control. [...] One fleeting moment. Few short-lived seconds. Mere short flicker in time, for the shadow to grow and die.

- Pourquoi quoi ? demandé-je en essayant de ne pas crisper trop fort la mâchoire. Pourquoi tout, qu’elle semble me répondre en se tordant la nuque pour que je la vois. On dirait une gamine, Fauve. Cinq ou six ans à tout péter. Une gamine qu’on aurait privé de vivre. Ou qu’on aurait fait vivre dans une bulle. J’sais pas pourquoi. J’sais pas comment. Mais elle devait être crade, cette bulle. Aseptisée de la moindre once de savoir vivre et d’humanité. On t’as déshumanisé, c’est ça ? Alors pourquoi t’essai de t’humaniser à mes côtés ? Qu’est ce qui t’en donne envie hein, Fauve ? Moi je ne t’aime pas. Moi j’ai pas besoin de toi. Moi j’ai pas besoin d’une enfant à mes côtés. Une enfant que je devrais éduquer. Moi j’ai besoin de personne. Moi je méprise le monde, Fauve. Et puis t’es pas la seule qui s’est fait pisser dessus par le monde. T’es pas la seule à avoir eu une vie de merde. T’es pas unique comme un flocon de neige, Fauve. Les gens comme toi se comptent par centaine, peut être même par millier. Moi, dans la rue, je n’ai jamais entendu quelqu’un me dire qu’il avait eu une vie géniale. Une vie merveilleuse. Une vie si bienheureuse qu’elle était emmerdante. Faut se reprendre Fauve. Parce que t’as quoi, avec ta tête de poupée, 30 piges à tout pété ? Et quoi Fauve ? Tu t’attaches au premier connard qui passe ? Parce qu’il a bon goût ? Respecte-toi un peu plus que ça. Ce n’est même plus une question de rejet, c’est une question de dignité. Tu veux que je te tripote ? Que je te prenne dans les chiottes sales d’un bar ou sur le lit de la gamine ? Tu trouveras ça rassurant ? Tu trouverais ça vertueux ? Charmant peut être ? Tu veux que je me colle à toi, que je te donne une partie de moi ; que je te dise que je ne te connais pas mais que, wahou, tu es tellement exceptionnelle ? Mais qui y croit, à ça, Fauve ? Dans la vraie vie des gens normaux, qui y croit ? C’est d’une hypocrisie sans borne. Tu m’as tiré dessus, Fauve. Ca fait des heures que je ne devrais même plus être là – des heures que tu devrais me fuir à la place d’essayer de comprendre pourquoi je t’ignore. Fauve, si on ne veut pas te toucher, ce n’est pas parce que t’es un monstre, c’est parce que t’es cinglée. T’es pas stable Fauve, on sent que tu peux vriller à tout moment – porter plainte ou nous poignarder selon comment t’es lunée. T’es pas une personne de confiance. Tu peux pas l’être, Fauve, parce qu’on sent que tu ne TE fais pas confiance. Y a rien là. Entre nous. Rien que je te dois. Je fais du bénévolat pour fuckée. Je prie pour ne pas que tu me crèves durant mon sommeil parce que mon but dans la vie… C’est justement de vivre. Trouve toi quelque chose, Fauve. Autre chose que mettre des mots sur mes actes. Collectionne des timbres. Compte les insectes ou les cheveux sur ta tête, mais lâche moi un peu. Arrête de penser que tout ça c’est personnel. Que c’est toi. Que toi et uniquement toi. Que t’es qu’une pauvre petite malheureuse. Parce que c’est pas toi, Fauve. C’est tous les gens comme toi, mon problème. C’est à cause de gens comme vous que je fais semblant d’être sourd et muet pour ne pas qu’on me casse les couilles…

Elle touche mes doigts, Fauve. Me fait baisser le menton sans même me faire bouger. La situation me fatigue. Arrive encore à me surprendre quand, Fauve, elle plante sa paluche crade dans sa plaie. Qu’elle gratte les chairs noircies par la saleté à en devenir blanche et à en manquer de vomir. Mais t’es complètement conne ? C’est pour me punir que tu fais ça ? Je veux pas te répondre alors tu te suicides ? C’est quoi la prochaine étape, t’arrêtes de respirer ? PUTAIN ! Mais t’as quel âge, Fauve ?! Les nerfs montent en flèche. J’achoppe le poignet sans grâce. Dans l’impulsion d’un moment de rage. Le sens s’incurver bizarre sous les phalanges. Explosion à la tronche. Une onde de choc dans tout le corps. Je recule. Titube. Secoue le bras comme pour le réveiller. Capte le visage de Fauve qui mute et change – ses yeux en amandes qui ne sont que deux fentes. Je recule encore. Le cœur manque quelques battements – beaucoup trop. Tellement que je vais péter dans un mur quand elle se barre en direction de la cuisine. C’est quoi cette merde ?! que le cerveau réclame. Il cherche le rationnel quand les prunelles s’accrochent désespérément à la porte d’entrée. Ca c’est bien. Ca c’est rationnel au moins. Il faut que tu te barres. Cette fille est plus que cinglée, elle est carrément possédée par une bestiole. L’illogisme me cloue les panards au sol, avec autant de puissance que si j’étais dans du ciment. Ca carbure, là haut, quand à côté j’entends Fauve qui se bat avec le mobilier. Qu’est ce que tu es, Fauve ? que je m’interroge sans trouver une seule réponse valable. Pense à Rose, ouais. Je pense à Rose parce qu’elle, elle serait assez sage pour me balancer un truc philosico-diplomatico-spirituel sur ce qu’est la Pecnode d’à côté. Elle te conseillerait aussi probablement de te tirer de là, Brishen. Fissa. C’est à ce moment que mon corps a l’impulsion suffisante pour se décrocher du placo. La largeur de l’appartement est avalée en une fraction de seconde. Ma main se pose sur la poignée. L’arrache plus qu’autre chose quand il s’agit de l’ouvrir à la volée. Moment de flottement. Moment d’hésitation. La prunelle accroche l’un des cadres. L’un de ceux qui tient entre ses verres une photo si bien que j’aimerais qu’elle soit fausse. L’un de ceux où il y a cette gamine – une vraie gamine – qui rit aux éclats avec son père et sa mère ou quelque chose comme ça. Le bide se crispe. Le palpitant s’emballe. Les dents croquent la joue. Je viens de faire rentrer une cannibale démoniaque dans l’appartement d’une gamine… Demain ou après demain ou dans trois jours ou six jours, c’est cette gamine qui va rentrer ici… Cette gamine qui va découvrir le corps de Fauve… Avec un peu de chance Fauve sera morte… Avec un peu de chance, ouais, parce que si elle est en vie… Si elle est en vie Fauve aura probablement faim. Je ne peux contrôler le frisson qui secoue mes épaules. La résignation suicidaire qui les fait mollement se baisser. Rose t’aurais dit de rester, Brishen, et de sortir le loup de la bergerie parce que c’est toi qui l’y a fait rentrer. Les paupières se ferment. Par deux ou trois fois. Et je compte. Je compte pour rythmer chaque putain de respiration. Je compte pour cette gamine, blanche et anonyme – cette gamine qui deviendra une pétasse quand elle sera plus grande, une putain de pecnode qui me regardera de haut sans savoir… Quand elle sera grande parce qu’il faut qu’elle grandisse.

Demi tour. Je retourne vers la cuisine. Vois la catastrophe qui y règne. Un Enfer aux fragrances de sang et de steak – de carne en train de crever. Celle de Fauve qui ronge sa viande. Qui a à moitié pris le temps d’enlever le papier en plastic tout autour. Et comme si c’était moi le plus terrifiant des deux – ou plutôt par honte parce que je suis définitivement hors catégorie quand il s’agit de Fauve – elle se traine dans un coin. Les Bêtes se cachent pour manger. J’attends. Des minutes, accouder à ce chambranle, devant cette cuisine, à me demander quand Fauve retrouvera forme humaine. Quand elle aura fini de bouffer pour qu’on puisse décoller. Elle et moi. Tous les deux. Je hoche la tête. M’auto-confirme l’évidence irréfutable. Fauve doit mourir pour le bien de l’humanité. Pour le bien de toutes ces gamines anonymes qui pourraient rentrer un soir chez elles et tomber sur Fauve. Je me repousse. M’éloigne de l’encadrement pour aller fumer une clope sur le sofa. Les yeux perdus par la fenêtre, là où il n’y a plus que cette pluie d’été et le silence de la nuit. Tu n’es peut-être pas le seul, Brishen, à souffrir d’une particularité. Le visage se contracte. Mais je ne suis pas instable à ce point. Ma particularité n’est pas un problème pour les autres – je décide alors que Fauve subit. Fauve souffre. Fauve est un animal agonisant sur le bord d’une autoroute. L’assurance est sans égale. Se montre même patiente lorsqu’il est question d’attendre que Fauve termine sa crise de démence démoniaque. Le menton est le seul à bouger quand Fauve réapparaît… Probablement satisfaite de son effet mais, surtout, en train de se vider. J’avais espoir de ne pas te porter le coup de grâce, Fauve… J’avais espoir que tu meures, dans cette cuisine, et que je n’aurais qu’à ranger. Elle me dit que ça va pas. Je me pense Sans blague Captain Obvious ? J’avais pas remarqué.Il faut ranger, que j’articule en coulant un œil épuisé vers la bedaine de la trappeuse. C’est la seule chose qu’il faut… Le reste c’est ton problème. Il faut que je fasse rien du tout. Elle a salement défoncé les chairs. Il n’y a qu’un trou béant à la place de l’égratignure de base. Le genre qui va rapidement s’infecter. Pourquoi j’aurais envie de t’aider, de te toucher et de te sauver, après ça, Fauve ? Dis moi ? Et à quelle heure c’est rassurant de me dire que je ne vais pas me transformer en toi ? Qu’est ce que t’en sais ? Est-ce que tu sais au moins ce que tu es avant d’affirmer que tu n’es pas contagieuse ? Qui te dis que ça ne met pas des semaines à se propager, ta merde ? Voire peut être même des mois ? Depuis quand t’es médecin ? Puis depuis quand t’as ça ? Depuis quand t’es comme ça, Fauve ? Comment ça t’es arrivée ?Et bien ce n’est pas grave, alors. Mes paumes claquent sur mes cuisses quand je me relève. C’est un non, au cas où tu ne l’aurais pas remarqué. Je ne te touche même pas avec le dos d’une cuillère. Et je ne te parle pas, non plus… Qu’est ce que tu veux que je te raconte ? Que l’air s’est rafraîchi ? Et on fait comme si de rien ? Je veux bien avoir une mémoire sélective, mais à ce point ça serait être complètement stupide.On ne va pas tarder, ok ?, soufflé-je le plus calmement du monde. En attendant Fauve, essais de ne pas être toi.

Le rangement est précaire. Nul. A chier. Il consiste à pousser avec les pieds et à cacher le rouge de l’hémoglobine. A remettre tout ce que Fauve a viré du congélateur, dans le congélateur. A cacher dans les reins un couteau de boucher. J’essuis le sol. Enlève les draps du lit. Aimerais les brûler au milieu du salon pour ne pas que cette famille rerentre chez elle un jour mais je m’abstiens. Attend que Fauve sorte de la salle de bains – vérifie que ce n’est pas trop dégueulasse avant de la suivre. – Mets ça, que je préfère en lui enfilant ma veste en cuir. On verra moins le sang. Tu attireras moins l’attention. Je ne marche pas à côté d’elle, toujours derrière. Comme dans cette forêt – cette nuit où tout a commencé. Je surveille ses déplacements. Ses mouvements. Les grimaces que lui arrache sa blessure. Sa jambe traînante et les pauses qu’elle doit faire presque tous les mètres pour ne pas s’écrouler. Je crois qu’elle veut être forte, Fauve, pour me montrer comme ça ne l’emmerde pas que je ne veuille pas l’aider – pas la sauver. Je crois sans en être sûr. Mais t’as raison Fauve, je veux juste te tuer. On arrête un taxi après avoir marché des kilomètres pour le trouver, il semblerait. Fauve lui indique plus ou moins où il y a sa propre caisse. Le silence se fait dans l’habitacle – on regarde chacun à travers notre fenêtre dans l’ambiance pesante des décisions que nous venons de prendre. Le taxi s’arrête. On sort. Je paie. Nouvelle marche contemplative jusqu’à la caisse de Fauve. Bute là maintenant, Brishen. La ruelle est coupe gorge. Le quartier malfamé silencieux parce que le soleil se lève et que tous les bars sont vides. Je m’y refuse en pleine ville. Prend le volant, parce qu’elle n’est clairement pas en état de le prendre. Cette fille n’est pas en état de s’occuper d’elle sans être blessée, alors, imagine. Je roule. Un peu n’importe où et un peu n’importe comment. Dois faire preuve d’une concentration extrême pour ne pas niquer le volant du 4x4. Le tiens du bout des doigts. Fais quatre ou cinq fois les rues sombres de Mejdouretchensk. Maintenant. Le pied écrase la pédale de frein. Après un virage, dans un endroit calme. Envoie valser nos carnes vers l’avant. Fauve glapit quand la cage thoracique encaisse difficilement le coup. Et son cou se pique à la pointe du couteau de boucher. La paluche n’hésite pas. Le regard est de marbre. Il ne me faudrait qu’un geste… Qu’un tout petit geste pour lui trancher la carotide.Tu vas mourir, que je murmure… Dans un constat véridique et froid – pas celui que ma main pourrait apporter. Tu ne vas pas mourir de ma main Fauve. Tu vas mourir de ton bide.Qu’est ce que tu auras fait de bien pour toi, Fauve, avant de mourir ? Qu’est ce qui te rend fière ? Qu’est ce qui te rend fiable ? La lame relève le menton de Fauve quand j’en étudie vaguement le profil. Ne sois pas lâche, Brishen.Tu pourrais tuer n’importe qui quand tu es comme ça, n’est ce pas ? Tu es plus dangereuse que ce qui t’habites parce que tu ne te contrôles pas. Fauve… Ca sonne comme une question, ton prénom.

