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'Dé de Réussite' :

Le coup n'a pas suffit pour dézinguer l'autre gros taré, putain mais c'est quoi ces choses ? C'est quoi, c'est quoi, c'est quoi ? Ton esprit hurle et, à nouveau, tes mains tremblent. La chaîne s'est cassée, comment il a pu. Dans le couloir, des cris, un seul bruit de bottes. Il en faut plus, il en faut plus, passez cette prison au napalm, au lance-flamme, dézinguez tout ça, détruisez la Russie avant qu'elle ne nous détruise ! T'arrives même pas à parler, ça s'étrangle dans ta gorge et tu roules sous Guderian lorsque la bête - qui va hanter tes cauchemars, si tu survis - se jette sur vous. Ludvik putain, désolé, c'est la guerre, je veux rentrer chez moi. Tu as un hoquet terrorisé, le soldat approche, il doit espérer qu'on en a abattu un comme un chien.

C'est de la charpie, du sang, de la mort.

Tu en as vu des morts mais ils étaient tellement loin, on te les apporte et tu as rien pour eux, tu en as rien à foutre d'eux.
Ton pharmacien.

Les connards de russkovs.
Peuple de dégénéré.

Tu tiens toujours ton arme, t'as un temps pour toi. Le garde se met à hurler, il arme son fusil, il met en joue. AVERTIS LES AUTRES CONNARD.

AVERTIS
LES
AUTRES

Tu arrives pas à hurler. Tu arrives pas à te relever alors que le sang gicle devant toi. Tu tires mais tu sais pas où ça part, tu sais même pas si tu as voulu tirer, tu te traines à même le sol, en arrière, pour t'éloigner.

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'Dé de Réussite' :

Tu perds pas de temps dans un sadisme calculé à regarder comment ça se passe : tu SAIS comment ça se passe, tu sais que quand Niels a un ordre il obéit sans poser une putain de question et s'il faut crever eh ben il va crever, pour sa foutue patrie, son foutu Tsar, son foutu nom sur une putain de pierre dressée vers le ciel comme un fuck à ces conneries de guerre pour jouer à qui a la plus grosse.

Un garde arrive pour mieux hurler pour mieux tirer putain qu'est-ce que c'est moche l'allemand, que t'arrives à penser pour te raccrocher à quelque chose, une pensée, n'importe quoi, la vie. Tu tires sur tes chaînes mais t'as pas la force de Niels, surtout depuis que t'as utilisé ce pouvoir pour torturer l'autre.
(Soixante dix ans plus tard tu auras appris à te libérer des menottes lambda seul, en souvenir de cette nuit de merde.)

Niels amène toi, aller foutu clebs.
Mais Niels n'entend pas, Niels n'entend plus rien. Niels a la rage et ils veut tous les niquer, tous ceux qui ont buté sa famille, sa femme, sa mère, sa fille. Il va le faire payer à chacun d'eux. Il s'apprête à passer dans le couloir pour tout niquer sur son passage, pour dégager la voie, pour vous faire sortir.

Tu cherches les autres du regard. Putain y'en a pas un qui parle Allemand ici bordel ?!

Nan personne parle la langue de l'ennemi. On parle pas au boche, on le canarde, on lui marrave la gueule et on lui fait bouffer ses morts.
Niels a disparu, ne laissant derrière lui que la charpie, le sang, la peur.

Ivar hurle, montre ses chaînes. Putain mec tu crois vraiment qu'il va te libérer après ça ?
Non il va tirer.
Il aurait raison.

Tu regardes en tremblant, désemparé, le corps de Ludvik, ce qu’il en reste, ce qui est identifiable. Rien plus rien, tu as de la bile qui remonte et se mélange au sang dans ta bouche de ta langue qui continue de saigner. Une boucherie, un tas de cadavres et dehors le garde qui hurle. Les autres cellules bruissent, ça crie aussi dedans, ça alerte. Un monstre en liberté, un dämon. Arrêtez-le dehors. Tu trembles de tous tes membres, baignant dans du sang, tellement de sang. T’es assis dedans et tu t’agites, un moment, tu n’arrives même pas à t’imaginer te lever. T’as été épargné par le dämon. Il va revenir, hein il va revenir ? Tu lèves des yeux vers les autres dans la salle.

