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 Cut the rotten bough │ Naaki & Heiko /!\


BOYS AND GIRLS OF EVERY AGE, WOULDN'T YOU LIKE TO SEE SOMETHING STRANGE ?

Page 1 sur 1
Vadim Revmir
YOU WILL HEAR MY LEGEND
Vadim Revmir
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Ca y ressemble, trait pour trait.
A un don du ciel, que cette fille heurtée à lui sous les lumières ternes et dans l’affligeante banalité d’un couloir. Rétribution du diable pour bons et loyaux service, il aura jeté dans ses bras la plus parfaite création, la plus aboutie de ses tentations.
Ou alors le destin, quelque part il y croit. La monstruosité de Revmir ne serait pas complète sans un romantisme invétéré ajouté au reste de ses tares. Persuadé que les nombreuses aimées étaient condamnées venir le rencontrer, il renie dans leurs amours jusqu'à l'idée même d'en avoir aidé la funeste providence.
Alors, pour deux ou trois secondes bénies, elle est son âme sœur, cette fille indécemment belle sous les lumières ignobles du couloir. Jusqu’à ce que la réalité ne rejoue son accablante mélopée, des pas précipités à l’angle d’un autre corridor. Qu’un homme de main apparaisse, pressé et affligé, pour ruiner le tableau comme on crache sur l’arrière-plan d’un Renoir.
Le geste de Vadim, s’explique par le micro-espace-temps autant que par romantisme indécrottable. Pour ce qu’il en sait, dans cette poignée de millisecondes, elle est là pour le tuer : le diable le punit par la plus belle femme et la seule qui n’a pas de conscience, pas assez pour être arrêtée de remords. Mais éventrer une toile aussi parfaite serait un pêché plus impardonnable encore que de mourir.

PAN
C'est dans la jambe qu'il tire.
L’Aimée s’effondre au sol dans un cri effroyable, une gerbe de sang dans le couloir.


C'est moi qui t'ai suicidée mon amour ;
Moi qui t'ai ouvert les veines, je sais


« Il ne fallait pas la laisser quatre jours avec une plaie ouverte dans une vraie boîte de pétrie !  Je suis médecin, pas sorcier vaudou. »
Et l’incompétence se propage et le poursuit. Au docteur – radié de la confrérie pour ses pratiques douteuses – qui trottine à sa suite dans les maudits couloirs, Vadim n’offre qu’un signe de main furieux. Il refuse toute responsabilité dans cette affaire, se paye le luxe de rémunérer à prix d’or la culpabilité des autres. Et les jappements de l’homme n’en sont que de criantes manifestations, on ne s’excusera pas d’avoir été pris à d’autres tâches devant celui qui n’en avait qu’une.

Aux portes du sous-sol le plus solide qu’il fallut improviser en geôle dans l’une de ses résidences, Revmir se laisse rattraper par le bon docteur, seulement pour se voir essuyer une improbable bravade de la part de celui qui se trouvait déjà en sursis.
« Je… Je peux pas. »
Et rien de ce qu’il pourra dire ne l’effraiera plus que ce qui se trouve derrière les verrous. L’homme a atteint ses limites, à en juger par sa nausée palpable, malgré la terreur toute aussi tangible qui émane de lui en attente d’un verdict que Revmir fait durer par principe – et un peu par plaisir.
« … Allez chercher votre argent, et dites à mes hommes de vous trouver un remplaçant.»
Il mourra.
Bien-sûr, qu’il mourra.
Mais il est plus satisfaisant que ce soit quand il ne s’y attendra pas.
Juste pour le bonbon, que de voir des larmes de soulagement embuer, à tort, ses petits yeux de porcin.
Au milieu de cette journée de merde, Vadim estime se devoir au moins ça.

Sitôt la porte ouverte sur son improbable gueule, l’odeur lui arrache les poumons, brûle des yeux qui quelque part regrettent de ne pas être aveuglés d’avantage. Au moins cela leur épargnerait-il le spectacle pathétique d’un miracle massacré sous le coup de sa lame. La belle gisante sur sa couche, les exhalaisons de fièvre et de faiblesse qui suintent par tous les pores de son corps affaissé. La nourriture fournie en quantité suffisante à peine entamée et l’eau, au contraire, tarie par la déshydratation, la chaleur et l’infection. Et la jambe. Plaie aux palettes d’un arc-en-ciel de pourriture, première coupable de la puanteur atroce qui s’élève.

L’amertume qui goutte dans la gorge de Vadim à cette vue affligeante, ressemble à s’y méprendre à de la culpabilité.
Peut-être aurait-il pu se souvenir d’elle. Son dernier regret sera de ne pas avoir su garder le sens des priorités. Qu’est-ce qu’une haute trahison, ou la menue besogne d’un infanticide, face à la chute d’un miracle.

Pourtant la porte se ferme sans pitié et la voix s’élève sans tourment, sans rage ni tremblement.
« Être prostituée, ou avoir la jambe coupée ? »
Jeu d’enfant détourné avec cruauté de sa naïveté première, dans l’humour tordu qui le caractérisera jusqu’à son jugement dernier ; nager parmi les méduses ou manger dix araignées ? être prostituée ou avoir la jambe coupée.
« Dans ton cas, le choix est déjà fait, mais je suis curieux de savoir ce qu'il en aurait été si tu avais connu l’issue de ta tentative. Même si un peu d’honnêteté consisterait à te prévenir que les deux possibilités ne se sont pas exclues mutuellement. »
On paye cher l’infirmité, doublement l’exotisme – alors une exotique infirme, le calcul est bien vite fait.
Une chaise racle le sol sans douceur, voire même n peu bruyante exprès. Histoire qu’elle se réveille, la biche maltraitée par les chasseurs. Si contrit soit-il, Revmir n’aime pas être ignoré.
« Tu me mets une sacrée épine dans le pied, jeune fille. »
Il prend place auprès de la couche avec une douceur effroyable ; et ne retient que par éducation pure l’envie d’allumer une cigarette au chevet de la malade. L’asphyxie est un mal qu’il peut encore lui épargner.
« …  Mais je ne devrais pas dire ça à quelqu'un à qui il en manquera bientôt un. »

Il devrait la tuer, il le sait. Le contraire s’annonce inconfortable, très, surtout pour elle. Même si Lyov n’aurait pas de mal à la rentabiliser, aucun scrupule à l’essayer. Cette femme aurait les quatre membres tranchés que son visage serait encore d’une beauté surnaturelle.
Alors, le pragmatisme consisterait à la prostituer.
Le confort, à la tuer.
Et la solution entre les deux, celle qu’il s’acharne à vouloir trouver… mettons ça sur le compte du romantisme invétéré.
« Est-ce que tu comprends ce que je dis, au moins. ? »


@Naaki Sorgoi
  Mar 17 Sep - 14:49
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Naaki Sorgoi
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Naaki Sorgoi
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@vadim revmir (sarasvati)


Comme une poupée de cire, figée devant le miroir de la chambre, Naaki a l’impression d’être désincarnée.
C’est qu’elle peine à s’y faire – à ce reflet éthéré qui transpire le vide cruel de son âme. Cette image envahissante d’elle-même qui n’a rien de familier tant elle a passé sa vie éloignée de son propre portrait.