Crissement.
Klaxon.
J’ai à peine le temps de relever le nez.
A peine qu’une autre voiture percute la nôtre.
A l’arrière. C’est la portière arrière qui prend. Ca fait tourbillonner le cul du 4x4. Ca me fait lâcher mon arme. Le couteau tombe dans les pattes de Fauve. Je pense Le Blond. Me tourne et ne voit qu’une grande blonde habiller en tailleur. La gueule paniquée de celle qui n’a pas fait exprès. Ma paluche s’arrime au genou de Fauve dans une douleur partagée. – Mon Dieu ! Mon Dieu ! J’appelle les secours ! J’appelle les secours, qu’elle hurle, la blonde à en avertir tout le quartier. Pourquoi ? Je veux dire que tout va bien. Mais ça serait un mensonge. La tronche de Fauve prouve à elle seule que tout va mal. Je lui coule une œillade indéfinissable. – Je reste avec toi. Jusqu’à ta Mort.


Couleurs des Dialogues:


©️crack in time
  Lun 30 Sep - 16:25
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( Animal Instinct ft. @B. Brutal Ayaz )
L'aide que je quémande du bout des lèvres en foutant les formes, en tentant d'expliquer maladroitement. Ce n'est pas moi, ce n'est pas ma faute, je ne le fais pas exprès, aide-moi, s'il te plaît. Mais il n'aide pas, Brutal, il pense pratique. Il pense qu'il faut ranger et je pense tu ne crois pas que c'est un peu tard pour s'en préoccuper ? Je ne sais pas ce qui me fait le plus mal. La béance qui me lance ou le couteau qu'il vient de me planter quelque part dans le myocarde en se foutant ouvertement de moi. Le monde s'écroule sous les panards, gouffre immense qui réclame sa pitance, à moins que ce soit moi, seulement moi. Hochement de tête, les iris fixent un point imaginaire juste derrière pour ne plus à le voir lui, pour ne pas voir le dégoût et l'horreur sur son visage. Je m'enfonce dans la salle de bains, glisse le long de la porte, étouffe les sanglots dans mes paumes. Le rejet est violent, virulent, il perfore la cage thoracique. Autre béance tout aussi douloureuse que celle qui est visible sur le flanc, celle que je ne touche pas, que je ne regarde pas, qui suinte son jus sur le blanc du sol. Qu'est-ce que tu croyais, Kah ? Qu'il serait différent des autres, vraiment, qu'il pourrait comprendre et accepter ? Regarde-toi dans le miroir, tu es laide, ma pauvre Kah. Si laide en dedans comme au-dehors. Tu n'es même pas humaine, tu n'es qu'une chose avide de chair et de sang. Tu ne sais même pas ce que tu es vraiment, tu sais seulement que ce n'est pas normal. Et si toi, tu le sais, comment aurait-il pu en être autrement pour lui ? Réfléchis un peu, Kah. Il ne sera jamais bon pour toi. Il te déteste déjà et tu ne saurais jamais, jamais qui il est. Et les sanglots se tarissent, ne restent que le froid et le vide dans le cœur et dans la tête. Je me souviens des jours, des mois et des années, enfermée dans cette minuscule cellule capitonnée. Tout était blanc, si blanc, tellement blanc, aussi blanc que le carrelage sous mes pieds. Et il y avait le vide en dedans, parce que c'était plus facile de ne rien ressentir, de lâcher prise avec quelques cachets ronds. Mais je n'ai pas oublié. Rien oublié du tout. Je me souviens des visages, des grains de peau, des ridules sur les traits, la couleur de leurs yeux et de leurs cheveux. L'odeur de l'antiseptique partout et de l'humidité, parfois, quand ils m'emmenaient dans le noir. Je me souviens du timbre des voix et ses variantes. Je me souviens que je détestais ça. Je me redresse difficilement, rampe un peu, me hisse sur le rebord de la baignoire, sens l'entaille qui tiraille à m'en donner la nausée. La menotte fouille l'armoire, trouve des compresses et de l'alcool à 70. Le crâne cogne sur le mur pour taire la douleur qui se répand partout tel un poison sous l'effet de l’alcool. Tas de compresses que je scotche grossièrement pour ne pas avoir à regarder. Et je me décide à sortir, après des minutes ou des heures. La porte s'ouvre en silence, s'ouvre sur lui, là, devant. La veste qu'il pose sur les épaules, que j'enfile sans discuter, sans dire oui ou non ou merde ou va te faire enculer. Le cuir flotte, trop grand, trop large, les menottes n’apparaissent même pas au bout des manches. J'avance péniblement, grimace à chaque mouvement. Le bras se resserre autour du bide pour maintenir le semblant de pansement et tout ce qui voudrait sortir. J'ai chaud et j'ai froid, le front est moite. J'ai mal. J'ai toujours la gerbe, vois apparaître des points blancs et noirs devant les mirettes jusqu'à ce que tout devienne trop flou pour que je continue de marcher.
Pause.
La scène se répète un nombre incalculable de fois. J'ai envie de m'arrêter, de m'allonger sur le bitume frais et de regarder le ciel. Le ciel ou les lampadaires, mais l'ego pousse à continuer, à ne pas montrer que ça ne va pas quand ça ne va clairement pas. Je vais bien, ouais, je vais bien, je n'ai pas besoin de toi, plus besoin de toi, Brutal ou peu importe qui tu es, même si je crois que ça te va plutôt bien, ça, ouais, ça te représente aussi bien que moi, je crois. Est-ce qu'on t'a fait du mal, à toi aussi ? Est-ce qu'on t'a enfermé au point que tu en crèves et renaisses sous un autre ? Un peu plus loin, un taxi est hélé. Je me vautre sur la banquette, me retiens de dégueuler sur les fauteuils en tissus, bien que ça ne ferait qu'une tache de plus parmi les autres. La ville dort encore, certains arpentent déjà rues et trottoirs, à pieds, à vélo ou à moteur. Je les compte, en dénombre une dizaine avant d'arriver à l'endroit indiqué plus tôt au chauffeur. Le 4x4 est garé là, juste derrière la ruelle du bar dans lequel je me suis échouée plus tôt dans la soirée. Et j'ai l'impression que ça fait déjà une éternité. Éteinte, je monte côté passager sans m'offusquer, sans lui demander de prendre soin de mon bébé. Et il conduit mal, Brutal. Il conduit comme un pied au point que je me demande, à un moment, s'il a vraiment son permis. Les sourcils se froncent à chaque venelle étroite dans laquelle il tourne. Tu as trouvé plus miteux encore que ton hôtel pourri ?
Stop.
La voiture freine trop fort, balance la carcasse vers l'avant, se cogne moitié dans le tableau de bord, chute par après. Et je la vois trop tard, la lame qui brille, qui reflète les maigres lueurs de l'artère. La surprise n'a pas le temps de traverser le minois qui blêmit. Il menace quand les yeux se gorgent d'eau. Brutal, il assure que je vais mourir et j'imagine déjà le pire, la lame enfoncée là, dans les tréfonds de ma gorge. Les questions ne sont qu'un vague bourdonnement de fond. Parce que t'es là, à menacer de me trancher la gorge et pas par accident, mais par désir ou par vengeance, qu'est-ce que j'en sais au fond. J'avais tort sur toi. J'avais tort de croire que tu pourrais comprendre, toi, parce que tu semblais différent. La vérité, c'est que tu le n'es pas. Tu es comme tous les autres, aussi étriqué et fade et un véritable connard. Pourquoi tu ne m'as pas laissé, là-bas ? Pourquoi tu ne t'es pas tiré quand tu en avais l'occasion ? Tu veux jouer au héros, montrer au monde que tu as tué une bête, toi aussi, une bête monstrueuse ? J'aurais aimé ne jamais te rencontrer, Brutal. J'aurais aimé que tu n'existes pas dans mon monde.

Déglutition.
J'ai envie de lui hurler tu ne comprends rien, connard, si je ne savais pas me contrôler, je t'aurais tué le premier jour, je t'aurais égorgé comme un porc et j'aurais découpé tes membres pour les conserver dans mon congélateur. Si je me fais mal à moi, c'est pour ne pas le faire aux autres, mais tu comprends pas, tu ne comprends rien. La bouche s'ouvre et se referme aussitôt, quand les corps valdinguent de nouveau. Les paumes cherchent à se retenir quand tout tourne autour. La bagnole se stabilise et j'ai la sensation que l'on ne s'est pas encore arrêtés, que je suis piégée dans cette caisse à tourbillonner. C'est sa pogne qui me tire de là, dans un pincement qui m'arrache un cri étouffé. La trogne se tortille, cherche la voix féminine qui s'agite au-dehors, comme une foutue petite abeille. Je le regarde, bats des cils, balance la tête de droite à gauche. Je ne veux pas que tu restes avec moi. -Lâche-moi que je murmure d'une voix plus grave et plus froide. Mais il n'écoute pas, la portière s'ouvre et la pression se fait plus forte sur ma guibolle, si bien que j'ai la sensation qu'il est en train de me la broyer. La blonde se dandine jusqu'à moi, se penche, m'aide à sortir de là. Il n'a plus le choix que de lâcher. Je dégueule, éclabousse ses godasses perchées. -Oh mon dieu, oh mon dieu, est-ce que vous allez bien ? Je suis terriblement désolée, je, je ne vous ai pas vu et... Oh mon dieu qu'est-ce que j'ai fait. Elle est catastrophée, passe ses mimines sur sa trogne et dans ses cheveux bouclés, tapote parfois mon dos comme pour se montrer compatissante. Je lance une œillade dans l'habitacle, pour le voir lui, mais tombe sur la lame épaisse qui traîne sur le tapis. Elle me tire un peu, précautionneusement, se penche. -Monsieur, est-ce que vous allez bien ? Pas de réponse. -Vous êtes blessé ? Pas de réponse. Pourquoi tu ne lui dis pas, ouais, pourquoi tu ne racontes pas que je suis un monstre et que tu étais sur le point de me buter dans une ruelle qui sent la pisse et la merde. Allez, dis-lui, dis-lui ce que je suis et peut-être, que c'est toi qu'on enfermera dans un asile, toi qu'on vendra, qu'on droguera pour que tu restes bien docile. -Il n'a rien que je lâche finalement, avant que la nana ne fasse une apoplexie. -Dieu soit loué. Amen. -Je vais prévenir les secours et, je la coupe -Non, ça va aller. Les flics vont rappliquer, on va m'emmener et je vais devoir expliquer pourquoi j'ai un trou au bide, on va me forcer à voir un médecin et je n'ai pas envie, ouais, je n'ai pas envie de ça. Alors non, merci, ça va aller, tu peux rentrer chez toi. Elle ne comprend pas très bien, pointe ma trogne livide. -Mais vous n'avez vraiment pas l'air d'aller bien mademoiselle. -Je, je vais bien, c'est le choc, je veux juste rentrer chez moi. La blonde se faufile jusqu'à sa voiture, en ressort un bout d'enveloppe kraft qu'elle a déchiré et note dessus au stylo à bille bleu foncé, son nom et son numéro de téléphone. -Si jamais, n'hésitez pas à me contacter, d'accord ? Je suis tellement, tellement navrée. Mais vous êtes sûre ? Vous devriez tout de même consulter... Hochement de tête en guise de réponse. Je retiens les grimaces, ai la désagréable sensation que je perds des bouts de moi. Le cuir se referme autour de la panse et je me remets dans la bagnole comme une grosse conne. Je ne peux pas te laisser dévoiler mon secret. Personne ne doit savoir, jamais. Je ne veux pas que l'on m'enferme à nouveau. Le pied repousse la lame loin sous le siège. Je suis fatiguée, si fatiguée que les paupières papillonnent. -Tu ne me connais pas, largué-je d'un timbre rocailleux. -Et tu ne peux pas comprendre, parce que t'es comme eux, ouais, comme eux. Le minois se tourne vers la fenêtre. -J'aurais dû le laisser te bouffer soufflé-je si bas que je ne suis pas certaine qu'il puisse entendre. Après quelques mètres je demande -Pourquoi t'es là ? Pourquoi t'es pas parti ? Tu veux me tuer, c'est ça ? C'est pour ça que t'as pris ce couteau. Ouais, c'est pour ça. Les babines se tordent dans une moue peinée. -Je veux rentrer chez moi, ajouté-je après des minutes silencieuses. Et son silence me tue, m’anéantit. -Je ne voulais pas te faire de mal, là-bas. L'aveu en murmure. -Laisse-moi rentrer, Brutal. Le mutisme encore, encore, encore. -Tu vas m'ignorer encore longtemps ? Putain je aah. La carcasse s'est trop agitée et la béance se rappelle à mon bon souvenir. Je grogne, respire bruyamment en soufflant entre mes dents pour que la douleur s'estompe. J'ai mal dans mon crâne, ça s'étend jusqu'aux tempes, longe le front et le nase. -Je t'ai sauvé de lui, putain, je t'ai sauvé de lui en me faisant mal à moi et toi, toi t'es juste trop con, trop con, trop con. ARRÊTE CETTE PUTAIN DE VOITURE CONNARD, JE VEUX RENTRER CHEZ MOI ! Je beugle et me tortille, crache mes tripes en expulsant la souffrance et la frustration.



