L’écoulement de ses pensées lui échappe. Le choc est encore virulent dans ses veines, les souvenirs creusent sa tombe. Esfir vacille, telles les plumes parmi ses cheveux. Une légère brise caresse sa peau, éveille de l’oiseau qui partage son corps. Elle tourne en rond dans cette ville, le sentiment d’être encore enfermé entre quatre murs l’étouffant. Sa respiration se fait courte et son besoin des hauteurs devient obsession. Sur le rebord d’un édifice, à la limite d’une fenêtre, la rouquine risque la chute pour obtenir une sensation autre, que cet enfer qui ne la quitte plus. Le séjour à l’hôpital à raviver le déséquilibre de son être. Ses fêlures s’aiguisent et s’enfonce dans sa chaire. Elle cherche le réconfort, sans le trouver. Même son art est impuissant devant cette femme, retombé dans la fin de son adolescence. Un cri d’encouragement sous son crâne, elle secoue la tête et fait frémir les plumes grises et blanches qui sont les siennes. La brise se fait plus féroce, à mesure qu’Esfir réussi à s’éloigner du risque, descendant les marches pour mieux retrouver la terre ferme. Une décision d’Alkonost, évidemment.

Elle hésite, son chemin la menant près de Skadi, avant de s'en détourner complètement. Incapable d'aller rejoindre son amie. Incapable de courir auprès de cette douceur qui lui ferait du bien. Elle mord sa lèvre, tortille son nez d'agacement. Puis se perd de nouveau dans les rues. Avant de s'arrêter. Les yeux sur un hôtel miteux et peu invitant. Figé, elle ne cesse de contempler l'entrée, sans pour autant traverser la rue pour le rejoindre. Qu'est-ce qu'elle fiche ici, de toute façon? Elle est idiote, cette décision n'étant clairement qu'un accès de délire. Sa médication était-elle déjà trop faible? « Putain de merde… » Qu'elle marmonne, sans pour autant quitter sa place. Immobile, elle laisse les minutes défilées, une tempête lui dévorant l'esprit.