« Naaki. »

Elle ne répond pas à son nom qui sonne étranger dans la bouche des autres. Immobile et anesthésiée, elle s’accroche aux détails sculptés de l’encadrement du bel objet dont le bois l’attire. Elle a l’envie de toucher. De suivre, de la pulpe des doigts, les sillons esthétiques qui virevoltent et se perdent dans un synonyme de perfection.

« NAAKI. »

Mais rien n’est perfection quand c’est fait de la main de l’homme.
La nénètse se redresse brusquement, serrée dans ce corset qui l’empêche de respirer et d’un coup de paluche, elle renverse le bel objet vers elle.

KLING ! Miroir brisé. Sept ans de malheur.

Derrière, ça glapit et ça glousse. Les femelles s’étonnent, une main sur leurs joues fardées, les seins lourds débordant de leurs soutiens gorges pigeonnants. Puis la pièce se vide lentement alors que des rires gras claquent à la mesure des postérieurs exhibés un peu plus loin dans les couloirs. Les yeux verts de l’étrangère se posent sur les morceaux de verre répandus sur le sol – de leurs formes géométriques rares qui lui rappellent les cristaux de nickel peuplant les mines du nord.

Elle s’abaisse, Naaki. S’empare d’un morceau pour le serrer dans sa paume à l’entailler jusqu’au sang. Il suffirait de peu pour qu’elle mette fin à tout ça. Simplement avoir le courage d’aiguiller la pointe vers la carotide. D’un coup sec, ouvrir – comme lorsqu’elle saigne les rennes. Un geste rapide et précis.

« Ne fais pas l’idiote. Une main s’enroule à son poignet pour la délester de son arme improvisée. « Au début, c’est dur. Mais tu verras, tu vas t’y faire. » La femme qui se tient face à elle a la peau diaphane et des cheveux aussi noirs qu’une nuit sans étoile. Elle est belle et elle a l’air serein. Dans une grande douceur, elle sourit et la nénètse se voit dans l’incapacité d’esquisser le moindre mouvement.

Et résonne dans la tête de Naaki, ses paroles.

« Tu n’es pas là, Naaki. Si tu ne veux pas en souffrir, il faut cultiver ton absence. »



Elle y a cru. L’espace d’un instant, elle y a cru. Pouvoir encaisser, faire comme les autres mais avec moins de complaisance. Etre là, comme un objet inanimé et mettre son esprit en suspens tandis que le corps est inerte.
Elle s’est fait toucher, Naaki. Sans avoir son mot à dire et en retenant ses coups de mâchoire. Dans la ferme intention de ne pas être là. Mais il est dur pour elle de museler ses instincts. De faire taire ses pulsions destructrices tandis qu’on la souille.

Alors elle frappe.
La nénètse rue.
La biche folle s’élance en libérant des salves de chaos sur son passage. Dans sa menotte, luit l’arme improvisée et saillante. Mon beau miroir de malheur. On l’invective, on l’interpelle mais Naaki se contrefout des conséquences. Plus elle court, plus elle est persuadée de pouvoir partir définitivement. C’est qu’elle se sent pousser des ailes, jusqu’à ce que sa silhouette ne se torde contre celle d’un autre. Ne s’interrompe dans l’appréhension de la suite. Naaki se liquéfie. Derrière, l’homme de main qui galope à sa suite. Et devant, cet homme se plante comme une montagne face à son ras-de-marais, les cheveux ramenés vers l’arrière et le trouble au fond des prunelles.

Elle bloque sa respiration et ça lui semble interminable. Tout va si vite.
Elle veut le menacer. Elle veut le tuer. Elle veut juste qu’il dégage. La porte est au bout, juste au bout.

L’éclat vermeil attire son regard en même temps que le cri qu’elle lâche à retardement. Une douleur vive lui vrille la jambe et Naaki s’écroule par terre, la face noyée dans ses cheveux.
Grognement.
Désespoir.

Sept ans de malheur.


____________________________________


Dans l’obscurité, la conscience se meurt.
Il fait chaud.
Dans quelques sursauts fiévreux, Naaki ouvre les yeux par intermittence. Elle ne sait pas où elle est. Parfois, le délire la pousse même à entendre le chant de ses ancêtres s’élevant au-dessus du feu étouffant.
Il fait chaud. Trop chaud.
Elle brûle. Elle le sent. Ça l’irradie jusqu’à la cuisse.

On la relève de temps en temps sans qu’elle ne puisse en interposer la moindre rebuffade. Elle est assoiffée mais rien ne la soulage.

Je veux partir.

Je veux mourir.

La nénètse sent comme de l’acide qui corrode. Elle est en train de crever à petit feu. Elle imagine que c’est juste une question de patience avant que ça n’atteigne le cœur.


La porte s’ouvre. Se claque.
Et l’homme parle dans une froideur délétère.
Naaki ne distingue pas tout. Elle est surtout trop touchée pour décortiquer les syllabes et essayer de comprendre. Alors elle se contente de le fixer à travers les ombres de la pièce – lui l’homme aux yeux fous et au physique étrange. Pas ingrat, juste dérangeant.

Les villes sont peuplées de bourreaux.

Il s’approche, tire une chaise vers sa couche et Naaki s’accroche au tissu trempé de sa sueur comme si ça pouvait la sauver. Il déblatère sournoisement et la donzelle ne capte que le plaisir qu’il en retire, ses yeux surveillant chacun des froissements de son faciès. Elle n’a pas peur, Naaki.

Silence. Il lui a posé une question – sur la compréhension, elle croit.

« Tu parles trop. » Décrète-t-elle dans sa propre langue dans l’envie de le flamber d’un regard, se contrefichant d’être punie pour son audace. Plus elle précipitera sa chute, plus elle sera libérée de cette souffrance insidieuse.

Elle se redresse sur un bras, Naaki. Assez brusquement pour qu’il puisse interpréter ça comme une menace. Et elle le fixe, la pupille sombre et les cheveux plaqués contre son minois avec l’allure d’une folle.

« Toi, tuer moi. » Gronde-t-elle comme un ordre.

Elle le met au défi de le faire. Use de ses dernières forces pour le pousser au déséquilibre mental en le harassant d’idées noires. Sa respiration cavale à mesure qu’elle se heurte à l'esprit de l’autre.





  Mer 18 Sep - 8:00
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Vadim Revmir
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Vadim Revmir
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Il va prendre ça pour un non.
Monsieur n'est pas fin linguiste mais le crachat au visage est un dialecte universel. Il en a essuyé tant, dans toutes les langues et par toutes les bouches, des plus délicieux de ses amours aux plus laids de ses détracteurs.  Dans le plus lourd des comas, au plus profond de la folie, il en reconnaîtrait les notes fougueuses de la fugue – claquement de langue sur le clavecin de ses jolies dents, fuite rapide des syllabes pincées sous ses lèvres.
Un jour, un connard de mexicain au physique tout à fait ingrat, qui avait tenté de voler le monopole des drogues à des putains de russes, lui a gerbé tant de mots-mollards à la gueule que la symphonie relevait de l’exploit, considérant les sachets de cocaïne qu’il se faisait enfoncer dans le gosier. Et il avait exactement la même expression que cette nymphe, ce soir : les microsillons de haine qui sont les derniers chemins avant le désespoir. Il n’en éprouva pas plus de mépris qu’il n’en a pour sa superbe captive, tout juste une vague lassitude ; mais il reste fascinant, admirable, ce dont l’esprit humain est capable aux plus sombres de ses retranchements. A sa ruade soudaine et invraisemblable, le sourire que le monstre lui répond est presque tendre.