( Pando )
( Old Money )
  Lun 30 Sep - 23:19
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B. Brutal Ayaz
MONSTER UNDER YOUR BED
B. Brutal Ayaz
Impétuosité : 164
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ANIMAL INSTINCT ft @K. FAUVE WARD

You alone have the power. You only hold the control. [...] One fleeting moment. Few short-lived seconds. Mere short flicker in time, for the shadow to grow and die.

Je ne te lâcherai pas. Mais les actes sont plus imprévisibles que la pensée. La blonde perchée sur ses talons fait le tour de la voiture. Veut aider Fauve à sortir de l’habitacle quand je me mure dans un silence aussi tranchant que du verre pillé. On se regarde en chien de faïence – à celui qui cèdera à la pression sociale en premier. Mon poing se referme sur le genou. Le relâche quand Fauve est extraite du véhicule malgré moi. La blonde lui cause, dans la panique de l’accident. Elle est un peu brouillonne, surtout quand Fauve vomit son dernier repas – le steak atterrit sur le bitume crade d’une ruelle crade de Mejdouretchensk. Je me tourne légèrement pour voir l’état de sa caisse – l’état de la nôtre. Rien que de la carrosserie. A mon avis, tout le monde peut repartir de son côté. La blonde et son tailleur. Fauve et moi. Je me dis qu’il faut que je finisse ce que j’ai voulu commencer. Que je récupère le couteau qui brille encore côté passager. Que je récupère Fauve qui va probablement vouloir se barrer. La blonde me cause. J’ignore ce qu’elle baragouine. Fronce un peu le nez. Tend l’oreille dans l’habitude d’une vie – celle d’un sourd et muet. Hausse une épaule quand Fauve répond à ma place parce que la réponse la satisfait. Je vais bien. Merci. Dégage. J’esquisse le mouvement de sortir. Le stoppe quand Fauve indique qu’elle veut juste rentrer chez elle. Où ? Dans ton cabanon sans eau ni électricité, en plein milieu de la forêt ? Et tu vas y aller comment ? A pied ? Avec elle ? Avec moi ? Le dos se cale dans le dossier. Les corps dansent, dehors, dans un pleutre mensonge. Je comprends que Fauve a plus peur de l’hôpital que de moi – de la mort que je lui ai promis. Elle remonte. Envoi valser l’arme blanche sous son siège quand je remets le contact. La blonde, tremblante, fait un signe de la main à Fauve. Ne sait pas qu’elle vient de la laisser partir avec l’homme qui s’était arrêté pour la tuer.

Pourquoi t’es là, Fauve ? Cet accident, c’était un peu comme ton saufconduit. Le 4x4 reprend la route dans un grattement de tôle fatiguée – un peu comme nous. Avale les mètres dans un ronron assez irrégulier pour me faire ralentir dans tous les virages. Le silence n’est pas long, Fauve défonce des portes ouvertes. Me laisse couler sur elle un regard circonspect. Je ne me suis jamais targué de te connaître, Fauve. Mais j’ai vu ce que tu étais… Ou une partie de ce que tu étais, et ça me suffit à te catégoriser. Je me colle à la vitre. Sors une clope quand elle a décidé de se montrer bavarde, Fauve. Elle me fait claquer la langue puis me la mordre pour ne pas lui répondre en lui hurlant littéralement dessus. Je ne discute pas avec les mortes, que je me pense en remuant sur mon siège, foutrement mal à l’aise. C’est ça, Brishen, d’avoir hésité. D’avoir voulu parler. Si tu l’avais égorgé, vous n’en seriez pas là. Tu serais tranquillement parti d’ici… Sans un parasite trop bavard. Et elle n’est pas contente, Fauve. Hurle dans la caisse comme une gamine ferait un caprice. Rendrait l’ouïe à n’importe qui. Elle y met du cœur, Fauve, à me beugler de la ramener chez elle. Et ça me fait grimacer, parce qu’elle pourrait être convaincante si sa gueule ne passait pas par toutes les couleurs de l’arc en ciel. T’es tantôt verte tantôt blanche… T’as paumé ton charisme à l’instant où t’as planté tes mains dans ta putain de plaie Fauve. Je freine. – non. Non. NON ! m’époumoné-je en arrachant les clés du contact. La pointe du doigt. Aimerais, à mon tour, l’engueuler. Parler. Me contente d’onomatopées. Ne crache qu’une insulte en claquant la portière. Manque de péter la vitre. Disparais à l’intérieur d’une pharmacie de garde. Je vide la moitié de l’étal de compresses, de bandes et de désinfectant. Prend des brosses à dents, des savons et ce genre de conneries pour la forme. Passe en caisse dans l’indifférence presque flippante de la caissière qui m’encaisse. Ressors. M’étonne de voir encore Fauve là. Me rappelle que c’est son 4x4 et qu’elle n’a surement pas voulu le laisser entre mes paluches. Je remonte. Balance le sac en papier à l’arrière. Repars. Pourquoi tu ne la tue pas ? Je bouge. Gigote. Elle est faible. Tue là maintenant, Brishen. T’attends qu’elle se soit remise pour lui planter un couteau dans la gorge ? Pour lui tirer une balle dans la tête ? Qu’est ce qui t’as fait changer d’avis ? Qu’elle te rappelle qu’elle t’as sauvé la vie ? Qu’elle avait l’occasion de te bouffer mais qu’elle ne l’a pas fait ? Tu penses que c’est glorieux ? Elle est cinglée, Brishen, tu l’as vu. Tu l’as senti. C’est une pecnode. Elle est comme toutes les autres pecnodes mais elle, elle digère la viande humaine. Est-ce que tu ne t’en voudrais pas plus de la laisser filer et d’apprendre qu’elle a fait des morts, plutôt que de la tuer là ? Maintenant ? C’est quoi le pire ? Une vie ou des dizaines d’autres ?

Nouveau coup de freins sur le parking d’un motel. Un qui me paraît être assez minable pour que je puisse nous le payer. Je récupère le sac en papier, balance un – On dort ici cette nuit, assez bas pour qu’elle peine à m’entendre, Fauve. Je la bouscule un peu pour qu’elle me suive. Lui envoi un regard noir comme si ça pouvait lui intimer de se taire. Cette fois, je marche à côté d’elle jusqu’à l’accueil. Demande une piaule qu’on met des plombes à nous filer. Ne fais pas comme si t’étais blindé de clients, Ducon, on voit bien que ce n’est pas le cas. Son doigt glisse trop longtemps sur son cahier de réservations vide. Il nous donne ce qu’on veut, à l’autre bout du site. Fauve est lente. Assez pour que je finisse par la soutenir. Elle n’en a possiblement pas envie mais je ne lui en laisse pas vraiment le choix. Elle doit croire que tu l’amènes à l’abattoir. Mais je n’ai pas pris le couteau. Juste ce sac pour qu’elle se soigne. Fais pas la conne Fauve.

La chambre est primaire. Un lit double, une table de chevet, des traces non identifiées un peu partout et une salle de bains dans laquelle je peine à entrer. Avec Fauve. Je lui retire la veste. L’aide à se déshabiller quand elle ne semble plus comprendre ce qui lui arrive. Je te tue et je te sauve. La fous sous la douche. Lui allume à la tronche un jet d’eau si froide que sa peau encrée se parsème de chair de poule. J’ajuste la température. Déballe les instruments de torture. Lui donne de quoi se savonner. – Evite la plaie. Et j’attends. Sagement, que Fauve enlève sa crasse. Qu’elle débarrasse un peu la blessure des saloperies qu’elle y à mise en se soignant comme une malpropre. Fauve termine. Je lui passe une brosse à dents. Elle me regarde bizarre quand elle se met au niveau du lavabo. Je rase les murs dans l’espace exiguë. Vais à son flanc. Me baisse pour voir. Légèrement. Assez pour constater que rien n’a changé depuis avant. La plaie est moche et abimée. Et je ne suis pas médecin. Tu vas choper une infection et crever sans mon aide. Je prends une compresse. La barbouille de désinfectant. Un. Me décale. Me poste dans son dos. Deux. Appose ce que je tiens aux côtes. Trois. Fauve couine quand je presse un peu fort. Ca m’arrache une explosion dans la gueule. Ca me retourne l’estomac. Me donne la gerbe. J’ai l’impression que j’ai mal, comme elle. Une douleur dans mon crâne – dans toute ma carcasse. Ca m’électrice de la manière la plus désagréable qui soi. Je sens chacun de tes tissues fibreux. Je sens ta peau dans ma peau. Ton sang dans mon sang. Je sens cette lésion béante comme si c’était la mienne. Je sens mon cœur juste là et le tiens aussi je crois. Qui pulse et qui brûle chaque putain de parcellé de mon corps et du tiens. A chaque BOUM. A chaque BOUM-BOUM-BOUM. Je sens ta douleur. Je sens ta putain de douleur partout. Partout sur moi. La tienne et la mienne et ça se mélange et ça me fait voir des points blancs – mal apprécier les mouvements. Ca fait tourner la terre plus vite… Je trésaille. Bascule en avant. Me retiens au mur pour ne pas écraser Fauve. La vois se cambrer sous mon poids. – Fuck, que je grogne dans une déflagration plus violente. Plus je te touche et plus je te ressens. Comme si on ne faisait qu’un dans ce tourment. Et je bouge plus, ouais. Je bouge plus. Reste comme ça. Contre Fauve qui irradie d’une chaleur fiévreuse – qui respire en hachuré – pendant une éternité, il me semble. Jusqu’à ce que je balance la compresse dans la douche pour venir lui en coller une autre dans une souffrance moindre. Je suis plus droit. Plus statique – mais j’ai toujours son envie de gerber dans le fond du gosier. Je t’avais dit que je ne pouvais pas te toucher. Ca me rend malade mais je serre les dents. Il parait qu’elle a dit s’il te plait Fauve – avant de me traiter de con et de connard. Tue-là. Je ferme les yeux. Les rouvre pour venir terminer ces soins précaires avec une bande tout le tour de son ventre. Recule dans un hoquet bileux. M’échappe dans la piaule avant même qu’elle n’ait pu me remercier – je veux te tuer, t’étouffe pas en remerciement Fauve.

Le râble se colle à une cloison pour se laisser choir sur le sol. Il me faut quelques secondes pour vérifier à mon flanc que je n’ai rien – sens encore son souffle sous mon crâne. Palpe ici et là dans un soupir rassuré. Cale une clope entre les lippes. Détourne le menton quand Fauve revient pour se foutre sur le lit. Dors. Dis rien. Je m’en tamponne l’oreille avec une babouche de ce que t’as à me raconter. Laisse moi. Je veux continuer de t’ignorer en toute tranquillité.Je n’ai pas changé d’avis, que je bave quand j’ai peur qu’elle ouvre la bouche pour autre chose que me dire merde. – Je veux toujours te tuer. Son visage se ferme. Ou reste neutre. Je ne la fixe pas assez longtemps pour saisir le fond de l’expression qui la traverse. – Prend ça comme un service… Je parle toujours de ta mort, pas du reste.Rentrer chez toi ne te sauvera pas de moi. Mais je ne te tuerais pas ce soir, Fauve. Parce que… Parce que tu ne m’as pas dénoncé quand tu aurais pu. Quand ça aurait simple de le faire comme il me serait simple de te tuer quand tu dors. Je soupire. Plaque l’arrière du crâne contre la tapisserie pâle. – Dors. Ou pas. J’suis pas ton père fait ce que tu veux tant que tu ne te barre pas d’ici… Tu me diras à poil ou en serviette ça risque d’être vachement compliqué de passer inaperçu.

