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 le tourment des madones | (misha)


BOYS AND GIRLS OF EVERY AGE, WOULDN'T YOU LIKE TO SEE SOMETHING STRANGE ?

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Anatoli Romanov
EMISSARY OF DEATH
Anatoli Romanov
Impétuosité : 116
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le tourment des
madones


Crépusculaire.
De tout son long, Adrian étire ses vertèbres, qui craquent, un à un, crac, crac, crac. Comme le tic tac d'une horloge dont on huile les rouages, qui s'apprête à repartir de plus belle sur le cadran angélique. L'aiguille dessine le rythme du glas.
La joue se ponctue d'hémoglobine, tâches de rousseur éphémères, tatouages qu'on efface.
Le temps entame sa ronde.
« Salope ! »
Les insultes ricochent sur son corps comme pierre sur surface. Dans l'atmosphère, elles trépassent.
Claus ne les entend plus. Elles se meurent avant d'avoir trouvé place dans la couche de son âme, parmi la vinasse déjà imprégnée de violences synonymes. Un « Sale putain ! » de la semaine dernière, un « Charogne ! » de plusieurs années, un « Vieille conne ! », son plus grand cru, si lointain qu'il en est perdu.
Les témoignages des rixes lui irisent le cuir, font vibrer ses chairs, font craquer les os.

Chéri, pourquoi me fais-tu cela ?
Que t'ai-je fait que tu ne fais pas ?


Claus ferme les yeux, tente de murer l'esprit dans un tourbillon d'abîme, de calfeutrer les pensées pour échapper à l'enterrement. Les oreilles tendent à la sourdine, lorsqu'il empoigne les épaules. Et qu'il la jette contre commode. Et qu'il la frappe de toute sa force. Les idées trouvent refuge dans le cortex, séjournent dans le calme olympien d'un vide partiel, octroyé par un cerveau toxique.
La fuite de l'âme.
« Tu entends ?! Je vais te tuer ! Je vais te tuer ! » les sourcils se froncent.
Il secoue son cadavre en tout sens, cherche à la réveiller.
Pitié ! Non !
Pourrait-elle refuser ?

Les paupières s'ouvrent, contemplent la fureur dans les yeux voisins. Comprend l'abîme profond qui le tenaille, qui semble lui entamer la couenne.
S'en sortira-t-elle en vie cette fois ?
C'est une peur immuable qui le repousse, qui le fait tomber sur le tapis, qui lui offre quelques secondes de répit.
Et elle sait.
« Chéri, s'il te plaît, non. » qu'elle demande.
Mais il se relève.
« Non, ça suffit ! » qu'elle prie.
Mais il l'approche.
« Je t'en prie, stop ! Arrête ! » qu'elle crie.
Mais il lui serre déjà la gorge.

Azuréenne.
Main contre tonnelle, le corps balafré tente de retrouver une respiration normale. Aux dernières lueurs du jour, qu'on entrevoit à peine, Claus a trouvé refuge dans les ruelles rouges, s'est enfui loin du logis, si loin qu'il ne pourrait la trouver avant le lendemain.
Elle observe son reflet dans une flaque d'eau, illuminée par la lumière vacillante d'un vieux lampadaire. Les joues sont maquillées de rouge et de noir, osmose de sang et de mascara qui la déguise en putain des rues. Elle tousse, elle s'étouffe, puis crache du sang. La douleur lui arrache un grincement.
« Pst ! »
Un enfant, dissimulé derrière un mur, lui fait un léger signe de la suivre. Mais elle ne bouge pas.
« Pst ! » qu'il réitère, avec le même signe, mais là encore, elle reste immobile.
Alors il approche, cette fois-ci. Lui prend la main, sourire en coin. Jeune petiot égaré, à la tignasse détrempée, aux phalanges frigorifiées. Elle n'oppose aucune résistance, si ce n'est celle de ses propres plaies.
« Où m'emmènes-tu ? » mais il ne répond pas.

Elle ne reconnait l'endroit que lorsque le gamin frappe à la porte, trois coups, à un rythme bien distinct. Elle devine. Et elle essaie de reculer. « Non, pas ici, petit. » Mais il est trop tard.
A-t-elle seulement autre part où aller ?
Quand le verrou trépasse, et que le panneau de bois s'ouvre, Claus croise son regard et l'âme frémit encore. Ode à l'immuable indélicate qui l'a si longtemps trahie. « Elle a mal. » que le petiot lui dit.
Peut-être lui dit-il autre chose. Peut-être lui répond-elle. Elle n'entend rien, Claus. Elle entre, sans permission aucune, dissimulant son mal entre ses dents, se vautrant dans un fauteuil près de l'âtre.

« J'aurais du insister pour savoir où il m'emmenait. Quelle pauvre... Ah ! »
Le corps s'ébroue, lui broie les côtes. Le bras écharpe la cage thoracique tandis qu'elle mue son gémissement en un silence. Il n'y a rien, ce n'est rien.
Les émois des flammes jouxtent avec les marques de strangulation autour de sa gorge, trépignent de voir Misha Macha, l'hôte des lieux, découvrir avec effroi que la dispute entre Claus et son mari, cette fois-ci, a failli lui coûter la vie.
« Je ne serai pas contre un verre. Ou plutôt une bouteille. » Ou deux, ou trois, jusqu'au coma ?
Elle lui lance un regard noir, menace de s'en aller sitôt les lèvres bées.
« Et je ne veux pas en discuter. »
Tradition, depuis des années.

Les Armes ont tu leurs ordres qu'on attendait même chez les rêveurs mensongers que nous sommes, honteux de notre bras qui pendait et tardait, et nous allons, désappointés, parmi les hommes.
Pando
  Dim 31 Mar - 9:17
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