Mais elle le désarme, la fille. Dans les tirades qui font sa réputation et qu'elle renvoie ainsi à leur inutilité confondante. A quoi bon narguer quelqu'un qui ne peut pas vous comprendre... Et, surtout, dans le voile de désespoir qui se dépose soudain sur elle, trop vite, trop tôt, trop fort. Rides furieuses effacées, bouche hypnotique affaissée par ce cri d'abandon pur. Le talon lance son monstrueux Achille et fait vaciller le monstre, douleur extatique de son humanité qui lui vrille en pleine gueule. Vadim sent se raviver des émotions longtemps étouffées par un célibat prolongé, faute de cruelle accablée pour en attiser les braises. Les couches du monstres s'effritent à la damnation tragique de ses faiblesses, réveillent l'homme sous la pierre fendue ; c'est un élan de tristesse pure qui l'envahit pour le destin affreux de la sublime.
Affliction.
Dans l'ombre, les moutons de poussières ont des airs de vieux démons..
Tu brûles les étapes, Amour. C'est un jeu dangereux pour moi si tu n'es pas éprise.

Mais les strates démoniaques se sont à ce point fusionnées avec l'adolescent instable, qu'il est difficile aujourd'hui de distinguer qui de l'homme ou du monstre est le coupable réel de sa cruauté. Monsieur se doit d'être pragmatique et si, plus tard, il s'en ira cultiver l'une de ces rares nuits qui arrachent ses tripes sur l'horreur de ses actes, pour l'instant toute échappatoire lui est impossible. C'est la rançon de la gloire, le bât meurtrissant du pouvoir. Pauvre bardot qui n'a plus le luxe de choisir comme le font les âmes innocentes.
Qui, d'un harnais à son flanc, arrache l'acier mat d'une lame tranchante, la fait danser entre ses doigts effilés quand il se penche.

La même arme qui a tranché les gorges de ses détracteurs, de leurs propres mains, et qui devrait poursuivre son œuvre ce soir sans qu’il n’y soit pour rien. Un regard de détermination renvoyé à l'animale terrassée, singerie en barrière entre lui et la compassion qu'elle voudrait lui arracher.
« Tue-moi. »
Souffle le monstre, invective semble-t-il, pour entretenir ces petites illusions avec lesquelles elle danse. Tu peux jouer, mais je suis bien meilleur acteur que toi.
« On dit Tue-moi. Si tu veux te suicider, fais-le avec la bonne syntaxe. »

Et il s’affaisse à nouveau sur le dossier de son siège, l’ignoble personnage, fier de sa vanne quoiqu’il ne le soit toujours pas du reste. Savoir se récompenser du bon est aussi important que de reconnaître le mauvais – même s’il s'est toujours trouvé plus doué pour le premier exercice que pour le second.
Et il la scrute, l’affreux bourreau. D'interminables, insupportables secondes. Semble chercher autant la sentence que la bonne manière de la faire tomber, toujours contrarié de se voir couper le verbe sous le pied. Le verdict semble évident, puisqu’il fait plaisir à tout le monde. Cependant, Monsieur a des principes – et qu’ils n’aient de sens que pour lui de change pas le fait qu’ils soient incoercibles. Tuer cette fille, c’est comme avorter de Beethoven,  empêcher Van Gogh de se trancher l’oreille. C’est supprimer de cette terre un tableau dont l’apogée ne peut être que superbe. Et le rôle de Fiery en ce monde, c’est de cultiver ces toiles dont il se garde jalousement la contemplation. Son cadeau pour Elles, a toujours été de leur faire atteindre le plus grand de leur superbe avant de les brûler dans ses flammes. Car devant la fatalité de la finitude, rien ne compte plus sinon la Beauté.

Tu choisiras ta fin, ma Dame. Comme toutes les autres avant toi. Et la haine que tu me voueras pour ça sera le dernier coup de pinceau sur une toile de maître.

La litanie que Vadim entonne, enfin, a la froideur implacable d’un pragmatisme sourd.
« Si tu veux mourir, je te tue. Si tu veux vivre, je coupe ça. »
La pointe du couteau désigne un point trop vague autour du membre pour ne pas en désigner l’entité toute entière.
« Et après, plus d'homme que tu ne veux pas. »
Se résout Revmir, à la simplicité dégueulasse d’un verdict qui en perd tout panache. Le ton n’a ni valeur de douceur, ni insulte de compassion. C’est l’expression pure et simple de deux faits qui sont devenus ses seules options.
« Je ne peux pas t'emmener à l'hôpital. On va te poser des questions. Et tu vas y répondre. Parce que tu as peur, que tu me détestes et que tu veux rentrer chez toi. »
Se fend-il malgré tout en guise d’aveu, sans varier d’un octave, explication qui a valeur d’excuse, excuse qu’il ne formule jamais et à son grand dam, dans des oreilles dont il n’est même pas certain qu’elles le comprennent.
C'est toi ou moi.
Ce sera moi.
« On coupe la jambe. Je te trouve un travail. Tu payes ta dette et tu rentres. »
Un trajet, deux docteurs, l’hébergement et la nourriture en guise de dette... Le bois de l’homme reste forgé dans la pègre et n’a pas de scrupule à manipuler la naïveté d’une étrangère en faisant miroiter une promesse qu’elle ne vivra jamais assez longtemps pour voir honorée. Le procédé est méprisable mais il reste utile, et l’Homme est plus prompt à la docilité quand il pense y trouver son compte... à tort ou à raison.
« Ou alors, tu fais ça toute seule comme une grande. »
La lame tressaute et pivote entre les vieux doigts de pianiste, manche tendu droit vers elle. Monsieur battre son cœur de l’exaltation du scientifique, incapable de prédire qui de la désespérée, de la maligne ou d’une furie meurtrière s’emparera de l’arme.

Dans toute la vie de Vadim, personne n’a jamais été si proche de pouvoir le tuer. L’aubaine est si belle qu’il ose à peine y croire.



@Naaki Sorgoi
  Jeu 19 Sep - 14:12
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Naaki Sorgoi
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Naaki Sorgoi
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@vadim revmir (sarasvati)


Elle s’est résolue à mourir, Naaki.
Corrodée par la douleur depuis des jours, diminuée par la fièvre et n’admettant pas de pouvoir vivre une vie comme elle a commencée entre les murs de la ville dont on ne sort jamais.
La liberté ou rien.
Elle voudrait caresser le dénuement émotionnel à ce stade-là. Elle aimerait ne rien sentir bouger dans le fond de sa poitrine. Accueillir la faucheuse. Se donner la mort pour en finir avec ces faux sourires et les discours qu’on lui assène. Qu’elle ne parle pas la langue ne la rend pas plus stupide que la majorité des individus qui s’entasse ici mais on le lui met toujours dans la gueule, cet aspect-là de sa différence.

Les callots de la belle heurtent ceux de son interlocuteur, lui qui ne se froisse pas lorsqu’elle l’invective. Lui qui reste stoïque, le portrait simplement traversé par un semblant de lassitude. Simplement vexé probablement, à en comprendre le sens de ce qu’il lui rétorque.
Tue-moi, donc.