C’est pour éviter un nouveau semblant de conversation que je me motive à me trainer jusqu’à la salle de bains dans les ersatz d’une peine qui ne m’appartient toujours pas. Je vire mes fringues. Me douche. Vérifie l’épaule qui n’est pas aussi jolie qu’elle le devrait. La main mordue semble être la chose qui a le mieux cicatrisée et la pommette, qui s’est colorée depuis l’altercation dans le bar. Le reste des bleus est sans grand intérêt. Et il n’y a que l’impact de la balle qui reçoit des soins appropriés – de longs, très longs soins. La journée va être interminable. Je erre. M’assoupi dans un angle ou deux. Observe Fauve, de loin et de moins loin. Passe une main devant son visage pour être certain qu’elle respire encore. T’es con, Brishen. Vais à l’accueil pour demander un téléphone, manière de commander de quoi manger – manière que Fauve ne bouffe personne à son réveil. Fais le tour du motel une ou deux fois… Parce qu’on aurait pu nous suivre même si je sais que les probabilités sont maigres. J’hésite à aller chercher mes affaires, que mon jean sale me gêne et me gratte mais en fait Non, tant pis, plus tard. Reviens avec Fauve pour m’asseoir à côté du lit. Dos contre le lit, au niveau des oreillers, la face fixée niveau fenêtres. Il ne pleut plus quand Fauve se réveille, mais le vent qui rentre dans la pièce est glacé. Elle roule sur le flanc dans un grondement dérangé – je sais ce que ça fait. Ma nuque se tord quand elle se penche au-dessus de moi, comme pour voir si je suis bien là. Bonsoir.Des pizzas vont arriver. La tienne est à la viande, avec de la viande, dans un enrobage de viande sur une pate de viande. Elle bouge Fauve, sans que je ne puisse dire ce qu’elle trafique. – Il y a encore de quoi faire ton bandage dans la salle de bains, mais il n’y a rien pour que tu puisses t’habiller. Court silence.Ne me redemande pas de te toucher. Ou de t’aider. Ou quoi que ce soit qui implique un contact physique. La langue charcute une petite plaie au palais. Les mirettes s’évadent, au loin, sur un oiseau qui passe. Sur une voiture qui ralentis et sur des brins d’herbe qui tanguent de droite et de gauche. – J’ai mal, quand j’essai.


Couleurs des Dialogues:


©️crack in time
  Mar 1 Oct - 10:40
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( Animal Instinct ft. @B. Brutal Ayaz )
Laisse-moi rentrer chez moi, laisse-moi disparaître et fais comme si je n'existais pas, comme si je n'étais rien, ni personne, un mirage, une chimère, un cauchemar ou ce que tu voudras. Mais je veux rentrer, j'ai besoin de rentrer. Son refus est presque aussi bruyant que mes râles, plus grave, plus profond encore. Ça me coupe la chique, ce non qui n'a pas d'explications. Il dit non, juste non sans rien autour et il se tire. La tôle vibre sous l'impact et je le regarde s'engouffrer dans une boutique de quartier. C'est le moment de te tirer, Kah. Sors de cette bagnole, éloigne toi de lui si tu ne veux pas mourir. Sois pas conne, tu ne pourras pas le changer, il ne pourra pas t'aider, il n'en a pas envie. Il pense juste à t'exterminer parce que tu es un problème. Un problème qui n'a d'autre nom que le mot monstre. Incapable de bouger, les paupières battent lentement. Et peut-être qu'il a raison, j'ai peur moi aussi. De moi, de ce que je pourrais faire à tous ces gens qui croisent mon chemin, un jour, quand rien n'ira bien, quand il n'y aura plus que lui. Lui en dedans souillant l'existence. Battement de cils.
La trogne est posée sur la vitre. Elle est froide, la vitre, me gèle le crâne, mais ne vient pas effacer les pensées en tas de purin. Bras enroulés à la carcasse, je regarde le dehors, ai le sentiment de ne pas être à ma place. Ni ici, ni ailleurs. Existence fragile qui se morcelle pour ne laisser qu'un vide existentielle. Tout ça, tout ça, c'est depuis l'orage, quelque chose s'est approchée, une lueur a pénétré la cage thoracique, n'en ai probablement jamais ressorti. Ça m'a rendu défaillante et différente. Plus encore que je ne l'était déjà même si je ne pensais pas ça possible. Tu ne sais rien, Brutal. Pas le moindre chapitre, pas la moindre ligne. Tu juges à la couverture, aux cicatrices, à ce que tu as vu là-bas. Tu juges sans réfléchir, sans essayer de comprendre pourquoi, pourquoi je me ferais du mal si j'étais si dangereuse pour les autres, pour toi. Je crois que je voulais que tu comprennes pour que le fardeau soit moins lourd à porter, seule. Mais tu ne comprends rien. C'était une erreur. Laisse-moi rentrer.
Arrêt.
Le mâle décrète que l'on dormira ici, dans ce vieux motel pourri. La devanture est sale, il n'y a plus qu'une lettre qui clignote, le L de motel, dans un grésillement désagréable. Les menottes entortillées à mon ventre, je marche sans envie vers l'accueil. La gueule fade à mourir, le regard éteint, je vois bien qu'il tente de déchiffrer ce qui ne va pas, le type derrière son comptoir, s'il doit téléphoner à la police maintenant ou après parce qu'il aura retrouver mon corps ou que sais-je encore. Il tarde à nous donner une chambre, attend sans doute que je lui montre que tout va bien, que je ne vais pas venir mourir dans une de ses piaules de merde. Hochement de tête. La clef est posée sur le comptoir, poussée de son index dans un sourire polie aussi faux que son postiche. Il faut traverser tout le parking pour espérer enfin se poser alors qu'il n'y a que trois ou quatre bagnoles garées devant. Je peine à avancer, retiens les sons qui voudraient s'extraire du gosier, des gémissements douloureux, des couinements de chaton blessé. La fatigue me rend plus lente encore et les petits points dansent toujours devant les mirettes, bordent la vision d'un flou artistique qui me fait hésiter à chaque enjambée. Alors il soutient et maintient, le mâle, force la marche et je grogne. Vibration dont il se branle. La piaule est aussi minable que le reste, sans doute que j'arriverais à rechigner sur des détails même si cette dernière était parfaite. Il me largue dans la salle de bains, retire ma veste et je pense qu'il veut seulement récupérer ses effets personnels et qu'il va me laisser croupir là, sur la chiotte ou dans la cabine de douche. Les yeux s'écarquillent quand il soulève le tee-shirt, aide à retirer le reste. Tout le reste. Le pansement de fortune s'arrache et ça disjoncte dans la cabèche. Qu'est-ce que tu fais ? Ai-je envie de lui demander. Parce que je ne comprends pas, n'entrave rien à la scène qui se joue sous mes yeux et dans laquelle je reste spectatrice. Automate, il me dirige sous le jet de flotte et dans un moment de flottement, je le regarde. Tu as les prunelles froides et les traits graves. Tu me fais penser à ces types en blouse blanche qui répétaient sans cesse, sans cesse que c'était bon pour moi. Est-ce que tu le crois ? Est-ce que tu crois que le meilleur pour moi, ce serait de me tuer, Brutal ? L'eau glacé est crachée par le jet, fouette la colonne vertébrale qui se raidit si fort que la blessure crache une petite gerbe écarlate sur la faïence. Je pense qu'il va me noyer, panique à l'idée qu'il le fasse. Ma tête plongée dans l'eau froide pour revenir à la raison, pour devenir raisonnable et accepter l'évidence. Ils disaient que j'étais malade, folle, mais je crois que c'étaient eux, les fous. Je crois que c'est toi, le fou.

Il tend un flacon, ordonne, ordonne toujours, encore. Et je frotte, frotte la crasse qui se décolle de la carne. Frotte trop fort, ne sais plus comment me foutre pour ne pas qu'il regarde, me range dans un coin de la douche pour échapper un peu, juste un peu à ses orbes noirs. Je peine à lever les bras, penche seulement la tête pour retirer la merde de mes cheveux en les lavant du mieux que je peux. La flotte se coupe, les canalisations tremblent et le siphon gobe le restant de saletés. Je dégouline et la seule chose qu'il me tend, c'est une brosse à dents. C'est quoi ton problème ? Tu préfères me tuer quand je suis propre ? C'est un tic ? Je dégouline sur le tapis, face au lavabo. Les dents sont frottées minutieusement et j'évite mon propre reflet dans le ridicule petit miroir en lorgnant de temps à autre sur le sien. Mais son profil disparaît, à un moment donné. Il est penché là, sur la plaie, pour en examiner les contours ou déterminer le temps qu'il me reste à vivre, je ne saurais dire. Il revient derrière moi, je brosse moins énergiquement, maintenant, trop occupée à le regarder naviguer dans l'espace exigu.
Brûlure.
J'expire un râle, relâche la brosse à dents qui dégringole dans le lavabo et tente de me retenir à la céramique. Ça fait mal, putain ! Ça cloque dans la cage thoracique, ça pète à l'organe, déraille à l'intime. Les pulsations du myocarde se dérèglent. Il bat trop vite et trop fort, ralentit et accélère. L'air pénètre difficilement les poumons, parce que la béance incendie les côtes et les comprime. Il titube, Brutal, se penche vers l'avant, son corps contre le mien, il emprisonne de ses bras.
Halètements.
Sa chaleur se répand le long de l'échine, me dévore. L'incompréhension tire les traits du minois. Et l'instant perdure encore, encore un peu. Il se redresse, recommence la douloureuse torture puis bande la bedaine. Je ne te comprends pas. Pourquoi tu me soignes alors que tu voulais me trancher la gorge ? Tu as changé d'avis ? Tu veux t'assurer que je sois lucide dans une sorte de punition débile ? Tu aurais pu m'enfermer là en attendant que je crève d'une infection quelconque, d'un manque de bouffe, d'un manque de tout. La silhouette passe le seuil de la salle de bains, enroulée dans une serviette. Il est assis par terre, Brutal et je rejoins le pieu, m'assois dessus, fouille dans la cabèche les mots, les jolis, ceux qui voudraient dire autre chose que pourquoi. Il coupe l'élan, le brun, assure qu'il n'a pas changé d'avis, qu'il a toujours dans l'idée de me buter et que je devrais y voir là un service. Sans déconner ? Tu veux que je te dise merci avant ou pendant que tu seras en train de m'égorger ? T'as pas peur que je n'arrive pas à parler ? Et là encore, tu t'attends à ce que je te souris, que je te remercie de me laisser une nuit de sommeil en bon prince que tu es et demain matin, tu me demanderas ce que je veux au petit déj ? C'est quoi ça, le respect du condamné ? C'est quand que tu vas me demander mes dernières volontés ? Je me renfrogne, m'allonge et m'enfonce sous les draps et couverture. Les cheveux humides trempent la taie d'oreiller, je me recroqueville sur un côté dans une large grimace. J'entends la flotte couler et les vieilles canalisations vibrer et je m'endors malgré moi, incapable de lutter contre le sommeil qui s'enroule tout autour.
Extinction.
-Tenez-la. Je me débats sur le matelas et je les vois sans les voir. Les visages qui se succèdent, des masses informes. Vision troublée par les sédatifs injectés. Ils parlent et ils rient, touchent un bout de cuisse et un bout de bras, j'arrive encore à sentir leurs doigts, à les sentir sur moi. Les sangles scient chevilles et poignets. Je tire et tire jusqu'à ce que toute ma force me quitte. Jusqu'à ce son continu, un bip qui s'éternise comme un électrocardiogramme plat.
Réveil.
Je roule dans les draps, gronde parce que ça fait toujours mal. La trogne endormie, je bats des cils sur le plafond terne, parsemé de petites tâches grises, piqué par l'humidité. L'air frais s'engouffre dans la fenêtre, me fait grelotter et remettre la couverture. Sa silhouette se dessine à côté de ma tête. Je me penche, me demande s'il dort, suis surprise de voir que non, qu'il a même commandé de quoi bouffer. Je me rallonge, l'écoute distraitement quand il parle de pansement, de contact physique. C'est bon, je crois que j'ai compris. Je n'ai pas besoin que tu me ressortes le couplet qui parle de ton dégoût pour ce que je suis. La trogne se tourne dans sa direction, ne voit que le brun de ses cheveux ondulés. Tu as mal ? La question brûle les lèvres, voudrait s'échapper, mais crève quand on frappe à la porte. Le livreur de pizza.
Brutal paie sans un mot, ne répond pas à ses politesses et referme la porte. Le mec doit penser que c'est un connard et espère qu'il va s'étouffer avec un bout de poivron ou de chorizo. La carcasse se redresse dans le lit, l'odeur de bouffe emplit le petit espace. Il dépose les cartons sur le pieu, pousse le mien vers moi. Elle est parsemée de viande et je ne sais pas si l'attention est touchante ou non. Je bouffe en silence, m'enroule dans la serviette pour traverser la pièce et rejoindre la salle de bains. Assise sur la chiotte, le regard s'égare sur les bras et les jambes. Il y a des marques. Des marques de lui, de ses doigts sur mon corps à moi.
Délestée du coton, je contemple la carne et ses quelques bleus qui la recouvrent. Les tiges glissent dessus. Ça me rappelle ce que tu me disais déjà. Que tu ne pouvais pas me toucher.
Je retourne à ma pizza, dans ce silence merdique. C'est aujourd'hui que tu vas me tuer, dis ? Dans une heure ou deux ou trois ou quatre ou dix ? -Je suis désolée, si ça t'a fait mal, quand tu m'as touché. Petite voix qui s'élève dans le froid du matin. -Est-ce que tu ressens, ce que je ressens, Brutal ? La question semble floue alors je précise. -Ma douleur, tu l'as ressenti hier soir, pas vrai ? C'est pour ça que tu es tombé... Et ce n'est plus vraiment une question, seulement un fait. -Tu as toujours été comme ça ? Demandé-je, intéressée. Est-ce que tu ressens le bien et le mal ? La douleur et le plaisir ? La tristesse et la joie ? Ouais, dans quel mesure, tu ressens les choses, Brutal ?

