Battement d'ailes. Le Corbillat louvoie parmi les étalages de livres et de journaux. Phalange s'égare çà-et-là sur le bois poussiéreux, trace sillon nébuleux à travers les particules fossilisées. Renifle les narines, tandis que silhouette s'égare dans quelques soubresauts équivoques. Sûr qu'elle s'alanguit de rencontrer enfin l'objet de sa visite. Et voilà qu'il croassa, l'Animal, pour informer sa présence en ces lieux. Point de mystère derrière lui. Au contraire, il se délecte de la crainte qu'il fait naître. Rictus fallacieux au bord des lippes, babines retroussées sur une gueule famélique, le Charognard guette l'obscurité tamisée d'un œil averti. Certain que l'Oisillon se calfeutre d'embarras. Et quel délice lorsqu'elle perçoit enfin la trombine de l'Ingrate !

Dahlia n'esquisse pas la moindre grimace. Esgourdes écoutent le boniment. Puis voilà qu'elle se gausse, finalement, de son impudence.

« Adonis, mon oisillon, quel affront, me fais-tu là !

Et d'une enjambée, Dahlia dévore la distance qui la sépare de sa progéniture. L'iris se trouble, dès lors, d'un safran métaphysique. Le volatile chevrote d'impatience. Que ne ferait-il pas juste pour becqueter la malheureuse !

– Pauvre, petite, Adonis, toujours en quête de l'Amour maternelle...

Les serres s'emparent du gosier, percent la chair blanche dans un bruissement sinistre.

– Que ne ferait-elle pas pour attirer l’œil de sa mère, hm ?

Broyant contre le sein nourrisseur la cage-thoracique de la cadette, Dahlia s'érige de toute sa superbe. Les lippes effleurent la bouche pantoise, attisent cette jeunesse salvatrice sans s'y abandonner véritablement.

– Je pourrais te dévorer pour cela, qu'elle soupire contre sa peau, je pourrais t'agenouiller et t'asservir.

La main vacante chiffonne les jupons, esquisse les prémices d'une appétence qui ne s'enflammera pas davantage.

– La prochaine fois que tu oses, ne serait-ce que la regarder, je me ferai joie de venir picorer tes belles prunelles, mon tout petit caneton. »