Elle soutient son regard, les lippes serrées dans un sentiment étrange de devoir abandonner tandis qu’il s’installe dans son siège avec une désinvolture irritante. Elle ne saurait dire ce qui chez lui la pique. Et ça l’enrage, la donzelle. Elle fixe la lame qu’il manipule entre ses doigts avec des sursauts de colère froide – ceux qu’elle sent battre la cadence dans ses veines tandis que la blessure irradie à la rendre chèvre.

La lame scintille. Attire son regard.
Elle voudrait s’en saisir. Planter l’homme. En finir dans le peu de force qu’il lui reste.
Ses globes vont et viennent des yeux de l’adversaire à l’arme blanche avec laquelle il joue. Puis elle bloque sur les lèvres impudentes qui s’agitent pour reprendre, lui laissant semblerait-il un choix. Mourir ou vivre. C’est ce qu’elle comprend, la sauvageonne – analysant la gestuelle tandis que sa respiration saccade. Vivre sans ça, cette partie de jambe gangrénée qui la dévore lentement dans l’infection ou mourir tout court et abréger les souffrances d’une vie impossible dans un univers aussi dégradé. Et dégradant, surtout.

Elle se heurte à la froideur de son annonce. Tente d’y deviner le plaisir qu’il peut retirer dans tout ça -cette situation qui les amène l’un face à l’autre aujourd’hui. Il n’est pas à l’origine de sa captivité initiale mais il représente l’humain qu’elle hait. Le citadin. La crevure qui dispose des autres tout en bafouant leur volonté. Celui qui séquestre, celui qui oblige.

Naaki cherche la cruauté mais ce qu’elle perçoit dans ses dires, c’est le simple fait d’une logique imparable. Elle comprend le mot hôpital. Elle comprend le mot parler mais est bien trop étrangères aux mœurs de cette civilisation pour deviner ce que ça implique vraiment. Le risque que lui, court, en la laissant filer. D’ailleurs, plus le verbe se lie à ses oreilles et plus elle a envie de saisir les subtilités de l’échange.

« De quoi, toi, peur ? » Persifle-t-elle entre ses dents. « Je ne suis rien. » Lâche-t-elle dans un ricanement sauvage. Elle l’a intégré, cette phrase. Elle en a saisi l’idée depuis le temps qu’on lui répète. Naaki ne parle pas beaucoup mais écoute et même si elle vomirait le russe comme elle exècre sa situation actuelle, la donzelle apprend vite.

Rentrer. Le mot a assez d’impact sur sa compréhension pour qu’elle lâche son étreinte psychologique sur son interlocuteur, ses épaules s’affaissant dans le même temps, donnant l’impression qu’on l’a frappée de plein fouet. A ce moment précis, Naaki ne prend pas conscience de la vulnérabilité qu’elle affiche face au bourreau.
Lèvres entrouvertes, expression déliée, elle se noie dans les yeux de l’homme.
Elle creuse.
Elle cherche.
Un peu de vrai dans ce qu’il dit. Un peu d’espoir.

« Ou alors, tu fais ça toute seule comme une grande. »

Piège.
Il tourne l’arme blanche dans sa direction. La lui propose sagement, toujours vautré avec nonchalance sur son assise. Saisie dans son observation mutique, la nénètse fait dégringoler son regard sur la lame.

PIEGE.
Que ça lui hurle, au fin fond de ses entrailles, pressentiment universel qui n’a pas besoin de mot pour être exprimé.

L’air se raréfie dans ses poumons. Elle asphyxie. Voudrait disparaitre. Ne plus avoir à réfléchir. Mais l’instinct de préservation est là, sous la couche de désespoir entretenue par sa nature déviante.

Alors du bout des doigts, Naaki caresse le manche.
Trahit une hésitation.

Et c’est au moment où elle veut s’en saisir qu’elle donne une impulsion du bras arrière et qu’elle balance son corps entier pour s’arracher à sa couche et retomber lourdement sur son bourreau dans le but de le faire basculer. Tomber à terre, elle par-dessus, la lame tournée vers lui pour que leur proximité scelle le destin de l’impudent et que son poids à elle ne l’achève.

Et dans sa caboche, la question se pose alors.
Son sang à lui est-il aussi rouge que celui de Véronica ?






  Sam 21 Sep - 13:47
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Vadim Revmir
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Vadim Revmir
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Ce sont les Riens, dont il faut se méfier le plus ; les Inattendus qui bouleversent l'ordre établi.
C'est la lame sous le manteau d'un sans abri que tout le monde regarde sans voir, tranchant les corps attablés dans une chaumière de nantis. C'est une beauté agneline qu'on lorgne sans estime et qui redistribue le jeu en trahissant son propre père. Un garçon naïf et un peu soupe-au-lait qui fend la vie d'un puissant par une nuit sans lune.
Beaucoup de choses mourront d’être des pavés dans la mare tandis que sans même en avoir conscience, des riens les menaient vers leur inexorable chute.
Mais c’est là que prend tout le suspens de ton histoire : petit papillon aux ailes si friables déclenchera-t-il un ouragan à faire s’effondrer les empires ?
Ce n’est pas le char massif qui déplace les foules, mais l’anonyme qui se tient debout devant lui.
Ce n’est pas ton bourreau que le spectateur soutient mais bien sa victime, moralités morbides qui halètent de te voir triompher de lui.
Et pour en arriver-là, il faut que tu souffres, Naaki.
Sinon, il n’y aurait aucune Beauté à ton histoire.
Aucune légitimité à ton Martyr.


Et les globes nus frappent ceux de Vadim, de toute la candeur de leur désespoir. Le monstre voudrait s’y noyer – ou encore les lui prendre, les mettre sous bocal, qu’ils y attendent d’être dévorés. Cette nostalgie du foyer, il voudrait la cristalliser, en faire un élixir, à défaut d’entre connaître une qui lui soit propre, la douleur des exilés. Lui qui a perdu ce qu'il appelait un jour maison trop tôt et qui a quitté ce monde sans le moindre souvenir en poche ; lui dont les demeures ne sont pas plus qu’un chambranle, quelques murs et un porche. Elle doit être douce, la nostalgie du passé, pour celui qui n’aura jamais que la mélancolie des jours présents.

Je crois qu’aucune ne m’avait fait goûter les remords dont tu m’affliges.

Mais elle se surpasse encore, la belle. Se fait l’essence même des trésors qu’il quête jusqu’à la démence, la merveille des monuments dressés après le passage des bombes. Quand elle s’empare du couteau et qu’elle se lance, les envies de mort pourries jusqu’à la moelle par une rage de vivre que seuls les Désespérés peuvent comprendre. Vadim sent son dos heurter le sol et la lame qu’il esquive fendre les chairs molles de son épaule. Comble du bonheur, que la giclée de sang sur sa joue, le sien et celui de nul autre. Le rush inégalable de l’adrénaline et la symphonie imprenable des battements de son cœur.
Le monstre trop mortel a le sang aussi rouge que les mendiants et les rois mais à renifler sa propre odeur, il la trouve absolument délectable.