La distance à nouveau. Il ne veut pas parler, pense peut-être que parler ça donne vie à quelqu'un et c'est plus difficile de le tuer par après. Comme les animaux qu'on nourrit et qu'on ne peut plus buter par la suite parce qu'ils sont différents. Ouais, différents des autres.
Je termine de bouffer, quémande une clope à la fin du repas. Et après des minutes interminables, alors que je suis près de la fenêtre, enroulée dans une couverture parce que j'ai froid, je lui parle, encore. Pour son plus grand dam.
-Je n'ai jamais tué personne, commencé-je le timbre enroué. -Je ne tue que les animaux, bouffe des cadavres, mais je n'ai jamais fait de mal à personne, Brutal. Ou peut-être à toi, juste à toi, je sais pas. J'en sais rien. Peut-être que c'est toi que j'ai blessé le plus dans tout ça. Parce que tu m'as laissé faire, tu m'as laissé te mordre une fois puis deux. -Tu sais le plus drôle ? C'est que ta présence m'empêche de vriller et que toi, tu ne penses qu'à me tuer. Je ne sais pas si c'est drôle ou si c'est désespéré. Sans doute que c'est désespéré. -C'est depuis l'orage. C'est ce qui m'a changé, je ne sais pas pourquoi. Et je n'y peux rien, je le subis, je le contrôle comme je peux. Alors ouais, ouais je suis quelque chose, je ne sais même pas quoi. Tu peux me tuer pour ça si tu veux, mais juste pour ça. Juste parce que je suis différente de toi. Parce que tu ne peux pas me tuer pour le bien de l'humanité, je lui ai rien fait à cette putain d'humanité. Si tu me tues, ce sera seulement un meurtre. Un meurtre comme on en voit dans les journaux le matin devant son café. Des gros titres, une enquête de police et puis l'oubli. C'est comme ça que ça se passe aujourd'hui, on termine dans un carton dans la rangée des affaires non élucidées avec des centaines d'autres. Un nom, un numéro et pas de témoin, personne pour réclamer le corps ou pour confirmer l'identité. Mais tu resteras à jamais mon meurtrier. Je tire sur la tige incandescente, crache la fumée et regarde au loin. Au loin il n'y a rien qu'un peu de verdure, deux bâtiments abandonnés et un abri bus. Cette ville est moche. Je termine ma clope, balance le mégot dehors d'une pichenette. -Tu ne m'as pas dit, tu ne m'as pas dit depuis quand tu es comme ça, depuis quand tu ressens ces trucs, parce que ce n'est pas normal ça aussi, pas vrai ? Ouais, ça ne l'est pas. Je crois que c'est pour ça que je te croyais différent. Ton sang est un nectar puissant et addictif, t'es la pire drogue qui existe. Tu n'es pas normal, Brutal. Avoir mal en touchant les autres, ça n'a rien de normal, je crois. Je ne le quitte pas des yeux, attends patiemment qu'il se décide à causer, à expliquer pour comprendre. Ou peut-être que tu veux seulement gagner du temps, Kah. Tu pourrais prendre le vase avec ses fausses fleurs blanchies par la lueur du jour, tu pourrais lui exploser le crâne et t'en aller en étant sûre qu'il ne dira à rien à personne, ton sourd et muet. Mais je n'ai pas envie de lui faire du mal, pas encore, pas tout de suite. J'imagine que j'aurais envie de t'arracher la carotide quand tu trancheras la mienne, mais je n'ai pas envie d'y penser.



( Pando )
( Old Money )
  Mar 1 Oct - 17:08
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B. Brutal Ayaz
MONSTER UNDER YOUR BED
B. Brutal Ayaz
Impétuosité : 164
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ANIMAL INSTINCT ft @K. FAUVE WARD

You alone have the power. You only hold the control. [...] One fleeting moment. Few short-lived seconds. Mere short flicker in time, for the shadow to grow and die.

Je n’ai pas besoin de fuir ou d’avoir une conversation normale. On frappe. Délivrance. La bouffe est livrée – le livreur est remercié d’un pourboire minable et d’une porte à moitié claquée sur le nez. Je m’en branle de l’été merdique et de la circulation en dents de scie et de la jeunesse d’aujourd’hui. Les cartons sont posés. Les pizzas entamées. La mienne est même dévorée. Je ne prends pas le temps de m’asseoir. Marche en mangeant. Fais des allers et des retours de la fenêtre au lit. M’allume une clope entre deux bouchées – vais boire pour faire passer. J’aurais dû en prendre deux, que je me dis en froissant le carton pour le jeter dans un coin. Mais tu en as pris deux, Brishen, et tu n’avais pas l’argent pour en prendre trois. Tu n’as, d’ailleurs, plus le sou et personne à voler. Puis tu as payé pour deux nuits, dans ce motel pourri, au cas où Fauve mettrait plus de temps à s’en remettre. Fauve s’en est remise et tu viens d’en écouler une, de nuit. Tu comptes faire quoi, demain ? Tu comptes la tuer là, après l’avoir nourri ? Ou tu comptes l’amener dans son cabanon pour lui faire, au moins, l’honneur de la buter là où elle voulait aller, depuis le départ ? Chez elle. Et quoi, Brishen ? Ca sert à quoi ce que tu fais là ? Tu joues à quoi ? Tu veux te prouver quoi ? Et à elle, tu veux lui prouver quoi ? Que tu respectes tes victimes comme le type à l’abattoir qui égorge les vaches ? Brishen… Réveille-toi. Je relève le museau quand j’entends sa voix à elle. A Fauve. Le relève à peine. Juste de quoi lui permettre de capter mon regard. Mes intentions… De voir une certaine douleur au fond de mes prunelles. Arrête, Fauve, de me poser des questions. Quand est-ce que tu comprendras que je n’ai aucune envie de te répondre ? Quand est-ce que tu verras que chaque réponse que tu me demandes me ramène à des souvenirs ou des faits désagréables ? Pourquoi tu insistes, Fauve ? C’est ta technique pour me faire compatir ? Plus on parle et moins je te tue ? Je baisse la tête. Renifle. Fixe les pieds nus sur la moquette sale. Sors une clope de mon paquet. Oui. J’ai tout ressenti hier.Mange. Le feu de mon briquet danse dans un faible éclat de soleil. Je tourne le dos à Fauve pour regarder ailleurs. A des milliers de kilomètre d’ici – là où est ma place. Avec les miens. Ces Rroms. Nous ne sommes pas comme tous les autres. Je ne suis pas les Autres Fauve.

Le temps s’écoule comme à ses habitudes. Dans le rythme incertain de l’ambiance pesante que je m’applique à maintenir depuis que je côtoie Fauve – depuis qu’elle m’a tiré dessus. Je suis comme ça, souvent… Mais ça ne dérange pas autant les gens que ça dérange Fauve. Je crois qu’elle n’aime pas mon mutisme, Fauve, quand ça arrange la plupart des protagonistes qui croisent mon chemin – les types qui causent pas, on a au moins pas besoin de leur faire la conversation. Et ça m’évite de faire semblant de m’intéresser à la nouvelle pop star à la mode. Mais Fauve, elle s’en fout aussi, de ça. Ce qu’elle veut c’est des morceaux de moi. Des bribes de vie. Des informations jetées là, en vrac, sur qui je suis et pourquoi je le suis. Surement pour rien résoudre d’autre qu’une curiosité étonnamment glauque quand on sait que je lui ai promis la mort. Savoir qui t’égorge a quelque chose de rassurant Fauve ? Si je suis quelqu’un de bien dans le fond ça va, sinon tu te débats ? Est-ce que si je suis intelligent ça justifie ma prise de décision ? Et si je suis con ? Est-ce que tu accepteras mieux si j’ai eu une enfance difficile et que je suis un déséquilibré ? Et si tout a été trop facile, dans ma vie ? Je lui tends les cigarettes. M’éloigne un peu de la fenêtre. Louche sur la porte d’entrée quand d’autres renseignements fusent. Sur elle. Sur ce qu’elle pense ou ce que je lui fais, comme effet. Je te calme ? Comment ? C’est mon odeur qui te tempère, qui étouffe celle que tu es à l’intérieur de toi ? Mon sang ? Mon indécrottable sympathie ? L’arcade s’arque. C’est quand tu commences à être aussi conviviale et sociale et naïve que je regrette moins de vouloir te faire passer l’arme à gauche, Fauve. Pas parce que tu n’as tué personne. Parce que ça, ça arrivera probablement un jour. Tu m’as proposé y a moins de 72h de tuer les gens qui me suivaient sans savoir pourquoi. Juste comme ça. Parce que je t’empêche de vriller. Alors… Eux ou une gamine de Mejdouretchensk… Est-ce que ça fait une réelle différence pour ta Bête ? Puis elle enchaîne. Sur les faits. Sur le commencement. Un soir d’orage comme il y en a tant à Mejdouretchensk ou partout ailleurs. Mais un orage c'est un orage, Fauve, ça n'explique pas ce que nous sommes. Moi, il ne pleuvait pas quand ça m'est arrivé, tu vois, il faisait juste froid. J'étais juste seul. C'est pas un truc toxique ou magique... C'est... Je ne sais pas ce que c'est. C'est des conneries Fauve. On est normaux. Ouais. On est juste normaux. On est pas tout droit sorti d'un conte ou d'une légende. Toi t'es folle et moi je suis malade... Allez. C'est la seule chose que je t'accorde.

Je dodeline du chef. Tique la seconde suivante. Quand Fauve réclame une sentence pour différence. C’est une blague ?On ne tue pas les gens parce qu’ils sont différents, que je souffle dans un réel étonnement. Brishen, chéri, on ne tue pas les gens. On ne les tue pas tout court. Point. A la ligne. Répète après moi : On. Ne. Tue. Pas. Les. Gens.On les tue parce qu’ils sont dangereux. Pour eux mais surtout pour les autres. On ne les tue pas parce que leur gueule ne nous revient pas. On ne les tue pas parce qu’ils ont une couleur de peau atypique. Tu ne peux pas me dire ça alors que l'histoire nous a appris que c'était un incroyable bullshit. Apprenons au moins des erreurs des Hommes, Fauve. Mais elle s’en fiche un peu Fauve. Elle a le regard perdu sur l’horizon. Ses deux billes en amandes naviguent d’un caillou à un arbre à des maisons. Elle resserre un peu la couverture qui lui sert d’imper contre sa poitrine quand sa peau se dentelle, une nouvelle fois, de cette chair de poule qui fait ressortir chacune de ses cicatrices. Tu es belle quand tu ne sais pas que j’existe. Et elle en revient à moi. Pète ce moment magique où le jour, dehors, et la grisaille, la faisait paraitre plus lumineuse que d’habitude. Là, elle ne m’extrait qu’un long soupir. T’es chiante. Elle me fait me remettre en mouvement quand je sens qu’elle me fixe. Et j’ai beau aller de droite et de gauche. Repousser les cartons ou me cacher dans la salle de bains elle continue de me putain de fixer. – Je suis un mec très empathique, OK ? craché-je finalement en ouvrant grand les bras pour les rabattre sur mes cuisses. Oh oui. Très certainement Brishen. Ca saute littéralement aux yeux. Fauve a l’air sceptique. Ne me dis pas que ça te surprend, Brishen, qu’elle soit sceptique. Même toi, tu ne te crois pas.C’est possible, poursuis-je en hochant la tête d’un air très affirmatif. Oui. Les licornes et Nessie aussi c’est possible… Mais c’est quand même pas réel.J’ai trop d’imagination… Ca, ça sonne comme une question. Comme si je lui demandais confirmation de la crédibilité de cette explication. Je suis fatigué et très mauvais menteur Fauve. Tu pourrais faire exprès de me croire, on serait au moins débarrassé de cette conversation très gênante. Seulement, Fauve, elle ne me fait pas grâce de la lourdeur de nos silences. Je peux toujours te tuer maintenant, Fauve. N’oublie pas que c’est un peu le but de la manœuvre. Je peux te torturer, aussi, pour m’avoir fait chier autant, avant.Je suis normal Fauve, arrête de me regarder comme si ça n’était pas le cas. Normal ? Tu es un Rrom. Tu vis en Russie. Tu te fais passer pour sourd et muet. Tu es poursuivi par la mafia Serbe. Tu te traine une meuf qui bouffe des cadavres… Tu as une force surhumaine et chaque fois que tu l’utilises contre quelqu’un, tu as mal… Même quand tu ne fais pas exprès. Cite moi un seul truc de normal, Brishen. Juste… Juste pour qu’on rigole. Je me pince l’arête du nez. Râcle ma gorge. – N’essais pas de faire la conversation pour gagner du temps. La finalité sera la même et, en toute franchise, je pense que ça ne sert à rien d’apprendre à me connaître. Tu l’as dit toi-même Fauve, je suis comme tous les Autres. Alors… Je suis comme tous les Autres. Mais elle est forcément déçue, Fauve. Ca fait des jours qu’elle tente de savoir – d’avoir un petit quelque chose d’humanisant sur moi. Elle ouvre la gueule, Fauve. J’entends le gargouillis d’une protestation quand je lève la main pour la faire taire.

