7. l'errance millénaire.
❃ Miromir à toujours été le « petit Naoumov », enfant qui pleurait trop facilement, celui sans filtre, à dire tout haut ce que tout le monde pensait tout bas. Il n'a jamais possédé le filtre et la retenue de sa famille. L'hypocrisie n'a pas touché son berceau et de fait, l'a toujours un peu mis à l'écart de son père et de son frère. Il aura bien tenté de ne pas s'inquiéter du dit gouffre, d'y glisser quelques passerelles, mais sans grand succès. C'est plutôt auprès de sa mère, moins posée et absolument dégouté des silences qu'on cultive, qu'il c'est épanoui. La seule ayant toujours apprécié ses éclats de voix, celle ayant consolé ses pleures et encouragée sa voix.

❃ Très jeune, il entre en contact avec Zorya Domacheva. C'est que son père est avocat pour la famille Domachev, grand défenseur de la Bolshoy - dont il peint un portrait idéalisé. Une autre grande famille pour les accueillir. Si Desislav bois le kool-aid, il en va autrement pour Miromir. Il peine déjà à se rapprocher sincèrement de son père - le gouffre n'existant pas encore entre son frère ainé et lui - qu'il n'y voit qu'un obstacle de plus. Puis, Zorya fait son apparition. Même âge, même classe. Elle lui pique l'attention de Desislav - que l'on met à son service, comme protecteur, grand frère que Miromir doit partagé avec elle. Il s'insurge, tente de se venger sur la jeune fille. Finalement, c'est lui qui s'en voit punis. Délaissé et grondé pour son comportement, il prend en grippe tout ce qui touche les Domachev.

❃ Il remporte du succès très jeune, auprès du beau sexe. Charmant, drôle et heureux possesseur d'une jolie gueule, c'est sans hésitation qu'il s'égare entre les cuisses des autres. Tout le contraire de son frère, qui se veut blanche colombe - refusant ce qui vient à lui - Miromir profite de ce qu'on lui offre. Toujours partant. Toujours agréable. Il boit jusqu'à plus soif et ne se prive pas aucun plaisir.

❃ C'est lors d'une viré entre ami, qu'il découvre le « gambling. » Une soirée casino quelconque où on le laisse gagner. Où on fait de lui un poisson à remonter lentement, le long d'un fil d'argent. La sensation grisante du succès - celui qu'on lui a trop souvent nié au sein de sa famille, se contentant d'être bon second auprès de son ainé - lui monte à la tête. C'est le début d'une addiction. L'argent comme une monnaie d'échange, celui qu'il compte utilisé pour arracher les Naoumov de la Bolshoy.

❃ Il gagne tout juste la majorité qu'il rêve déjà de sauver les siens, la Bolshoy comme une immense épée flottant au-dessus de leur tête. Miromir considère que sa famille est naïve et partageant l'avis de sa mère - cette dernière se voulant plus partagé quant à la Bolshoy - il refuse d'en intégrer les rangs. Une déception de plus que son père lui pousse sur les épaules. Miromir, éternel mouton noir. Le cadet qui parle trop fort, qui s'impose au lieu d'acquiescer. Et pourtant, son père espérait : que son deuxième fils joigne les rangs, qu'il prête son aplomb et son instinct à sa deuxième famille. Si seulement Anisim Naoumov n'avait pas mis les Domachev devant les siens, peut-être que Miromir aurait cédé.

❃ L'hédonisme pour religion, Miromir se dévoue depuis plusieurs années à un autre autel. Celui de ses plaisirs, facile ou pas. Lui qu'on a privé d'attention - sa mère en moins dans cette équation - ne compte plus passer à côté de ses appétits. Il n'a d'ailleurs aucune honte de posséder des travers, ne voit pas ses addictions. Non, Miromir se contente de sourire et de profiter, porte fièrement ses déviances comme des badges. Après tout, son père possède le même besoin de perdition dans les draps sucrés des autres, à quoi bon se flageller. C'est d'ailleurs là l'un des points communs les reliant.

❃ Il y a neuf mois, lorsque son frère c'est unis à Zorya Domacheva, Miromir c'est insurgé. Il a tout tenté pour convaincre son frère de ne pas le faire. De ne pas se menotter au diable blond. Il a alors tout essayé pour le faire dévier de son droit chemin. En commençant par son enterrement de vie de garçon, à l'Abyssal évidemment. Et qu'importe si ça lui a attiré les foudres de sa futur belle-soeur. Puis, il a refusé d'être le garçon d'honneur de Desislav, espérant que cela le secouerait - mais en vain. Toutes les filles, des plus gentilles au plus coquines, jetées sur son frère, n'auront pas suffit. Sinon à encourager la haine pulsant entre la Domacheva et lui. Miromir ne sera pas présent lors de la cérémonie, ne fera qu'un bref passage, un verre à la main, lors des discours. Triste pour Desislav et du sort qui l'attend - parce qu'il en est convaincu, Zorya ne peut pas l'aimer, elle ne sait pas aimer. Son frère c'est rattaché à un monstre, celui qui ne pourra jamais que lui offrir des regrets et des souffrances.