Mais l’énergie incroyable d’une condamnée à l’article de la mort était malheureusement son unique tentative. C’est presque trop facilement que Revmir repousse son assaillante au sol, et l’oubli engloutira le soin qu’il prend à ménager sa jambe. Dans un dernier acte de décence, la créature retient le rire extatique qui lui chatouille le palais – cela dit rien, grand dieu rien ne pourrait le dissuader de sourire au plafond crasse qui le regarde.
« Ce n'est de pas ta faute Naaki. Tu es comme ça. » murmure le serpent avec une effroyable douceur, l'insulte de son indulgence plein la voix.
Tu as l’essence des martyrs sur leur croix, des anonymes devant les chars, des monuments dressés sous les bombes.
Et pour ça, je t’interdis formellement de mourir.
« On va te soigner. Et tu réessayeras. »
Racle le monstre sans ironie en redressant sa carcasse, à la boule de nécrose et de douleurs ramassée près de lui. Vadim garde pour lui toute l’injure qu’il ferait à la soutenir pour qu’elle se relève, se contente de ramasser la lame échouée et traîner sa carcasse meurtrie vers la porte close.

Le battant claque sur la sentence de sa merveille comme un tambour sur le Malheur.

Plus belle que la beauté
Il y a ses ruines
Plus beaux que tous les sommets
Sont les abîmes

Revmir avale les sillons de son repaire, refuge de ses affaires les moins élégantes parmi toutes ses demeures. Équipe pour être fonctionnel, un escalier conduit les geôles improvisées du sous-sol à des pièces moins sécures mais plus spécialisées. Au milieu des portes mystérieuses se tient celle qui l’intéresse, ouverte à clé sur ce qui peut s’apparenter de plus à un bloc opératoire de fortune. Balles extirpées, plaies recousues, membres plâtrés, tripes rentrés, tous ceux qui devaient se dispenser d’hôpital sans être trop mal soignés y sont passés.
C’est là qu’un homme de main de confiance conduit Heiko Dietrich à le rejoindre, battant ouvert sur un Vadim torse nu, affairé à se saucissonner des compresses sur son épaule lacérée.
« Docteur. »
L’accueille Monsieur avec sa déférence habituelle, présumant qu’un chirurgien mêlé a de sales affaires a dû assister à des choses plus incongrues qu’un vieux mafieux à l’épaule blessée. Les traits anguleux et la silhouette longue à fréquenter les cimetières plus que les salles de réveil, l’homme semble avoir perdu toute lueur de naïveté dans les yeux.
« Vous opérez, ce soir. Amputation du mollet, ou quelle que soit l’appellation que vous lui donnez. Sauf si vous avez un avis contraire à celui de votre prédécesseur, qui n’a malheureusement pas supporté l’adversité de son travail. Dans tous les cas, j’attends votre excellence et votre délicatesse : elles seront grassement récompensées, cela va sans dire. »
Dans un sourire à la courtoisie protocolaire, Vadim se rhabille, et pousse près de la table d’opération le nécessaire du parfait boucher. Produits d’anesthésie dans un tiroir, matériel stérile dans l’autre, la complète panoplie de l’antibiothérapie bien conduite dans un troisième et dans un meuble annexe, des instruments de plus ou moins première jeunesse.
« Vous aurez besoin d'autre chose ? »

Plus belle que l'été
Il y a sa fuite
Plus belle que tu l'étais
Tu l'es tout de suite

Au sous-sol de la maison du diable, Naaki est à nouveau interrompue dans son agonie par deux autres hommes chargés de la conduire. Une dose de morphine lui est administrée sans se fendre de son avis, pour soulager ses douleurs et s’épargner les ruades. Sanglée délicatement, selon instructions, sur un brancard de fortune, elle est soulevée, bringuebalée jusqu’à ses deux sauveurs. Que ça ait fini par lui plaire, ou non.



@Naaki Sorgoi
@Heiko Dietrich
  Lun 23 Sep - 13:50
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Heiko Dietrich
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Cut the rotten bough
On t’a cherché et tu réponds à l’appel. La Bolshoy paie bien, ceux qui sont dans l’urgence et l’illégalité n’ont pas de quoi faire la fine bouche et te contraindre révèle souvent de mauvaises surprises ; tu es difficile à tuer, difficile à blesser et tu n’as aucune pitié pour ceux qui ont essayé de jouer au plus malin. On te conduit dans le Tartare, on louvoie entre les pièces plus affreuses les unes que les autres et ton nez se trousse à peine face aux odeurs qui n’ont rien à envier aux abattoirs. Cette odeur de misère, de tristesse et de douleur a quelque chose de familier et si ça ne t’a guère plu à te renaissance, tu n’y fais plus attention. Le commerce de mort reste un commerce.

Tu ne réponds pas à la salutation de Vadim, tu ne lui proposes pas non plus de vérifier ses plaies en premier. Tu ne réponds pas plus au sourire et tu ôtes ta veste d’un roulement d’épaule. Tu la déposes dans un coin, à portée de vue au cas où un malheureux aurait l’idée de te faire les poches. « Non. » Tu as amputé à la chaîne sur des champs de bataille, sous de pires lumières, avec du matériel bien pire ; tu n’avais aucune raison de craindre la perte de ton patient, à moins d’une complication soudaine et brutale. Tu vas te désinfecter les mains, tu te prépares rapidement, la force de l’habitude, 90 ans de métier, c’est comme à l’usine.

Puis elle rentre. Ton regard se pose sur la femme, l’air las, alors que tu nettoies avec application tes doigts. Une pauvre gosse de plus noyée dans Zamo, perdue loin de chez elle, fourre-bite qui avait dû en avoir marre de cette vie. Tu attends qu’ils la balancent sans délicatesse sur ce qui servira de table d’opération et tu orientes la lumière un instant vers sa tête, tu cherches dans ses yeux une lueur de reconnaissance, voire aussi peut-être de quelque chose de pire. Tu palpes ensuite ses membres, tu prends son pouls, tandis qu’ils vérifient les sangles. Elle n’est pas endormie, pas tout à fait, alors tu attrapes de quoi l’empêcher de se mordre. Ce qu'ils lui ont administré évitera probablement un état de choc, peut-être. « Ouvrez la bouche. » Tu grondes, tu attends à peine une réaction et tu lui coinces entre les dents, l’empêche de le recracher. Il faut ensuite la garroter, efficacité, ça a pris moins d’une minute et tu es déjà à observer le tranchant des lames.
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  Lun 23 Sep - 22:49
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Naaki Sorgoi
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@vadim revmir (sarasvati)


A croire qu’il n’attendait que ça.

Et si…
Si la lame lui faisait vomir ses tripes, à l’enflure. Elle s’insurge, Naaki. Dans ce geste désespéré qui l’entraîne pour sceller le dernier acte dans un destin tragique. Qu’elle l’emporte avec elle dans ce dernier sursaut de rage. Qu’elle l’enterre sous les remugles puants de son désespoir. Qu’il se sente crever, comme elle – à en avoir les larmes aux yeux et l’envie de prier sa mère.
Elle voudrait lire sur son faciès la terreur des lendemains incertains…
Mais lorsque la lame lacère la chair, blessant l’épaule dans le mouvement qu’il fait à l’instinct pour se protéger, Naaki lui devine un sentiment qui la déroute.

Par Nga.
Le diable pourrait sourire.

