Saignant les couloirs du Palais des Térèms, Claus soupire bruyamment, lorsqu'elle pénètre finalement dans le bureau du Souverain de son Pays. Ayant connaissance de l'agacement profond perpétué au nom de l'Impératrice, Claus n'a que trop idée de l'orage qui se prépare, lorsqu'elle passe finalement les portes, et les referme derrière elle. Bien sûr, elle a l'habitude de se rendre dans les quartiers plus professionnels du Tsar, où ils ont longuement échangé sur divers problèmes et affaires urgentes - notamment celle du Tueur d'Humanité - mais elle ignore encore quoi penser des éléments qu'elle possède entre ses mains.
C'est donc avec toute la droiture et la prudence du monde qu'elle entre sans frapper. Bien que liés professionnellement, les deux compères se connaissent depuis de très longues années, commencent bien entendu à se connaître, et surtout, à comprendre leurs façons de fonctionner. Tant l'un se voudra presque offusqué de telle entrée, tant l'autre n'y trouve aucune gêne. Et telle chose a tendance à se reproduire hebdomadairement - soit la fréquence de leurs rencontres privées. Finalement, c'est une bouteille qu'elle pose sur le bord du bureau, où Igor a encore le nez fourré dans quelques paperasses diverses, présent traditionnel lorsque l'on apprécie, ou lorsqu'on tente d'amadouer.
Lequel est-ce aujourd'hui ?
« Excusez mon retard, vous imaginez bien quelle folie se déroule actuellement au Commissariat. Je ne peux laisser mes agents plus de deux minutes avant qu'ils ne requièrent mon attention. »
Malgré les années, et malgré les potentielles sources d'amitié qui ont germé au cours du temps, Claus a toujours tenu à vouvoyer Igor. Rares furent les fois où elle ne prit pas de gants, aussi rares que la neige en été, finalement, si bien que ces quelques parenthèses sont encore bien gravés sur la stèle de son cerveau.

Elle l'observe, un moment, liant ses mains dans son dos. Si elle était née noble, ou s'il était né rien, elle lui aurait certainement fait des avances. Lui qui suinte le charisme froid d'une grandiose Russie qu'il gère d'une main de maître.
« J'ai ramené le dossier complet d'Aspasia. Nous enquêtons jour et nuit pour tenter de trouver une information qui pourrait changer la donne. Nous l'avons questionnée pendant ces 48 dernières heures, sans résultat, je le crains. Mais le Lieutenant Petrova a pris en main l'interrogatoire. »
Et elle a bon espoir. Svetlana est sans conteste l'un de ses meilleurs éléments. Et l'une de ses meilleures amies.
Finalement, elle ouvre le dossier et en lit les quelques lignes.
« Aspasia Savina, 24 ans, fille d'Arsenia Savina et Lucian Morel, aînée d'une fratrie de quatre enfants, a reçu une éducation à domicile avant d'entrer dans le Klub Orkestr, géré par sa mère, en tant que danseuse. Recensée en tant que Marsiliya dotée du don de clonage. Pas de casier, pas d'incident, rien qui ne laisserait présager un quelconque problème psychiatrique. L'interrogatoire de la famille mentionne à plusieurs reprises qu'elle avait un comportement tout à fait normal, et que rien ne laissait penser qu'elle pourrait faire partie d'une secte ou qu'elle était capable de perpétuer un attentat. Rien du côté des parents, ni du frère et de la soeur, dont les versions concordent toutes. »
Et elle referme, et elle secoue la tête.
« Cette fillette n'a rien dit depuis deux jours, elle est vraisemblablement préparée depuis des années. Je ne la crois pas folle, mais elle a certainement subi un bourrage de crâne pour octroyer tant de fascination à un groupuscule prônant l'extermination pure et dure. »

dead or alive ?

Pando