La douleur, que je claque. Elle semble pas comprendre de suite, Fauve. – Je ne ressens que la douleur quand je touche les autres. Seulement… Seulement quand c’est moi qui fais mal. Et seulement quand je fais mal. Et c’est comme une malédiction parce que je fais mal souvent, tu vois. C’est… C’est dans ma tête et dans mon corps. Je peux te dire où je te broie sans te voir. Je peux te dire, sur une échelle de 1 à 10, où se situe la pression de ma pogne sur ta peau selon tes propres critères. Selon ta capacité à encaisser les coups et… Et le plaisir n’y fait rien. Je ne ressens… Je ne ressens que la douleur brute. Sans tout ce qui pourrait la rendre agréable. Est-ce que tu vois où je veux en venir ? Je pose mon cul sur le lit. Balance mon tee-shirt un peu plus loin. Pivote pour me coller sous le pauvre drap restant. – Je ne sais pas depuis quand je suis comme ça. Quelques mois, je crois. Et j’espère que c’est comme une bonne gastro. Que ça va passer aussi vite que c’est arrivée. Je lui tourne le dos, à Fauve. Fixe un peu le mur avant de fermer fort les paupières. Pense trouver le sommeil, juste un peu, dans un vrai lit, avant l’instant fatidique. J’ai le sommeil agité. Ai, finalement, préféré dormir dans mes angles ou pas dormir du tout. Était moins claqué hier que là – quand je me réveille en sursaut en plein milieu de la nuit… Ou peut être en début de soirée. Je me redresse un peu vite. Nerveux. Manque de chavirer sur le côté quand le lit grince de mécontentement. Ne me repaire pas, là. Ai du mal, dans une panique pâteuse, à savoir où je suis. Sursaute franchement quand je vois la silhouette allongée, à côté de moi. Capte lorsqu’elle me fait face que c’est Fauve. Parce que, pourquoi elle se ferait chier à dormir par terre pour sa dernière nuit ?Bordel, soupiré-je en portant une main à ma tignasse emmêlée. Je repars en arrière. Me recouche plus doucement. Louche sur le plafond. Le plafonnier absent – l’ampoule nue statique au-dessus de nos têtes pensantes. La nuque se tord quand je veux regarder Fauve. Elle a les yeux ouverts, elle aussi. Pas sur moi, sur autre chose. Je ne saurais pas dire quoi. Il fait trop sombre. Je vois juste ses contours, comme si on avait dessiné grossièrement son visage. Et même comme ça, Fauve, elle est pas dégueulasse – elle mange juste des cadavres, et ça la rend vachement moins glamour, ça.Tu as peur ? murmuré-je si bas que l’écho grave de ma voix fait vibrer la taie d’oreiller. – De mourir. Est-ce que tu as peur de mourir ? Ma gueule grimace. – Réponds pas. Je m’en fous. Les prunelles se baissent. S’arrime à l’arc de cupidon des lèvres de Fauve. Elles sont entrouvertes, ses lèvres. Comme pour mieux respirer. Comme pour mieux me dire merde. – Pourquoi tu ne me tues pas avant que je le fasse ? Tu sais que je vais le faire alors, pourquoi attendre ? Je dormais, il n’y avait rien de plus facile, j’imagine… Faut avouer que j’ai été con de dormir, aussi. Les prunelles se baissent encore. Sur la couverture qui enveloppe Fauve. Et ta plaie ? Comment elle va ta plaie ? la question effleure pas la langue. Ni même le palais ou la gorge. Elle reste bloquée dans la tête. Brishen. Arrête. Tu essais de savoir. De comprendre. De la connaitre même, peut être. Elle a déjà un nom et une existence. Facilite toi la vie et ferme juste ta gueule.Réponds pas, dis-je d’une voix encore plus basse et éraillée. On dirait que t'es dingue, à lui poser des questions sans jamais vouloir qu'elle y réponde.

Les phalanges cherchent les rebords de la couverture de Fauve. Y tire un peu dessus. Y tire vers le bas, jusqu’à ce que Fauve la lâche. Me laisse la baisser jusqu’à sa hanche. Laisse apparaître le bandage de fortune que je tente de contempler plus que ses seins. Tu te fais plus de mal que ce que tu te fais du bien. Je vais pour la recouvrir suite à ce semblant d’inspection nul. Hésite – et l’hésitation doit se sentir. Me redresse sur un coude. Abandonne la couverture. Roule un peu sur le flanc. Me retrouve rapidement sur Fauve. Entre les cuisses de Fauve. Dans un soupir fauve.Je ne te touche pas. Je ne te touche pas, que je répète comme une litanie, plus pour moi que pour elle, très probablement. Elle bouge sous moi. Je ne sais pas si c’est pour s’arranger ou pour se barrer. Mes doigts s’enfoncent dans le matelas. Mes reins la cherchent. Le jean ne suffit pas à divulguer pour quoi, ils la cherchent. Je me dis Il te faudrait une bonne psychanalyse Brishen, pour être autant excité par une meuf que tu veux tuer. me rajoute Pour être autant excité par une meuf qui t’as tiré dessus, avec qui tu as enterré un cadavre, qui t’as bouffé la main et qui est clairement monstrueuse. comprend Si on fait l’amour Fauve, on ne parle pas de demain. Mais on peut pas. On ne peut pas faire l’amour. Le nez taquine juste l’angle de sa mâchoire. Le bout de la langue lape la carotide. Descend doucement jusqu’à son sein. Me fait grogner d’une frustration palpable. Elle se tend, Fauve, quand mes hanches la soulèvent. Quand elles tapotent son bas ventre dans un va-et-vient explicite et pourtant si chaste. Et je me tends aux picotements sous mon crâne quand je fais bouger le flanc de Fauve.Je ne te touche pas, que je me rappelle en glissant une main dans mon jean. Que je branle en me collant contre elle. Effleure sa bouche de la mienne – tente de capter le rythme de sa respiration dans les râles frustrés de la mienne. Et je souffle son prénom sur sa peau, dans un désir inassouvi. Me décale légèrement. Abandonne mon froc. Veux savoir si elle me veut, elle aussi – même si je te tue demain. Les doigts tutoient l’entrecuisse dans un hoquet – celui de Fauve ou le mien ou les deux. Bouge Fauve. Bouge pour me montrer. Pour me foutre des images dans la tête et des sensations sur le derme. Après je te laisse là, sans te toucher. Je pars, si tu préfères… Je pars dans la salle de bains – pour une douche froide. Ou ailleurs, tant pis. On se revoit pour ta mort – après notre petite mort. - Fauve... On a plus rien à perdre.



Couleurs des Dialogues:


©️crack in time
  Mar 1 Oct - 21:57
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( Animal Instinct ft. @B. Brutal Ayaz )
Les prunelles insistent, incisent, le dissèquent, là, dans l'éclat d'une petite lueur qui vient de l'extérieur. Et c'est toi, l'animal, là. C'est toi qui marches de gauche à droite, qui passes une porte pour revenir juste là, devant moi. Qu'est-ce que ça fait, Brutal ? Ça fait quoi de se sentir animal ? Les syllabes qu'il crache dans une défense pourrie qui me donne presque envie de rire. C'est à qui que tu veux mentir, à moi ou à toi-même ? Et le mot est balancé, il parle de normalité, Brutal. Mais comment tu l'évalues, la normalité, au juste ? Qui décide de ce qui est normal et de ce qui ne l'est pas, ouais, qui Brutal, qui ? Toi peut-être ? Les gens que tu côtoies et qui ne font même pas attention à toi parce que tu es sourd et muet ? Pardon, parce que tu fais semblant d'être sourd et muet. Tu trouves ça normal, toi ? Est-ce que c'est normal de se faire passer pour celui que l'on n'est pas, dis-moi ? Et il rejette la discussion, pure perte de temps selon ses dires puisqu'il n'a pas l'intention de changer d'avis. Et peut-être que j'ai envie de savoir qui tu es, pour que ça rende les choses plus faciles. Tu ne te demandes pas si je le vis bien, si j'aime cette nouvelle condition, si je prends plaisir à me laisser dévorer de l'intérieur par un truc mystique. Alors ouais, c'est débile, ouais, j'ai envie de savoir qui va me tuer. Et ce sera toujours triste et je n'en ai toujours pas envie, mais si t'avais raison de le faire ? Ouais, si t'avais raison de le faire quand je ne suis plus vraiment là, quand je souffre de le sentir gratter la couche épaisse du derme, quand il m'asphyxie, qu'il pousse à la folie.Tu saisis la nuance ? Les lippes s'entrouvrent pour cracher la bile qui me brûle la trachée. J'ai envie de hurler que tu es con, de le hurler si fort que nos trois pauvres voisins pourraient l'entendre. Ouais, je voudrais que le monde entier sache que tu es débile, parce que tu ne fais aucun effort pour comprendre ce que tu ne connais pas. Tu as peur. Et la peur, crétin, ça n'a rien de rationnel, ça fait faire des choses bêtes. Des trucs que tu regretteras un jour ou peut-être jamais, putain, Brutal ! Comment tu peux être aussi étriqué d'esprit, quand tu n'es pas plus normal que moi avec ton empathie à la noix. Mais le flot de paroles est ravalé dans un bruit de gorge que sa voix couvre par après. Les explications qu'il décide enfin de larguer, probablement dans l'espoir que je le laisse tranquille jusqu'à plus tard ou jusqu'à demain. Il explique la douleur et sa naissance, là, dans sa tête et dans son corps. J'espère que tu crèveras de me tuer est la seule pensée qui me traverse. Le mâle s'installe sur le matelas, dévoile la musculature de son dos, les cicatrices, petites et grandes qui le parsèment. Le timbre rauque dévoile les similitudes. Quelques mois, quelques mois, comme moi. Ouais, comme moi, Brutal. Je tique sur l'information, ne pose toutefois plus de questions. Je reste plantée là, près de la fenêtre un long moment. Sa respiration se régule, sa carcasse se soulève à cadence égale. Tu dors. Tu dors, mais pourquoi tu dors, Brutal ? Pourquoi alors que je pourrais être la monstruosité que tu penses que je suis dans ta tête. La bête cruelle et sanguinaire qui n'attend qu'un moment de faiblesse pour te sauter à la gorge et t'arracher un bout de jugulaire. Je me détourne de lui, après un temps indéterminé. Je crois que je pourrais passer des heures à le regarder. À regarder son corps se soulever, agiter les quelques muscles saillants. Tout paraît plus simple quand tu dors. Quand tu ne me regardes pas avec dédain, dégoût ou horreur ou tout ça en même temps. T'as la gueule d'un innocent quand tes paupières sont closes et que tu ne cherches pas à te planquer derrière un masque en béton armé. Le soleil se lève, amène la vie et réveille ce qui dort. Penchée sur la fenêtre, le menton appuyé sur le dessus des menottes, je regarde le monde. Le type qui sort de sa chambre en replaçant le nœud de sa cravate et la bonne femme qui sortira une dizaine de minutes après lui, fardée comme une catin. Alors j'imagine, ouais, j'imagine qu'ils se sont croisés la veille, qu'ils ont discuté de tout et de rien. L'alcool a délié les langues, parce que c'est ce que ça fait toujours, le courage en bouteille. Il a trouvé un vieux motel, sans doute pas le premier de son chemin. Non. Il a pris un motel pourri, paumé au milieu de nulle part. Parce que tu ne voulais pas que l'on puisse te voir. Un mari infidèle, encore un parmi beaucoup d'autres. Et elle, elle savait, mais elle s'en foutait. Elle n'est personne pour juger, après tout. Un autre gars sortira bien plus tard, sac à dos vissé à l'épaule, jean bleu et veste en cuir noir. Bad boy sans le sou qui prétend être ce qu'il n'est pas. Le blondinet grimpe dans sa décapotable, musique hurlante et pneus qui crissent dans le gravier. Tocard. Je m'arrache à ma contemplation, m'avance lentement dans sa direction. Lui qui dort, mais qui bouge. À quoi tu rêves ? Est-ce qu'elle devient livide, ma tête ? Est-ce que mes yeux vont rouler dans leur orbite quand tu l'arracheras du reste de mon corps, ma tête ? Assise contre le mur, face à lui, je le détaille encore, toujours, obsession maladive qui pousse à comprendre plutôt que détruire. Ce serait pourtant bien plus simple, Kah, si tu le tuais. Il ne pourrait plus te faire aucun mal, son visage resterait aussi paisible que maintenant, il serait figé dans l'éternité, gravé à ta mémoire avec le sentiment que tu as fait ce qu'il fallait, que c'était de la légitime défense, que c'était toi ou lui. Il remue, grogne et je sursaute, roule sur le côté à me défoncer la plaie. Le cri est retenu tout contre mon avant-bras. Ne te réveille pas, s'il te plaît, ne te réveille pas.