Les yeux écarquillés, l’adrénaline se dissipant aux frontières de la conscience aigüe du malaise qu’il instigue, Naaki laisse échapper un soupir. Elle voudrait avoir la force de se redresser pour appuyer sur le manche. Le clouer au sol et qu’il rugisse. Qu’il grimace. Qu’il se débarrasse de cet air insupportablement charitable – sourire tordu dans une saveur grotesque de la scène qui se déroule à l’instant.

Qui es-tu ?

Il n’est pas humain, celui-là. Son murmure la scie. La manière qu’il a d’articuler son nom l’enrage. Mais la nénètse reste là, recroquevillée sur le sol à s’étouffer dans la douleur. Tue-moi ! a-t-elle envie de lui hurler mais sa voix n’est qu’une complainte lointaine qui se noie dans quelques sanglots. Les phalanges se crispent contre le béton froid et entre ses mèches folles lorsqu’elle relève le museau, Naaki entrevoit le regard de son bourreau avant qu’il ne disparaisse derrière la porte.
Drapé d’une satisfaction de mâle repu. Comme s’il s’était bâfré de ses malheurs.


Puis voilà le noir.
D’encre.
Humide.
Naaki couine dans le délire de son inconscience. Il n’y a que les paluches qui l’étreignent qui parviennent à lui arracher un frisson irrépressible tout au long de l’échine, imprégnant à nouveau son corps de cette souffrance qu’il a en mémoire.
On la redresse et elle gesticule. Si ses réticences lui semblent convaincantes, la gestuelle de la captive s’enlise pourtant dans une impuissance qui s’exacerbe lorsqu’on lui injecte la morphine.
Elle divague la fille, empêtre ses mots dans sa langue natale – semble prier Noum, le dieu créateur de sa religion de lui faire ouvrir les paupières. De lever le voile du cauchemar. De la ramener chez elle.

Mais non. Au plafond qui défile et au grincement entêtant du brancard métallique qui avance, Naaki répond par des murmures furibonds. Elle tente de se tourner, à gauche puis à droite. Opposent ses poings serrés aux sangles qui l’attachent. Se rue une dernière fois avant de retomber dans le fruit d’un dernier effort.

Puis elle fixe.
Là-haut.
La lumière blanche lui brûle la rétine et son corps bouillant exhale sa chaleur dans un dernier soupir mortifère qui ne la rend que plus résignée. Ça s’agite autour. Au-dessus d’elle. Elle distingue le visage d’un homme – son regard qui se suspend dans le sien, las, froid et lointain. L’ébauche de gestes mécaniques tandis qu’il la touche. Pas comme les autres. Juste comme si elle n’était qu’une poupée de chiffon sans vie abandonnée là dans un coin. Contrairement à l’autre, il n’en retire aucun plaisir et pas plus de compassion. Toi aussi, tu veux qu’on prenne ta vie, qu’elle pense avec l’envie de ricaner. Tout pue le malheur et le désarroi par ici et celui qui tire les ficelles est à quelques pas seulement - le monstre gouailleur, le dévoreur d’âme.

Les pupilles de la fille se fendent tandis qu’il lui fourre le morceau de cuir dans la gueule. T’es qui toi ? Elle a des envies de chaos, Naaki, au détour de ses pertes de conscience – tandis qu’elle entend clairement le bruit des instruments qui tintent contre le plateau en argent. Ça lui serre le genou et bientôt, elle n’est qu’une plaie ouverte. Elle sent son pouls battre dans cette patte qui déconne.

Lorsque l’inconnu se penche à nouveau sur elle, Naaki capte ses mirettes et ne les lâche plus. Elle essaie de lui harceler l’esprit de son désordre – d’un élan primitif qui pourrait retourner ses instruments contre lui ou même mieux – contre lui. L’autre, planté dans la pièce, qui doit savourer le spectacle d’une énième épreuve qu’il prend plaisir à lui infliger. Il n’y a que le sang et la rage qui peut assouvir ce désir de vengeance entêtant. Bien qu’elle soit faible, ça la gargarise, à Naaki. Et de toutes ses forces, elle appuie pour que l’esprit du chirurgien ploie.

Et qu’ils s’entretuent, les chiens.








  Jeu 26 Sep - 21:59
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Heiko Dietrich
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Elle cherche tes yeux, peut-être à des fins compatissantes, comme si te supplier pourrait arrêter la marche de sa destruction. Elle y perd, elle n’est qu’une poupée à qui on ôte l’anomalie handicapante, cette qui la rend inutilisable et éventuellement pourrie. Elle ne s’en sortira pas avec cette patte folle mais l’argent t’intéresse plus que la colère d’une pute anonyme, une femme que tout le monde a oubliée et qui n’a d’identité plus que celle qu’elle se façonne pour elle-même. Il n'y a rien à récupérer chez elle que la santé pour pouvoir continuer à servir les desseins de la Bolshoy.

Elle les cherche, s’y agrippe et, las, tu la laisses faire. Elle est encore suffisamment consciente pour ressentir quelque chose et tu observes ses pupilles, le mouvement de ses orbites, tu t’attends presque à ce qu’elles roulent dans leurs orbites. Ça t’irrite, cette résistance, qu’elle se laisse faire et bouffer complétement par la situation, qu’elle accepte son handicap, qu’elle cesse donc de vouloir résister par toutes les manières. Pourquoi est-ce que tout cela fait monter en toi une rage sourde alors que tu n’en ressens habituellement qu’une vague indifférence ? Ton nez se fronce, tes yeux se plissent et tu te redresses. Tes mains ne la touchent plus, les instruments serrés trop forts, puis abandonnés dans le plateau. Tes paumes se posent sur la table, tu inspires longuement.

La présence derrière toi de Revmir, prêt à se lancer dans une autre logorrhée mégalomaniaque, à t’expliquer quoi faire avec une ironie qu’il aurait voulu mordante mais qui n’était qu’une agressivité passive qui le rendait ridicule. Ça te démange entre les omoplates, les compulsions nourries de souvenirs, ne pas tourner le dos aux abrutis et aux petits chefs, ça finit avec une balle dans la nuque ou un couteau dans le dos. Tu te repousses, te redresse, pour faire face à l’homme qui panse ses plaies. Il saigne, il saigne, il saigne. Du sang à ta merci, que tu peux modeler et renforcer à ta guise, tout ça à ta disposition pour mieux l’écraser, l’étouffer, le tuer à petit feu. Tu vas commencer par lui couper la circulation au bout des membres, puis les bras, les jambes, doucement les organes, la langue pour qu’il la ferme, provoquer un arrêt des organes avec des caillots, que sa mort soit lente, douloureuse et qu’il se rende compte de ce qui arrive. Qu’il proteste, se plaigne et observe finalement de manière mutique sa fin.

Tu fais un pas vers lui, ça vibre sous tes pieds, la terre répond aux appels du draugr, ça vibre, ça se forme et ça tremble. La chasse commence. Un autre pas, encore un, un dernier et tu fermes les yeux, l’esprit embrumé qui s’éclaire doucement, la violence s’apaise pour ne former qu’un mépris colérique, puis juste une froideur mauvaise. Le regard qui l’incite à l’ouvrir juste pour faire revivre cette rage que tu n’avais pas ressentie depuis des années, tu ne vivais plus les émotions aussi fortement depuis des années. Tu tournes brutalement la tête vers la pute sur son brancard, tes doigts craquent. « Ne fais pas ça. » Ça sonne comme une menace, ça sonne comme un c’est toi qui va avoir mal.