Ils t’observent aussi. Dans le peu de russe que tu as retenu, tu les insultes, parce que c’est tout ce qu’on connait, c’est tout ce que généralement vous échangez à travers les lignes, dans les cellules, à l’infirmerie. T’as du sang plein la bouche et tu le craches à côté de toi. Y a le gars qui a planté Guderian qui agite ses chaînes, lance un regard au chef. Ah oui ? On va faire une égalité, connard, on va faire une égalité. Tu te relèves et tu trembles sur tes jambes, ton pantalon est saturé d’hémoglobines et d’organes. Irrécupérable, irrécupérable. Tu fixes le mec, les yeux écarquillés et tu lui pointes l’arme sur le front et tu tires.

T’as un rire un peu surpris lorsque la cervelle qui s’éclate sur le mur ressemble à celle d’un autre humain. Tu pointes l’arme sur un autre front. Tu fixes le chef et tu fais mine de siffler.

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'Dé de Réussite' :

Ivar explose.
Bah oui ducon.

Sa cervelle chaude exhale de la vapeur d'eau dans la froideur de la cellule et un léger feu d'artifice précède la chute de son corps sur le sol. On l'entend même pas parce qu'il tombe pas vraiment, il s'affaisse surtout contre le mur, dans un cliquetis sinistre.
Il en reste deux autres qui la fermaient jusqu'à présent, des pauvres soldats que t'as du voir une fois dans ta vie et que t'auras pas eu le temps de connaître parce que l'autre s'est soudainement découvert une âme de soldat et fait le taf qu'il aurait dû faire dès le départ.

Ça grince et ça essaie de rester digne mais ça se pisse dessus. Attaque le putain. Mais rien se passe, pas même de ton côté.
On fait quoi mec du coup tu nous tues un par un jusqu'à la fin et tu rentres tranquillement chez toi ? Non pas tranquillement mec. Personne est tranquille après ça, personne. Jamais.

Par contre si tu me loupes, tu vas souffrir.

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'Dé de Réussite' :

En dehors de la cellule, ça hurle, il y a un coup de feu. Un autre garde a dû être interpellé par les coups de feu. Ça sonne l’alerte et toi tu as plus aucun courage, tu es fatigué, l’adrénaline s’évertue de te maintenir debout et tu dévisages les 3 restants. Ils se pissent dessus et franchement ça devient récurent aujourd’hui, y a plus de fluides dans cette cellule que dans le corps de ce pauvre Guderian. T’es à bout de souffle, la chemise collée à toi dans un mélange de sueur, de peur, de sang et de haine. Tu inspires plusieurs fois par le nez, ton doigt tremble et tu as du mal à appuyer sur la détente. Tu as tué un homme aujourd’hui, toi qui étais censé dédier ta vie à les sauver. Tu as tué un homme, de sang-froid, par haine, par peur, par colère, tu as obéi un des pulsions. Ta respiration paniquée ne cesse d’accélérer. Le chef t’observe, aux abois, il attend pour lancer à nouveau une attaque. Tu trembles, t’évertue à ne pas t’écraser, t’écrouler.

Tu ne veux pas tuer, tu ne veux pas les tuer, tu veux que ça s’arrête maintenant. Tu veux que tout retourne en arrière, que Guderian soit de nouveau à estimer le pire, que son corps ne soit pas une masse informe sur le sol, que le garde soit toujours à s’ennuyer à l’entrée du bâtiment, que tu sois en train de compter les doses de morphine restante. La guerre. La guerre. La guerre.

Que l’autre rappelle son chien. Œil pour œil, dent pour dent. Tu tires, une balle, deux balles et quand tu vises le chef, tu vises bien entre les deux yeux. Pourtant quand tu appuies, le déclencheur s’active dans le vide. Tu rappuies. Encore. Puis tu lui écrases dans la gueule, de rage.