Confrontation

Impétuosité : 71

Confrontation

La voiture privée de Yeva s'arrêta devant la bibliothèque et le chauffeur vint lui ouvrir pour l'aider à l'ouvrir. Elle posa un pied lourd et la main de son employé ne fut pas de trop pour qu'elle puisse plus facilement se mouvoir. Elle le remercia dans un soupir et avança vers le grand édifice. Après tous ces événements, le procès qui était plus une exécution froide qu'autre chose, l'accusation d'Ilya après qu'ils aient tentés de régler les choses par la parole et l'écoute, et le meurtre de son oncle, suivit du massacre de son corps... Dans la panique, tout le monde avait fui ou presque. Les émissaires, fidèles à eux-mêmes, ont été les premiers à partir. Sauf une, il est vrai, qui l'avait même appuyé avec son époux. Enfin, appuyé... Dans sa tête, ne pouvait s'empêcher de faire tournoyer tous ces éléments. Son oncle avait parlé de Hel, les émissaires hissés au pouvoir sans raison, les paroles de l'émissaire du culte, le tutoiement du Tsar... Et tout cela se mêlait avec d'autres préoccupations. Yulian, Ilya, Moscou et la Russie toute entière !

En ressassant tout cela dans sa tête, ses pas l'avaient menée tout droit à l’accueil. La jeune femme se reprit pour demander calmement et poliment l'accès aux archives, notamment celles de sa famille. On lui donna l'autorisation sans aucun travers, la menant à l’ascenseur. Elle descendit ensuite, atterrissant au milieu de l'histoire de la capitale. Elle ne vit personne, mais elle connaissait le chemin. Ce n'était pas la première fois qu'elle venait, ayant régulièrement étudié ici, depuis ses 16 ans. L'histoire, la politique, l'économie... De quoi se forger une base pour savoir et comprendre comment faire de son mieux, pour son pays. Mais aujourd'hui, elle n'était plus sûre de rien. Elle avait essayé de comprendre, écouter, questionner, demander et le seul résultat fut celui d'être prise pour une enfant, mise à l'écart, à peine entendue. Elle se demandait encore si ça avait valu la peine, Ilya s'est retrouvé pucé comme les criminels qu'il a voulu défendre. Ont-ils seulement vu leur geste ? Elle en doutait.

Ce qu'elle cherchait aujourd'hui, c'était du réconfort, des visages familiers. Qui sans les connaître, lui insuffleront tout de même la force, pour continuer à se battre. Un en particulier ... Disgracié, mais qui s'est battu jusqu'au bout et qu'elle admirait plus que tout. Elle se dirigea vers la section dédiée à sa famille. Connaissant bien le livre qu'elle cherchait, à sa place habituelle. Elle le sorti délicatement et avec précaution, comme un vieux trésor, un bijoux. Comme celui à son cou qu'elle effleura du bout des doigts. Yeva regarda la couverture avec une certaine mélancolie, le connaissant par cœur. Mais alors qu'elle voulut se diriger vers un des bureaux pour le consulter, l'être dans son ventre s'agita et donna un coup, brisant sa contemplation et dans un sursaut, elle fit tomber le livre,

« -Oh non ! »

Peinée d'avoir laissé tomber cette archive précieuse à son cœur, elle voulue le ramasser au plus vite. Mais elle était dans l'incapacité de se pencher ou de se baisser facilement... Elle commença à fléchir ses genoux, tentant de l'atteindre avec son bras en se retenant à une étagère. Mais rien à faire... Elle réessaya en se mettant plus de côté, sans plus de succès. Cette grossesse n'était qu'un fardeau ! L'ayant obligée à briser un couple, un homme, sa possibilité de véritable mariage, d'agir concrètement... Ou même de ramasser bêtement un livre. Elle se releva, fermant les yeux en relevant la tête et s'appuyant contre la bibliothèque. Elle était déjà fatiguée de cet enfant...