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  Ven 27 Sep - 10:46
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Vadim Revmir
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Et l'usine se met en branle, implacable et placide, scellant le glas de l'esprit, ce soir que le corps morflait déjà pas mal sa race.

Et si l'une a quelque excuse pour ne pas être réceptive aux plaisanteries, Vadim ne sait pas très bien ce qui vaut à l'autre sa tête de croque-mort et ses manières de parpaing. Une retenue quetout un chacun louerait, pourtant, pour deux raisons simples : les subalternes qui pêchent par l'humour ont aussi une tendance désagréable à l'insolence et on verrait d'un mauvais oeil qu'un homme pratiquant des activités aussi morbides les ponctue de boutades - quoique ça n'en dérange pas certains. Pourtant, ce soir, l'attitude protocolaire et l'amabilité absente de cet homme dont il ne légitime pas l'existence, Vadim les voit comme une goutte d'eau dans un vase trop rempli de contrariétés successives. L'espace d'un instant, l'envie lui prend même d'appeler Charlotte, juste pour lui coller deux baffes, pour le plaisir burlesque de cette scène, qui dériderait un peu ses humeurs.
J'ai une puce enfoncée je ne sais où, des trahisons sur les bras, des affaires amputées - si je puis me permettre - mes hommes sont incapables de garder une donzelle qui ne parle pas la langue... épargne-moi ton visage d'annonce mortuaire et je rajoute un zéro sur ton chèque.
Du reste et dans des considérations moins triviales, Monsieur se méfie comme de la peste de la discrétion dans le milieu, qu'il voit comme un iceberg dont la face immergée n'est jamais belle à voir. Quand on se déplace en pleine nuit amputer un membre nécrosé à une fille enlevée, si on n'en retire aucun divertissement, alors le divertissement est ailleurs et il n'a rien d'un conte pour enfant. Et c'est ainsi, dans une théorie maintes fois prouvée par la pratique, que Revmir se voit pris d'une possessivité protectrice et aberrante dès que cette incarnation de l'antichambre de la mort pose ses mains sur sa patiente.
Il réserve peut-être une fatalité tragique à chacune de ses obsessions mais Monsieur a pour qualité de ne pas en laisser d'autres leur réserver le même sort. L'accumulation finirait par être intolérable.
« Votre délicatesse Docteur. »
Précise donc le commanditaire de l'atrocité d'un ton plus formel, puisque formalité est de rigueur. Pour l'heure, il se fiche bien du concours phallique du plus difficile à tuer dans l'affaire et ne connaît qu'une vérité fondamentale, celle de l'offre et de la demande. Je t'ai demandé deux choses, une close non respectée divise la rente par deux. On est pas au Vietnam, je paye bien mieux que l'armée.

En résultante, une interprétation hâtive de la scène aurait tendance à penser que l'homme a l'ego trop sensible. Mais quand on est Revmir, et qu'une intrusion trop zélée dans votre espace vital fait hésiter tout ce qui n'est pas décérébré, on sait que l'arrivée très explicitement menaçante de cet homme, proche à sentir son souffle froid vous caresser le front, n'a rien de naturel. Heiko toise Vadim et déjà Vadim contemple Naaki, conscient qu'un tour inexpliqué déjoue les lois physiques de cette terre dénaturée. Un instant en suspens, dont il ne sait pas s'il doit le craindre ou s'en réjouir, de cette propension maladive que le monstre peut avoir à réjouir sa survie bien trop facile.

Une droite du géant-tue-la-joie lui dévisserait la nuque, pourtant le Serpent contemple et déréalise l'instant dans une inertie réjouie. Fondamentalement suicidaire, peut-être, derrière l'arrogance qu'il peut avoir à ne pas mourir. Ce serait pourtant une mort bien con, la seule chose qu'il s'est interdit de commettre. Mais elle continue de le fasciner, la merveille, s'entête à le soumettre à cette envie irrépressible de savoir jusqu'où va sa Beauté.
Vas-y. Tue-moi. Ils trouveront ça absurde. Mais Toi et Moi, on saura.

Damnation, celui qui souffre d'une carence fondamentale en rythme de scène le compense par une maîtrise de soi hors normes. Ou alors, elle est droguée, sans vouloir te vexer. La semonce claque dans l'air comme la guillotine tinte en remontant sur la potence et Vadim ne fait toujours rien, les yeux rivés sur le miracle massacré qui continue à illuminer ses espérances. Instinct de survie, douleur, drogues ou infection, il sent le voile de torpeurs hystériques se lever après quelques secondes, et ne peut retenir le sourire que décoche ses lèvres en guise de réponse.
Il s'en veut, Revmir.
Se lacère le ventre, sincèrement, de vouloir la conditionner dans un bocal et ne plus jamais s'en départir.

Se fend malgré ses délires d'un périmètre de sécurité entre lui et le colosse une fois la fièvre passée. Etre tué par un dernier tressaut d'âme désespérée, oui, par un grand couillon qui n'aura même pas une blague pour son cadavre, hors de question.
« Bien. Je pense que nous avons perdu assez de temps comme ça. »
Annonce-t-il, godasses revêtues d'autorité payante et chemise ensanglantée réajustée sur son corps. Laissant à Larrey son périmètre d'oeuvre, Monsieur s'en va trouver un tabouret pour s'asseoir, retient depuis de trop longues heures la cigarette dont l'absence lui brûle les papilles.
« Tchak tchak »
Qu'il annonce dans un mime de découpe, un sourire claquant l'air.

Si je ne peux pas soudoyer ton humour, je peux encore t'obliger à subir le mien.



@Naaki Sorgoi
@Heiko Dietrich
  Mar 15 Oct - 20:34
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Naaki Sorgoi
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Elle les aurait poussés à s’entretuer dans l’éclosion d’une fureur sourde et battante, Naaki. Elle aurait éveillé la rage – celle qui sommeille en chacun - à l’orée de cet instinct primitif que souvent l’on refoule. Dans ses pensées délirantes, embrumée par le sédatif qui la plonge dans une sorte de catatonie fiévreuse, la donzelle tente tant bien que mal de s’accrocher aux prunelles du chirurgien à la gueule fermée. Elle y balance son ancre, dans ses callots. Avant que celui-ci ne se redresse dans une tension de nuque qu’elle ressent jusqu’aux tréfonds de ses tripes. Les lippes pâles s’étirent dans un faible sourire tandis qu’elle renverse la tête en arrière – se cherche un rail d’adrénaline pour ne rien rater du spectacle. Sa vision s’obscurcit.
Il flotte dans la pièce sordide une tension qui lui hérisse le poil. Elle voudrait leur déchirer le portrait ciselé dans ce quant-à-soi déroutant. Qu’ils se laissent aller à la crainte, la colère ou à la folie. Elle qui est née brute, elle ne peut envisager que flotte sur les visages de tous ces humains ce vide expressif qui les rend de ce fait impossibles à cerner.

Elle voudrait les secouer.
Les frapper.
Pour briser la coquille. Rompre la carapace.