La silhouette se glisse à ses côtés, veille à ne pas le toucher en restant soigneusement dans son coin. Dos à dos, je continue de regarder le ciel se zébrer, se colorer d'orange, de vert et de bleu derrière l'épais des nuages blancs. Je divague, revois des fragments de nous, de comment on a pu en arriver là, comprends que c'est à cause de moi. J'aurais dû mentir, moi aussi, ne pas montrer qui j'étais, le retenir quitte à en crever, partir, te fuir, ne jamais te dévoiler ce terrible secret. Mais je ne l'ai pas fait. Et c'est trop tard, maintenant. Trop tard. Les paupières se ferment et j'imagine un monde où il ne serait pas le meurtrier et où je ne serais pas un monstre. Ça apaise la conscience, force les muscles à se détendre et je m'endors, me relève seulement pour pisser et me recouche sitôt après. Les cauchemars en habitude, les atrocités qui dégueulent de la psyché, l'envahissent, la pulvérisent.
Tremblement de terre.
Les yeux s'écarquillent violemment, bordés de brouillard. La carcasse roule, se tourne pour faire face. Et c'est lui, seulement lui qui vient de capter que j'étais là. Je ne sais pas s'il est surpris ou terriblement déçu. La joue se pose sur ma main et les iris contemplent sans que les mots ne viennent tout gâcher. Les mots qu'il ne veut pas m'entendre dire, ceux qui n'ont plus aucun sens, au fond. Silence religieux, les prunelles dérivent, se posent sur le mur derrière lui, le braquent dès que les sons sortent de ses lippes. La question me foudroie, me fait frissonner et me pousse dans les abysses. La bouche s'ouvre, cherche son air quand j'ai la sensation de m'étouffer.
J'ai peur, Brutal. J'ai peur de mourir, d'avoir mal et du vide. J'ai peur de l'après, du rien ou des flammes de l'enfer. J'ai peur de l'oubli, Brutal. Parce qu'il n'y aura jamais personne pour verser la moindre larme quant à mon sort. Le monde s'en fout, ma mère s'en fout. Ouais, surtout ma mère. Ça ne changerait rien pour elle, je crois qu'elle me pense morte depuis longtemps, depuis le jour où j'ai franchi la porte, emmenée par ces types vêtus de blanc en hurlant et en la suppliant. Il n'y avait rien dans son regard, tu sais. Rien, pas même une once de regret. Mais je ne réponds pas, garde tout ça pour moi. Garde ce qu'il ne saurait entendre. Et je sais que je devrais te tuer. Je le sais, mais je n'y arrive pas. Je ne peux pas faire ça, aussi fou que ça paraisse. C'est la première fois que je connais un semblant de répit avec cette chose à l'intérieur de moi et ça, c'est parce que tu es là. Si je te tue, ouais, si je te tue, tu ne pourras plus le contenir et j'ai peur de ça. J'ai plus peur de moi sans toi, que de toi sans moi. Le constat me secoue d'un léger spasme. Il tire sur la couverture, Brutal, tire jusqu'à ce que je la lâche, résignée. Je ne bouge pas, frissonne seulement parce qu'il fait frais, aussi frais que dans une morgue que je pense stupidement. Les mirettes suspendues à ses lèvres. J'attends. J'attends qu'il termine de constater que le bandage est toujours le même. Je n'avais pas la force de le changer. Je ne voulais pas prendre le risque de le réveiller. Il bouge, se redresse un peu, abandonne la couverture à mes hanches. Les pupilles le suivent, le suivent quand il se déplace, qu'il roule sur moi et se fraye un chemin à l'entrecuisse qui s'ouvre pour l'accueillir. Qu'est-ce que tu fais que je voudrais lui souffler, mais j'en suis incapable, parce que tout se contredit, là-haut, dans ma boîte crânienne. Et c'est le bordel, ouais, un putain de bordel si bien que les mots ne sont même pas capable de se former, crève avant même de naître dans le fond du gosier. Il dit et il répète qu'il ne touche pas. Mais tu me touches, là. Je te sens, moi. Je te sens contre moi, entre mes jambes. Son froc me pince la peau et je bouge, me grandis un peu. Son nez effleure, sa langue lape et je crois que je meurs. Ouais, je crois qu'il m'étrangle ou m'étouffe dans mon sommeil, qu'il n'est qu'un rêve, un souvenir à emporter et à jeter dans le vide. Sa langue sur mon sein, je tressaille et le touche, glisse mes paumes à la chaleur de ses flancs. J'ai toujours imaginé la mort froide et ce n'est qu'un détail, un ridicule détail qui me pousse à fouiller son regard. Est-ce que c'est vrai ? Est-ce que c'est réel, ça, Brutal ? Est-ce que t'es juste un rêve ? Un mirage ? Mon désespoir ? La souffrance irradie sur le flanc et côtoie le désir comme une réponse à mes interrogations muettes.

Je ne bouge plus, me fige sous lui, sous les mots qu'il répète sans que je ne sache si c'est une consigne pour lui-même ou une constatation visant à me rassurer. Pourquoi t'es là ? Pourquoi t'es contre moi, Brutal ? Je pige plus rien, je n'arrive pas à te comprendre, à savoir ce qui te traverse le crâne, comment tu peux passer du dégoût au désir, comment tu peux être si sûr de vouloir me tuer et te glisser entre mes cuisses l'instant d'après ? Tu me fais péter un câble, tu souffles le chaud et le froid, et je ne sais plus moi, ce que tu veux, ce que tu attends de moi. J'ai peur de te toucher et que tu t'évapores, que tu t'arraches à moi dans un élan de lucidité froide. Le myocarde éclate entre les côtes, détraque la respiration qui n'est plus que chaos. Ses lèvres sur les miennes, je le respire et l'aspire. Les souffles se mélangent, attisent l'insane appétence. Sa paluche se glisse entre nous, ne touche pas, non, ne me touche pas moi. Un râle s'extirpe du gosier. Je te sens, tu sais. À travers tes mouvements, je sais ce que tu fais, je sais où ta pogne s'est logée et c'est injuste, ouais, injuste parce que ça me donne envie de te toucher, de te prendre entre mes doigts. Égoïstement, j'ai envie que tu te souviennes de ça, de moi, de nous. Il s'agite, se débarrasse de son futal, pose sa main, là, à l'entrejambe. Sa chaleur me fait hoqueter. Je croyais que tu ne devais pas me toucher ? Les phalanges ne bougent pas, restent là, tout contre la peau brûlante sans rien offrir. Une expiration bruyante, un râle de frustration. Mon prénom roule sur sa langue, me harponne, flingue les synapses et anéanti toute forme de volonté. Les hanches se balancent doucement d'abord et je me frotte, ouais, je me frotte contre ses tiges sans pudeur. Ma menotte le guide, force ses phalanges à se frayer un chemin à travers la fente. Je baise ses doigts, me plante sur ses tiges dans un va-et-vient anarchique. Ça réveille la plaie dans une douleur-plaisir qui me submerge. Les doigts s'enroulent à sa queue, le branle tout contre l'intérieur de ma cuisse. Et comme ça, comme ça, tu ne me touches pas, tu vois. Même si j'ai envie de toi, de te sentir en moi avec vigueur. Je crache dans ma paume et les tiges se referment plus vigoureusement sur son membre. Je le branle plus fort, n'arrive pas à maintenir un rythme constant, incapable d'articuler de façon coordonnée, l'ensemble de mes bras et de mes jambes. Prunelles rivées à son visage, à ses expressions, le bassin se balance plus lentement. Je veux te regarder, je veux connaître ça de toi, les traits de ta trogne quand tu jouiras entre mes doigts. Et je m'applique, ouais, m'applique en ne perdant pas une miette de son faciès qui se mue de grimace en grimace. Il halète et je m'arrête, l'écoute gronder dans une vibration qui me parcourt le derme. Et je reprends, après plusieurs secondes de latence, quand il est tout proche de l'entrecuisse et de son miel. Je me caresse, recueille la sève que je lui colle entre les lèvres.
Frémissements.
La menotte le retrouve et l'achève dans un énième va-et-vient. Sa jouissance s'étale à la guibolle et ça me fait quelque chose, ouais, quelque chose à l'intime. Je n'ai jamais fait ça avant. Avant toi. Donner du plaisir à l'autre et aimer ça. Ouais, j'ai aimé ça. Le front moite, je me colle à sa joue, relève le museau pour embrasser son cou. Il roule sur le côté et je l'imite, le suis, ne veux pas que l'on s'arrache trop vite, préfère que l'instant perdure. La trogne se pose au poitrail tandis que les ongles courts cavalent sur la peau en des arabesques imaginaires, suivent les contours d'une cicatrice et puis d'une autre. J'ai le vague à l'âme. La descente est toujours plus douloureuse que la montée. Je n'ai pas envie de mourir. Même pour une bonne raison, je n'ai pas envie de mourir, Brutal. Je voudrais que ce moment s'étire à jamais, qu'il n'y ait que nous et pas le reste, pas toute cette merde qui t'encrasse la cervelle en te dictant ce que tu dois faire. Ce que tu dois faire, c'est seulement rester avec moi, ouais, voilà. Je me redresse légèrement, laisse glisser une phalange sur ses babines. -J'ai envie de toi, Brutal, que je lâche dans un souffle tendre. Et peut-être que je cherche son approbation à l'intérieur de ses yeux, n'y trouve rien qui ne veuille dire non, ou casse-toi. Mais j'ai peur de te faire mal, que ça te fasse mal, alors je ne sais pas, tu vois, si c'est une bonne idée, ça, que je me foute sur toi. Je m'y fous quand même, me contente de me frotter contre lui. Jusqu'à ce que ça dérape dans un coup de reins. Il grimace. -Laisse-moi faire. Je n'arrive pas à me détacher de lui, guette ses réactions pour savoir si c'est bon et la frustration éclate comme une bulle de savon. Tête rejetée vers l'arrière, paupières closes, les chairs s'entrechoquent, claquent et claquent bruyamment.
L'extase.
Quand dans la bedaine, l'incendie dévale et ravage et secoue la carcasse. Les chairs se contractent et je feule. Son prénom que je gueule trop fort et qui résonne sur les murs. Je m'écroule après lui, haletante, moite sans qu'aucun regret ne traverse l'encéphale.