Impétuosité : 93

Confrontation

The Wife & The Other Woman

Après des semaines de chaos, entre fuites, arrestations, exécutions et assassinats, le calme était enfin de retour. C’était la première fois depuis longtemps que Dorreh pouvait enfin souffler. Son monde s’était effondré, sa vie avait presque été anéanti mais au final il ne s’en sortait pas trop mal. Il en avait été étonné d’ailleurs. Bien sûr, il avait maintenant une puce sous la peau et il avait perdu sa position de conservateur pour celle d’archiviste, relégué dans les méandres de la bibliothèque, côtoyant histoire et abysses. Ce n’était pas plus mal, il était toujours au milieu de ses livres adorés et il n’avait pas à souffrir du regards des autres. C’était ce qui avait eu le plus d’impact, lui qui avait toujours eu l’habitude d’être dans l’ombre, invisible, et qui s’en accommodait si bien . A présent, on le reconnaissait parfois, comment pouvait-il en être autrement après que son visage ait été dévoilé à la vue de tous et exposé pendant des jours ? Il détestait ça. De tout son être. Et même ses cheveux à présent de nouveau comme avant n’était pas assez pour le dissimuler.

Au moins, il avait son chez lui, dévasté par les perquisitions qui devaient avoir eu lieu mais dans l’ensemble intact. Ses livres avaient survécut et ses trésors aussi. Oui, il s’en était plutôt bien sortit et il savait pertinemment qu’il ne devait cet état de fait que d’avoir plier le genoux devant le Tsar avant sa mort. Un choix qu’il n’aurait jamais pensé faire, lui qui avait été élevé dans l’idée de donner sa vie à sa cause. Mais Volodya n’avait pas compter sur Ilya. Parce que Dorreh pouvait se donner toutes les excuses du monde, et il n’avait certainement pas l’intention d’abandonner le combat même s’il devait le mener sous la coupe de l’entité qu’il cherchait à détruire, mais il savait très bien qu’elle était la véritable raison de son choix, de sa soumission. Et elle tenait en un seul être, en un seul nom, en un regard insondable dans lequel il s’était noyer de si nombreuses fois.

Alors il avait tenté de reprendre le cours de sa vie, de prendre soin de Yulian qui vivait chez lui de nouveau et qui semblait si mélancolique. C’était pour toutes ces raisons qu’il était à présent en train de déambuler dans les couloirs déserts des archives de la bibliothèques, une pile de livres à répertorier entre les mains. Il avançait, simplement content dans son domaine, ses pas comme toujours absolument silencieux sur la pierre nue. Cela faisait plus d’une décennie que le bruit de ses pas s’était tu, une habitude née d’un entraînement régulier et sans relâche, une habitude dont il ne parvenait pas à se défaire.

Il inscrivait soigneusement un titre dans un formulaire lorsque le bruit sourd d’un livre tombant au sol suivit d’une exclamation féminine lui parvint. Toujours silencieux, Dorreh se dirigea vers le bruit pour tomber sur elle. Son Altesse Royale Yeva Romanova de Russie. La Tsarvena qui était aussi pâtissière. Et surtout, surtout, l’épouse d’Ilya, devant la loi, devant les dieux, aux yeux de tous. La mère de son enfant.

Oh, la douleur était toujours présente, même si quelque part, Dorreh savait qu’il n’avait pas le droit de la ressentir. Mais elle avait la chance d’être sienne, d’être aimé par lui librement et aux yeux de tous. Et oh, la jalousie l'étouffait presque. Il aurait pu s’effacer doucement et repartir d’où il venait, elle ne l’avait pas vu, trop occupée à examiner le livre au sol, la mine déconfite. Dorreh ne pouvait tout simplement pas l’ignorer sans l’aider. Il ne pouvait pas lui faire ça à elle, et il ne pouvait pas faire ça à lui.

Sans bruit, le jeune homme s’approcha, semblant se matérialiser de nulle part, ramassa le livre et le tendit à la princesse.

-Votre Altesse. Avez-vous besoin d’aide ?

Il espérait que non parce qu’il ne lui avait proposé que par politesse et parce qu’il s’agissait, après tout, de son travail. Dorreh n’avait qu’une seule envie, disparaître et fuir, retrouver le sanctuaire de son bureau dissimulé.