L’homme s’éloigne de la table chirurgicale et Naaki le considère avec une acuité soudaine qui lui fait prendre conscience de sa stature de géant. Une pensée la traverse, furtive. Qui es-tu, toi ?
Qu’as-tu vécu de si horrible pour t’en être résolu à charcuter des innocents sans chercher à comprendre ? A moins que ce soit la seule manière qu’il ait trouvée pour combler son vide, lui.

Dans une grimace, Naaki se redresse sur ses coudes et jette un œil à la scène entre ses mèches de cheveux. Elle voudrait voir l’homme plus petit effacer son petit sourire irritable. Elle voudrait le voir se ratatiner de peur en voyant le chirurgien se diriger vers lui. Elle admire ce physique d’envergure, cette aura glaçante dont elle pourrait user pour terrifier son prochain.

Mais l’homme ne trahit pas la moindre appréhension. Les prunelles venimeuses s’accommodent à la brume et se cognent contre le portrait toujours lisse du fou qui n’a pas la moindre conscience de ce qu’est la peur. Celle qui nous rappelle ce que c’est de vivre.

C’est qu’elle a presque pitié de lui Naaki.

Le timbre grave du chirurgien gronde tandis qu’il pivote pour la lorgner, articulant une menace à son égard. Il a échappé à son emprise. C’est fini.

Relâchant ses muscles, la sauvageonne se laisse retomber sur le brancard, un ricanement sordide au bout des lèvres. Son désespoir se lève comme un voile, laissant place au dépit – un semblant d’indifférence qui puise ses ressources dans la projection d’une vengeance bien amère. Elle n’a pas peur de mourir, Naaki mais cet homme-là lui a fait réaliser qu’elle y tient à son existence – ne serait-ce que pour lui pourrir la sienne.

Le monstre dispense son verbe et ce qu’elle la gerberait sa risette. C’est qu’il aime ça. Le geste est sans équivoque et ne demande aucune traduction verbale. On va la lui couper, sa guibole. Celle qui l’a portée durant toutes ces années. Coupez la patte à une louve et elle apprendra à faire sans. Pouvoir compter sur ses trois autres, ça aide. Foutu bipède.

Lorsque le chirurgien s’approche à nouveau d’elle pour se saisir de ses instruments, elle parvient à lui étreindre le poignet dans une dernière injonction. Elle crache l’entrave et murmure. Susurre, féroce son regard tentant de le transpercer une dernière fois.

« Si tu me prends quelque chose, je reviendrai plus forte. » L’avertit-elle dans son idiome, consciente qu’il ne comprend rien. Peu importe, l’important c’est qu’elle le dise.

L’important, c’est qu’elle puisse le faire.

Dans un claquement, elle se retrouve à nouveau muette et vaseuse. Ferme les paupières pour ne pas voir le sourire de celui qui tire les ficelles.

Puis ça va vite.
Elle sent une douleur vive malgré la morphine. Elle a tout le loisir d’imprimer la marque de sa dentition contre la pièce de cuir qui étouffe ses râles. Mais c’est trop intense tout ça – physiquement, ça pourrait lui rappeler cette fois où elle s’est écrasée par terre. Ce jour où elle est morte.

Il y a des bruits qui restent ancrés en vous. De ceux que jamais l’on n’oublie. La douleur est si intense que Naaki s’évanouit. Elle a juste conscience de cette chaleur qu’elle dégage. De cette sensation d’épaisseur brûlante qui se répand tout autour d’elle.

Ça pue le sang. Son sang.







  Ven 25 Oct - 10:42
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Heiko Dietrich
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Heiko Dietrich
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Le petit homme s’obstine et se fait lutin, plein de rancœurs derrière ses sourires et ses piques. Tu ne cilles pas à ses moqueries, réagit à peine à ses remarques. Tu n’es pas là pour faire une opération dans l’esthétique et la délicatesse mais pour sauver ce qu’il reste à récupérer de ce tas de barbaque. A toi d’y réfléchir avant, ducon, à toi de penser à traiter tes putes et bien t’occuper de tes jouets si tu ne voulais pas qu’on les répare et les enlaidisse. Tous les enfants savent ça, Revmir, apprends comme les autres que tout patron que tu sois, il n’existe pas de moyen de contourner les lois de la propriété normative.  

La main qui sert ton bras et les mots que tu ne comprends pas font écho à une situation d’il y a des décennies. L’odeur de sang, la colère sourde, les liens qui la retiennent. Niilo aussi, Niilo n’avait fait aucun effort d’articulation avant de t’écraser l’esprit, le détruire à grands coups de vérités et de douleurs. Tu clignes des yeux, ennuyé et tu lui refourres le morceau de cuir dans la gueule pour qu’elle la ferme. Tu ne croises plus ses yeux, ça commence toujours comme ça et tu te mets au travail sans plus d’état d’âme. Rien pour lui signaler que tout ira bien, pas une goutte de salive pour le malheur des autres.

Une langue passe sur tes lèvres alors que tu découpes la peau pour la retourner, te donner de quoi faire une suture et une cicatrice propre une fois que tu aurais séparé le mollet du reste de la jambe. Puis tu agrippes sa guibole et tu tranches la chair, l’os, tu ne t’arrêtes que lorsque la scie heurte la table. Le membre est écarté. Pas d’assistant alors le temps de te débarrasser des instruments souillés, tu passes une main distraite devant ta bouche, le sang t’attire, toute cette hémoglobine et tes entrailles hurlent. Un regard vers la jambe et la femme pour t’assurer qu’elle ne fasse pas un choc, ne se vide pas stupidement sur la table, prêt à utiliser ton don pour la stabiliser si cela était nécessaire. Plus, plus, plus, de sang, toujours plus de sang pour ne pas mourir. Un vrai vampire. Ton pouce, tes doigts et en vérifiant d’un coup d’œil que les instruments pour la recoudre étaient bien stérilisés, tu te re-désinfectes proprement les mains et entreprends de suturer sa jambe.

Le travail effectué, le temps est passé avec habitude. Tes yeux plissés, tu observes le visage de la femme, cherche sur son bras les points noirs qui te permettraient de t’assurer qu’il s’agissait bien d’une créature et non pas d’une légende. Il n'y a rien que du vide. Femme qui n'existe pas, laisse-toi crever. Les paupières lourdes, tu restes un instant à t’assurer que tout va bien avant d’ôter le garrot, tu ne touches pas au reste. Tu repasses tes doigts dans ta bouche en t’éloignant, tu balances à la poubelle ce qui ne pourra être réutilisé, le reste dans un bac où les instruments s’entrechoquent en heurtant le fond. Tu te désinfectes à nouveau les paluches. « Il faudra désinfecter et changer régulièrement la plaie, s’assurer que la suture tient bien, qu’elle ne s’infecte pas, surveiller sa température. » Tu ne fais même pas mine de lui montrer ce qui pourrait lui être utile de voir, de lui montrer quoi utiliser, tu remontes la lampe pour que le moignon ne soit plus sous les feux des projecteurs. L’ennui perle toujours au bout des cils, tes yeux se perdent sur la chemise saturée d’hémoglobine du plus petit. Tout ce sang. Tu rabaisses tes manches, ferme les boutons au niveau de tes poignets.
  Mar 29 Oct - 11:45
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