J'ai mis du temps à quitter ses bras, imposant ma petite masse sur la sienne par peur qu'il s'enfuit trop vite. On se délaisse, on fume, on pisse, on boit dans ce même silence, cet éternel silence qui nous entoure ou nous bouffe, je ne sais plus. Je constate qu'il fait déjà nuit, qu'on a pioncé toute la journée en vérité et ça me fout une boule dans le ventre, me noue les tripes au point de me donner envie de vomir. Je n'ai pas pris la peine de mettre quelque chose sur mon cul, suis postée devant la fenêtre, loin de lui, loin de son visage et porte la clope aux badigoinces. La main tremble, de froid ou de peur ou des deux. Ça me charcute la bidoche, me retourne la panse. -J'ai peur, lâché-je sans toutefois détourner mon minois de sa contemplation extérieure. -J'ai peur de mourir, ajouté-je en prenant une taffe. -J'ai peur de l'après. Du vide. Du néant ou de l'enfer qui sait. Personne n'est jamais revenu pour expliquer ce qu'il y avait après, personne ne s'est plaint, ouais, alors j'imagine qu'il n'y a rien. Et le rien ça fait peur, tu vois, c'est flippant. -J'ai besoin de fringues, et d'alcool. Et je négocie, ouais, pour qu'on aille récupérer des affaires, des trucs que je pourrais mettre sans me sentir aussi vulnérable. Parce que tu t'en fous peut-être, mais je déteste les voir, mes cicatrices. J'ai besoin de les cacher pour que ça efface les images de sous le front.
Il me conduit à mon appartement et je crois que je commence à me faire à ce silence, à ce rien autour de nous si ce n'est le son de nos propres respirations. Brutal pénètre en premier, s'assure sans doute que je ne vais pas sortir un flingue de derrière les fagots pour lui tirer une balle dans la tête. Il ne connaît pas le mot intimité et je me fringue, enfile une culotte, un froc, un soutif et un tee-shirt tout en lui rendant le sien qui m'a servi à venir jusqu'ici. Je fouille dans un placard, tire un paquet de biscuits que je gobe avant de lui tendre. Je ne bouffe pas que de la viande, même si ça a ma préférence. Je fouille encore, déniche une bouteille de whisky à moitié vide et une autre, presque pleine. Je bois. Je bois avec l'idée de m'alcooliser suffisamment pour oublier ce que je fous là, dans l'attente d'une mort qu'il me donnera. La première gorgée arrache la gueule autant que les deux suivantes. À la quatrième, ça commence à anesthésier le palais et la trachée. Je bois trop vite, ai la tête qui tourne au point que je me pose sur mon pieu qui n'a même pas été refait depuis l'autre fois où j'ai dormi dedans. Je m'y allonge, laisse la tête balancer vers l'arrière, dans le vide même si ça me nique le flanc. Et je me redresse un peu vite, m'approche de lui tout aussi vite. -Fais-le, fais-le maintenant, lancé-je en parlant trop vite. Nouvelle gorgée. -Fais-le maintenant, Brutal. Tue-moi, qu'on en finisse, que je n'en peux plus d'attendre, que je n'en peux plus d'avoir peur.





( Pando )
( Old Money )
  Mer 2 Oct - 21:52
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B. Brutal Ayaz
MONSTER UNDER YOUR BED
B. Brutal Ayaz
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ANIMAL INSTINCT ft @K. FAUVE WARD

You alone have the power. You only hold the control. [...] One fleeting moment. Few short-lived seconds. Mere short flicker in time, for the shadow to grow and die.

Elle a envie de toi, Brishen. Le constat est là, entre ses cuisses. Sur la pulpe de mes doigts – entre l’humidité de ses lèvres. Ca me fait vriller. Grogner un peu plus fort – bander plus fort aussi. Ca me fait baisser le menton quand je sens sa menotte autour de mon poignet. Que je pressens le coup de reins qu’elle donne dans une ondulation sensuelle. Et je lâche un chapelet d’injures dans ma langue originelle. Ouais. Je lâche un chapelet d’injures dans les idées les plus irrationnelles qui soient. Barre toi maintenant. Elle t’en voudras probablement pas – probablement qu’elle se force, d’ailleurs. Tu vas la buter après l’avoir baisé, qui ça exciterait à part toi, Brishen ? Qui trouverait ça intelligent si ont exclu Théodore Bundy de la liste des possibilités ? Va la prendre, ta putain de douche froide. Dégage toi de là tant qu’il en est encore temps. Tu l’as déjà eu, à Fauve. Deux fois. Pourquoi tu t’acharnes ? Parce que tu penses que c’est la dernière ? Parce qu’elle est belle, la Pecnode ? Parce que tu ne lui as pas déboité une hanche à celle là et que tu t’entraînes ? Etouffe toi avec les excuses que tu veux pour te rassurer de faire ce que tu fais… Mais quelqu’un va souffrir, dans cette putain d’histoire Brishen, et ce n’est peut être pas celle que tu crois. Mais la lucidité reste dans le crâne. La paume de Fauve sur la hampe fait, de toute façon, oublier le reste. Les hanches bougent. Les doigts bougent en elle. Les yeux se concentrent sur le corps qui bascule d’avant en arrière. Qui offre la gorge. Les seins. Les tatouages dansent et vibrent au rythme de la respiration de Fauve – à travers mes prunelles mi-closes. Ses cheveux se sont éclatés autour de sa tête. Sur l’oreiller, comme un grand soleil clair. Et sa bouche se pince. Et son buste se soulève. A chacun de ses couinements. En fait j’ai envie de te toucher, Fauve. Et je viens coller ma bouche à son épaule pour oublier. Oublier que j’ai envie d’elle. Retire la paluche d’entre ses cuisses quand le balancier se fait plus faible. Murmure, à bout de souffle, une supplique qui ressemble à : T’arrêtes pas, t’arrêtes pas Fauve. T’arrêtes pas, quand elle arrête de coulisser sur moi. Avance le bas ventre. Je te veux toute entière. Me profile à la fente. Mais elle intercepte, Fauve. Se caresse. Me caresse. Me fait la goûter dans un moment d’extase terrassant. L’orgasme me déglingue. Manque de me fait tressaillir sur Fauve. C’est les coudes qui amortissent. Le grondement extatique meurt dans le creux de son cou – à la naissance de sa clavicule. Groggy, je me redresse pour l’embrasser. T’es con ou t’es con ? Avorte le geste dans un moment de discernement dérangeant. M’échoue à côté d’elle. Avec sa saveur sur la langue – mais pas la saveur de sa langue. Et elle se rabat contre moi Fauve, quand je me fais violence pour ne pas la pousser. La dégager de là. Parce que je suis énervé contre moi, Fauve, et que je le suis encore plus quand t’es sympa avec moi. Parce que j’y arrive pas, moi, à être sympa avec toi. Parce que je me l’interdis quelque part – à la frontière du meurtre promis. Et je dis ça mais je suis venu. Je suis venu entre tes doigts. Et j’ai eu envie de toi - et j’ai encore envie de toi. Je ne sais plus si c’est pour ce danger-là – cette envie de toi déraisonnable - Fauve, que j’ai besoin de te tuer, ou si c’est pour toutes ces gamines anonymes que tu pourrais bouffer. Je ferme les paupières. Tente de me convaincre de me lever. De me barrer d’ici -de cette putain de piaule pour laisser Fauve derrière moi, tant pis. Mais elle remue Fauve. Profite de l’instant de flottement – un instant qui s’est étiré dans le temps – pour parler. Pas parler vraiment – dire dans un soupir qu’elle aussi, elle a envie de moi. Tu ne m’aides pas. Ca me fait grimacer d’une douleur surprenante. C’est pas physique. C’est quelque chose de plus émotionnel. Ca ressemble à de la vraie empathie, bordel. La gorge se noue un peu quand Fauve grimpe. Le cœur s’emballe quand je pousse les quelques mèches de cheveux qui se sont collées à son visage. Que je lui dégage la face pour mieux la voir se mouvoir sur moi. La patte s’arrime à sa nuque quand elle commence, Fauve, à se frotter au chibre. Veut qu’elle me regarde parce qu’elle est belle, Fauve, quand elle bouge – quand elle bouge pour moi. Je me redresse. Me perd à ses seins. Empoigne une fesse – desserre vite la pression. Crache un : C’est bon Fauve, en boucle quand je la pénètre. Quand je glisse en elle avec une facilité déconcertante. Quand les va-et-vient font clapoter nos peaux humides. Quand le miel de la fente se répand sur le bas ventre. Quand je vais en extraire pour le mettre à la gueule. Quand elle feule. Quand elle couine. Quand le bras s’enroule autour d’elle et que j’veux plus la lâcher. Quand ses traits se relâchent dans le lâcher prise de l’orgasme. Quand je jouis de la voir jouir – quand je la sens se contracter tout autour de moi et que ça contracte chaque putain de muscle de mon corps. Je me vautre sur le dos. Fauve se vautre contre le torse. De nouveau, je me force à ne pas la prendre contre moi – à ne pas l’enlacer ou une connerie dans le style. Ca reviendrait à ce qu’on s’apprivoise et ce n’est pas ce qu’on veut. Je me contente de rester en elle, encore un peu. Pense Et merde, le préservatif. Frotte les yeux et la bouche, quand je capte que je souri le plus niaisement du monde.

C’est Fauve qui rompt le contact. Qui se lève la première pour faire ce que font les gens après le sexe – les choses classiques, pisser, boire, fumer. Je l’imite, en décalé. Aucun de nous n’a, visiblement, la fantaisie de causer ou de commenter ce qu’il vient de se passer. Ca n’a pas existé Brishen. Ca n’a pas existé. On ne se regarde pas vraiment. Ou, peut-être, mais assez discrètement pour que ça ne soit pas envahissant. En fait, je la regarde surtout quand elle est au niveau de la fenêtre. Louche sur le bandage. Vérifie sans vérifier qu’il n’y pas du rouge – qu’elle ne s’est pas plus blessée. Et une fois que je suis plus ou moins sûr que, ça va, elle a survécu à ce nouvel échange, je louche sur elle de manière plus générale. Pour un plaisir des yeux qui ne devrait pas naître. Mais sois pas lâche. C’est les endorphines, Brishen, ou une connerie dans ce style. C’est chimique. Ca passera sitôt que t’auras un couteau entre les paluches et que tu te remémoreras la photo de la gosse. Mais elle parle, Fauve, et à part envenimer une situation que je préfèrerais ne pas analyser, ça ne fait pas grand-chose. Je suis en train de t’humaniser, Fauve. Tu me fais chier. Parce que t’es dangereuse, ouais, ça tu l’es. Je t’ai vu dans cet appartement te changer en cette chose qui n’était pas humaine – en ce toi que tu as à l’intérieur, tapis, et qui n’attend que la chair fraiche que tu lui fournis. Aujourd’hui tu te contrôles, peut être parce que je suis là, ou peut être juste grâce à toi, mais après ? Le jour où je ne suis plus là et où tu es fatiguée ? Ca se passe comment, Fauve, avec ton hôte ? Tu es dangereuse. Tu es dangereuse. Tu es dangereuse. Et le disque est rayé. Il tourne en boucle. Même quand Fauve elle veut rentrer. Quand on plie nos affaires. Quand on monte dans la caisse. Toujours le silence. Que Fauve brise lorsque je me trompe de route pour la ramener chez elle – me dirigeais plutôt vers son cabanon pourri. Mais Fauve, en fait, elle a aussi un appartement pourri dans le centre-ville de Mejdouretchensk. Ca me fait un peu tiquer – voilà que je l’humanise un peu plus. A mesure que je monte les marches. A mesure que je marche. A mesure que je la respire et que je la regarde. A mesure que je la connais, finalement. Faut que je me barre. Elle ne fait rien d’autre que me laisser entrer chez elle, dans la confiance de sa mort prochaine. Pas d’entourloupe. Pas de tentative. Rien. Nada. Que dalle. Elle s’habille, pour la dignité. Elle bouffe, Fauve. Me donne des biscuits – comme si j’avais faim. Puis elle boit, aussi. Pour anesthésier le corps, celui qui va encaisser une lame dans la gorge. Je piétine plus qu’autre chose. Contemple sans contempler le salon de Fauve – sobre, comme le salon d’un appartement témoin. Quelques merdes trainent mais c’est propre, chez Fauve, dans l’ensemble. Beaucoup plus propre que ma chambre, dans le motel. Et je sursaute, presque imperceptible, quand elle s’approche fort de moi, Fauve. Quand elle me supplie presque de la buter. Le faire maintenant. Arrêter de vivre dans la peur que ça arrive. Mourir dans l’assurance que ça va être rapide.D’accord, que je réponds simplement. Je lui tends le paquet de biscuits, à Fauve. Ceux que je n’ai pas touché parce que j’ai le ventre noué de la voir vivre. Vivre vraiment. La voir exister dans mon monde – avoir une odeur, une adresse et tout un tas de conneries comme des fringues, des ustensiles de cuisine et un canapé lit. L’un de mes doigts vient caresser sa joue. Pousse ses cheveux derrière son épaule. – Ca ira vite, Fauve, tu ne sentiras rien. Barre toi de là.Calme toi. Et je la touche encore, un peu. Me recule doucement. M’éloigne. – Le couteau, je vais chercher le couteau. Il est toujours dans la voiture ? Les yeux de Fauve brillent. Peut être qu’elle veut me dire qu’elle en a, elle, des couteaux. Que j’ai pas besoin de sortir. Que c’est pas ça, aller vite. Que, merde, elle a pas que ça à foutre, et que ce n’est pas drôle. Qu’au pire, elle a des armes à feu. Que ça sera plus pratique même si ça sera forcément plus bruyant.

Mais la porte claque derrière moi. La porte claque devant Fauve. Avant qu’elle n’ait pu dire quoi que ce soit.
Et si elle regarde bien, Fauve, sur l’un des meubles de son entrée : Les clés de son 4x4.
Je suis parti.
Parti pour ne pas revenir.
Je n'ai jamais aimé les adieux de toute façon.


Couleurs des Dialogues:


©️crack in time
  Jeu 3 Oct - 1:32
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