(c) DΛNDELION

Impétuosité : 71

Confrontation

La jeune femme eut un sursaut avec un léger cri de surprise quand elle se rendit compte qu'un homme avait ramassé son livre en lui proposant son aide. Elle ne l'avait pas entendu arriver, comme un fantôme venant d'apparaître. Et en le regardant plus attentivement, remise de son étonnement de quelques secondes, son visage se remit peu à peu à son esprit. Dorreh Glazkov. L'amour d'Ilya. L'amour dont elle avait retiré tout espoir d'être avec lui, tous les jours, parce qu'il devait être à ses côtés à elle. Pour se prétendre le père d'un enfant qu'elle n'avait même pas souhaitée. Et même si elle savait que son ami n'avait pas eu besoin d'elle pour repousser Dorreh, pour quelque raison que ce soit, elle avait bien conscience que leur mariage n'arrangeait pas les choses.

Lentement, elle reprit l'ouvrage qui lui était tendue dans ses mains, soufflant doucement un merci. Ses doigts se serrèrent doucement autour de celui-ci, des sentiments contraire l'envahissant, les yeux rivés sur la couverture. Pourquoi se sentait-elle coupable ? C'était eux qui ne pouvaient apparemment pas communiquer correctement... Mais surtout, qu'est-ce qu'elle devait à un criminel, pactisant d'une secte ayant juré la destruction des Romanov. Sa mâchoire se serra peu à peu. Non sa famille n'a pas toujours fait les bonnes choses, mais elle dirige ce pays depuis des centaines d'années, depuis l'élection de Michel III de Russie par le zemski sobor, elle le dirige en inculquant à ses enfants l'amour de la patrie depuis le berceau. Chacun élevé avec pour seul objectif de servir leur pays... Voulaient-ils une démocratie ? Où des politiciens véreux se battent dans de grands débats télévisés en criant, pour n'avoir qu'une place de quelques années, peu importe où, dans leurs pays ou à l'Union européenne, juste le temps de se remplir les poches ? Elle releva le regard vers lui, plus dure et froid que précédemment.

Qui pouvait savoir ce qu'il se dissimulait derrière ce visage faussement innocent. Il avait beau se cacher derrière un faciès de douleur et de peine, il avait fait partie d'une organisation n'hésitant pas à tuer pour prendre avidement le pouvoir, sous-couvert de mieux gouverner qu'un tsar qui ne ferait que verser le sang. Se noyant ainsi dans leurs propres contradictions, comme toute faction fanatique. Lui-même avait peut-être déjà pu tuer ! Et pourtant, il se tenait ici, à la bibliothèque nationale... Pendant qu'Ilya dépérissait. Elle ne pouvait même pas imaginer le déchirement de son cœur en apprenant qu'il faisait parti de ce contre quoi il luttait depuis des mois, qu'il cherchait à détruire ce qu'il défendait et chérissait plus fort que tout, la seule chose passant avant étant lui-même, Dorreh... Avait-il si peu d'amour et de foi en lui pour ainsi le délaisser ? L'avoir tenu éloigner de ce sombre secret depuis si longtemps ? D'avoir cru que ce mariage était sérieux et se détacher de lui ? Alors qu'ils avaient passé tant de temps ensemble.

Yeva ne l'avait connu que par les mots de son meilleur ami, maintenant époux. Et il avait eu toujours tant d'amour, tant de tendresse... Exprimé à sa manière, mais si fort, si intense. Elle soupira, les hommes étaient si doués pour se faire du mal entre eux, n'utilisant jamais les mots à bon escient. Doucement, sa colère retomba, elle se calma. Mais elle ne savait que faire dans cette situation. Elle le rencontrait enfin, et n'avait soit que de la culpabilité, soit du ressentiment à son égard. Elle le regarda à nouveau avant de soupirer,

« - Je suis désolée... Pour Ilya, le mariage. Je ne voulais pas vous empêcher de vivre ensemble.. Mais indubitablement, ça devait forcément avoir des conséquences. »

Confrontation

BOYS AND GIRLS OF EVERY AGE, WOULDN'T YOU LIKE TO SEE SOMETHING STRANGE ?

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